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666. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XVI. Le Paradis. »

Nous osons le prédire : un temps viendra que l’on sera étonné d’avoir pu méconnaître les beautés qui existent dans les seuls noms, dans les seules expressions du christianisme ; l’on aura de la peine à comprendre comment on a pu se moquer de cette religion de la raison et du malheur.

667. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Nous nous voyons sans cesse assiégés de témoins, Et les plus malheureux osent pleurer le moins.

668. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 14, qu’il est même des sujets specialement propres à certains genres de poësie et de peinture. Du sujet propre à la tragedie » pp. 108-114

Ce n’est point par reflexion et en resistant à la tentation qu’un homme à qui il reste encore quelque vertu ne les commet pas, c’est parce qu’il n’est pas en lui de mouvement qui le porte jamais à de pareils excès : il est en lui une horreur d’instinct, et si j’ose dire machinale, contre les actions dénaturées.

669. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 28, de la vrai-semblance en poësie » pp. 237-242

Après cela, que des personnes plus hardies que moi osent marquer les bornes entre la vrai-semblance et le merveilleux par rapport à chaque genre de poësie, par rapport au tems où l’on suppose que l’évenement est arrivé ; enfin par rapport à la credulité, plus ou moins grande, de ceux pour qui le poëme est composé.

670. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Mercier » pp. 1-6

Les moralistes de l’avenir qui voudront faire poser devant eux la première moitié du xixe  siècle iront la chercher dans les dix-sept volumes de La Comédie humaine, et ce Tableau-là, personne n’oserait et ne pourrait l’abréger !

671. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

Longin n’ose défendre de telles fables qu’en les expliquant par des allégories philosophiques ; c’est dire assez que, prises dans leur premier sens, elles ne peuvent assurer à Homère la gloire d’avoir fondé la civilisation grecque. — Toutes ces imperfections de la poésie homérique que l’on a tant critiquées répondent à autant de caractères des peuples grecs eux-mêmes. — 5.

672. (1887) Essais sur l’école romantique

Et quel homme, quel homme de génie oserait forcer la critique à tirer cette conséquence ? […] En outre, on met en vers le Phédon et l’Évangile, en se gardant bien d’inventer : qui oserait inventer sur l’Évangile ? […] J’ose croire qu’on ne sentira pas le travail matériel de ces restitutions : les pensées que j’ai ainsi rapprochées sont sœurs ; elles se sont rappelées et reconnues. […] Car qui l’oserait ? […] J’aurais dû compter ce lit que vous voyez dans le fond, et où la jeune fille, dans la nuit même déjà commencée, deviendra mère ; car c’est tout ce que j’ose et que je puis dire.

673. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

s’il osait la battre ! […] Mais il n’ose pas. […] Je n’osais point l’affirmer, mais j’avais des inquiétudes. […] Sarcey nous pose un sophisme, si j’ose m’exprimer ainsi. […] Oserez-vous affirmer que je ne suis pas un cochon ? 

674. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Mais le poète n’aura pas osé en tant faire. […] Souvenez-vous que Bossuet lui-même, en pleine chaire et faisant l’oraison funèbre de Henriette d’Angleterre, n’a pas osé prononcer le nom de Cromwell ! Donc, moins cela, Don Juan ose tout. […] Vraiment, c’est être bien osé que de se moquer de nous à ce point-là ! […] Ce Bragelone est toujours le même ; il faisait planter du chèvrefeuille au premier acte, il n’ose pas toucher aux reliques de sa maîtresse !

675. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Les lettres que ces correspondants échangent entre eux sont plus rares qu’ils ne le voudraient, et, quand ils s’écrivent, ils ont des sous-entendus forcés, ils n’osent tout se dire ; ils vivent sous l’impression de maux actuels et immédiats, dans un serrement de cœur continuel et comme en présence d’une crise extrême et permanente ; les bienfaits, les améliorations civiles qui pourraient leur sembler une compensation et un correctif, ne se révéleront que le lendemain et leur échappent. […] Le rapprochement est frappant en effet ; mais je n’aurais pas osé le faire devant lui, pour ne pas le scandaliser. […] Je ne suis pas bien sûr que Mme de Staël partage ce sentiment… Les femmes, plus passionnées que nous dans tous les partis qu’elles embrassent, sont, d’autre part, beaucoup moins susceptibles de cet esprit national ; l’obéissance les révolte moins, et comme ce n’est pas leur vertu, mais la nôtre, qui paraît compromise par des défaites suivies d’une absolue dépendance, elles s’en sentent moins que nous humiliées. » Mme de Staël (et c’est une réparation qu’on lui doit) était beaucoup plus du sentiment de Sismondi, à cette date, que lui-même n’avait d’abord osé le penser ; mais Mme d’Albany n’en était pas du tout, et, dans les lettres qu’il lui adresse, Sismondi s’efforçait en vain de la ramener, de la convertir à sa manière d’envisager les choses du point de vue tout nouveau où il se plaçait : « Je suis étonné, lui écrivait-il (11 décembre 1814), de vous voir vous arrêter toujours sur le passé, tandis que c’est le présent seul qui importe.

676. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Vaugelas nous fait remarquer d’autres mots plus lents, qui ont eu une peine infinie à pénétrer dans la langue et qui y sont pourtant entrés à la longue : par exemple, le mot Insidieux, tout latin et si expressif, Malherbe l’avait risqué ; Vaugelas, qui en augure bien, avant de l’adopter toutefois, le voudrait voir employé par d’autres, et il n’ose le conseiller que moyennant des précautions et des préparations qui le fassent pardonner, comme S’il est permis de parler ainsi, Si l’on peut user de ce mot, etc. […] Ce grand orateur, en son temps, savait fort bien se moquer de ces petites bouches et de ces esprits pusillanimes qui, à force de craindre la moindre ambiguïté dans le langage, en venaient à ne plus même oser articuler leur nom ; et M. de La Mothe ajoute dans un sentiment vigoureux et mâle : « Ceux dont le génie n’a rien de plus à cœur que cet examen scrupuleux de paroles, et j’ose dire de syllabes, ne sont pas pour réussir noblement aux choses sérieuses, ni pour arriver jamais à la magnificence des pensées.

677. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Il y a surtout, avant cette gloire publique, avant ce rôle d’apologiste religieux, de publiciste bourbonnien, de poète qui a chanté sa tristesse et qui s’est revêtu devant tous de sa rêverie, il y a, avant cela, trente longues années d’études, de travaux, de secrètes douleurs, de voyages et de misères ; trente années essentielles et formatrices, dont les trente  suivantes ne sont que le développement ostensible et la conséquence, j’oserai dire facile. […] Sa nature originelle y reprend le dessus, y tient le dé, si j’ose dire. […] Si j’osais adresser un seul reproche à quelques rares endroits de cette douleur presque innée que je comprends et que j’admire, ce ne serait pas de s’exagérer et de se surfaire, ce serait de se croire plus unique au monde, plus privilégiée en amertume qu’elle ne l’est en effet.

678. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

La Bruyère a tout prévu, et il ose. […] Les Caractères ont singulièrement gagné aux additions ; mais on voit mieux quel fut le dessein naturel, l’origine simple du livre et, si j’ose dire, son accident heureux, dans cette première et plus courte forme143. […] Ce qu’il y a de chique dans les plus belles productions du jour est effrayant, et je ne l’ose dire ici que parce que, parlant au général, l’application ne saurait tomber sur aucun illustre en particulier.

679. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

La plupart du temps, elles sont mécontentes ; elles nous feraient un procès si elles l’osaient. […] Grâce à cet amendement improvisé, qui a passé dans la loi, le Français est considéré et traité comme un petit monsieur de qualité qui n’oserait sortir en plein air de peur de s’enrhumer, tandis que les autres nations, un Américain, un Suisse, un Belge, un Anglais, tous gens à la peau moins douillette, se moquent du chaud et du froid et bravent les intempéries des saisons. […] Il serait trop singulier que le vers de Boileau cessât d’être vrai en France : On sera ridicule, et je n’oserai rire !

680. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Mais, en attendant encore, l’auteur fait une digression politique de quelques centaines de pages, très éloquentes, mais très oiseuses, sur la révolution de 1830, sur Louis-Philippe d’Orléans, roi de rechange, sur la Fayette qui voudrait aller plus loin, mais qui n’ose pas, sur les jeunes étudiants, enfants de Béranger, qui voudraient chanter la Marseillaise, mais à qui Casimir Delavigne a mis dans la bouche la Parisienne. […] « L’algèbre s’applique aux nuages ; l’irradiation de l’astre profite à la rose ; aucun penseur n’oserait dire que le parfum de l’aubépine est inutile aux constellations. […] C’est à peine si l’on ose dire maintenant que deux êtres se sont aimés parce qu’ils se sont regardés.

681. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

J’oserais presque lui faire le même reproche, quoique l’on sache que ce ferme esprit ne pèche point par timidité. Ici, il n’a pas osé dire toute sa pensée ; c’est que la philosophie spiritualiste est aussi impuissante que les autres. […] De plus, chez les animaux, les conséquences du péché ne pourraient être que des conséquences physiques et non morales : qui oserait en effet les rendre responsables du péché d’Adam ?

682. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Institué de Dieu, organisé de Dieu, Dieu même en quelque sorte, si on osait le dire, puisque l’Église continue Jésus-Christ dans ses actes et dans sa parole, le catholicisme doit, en vertu des principes qui sont son esprit et sa vie, embrasser l’univers dans ses bras puissants et ouverts par l’amour, et unir les hommes dans une même pensée de charité et de foi. […] À part quelques martyrs, quelques nobles têtes comme Morus et Fisher, que le Tibère théologique jeta au bourreau, les hautes classes qui alors menaient la nation reçurent, dans le silence de la conscience anéantie, une religion toute faite des mains de ce cuistre sanglant qui osait inventer contre Dieu… Jamais, dans les annales du genre humain, si magnifiques en lâchetés, on n’avait eu le spectacle d’une chose si lâche… Et cependant, disons-le pour être juste, de toutes les hérésies dont le Protestantisme de Luther fut la semence, celle de Henri VIII, de ce révolté de la débauche, est la moins funeste dans ses conséquences définitives. […] Digne par ses grandes connaissances, par ses talents supérieurs, par la considération dont il jouissait dans l’Université, du titre de chef de secte, il n’osa pas accepter une position si enflammée et si grandiose.

683. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Mme de Sévigné conte à sa fille des aventures singulières, avec détails précis, qu’on se donnerait aujourd’hui entre jeunes gens, mais qu’on n’oserait plus se donner entre hommes. […] La première étant abaissée et méprisée, on n’ose plus en montrer les actions ni les organes. […] Mais le duc n’ose contraindre sa fille, qui veut devenir religieuse. […] Un jour Scipion Émilien, qu’ils interrompaient, osa leur dire : « Silence, faux fils de l’Italie ! […] Il a tout osé contre les provinces, il osera tout contre ses concitoyens.

684. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Il est écrasé de honte et n’ose aborder l’aïeul. […] Oserai-je remarquer qu’Ulysse a sur Monte-Cristo l’avantage de la bonhomie ? […] Mais Judas n’ose plus, il est converti, comme l’a été tout à l’heure Salomé, comme Barabbas le sera dans un instant. […] Et la pauvre fille n’ose pas retourner à l’atélier de Pierre. […] On a vu des petits-fils portés aux plus grandes charges par leur mérite sans doute (qui oserait le nier ?)

685. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Ils ne semblent pas désirer que je les aborde, et je n’ose vraiment les aborder. […] Oserai-je dire qu’il y a dans sa littérature un vice analogue à celui-là, et qu’elle manqué de cette vertu qui s’appelle l’humanité ? […] Personne n’oserait le dire. […] Est-il un de nous qui oserait accuser ce Wilhelm, si candide, si cordial, si bon camarade, de si facile composition, de manquer de cœur ? […] il osait même espérer.

686. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Stéphane Mallarmé »

Dès qu’il écrit, c’est autre chose… Pourtant il a commencé par faire des vers très beaux et, malgré quelques singularités, très intelligibles (sans quoi, je n’aurais pas osé dire « très beaux », car je ne me moque jamais des gens).

687. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Maurice Maeterlinck Il semble qu’avant Laforgue on n’ait jamais osé danser ni chanter sur la route de la vérité.

688. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

C’est là l’innocente liesse d’un faune adolescent, un peu saoul de soi, si j’ose dire, et d’un soi qui n’est point vulgaire ; car M. de Bouhélier concilie sans peine l’admiration et l’injure envers le même écrivain, et on ne sait trop ce qui domine en lui à l’égard de Shakespeare, de Hugo ou de M. 

689. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIII. Beau trio » pp. 164-169

Léon Daudet, un souffle réel, une ampleur de narration qui lui permet d’aborder « le fort volume », ce qu’on n’ose ni ne sait plus guère.

690. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

Que ceux qui osent occuper la Scène de leurs Productions, se rappellent que Regnard n’a chaussé le Brodequin, qu’après s’être formé sur Moliere ; que les Pieces qui ont été le plus généralement applaudies, n’ont mérité leur succès, que parce qu’elles retraçoient quelques foibles étincelles de son génie.

691. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

M. de Voltaire a beau s'épuiser en raisonnemens, se consumer en recherches, pour prouver que celui dont il se glorifioit autrefois d'être l'Eleve & l'Ami, est véritablement l'Auteur des Couplets qui occasionnerent ses malheurs ; tous ses efforts seront inutiles, & ne produiront jamais que cette réflexion : Comment l'Auteur de tant d'Ouvrages, plus condamnables & plus odieux que ces mêmes Couplets, ose-t-il se déclarer si obstinément l'accusateur d'un homme plus malheureux que coupable, plutôt soupçonné que convaincu ?

692. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VII »

Sa naissance a été latine ; son éducation a été latine ; et jusque pendant sa maturité, si on doit supposer qu’il la vit depuis trois siècles, l’appui et les conseils du latin l’ont suivi pas à pas : le latin a toujours été la réserve et le trésor où il a puisé les ressources qu’il n’osait pas toujours demander à son propre génie.

693. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Restout » pp. 187-190

C’est ainsi que les monarques d’Asie rassuraient ceux qui osaient se présenter devant eux, sans être appelés.

694. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

C’est lui qui ose, sans crainte, placer le soleil ou la lune dans son firmament.

695. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

Elles rougiroient d’oser être d’un avis different du leur.

696. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

c’est lui qui, dans le Semeur, a osé louer et recommander et dire qu’il aimait un livre d’un M.  […] Il a osé écrire qu’il aimait le livre et la manière, et l’auteur quand même. […] Ces 2 articles sont deux chapitres, auxquels j’aurais donné des titres si j’avais osé. […] — Conscience bien écoutée, voix du cœur dans la prière, j’ose à peine ici vous dire : Conseillez-moi ! […] La préoccupation de ces derniers nous semble même passer tellement les bornes, que c’est à peine si nous osons la croire volontaire.

697. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

J’y allais presque tous les jours, j’y dînais deux ou trois fois la semaine, je mourais d’envie de lui parler, je n’osai jamais. […] Cette raison du parti que je pris, plus forte que toutes celles que j’énonçai dans ma lettre à madame de Francueil, fut pourtant la seule que je n’osai lui dire. […] Comment oser désormais parler d’indépendance et de désintéressement ?  […] que vous me vendez cher cette amitié cruelle dont vous osez vous vanter à moi ! […] Le citoyen consent à toutes les lois, même à celles qu’on passe malgré lui, et même à celles qui le punissent quand il ose en violer quelqu’une.

698. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Le Journal des débats, qui avait osé répéter l’article, fut bientôt après ravi à ses propriétaires. […] On reconnaîtra sans peine celui que l’amitié n’ose nommer, mais que l’auteur célèbre, oracle du goût et de la critique, a déjà désigné pour son successeur. […] Cette famille, à qui l’on ne pouvait reprocher que ses malheurs, n’avait pas sur le vaste globe un seul coin de terre où elle osât reposer sa tête. […] Mais l’oserions-nous dire ? […] Je nommerais facilement plusieurs ouvrages qui, j’ose le dire, passeront à la postérité.

699. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

« Si elle ne veut pas mourir de son amour, il est temps qu’elle prenne sur elle de le révéler, car il n’est pas à espérer que Médor ose l’encourager à un tel aveu. […] Le pèlerin se mit aussitôt à jouer plusieurs airs différents, et le petit chien, ajustant ses sauts à la mesure, exécuta des danses variées de tous les pays, et parut obéir à son maître avec tant d’intelligence que tous ceux qui le regardaient ne prenaient pas le temps de cligner les yeux et osaient à peine respirer. […] nous n’osions pas le lui demander, et elle-même ne se le disait peut-être pas encore. […] J’ose espérer, Monsieur, que vous voudrez bien insérer cette réponse dans votre plus prochain Entretien.

700. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Attaquer celle à qui l’on doit la vie, quelqu’un ose-t-il donc se souiller de ce parricide ! […] « Et, comme toute espèce a quelque propriété qui la distingue essentiellement, aussi l’homme en a-t-il une, mais bien plus excellente ; si c’est parler convenablement, que de parler ainsi de notre âme, qui est d’un ordre tout à fait supérieur, et qui, étant un écoulement de la divinité, ne peut être comparée, l’oserons-nous dire, qu’avec Dieu même. […] Il commence par s’excuser d’oser écrire sur une matière aussi auguste : « Pour moi, dit-il, qui viens de publier en peu de temps plusieurs de mes livres, je n’ignore pas qu’on en a parlé beaucoup, mais différemment. […] je n’avais pas hésité à affronter les plus terribles tempêtes, et, si je l’ose dire, la foudre elle-même, pour sauver mes concitoyens, et à dévouer ma tête pour le repos et la liberté de mon pays.

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