Quand elle s’éprend de caprice pour un poète agréable, il faut que celui-ci ait en lui quelque chose de plus, qu’il ait une flamme et des éclairs d’un Byron ; il faut qu’il donne à cette belle société au moins quelques accès de fièvre et qu’il la secoue : autrement elle passe et court à ses affaires ou à ses plaisirs, ce n’en est plus un pour elle que d’entendre des petits vers légers et bien tournés. […] Sénecé ne s’aperçut pas qu’il s’opérait quelque changement pareil dans le climat des esprits vers cette date mémorable de 1664, et quand lui-même avait vingt et un ans ; il ne vit point qu’en descendant le fleuve on avait passé l’une de ces lignes par-delà lesquelles le soleil et le ciel sont plus beaux. […] Après de nouveaux accidents qui le firent passer de Savoie en Espagne, Sénecé put reparaître à Mâcon en 1669. […] Le groupe des voyageurs qui accompagne Lully la recherche du bon goût se compose de Clément Marot, de Catulle, de Virgile, et de tous les auteurs du temps passé et des siècles récents.
Il paraît avoir passé par les écoles et peut-être par la congrégation de l’Oratoire. […] Après quoi, l’on passe incontinent au chapitre de l’Homme. […] Il en aima pourtant qui passèrent pour légères, et il s’est piqué de les venger. […] Ayant passé presque en un seul jour de l’obscurité entière au plein éclat et à la vogue, il sait à quoi s’en tenir sur la faiblesse et la lâcheté de jugement des hommes ; il ne peut s’empêcher de se railler de ceux qui n’ont pas su le deviner ou qui n’ont pas osé le dire.
Les soldats font peur aussi à ma femme, et j’ai recommandé à la nourrice, s’il y en passait chez elle qui fussent insolents, de se réfugier aussitôt chez vous. […] Son panégyriste Le Beau a raconté comme une gentillesse qu’à une ou deux années de là, lorsqu’il fut nommé à un emploi d’inspecteur des fermes en Provence, il y eut à Marseille une grande attente à la nouvelle que le fils de Racine arrivait ; les dames surtout en espéraient beaucoup : dans leur curiosité, elles se rendirent en nombre dans une maison où il devait passer la soirée ; mais le désappointement fut extrême. […] Certaines idées sont belles, mais, si vous les répétez trop, elles deviennent des lieux communs : « Le premier qui les emploie avec succès est un maître, et un grand maître ; mais, quand elles sont usées, celui qui les emploie encore court risque de passer pour un écolier déclamateur. » C’est Voltaire, l’excellent critique littéraire, qui a dit cela, et à propos de Racine fils. […] Après le siècle du génie et du goût, on a eu le siècle de l’esprit et de la philosophie ; après le siècle de l’Encyclopédie, aboutissant à la plus terrible des Révolutions qui a remis les fondements de la société à nu, on a le siècle de la critique historique, du passé admirablement compris sous toutes ses formes, de l’art réfléchi et intelligent : voilà les vraies successions, les vraies suites, les grandes routes et les larges voies.
Nous allions passer le Puerto de los perros (passage des chiens, ainsi nommé parce que c’est par là que les Maures vaincus sortirent de l’Andalousie) ; c’est une gorge étroite, une brèche faite dans le mur de la montagne par un torrent qui laisse tout juste la place de la route qui le côtoie. […] En gagnant le fond de la gorge, la végétation va s’épaississant et forme un fourré impénétrable à travers lequel on voit par places luire l’eau diamantée du torrent… « La Sierra-Morena franchie, l’aspect du pays change totalement ; c’est comme si l’on, passait tout à coup de l’Europe à l’Afrique : les vipères, regagnant leur trou, rayent de traînées obliques le sable fin de la route ; les aloès commencent à brandir leurs grands sabrés épineux au bord des fossés. […] Les lauriers, les chênes verts, les lièges, les figuiers au feuillage verni et métallique, ont quelque chose de libre, de robuste et de sauvage, qui indique un climat où la nature est plus puissante que l’homme et peut se passer de lui. […] Cette vue avait la grandeur et l’aspect de la mer : des chaînes de montagnes, sur lesquelles l’éloignement passait son niveau, se déroulaient avec des ondulations d’une douceur infinie, comme de longues houles d’azur.
Mais ce n’est pas une raison pour passer à l’auteur de Corneille historien son épigraphe, qui ne tendrait à rien moins qu’à faire du grand poète un politique pratique et un habile. […] Chez cette race nouvelle Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit. […] Et d’ailleurs, de ce qu’elle écrivait ce qui s’était passé sous Louis XIII ou durant la première jeunesse de Louis XIV, s’ensuit-il qu’elle aurait pu parler en bien ou en mal de la jeune marquise étourdie, et faire croire d’elle, dans mille ans, ce qu’il lui plairait ? […] Il a tort, car les beautés de Corneille, celles qui ravissent, qui enlèvent et qui font passer sur tous ses défauts, il ne les voit pas, il ne les sent pas, et elles sont véritablement autre part que dans cette pièce ingénieusement monstrueuse qu’il a choisie en exemple.
C’étaient, somme toute, de bonnes et inappréciables années, et l’on conçoit que tous ceux qui y ont passé en aient gardé, avec la marque à l’esprit, la reconnaissance au cœur. […] Lorsqu’il sortit de l’École, en 1851, de grands changements pourtant, et qui étaient devenus nécessaires, s’accomplissaient ; mais on était passé, selon l’usage, d’un excès à l’autre ; on entrait en pleine réaction. […] Une grande et solide partie des jours ne s’est point passée pour eux, comme pour ceux des générations antérieures, dans les regrets stériles, dans les vagues désirs de l’attente, dans les mélancolies et les langueurs qui suivent le plaisir. […] Le voyageur qui glisse sur cette eau changeante a tort de regretter ou de mépriser les spectacles qu’il quitte, et doit s’attendre à voir disparaître en quelques heures ceux qui passent en ce moment sous ses yeux. » Admirable et agréable page !
Il s’adressa dans sa haute et froide impartialité à toutes les nuances, à toutes les couleurs d’opinions qui s’étaient dessinées depuis 1789 jusqu’au 18 brumaire, sans en exclure aucune, au côté droit comme au côté gauche des diverses Assemblées qui s’étaient succédé : il convenait pourtant que les Constituants lui donnaient plus de mal que d’autres à réduire et à employer ; les Conventionnels lui en donnèrent moins : ils avaient été amenés à comprendre mieux que les premiers que la liberté n’est pas tout, que le salut public doit passer même avant les principes, et que dans la vie des nations il y a telle chose qu’on ne saurait supprimer, le gouvernement avec ses nécessités à certaines heures. […] Un second discours ou sermon « sur la vocation à la liberté et sur les obligations qu’elle impose », prononcé à Montauban le dimanche 9 octobre 1791, jour où la Constitution y fut proclamée, un vrai sermon encore, commençant par Mes frères, et finissant par Amen, nous le montre également dans l’exercice de son ministère pastoral ; et il serait difficile de deviner, en le lisant, ce qui devait éclater le lendemain, ce qui s’était déjà passé la veille. […] Ces mois passés à Brest dans un travail incessant sont l’honneur de la carrière conventionnelle de Jean-Bon. […] Trois jours se passèrent en manœuvres et en attaques incomplètes à travers la brume.
Que s’était-il passé cependant à la Cour de France ? […] Le roi avait quinze ans passés. […] « Vertueuse Esther, le temps de l’épreuve est passé, celui de la gloire commence ! […] Le 18 décembre (1725), sur les six heures du soir, au moment où le roi était en entretien avec M. de Fréjus, la reine envoya le marquis de Nangis, son chevalier d’honneur, prier Sa Majesté de vouloir bien passer chez elle.
Le dauphin était inconsolable, il l’aimait tendrement ; mais il n’y avait d’autre héritier du trône que lui, il n’avait que des sœurs, et la politique exigeait qu’il se remariât sans retard et sans répit : à peine si on lui passait un deuil de six mois. […] Qui m’aime plus que ses enfants, c’est tout dire quand on connaît l’esprit de famille qui animait la dynastie des Noailles. — Il arrive à la politique : « Je ne sais ce que le marquis d’Argenson, qui est une bête, dira à M. le comte de Loss, et je crois bien faire de vous faire passer, Sire, en droiture, ce qui me vient de la personne du roi et de mon amie (Mme de Pompadour). […] Le duc de Richelieu fut désigné pour aller en qualité d’ambassadeur extraordinaire faire la demande en toute cérémonie : on s’en serait bien passé à Dresde ; mais le choix avait été annoncé dès le premier moment, et il n’y avait pas à se dédire. […] Toutes ces lettres de Maurice passent par les mains du comte de Bruhl, avec qui il continue de jouer comme avec un gentil épagneul et un lutin espiègle : il faut croire que le physique du ministre y prêtait.
J’admets trois sources d’information : les livres, qui me donnent le passé ; les témoins, qui me fournissent, soit par des œuvres écrites, soit par la conversation, des documents sur ce qu’ils ont vu ou sur ce qu’ils savent, et enfin l’observation personnelle, directe, ce qu’on va voir, entendre ou sentir sur place. […] Il faisait le soufflet avec sa bouche, il remuait des fers dans le réchaud, se mettait à genoux, pour passer le pouce sur les bords du paillasson, en croyant qu’il le soudait. » (p. 560). […] « Pour la partie historique de la Fortune des Rougon écrit-il à la suite de la déclaration précitée75, je me suis adressé au livre de Ténot sur les événements tragiques qui se passèrent dans le Var, en décembre 1851 ; et je me souviens que ce fut Jules Ferry qui me fournit les notes dont j’avais besoin pour faire vivre dans la Curée, les transformations de Paris du baron Haussmann. […] Après un tableau complet et très honnête de « fièvre cérébrale » il s’éternise en la description non moins étendue d’une pleurésie ; « nous promène pendant trois ou quatre septénaires, au bout desquels l’affection passe de l’état aigu à l’état chronique, et finit par conduire la malade au tombeau.
D’individus en individus, de classe en classe, la vanité souffrante n’était en repos que sur le trône ; dans toute autre situation, depuis les plus élevées jusqu’aux dernières, on passait sa vie à se comparer avec ses égaux ou ses supérieurs ; et loin de prendre en soi le sentiment de sa propre valeur, on cherchait dans les regards des autres l’idée qu’ils se faisaient de l’importance qu’on avait acquise parmi ses pareils. […] La littérature se perdra complètement en France, si l’on multiplie ces essais prétendus gracieux qui ne nous rendent plus que ridicules : on peut encore trouver de la vraie gaieté dans le bon comique ; mais quant à cette gaieté badine dont on nous a accablés presque au milieu de tous nos malheurs, si l’on en excepte quelques hommes qui se souviennent encore du temps passé, toutes les tentatives nouvelles en ce genre corrompent le goût littéraire en France, et nous mettent au-dessous de tous les peuples sérieux de l’Europe. […] Si des faveurs de l’opinion nous passons au maintien du pouvoir légal, nous verrons que l’autorité est en elle-même un poids que les gouvernés ont peine à supporter ; les esprits qui ne sont pas créés pour la servitude, éprouvent d’abord une sorte de prévention contre la puissance. […] L’affection et le respect s’attachent au caractère individuel, et l’homme qui se croit un autre lorsqu’il a été nommé à une grande place, vous indique lui-même que, s’il la perd, votre intérêt et votre considération doivent passer à son successeur.
Le contresens avait une large part dans ces étranges créations, et j’espère montrer un jour le rôle qu’il a joué dans la formation de nos dogmes les plus essentiels ; ou plutôt l’esprit sans critique voulait à tout prix retrouver sa pensée dans le passé et arrangeait pour cela le passé à sa guise. […] La France représente éminemment la période analytique, révolutionnaire, profane, irréligieuse de l’humanité, et c’est à cause de son impuissance même en religion qu’elle se rattache avec cette indifférence sceptique aux formules du passé. […] Le divin Sphérus d’Empédocle, où tout existe d’abord à l’état syncrétique sous l’empire de la [en grec], avant de passer sous celui de la Discorde, [en grec] (analyse), offre une belle image de cette grande loi de l’évolution divine.
Et moi je demande comment il est possible de savoir si bien ce qui se passa sur le visage de Haller regardant son ami avec complaisance, dans une scène qui n’eut pas de témoin, puisque Gessner d’abord n’y figurait qu’endormi ; et Haller était sans doute trop occupé de son ami pour songer à sa propre attitude. […] Jusque-là, ajoutait-il, je n’ai qu’un vœu, c’est de passer une bonne huitaine dans la retraite avec vous, et de m’enivrer des délices de l’amitié et des lettres. […] Decazes fit passer à Pariset un petit billet où il avait écrit : « Vous serait-il agréable d’aller à Cadix observer la fièvre jaune ? […] À ce moment, Cuvier se place et passe en quelque sorte entre Broussais et Pinel, sans entrer dans le démêlé, mais comme un arbitre paisible et juste.
On ne prêche pas l’entraînement, on ne le prêche pas plus que la force : il est ou n’est pas… Il reconnaissait, à la date où il écrivait ces lignes, que l’heure était déjà passée, et il en souffrait. […] Et quand on songe que Zumalacárregui était un chef carliste espagnol, on y voit par un exemple sensible à quel point, dans l’estime de Carrel, le caractère de l’homme passait avant les opinions mêmes et le drapeau. […] Le temps de la politique brutale est passé, avec les défaites de la force brutale qui nous a plus ou moins poussés en 1831 et 1832, et à laquelle nous avons payé tribut par esprit de chevalerie. […] Mais non : voyons les choses à leur jour et à leur heure, et telles qu’elles se passèrent en réalité : représentons-nous les hommes tels que nous les connaissons.
ceci est une nouvelle et une occasion d’articler, et aussitôt sa mort remplace la venue et le séjour du shah parti, pour les esclaves sans idées de tout fait qui passe. […] Ce bénédictin littéraire, à la robe trop courte, comme je l’ai dit, et qui la troussait et la retroussait comme si elle avait été trop longue, non pour passer les ruisseaux, comme Lazzara, mais parfois pour se mettre dedans, menait la vie du monde avec autant d’entrain que celle de la pensée, et ces vieux ennuyeux ne pouvaient souffrir qu’on ne s’ennuyât pas comme eux. […] L’Angleterre politique, évoquée dans ce volume et considérée dans quelques-uns de ses écrivains politiques et littéraires, a ravivé l’Anglais qui était entré dans Chasles avec la profondeur des premières impressions de sa jeunesse, passée à Londres, et qu’on retrouvait parfois dans les réfléchissements et les scintillements d’une nature essentiellement réverbérante, mais qui n’y était qu’à l’état de rayon, intersecté par tant d’autres rayons. […] Rien ne montre mieux que le livre de L’Angleterre politique la misère du journalisme qui se croit tout permis, et qui écrit l’histoire de la minute qui passe, et la misère, plus profonde encore, d’une pareille histoire !
Une communion auguste avec l’âme du passé la remplirait de force. Car il faut être pénétré du passé pour s’avancer largement dans les voies de l’avenir. […] 68 » Je ne sais pourquoi la dénonciation d’un symbole néfaste du passé et le rêve d’un symbole bienfaisant de l’avenir se sont unis dans ma pensée ; mais à la place de l’œuvre misérable et négatrice d’humanité, je voudrais au contraire contempler l’exaltation de cette humanité dans ses grands hommes, et retrouver dans toute son ampleur et dans toute sa richesse l’âme et une race glorifiée. […] » Mon étonnement passe de beaucoup celui de l’auteur anonyme de cette exclamation.
» Personne, aujourd’hui, ne veut donc se passer d’orthographe. […] Un savant qui passe pour orientaliste vous écrira, par exemple : « Le jour de nôtre arrivée… nous causammes… » Un autre, des plus experts dans la langue française romane, dans notre vieille langue du Moyen Âge, vous dénoncera dans un événement d’hier un fait « grâve ».
Ce personnage existât-il dans la nation, il faudrait encore qu’il fût connu, employé, ou déjà tout porté au premier rang, ou en passe d’y atteindre et en mesure de s’y maintenir. […] Quelques historiens, empiétant un peu au-delà, et considérant les premiers actes de l’Assemblée, ses premiers rapports avec le roi, ont essayé de déterminer le point précis, passé lequel la Révolution, selon eux, n’était plus possible à diriger, et où, la force des choses remportant décidément, l’on n’avait plus devant soi qu’un vaste torrent aveugle.
Si l’on parle d’Anacréon, même aux gens les moins lettrés, tout le monde le connaît : c’est un vieillard à barbe longue et blanche, qui passe sa vie sous des platanes, la tête couronnée de roses, la coupe en main, et au milieu de jeunes esclaves d’Ionie. […] Une colombe a passé dans les airs, et soudain a prêté à cette douce messagère un babil plein de sentiment et d’ingénuité.
Le 26, madame de Sévigné écrit : « On la croit toute rétablie dans sa félicité. » Enfin, le 2 septembre, elle raconte à sa fille que « la vision de madame de Soubise a passé plus vite qu’un éclair… Au jeu, elle a la tête appuyée familièrement sur l’épaule de son ami. […] Madame de Sévigné écrit, le 2 octobre, à sa fille « que la veille l’ami et l’amie (le roi et madame de Montespan) avaient passé toute la journée ensemble, La femme (la reine) était venue à Paris ; on dîna ensemble.
Les Philosophes, dont il passe pour être un des Coryphées, ne réfléchiront-ils jamais sur la foiblesse de leurs ressources, sur l’inconséquence de leurs principes, sur l’instabilité de leurs triomphes ? L’expérience des siecles passés ne devroit-elle pas leur faire craindre les disgraces éclatantes que leurs prédécesseurs ont essuyées, après quelques instans de vogue promptement remplacés par le ridicule & le mépris ?
Introduction J’étais, en qualité de naturaliste, à bord du vaisseau de Sa Majesté Britannique « the Beagle », lorsque, pour la première fois, je fus vivement frappé de certains faits dans la distribution des êtres organisés qui peuplent l’Amérique du Sud et des relations géologiques qui existent entre les habitants passés et présents de ce continent. […] Je passerai ensuite à la variabilité des espèces à l’état de nature ; mais je serai malheureusement forcé de glisser beaucoup trop rapidement sur ce sujet, qui ne peut être traité comme il le faudrait, qu’à l’aide de longs catalogues de faits.
Indépendamment de ces examens publics, lorsqu’il s’agit de passer d’une classe dans une autre, il serait encore à propos que celui qui a rempli son cours de droit et qui sollicite une place dans un tribunal subît de nouveaux examens devant les membres du corps auquel il désire d’être agrégé. […] Chaque professeur restera constamment attaché au même objet d’enseignement, c’est-à-dire que celui qui montrera le droit civil ne passera point de sa chaire à celle de droit ecclésiastique ; c’est le seul moyen de perfectionner chaque maître dans sa partie.
Nous pouvons bien alors faire des reproches au poëte ; mais nous nous reconcilions avec lui dès que ce mauvais endroit du poëme est passé, dès que notre plaisir est recommencé. Le plaisir actuel qui domine les hommes avec tant d’empire qu’il leur fait oublier les maux passez et qu’il leur cache les maux à venir, peut bien nous faire oublier les fautes d’un poëme qui nous ont choquez davantage, dès qu’elles ne sont plus sous nos yeux.
Il consiste à plaire et à interesser autant que ces grecs et ces romains, qu’on croit communément être parvenus au terme que l’esprit humain ne sçauroit passer, parce qu’on n’a rien vû encore de meilleur que ce qu’ils ont fait. […] Chaque année qui se passera sans donner un successeur au Terence françois, ajoutera encore quelque chose à sa réputation.
mon Takisé, lui demanda-t-elle, laisse-les te passer la corde au cou. » Le taureau alors se laissa faire. […] Elle sortit de sa case et en ferma l’entrée avec un séko136 puis, se tenant derrière le séko, elle s’assit et guetta à travers les interstices du nattage, ce qui allait se passer à l’intérieur.
Il continue : Outre les ornements qui sont à ma cheminée, il y a au milieu de ma bibliothèque une grande poutre qui passe par le milieu de la largeur, de bout en bout, sur laquelle il y a douze tableaux d’hommes illustres d’un côté, et autant de l’autre, y ayant assez le lumière par les croisées opposées ; si bien que je suis, Dieu merci, en belle et bonne compagnie avec belle clarté. […] Miron était de la famille de celui dont Montesquieu a dit magnifiquement : « Il semble que l’âme de Miron, prévôt des marchands, fût celle de tout le peuple. » Gui Patin aimait à aller passer avec ses deux voisins les après soupers : On nous appelle les trois docteurs du quartier, dit-il. […] Notre principal entretien regarde les lettres, ce qui s’y passe de nouveau, de considérable et d’utile. L’esprit ainsi délassé, je retourne à ma maison, où, après quelque entretien avec mes livres, ou quelque consultation passée, je vais chercher le sommeil… La juste mesure des opinions et de la charte de Gui Patin est toute dans ces paroles : Ni réformation ni sédition, mais autant de franc-parler que possible ! […] De telles gens sont parfois des trouble-fête ; il en faut pourtant de cette trempe et de ce ton pour faire contrepoids aux mous, aux doucereux, aux « âmes moutonnières », comme il les appelle, à tous ceux qui suivent la vogue et le succès, aux honnêtes gens prudents qui se ménagent, qui prennent leurs précautions de toutes parts, qui passent leur vie à côté du mal en se gardant bien de le voir et d’y croire, pour ne pas avoir à le dénoncer.
Pour le comprendre, l’esprit du spectateur découvre sans peine et monte avec une sorte d’orgueil paisible l’échelle d’idées par laquelle a passé le génie de l’artiste. […] Âgé de quatre ans, il fut confié aux soins de son grand-père maternel, qui le mit très-jeune au collège à Beauvais ; et après la mort du vieillard, il passa à Port-Royal-des-Champs, où sa grand’mère et une de ses tantes s’étaient retirées. […] Néanmoins je ne demeurai pas, et elle me répondit d’un air fort doux et fort obligeant ; et, pour vous dire la vérité, il faut que je l’aie prise dans quelque mauvais jour, car elle passe pour fort belle dans la ville, et je connois beaucoup de jeunes gens qui soupirent pour elle du fond de leur cœur. Elle passe même pour une des plus sages et des plus enjouées. […] La scène se passe sous un péristyle grec un peu nu, et je me sens déjà moins disposé à admettre le sacrifice de sang et l’immolation par le couteau sacré, que si le poëte m’avait transporté dans ce temple colossal où Salomon, le premier jour, égorgea pour hosties pacifiques vingt-deux mille bœufs et cent vingt mille brebis.
Désormais il y aura deux histoires425, l’une celle du passé, l’autre celle de l’avenir, auparavant l’histoire de l’homme encore dépourvu de raison, maintenant l’histoire de l’homme raisonnable. […] De tout ce que le passé a fondé et transmis, rien n’est légitime. […] On suppose des hommes nés à vingt et un ans, sans parents, sans passé, sans tradition, sans obligations, sans patrie, et qui, assemblés pour la première fois, vont pour la première fois traiter entre eux. […] Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle, ce n’est pas une loi438. » — « Il ne suffit pas que le peuple assemblé ait une fois fixé la constitution de l’État en donnant sa sanction à un corps de lois ; il faut encore qu’il y ait des assemblées fixes et périodiques que rien ne puisse abolir ni proroger, tellement qu’au jour marqué le peuple soit légitimement convoqué par la loi, sans qu’il soit besoin pour cela d’aucune autre convocation formelle… À l’instant que le peuple est ainsi assemblé, toute juridiction du gouvernement cesse, la puissance exécutive est suspendue », la société recommence, et les citoyens, rendus à leur indépendance primitive, refont à leur volonté, pour une période qu’ils fixent, le contrat provisoire qu’ils n’avaient conclu que pour une période fixée. « L’ouverture de ces assemblées qui n’ont pour objet que le maintien du traité social doit toujours se faire par deux propositions qu’on ne puisse jamais supprimer et qui passent séparément par les suffrages : la première, s’il plaît au souverain de conserver la présente forme de gouvernement ; la seconde, s’il plaît au peuple d’en laisser l’administration à ceux qui en sont actuellement chargés. […] Installée dans des cerveaux étroits et qui ne peuvent contenir deux idées ensemble, elle va devenir une monomanie froide ou furieuse, acharnée à l’anéantissement du passé qu’elle maudit et à l’établissement du millénium qu’elle poursuit ; tout cela au nom d’un contrat imaginaire, à la fois anarchique et despotique, qui déchaîne l’insurrection et justifie la dictature ; tout cela pour aboutir à un ordre social contradictoire qui ressemble tantôt à une bacchanale d’énergumènes et tantôt à un couvent spartiate ; tout cela pour substituer à l’homme vivant, durable et formé lentement par l’histoire, un automate improvisé qui s’écroulera de lui-même, sitôt que la force extérieure et mécanique par laquelle il était dressé ne le soutiendra plus.
. — Donc, lorsque nous nous promenons dans la rue, en regardant et en écoutant ce qui se passe autour de nous, nous avons en nous les divers fantômes qu’aurait un halluciné enfermé dans sa chambre et chez qui les sensations visuelles, auditives et tactiles qui en ce moment se produisent en nous par l’entremise des nerfs, se produiraient toutes dans le même ordre, mais sans l’entremise des nerfs. […] D’ordinaire, ils se figurent nos connaissances, perceptions extérieures, souvenirs, actes de conscience ou de raison, comme des actes d’une nature spéciale et simple, desquels on ne peut rien dire, sinon qu’ils sont une action et un rapport, l’action d’un être simple, qui, par eux, entre en rapport avec des êtres étendus différents de lui-même, avec lui-même, avec des événements passés, avec des lois ou vérités supérieures. […] Une voix mystérieuse me dit alors de quitter ma chambre au plus vite… Après avoir couru les rues pendant trois ou quatre heures, j’entendis la voix mystérieuse, au moment où je passais devant un pâtissier, me dire d’acheter un gâteau : ce que je fis. […] N… passe l’été de 1812 dans un château, il y reçoit beaucoup de monde. […] « J’ai passé mes premières années à Meaux, dit M.
Nous apprenons ainsi (je vous fais grâce de ses ascendants) qu’il était né à onze mois, fut mis en nourrice au village, apprit le latin avant le français, était éveillé en son enfance au son des instruments, reçut les verges deux fois, joua des comédies latines au collège de Guyenne ; qu’il était de taille au-dessus de la moyenne, assez peu porté aux exercices du corps et à tous les jeux qui demandent de l’application physique, qu’il avait la voix haute et forte, un bon estomac, de bonnes dents, dont il perdit une passé cinquante ans, qu’il aimait le poisson, les viandes salées, le rôti peu cuit, le vin rouge ou blanc indifféremment, et trempé d’eau ; qu’il était sujet au mal de mer, et ne pouvait aller ni en voiture, ni en litière sans être malade, mais en revanche faisait de longues traites à cheval, même en pleine crise de coliques néphrétiques ; qu’il ne prenait pas de remèdes, sauf des eaux minérales, et qu’il gémissait sans brailler, quand la gravelle le tenait. […] « En quelque manière qu’on puisse se mettre à l’abri des coups, fût-ce sous la peau d’un veau, je ne suis pas homme qui y reculât : car il me suffit de passer à mon aise ; et le meilleur jeu que je puisse me donner, je le prends, si peu glorieux au reste et exemplaire que vous voudrez239. » Montaigne est de sa nature plus sensible à la douleur physique qu’à la douleur morale : il nous le dit. […] Mais je passe sur tous ces points, et je reviens à la question qui nous occupait. […] Surtout il n’est pas chrétien, et la décence de son adhésion à la religion établie dissimule mal en lui la négation de l’essence même du christianisme : ainsi le courant d’esprit antichrétien, ou simplement non chrétien, qui se laisse distinguer dans le siècle classique, et qui passe par Molière ou par Descartes pour arriver à Voltaire, prend sa source en lui ; le rationalisme, épicurien ou cartésien, est impliqué dans les Essais. […] Il avait eu une particulière amitié avec Pierre Charron, qui passa avec lui une partie de l’année 1589, et avec Mlle de Gournay, sa fille d’alliance, qu’il vit pour la première fois à Paris en 1588.
Un autre refrain, c’est que la nuit représente les puissances malfaisantes, l’ignorance, le mal, le passé, mais que l’aurore figure la délivrance des esprits, l’avenir, le progrès… La troisième partie se pourrait résumer ainsi : — L’enfant est un mystère rassurant La femme est une énigme inquiétante Soyons bons Evitons même les petites fautes. […] Haine au passé. […] Et Voici le développement ; il est proprement fantastique : Les belles ont le goût des héros, et le mufle Hagard d’un scélérat superbe sous le buffle Fait briller tendrement l’hiatus des fichus Quand passe un tourbillon de drôles moustachus Hurlant, criant, affreux, éclatants, orgiaques, Un doux soupir émeut les seins élégiaques. […] C’est d’une prouesse de style et d’un pittoresque qui font passer en moi de petits frissons de plaisir. […] Mais, sur cette échelle des êtres, l’homme seul ne se souvient pas du passé (pourquoi ?).
De retour d’un voyage à Ferrare auprès de Renée de France, la guerre lui fermant le chemin de Strasbourg, il passa par Genève. […] Il mourut le 27 mai 1564, « ayant vécu dit Théodore de Bèze, quant à cette vie mortelle, l’espace de cinquante-six ans moins un mois et treize jours, desquels il en avoit passé justement la moitié au saint ministère ; parlant et écrivant sans avoir rien changé, diminué ni ajouté à la doctrine qu’il avait annoncée dès le premier jour de son ministère, avec telle force de l’esprit de Dieu, que jamais méchant ne le put ouïr sans trembler, ni homme de bien sans l’aimer et l’honorer68. » § V. […] C’est ce style de la discussion sérieuse plus habituellement nerveux que coloré, qui a plus de mouvements que d’images, son objet n’étant point de plaire, mais de convaincre ; instrument formidable par lequel la société française allait conquérir un à un tous ses progrès, et faire passer dans les faits tout ce qu’elle concevait par la raison. […] Il faut d’autant plus l’admirer que le mauvais côté de Calvin, la part du mal n’est plus qu’un fait inoffensif qui appartient depuis longtemps au passé. […] Je ne sache pas d’explication plus équitable de ce que Calvin prodigue d’outrages à ses adversaires, outre ce que lui en passait le ton habituel de la polémique théologique d’alors, et ce qu’il put donner quelquefois à son ressentiment particulier.
Le propre de l’esprit humain est de ne point s’arrêter au réel, et de passer de là au possible qu’il suppose. […] Il ne saurait lever les yeux pour regarder au-dessus de soi, ni rien dire qui passe le commun. […] Louis Racine passe ensuite à la seconde espèce d’harmonie. […] Passons au second reproche. […] Ce n’est que du connu que l’on passe à l’éclaircissement de l’incertain et à la révélation de l’inconnu.
L’homme d’esprit parle en son nom, et tout se passe de lui à nous. […] Car il ne laisse rien passer. […] Il les a passés ; il y a eu scandale. […] Et comme on se passe bien ici des dispenses du Père Bauni ! […] La longue soirée de novembre a passé vite.