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841. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Mais tandis qu’il serre Laurence dans ses bras, ses lèvres, à son insu, prononcent le nom de Camille. […] Un jeune homme, de vieille race, mais pauvre, André de Mercy, intelligent, cultivé, très loyal et très bon, petit employé dans un ministère (sa mère ne lui ayant pas permis de se faire soldat), épouse une petite provinciale sans fortune ; car il a le cœur trop haut pour trafiquer de son nom et faire un mariage d’argent, et, d’autre part, il est de ceux qui ne peuvent résister à la solitude et qui ont besoin d’un foyer. Toinette (c’est le nom de la jeune femme) est fort jolie, très ignorante, assez bonne, et elle aime son mari.

842. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Elle en sortit indignée des traits que celle-ci lança de haut en bas sur la pauvre Jo (nom sous lequel madame de Sévigné désigne madame de Ludres). […] » Dix jours après, c’est-à-dire le 25 juin, elle donne encore des nouvelles de madame de Ludres, toujours la désignant sous le nom de Jo, et orthographiant ce qu’elle en dit comme madame de Ludres prononçait. […] Madame de Sévigné ne joue-t-elle pas sur le nom de Mont-Espan par analogie avec Mont-Liban ?

843. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Jean-Louis Guez, appellé Balzac, du nom d’une terre qu’il avoit dans l’Angoumois sur la Charante, naquit à Angoulême l’an 1594. […] Sous le nom de Phyllarque ou prince des feuilles, faisant allusion à sa qualité de général des feuillans, il publia deux volumes de lettres contre Balzac. […] Les noms de plagiaire & d’ignorant n’y furent pas épargnés ; mais ceux d’infâme, d’Epicure, de Néron, de Sardanapale, de démoniaque & d’athée, y sont à chaque page.

844. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

» et les noms qu’il donne sont les vrais noms des êtres. […] « Soleil, arbres, dit-il, savez-vous le nom de celui qui m’a créé ? 

845. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

de Sallo, Conseiller au Parlement de Paris, qui fit paroître le Journal des Savans, l’an 1665. sous le nom de Hédouville. […] Il y a eu une autre espêce de Journaux littéraires plus piquants encore que ceux qui sont connus ordinairement sous ce nom. […] Deux hommes distingués par leurs talens, conduisent cet excellent Journal, dont la réputation s’étend dans tous les lieux où le nom françois a pénétré.

846. (1865) Du sentiment de l’admiration

Je viens donc en son nom mêler à l’ivresse de votre victoire quelques réflexions salutaires et comme un suprême enseignement. […] Mais pour comprendre de bonne heure que cette recherche platonicienne et surtout chrétienne de l’idéal dans les chefs-d’œuvre de l’art est la fin supérieure des vraies études, il faut bien un peu de cette folie dont je parlais tout à l’heure, folie qui a son nom et l’un des plus beaux noms qui soient ici-bas, l’enthousiasme.

847. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

de dessous le nom de son père, que par sa fameuse Dame aux camélias, qui, roman, ne l’avait pas tiré de dessous ce nom écrasant, mais qui, drame, un soir, l’en tira. […] » Est-ce un caractère que l’officier Constantin Ritz, l’ami de Pierre, l’ami brusque, cruel, dévoué, qui par dévouement est cruel, qui dit tout, nomme les choses par leurs noms les plus affreux, opère les cataractes atrocement avec la pointe de son sabre, et, après avoir montré la solidité de l’acier qui coupe, s’en va crouler aussi comme une fange dans le lit de la prostituée qu’il méprise ?

848. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Ovide qui enfin, pendant dix ans, perdit ses vers et ses bassesses, et ne se rebuta jamais, quel nom lui donner ? […] Le grave auteur des institutions oratoires, à la tête de son quatrième livre, ne rougit pas de donner le nom de censeur très saint, et de divinité favorable, à Domitien, à ce tyran jaloux, capricieux et lâche, sous qui le nom même de la vertu fut proscrit, qui n’eut que des vices, ne fit que des crimes, empoisonna peut-être Titus, et teint de sang, voulait être homme de lettres et passer pour juste.

849. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il y a deux sortes d’immortalité parmi les hommes : l’immortalité du nom et l’immortalité des oeuvres. […] le nom, et pas beaucoup plus que le nom. Et encore, dans un temps donné et prochain, ce nom gonflé se dégonflera. […] toutes les pièces de Diderot pourraient bien porter ce nom-là. […] Et c’est pourquoi madame de Staël, qui s’appelait « Germaine » (un nom fatidique !)

850. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il a nom Pierre Dauphin ; il est joli garçon, millionnaire et pessimiste. […] Vous comprendrez l’auréole dont le nom de Mistral est entouré. […] Le nom de Victor Hugo tomba de mes lèvres. […] Gaston de Melville, qui lui a offert son nom et sa main. […] Il ajoute à ce nom plébéien le nom de Rougeville, tiré d’une de ses terres, et, dès ses premiers ans, il commence à intriguer, à ruser et à mentir.

851. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

À la mort de M. de Staël, il veut l’épouser ; elle refuse ou du moins y met la condition de ne pas changer de nom ; elle voulait faire dans le contrat ses réserves de grand écrivain en face de l’Europe et de la postérité : preuve de chétif amour. […] Il se retourna vers celle-ci, qui était de haute aristocratie (Charlotte de Hardenberg), pour se venger de l’aristocratie de Mme de Staël et de ce soin d’un nom.

852. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

Cette Langue fut, dans la suite, appelée Provençale, du nom des Comtes de Toulouse, qui prenoient le titre de Marquis & de Seigneur de Provence. C’est ce qui fit donner le nom de Poëtes Provençaux aux Troubadours & autres Poëtes de la Gaule Narbonnoise.

853. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Il ne faudroit m’opposer que ceux qui ont éxaminé à fond l’iliade, encore me passerois-je bien de leur nom, il me suffiroit de ce qu’ils disent ; tout le monde en jugeroit comme moi, et se détermineroit par les choses mêmes ; au lieu que bien des gens n’ont pas le courage de balancer entre vingt noms anciens et un nom moderne. […] Parce qu’elle sçait que la plûpart des lecteurs s’arrêtent aux noms, et qu’elle a voulu les prendre par leur foible. […] Ne disputons point des noms, et ne songeons qu’à éclaircir les choses. […] Ostez les noms, me, j’espére qu’on balancera du moins entre nos raisons. […] Le nom de fol orgüeil ne lui suffit pas pour qualifier mon crime : elle déclare qu’elle ne sçauroit lui trouver de nom.

854. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— que de jolies bouches, qui disent encore un nom aujourd’hui, et qui auront appris à en dire un autre ! […] Pour ces deux jolies jambes, dont le nom commence par un F et finit par un E, élève de l’abbé Sicard, M.  […] En villégiature, les relations se nouent vite, surtout entre personnes qui portent un nom connu. […] s’écria-t-il en se frappant le front comme pour se rappeler, je ne me souviens pas de ce nom-là ! […] Le Nécrologe de l’an nouveau s’ouvre encore par un nom illustre.

855. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Dans ces choses sans nom il y a du sang de tigre et des larmes de chien sans maître. […] C’est un nom assez connu de par le monde. […] C’était un vieux poète allemand, mort depuis peu et dont le nom n’a que faire ici. […] Je voudrais bien savoir le nom du statuaire qui se chargera de l’accouchement. […] J’espère mourir dans l’ignorance du vrai nom de cet imbécile.

856. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Mais quels noms viens-je d’écrire moi-même ? […] Les siècles, les noms, le genre du talent importent peu. […] Sinon, il s’appellerait d’un autre nom, et ce serait l’esclavage. […] Les noms célèbres y foisonnent de nouveau. […] Le beau nom et si militaire !

857. (1895) Hommes et livres

Il n’y a plus de religieux dans ces livres que le dom qui précède les noms des auteurs. […] Le titre seul de son traité est un brevet d’originalité, il a créé la chose avec le nom. […] Est-ce le nom d’Aristote qui a retourné les idées de tout le monde comme en un tour de main ? […] Aussi, pour établir les règles, on n’emploie guère le nom d’Aristote. […] Ainsi Dieu n’est plus que le hasard, et c’est bien le nom dont Alberoni le nomme en maint endroit : et ce nom achève de vider de toute émotion religieuse la notion de la force secrète qui gouverne le monde.

858. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Écoutez son nom ; c’est un homme d’état, c’est un général d’armée à qui l’auteur prête ironiquement la démarche et les discours d’un valet. […] Les personnages de la scène eurent des noms et des attributs généraux, comme les portraits de Théophraste. […] répondait-il en son propre nom ; eh ! […] quel perfectionnement de mœurs, de goût, que de n’oser appeler les choses par leur nom ! […] Encore un Sganarelle ; car ce nom, adopté par l’auteur, semble chez lui le synonyme décent de l’épithète redoutée des maris.

859. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Malgré la pureté du langage, qui constitue le mérite de ses Plaidoyers & de ses Lettres, faute de cette chaleur & de cette raison qui donnent la vie aux Ecrits, on ne s’empresse plus de les lire, & son nom seul est resté dans notre souvenir. […] Ce n’est pas en qualité de Géometre que Pascal est regardé comme un Génie dont le nom se soutient avec gloire dans la Postérité : tant d’autres, plus habiles que lui* en ce genre, n’ont pas le même avantage !

860. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Elle aime surtout à revenir autour de cette histoire d’Ariane qui la tente, et qu’elle fait un peu semblant de ne savoir que confusément ; elle trouve même moyen d’éviter de nommer par son nom celle qu’elle appelle simplement la fille de Pasiphaé. Jason essaye de la satisfaire et commence à lui parler de sa patrie ; puis, touché par degrés et gagné à la tendresse, il s’interrompt en s’écriant : « Mais pourquoi te raconter toutes ces choses que le vent emportera, et ma patrie, et notre famille, et la très-illustre Ariane, fille de Minos, nom brillant qui fut celui de cette vierge aimable sur laquelle tu m’interroges ? […] Nous avons tâché de remettre en lumière quelques traits du vieil Alexandrin, essentiels, originaux, passionnés avec grâce, et qui auraient dû, ce semble, maintenir son nom avec plus d’honneur dans le voisinage de ces deux beaux noms. […] Colchos, je traduis ainsi le nom peu harmonieux pour nous d’Æa. « Cette ville de Colchos, écrit M. […] La faute est comme consacrée. » Je le répète, ce nom de Colchos tout trouvé traduit heureusement celui de la ville d’Æa.

861. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Odorie, c’est le nom de ce traître, veut entraîner dans son crime son compagnon Coribe ; celui-ci résiste. […] « Il lit de tous côtés les noms d’Angélique et de Médor, enlacés ensemble dans des nœuds d’amour ; autant de lettres, autant de clous acérés qui lui transpercent le cœur. Il s’efforce de croire qu’il se trompe, et qu’une autre main que celle d’Angélique a écrit son nom sur ces écorces ; puis il se dit : “Ah ! […] » Puis, en l’honneur de la victime, il fait décréter dans le ciel que toutes celles qui porteront sur la terre le nom d’Isabelle seront douées des mêmes charmes et des mêmes vertus. Adulation prophétique soit aux princesses de la maison de Ferrare, soit à la dame de Florence qui portait ce nom cher au poète.

862. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

III J’attendais, je l’avoue, avec impatience le moment où un hasard quelconque, mais un hasard certain, quoique tardif, ramènerait le nom du cardinal Consalvi dans la discussion des grands noms de mon époque pour lui rendre témoignage. […] Il aurait dû réclamer légalement le nom de Brunacci, famille plus illustre de Sienne que la famille Consalvi à Rome ; il n’en fit rien par respect pour son père, et persuadé, dit-il, que la plus précieuse noblesse est celle du cœur et des actions. […] Le conclave ainsi retardé paraît interminable ; on propose de présenter différents noms jusqu’ici sans espoir, ils sont repoussés. […] Cette opposition venait, disons-le en taisant son nom, de ce qu’il ne pouvait se résoudre facilement à renoncer à l’espoir du pontificat. […] « On lui demanda quel nom il désirait choisir.

863. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Ce nom tant de fois fait, défait et refait par les factions alternatives qu’il a servies et desservies tour à tour avec un talent plus effronté qu’éclatant, est retombé déjà dans l’indifférence, et il ne fut jamais qu’une gloire de parti. […] Elle se retraçait elle-même sous ce nom. […] Le succès fut immense, le nom de madame de Staël atteignit ou dépassa toutes les renommées littéraires du temps. […] Après quelques mois de séjour à Stokholm, elle passa en Angleterre ; elle y fut reçue avec l’enthousiasme dû à son nom, à son génie, à son indépendance. […] Traduire en vers ce qui était fait pour rester en prose, exprimer en dix syllabes comme Pope, les jeux de cartes et leurs moindres détails, ou comme les derniers poëmes qui ont paru chez nous, le trictrac, les échecs, la chimie, c’est un tour de passe-passe en fait de paroles, c’est composer avec les mots, comme avec les notes, des sonates sous le nom de poëme.

864. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Si on considère l’idée qu’ils se font et qu’ils veulent nous faire de l’homme au berceau, le véritable nom de leur philosophie ne serait ni le spiritualisme, ni le déisme, ni le panthéisme, ni même le matérialisme ; ce serait le végétalisme. […] Le nom de Napoléon, qu’on appelle le Grand, a coûté la vie à des millions d’hommes en moins de vingt ans ; et tant de sang humain répandu n’a déplacé ni une borne ni une idée en Europe. […] Il ne connaît l’éternité, l’espace, le temps, la science, le bonheur que de nom. […] Son nom est Adam, terre, c’est-à-dire infirmité. […] « Des hommes d’une vie rigide et laborieuse », dit-il, « viennent devant moi humblement prosternés, sans cesse glorifiant mon nom, et constamment occupés à mon service.

865. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Cet homme est Edgar-Allan Poe, le poète et le romancier américain dont nous avons déjà écrit le nom à propos du surnaturalisme envahisseur qui déborde la philosophie du xixe  siècle, et qui cherche sa voie dans la littérature comme plus tard il la cherchera dans la science. […] Quelques grands noms, contestables d’ailleurs, ne constituent pas cet ensemble d’inventions, de traditions et de parentés intellectuelles qu’on appelle une littérature, et encore, parmi ces grands noms (si on excepte Fenimore Cooper, qui a cueilli la virginité de la Nature américaine), tous les écrivains de ce pays vivent sur le fond commun des littératures de l’Europe. […] Si les poésies individuelles de Poe annoncées par Baudelaire ne lèvent pas la pierre de matérialisme sous laquelle il se débat, elles formeront une littérature plus horrible et qui méritera plus le nom de satanique que celle de Shelley l’athée et de Mathurin. […] Sur ce corps, dont on ignorait le nom, on ne trouva ni papiers ni argent, et on le porta dans un hôpital. […] Émile Hennequin a donné leurs noms.

866. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Mme de Maintenon était moins recherchée et entourée : M. le duc de Noailles a cru qu’il était du devoir de sa maison et de son nom, de réparer l’injustice dont elle était l’objet, de redresser l’opinion sur son compte, et de lui rétablir aux yeux de tous sa situation véritable. […] Le grand-père du duc de Nivernais était le propre neveu de Mazarin, ce duc de Nevers, trop connu par sa querelle avec Racine et Boileau ; il s’est ainsi fait, de gaieté de cœur, une méchante affaire auprès de la postérité, et qui pèse encore sur son nom. […] Il était beau-frère de M. de Maurepas, alors ministre ; il avait épousé une Pontchartrain ; il faisait pour elle de jolis vers de mari et d’amateur, et la célébrait dans des élégies, sous le nom de Délie. […] C’est ainsi qu’un petit-maître de l’ancien régime se transportait à Londres à grand bruit pour connaître les Anglais : il considérait curieusement ce qui se faisait à la Chambre des communes, ce qui se faisait à la Chambre des pairs ; il aurait pu donner l’heure précise de chaque séance, le nom de la taverne fréquentée par les membres influents, le ton de voix dont on portait les toast : mais sur tout cela il n’avait que des remarques puériles. […] On lit dans la correspondance de Grimm, à la date de février 1789 ; À la petite fête donnée par M. le duc de Nivernais au prince Henri, ce qu’il y eut de plus intéressant, ce fut un proverbe en musique dont le nom est : Une hirondelle ne fait pas le printemps.

867. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Jeune, beau, illustre déjà par les promesses de son génie, honoré de la faveur intime de son prince, admiré de cette sœur d’Alphonse que toute l’Italie regardait comme supérieure à la Béatrix de Dante, à la Laure de Pétrarque, cher même comme un ami à cette autre sœur Lucrézia, maintenant duchesse d’Urbin, qui partageait pour lui le penchant de Léonora, enivré des plus légitimes perspectives de gloire poétique et peut-être des plus douces illusions de grandeur par l’amour mystérieux de Léonora, achevant lentement dans le loisir des délicieux jardins de Bello Sguardo, ce Versailles des ducs de Ferrare, le poème qui devait élever son nom au-dessus du nom de ses protecteurs, rien ne manquait à sa félicité que ce qui manque à toutes les choses humaines : la durée. […] L’Italie retentit du nom de l’auteur, son succès créa un genre de composition littéraire dans l’Europe lettrée. […] L’opinion générale du temps est que le Tasse avait célébré la beauté et l’amour de Léonora d’Este sous les traits et sous le nom de Sophronie. […] La gloire de son nom, accrue par la cupidité des éditeurs de la Jérusalem, était cependant déjà tellement sans rivale dans toute l’Italie, qu’un propre neveu du grand Arioste lui écrivait à Modène pour lui décerner la couronne et la suprématie sur son oncle même. […] Je suis né, répliquai-je, d’une mère napolitaine, et à Naples, ville célèbre d’Italie ; mon père était de Bergame, en Lombardie ; je cache mon nom, et telle est son obscurité que, si je me nommais, cela ne vous apprendrait rien ; je fuis la persécution d’un prince et de la fortune, et je vais chercher un refuge en Savoie.

868. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Le musicien élevé rapidement par elle de sa condition domestique au sommet du crédit et des honneurs, devint, sous le nom de secrétaire d’État, le favori plus que le ministre de sa politique. […] Il pensa sans doute qu’il ne pourrait résister seul longtemps à l’envie des nobles écossais ligués contre lui, qu’il fallait un roi pour les assujettir à l’obéissance, et que ce roi, d’un extérieur charmant, mais d’un caractère et d’une intelligence subalternes, lui serait à jamais reconnaissant de l’avoir porté au trône et le laisserait régner, à l’abri de l’envie publique, sous son nom. […] Elle viola les convenances de l’étiquette presque sacrée du temps jusqu’à l’admettre seul à sa table, dans ses appartements intérieurs ; elle supprima le nom du roi des actes publics, pour y faire apposer le nom de Rizzio. […] Son nom, son rang, son courage l’avaient élevé promptement au commandement d’une de ces escadres de criminels qui avaient pour repaire de leurs dépouilles et pour arsenal de leurs barques un château sur un écueil du Danemark. Les crimes de Bothwell, confondus avec les exploits parmi ces pirates, étaient restés dans l’ombre de son passé ; mais son nom inspirait la terreur aux rivages baignés par la mer du Nord.

869. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Appelons d’un autre nom, le changement qui s’accomplit dans les lettres au dix-huitième siècle, soit ! pourvu que ce ne soit pas le nom de progrès, et que les gains ne nous ferment pas les yeux sur les pertes. […] Un petit livre de bontés a rendu son nom populaire. […] Mais la raison qui rendait Lamotte si difficile pour Homère n’a de commun avec celle-là que le nom. […] Ses poésies, comme ses doctrines, ne sont que des apparences ; et son nom, entre ceux que le genre humain répète et ceux qu’il oublie, suspendu et comme réservé pour un jugement qui ne sera jamais rendu, son nom n’est ni glorieux ni inconnu : il est spécieux.

870. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Le mouvement dont elle paraît encore douée, c’est le grouillement des vers qui la dévorent, les lueurs qui empêchent la nuit de s’abattre complètement sont les phosphorescences connues sous le nom de feux-follets. […] De même dans le passage célèbre : « Il se replace dans son attitude farouche et continue de regarder avec un tremblement nerveux… » (où il désigne un caillou) le caillou a été visiblement substitué à un nom d’être. […] Il a remplacé le nom de Satan par celui de Dieu, et obtenu un effet : d’une originalité de visionnaire — d’une originalité de fou —. […] Les Apaches qui nous surinent et qui nous volent Nous, Homme, nous leur retirons leurs noms d’Hommes. […] Râteliers platoniques et Poésie ron-ron ont été publiés à Lausanne en 1918 et 1919 (sans nom d’éditeur), Pensées sans langage a été édité par Figuière en 1919 (Paris).

871. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Il aurait mérité son nom. […] disait Viennet) pour allonger son nom de jeune bourgeois. […] La Faustin, quoique d’un tout autre ton que La Fille Élisa, ce roman de La Faustin, qui aurait pu être beau et profond, porte çà et là les traces de ce mal du temps qui devient une contagion, et qu’ils ont appelé « le Naturalisme », pour ne pas lui donner son nom propre, qui serait une malpropreté… C’est la première fois, par parenthèse, que ces Grossiers, qui aiment et qui recherchent les mots abjects, ont reculé devant celui qui nommerait bien leur système. […] il se fait humblement le frère quêteur du document humain, et mendie en son nom comme un pauvre d’église sous un porche ! […] Mélange de quêteur et de confesseur, qui n’exige pas non plus le nom des jeunes filles et des toutes petites filles qui vont aller à confesse à lui, M. de Goncourt aura fondé un établissement de charité utile à la littérature naturaliste et à ses indigences, qui sont grandes, à ce qu’il paraît.

872. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Un reproche certain qu’ont mérité nos poëtes modernes, si éminents à tant d’égards, si grandement lyriques, si tendrement élégiaques, c’est d’avoir trop oublié l’esprit, ce qui s’appelle proprement de ce nom, ce qu’avaient précisément nos pères. […] La mode s’en mêla, comme elle se mêle de tout : on se fit un rôle de gastronome et d’épicurien ; Oui, nom d’un chien ! […] Ce ne sont pas celles qui ont pour titre et pour sujet un de ces noms tirés au sort, comme c’était d’usage dans les réunions du Caveau, la neige, la plume, le noir, le long ; il s’agissait de broder là-dessus quelques couplets, vraie gageure de société et pur jeu d’esprit. […] Ce jour-là, ce seul jour, le nom de Désaugiers fit couler des pleurs de tristesse, et ils coulèrent en abondance. […] Le nom de Désaugiers m’en rappelle un autre qu’on n’est guère tenté de lui associer, et que je tiens absolument à y rattacher par quelque bout, — un personnage célèbre à tout autre titre, et qui pourtant, né en d’autres régions sociales, eût tenu largement sa place parmi les coryphées de la gaieté pure : je veux parler de Lally-Tollendal, auteur de pots-pourris délicieux, d’une folie à l’usage de la bonne compagnie, et qu’il chantait à ravir ; il n’était pas seulement le plus gras, mais encore le plus gai des hommes sensibles.

873. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

C’est le nom dont les paysannes de mon pays désignent ces aspirants timides à leur amour, qui veulent, comme Jacob, mériter beaucoup avant de demander quelque chose. […] Son nom était Rouget de Lisle. […] De là lui vint le nom de Marseillaise. La vieille mère de de Lisle, royaliste et religieuse, épouvantée de la voix de son fils, lui écrivait : « Qu’est-ce donc que cet hymne révolutionnaire que chante une horde de brigands qui traverse la France et auquel on mêle votre nom ?  […] C’est ainsi qu’il apprit le nom de son propre ouvrage.

874. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Chateaubriand, comptant sur l’immense popularité de son nom, créa, au lieu de vingt-cinq centimes, ses billets à mille francs ; il fut trompé dans son espoir, et ne plaça que trois billets : M.  […] On ne connaît que par les sourdes rumeurs des salons les noms, les aventures, les scandales, les déchirements de cette époque de sa vie ; mais les faits et les demi-confidences parlent un langage qu’il est impossible de ne pas croire. […] Les faiblesses des grands hommes n’ont pas de noms ; leur caractère a des traces. […] Quelques esprits secs, jaloux, et chicaneurs avec leurs propres sensations, essayèrent de rire et de nier ; mais les larmes prévalurent, et elles écrivirent le nom de Chateaubriand en traits de splendeur et de feu dans tous les cœurs jeunes. […] Son nom resta consacré du premier coup.

875. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Nom de Dieu, c’est fait ! […] , et apprendre à la France et au monde, les noms de deux hommes de lettres de plus : MM.  […] Quelques mois après, l’éditeur Dumineray, le seul éditeur parisien qui avait consenti à mettre son nom sur la couverture de notre bouquin, nous priait de le débarrasser du millier d’exemplaires restant, dont l’emmagasinement le gênait. […] Un jeune homme ouvre le guichet, me demande le nom, l’âge… couvre d’écritures, pendant un quart d’heure, une dizaine de feuilles de papier, qui ont en tête une image religieuse. […] — de la pièce à côté un homme s’est élancé, joyeux, exultant, pour voir sur l’almanach, accroché au mur, le nom du saint du jour et le donner à son enfant.

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