Toute âme, en avançant, subit toutes les atteintes, tout le déchet dont elle est capable. « Tous les hommes, a dit le noble et bienveillant Vauvenargues, naissent sincères et meurent trompeurs ; » il lui eût suffi de dire, pour exprimer sa pensée amère, qu’ils meurent détrompés. […] Ses amis, tout en regrettant pour elle que le cadre fût si étroit, n’auraient jamais songé à la transporter en idée dans la sphère orageuse où elle respira si au large et mourut si triomphante. […] Dans toute cette partie finale et déjà bien grave de la Correspondance, au milieu des vicissitudes domestiques et des malheurs qui assiégent l’existence de celle qui n’est déjà plus une jeune fille, il ressort pourtant une qualité qu’on ne saurait assez louer ; un je ne sais quoi de sain, de probe et de vaillant, émane de ces pages ; agir, avant tout, agir : « Il est très-vrai, aime-t-elle à le répéter, que le principe du bien réside uniquement dans cette activité précieuse qui nous arrache au néant et nous rend propres à tout. » De cet amour du travail qu’elle pratique, découlent pour elle estime, vertu, bonheur, toutes choses dans lesquelles elle a su vivre, et qui ne lui ont pas fait faute même à l’heure de mourir.
Tous deux ont ruiné leur tante, qui meurt de chagrin. […] Je laisse même de côté des figures vivantes, mais d’une invention facile, telles que la fermière Rose Chandoux, la terrible mère qui veut faire un notaire de son fils, et Geneviève Bourgeois, la vieille fille héroïque, gardienne jalouse de la terre familiale, dont la vie n’est qu’un amer et silencieux sacrifice aux derniers du nom, et qui meurt sur ce cri : « Il n’y a plus de Cassoire ! […] Un petit marinier qui l’aime sans le dire veille sur elle… ; mais elle meurt, peu après, sur son bateau. […] Dès lors le malheur s’abat sur la ferme ; les récoltes manquent, les bestiaux meurent, et Buré chaque nuit voit revenir le pendu… Il vient enfin supplier Fleuse de le délivrer ; il se traîne au bord de la fosse où le berger vient justement de prendre un loup… Le loup saute par-dessus Buré fou de terreur et qui se croit changé en « garou »… Le malheureux s’adresse à Marin Langevin, un marchand de miel, un gars qui en sait long, et lui promet la main de sa fille s’il « conjure le sort ».
Toutes les faiblesses, toutes les contradictions sont malheureusement dans le cœur des hommes et peuvent offrir des couleurs éminemment tragiques… Puis il critique le jeune Marigni, amoureux sans qu’on connaisse l’objet de son amour et qu’on puisse s’y intéresser, voulant toujours mourir, et un hors-d’œuvre tout à fait inutile à l’action. […] » de Médée, le « Qu’il mourût » des Horaces, le « Sire, ils étaient trois mille ! […] Il mourut le 26 octobre 1836, à soixante-quinze ans. […] [NdA] On a essayé depuis de faire honneur à Raynouard d’un trait de son discours académique : parlant d’un Émilius Scaurus qui, dans une tragédie d’Atrée, avait imité quelques vers d’Euripide où les délateurs aperçurent et dénoncèrent quelque allusion politique, le récipiendaire disait : « Scaurus reçut l’ordre de mourir, et s’y soumit avec courage : Tibère régnait. » M. de Féletz, dans le compte rendu de la séance, se plaisait à remarquer que ce mot prononcé par Raynouard d’une voix forte avait été couvert d’applaudissements : « Le trait était hardi en 1807 », ajoute-t-il en note.
Il mourut à quatre-vingt-neuf ans, et la mère de Franklin mourut à quatre-vingt-cinq. […] En un mot, je crois qu’il est impossible qu’un homme, eût-il toute la ruse d’un démon, puisse vivre et mourir comme un misérable, et pourtant le cacher si bien qu’il emporte au tombeau la réputation d’un honnête homme. […] Si vous êtes laborieux, vous ne mourrez jamais de faim : car la faim peut bien regarder à la porte de l’homme qui travaille, mais elle n’ose y entrer.
Le 23 avril, il mourut. […] Ce même jour 23 avril 1616, mourut Cervantes, génie de la même stature. Quand Shakespeare mourut, Milton avait huit ans, Corneille avait dix ans, Charles 1er et Cromwell étaient deux adolescents, l’un de seize, l’autre de dix-sept ans. […] Shakespeare avait trente-neuf ans quand Élisabeth mourut.
Il raisonnait ainsi : « Quand un rêve, quand une hallucination nous avertit qu’un parent est mort ou mourant, ou c’est vrai ou c’est faux, ou la personne meurt ou elle ne meurt pas. […] La vision panoramique du passé est donc due à un brusque désintéressement de la vie, né de la conviction soudaine qu’on va mourir à l’instant. […] Certes, si le mental était rigoureusement calqué sur le cérébral, s’il n’y avait rien de plus dans une conscience humaine que ce qui est inscrit dans son cerveau, nous pourrions admettre que la conscience suit les destinées du corps et meurt avec lui.
c’était à elle de vivre, et à moi de mourir ; elle eût été si heureuse de revoir son fils ! […] Les secrets qu’il avait emportés avec lui furent dispersés après sa mort, comme il arrive ordinairement à ceux qui meurent hors de leur patrie. […] Elle me disait quelquefois: « Si je venais à mourir, que deviendrait Virginie sans fortune ? […] mon frère a un bon cœur ; sans lui, je serais morte d’effroi. […] — Que j’aille à son secours, s’écria-t-il, ou que je meure !
En ce temps-là tout pauvre jeune homme qui avait un cœur, une ambition et de vastes pensées, manquait d’air, s’étiolait dans son galetas et mourait de lente asphyxie. […] Il se plongea dans la solitude du cœur, et, persuadé qu’il n’y avait rien à faire au dehors, il s’abîma en lui-même ; de là une maladie incurable et singulière qu’il a pris soin d’observer avec une attention presque cruelle, et qu’avant de mourir il nous a racontée en vers et en prose, jusque dans ses détails les plus secrets.
Aussi est-ce la forme la plus fréquente de l’antithèse : le choc des mots fait éclater le contraste des idées : Enfant, on me disait que les voix sibyllines Promettaient l’avenir aux murs des sept collines, Qu’aux pieds de Rome, enfin, mourrait le temps dompté, Que son astre immortel n’était qu’à son aurore…. […] L’honneur leur appartient d’avoir ouvert la porte À quiconque osera d’une âme belle et forte Pour vivre dans le ciel en la terre mourir.
Il conçut le poème une musique, non l’inarticulé balbutiement dont chaque flot sonore meurt perpétuellement au seuil de l’inexprimé, mais la vraie, l’idéale musique abstraite, dégageant le rythme épars des choses, douant d’authenticité, par la création divine du langage, notre séjour au sein des apparences fugaces. […] Paul et Victor Margueritte Cet homme qui vient de mourir, et que les jeunes gens avaient appelé durant sa vie le prince des poètes, était vraiment un prince.
« Nous mourons et nous changeons à toute heure, écrit-il à un de ses amis, et cependant nous vivons comme si nous étions immortels. […] C’est du prêtre de Carthage que Bossuet a emprunté ce passage si terrible et si admiré : « Notre chair change bientôt de nature, notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre, dit Tertullien, parce qu’il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps ; il devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue 187 : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprime ses malheureux restes !
il n’y va pas de main morte ; mais aussi c’est pour faire mourir… Procédé de guerre nouveau et redoutable !
Jacques V mourut jeune, en prophétisant à sa fille au berceau une destinée funeste. […] Et celle donc qui la poursuit en vain Retourneroit en France tout soudain Pour habiter son château de Touraine, Lors, de chansons j’aurois la bouche pleins Et, dans mes vers, si fort je la louerois Que comme un cygne en chantant je mourrois ! […] Monté sur un échafaud dressé en face des fenêtres du palais d’Holyrood, théâtre de son délit et séjour de la reine, il mourut en héros et en poëte. « Si je ne suis pas sans reproche comme le chevalier Bayard, mon ancêtre, dit-il, je suis du moins sans peur comme lui. » Il récita pour toute prière sur l’échafaud la belle ode de Ronsard sur la Mort ; puis, portant son dernier regard et sa dernière pensée sur les fenêtres du château qu’habitait le charme de sa vie et la cause de sa mort : « Adieu, s’écria-t-il, toi si belle et si cruelle, qui me tues et que je ne puis cesser d’aimer ! […] Dans le cas où Elisabeth, qui s’honorait du titre de la reine vierge, viendrait à mourir sans héritier, Marie Stuart pouvait être appelée à lui succéder sur les deux trônes. […] L’ambassadeur de France y remarque sa tristesse et son anxiété ; son angoisse entre la terreur de son mari et les exigences de son favori est telle, qu’elle s’écrie devant cet ambassadeur : « Je voudrais être morte !
Mais qui les suit meurt sans gloire et sans argent. […] Il y paraît décidé : Allons, mon âme, et puisqu’il faut mourir, Mourons du moins sans offenser Chimène. […] … Meurs ou tue ! C’est le vieil Horace apprenant que le dernier survivant de ses trois fils a pris la fuite, et prononçant le fameux Qu’il mourût ! […] C’est Polyeucte renversant le sacrifice ; Cornélie bravant César ; Cléopâtre buvant le poison, pour qu’on ne suspecte pas la coupe qu’elle offre à Rodogune, et ne voulant que vivre assez pour voir mourir sa rivale.
avez bien autre chose à faire Que de nous plaindre tous, Et qu’un enfant qui meurt, désespoir de sa mère, Ne vous fait rien à vous !! […] Il meurt victime des mots qui furent trop exclusivement sa poésie dans un temps qu’il en avait une encore. […] Nous ne mourons que de nos excès. Dans ce volume, l’artiste périt défiguré, enflé, énorme (le mot qu’il aime le plus et qui le peint le mieux), il meurt d’une hémorragie de mots sans idées ! […] Les uns sont morts, comme Alfred de Musset, dont la poésie était morte, même avant lui.
Il y a des grandeurs dans le xviie siècle : des établissements, des victoires, des écrivains de génie, des capitaines accomplis, un roi, homme supérieur, qui sut travailler, vouloir, lutter et mourir. […] Depuis que la noblesse parade à Versailles en habits brodés, elle meurt de faim, il faut que le roi l’aide. […] « La fougue lui faisait faire quelquefois le tour entier et redoublé d’une chambre courant sur les tables et les chaises sans toucher du pied la terre. » Il vécut et mourut dans les rages et les blasphèmes, « grinçant des dents », écumant, « les yeux hors de la tête », avec une telle tempête et si continue d’ordures et d’injures qu’on ne comprenait pas comment des nerfs d’homme y pouvaient résister ; le sang fiévreux de l’animal de proie s’allumait pour ne plus s’éteindre, et par des redoublements exaspérés s’acharnait après le butin. […] « Une foule d’officiers de Monseigneur se jetèrent à genoux tout du long de la cour, des deux côtés sur le passage du roi, lui criant avec des hurlements étranges d’avoir compassion d’eux qui avaient tout perdu et qui mouraient de faim. » Doré seul rendrait cette scène et ces deux files de mendiants galonnés, agenouillés avec des flambeaux, criant après leur marmite. […] Quiconque a la moindre habitude du style y sent non seulement un cœur brisé, une âme suffoquée sous l’inondation d’un désespoir sans issue, mais le roidissement des muscles crispés et l’agonie de la machine physique qui, sans s’affaisser, meurt debout : « La douleur de sa perte pénétra jusque dans ses plus intimes moelles.
Meurs ! […] Meurs ! […] Et il n’y a pas là de quoi vouloir mourir. […] Et Ahasver meurt en effet sous les yeux du poète. […] Souvent le railleur souffre et se meurt de sa propre ironie.
Une âme morte est une âme extrêmement habituée. […] Une âme morte est une âme habituée à la limite. […] Il nous a laissé le bois mort et l’âme morte. […] Et on trouvait qu’elle était morte. […] Car, continuant à la nommer vie, on en parlait toujours comme d’une morte, on la voyait toujours comme une morte.
Parmi les choses qu’on vous a imposées, qu’on vous a forcé d’admirer, il en est beaucoup qui sont mortes déjà, ou en train de mourir, ou qui mourront demain, ou qui même n’existèrent que dans l’âme servile des pauvres sots. […] répliquai-je… Ce n’est pas un peuple qui meurt… C’est toute une série de choses et d’hommes qui s’en vont ! […] L’amante meurt. […] Il y a eu aussi des déclarations inattendues, gonflées du patriotisme le plus impatient ; quelques-uns voulaient mourir pour la patrie dans les vingt-quatre heures, le rire aux lèvres, afin de me bien prouver que la patrie n’était point morte et que je ne l’avais pas tuée. […] Cela ne me consolait pas, car les mois passaient et passaient les années, des journaux mouraient, d’autres naissaient qui mouraient encore et M.
Boileau, avant de mourir, put se voir dieu. […] Aucune religion n’est jamais morte, ni ne mourra jamais ; celle dont le nom s’abolit revit dans celle qui resplendit au grand jour. […] Une religion est utile et elle vit ; inutile, et elle meurt. […] Goethe avait alors quatre-vingt-trois ans ; il mourait cinq jours plus tard. […] Traité de l’art de bien mourir, t.
Un écrivain connu, et qui meurt pauvre, est-il plus raté qu’un écrivain riche mais ignoré ? […] Près de mourir devient prêt à mourir, chose très différente. […] Henriette Quérard meurt empoisonnée par une drogue suspecte que le docteur lui donne pour la deuxième fois. […] Il mourut sous le second Empire. […] C’est seulement au moment de mourir que lui revient la conscience de son indignité.
Il fallut que mourût le vieux sabotier. […] Ou bien, il meurt une seconde fois. […] … Tout de même, cela n’empêche pas la métaphysique — et c’est-à-dire la philosophie — de mourir, ou bien d’être morte. […] Mais, quand meurt l’espoir d’une synthèse idéologique où entrent les divers éléments du tout, le grand Pan meurt à tout jamais. […] Nombre de vieillards meurent sans se connaître encore.
ne comprends-tu pas ce que veut ma pensée, Quand elle meurt en moi de désir et d’amour ? […] Ma mère sous leurs coups est morte de douleur, Son martyre a duré trente ans ! […] Le vase où meurt cette verveine D’un coup d’éventail fut fêlé ; Le coup dut effleurer à peine, Aucun bruit ne l’a révélé.
je le savais bien, allait-il répétant dans l’ivresse de sa joie, il n’était pas mort ; un si grand homme ne peut mourir ! […] Il mourut six semaines après l’avoir perdu, le 29 juillet 1828. — Au résumé, ne le trouvez-vous pas ? […] Mon ami, on ne revient pas de là, te dis-je, et après une mutilation aussi horrible, il ne reste plus qu’à aller se cacher, se traîner et mourir dans les bois.
meurs ! […] Émile Blémont Fils d’un siècle énervé qui de mélancolie Pleurait, comme un automne où meurt le son du cor, Il fit hardiment boire à la France pâlie Un grand coup de vin pur dans une coupe d’or. […] Auguste Vacquerie Toi qu’on disait l’artiste ardent mais l’homme tiède, Le rimeur égoïste et sourd à tous nos cris, Le jour où l’Allemagne assiégea ce Paris Haï des nations parce qu’il les précède, Quand sachant que Paris difficilement cède Et que, criblé, haché, broyé sous les débris, Les obus n’obtiendraient de lui que son mépris, L’Allemagne appela la famine à son aide, Quand plusieurs étaient pris du goût de voyager, Toi qui dans ce moment étais à l’étranger, Chez des amis, avec une fille chérie, Dans un libre pays, au bord d’un lac divin, Pouvant vivre tranquille et manger à ta faim, Tu choisis de venir mourir pour la patrie.
Il était admis que quelques-uns des disciples verraient le jour de la révélation finale sans mourir auparavant. […] Plusieurs croyaient qu’il ne mourrait jamais. […] Quelquefois il semble ne promettre la résurrection qu’aux justes 806, le châtiment des impies consistant à mourir tout entiers et à rester dans le néant 807.
Pour lui, il se confirmait dans la pensée qu’il allait mourir, mais que sa mort sauverait le monde 1043. […] Mais Jean, dont le récit a pour cette partie une autorité prépondérante, suppose formellement que Jésus mourut le jour même où l’on mangeait l’agneau (XIII, 1-2, 29 ; XVIII, 28 ; XIX, 14, 34). Le Talmud fait aussi mourir Jésus « la veille de Pâque » (Talm. de Bab., Sanhédrin, 43 a, 67 a).
Machiavel, dont le Traité du Prince peut passer pour un pamphlet contre la corruption des mœurs de son temps, et dont les comédies sont à coup sûr des satires du genre le plus vif, après avoir subi deux fois l’exil et la torture, meurt victime d’une méprise, pour s’être trompé sur la dose du médicament destiné à le soulager. Au commencement de ce siècle, le mordant pamphlétaire de la Restauration, Courier, meurt obscurément d’un coup de fusil tiré par une main invisible. […] Dans le mois même où il mourut (mai 1688), Tallemant l’aîné adressa, sous forme de lettre, au Mercure, une relation où, avec le ton d’une feinte impartialité, il reproduit contre Furetière les charges dont il s’était défendu dans ses factums11.
Lorsque Stendhal mourut, il allait peut-être nous donner quelque grand roman sur l’Italie du xvie siècle dont il s’était violemment épris. Ainsi que l’atteste la Correspondance, l’imagination de cet amoureux de la Passion et de la Force remontait vers la Féodalité expirante pour y chercher des types, des émotions et des effets, et se détournait avec mépris de cette société à âme de soixante-dix ans dont il avait écrit encore cette autre phrase : « À Paris, quand l’amour se jette par la fenêtre, c’est toujours d’un cinquième étage », pour en marquer la décrépitude ; car la vieillesse, comme l’immoralité, comme l’athéisme, comme les révolutions, descend dans les peuples au lieu d’y monter, et c’est ordinairement par la cime que les sociétés commencent à mourir. […] Il a peur de mourir comme Pascal.
Lorsque Stendhal mourut, il allait peut-être nous donner quelque grand roman sur l’Italie du xvie siècle, dont il s’était violemment épris. Ainsi que l’atteste la Correspondance, l’imagination de cette amoureux de la Passion et de la Force remontait vers la Féodalité expirante, pour y chercher des types, des émotions et des effets, et se détournait avec mépris de cette société, à âme de soixante-dix ans, dont il avait écrit encore cette autre phrase : « A Paris, quand l’amour se jette par la fenêtre, c’est toujours d’un cinquième étage », pour en marquer la décrépitude ; car la vieillesse, comme l’Immoralité, comme l’Athéisme, comme les Révolutions, descend dans les peuples au lieu d’y monter, et c’est ordinairement par la cime que les sociétés commencent de mourir. […] Il a peur de mourir comme Pascal.
Revenir pour nous dire ce qu’on a vu, pour nous le décrire, car décrire est la plus grande affaire d’une époque qui meurt d’une hydropisie de description et de peinture, mais qui adore sa maladie. […] Facile à mourir ! […] Les esprits qui sentent leur néant doivent adorer tout ce qui empêche de voir leur creux ; mais quand on vit par le talent et qu’on en a en soi la forte, lumineuse et tranquille conscience, à quoi bon jalouser et vouloir cette position d’immortel qui fait rire ceux qui doivent mourir ?
Aujourd’hui je meurs sans remords, parce que j’ai vécu sans crime. […] Ce serait être également lâche, et de vouloir mourir quand il faut vivre, et de regretter la vie quand il est temps de mourir. » 57.
Elle dit uniquement qu’elle se meurt, et que j’ai si puissamment contribué à son plaisir en cette vie qu’elle se croit permis de me le dire, en me priant de brûler sa lettre, ce que, par exemple, je ne puis faire ; car j’estime plus une semblable lettre, écrite en pareille situation, que le plus beau diplôme de Gœttingue. […] Son mari meurt ; il a cessé de souffrir dans les derniers jours de 176377. […] Le marquis de Verdelin mourut le 27 décembre 1763. […] Il est possible que l’amie de Rousseau repose aux bords de la Charente. » — Nous savons maintenant que Mme de Verdelin mourut le 18 décembre 1810 au château de Carrouges en Normandie, chez son gendre, le général comte Le Veneur de Tillières ; elle tait âgée de près de 83 ans. […] Des trois filles de Mme de Verdelin, l’aînée mourut infirme et sans alliance ; une autre, mariée en 1773 au marquis de Courbon-Blénac, eut pour gendre le général comte d’Hédouville, sénateur etc. ; une troisième enfin fut mariée en 1778 au comte Le Veneur de Tillières, qui devint lieutenant général des armées du Roi, qui fut député sous l’Empire et sous la Restauration, et mourut en 1833, laissant postérité.
Il faut savoir mourir à propos. […] C’est ce dernier parti que je devais choisir et que je choisis : — Mourir à la peine ! […] Il mourait quatre cent soixante-dix-neuf ans avant Jésus-Christ, neuf ans avant la naissance de Socrate. […] Parvenu à la huitième lune de la treizième année de son règne, mon père mourut. […] Son crime méritait qu’au moins je la dégradasse publiquement, si je ne la faisais pas mourir.
Je ne vois guère que Raphaël, dans les portraits de son adolescence, qui puisse lutter avec cette sévérité rayonnante d’un visage humain ; mais Raphaël devait mourir jeune, et Goethe devait mourir vieux, après avoir passé sans se flétrir par tous les âges et en empruntant successivement au contraire tous les genres de beauté à chacun des âges de la vie. […] Un disciple de Heine, qui vient de mourir à Paris, a été le spirituel et déplorable modèle de cette jeunesse infatuée de mauvais rire allemand. […] Mon frère est soldat ; ma petite sœur est morte. […] Encore si je dormais seule, je laisserais bien volontiers pour toi les verrous ouverts ce soir ; mais ma mère a le sommeil léger, et, si elle nous surprenait, j’en mourrais sur la place. […] Marguerite descend cependant pour recevoir le dernier soupir de son frère adoré ; il la reconnaît avec horreur, l’appelle des noms les plus infâmes en présence de toute la ville, et meurt intrépide en la maudissant.