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1256. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Et plus tard, sous le sourire de Don Juan, sous la seule contraction d’ironie qui ait passé par ces lèvres pâles et si fièrement désespérées, on retrouve aussi le sérieux profond et la rêverie de celui qui partout n’est que Childe-Harold. […] Autran ferait bien de passer chez M.  […] On ne rajeunit rien de tout ce qui doit vieillir et passer dans ce monde, et le fard des littératures décrépites, c’est l’archaïsme, un fard, comme tous les autres, affreux ! […] Maurice y gambadait (au bal), joyeux comme un grelot, Venant y rencontrer Joseph le matelot : Ami, lui dit Armand, tu conviendras, j’espère, Qu’on passe à la campagne un temps assez prospère, N’est-on pas mieux ici que sur le pont mouvant, En pleine mer, battu des vagues et du vent ?

1257. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 362-363

Le Cultivateur, le Militaire, le Commerçant peuvent se passer d’un Conte, d’un Roman, d’un Opéra-comique ; tandis que la nécessité les rappelle presque toujours aux lumieres de ces hommes précieux, qui trouvent les moyens de prévenir les besoins, ou d’y remédier. […] Nous ne laisserons jamais passer l’occasion de rendre de semblables témoignages, & par-là nous croirons remplir notre but.

1258. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 369-370

Si ces deux Ouvrages n’avoient servi qu’à faire passer dans notre langue les sages maximes & les beautés des Ecrivains Anglois, Abel Boyer auroit de plus grands droits aux éloges du Public reconnoissant ; mais la connoissance de la langue Angloise nous a attiré le débordement de tant d’extravagances, que les Esprits sages sont peu tentés d’applaudir à ses travaux, ou, pour mieux dire, il y eût vraisemblablement renoncé, pour peu qu’il eût prévu les mauvais services qu’il alloit rendre à sa Patrie. […] L’Anglomanie a passé de nos Livres dans nos mœurs, & y a causé les mêmes ravages ; en sorte qu’on peut dire que ceux qui ont cru nous enrichir par des productions étrangeres, ne nous ont procuré que des maux étrangers.

1259. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Tout s’est passé dans les convenances académiques exactes, et c’est à peine si, en un petit nombre de passages, la parole de l’honorable récipiendaire donne lieu à des remarques qui sont encore plus des questions qu’on peut lui adresser que des critiques. […] La plénitude du principe monarchique, entendue selon la libre et nationale interprétation, elle est là où il y a passé glorieux et gloire nouvelle, là où apparaissent deux restaurateurs de la société à cinquante ans de distance, deux conducteurs de peuple remettant la France sur un grand pied et, sans trop se ressembler, la couronnant également d’honneur. […] Je regretterai toujours, tout en respectant profondément les convictions personnelles de chacun de mes confrères, et en sachant très bien que l’Académie est et doit être un terrain neutre, que, dans ces cérémonies publiques, l’orateur, en restant lui-même, ne parvienne pas à se dégager assez des engagements de société (plus encore que de parti), pour avoir un mot de justice, je ne veux pas dire de reconnaissance, pour le pouvoir tutélaire qui sait d’ailleurs très bien s’en passer.

1260. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Il est douteux que les Juifs fussent dès lors préoccupés de la crainte que Jésus ne passât pour ressuscité ; mais en tout cas ils devaient veiller à ce qu’il fût bien mort. […] Si Jésus n’avait eu pour disciples que ses pauvres Galiléens, timides et sans crédit, la chose se serait passée de cette seconde manière. […] Que s’était-il passé ?

1261. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

C’est ainsi que, de nos jours, quand le retour de l’ancienne maison de France imposa l’obligation de renier, de détester tout le passé, quand ce n’était pas assez de le mettre en oubli, qu’il fallait en avoir horreur, les romans de Walter Scott, où étaient peintes des mœurs inconnues, acquirent en France une vogue inouïe et contribuèrent au grand changement qui s’opéra alors dans les idées et dans la littérature. […] Le marquis d’Urfé devait en grande partie sa célébrité à sa longue et merveilleuse passion pour Diane de Châteaumorand, personne d’une admirable beauté, d’une grande fortune, toute occupée de ses charmes, et pénétrée du respect pour elle-même, au point d’avoir refusé à un neveu de s’arrêter une nuit dans un château qu’il avait sur une route où elle passait, parce qu’on y avait remplacé des vitres de cristal par du verre. […] Soit inconstance naturelle et besoin de nouveauté, soit réaction du présent, toujours en révolte contre un passé dominateur, les contraires se succèdent sans cesse dans les sentiments et dans les opinions de la partie désœuvrée de la nation française.

1262. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Voiture, après avoir donné la main à Julie pour passer d’un appartement dans un autre, voulut lui baiser le bras ; elle lui témoigna sérieusement que cette hardiesse ne lui plaisait pas. […] L’exception que l’hôtel de Rambouillet faisait, depuis le commencement du siècle, aux mœurs dissolues, se soutint, s’étendit, passa en règle, devint exemple et autorité. […] Mais il n’est pas vrai que en France l’honnêteté des mœurs puisse se passer de la décence du langage.

1263. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

Avant qu’il eût rendu vie pour vie, leur patient passait par toute une série de supplices : obsessions et flagellations, angoisses de l’âme et tourments du corps, fuites éperdues à travers des foules hostiles et des solitudes désolées, nuits livrées aux épouvantes des visions spectrales. […] L’Espion et le Bourreau ont toujours passé pour des êtres nécessaires à l’ordre social ; ils n’en sont pas moins mis au ban des hommes, excommuniés de toute relation et de tout accueil ; ces satellites du salut public sont les réprouvés de la société qui s’en sert. […] Or la conscience humaine, éclairée et améliorée, protestait contre les expiations barbares du passé ; l’idéal qu’elle se faisait de la vraie justice n’était plus d’accord avec les sauvages représailles personnifiées par les Érynnies.

1264. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — S’il est plus aisé, de faire une belle action, qu’une belle page. » pp. 539-539

Il a vu Rome en cinq jours, il aura vu Paris en quinze, et il en parlera comme s’il y avait passé toute sa vie. […] Le péril passé, où est le poëte qui pleurera dignement sur les cendres de la capitale ? […] Je vous supplie, mon amie, de la lui faire passer promptement et telle que la voilà.

1265. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

J’assistai en observateur attentif à tout ce qui se passa dans Paris pendant les six premiers mois13. […] C’est alors seulement que je passai au Moniteur, où je suis resté plusieurs années. […] Il y aura bien des heureux par ce moyen, et la chose ne se passera point en simples souvenirs. […] H…, qui ayant vu venir des soldats se ranger sur la place avait voulu aussi savoir ce qui se passait, et avait choisi ce poste d’observation, s’y croyant parfaitement en sûreté et espérant bien de là juger de la situation. […] À Paris, le pavé est vite lavé et le souvenir sanglant s’efface : l’orage est passé, il n’y a plus même trace de torrent.

1266. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

La Didon de Virgile passe avec raison pour la création la plus touchante que nous ait léguée l’antiquité ; elle en est à la fois la beauté le plus en vue. […] C’est donc dans une forme plus simple que les choses se passeront. […] Bien des fois sa bouche aimable s’ouvrit pour parler, mais la voix ne passa point plus avant. […] L’objet n’est pas devenu autre, mais tout se passait en elle. […] J’étois surprise de quelque frayeur lorsque vous le faisiez passer dans un endroit difficile : enfin je m’intéressois secrètement à toutes vos actions.

1267. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Ils se nommaient Cloridan et Médor ; dans la bonne fortune comme dans la mauvaise, ils avaient aimé également leur prince Dardinel, et maintenant ils avaient passé la mer pour venir combattre en France avec lui. […] Après les fêtes passées, nous reprîmes nos lectures à Venise aussi régulièrement qu’à la villa. […] Or, quand le visage passe ainsi sans cesse du rire aux larmes et des larmes au rire, qu’arrive-t-il ? […] Passe pour Cervantès, dans sa spirituelle bouffonnerie de Don Quichotte ; mais l’Arioste, ah ! […] Pendant ces quinze jours, que s’est-il passé ?

1268. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Autant que je puis m’en souvenir, il se passa encore quatorze ou quinze jours sans que j’eusse aucune charge. […] Le succès les couronna heureusement, et je passai auditeur de Rote dans le mois de mai ou de juin 1792. […] À dater de ce jour, je ne laissai jamais passer une seule soirée sans me rendre chez les Braschi, et je devins leur plus dévoué serviteur et ami. […] Après y avoir passé quelques jours, je remplis un devoir en allant visiter mon oncle, le cardinal Carandini, qui habitait Vicence. […] Ces réflexions, dit-il, l’avaient déterminé à passer à pieds joints sur les difficultés extrinsèques compensées bien certainement par les mérites personnels du sujet.

1269. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Il a passé les nuits à la belle étoile, au pied de l’arbre qui logeait dans ses rameaux le peuple dont il venait étudier les mœurs et que jamais il n’a perdu de vue. […] Elle sortait d’une hutte isolée, dont la porte entrouverte laissait pénétrer mon regard jusqu’au foyer allumé ; une figure d’homme ou de femme passait et repassait entre la flamme et moi. […] Tout-à-coup l’Indien se lève, passe devant moi, se promène dans la hutte : je crois que sa douleur devenue insupportable cause cette agitation qu’il laisse paraître. […] » Je confirmai l’accusation du sauvage, et je racontai aux voyageurs, tous deux armés de longues carabines, la scène qui venait de se passer. […] Nous passâmes la nuit dans la hutte, et l’aurore reparut vermeille et riante.

1270. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Bourget avait passé une soirée musicale inénarrable, en compagnie de la maîtresse bizarre, du chien détraqué et de l’artiste macabre. […] Elle est veuve, a une fille de trente ans, qui vient me demander de faire passer dans un journal, une petite nouvelle. […] » Il nous donne ensuite des détails sur sa captivité, sur ces sept jours entiers passés, sans qu’on délivrât de vivres à l’armée captive, qui n’eut pour vivre que quelques pommes de terre oubliées. […] Il est invité, et très bien reçu, et passe quelques jours chez lui, sans que son hôte fasse la moindre allusion au sujet de sa visite. […] Et par un nouveau procédé, le traité est aussitôt imprimé sur une espèce de piano, et l’avocat nous verse l’argent, et nous aide très aimablement à passer nos paletots.

1271. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Pickwick ; ce jubilé n’a pas passé inaperçu ; pour le fêter, une biographie nouvelle2 de l’écrivain et une édition spéciale3 de son livre de début ont été publiées en Angleterre. […] Venues de loin, issues d’une race étrangère, datées d’un temps presque passé, elles ont fait surgir dans mille têtes de jeunes gens, de jeunes filles de France, tout un monde de singulières imaginations, de lieux noirs et étranges, de faces grimées, touchantes, grotesques, risibles, effrayantes, d’aventures compliquées à faire peur, de scènes comiques ou pathétiques. […] Cette sorte de transport et d’affolement que causent les émotions, fait qu’un homme affecté de quelque passion ne peut analyser ce qui se passe en lui et s’il est constamment ou généralement ému, ne parvient jamais à se connaître et à connaître, par induction, ce qui se passe chez autrui (H. […] L’enfant qui était alors chétif et faible, qui avait des goûts studieux, un peu pédants même, bien rares parmi ses compatriotes, se pénétra de tous ces livres ; il passa dans sa famille pour un petit prodige et, comme il était habile à retenir les chansons de café-concert qu’on le menait entendre, on l’exhibait souvent aux voisins, juché sur une table et faisant montre de ses talents. […] Ce fut là une mauvaise passe dont Dickens se souvint toute sa vie, avec un mélange d’humiliation, de colère, qu’il ne surmonta jamais.

1272. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Cette forme passa comme l’autre, comme passent toutes les formes. […] Il passa bientôt en Allemagne avec tout ce qu’il traîne à sa suite, le goût du petit et du médiocre en toutes choses, et entre autres le goût de la petite poésie qui tue la grande. […] Pour établir cette nouvelle philosophie, pour arriver à cette nouvelle certitude, Kant passe en revue les sciences les plus avancées, et il cherche quel a été le principe de leur progrès, afin de connaître celui de l’incertitude qui règne encore en métaphysique. […] Comme sept plus cinq et douze sont en effet des nombres identiques, on a cru que dire : sept plus cinq égale douze, c’est passer d’une même connaissance à une même connaissance. […] Comme Descartes, il dédaigne tous les systèmes antérieurs à sa critique ; il s’exprime sur le passé de la philosophie du ton tranchant et superbe des philosophes du xviiie  siècle.

1273. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

L’agriculteur, le métallurgiste, le pharmacien, le médecin, l’orfèvre, le monnayeur, etc., peuvent-ils s’en passer ? […] Le chevalier Folard a passé sa vie à le commenter, et c’est fort bien fait au chevalier Folard72. […] Passons aux poètes. […] Voici comment il fait parler Marius : « Je n’ai point appris les belles-lettres, je me suis peu soucié de les apprendre ; mais aux choses plus attenantes à la république, j’y suis maître passé. […] On sait alors tout ce qu’il faut savoir pour passer aux leçons propres à l’éloquence et à la poésie et devenir grand orateur et grand poëte, si l’on y est destiné.

1274. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Mais il y a trop d’importuns ; je m’arrête, je regarde, j’admire et je passe. […] Tout s’anéantit, tout périt, tout passe, il n’y a que le monde qui reste, il n’y a que le temps qui dure. […] Tu y seras jusqu’à ce que la douce langueur, la douce lassitude du plaisir soit passée. […] Tout à fait à gauche, la porte d’une maison ; au dedans de la maison, les bras appuyés sur le bas de la porte, une femme qui regarde ce qui se passe dans la rue. […] Un mauvais tableau de famille la tient bouche béante, elle passe devant un chef-d’œuvre, à moins que l’étendue ne l’arrête.

1275. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Rigal eût pu se passer de parler. […] Le Breton, dans son livre, a-t-il pu passer La Calprenède sous silence ? […] Que s’était-il donc passé ? […] Et ainsi, en effet, se sont passées les choses. […] Et comme on passe de Rabelais et de Montaigne à lui sans secousses, ainsi, tout doucement, et, presque insensiblement, passe-t-on de lui-même à Voltaire et à Diderot.

1276. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Les professeurs qui ont eu à parler de la littérature française depuis près de trente ans, ont dû passer chacun à leur tour par quelques-uns des mêmes chemins et faire halte à très peu près aux mêmes étapes. […] L’héritage de Froissart poète a passé sans renouvellement à maître Alain Chartier, à Charles d’Orléans, lequel a du moins des grâces. […] Il y passa ses feux de jeunesse, ses chaleurs de foie , comme il dit ; car il a le mot cru, le propos plus franc et gaillard que délicat. […] Le poète qui se consacre à l’Ode est un chanteur qui consent à se passer d’auditoire actuel et d’amphithéâtre : l’Ode est une pièce qui n’a plus sa représentation publique. […] Réjouissons-nous, perdons la mémoire des misères passées ; nous avons trouvé ce que nous cherchions, ou pour mieux dire, nous avons trouvé ce qu’il n’y avait point d’apparence de chercher.

1277. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

C’est une fantaisie poétique qui passe devant notre imagination et disparaît, nous laissant le souvenir d’une brillante vision. […] Celle-ci ne peut guère se passer ni d’intrigue, ni même de caractères ; mais l’intrigue doit y dominer56. […] Je viens, plus de cent ans déjà passés, vérifier les titres de sa paisible royauté. […] Passons aux détails de la pièce. […] Par là, nous rentrons soudainement dans le passé, et nous voyons à la fois, sous la vive et piquante lumière du contraste, le grave discours d’Auguste et son burlesque travestissement.

1278. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Des métaphores excessives font passer devant l’esprit des rêves grotesques. […] Scaramouche fera une grimace de bonne humeur ; Lesage aura le sourire d’un homme amusé ; tous deux passeront et n’y songeront plus. […] Ce beefsteak a passé, le monde passera aussi ; souvenons-nous de notre fragilité et du compte qu’un jour nous aurons à rendre. […] Ce coin du feu où ils vont passer la soirée est un sanctuaire, et les tendresses de famille sont la seule poésie dont ils aient besoin. […] Après un intervalle, vous les retrouvez au seizième siècle, quand eut passé la littérature française importée de Normandie ; elles sont l’âme même de la nation.

1279. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Et il passe. […] D’ailleurs, si cette indication manquait, je m’en passerais volontiers. […] Telle est, sur la colline de Sion-Vaudémont, la perdurance du passé. […] Il ne lui marque pas de rancune ; seulement, il se passe de lui. […] Mais l’histoire est le contact du passé et de nous.

1280. (1923) Au service de la déesse

Elle a passé de Grèce à Rome. […] Shakespeare, aimer le passé ; Shakespeare ? […] Mais il n’avait pas envie de passer pour un auteur. […] Ils méprisent tout le passé ; ils méprisent, dans le passé, ce qui serait peut-être utile à conserver. […] Passons.

1281. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il est obligé de passer une année loin d’elle, toujours faute d’argent ; puis elle meurt ; puis il est lui-même très malade. […] Le passé, le présent, l’avenir, ne sont qu’un pour Dieu. […] En dehors des dates et de certaines apparences extérieures, nulle certitude sur le passé. […] La plupart de ses erreurs consistent, en somme, à antidater les manifestations particulièrement honorables de son génie et de son âme, à se voir déjà semblable, dans le passé, à ce qu’il est dans le présent. […] Mais bientôt voici l’obstacle : une année passée dans une vallée des Alpes avec un jeune garçon qui se trouve être une jeune fille.

1282. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Jules a passé par de rudes épreuves, mais il en est sorti victorieux. […] Vous rappelez-vous le premier printemps que nous avons passé ici ? […] Élémir Bourges passe d’une émotion céleste à de terribles duretés. […] Tout se passe dans l’âme de Jeannette. […] Romain Rolland est pour le passé un ennemi personnel — nécessairement, puisque le passé, c’est la Mort, et qu’il est le grand pontife de la Vie.

1283. (1774) Correspondance générale

Mon cher maître, j’ai la quarantaine passée ; je suis las de tracasseries. […] On fera passer le livre pour une plate et misérable rapsodie. […] Mais il faut en passer par là, ou renoncer à dire la vérité. […] N’importe, je me passerai de celui qui me manque, et je ferai de mon mieux. […] Luneau, qui passe pour un homme doux, simple, droit et surtout pacifique.

1284. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Il y a d’ailleurs des cas où les choses se passent un peu autrement. […] On peut donc encore supposer ici une transmission de la pensée, soit par des ondulations aériennes, soit par des ondulations éthérées qui passent d’un cerveau à l’autre. […] Depuis l’antiquité, il existe certaines personnes qui aperçoivent des visions dans un miroir, et ces visions, selon elles, répondent à des réalités présentes, passées ou même futures. […] En plongeant, par de nouvelles passes, un sujet déjà endormi dans un somnambulisme nouveau et renforcé, il a développé chez un même individu des personnalités successives, telles que Léonie 1, Léonie 2, Léonie 3. […] Pour comprendre la mémoire alternante des somnambules, qui semblent passer périodiquement d’une vie à l’autre, M. 

1285. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

— Passons ! […] On ne passait pas sans leur aveu. […] Je passais un congé diplomatique dans ma masure à peine recrépie de la vallée de Saint-Point, dans mes montagnes natales. […] La nature ne lui avait pas donné de voix, mais une volonté qui se passe de la nature. […] … Oui, le prodige ; car celui-là avait tout créé en lui, jusqu’à la parole et au geste, ou plutôt il se passait du geste et de la voix à force de talent.

1286. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

« Faibles troupeaux, vous passez sans défense « D’un joug pesant sous un joug inhumain. […] J’avoue que cette lettre de l’oracle du passé, qui pouvait bien être aussi l’oracle de l’avenir, me fut une satisfaction de cœur et d’esprit supérieure à tout le retentissement de cette histoire. […] Rien sur nos antécédents opposés, rien sur nos opinions, rien sur nos ouvrages : tout le passé resta sous-entendu entre nous. […] Ils se rangeaient respectueusement et se chuchotaient l’un à l’autre le nom du Père la joie, comme disent les Arabes ; ils levaient leur chapeau et criaient, quand il avait passé : Vive Béranger ! […] Tout se rencontre dans ces longues vies qui traversent mille hasards, qui passent par tous les caprices du sort et par toutes les aventures du cœur, depuis l’amour jusqu’à la célébrité et depuis la célébrité jusqu’à la solitude.

1287. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

En dévotion, nous avons par Port-Royal ses examens secrets de conscience : les raffinements de scrupules y passent toute idée. […] Ses vingt-cinq ans étaient déjà passés quand sa liaison avec M. de La Rochefoucauld commença. […] Quand elle se crut une personne politique, elle n’était pas fâchée qu’on l’estimât moins sincère, s’imaginant passer pour plus habile. […] L’homme est tellement réhabilité de nos jours, qu’on n’oserait lui dire tout haut ni presque écrire ce qui passait pour des vérités au dix-septième siècle. […] Les Maximes de La Rochefoucauld ne contredisent en rien le Christianisme, bien qu’elles s’en passent.

1288. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Les hommes ne sont point pour lui des individus avec qui il entretient des relations de devoir et d’intérêt, mais des formes qui se meuvent et qui passent. […] Et ainsi il passe auprès de quelques jeunes hommes pour un abstracteur de quintessence, pour l’artiste le plus délicat et le plus savant d’une fin de littérature. […] Au-delà, tout m’échappe : c’est le bégayement de la folie ; c’est la nuit noire ; c’est, comme dit Baudelaire, le vent de l’imbécillité qui passe sur nos fronts. […] On conçoit qu’il y ait un rapport, une ressemblance entre le souvenir et le crépuscule, entre la mélancolie du couchant, du jour qui se meurt, et la tristesse qu’on éprouve à se rappeler le passé mort. […] Où cela se passe-t-il ?

1289. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

L’orgueil sait se passer d’autrui. […] C’est de ces savants exercices qu’il a passé à la peinture des mœurs mondaines. […] Derrière Paris, ou dans Paris même, Lavedan nous montre la province, c’est-à-dire, derrière ceux qui s’agitent dans le vide du présent, ceux qui vivent de la foi du passé. […] Un classique a dit : « Si l’on examine les divers écrivains, on verra que ceux qui ont plu davantage sont ceux qui ont excité dans l’âme plus de sensations en même temps. » N’estimez-vous pas que cette réflexion s’applique très bien à Daudet, et qu’une des marques essentielles de son talent est cette aisance avec laquelle il passe et nous fait passer d’une impression à l’autre et ébranle presque dans le même instant toutes les cordes de la lyre intérieure ? […] Elle assiste à l’une des grandes journées : supplications de toute une multitude, prières presque furieuses, sommation de la souffrance humaine à la pitié divine, arrachement du miracle trop avare : « … Au signal des prêtres, les pèlerins s’agenouillent, se prosternent, et par moments ils demeurent immobiles, les bras en croix, comme un peuple de suppliciés… L’ostensoir passe et un frisson agite les malades.

1290. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

C’est en effet une aristocratie que la société où le pouvoir passe d’une main à l’autre, comme la beauté passe d’un visage vieilli à un plus jeune, et comme l’éclat du bel esprit d’hier passe au bel esprit du jour. […] Les discours de Cathos et de Madelon, dans Les Précieuses de Molière, renferment les plus ridicules, une partie des autres a passé dans la langue et ne la dépare point. Somaise dit dans sa préface, que tâchant de bien parler, elles disent quelquefois des mois nouveaux sans s’en apercevoir, et qu’elles les font passer avec toute la légèreté et la délicatesse imaginables. […] En 1641, elle fait paraître, sous le nom de Georges de Scudéry, son frère, Ibrahim ou L’Illustre Passa. […] « C’était, à tout prendre, comme l’a dit Boileau, une fille qui avait beaucoup de mérite, et passait pour avoir encore plus d’honneur et de probité que d’esprit. » Un certain mérite est toujours nécessaire à qui veut être à la tête d’un parti ; et, après tout, le ridicule de la préciosité n’était pas ignoble.

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