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1373. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VII. L’Histoire de la Physique mathématique. »

Dirons-nous que la première a été inutile, que pendant cinquante ans la science a fait fausse route et qu’il n’y a plus qu’à oublier tant d’efforts accumulés qu’une conception vicieuse condamnait d’avance à l’insuccès ?

1374. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

N’oubliez jamais que, par votre éducation exceptionnelle, vous avez des devoirs plus stricts que les autres envers la société dont vous faites partie.

1375. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

Rien ne put fléchir Néron en sa faveur, ni lui faire oublier un vers* d’autant plus offensant pour ce prince, qu’il étoit louche, & qu’il avoit le regard affreux.

1376. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Des antithèses, des pointes, quelques pensées brillantes, des applications & des allusions plus forcées qu’heureuses, un ton continuel de fadeur & de galanterie, le stile le plus enjoué, le plus fleuri, le plus ingénieux, mais le moins naturel ; un stile propre à mettre en réputation un auteur de son vivant, & qui bientôt après le fait oublier.

1377. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Les Anglois n’oublieront jamais son poëme sur la campagne de 1704, sa tragédie de Caton & son Spectateur.

1378. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

C’est avoir bien oublié la sage leçon que donne Monsieur Despreaux dans le troisiéme chant de son art poëtique, où il decide si judicieusement qu’il faut conserver à ses personnages leur caractere national.

1379. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Nicomede après avoir fait ressouvenir l’ambassadeur qu’Annibal avoit gagné la bataille de Trasiméne sur un Flaminius, il l’avertit encore de ne pas oublier.

1380. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Voilà ce qu’il a oublié de faire.

1381. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

N’oublions pas qu’il y eut aussi (préfiguration de l’avenir !)

1382. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Àpeine un livre grave, au moins d’intention, comme Du pouvoir en France, par Wallon, ou Des forces productives de la Russie, par Tegoborski Le reste n’est que vocabulaires, annuaires, réimpressions prétentieuses d’articles de journaux qui n’ont pas la pudeur spirituelle de rester oubliés.

1383. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Il oubliait toute la poésie lyrique du théâtre d’Athènes.

1384. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

J’oubliais tout de suite après. […] oublier ! […] J’adore, quant à moi, ses chinoiseries trop oubliées, leur précision brillante et sèche, leur joliesse minuscule, à petites touches soigneuses. […] » Ce serait bien la même histoire pourtant : mais, la première fois, le narrateur aurait ignoré ou oublié le roman, et, la seconde fois, il s’en serait souvenu. […] C’est fini… oublié… Ton père, va, tu dis vrai, je suis bien ton père.

1385. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

… Pour oublier cela, il faut aller vite et loin, chez les autres !  […] Bernhardi nous a oubliés : oubliés ? […] Il l’oublia. […] Est-ce qu’une minute avant la phrase du « cœur léger », il n’avait pas prononcé cette phrase, qu’on affecta d’oublier, la phrase de « l’âme désolée », importante aussi ? […] L’injustice consisterait surtout à oublier que la guerre est l’œuvre tortueuse et acharnée de Bismarck.

1386. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Le panégyriste a sans doute oublié Pradon : voilà l’omission réparée. […] Ni l’un n’oublie jamais qu’il écrit pour l’instruction des marquises, ni l’autre qu’il prêche pour l’édification des duchesses. […] Oublions-les. […] C’est une raison que j’avais oublié de vous dire et qui peut-être vous frappera. […] On le croyait oublié, que dis-je ?

1387. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Presque tous les grands écrivains qui ont oublié de mourir jeunes ont connu cela plus ou moins. […] Il oublierait le reste, il avouerait qu’il n’a rien vu, ou même il estimerait que ce qu’il a vu est sans importance. […] Je n’ai pas trop bien compris non plus le rôle de certain commis-voyageur, ou du moins j’ai oublié ce que j’y avais compris. […] Elle a été recueillie par des chrétiens, en mémoire de sa mère Lucienne, qui était chrétienne aussi (je crois que j’ai oublié de vous le dire). […] Grigneux, naturellement, adore toujours la morte, et il se morphinise pour oublier… « Ta mère était une sainte ! 

1388. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

N’oubliez point que si cela n’est qu’une forme du théâtre, c’en est la forme peut-être la plus vivante. […] J’en oublie, ou plutôt j’abrège. […] Les justiciers et les justificateurs, c’est le père Rémi, et c’est la mère Fauveau, que l’on oublie trop. […] Je vous le rappelle, au cas, peu probable du reste, où vous l’auriez oublié. […] Elle avait oublié quelque chose.

1389. (1925) Portraits et souvenirs

Ce serait mal comprendre ce livre admirable et unique — rêverie à la fois sur soi-même et sur les possibilités mauvaises de l’être que de lui attribuer un sens exclusivement autobiographique, Il ne faut pas oublier qu’il a aussi une portée dramatique. […] Ceux qui furent mêlés au mouvement symboliste de 1885 n’ont pas oublié les sarcasmes, les plaisanteries, les colères qui, dans la presse et dans le public, accueillaient les rares poèmes que publiait Mallarmé. […] Que la clarté soit une des qualités les plus belles de notre littérature, une de celles qui font sa force traditionnelle et la parent d’un éclat précieux, je n’en disconviens nullement, mais il ne faut pas oublier non plus que les auteurs obscurs et difficiles ont une place importante et méritée dans nos lettres françaises. […] Lucien Mulhfeld, certes, n’était cependant pas plus un oublié qu’il ne fut un méconnu, et le mouvement d’intérêt qui vient de se produire dans la presse autour de son nom ne nous fait pas assister à l’une de ces réparations que rend nécessaires l’ingratitude des contemporains envers un talent maltraité. […] Je ne suis pas bien sûr si mon grand-père avait levé sa canne, mais ce que je n’ai jamais oublié et ce que je revois encore c’est le regard courroucé et le geste de colère dont il me foudroya.

1390. (1864) Études sur Shakespeare

À cette époque où, parmi nous, le nom même des libertés publiques semblait oublié, où le sentiment de la dignité de l’homme ne servait de base ni aux institutions, ni aux actes du gouvernement, la dignité des situations individuelles se maintenait encore là où la puissance n’avait pas encore eu besoin de l’abaisser. […] Quel éclat d’esprit, d’imagination, de poésie, employé à faire oublier la monotonie de ces cadres romanesques ! […] Ils oublient la situation du personnage en faveur des pensées qu’elle suscite dans l’âme du poëte. […] Hall, médecin de Stratford, il laisse des marques d’amitié à plusieurs personnes, parmi lesquelles il oublie sa femme, et ne s’en souvient ensuite que pour lui léguer dans un interligne, non pas le meilleur de ses lits, mais le second après le meilleur 32. […] Mais, tant que le spectateur se plaît à l’oublier, l’art doit éviter avec soin, ce qui pourrait lui rappeler que le spectacle qu’il contemple n’a rien de réel.

1391. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Je ne crois pas aux œuvres faciles ; elles sont facilement oubliées. […] Ulysse n’a point oublié les conseils que lui a donnés Circé la magicienne. […] Il l’oubliait, probablement. […] et qui oublient le principal : c’est le don de poésie. […] Il se divertit ; et, s’il oublie Mme Hugo, oublions-la de même.

1392. (1896) Études et portraits littéraires

Oublie-t-on par quelle « espièglerie » le capitaine obtint sa pension ? […] Je n’oublie aucune des raisons par lesquelles il se démontre à lui-même qu’il doit souffrir. […] D’ailleurs, à ces duretés, tant de choses exquises se mêlent qui les font oublier ! […] Et j’essaie de les oublier. […] Je n’oublie pas que ces notes sont extraites d’un rapport à « Monsieur le ministre de l’intérieur ».

1393. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Les Mémoires d’outre-tombe nous en feraient souvenir, si nous pouvions l’oublier ; et pour Mme de Staël, qui n’a point laissé de Mémoires, nous avons le témoignage de Mme Necker de Saussure [Cf. « Notice sur Mme de Staël », t.  […] N’oublions pas les Écossais, Thomas Reid et Dugald-Stewart. […] Les revenants eux-mêmes de l’émigration y contribuent, dont on aurait tort de croire qu’ils n’aient te rien oublié ni rien appris » dans leur exil : ils y ont appris l’anglais ou l’allemand ; et que la France n’était pas l’univers. […] Ce ne sont point ses impressions qu’il nous donne ; c’est la réalité qu’il tâche à ressaisir, et la réalité tout entière ; l’ampleur de son dessein l’indique ; et dans sa Comédie humaine, mettant à s’oublier lui-même autant de gloire que les romantiques à nous fatiguer d’eux, son ambition n’a été que de nous offrir, de l’histoire de son temps, le miroir le plus fidèle, et à peine un peu grossissant. […] Mais l’art a perdu cette spontanéité primitive ; c’est à la science de lui rappeler ses traditions oubliées qu’il fera revivre dans les formes qui lui sont propres » [Cf. 

1394. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Feuilletez toute la troupe ; avec de petites différences personnelles, ils semblent tous coulés dans un seul moule : l’un est plus épicurien, l’autre plus moral, l’autre plus mordant ; mais partout règnent le langage noble, la pompe oratoire, la correction classique ; le substantif marche accompagné de l’adjectif, son chevalier d’honneur ; l’antithèse équilibre son architecture symétrique : le verbe, comme chez Lucain ou Stace, s’étale, flanqué de chaque côté par un nom garni de son épithète ; on dirait que le vers a été fabriqué à la machine, tant la facture en est uniforme ; on oublie ce qu’il veut dire ; on est tenté d’en compter les pieds sur ses doigts ; on sait d’avance quels ornements poétiques vont le décorer. […] Nul élan, rien de naturel ou de viril ; il n’a pas plus d’idées que de passions, j’entends de ces idées qu’on a besoin d’écrire et pour lesquelles on oublie les mots. […] J’ajouterais bien, en manière d’excuse, qu’il y a un genre où il réussit, que son talent descriptif et son talent oratoire rencontrent dans les portraits la matière qui leur convient, qu’en cela il approche souvent de La Bruyère ; que plusieurs de ses portraits, ceux d’Addison, de Sporus, de lord Wharton, de la duchesse de Marlborough, sont des médailles dignes d’entrer dans le cabinet de tous les curieux et de rester dans les archives du genre humain ; que, lorsqu’il sculpte une de ces figures, les images abréviatives, les alliances de mots inattendues, les contrastes soutenus, multipliés, la concision perpétuelle et extraordinaire, le choc incessant et croissant de tous les coups d’éloquence assénés au même endroit, enfoncent dans la mémoire une empreinte qu’on n’oublie plus. […] Elles sont un produit du pays, comme la viande et la bière ; tâchons, pour en jouir, d’oublier nos vins, nos fruits délicats, de nous faire des sens obtus, de devenir par l’imagination compatriotes de ces gens-là.

1395. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Mais déjà Mirabeau était dépassé ; on se hâta d’ensevelir sa mémoire sous l’amas des couronnes civiques et de l’oublier. […] Or la raison, le cabinet, l’armée de l’Autriche, pouvaient-ils oublier leur capitale deux fois envahie, et rétablir, sous le nom d’une jeune princesse de vingt ans, une régence napoléonienne, qui n’eût été qu’un second règne masqué de Napoléon ? […] Tout ce qui bouillonne tend à s’extravaser ; le patriotisme antibourbonien de 1830 n’avait d’autre politique que le ressentiment des deux invasions ; il oubliait que l’Europe, elle aussi, avait dix invasions de la France à venger. […] Jamais je n’oublierai certaines matinées sombres du mois de novembre, où les brouillards froids et épais de Londres empêchaient de distinguer le jour de la nuit, et forçaient le diplomate matinal à écrire ses dépêches à la lampe, sur un petit guéridon au pied de son lit.

1396. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Le Tasse oublia qu’il avait à se faire pardonner des torts plus qu’à exiger des faveurs. […] On s’étonne que sa muse ait oublié la harpe de David, en parcourant Israël. […] Un poète aurait oublié le sujet pour adorer les détails. […] La Toscane entière, jalouse de Ferrare, de Naples et de Rome, sembla s’étudier à faire oublier au Tasse les envieux dénigrements de l’Académie de la Crusca.

1397. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Lucagnolo le prit par la main, le regarda beaucoup, et lui répondit : Mon bel enfant, dis à ton maître qu’il est un fort habile homme, et que je le prie de tout oublier, et de vouloir être mon ami ! […] J’y trouvais un si grand plaisir, que j’oubliais entièrement tout ce que j’avais souffert ; et, tout le jour, je chantais des psaumes ou des cantiques à sa gloire. […] Je fis donc porter mes effets dans la barque ; j’y fis entrer Tribolo, et je lui recommandai de ne point partir que je ne fusse revenu de l’auberge où j’avais oublié mes pantoufles. […] Tribolo, qui avait véritablement oublié les courroies de sa valise, voulait aussi retourner à l’auberge, et je ne pus l’en empêcher que lorsque je lui racontai le mal que j’y avais fait, en lui montrant des morceaux de couvertures.

1398. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Ce prince avait oublié son visage : Qui êtes-vous ? […] J’étais si content, qu’après mon dîner je fis présent de tous mes vêtements, qui étaient de fourrures fines et d’étoffes fort belles, à mes compagnons de travail : chacun d’eux eut sa part, selon son mérite ; mes domestiques, mes valets d’écurie, ne furent pas même oubliés. […] Sforza de lui remettre, et auquel il dit, en les recevant : Mettez-les-moi tous les jours sous les yeux, afin que je fasse ce que je lui ai promis, car il me tuerait, si je l’oubliais. […] Mon Persée seul fut oublié.

1399. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Je ne savais du grec classique que ce que l’enfance en apprend dans les premières études, et ce que l’âge mûr en fait oublier. […] L’amour-propre des sophistes que ce prince avait à sa suite fut irrité, et ils n’oublièrent rien pour desservir auprès de lui Callisthène. […] Peut-être s’en repentait-il, et croyait-il qu’en changeant de langage et de conduite le philosophe ferait oublier le courtisan. […] « Voilà quelques-uns des inconvénients de la république vantée par Socrate ; j’en pourrais indiquer encore plus d’un autre non moins grave. » XXII « Il ne faut pas oublier, quand on porte des lois semblables, un point négligé par Phaléas et Platon : c’est qu’en fixant ainsi la quotité des fortunes, il faut aussi fixer la quantité des enfants.

1400. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Avez-vous oublié le mot magnifique que votre Philistin d’Iéna criait à son voisin, déclarant qu’il pouvait maintenant recevoir bien commodément les Russes, puisque sa maison était nettoyée et que les Français l’avaient quittée ? […] Seulement il oublie le vice mortel de ces chefs-d’œuvre, c’est le mensonge du roman historique. […] Le soir, il demanda la liste des personnes qui étaient venues savoir de ses nouvelles, et, après l’avoir lue, il dit qu’il n’oublierait pas, après sa guérison, cette preuve d’intérêt. […] J’avais là devant moi un homme parfait dans sa pleine beauté, et mon enthousiasme à cette vue me fit un instant oublier que l’esprit immortel avait abandonné une pareille enveloppe.

1401. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

On n’oublie pas de nous informer que, tout en se livrant à l’exercice de son métier, il continuait ses études, c’est-à-dire à faire des lectures, levées de plans, cartes du pays, etc. […] Pendant une peste ou maladie contagieuse qui avait régné dans le pays de Rosny en 1586, il était venu la visiter, la tranquilliser ; il l’avait trouvée enfuie du château, réfugiée dans celui d’une tante, avec trois ou quatre de ses gens ; et là, s’étant enfermé avec elle, et n’ayant lui-même pour tout monde avec lui qu’un de ses gentilshommes, un secrétaire, un page et un valet de chambre, il demeura tout un mois en compagnie de sa douce moitié, sans être visité de créature vivante, tant chacun fuyait la maison comme pestiférée : Et néanmoins, écrivent les secrétaires, à ce que nous vous avons souvent ouï dire depuis, vous n’avez jamais fait une vie si douce ni moins ennuyeuse que cette solitude, où vous passiez le temps à tracer des plans des maisons et cartes du pays ; à faire des extraits de livres ; à labourer, planter et greffer en un jardin qu’il y avait léans ; à faire la pipée dans le parc, à tirer de l’arquebuse à quantité d’oiseaux, lièvres et lapins qu’il y avait en icelui, à cueillir vos salades, les herbes de vos potages, et des champignons, columelles et diablettes que vous accommodiez vous-même, mettant d’ordinaire la main à la cuisine, faute de cuisiniers ; à jouer aux cartes, aux dames, aux échecs et aux quilles… Et n’allons pas oublier le dernier trait que notre fausse délicatesse supprimerait et qui sent son vieux temps : « à caresser madame votre femme, qui était très belle et avait un des plus gentils esprits qu’il était possible de voir ».

1402. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Il était entré au Parlement dans des vues très positives et qu’il ne farde pas : Vous n’avez pas oublié, écrivait-il quelques années après à un de ses amis de Suisse, que je suis entré au Parlement sans patriotisme, sans ambition, et que toutes mes vues se bornaient à la place commode et honnête d’un Lord of trade (membre du Conseil supérieur de commerce). […] Mme de Genlis (une assez méchante langue, il est vrai) nous le dit ; elle raconte que Gibbon épris de Mme de Crousaz, depuis Mme de Montolieu (l’auteur des romans), et s’étant un jour oublié jusqu’à tomber à ses pieds, fut assez mal reçu dans sa déclaration ; mais on avait beau lui dire de se relever, il demeurait à genoux. — « Mais relevez-vous donc, monsieur ! 

1403. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Madame, princesse et de maison souveraine avant tout, et qui, au milieu de toutes ses qualités humaines et de ses débonnairetés, n’oubliait jamais les devoirs de la naissance et de la grandeur ; elle de qui l’on a dit : « Jamais grand ne connut mieux ses droits, ni ne les fit mieux sentir aux autres » ; Madame n’avait rien tant en horreur et en mépris que les mésalliances ; la galerie de Versailles a retenti longtemps du soufflet sonore qu’elle appliqua à son fils le jour où celui-ci, ayant consenti à épouser la fille naturelle de Louis XIV, s’approchait de sa mère, selon son usage, pour lui baiser la main. […] Celle-ci se rendit chez la princesse, et, en présence de la duchesse de Ventadour pour témoin, représenta à Madame, après l’avoir écoutée, que le roi avait eu à se plaindre d’elle, mais qu’il voulait bien tout oublier.

1404. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Ce n’est point pour nous, ne l’oublions pas, que Mme Dacier a traduit Anacréon, c’est pour le monde de son temps, et particulièrement pour les dames, qui ne pouvaient s’en faire une juste idée jusque-là. Les jolies imitations en vers qu’on avait faites au xvie  siècle étaient oubliées, et l’on avait pris en dégoût ce vieux langage.

1405. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

N’oubliez point, si vous le pouvez, d’amener quelqu’un d’aimable avec vous ; si vous pouviez trouver quatre bons acteurs, deux hommes et deux femmes, ce serait une acquisition fort utile pour notre théâtre, qui est, en vérité, dans la misère de bons sujets. […] N’oubliez pas, si vous le pouvez, d’amener quelqu’un d’aimable avec vous.

1406. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Cependant le traducteur, chez Marolles, nous a fait trop longtemps oublier le curieux. […] L’article « Marolles », qui fait partie du second volune (et n’oubliez pas d’y joindre l’appendice) est tout à fait piquant et neuf.

1407. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Des fruits bien mûrs, revêtus d’une peau fleurie et dont l’apparente fraîcheur fait oublier le mauvais goût, sont suspendus à tous les arbres ou jonchent le terrain. […] Bonstetten, l’aimable, le léger, l’étourdi, l’éternellement jeune, sur lequel glissent les années et les chagrins, que la douleur n’atteint pas, « car l’imagination est le fond de son être, c’est par elle qu’il est sensible et par elle qu’il est consolé » ; Bonstetten, qui, dans un temps loge avec Sismondi sons le même toit, et qui le taquine souvent ou le désole par ses malices, par ses pétulances, par ses frasques ; à qui ridée prend subitement un jour de demander la mère de son ami en mariage ; Bonstetten qui a au moins vingt-cinq ans de plus que lui, et que Sismondi ne peut s’empêcher cependant de regarder, comme un jeune homme qui lui serait recommandé et confié ; le même « qui oublie, il est vrai, ses amis à tous les moments du jour, mais qui, aussi, ne les abandonne jamais » ; cet espiègle qui communique quelque chose de sa vivacité et de son genre d’esprit à tous ceux qui veulent le définir, Bonstetten n’est qu’un contraste : Schlegel était une antipathie.

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