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516. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

C’est alors, cher ami Morf, que tu m’ouvris les yeux, que tu me montras, dans un passé de volonté consciente, toutes les promesses d’avenir.

517. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

. — Dans des lieux difficiles ou écartés, l’on ouvrait de petites chapelles où se célébrait la messe, et s’accomplissaient les autres devoirs de la religion.

518. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Quand les enfans viennent au monde, & que pour la premiere fois ils poussent l’air des poumons, on entend le son de différentes voyelles, selon qu’ils ouvrent plus ou moins la bouche. […] L’e ouvert, comme dans fèr, Jupitèr, la mèr, l’enfèr, &c. […] On emploie l’accent grave sur l’e ouvert, procès, accès, succès. Lorsqu’un e muet est précedé d’un autre e, celui-ci est plus ou moins ouvert ; s’il est simplement ouvert, on le marque d’un accent grave, il mène, il pèse ; s’il est très-ouvert, on le marque d’un accent circonflexe, & s’il ne l’est presque point & qu’il soit seulement ouvert bref, on se contente de l’accent aigu, mon pére, une régle : quelques-uns pourtant y mettent le grave. […] Quand l’e est fort ouvert, on se sert de l’accent circonflexe, tête, tempête, même, &c.

519. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Quelqu’un ayant ouvert, il entra aussitôt en toute hâte, et parlant très haut : « Ô Socrate, dit-il, es-tu éveillé ou dors-tu ?  […] Quand nous eûmes frappé à la porte, il ouvrit, et nous ayant vus : « Allons, dit-il, des sophistes ! […] Après avoir ouvert le cabinet, il est à propos d’ouvrir l’écrin. […] Les rois, les tétrarques, les riches cités, trop heureux de vivre, lui ouvrent leurs trésors, le comblent de leur luxe. […] L’homme ainsi doué ne sait ni ouvrir la résistance, ni persévérer dans la résistance.

520. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Tout semblait s’ouvrir devant moi, comme au coup de baguette d’une fée. […] La servante lui ouvrit la porte. […] Pompilius a l’esprit ouvert, gracieux, orné. […] … Je m’en aperçus dès le jour où mes yeux s’ouvrirent. […] D’ailleurs, si j’ouvre l’Anthologie palatine, je m’y abîmerai jusqu’à demain).

521. (1933) De mon temps…

Le « Grenier » m’était ouvert ! […] Après un long moment, Mendès vient ouvrir : « Comment, c’est toi !  […] Ce fut lui-même qui vint m’ouvrir et m’introduisit dans une pièce qui n’était éclairée que par la lueur de deux gros cierges. […] Ouvrons une des portes qui s’offrent à nous et pénétrons dans le bureau où elle donne accès et qui est meublé de casiers et d’armoires. […] Cependant, une fois par semaine, le mardi, le directeur fermait ses registres, et sa porte s’ouvrait aux visiteurs familiers de la maison.

522. (1925) Dissociations

Éclaircie le palais, ouvre le pylore, vide l’estomac, suspend la sécrétion gastrique et repose les glandes ». […] Dernier scandale : quand il est tombé, écrasé et le crâne ouvert, les autres prisonniers ont applaudi et poussé des cris d’admiration. […] On sait que les astéries ou étoiles de mer qui semblent inertes et inoffensives, connaissent parfaitement l’art d’ouvrir une huitre, ce qui est loin d’être facile à un homme inhabile. […] Le mois d’août n’ouvre guère les portes qu’à ceux qui ne sont pas sous le joug d’un labeur. […] Des conseils de quartier intéresseraient directement aux choses de Paris un grand nombre de citoyens et s’ouvriraient à des ambitions modestes, mais légitimes et concrètes.

523. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Ceux même qui continuent de prendre l’humanité par le côté ouvert et généreux, qui embrassent avec chaleur une philosophie de progrès, et persistent avec mérite et vertu dans des espérances toujours ajournées et d’autant plus élargies, ceux-là (et je ne cite aucun nom, de peur d’en choquer quelqu’un, tant ils sont divers, en les rapprochant), ceux-là ont des formules auprès desquelles le programme de La Fayette, la déclaration des droits, n’est plus qu’une préface très-générale et très-élémentaire, ou même ils vont à contredire et à biffer sur quelques points ce programme. […] Je crois avec madame de Tessé que sa faculté d’espérer persista toujours un peu disproportionnée aux circonstances, et que, par instants contenue, elle reprenait les devants au moindre jour qui s’ouvrait. […] Une lecture attentive de ces Mémoires, si on la peut obtenir d’un public passablement indifférent, est faite pour rétablir et rehausser l’idée du personnage historique dans la grandeur et la continuité de sa ligne principale, avec tous les accompagnements non moins certains, et beaucoup plus variés qu’on ne croirait, d’esprit, de jugement ouvert et circonspect, de finesse sérieuse, de bonne grâce et de bon goût. […] Au chant XXI de l’Iliade, Achille est représenté s’enfuyant à toutes jambes devant le Scamandre furieux et débordé : « Comme lorsqu’un irrigateur, remontant sur la colline à une source aux eaux noires, en veut amener le courant à travers les jeunes plants et les enclos : tenant la houe en main, il aplanit l’obstacle et ouvre la rigole où l’eau court à l’instant : tous les cailloux s’entre-choquent et s’agitent, le flot précipité résonne sur la pente, et devance celui même qui le veut conduire. » Tels les chefs du peuple dans les révolutions : qu’on aille au fond de cette comparaison gracieuse, on a là leur image et comme leur devise. […] Il ne s’ouvrait qu’à ceux dont il se savait compris : dès qu’il s’était aperçu qu’on ne le suivait pas, qu’on ne l’entendait pas, il se refermait, et c’en était fait pour la vie.

524. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il fermait les yeux et ouvrait la bouche, et cela partait, et ruisselait à noyer cinquante petits Sainte-Beuve là-dedans ! […] Ni la bonne compagnie, cette bonne compagnie du temps qui ouvrait ses bras aveugles aux gens de lettres qui lui baisaient platement le pied, comme ce Normand de Rollon à Charles le Sot, dit le Simple, pour le renverser ! […] Richardson et son admirable livre passèrent, sans y laisser de trace, à travers cet esprit ouvert, cette bouche de Gargantua littéraire qui avalait tout et qui ne s’assimilait rien. […] Le sang lumineux de l’inspiration que ce « coup de hache » fait couler se coagule bientôt au vent des passions déclamatoires, ineptes ou folles, du temps maudit auquel appartenait Diderot, et le front noblement ouvert n’apparaît plus que furieux ou stupide, comme celui d’un bœuf assommé. […] … Mais les idées qui se bousculaient et pénétraient dans son esprit, ouvert à toutes les invasions, son esprit les corrompait encore, comme les Chinois corrompent les Tartares, leurs envahisseurs.

525. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Les voilà qui ouvrent les yeux, s’étirent, s’éveillent. […] Il ouvre Vidal-Lablache ou Schrader, et son imagination s’élance à travers les montagnes et les vallées. […] Jean Bertheroy, Léon Cahun, Richard Auvray et Gilbert Augustin-Thierry ont ouvert les fenêtres et regardé autour d’eux. […] Il le palpe, l’ouvre. […] Dans les façades s’ouvraient des milliers de fenêtres.

526. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Le ciel métaphysique, dont nous venons d’entrevoir les hypothétiques splendeurs, n’est ouvert qu’à un petit nombre d’élus. […] Si l’on avait hésité à identifier l’écrivain avec son œuvre, il aurait suffi d’ouvrir le recueil de vers qu’il publia vers la même époque, sous le titre significatif des Aveux. […] Toutes les richesses, les richesses immatérielles comme les autres, renferment en elles-mêmes leur germe de ruine, la punition des joies qu’elles donnent : le royaume des cieux n’est ouvert qu’aux pauvres d’esprit. […] Cette règle est absolue, injuste, contre nature, c’est évident ; mais elle a l’avantage d’être simple, claire, précise, et surtout de n’ouvrir aucune carrière à des interprétations où la luxure finirait toujours par trouver son compte. […] De plus, il faut que ses règles soient fixes, sous peine de s’ouvrir aux compromissions, et, par conséquent, d’être impuissante.

527. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Je devinai bien vite qu’elle n’avait pas ouvert le livre. […] Deux d’entre elles serraient sur leur poitrine des bébés dont les yeux noirs s’ouvraient curieusement au bruit de la bataille. […] les cataractes du ciel s’ouvrent pendant toute la semaine, jours et nuits. […] Plus de deux cents pièces de canon ouvrirent sur nous un feu épouvantable. […] Je parviens cependant jusqu’à la porte du secrétariat : je frappe plusieurs fois pendant qu’on me frappe toujours ; enfin la porte s’ouvre.

528. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIX » pp. 316-320

Le faux historique, l’absence d’étude dans les sujets, le gigantesque et le forcené dans les sentiments et les passions, voilà ce qui a éclaté et débordé ; on avait cru frayer le chemin et ouvrir le passage à une armée chevaleresque, audacieuse mais civilisée, et ce fut une invasion de barbares.

529. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

Et il ouvrait les narines pour aspirer les bonnes odeurs de la campagne, qui ne venaient pas jusqu’à lui… » Hélas !

530. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Henri Barbusse À Bussang, au pied des montagnes des Vosges, à mi-côte d’une hauteur verte magnifiquement encadrée d’un décor d’éléments, s’ouvre simple et grandiose, avec des airs d’horizon, la scène du Théâtre du Peuple.

531. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 527-532

Après avoir étouffé le goût des beautés vraies & solides, il ouvre une libre carriere aux prétentions les plus bizarres.

532. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Il passe pour avoir ouvert la carrière aux Cochin, aux Aubri.

533. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Ici nous proposons d’ouvrir un nouveau sentier à la critique ; nous chercherons dans les sentiments d’une mère païenne, peinte par un auteur moderne, les traits chrétiens que cet auteur a pu répandre dans son tableau, sans s’en apercevoir lui-même.

534. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Qu’on ouvre nos mémoires, et l’on y trouvera à chaque page les vérités les plus dures, et souvent les plus outrageantes, prodiguées aux rois, aux nobles, aux prêtres.

535. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Cet abus ouvrit la route de la nouvelle comédie que Ménandre suivit plus tard.

536. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Quand Pandarus lui apporte pour la première fois une lettre de Troïlus, elle refuse d’abord, elle a honte de l’ouvrir ; elle ne l’ouvre que parce qu’on lui dit que le pauvre chevalier va mourir. […] Pour Troïlus, il est tout tremblant ; il pâlit quand il voit revenir le messager ; il doute de son bonheur et n’ose croire les assurances qu’on lui en donne. « Tout comme les fleurs par le froid de la nuit — fermées, s’inclinent bas sur leur tige. —  Mais le soleil brillant les redresse,  — et elles s’ouvrent par rangées sous son doux passage. » Ainsi tout d’un coup son cœur s’épanouit de joie. […] Et comme le jeune rossignol étonné, Qui s’arrête d’abord, lorsqu’il commence sa chanson, S’il entend la voix d’un pâtre, Ou quelque chose qui remue dans la haie, Puis, rassuré, il déploie sa voix, Tout de même Cresside, quand sa crainte eut cessé, Ouvrit son cœur et lui dit sa pensée188. […] Elles ont fleuri, on sait comment, les deux grossières et vigoureuses plantes, dans le fumier du moyen âge, plantées par le peuple narquois de Champagne et de l’Île-de-France, arrosées par les trouvères, pour aller s’ouvrir, éclaboussées et rougeaudes, entre les larges mains de Rabelais. […] De main en main la chimère grandit, ouvre davantage ses vastes ailes ténébreuses221. « Si Dieu peut faire que le lieu et le corps étant conservés, le corps n’ait point de position, c’est-à-dire d’existence en un lieu. —  Si l’impossibilité d’être engendré est une propriété constitutive de la première personne de la Trinité. —  Si l’identité, la similitude et l’égalité sont en Dieu des relations réelles. » Duns Scott distingue trois matières : la matière premièrement première, la matière secondement première, la matière troisièmement première ; selon lui, il faut franchir cette triple haie d’abstractions épineuses pour comprendre la production d’une sphère d’airain.

537. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Louis XIV ne créa pas les talents ; il leur ouvrit la carrière et il les régla. […] Ouvrez les chefs-d’œuvre écrits sous l’impression de ce magnifique spectacle ; tous ne sont-ils pas marqués des mêmes qualités, création, hardiesse, goût, ordre, unité ? […] Un prêtre de sa paroisse, auquel il s’en était ouvert, l’en détourna ; il lui persuada de rester dans le monde, et de s’y marier à une personne pieuse. […] Il y a une fort grande différence pour l’homme de génie, qui vient de naître à la vie de l’esprit, d’ouvrir les yeux au magnifique spectacle d’une nation bien conduite, dont tous les actes sont marqués d’invention, de force et de raison, grande au dedans et grande au dehors ; ou d’avoir à percer les ténèbres d’une société qui se débat dans des luttes tumultueuses où l’action déréglée a forcé et dénaturé tous les caractères. […] Pendant qu’il parle avec tant de force, une douceur surprenante lui ouvre les cœurs et donne, je ne sais comment, un nouvel éclat à sa majesté qu’elle tempère263. » Les éloges sont suspects, lorsqu’ils sont exprimés en termes dont le vague et la généralité trahissent le lieu commun et l’admiration de commande, ou lorsque les détails en sont si particuliers qu’on peut soupçonner le panégyriste d’avoir, dans un intérêt de flatterie, substitué, à son original trop difficile à louer, un portrait de son invention.

538. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Il a rédigé son testament et il va se faire faire une opération… ajoutant, avec un sourire douloureux, que les chirurgiens ont de la répugnance à ouvrir sa vieille peau. […] Il y a de la fantaisie baroque de monstre dans cette tête grotesque et terrible, où la forme sort d’un trou et d’une enflure, où la bouche s’ouvre dans le rinceau d’un mascaron, où les petits yeux jaillissent des tempes comme deux petites perles de verre bleu. […] * * * — En Écosse, le dimanche, dans la campagne, il vous arrive de voir un monsieur qui se promène, ouvrir tout à coup quelque chose qu’il a sous le bras : c’est une chaire à prêcher sur laquelle il monte et prêche. […] Aujourd’hui, j’ouvre le livre de Renan : c’est du Michelet fénelonisé. […] De là, je suis allé chez Forgues, qui nous peint l’horreur de cet enterrement : la maison en carton suintant l’eau ; une porte qu’il ouvre et qu’on repousse sur lui, en disant : « On est à le mouler. » Il était midi moins dix.

539. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

  J’entends frapper à la porte ;   J’ouvre : bon Dieu ! […] La reconnaissance lui ouvrit mon cœur tout entier. […] On sonnait, il allait ouvrir. […] Béranger le faisait asseoir, pleurait avec lui, lui donnait un verre de vin pour relever ses forces, ouvrait son tiroir, comptait en petites pièces de monnaie la somme strictement nécessaire pour le pieux devoir, l’enveloppait dans une page déchirée de ses vieilles éditions pour la glisser dans les doigts du pauvre veuf, afin de ménager sa pudeur en ne laissant ni briller ni sonner le métal de l’éclat ou du bruit de l’aumône. […] Béranger écrivait à l’instant pour eux une lettre à quelques-unes des administrations de la charité publique ; son nom était une clef qui ouvrait les cœurs comme les ministères.

540. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Que de notions d’histoire, d’archéologie, de politique, que de leçons de goût ne recueille-t-il pas sans autre peine que celle d’ouvrir son journal ! […] On fouille les dépôts publics, on se fait ouvrir les archives particulières des familles, on ramasse jusqu’aux dernières paperasses des cabinets d’amateurs. […] Qu’une exposition universelle ait lieu à Paris, universelle par son objet, le serait-elle par ses résultats, si les journaux ne lui ouvraient leurs colonnes ? […] On l’a ouvert précisément parce qu’il promet non point l’étude, mais la récréation ; il porte avec soi une bonne odeur de délassement et de vacances. […] De tous côtés, édifices ou sous-sols, s’ouvrent des salles nouvelles.

541. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Ce travail est tel que, si, dans cinq ou six siècles, un homme d’État ou un homme de guerre à venir veut se rendre compte, sans erreur et sans effort, de la formation d’une armée au dix-neuvième siècle, il n’aura qu’à ouvrir l’Histoire du Consulat et de l’Empire, et l’armée moderne lui apparaîtra tout entière, recrutée, vêtue, armée, montée, hiérarchisée, disciplinée, commandée, vivant et combattant, comme ces modèles d’anatomie que l’on dévoile dans les musées pour découvrir aux initiés de la science les mystères de la structure humaine. […] Napoléon rentré à Paris, les négociations de 1806, pour convertir en traité de paix les conventions sommaires de Presbourg, s’ouvrent. […] Fox ouvre à Napoléon la carrière libre sur le continent pour une ambition qui devient sans limite. […] Là, protégé à peine par quelques arbres, il voyait parfaitement la position des Russes, lesquels, déjà en bataille, avaient ouvert le feu par une canonnade qui devenait à chaque instant plus vive. […] Enfin, l’une d’elles, lancée avec plus de violence, renverse sur un point l’infanterie ennemie, et y ouvre une brèche à travers laquelle cuirassiers et dragons pénètrent à l’envi les uns des autres.

542. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

J’avais défense d’ouvrir cette lettre avant le premier degré de latitude nord, du vingt-sept au vingt-huitième de longitude, c’est-à-dire près de passer la ligne. […] Quand on l’ouvrait, j’y couchais ; quand on le fermait, c’était mon sofa et j’y fumais ma pipe. […] Sa grande figure pâle, son troisième cachet, plus grand que les yeux, tout ouvert, tout béant comme une gueule de loup… cela me mit de mauvaise humeur ; je pris mon habit et je l’accrochai à la pendule, pour ne plus voir ni l’heure ni la chienne de lettre. […] À vrai dire, je ne dors jamais que d’un œil, comme on dit, et, le roulis me manquant, j’ouvris les deux yeux. […] Cependant il fallait bien en venir là : j’ouvris la pendule, et j’en tirai vivement l’ordre cacheté. — Eh bien !

543. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Sous la Régence, on ruinait la France à ciel ouvert, mais on ne la tripotait pas ! […] Le livre écrit par Cassagnac confesse, sans hésitation et sans fausse honte, cet aveuglement d’un esprit qui ne s’est ouvert que quand Dieu a eu pris dans ses mains assez de sang et de boue révolutionnaire pour en frotter les yeux de tous, en prononçant le dernier éphéta que nous ayons entendu… Implicitement donc et en fait, le livre de Cassagnac est un perpétuel démenti à toutes les habiletés et les prévoyances de l’histoire contemporaine, au passé de l’auteur comme observation et intelligence, à sa politique humiliée. […] — un lapidaire de mots qui taillait, chaque jour, en secret, quelque facette de plus au diamant d’érudition qu’il nous tenait en réserve, et dont tout à coup, comme une femme à souper, il envoie les feux dans les yeux des érudits myopes et aveugles, pour les leur ouvrir ! […] Instituts et corporations, tous ces crustacés qui s’emboîtent les uns dans les autres, et qui s’y mastiquent et s’y soudent par le fait des mêmes préjugés collectifs, ne s’ouvrent pas pour l’indépendance et l’initiative, et voilà pourquoi je ne crois pas qu’aucune Académie ouvre ses portes à Cassagnac.

544. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Il est impossible, en effet, qu’il y ait eu depuis plus de vingt-cinq ans une sorte de concours ouvert pour apprécier ces admirables tableaux d’histoire et leur auteur, sans que toutes les idées justes, toutes les louanges méritées et les réserves nécessaires se soient produites : il ne peut être question ici que de rappeler et de fixer avec netteté quelques-uns des points principaux acquis désormais et incontestables. […] On ne peut que lui appliquer ce que Buffon a dit de la terre au printemps : « Tout fourmille de vie. » Mais en même temps il produit un singulier effet par rapport aux temps et aux règnes qu’il n’a pas embrassés ; au sortir de sa lecture, lorsqu’on ouvre un livre d’histoire ou même de mémoires, on court risque de trouver tout maigre et pâle, et pauvre : toute époque qui n’a pas eu son Saint-Simon paraît d’abord comme déserte et muette, et décolorée ; elle a je ne sais quoi d’inhabité ; on sent et l’on regrette tout ce qui y manque et tout ce qui ne s’en est point transmis. […] Ma curiosité, indépendamment d’autres raisons, y trouvoit fort son compte ; et il faut avouer que, personnage ou nul, ce n’est que de cette sorte de nourriture que l’on vit dans les cours, sans laquelle on n’y fait que languir. » L’ambitieux pourtant ne laissait pas sa part d’espérances : il était jeune ; le roi était vieux ; Louis XIV vivant, il n’y avait rien à faire ; mais après lui le champ était ouvert et prêtait aux perspectives. Saint-Simon s’appliquait donc en secret dès lors à réformer l’État ; et comme il faisait chaque chose avec suite et en poussant jusqu’au bout sans se pouvoir déprendre, il avait tout écrit, ses plans, ses voies et moyens, ses combinaisons de conseils substitués à la toute-puissance des secrétaires d’État ; il avait, lui aussi, son royaume de Salente tout prêt, et sa république de Platon en portefeuille, avec cela de particulier qu’en homme précis, il avait déjà écrit les noms des gens qu’il croyait bons à mettre en place, les appointements, la dépense, en un mot la chose minutée et supposée faite : et un jour que le duc de Chevreuse venait le voir pour gémir avec lui des maux de l’État et discourir des remèdes possibles, il n’eut d’autre réponse à faire qu’à ouvrir son armoire et à lui montrer ses cahiers tout dressés.

545. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Les chapitres sur la flânerie qui ouvrent la Bibliothèque de mon Oncle sont, comme il le dit agréablement, l’histoire fidèle des plus grands travaux de son adolescence : « Oui, la flânerie est chose nécessaire au moins une fois dans la vie, mais surtout à dix-huit ans au sortir des écoles… Aussi, un été entier passé dans cet état ne me paraît pas trop dans une éducation soignée. […] Les études classiques qu’avait voulues le père étaient terminées ; l’âge de la profession tant désirée était venu ; la peinture allait ouvrir, développer enfin ses horizons promis devant le jeune homme, qui, de tout temps, avait croqué, dessiné, imité. […] Prévère ouvre la Bible et y lit ces mots comme texte du discours qu’il va prêcher : Quiconque reçoit ce petit enfant en mon nom, il me reçoit. […] On entrevoit assez sur cette simple esquisse tout un cadre ouvert à une attrayante vérité.

546. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

J’en parlais à maman comme d’une chose sans mystère : et quand il y en aurait eu, je ne lui en aurais pas moins parlé ; car lui faire un secret de quoi que ce fût ne m’eût pas été possible ; mon cœur était ouvert devant elle comme devant Dieu. […] Quand je revenais à l’aube du jour prier Dieu sous ces arbres, la porte de la tour s’ouvrait doucement, et la voix de ma sœur se mêlait insensiblement à la mienne. […] Je pressai longtemps cette lettre précieuse sur mon cœur avant de pouvoir la lire ; et, me jetant à genoux pour implorer la miséricorde divine, je l’ouvris, et j’y lus en sanglotant ces paroles qui seront éternellement gravées dans mon cœur : « Mon frère, je vais bientôt te quitter ; mais je ne t’abandonnerai pas. […] elle ne me quittera jamais : je l’emporterai avec moi dans la tombe ; c’est elle qui m’ouvrira les portes du ciel, que mon crime devait me fermer à jamais.

547. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Si les yeux s’ouvrent, c’est qu’ils font un effort pour mieux voir l’objet qui étonne ; un degré de plus, et l’ouverture des yeux marquera l’effroi. […] Dans la joie, les divers organes ne font que reproduire et aider, pour leur part, le mouvement général d’expansion : les traits se dilatent, les sourcils se relèvent, la bouche s’ouvre, la physionomie tout entière est ouverte, la voix s’accroît et s’enfle, les gestes s’épandent en quelque sorte par des mouvements plus amples et plus nombreux. […] En même temps, la crainte ouvre la bouche et relève les sourcils. […] Comme la chaleur et la lumière, elle ne peut donner la vie et la sensibilité sur un point sans les faire rayonner sur les autres ; loin de fermer les « monades », elle les ouvre toutes sur autrui.

548. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

II Le sixième acte s’ouvre par un dialogue entre un pauvre pêcheur enchaîné et les gardes de police qui le traînent en prison. […] Allons, petit lionceau, ouvre ta gueule bien grande, que je compte tes dents. […] La scène s’ouvre par un dialogue conjugal, comparable au Cantique des cantiques de Salomon, entre le demi-dieu Rama et sa jeune épouse Sita. […] Il tire son arc… Tremblants, comme si la bouche d’Yama s’ouvrait pour dévorer le monde, nos gens frémissent, ils chancellent, ils fuient ; hâtons-nous… en avant !

549. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Il est bien vrai qu’il ouvre son récit par une fort belle description géographique et ethnographique du pays qui fait le sujet de son histoire. […] A qui veut voir dans leur intime personnalité tous ces acteurs de l’histoire ancienne, un grand et beau livre est ouvert, ni histoire ni roman, dans lequel se résume toute la pensée des historiens de l’antiquité. […] En soumettant l’ordre des choses physiques et morales au principe de la raison suffisante, Leibniz a ouvert la voie à la doctrine du déterminisme universel, doctrine qui est d’ailleurs la sienne, et dont il a donné la formule. […] N’abandonne pas ta chaîne, ne t’élève pas au-dessus, mais restes-y fermement attaché. » Assurément ni Turgot, ni Condorcet, ni Montesquieu, ni Vico, n’eussent accepté une pareille formule de fatalisme dans un siècle où l’on avait une foi si entière à l’influence des idées et à l’action des volontés, et qui a fini par un drame révolutionnaire bien différent de l’espèce d’évolution végétative dont parle Herder ; mais il suffit d’ouvrir tel livre de philosophie historique contemporaine pour se convaincre que les idées de Herder ont fait école parmi les historiens de notre temps.

550. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Pourtant, une fois éloigné de la Provence et absent, Vauvenargues ne peut être deviné, et il est obligé de s’ouvrir lui-même. […] On ne le devinerait pas non plus tel qu’il était dans sa familiarité avec d’autres mâles esprits de son âge, ouvert, étendu, persuasif, mentor indulgent et intelligent, raisonneur aimable, « cherchant moins à dire des choses nouvelles qu’à concilier celles qui ont été dites ».

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