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580. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Tu dis que tu as envoyé Thamar au Salon… Je cours les risques des observations qu’on pourra faire sur le sujet, et je me soumets d’avance aux critiques. — Fais ce que dois, advienne que pourra ! […] Cette préférence se marque volontiers encore dans l’opinion des étrangers, et tout récemment Landseer, le célèbre peintre anglais, se trouvant à une réunion d’artistes et d’amateurs, disait : « Les tableaux de Vernet l’emportent sur ceux de tous ses rivaux, parce qu’en dehors de leur propre mérite, ils ne procèdent que de lui-même et de l’observation de la nature ; chez tous les autres peintres, et dans toutes leurs œuvres sans exception, vous trouverez toujours une réminiscence de quelque ancien maître. » Mais à côté du miel, la piqûre : Horace Vernet, ainsi apprécié des étrangers, souffrit d’autant plus des préférences françaises hautement déclarées en faveur de M.  […] Une fois, devant un tableau de bataille de deux peintres amis, dont l’un avait fait le paysage et l’autre les personnages (c’était une bataille où figuraient les Autrichiens), il remarquait que le ciel était un peu trop pommelé : « Je trouve, disait-il, qu’il y a un peu trop d’Autrichiens dans ce ciel-là. » Il avait des observations originales qu’il exprimait d’un mot.

581. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

On aurait tort pourtant et l’on serait injuste d’appliquer trop rigoureusement aux Poésies de François Ier ce que les précédentes observations semblent avoir aujourd’hui d’incontestable. […] Et on me permettra d’indiquer ici une observation qui s’étend à toute la poésie française du xvie  siècle, et qui en détermine un caractère. […] Je noterai seulement trois ou quatre points de détail, qui donneront à mon observation son vrai sens et toute sa portée.

582. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Observations sur la tragédie romantique Depuis dix ans, quelques Français et beaucoup d’étrangers ont entrepris d’abolir parmi nous un système dramatique où, s’il faut les en croire, il ne reste aux auteurs rien à inventer ; aux spectateurs, aucune émotion nouvelle à recevoir. « À quoi bon, disent-ils aux premiers, vous traîner sur les traces de Corneille ? […] Après qu’on a vu se reproduire en Allemagne, en Écosse, en France, les doctrines et la philosophie transcendantale des platoniciens d’Alexandrie, on ne doit pas s’étonner de l’altération des théories littéraires· En littérature comme en philosophie, il n’y a que deux routes ouvertes à l’esprit humain, celle de l’observation et celle de l’extase. […] Mais on se fatigue enfin de ces méthodes lentes et timides, de ce long enchaînement d’observations attentives et d’analyses délicates.

583. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Plus on a soi-même d’expérience, plus on aperçoit de variété dans son observation. […] Il ne croyait pas qu’on pût mettre en tragédie la réalité immédiatement perçue : il voulait envelopper l’observation dans une vision agrandie par l’éloignement, et par là poétique : à cette condition seulement, il crut pouvoir traiter Bajazet, parce qu’il sentait les Turcs aussi loin de lui que les Romains. […] Des mœurs de convention s’établissent : l’observation directe de la nature cède la place à des formules arrêtées, dont, au nom de la dignité tragique, il ne sera plus permis de se départir.

584. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Il semble à vous ouïr parler que les règles de l’art soient les plus grands mystères du monde, et cependant ce ne sont que quelques observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l’on prend à ces sortes de poèmes. Or, le même bon sens qui a fait autrefois ces observations, les fait aisément tous les jours sans le secours d’Horace et d’Aristote. […] Pour quitter La Critique de l’École des femmes, et pour revenir à cette comédie heureuse, L’Impromptu de Versailles qui lui sert de pendant, nous ferons une observation qui ajouterait certainement un assez grand intérêt à cette dernière comédie ; c’est qu’avec un peu d’attention vous y retrouverez, en germe, un chef-d’œuvre de Molière, et son chef-d’œuvre, peut-être, Le Misanthrope. — Molière, qui déjà rêvait à sa comédie, avait essayé ses trois comédiennes dans les petits rôles de L’Impromptu.

585. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Peintre, il a voulu appliquer à la composition du livre les ressources d’observation que lui fournissait son œil, ou, si vous aimez mieux, son tempérament d’artiste. […] Élargissez le champ d’observation, placez-y une scène de la vie primitive, et vous aurez les plus belles pages de Un été dans le Sahara ou de Une année dans le Sahel, la rencontre de la tribu en voyage, ou la danse des nègres près de Mustapha d’Alger, cette espèce de symphonie en rouge qui annonce, vingt ans à l’avance, l’écrivain définitif des Maîtres d’autrefois. […] Il ne coupe pas le récit par d’interminables descriptions, où rien ne manque, si ce n’est justement le sens le plus profond de l’observation humaine.

586. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Cet art n’est point fait d’observations et d’enquête ; ne nous y trompons pas. […] Elle consiste, ce me semble, à vivifier l’observation — et à lier entre elles les observations, ce qui n’est encore rien dire, mais nous met sur la voie. […] Je dis encore qu’il avait l’art, non seulement de vivifier les observations, mais de lier entre elles les observations. […] Ces romans renferment, nous le verrons, des parties d’observation très distingués, qu’il faut connaître ; mais, en leur fond, ils ne procèdent pas de l’observation ; ils n’ont point été conçus dans le réel ; un peu de réel s’y est seulement ajouté. […] Mais comme observations, des observations de journaliste.

587. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Marcel Prévost n’en est pas moins une très intéressante étude, fruit de réelles observations, et écrite avec une rare sûreté de mains. […] Écrit avec un rare souci de la perfection, ce livre contient plus d’observations réelles, plus d’idées neuves et personnelles qu’il n’est d’usage aujourd’hui. […] Si vous n’avez rien de mieux à faire, restez à votre poste d’observation et vous verrez bientôt quelque chose qui vous récompensera de votre peine. […] Ces fils sont utiles à l’observation exacte des astres, mais ils sont de l’homme et non du ciel. […] C’était mon tour d’occuper ce poste d’observation avec le général Heymès, aide de camp de service, à ma droite.

588. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

L’observation, l’observation seule, et c’est assez ! l’observation qui ne devrait être que la justification, la raison, l’appui du drame, et qui, au lieu de cela, le prime et le supprime ! […] Je suis émerveillé de l’abondance et de l’intensité d’observation de Thackeray, mais… j’ai mis un an à lire la Foire aux vanités. […] Tenez, il s’ébranle, il vient, il approche, porté sur l’observation ; et, tout d’un coup, il se dresse et il éclate au-dessus d’elle ! […] Point de lassitude dans l’observation ; tout est noté par lui, au fur et à mesure, les moindres mouvements, les troubles du visage et ceux de la toilette.

589. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

En 1854, il séjourna longtemps à Orsay, chez ce dernier, l’accompagnant dans ses visites médicales, et recueillant des observations sur la campagne et les paysans. […] Sa méthode d’exposition philosophique s’était modifiée pendant cette année d’observation de la vie réelle. […] De bonne heure il voit dans l’histoire la contre-épreuve de l’observation psychologique et comme une psychologie collective. […] Peu importe que Joubert n’ait été connu de son vivant que d’un petit cercle d’amis s’il a laissé, dans ses Pensées et dans ses Lettres, des trésors d’observations morales. […] J’ai écrit tout le plan de la française… Je fais de la psychologie et de l’observation pure ; pour le fond je m’autorise d’Aristote… Je souhaite de passer s’il est possible, au commencement d’août.

590. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note III. Sur l’accélération du jeu des cellules corticales » pp. 400-404

Cependant je ne me rappelle pas un seul événement de ma vie dont j’aie pu apprécier la durée avec plus de certitude, dont les détails soient mieux gravés dans ma mémoire, et dont j’aie la conscience mieux affermie. » Une troisième observation du même genre m’est communiquée par M. 

591. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

On voudrait voir tant d’esprit et d’observation employé à d’autres fins.

592. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 512-518

Cette espece d’injustice a paru principalement dans ses Observations, à l’égard de la Traduction en vers des Géorgiques de Virgile, par M. l’Abbé Delille.

593. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 489-496

Nous pouvons assurer, d’après nos propres observations, qu’elle étoit dans lui une espece de manie involontaire, fruit de ses premieres liaisons, plutôt qu’une morgue arrogante & systématique.

594. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

Nulle autre cause de cette étonnante supériorité, que la connoissance profonde du cœur humain, qu’une observation subtile qui saisissoit avec justesse les vices & les ridicules par-tout où ils se trouvoient, qu’une délicatesse de tact qui discernoit, à coup sûr, ce qu’il y avoit de plus saillant dans les travers de la Société, que l’art enfin de les présenter sous un jour propre à les rendre sensibles, & à les corriger par une plaisanterie sans aigreur, sans apprêt, & toujours si naturelle, que l’effet en étoit immanquable.

595. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Lettre a monseigneur le duc de**. » pp. -

J’ai puisé dans tous les Livres de critique, dans les Journaux, dans les Observations, dans les Jugemens littéraires ; mais j’ai très rarement cité mes autorités.

596. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVI. Des Livres nécessaires pour connoître sa Religion. » pp. 346-352

., & ses Observations sur le Dictionnaire philosophique & la Philosophie de l’histoire, en deux vol.

597. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 36, de la rime » pp. 340-346

Section 36, de la rime La necessité de rimer est la regle de la poësie dont l’observation coûte le plus et jette le moins de beautez dans les vers.

598. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Remarque finale. Le Temps de la Relativité restreinte et l’Espace de la Relativité généralisée »

Mais les particularités de temps et notamment la pluralité des Temps, dans la théorie de la Relativité restreinte, n’échappent pas seulement en fait à l’observation du physicien qui les pose : elles sont invérifiables en droit.

599. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il n’est pas malaisé de discerner, par-dessous leur observation, une sensibilité très vive. […] Ils sont trop souvent sensitifs d’une manière surprenante dans l’expression, et, à la fois, d’une extrême indigence dans l’observation. […] Mais en appliquant, à cette formation, la méthode des sciences naturelles, c’est-à-dire l’observation exacte et vérifiée. […] Le géomètre emploie la déduction, le chimiste l’induction, l’astronome l’observation. […] Un médecin, par exemple, aiguisera en lui le sens de l’observation, et diminuera le sens de l’imagination.

600. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Ce dernier rapport, il est vrai, est le seul qui puisse tomber directement sous notre observation, et, lorsque nous définissons le premier par le second en faisant intervenir l’idée de limite, nous nous conformons aux conditions de notre logique humaine. Mais, une fois en possession de l’idée du premier rapport, nous nous conformons à la nature des choses, en faisant de lui le principe d’explication de la valeur que l’observation assigne au second rapport. […] Partant, quand ces éléments tomberont plus aisément sous notre observation, nous expliquerons et nous démontrerons plus aisément les propriétés des composés qui sont leur assemblage. — C’est justement le cas pour les composés les plus complexes de tous, ceux qui sont l’objet des sciences naturelles et des sciences historiques. […] En ce cas, les couches successives des facteurs de plus en plus simples seraient semblables au-delà d’une certaine limite, comme le sont au-delà d’une certaine limite les chiffres successifs d’une fraction périodique mixte. — Mais, que les propriétés du composé et de ses facteurs soient semblables ou différentes, il n’importe ; c’est toujours sur les propriétés des facteurs que nous portons nos observations ou nos conjectures. […] Mais quand elle nous a instruits et que, considérant toutes les propositions de nos sciences expérimentales, nous découvrons partout dans la nature des caractères avec des précédents et des accompagnements, alors l’axiome s’applique ; démontré comme un axiome de géométrie, il a la même portée, et, comme un axiome de géométrie, il étend son empire, non seulement sur le fragment de durée et d’étendue accessible à notre observation, mais encore au-delà et à l’infini, sur tous les points de la durée et de l’étendue où un caractère quelconque sera donné avec un groupe de précédents et d’accompagnements.

601. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Neufs et inhabiles à l’observation d’eux-mêmes, ils voudraient bien, mais ils ne savent pas, en célébrant leur « dame » ou leur « martyre d’amour », noter le trait caractéristique, donner la touche qui distingue et qui précise, traduire enfin leurs sentiments d’une manière qui n’appartienne qu’à eux. […] Le Roman de la Rose. — On en saisit mieux le rapport avec les genres qui les ont précédées, et entre elles. — En observant qu’elles sont toutes, ou à peu près, du même temps, on s’aperçoit que l’« allégorie » caractérise toute une « époque » de la littérature du Moyen Âge ; — et on est conduit à chercher les raisons de ce goût pour l’allégorie. — Il s’en trouve de sociales, comme le danger qu’on pouvait courir à « satiriser » ouvertement un plus puissant que soi ; — mais il y en a surtout de littéraires, qui se tirent — du peu d’étendue de l’observation « directe » de la réalité au Moyen Âge ; — du peu d’aptitude de la langue à exprimer les idées générales sans l’intermédiaire d’une personnification matérielle ; — et de la tendance des « beaux esprits » de tout temps à parler un langage qui ne soit pas entendu de tout le monde. […] 2º Moralités, Farces et Soties. — Que l’examen des Moralités confirme les observations précédentes sur la « littérature allégorique », directement et indirectement : — directement, si les moralités ne sont qu’une forme de cette littérature : — par la nature des personnages qui en sont les héros : Mal-Avisé, Bien-Avisé, Rébellion, Malefin, etc. ; — par l’intention de « moraliser » dont leur seul nom témoigne ; — et par ce qu’elles contiennent de satire enveloppée. — Les mêmes observations sont indirectement confirmées : — par la supériorité des Farces sur les Moralités ; — et par la nature de cette supériorité, — qui consiste essentiellement en ce que les personnages n’y sont point des allégories, — mais des personnages réels.

602. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

L’autorité de l’expérience et celle de l’observation. […] Les Tropes de Dumarsais, quoique restreints à notre langue, sont remplis d’excellentes observations communes à toutes. […] Une observation qui se présente ici à mon esprit et qui n’est pas une des moindres raisons de différer l’étude des langues anciennes, c’est l’inversion ; où est l’enfant qui ait assez d’idées et d’étendue de tête pour embrasser toute la suite d’une période de cinq à six lignes où l’ordre des mots suspend le sens jusqu’à la fin ? […] Même observation pour Aurelius Vérus, Aurelius Victor, Eutrope, AmmienMarcellin et Solin.

603. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Jouffroy pour les études philosophiques et pour l’observation intérieure, j’ai toujours cru qu’après son premier feu jeté, il eût été bon pour lui de se détourner de cette contemplation absolue et un peu stérile où il s’est consumé, et d’appliquer son beau talent à des matières qui l’eussent nourri et renouvelé. […] Le psychologiste en question peut se faire, selon moi, l’application de l’image : si ingénieux qu’il soit comme observateur, il n’a qu’une science de reflets et de miroitements, et, avec cela, il n’est pas peintre. — (Voir La Fontaine, et comment pour l’étude de l’homme, pour la connaissance de l’esprit, il était loin de s’interdire l’observation des animaux et les comparaisons tirées de l’histoire naturelle, fable première du livre X.)

604. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Le présent volume, digne du précédent, contient trois excursions pédestres, l’une ancienne, de 1833, à la Grande-Chartreuse, l’autre à Gênes et à la Corniche ; mais surtout on y voit la dernière grande excursion que Töpffer a conduite au cœur de la Suisse, la plus importante, celle du moins où, comme en prévision de sa fin prochaine, il a rassemblé le plus de souvenirs, de résultats d’observation ou d’expérience, son Voyage de 1842 autour du Mont-Blanc et au Grimsel. […] Aussi trouvé-je toujours du plaisir à m’entretenir avec eux des choses qui sont à leur portée. » De cette observation attentive du langage campagnard et paysanesque, combinée avec beaucoup de lecture, de littérature tant ancienne que moderne, tant française que grecque76, est résulté chez Töpffer ce style composite et individuel que nous goûtons sans nous en dissimuler les imperfections et les aspérités, mais qui plaît par cela même qu’il est naturel en lui et plein de saveur.

605. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Biot, dans l’introduction au Recueil d’observations géodésiques, astronomiques et physiques, publié en 1821, en a donné quelque idée. […] Biot, esprit plus fin, plus littéraire jusqu’au milieu de la science, raconte en ces termes les impressions qu’il ressentait durant ces mois de veilles, d’observation inquiète et d’attente : Combien de fois, assis au pied de notre cabane, les yeux fixés sur la mer, n’avons-nous pas réfléchi sur notre situation et rassemblé les chances qui pouvaient nous être favorables ou contraires !

606. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Rien n’est plus ingénieux et plus vraisemblable, monsieur, que ce que vous dites des premières observations qui n’ont pu être faites que dans des pays où le plus long jour est de seize heures et le plus court de huit ; mais il me semble que les Indiens septentrionaux, qui demeuraient à Cachemire, vers le trente-sixième degré, pouvaient bien être à portée de faire cette découverte. Bailly ne se tint pas pour réfuté ; on avait touché à une idée qui lui était plus chère qu’une observation astronomique, parce qu’elle était moins certaine et fille de sa conjecture et de sa fantaisie.

607. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

. — « Sire, répondit Corvisart, c’est que l’imagination tue l’observation. » — L’imagination ne tue pas toujours l’observation ; bien souvent aussi elle l’éveille, elle la provoque et la stimule ; elle la devance.

608. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

« Il a eu de l’élégance, disait-il, de la finesse, de l’observation, du tact, alors que c’était chose presque nouvelle. […] Chez lui, la gaieté, l’observation fine, une sensualité spirituelle, la malice et la bonne humeur, — ce qui faisait le fonds de cette nature française, — ont triomphé.

609. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Nous venons trop tard pour analyser : ce sera assez de jeter quelques observations. […] Au reste, nous demandons peut-être là quelque chose de contraire à la construction habituelle de ce genre de comédie, qui, à l’aide de personnages calqués à distance sur la vie et plus ou moins artificiellement découpés, tient surtout à produire des effets de réflexion, des développements moraux, des observations spirituelles ou de nobles leçons exprimées en beaux vers.

610. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Un danger présent a pu contraindre le peuple à retarder son injustice ; une mort prématurée en a quelquefois précédé le moment ; mais la réunion des observations, qui font le code de l’expérience y prouve que la vie si courte des hommes, est encore d’une plus longue durée que les jugements et les affections de leurs contemporains. […] Le spectacle de la France a rendu ces observations plus sensibles ; mais, dans tous les temps, l’amant de la gloire a été soumis au joug démocratique ; c’est de la nation seule qu’il recevait ses pouvoirs ; c’est par son élection qu’il obtenait sa couronne ; et quels que fussent ses droits à la porter, quand le peuple retirait ses suffrages au génie, il pouvait protester, mais il ne régnait plus.

611. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

. — Expériences et observations de Dugès, Landry, Vulpian. — Pluralité foncière de l’animal. — L’individu animal ou humain n’est qu’un système. […] De la même façon, le moi demeure un et continu ; on ne peut pas dire qu’il soit la série de ses événements ajoutés bout à bout, puisqu’il n’est divisé en événements que pour l’observation ; et cependant il équivaut à la série de ses événements ; eux ôtés, il ne serait plus rien ; ils le constituent. — Quand nous l’en séparons, nous faisons comme l’homme qui dirait, en parcourant tour à tour les divisions de la planche : « Cette planche est ici un carré, tout à l’heure elle était un losange, là-bas elle sera un triangle ; j’ai beau avancer, reculer, me rappeler le passé, prévoir l’avenir, je trouve toujours la planche invariable, identique, unique, pendant que ses divisions varient ; donc elle en diffère, elle est un être distinct et subsistant, c’est-à-dire une substance indépendante dont les losanges, le triangle, le carré, ne sont que les états successifs. » Par une illusion d’optique, cet homme crée une substance vide qui est la planche en soi.

612. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Desfontaines, dans ses Observations, Fréron, dans son Année littéraire, s’accrochèrent presque au seul Voltaire, y usèrent ce qu’ils avaient d’esprit, de sens, d’honnêteté même, sans autre résultat que de l’amener à s’avilir un peu dans des polémiques injurieuses. […] L’abbé de Mably (1709-85) : le Droit public de l’Europe, 1748, 2 vol. in-12 ; Entretiens de Phocion, sur le rapport de la morale avec la politique, 1763, in-12 ; Doutes proposés aux philosophes économistes, 1768, in-12 ; Observations sur le gouvernement et les États-Unis d’Amérique, 1784, in-12 ; Œuvres, éd.

613. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Il n’y a en ceci ni vérité d’observation, ni valeur de pensée : mais c’est du théâtre ; applaudissons. […] Becque973 y a usé son rare talent, son ironie aiguë, son observation sèche et perçante : le public a méconnu l’originale valeur de ces œuvres dont l’impression était douloureuse et dure.

614. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Les figures les plus populaires du théâtre ou du roman ne sont pas nécessairement les plus profondes, les plus étudiées ni celles qui résument le plus d’observations. (Et je pourrais ajouter que les figures les plus populaires ont été souvent créées par des esprits fort médiocres : tels Robert Macaire ou Joseph Prudhomme.) — Alphonse Daudet a conçu et fait vivre vingt personnages d’une vérité plus rare que Tartarin, d’une observation plus difficile, plus aiguë, plus curieuse ; et peut-être est-ce du seul Tartarin que les siècles se souviendront.

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