Là paraît précisément résider, — comme nous essaierons de le montrer en détail dans la dernière partie de cette étude, — la différence essentielle entre la comédie et le drame. […] Si Harpagon nous voyait rire de son avarice, je ne dis pas qu’il s’en corrigerait, mais il nous la montrerait moins, ou il nous la montrerait autrement. […] Elle tient d’une délégation régulière, comme nous venons de le montrer, le pouvoir de faire rire. […] Nous l’aurons surtout quand on nous montrera l’âme taquinée par les besoins du corps, — d’un côté la personnalité morale avec son énergie intelligemment variée, de l’autre le corps stupidement monotone, intervenant et interrompant avec son obstination de machine.
On peut ne nous en montrer qu’une, pourvu qu’on soit sûr que nous pensons à l’autre. […] Nous apercevons le sens réel de la situation, parce qu’on a eu soin de nous en montrer toutes les faces ; mais les acteurs ne connaissent chacun que l’une d’elles : de là leur méprise, de là le jugement faux qu’ils portent sur ce qu’on fait autour d’eux comme aussi sur ce qu’ils font eux-mêmes. […] Et c’est pourquoi le comique des événements peut se définir une distraction des choses, de même que le comique d’un caractère individuel tient toujours, comme nous le faisions pressentir et comme nous le montrerons en détail plus loin, à une certaine distraction fondamentale de la personne. […] Nous avons montré que des « séries d’événements » pouvaient devenir comiques soit par répétition, soit par inversion, soit enfin par interférence. […] Telles sont bien en effet les trois lois fondamentales de ce qu’on pourrait appeler la transformation comique des propositions, comme nous allons le montrer sur quelques exemples.
Cette action de montrer du doigt son œil crevé, fût-elle de l’histoire, n’en serait ni moins petite ni moins puérile.
Je profiterai de l’occasion inappréciable qui m’est offerte pour parler de Camille Jordan, pour rappeler ce qu’il fut dans la vie publique et pour le montrer dans l’intimité, aimé, goûté, presque adoré de femmes supérieures ou charmantes, et justifiant la vivacité de cette prédilection par des qualités et des trésors de simplicité, de sincérité, de candeur, d’honneur, de dévouement et de franchise. […] « Si le Directoire vous montrait sa correspondance officielle, vous verriez que les voies de fait dont il est ici question sont étrangères aux opinions politiques ; la plupart n’ont eu lieu que sur des voleurs pris en flagrant délit. […] Je vous aurais montré que votre peine est beaucoup moins fondée que vous ne le croyez. […] Le lendemain du vote pour le Consulat à vie, il avait essayé de montrer que cette autre Constitution de l’an vin était perfectible, et qu’avec un peu de bonne volonté on pouvait en tirer des institutions, des garanties, tout un ordre de choses qui terminât la Révolution en assurant et en limitant ses conquêtes politiques et civiles. […] Parmi ces derniers, je n’ai besoin que de citer Mounier et Camille Jordan pour justifier le préjugé en faveur de la colonie entière, qui, sans se conduire comme ces hommes, ne se montra pas néanmoins indigne d’eux. » 114.
Si j’en excepte le petit morceau en question, le Chevalier a beaucoup loué son Uranie, et n’a rien montré de son savoir-faire. […] Cette sublime tête de Moïse, que l’impatience de l’artiste n’a pas même achevée, me montrait Michel-Ange plein de mépris pour le marbre volant en éclats sous son ciseau, comme s’il eût voulu faire violence à la matière, pour la rendre moins indigne de représenter les hardiesses de son étonnant génie. […] Il sait clairement ce qu’il veut, et ne craint pas de montrer clairement qu’il le sait. […] Il multiplie les incidents, parce que les situations étranges et variées sont très propres à mettre en lumière et à montrer sous toutes sortes de jours la nature spéciale de ses originaux. […] Molière a montré moins d’indépendance dans la grande comédie qu’un an avant sa mort il fit sur un petit ridicule.
Sainte-Beuve Il y a dans la manière de Madame Tastu la nuance d’animation ménagée ; la blanche pâleur, si tendre et si vivante, où le vers est, pour la pensée, comme le voile de Saphoronie, sans trop la couvrir et sans trop la montrer ; la grâce modeste qui s’efface pudiquement d’elle-même, et enfin cette gloire discrète, tempérée de mystère qui est, à mon sens, la plus belle pour une femme-poète.
Malgré cela, la Muse de M. de la Louptiere doit être distinguée de la foule de ces Muses mesquines qui accourent s’y montrer trois fois par mois.
Son éloquence s'est déployée dans trois ou quatre occasions où elle s'est montré avec éclat.
Ce qui est immoral, ce n’est donc pas de montrer la révolte, c’est de l’appeler la Beauté ; ce n’est pas de montrer l’adultère, c’est de l’appeler un Droit ; ce n’est pas de montrer le désordre, c’est de l’appeler la Règle. […] Ils veulent déformer celle-ci le moins possible, c’est pourquoi ils se plaisent à nous la montrer réfractée dans un seul regard. […] Ils n’ont pas entrepris de nous montrer, à l’œuvre, les malandrins qui ont rendu irréalisable le rêve du médecin français, et je le leur reprochais tantôt. […] Mais un vrai psychologue eût montré que l’amour, loin de naître des émotions esthétiques, les crée. […] Julien Benda n’a pas estimé suffisant de montrer son héros qui s’en dégage ; il a voulu encore nous le montrer qui y cède… * * * M.
J’ai tâché de montrer en eux l’homme autant que l’œuvre, et dans les deux, l’expression d’une société. […] D’une part, l’entreprise est trop folle de parler sur des œuvres dont on ne peut rien montrer ; c’est vouloir saisir des nuages qui passent dans un autre ciel. […] Je voudrais montrer comment tout a contrarié cette pauvre pensée et retardé sa maturité. […] On m’eût pardonné si j’avais montré des scélérats pittoresques ; on ne me pardonne pas leur bassesse. […] Il faut bien montrer aux autres, à tous, ce que le cœur éteint a laissé de lui-même dans l’œuvre d’imagination.
Tancrède Martel a, dans plusieurs de ses Folles Ballades, montré autant de philosophie que d’humour, de verve, de variété.
Ce Poëme est marqué au coin d’un génie aussi facile qu’aimable ; l’Homme de goût, le sage Moraliste, l’Ecrivain élégant, s’y montrent tour-à-tour.
Pour que tu connaisses ceux qui te nourrissent et qu’alors tu sautes comme un chien sur ceux qu’ils te montreront du doigt. […] Elle s’y est montrée intéressante, originale par endroits, zélée chercheuse de naturel et de vérité. […] Il s’agissait donc de nous montrer l’humanité de la lune. […] Meilhac a voulu nous montrer, c’est seulement un type de jeune fille de la petite bourgeoisie parisienne. […] Les raisons secrètes qui l’ont fait parler se montrent ici clairement : elle ne voulait que se débarrasser de son mari.
Je n’essayerai pas de vous montrer comment. […] Car oncques elle ne me montra bon visaige, ni ne me pardonna une faute sans correction. […] Un des bouffons privilégiés qui n’ont qu’à se montrer pour réjouir les âmes de leurs contemporains. […] Elle y a montré une susceptibilité assez simple et naturelle. […] Baron, il n’a eu qu’à se montrer et à ouvrir la bouche pour nous séduire.
S’ils l’avaient démasqué, une seule fois dans leur vie, et sans aucun motif, ils se montrèrent bien indulgents ou bien vils. […] Censeurs, ne vous montrez pas si sévères ; car je ne vous en croirai pas meilleurs. […] Elle se montrait rarement en public, mais toujours le visage à demi voilé, et laissant un aiguillon à la curiosité du désir. […] Il faut montrer de la sécurité quand on en jouit ; il en faudrait montrer bien davantage, si l’on n’en jouissait pas. […] Pourquoi faut-il que nous nous montrions pires que la canaille, dont le caractère est de tout envenimer ?
Protogènes, de retour, ayant vu ce trait, s’écria qu’il était certainement d’Apelles ; puis, reprenant l’esquisse, il conduisit à l’entour une ligne plus déliée et plus ténue, et ordonna de la montrer à l’étranger. […] Une série d’autres caractères va nous montrer la finesse de leur tact et la délicatesse exquise de leurs perceptions. […] Selon les Grecs, le plus agréable spectacle que l’on pût donner aux dieux était celui que présentent de beaux corps florissants, développés dans toutes les attitudes qui montrent la force et la santé. […] Déjà au ixe siècle l’importance nouvelle de la gymnastique s’était manifestée par la restauration des jeux interrompus, et quantité de faits montrent que, d’année en année, ils deviennent plus populaires. […] La comparaison des mythologies a montré récemment que les mythes grecs, parents des mythes sanscrits, n’exprimaient à l’origine que le jeu des forces naturelles, et que, des éléments et des phénomènes physiques, de leur diversité, de leur fécondité, de leur beauté, le langage avait peu à peu fait des dieux.
Un signe l’indique assez : aucun homme politique du second Empire, quelque talent de parole ou de plume qu’il ait montré, n’a été nommé membre de l’Académie. […] Il est juste de faire observer que la majorité s’est montrée indulgente pour cette infiniment petite minorité. […] Elle s’est, de plus, montrée ingénieuse à composer avec les reliquats des sommes, et moyennant autorisation du Gouvernement, des prix particuliers tout littéraires, soit pour d’utiles et bonnes traductions, soit pour la meilleure tragédie, soit (ce qui vaut mieux) pour les œuvres dramatiques en général. […] Pour employer un vilain mot (et je l’emploie à regret, mais il est à l’ordre du jour), il faut qu’il n’y ait rien de clérical dans l’Académie. — Un jour, dans une discussion, à propos de je ne sais quel livre où Luther était voué au feu infernal et qu’on voulait nous faire couronner, il m’est échappé de dire à l’un des orthodoxes religieux dont j’ai l’honneur d’être le confrère, et qui s’étonnait de ma protestation : « C’est bien assez, à l’Académie, d’être de la religion d’Horace. » J’ai touché à bien des points, m’efforçant de montrer l’Académie comme elle est et évitant tout parti pris de dénigrement ou de complaisance.
Du Bellay l’a bien montré, ne fût-ce que par ce sonnet unique que je ne transcris point ici, parce qu’il est dans toutes les mémoires112. […] Il fut dénoncé au cardinal pour ses recueils de vers récemment publiés, et d’abord pour ses sonnets des Regrets, qu’on présenta comme indignes de la gravité ecclésiastique et comme faits pour compromettre la Révérendissime Éminence dont il était le serviteur, et envers laquelle, par ses plaintes rendues publiques, il se serait montré malignement ingrat. […] Or, étant de retour en France, je fus tout ébahi que j’en trouvai une infinité de copies tant à Lyon que Paris, dont je mis de ce temps-là quelques imprimeurs en procès qui furent condamnés en amendes et réparations, comme je puis montrer par sentences et jugemens donnés contre eux. […] Ce serait presque un hors-d’œuvre, si bientôt le biographe ne nous montrait qu’il sait également développer les autres parties du tableau.
Ceux-ci à leur tour, aisément restrictifs et négatifs dans leur prudence, n’hésitant pas au besoin, dans leur système complexe, à limiter, à entamer le droit par la raison d’État, le rendent bien en inimitié aux esprits de nature girondine, que tantôt ils ont l’air de mépriser comme de pauvres politiques, et que tantôt ils confondent en une commune injure avec la secte jacobine pour les montrer dangereux. […] conclut-elle, il n’y a que cela pour ordonner les affaire et pour rendre les peuples heureux. » A travers cette faiblesse et ce manque de science politique positive, percent à tout moment des vues fort justes et fort prévoyantes qui montrent qu’elle ne se faisait pourtant pas illusion sur l’état réel de la société. […] Vous ne pouvez vous représenter l’importance que nos aristocrates mettent à ces bêtises nées peut-être dans leur cerveau ; mais ils voudraient montrer l’Assemblée comme conduite par quelques étourdis excités, échauffés par une dizaine de femmes. » Mme de Staël, en revanche, n’a nulle part (que je me le rappelle) nommé Mme Roland. […] Delphine, palpitante et dont le sein se gonfle, un peu femme du Nord, ne craignait pas de montrer sa harpe et de laisser flotter sa ceinture.
D’Olivet, qui est malheureusement trop bref sur le célèbre auteur, mais dont la parole a de l’autorité, nous dit en des termes excellents : « On me l’a dépeint comme un philosophe, qui ne songeoit qu’à vivre tranquille avec des amis et des livres, faisant un bon choix des uns et des autres ; ne cherchant ni ne fuyant le plaisir ; toujours disposé à une joie modeste, et ingénieux à la faire naître ; poli dans ses « manières et sage dans ses discours ; craignant toute sorte d’ambition, même celle de montrer de l’esprit138. » Le témoignage de l’académicien se trouve confirmé d’une manière frappante par celui de Saint-Simon, qui insiste, avec l’autorité d’un témoin non suspect d’indulgence, précisément sur ces mêmes qualités de bon goût et de sagesse : « Le public, dit-il, perdit bientôt après (1696) un homme illustre par son esprit, par son style et par la connoissance des hommes ; mes ; je veux dire La Bruyère, qui mourut d’apoplexie à Versailles, après avoir surpassé Théophraste en travaillant d’après lui et avoir peint les hommes de notre temps dans ses nouveaux Caractères d’une manière inimitable. […] Je l’avois assez connu pour le regretter et les ouvrages que son âge et sa santé pouvoient faire espérer de lui. » Boileau se montrait un peu plus difficile en fait de ton et de manières que le duc de Saint-Simon, quand il écrivait à Racine, 19 mai 1687 : « Maximilien (pourquoi ce sobriquet de Maximilien ?) […] Il a fait plus que de montrer au doigt le courtisan, qui autrefois portait ses cheveux, en perruque désormais, l’habit serré et le bas uni, parce qu’il est dévot ; il a fait plus que de dénoncer à l’avance les représailles impies de la Régence, par le trait ineffaçable : Un dévot est celui qui sous un roi athée serait athée ; il a adressé à Louis XIV même ce conseil direct, à peine voilé en éloge : « C’est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse ; instruit jusques où le courtisan veut lui plaire et aux dépens de quoi il feroit sa fortune, il le ménage avec prudence ; il tolère, il dissimule, de peur de le jeter dans l’hypocrisie ou le sacrilége ; il attend plus de Dieu et du temps que de son zèle et de son industrie. » Malgré ses dialogues sur le quiétisme, malgré quelques mots qu’on regrette de lire sur la révocation de l’édit de Nantes, et quelque endroit favorable à la magie, je serais tenté plutôt de soupçonner La Bruyère de liberté d’esprit que du contraire. […] Fabre, après une analyse complète de ses mérites, conclut à le placer dans le si petit nombre des parfaits modèles de l’art d’écrire, s’il montrait toujours autant de goût qu’il prodigue d’esprit et de talent 152.
La Fronde était vaincue, et le règne de Louis XIV commençait : la forme supérieure de la vie sociale devenait la vie de cour, brillante et vide ; la noblesse, exclue du gouvernement de l’État, n’avait plus d’autre affaire que de se montrer au roi, et de faire la cour aux dames. […] Racine produit toujours ses caractères en travail, jamais dans un état purement sentimental : il semble que ce soit une nécessité dans le théâtre français, de ne rien montrer qui ne soit action. […] Sous les noms héroïques, à travers les infortunes et les crimes extraordinaires, c’est la simple, générale, humaine vérité que Racine veut montrer : outre la politique, cela exclut l’intrigue romanesque, les moyens compliqués ou surprenants. […] Cet homme-là, par un exemple unique, a fait vraiment à son Dieu le sacrifice de son génie ; il s’est retiré quand il n’était ni épuisé ni fatigué, quand il avait seulement montré ce qu’il pouvait faire.
La musique est moins inégale que dans les deux opéras précédents ; elle est aussi moins originalement puissante que certaines parties de ceux-ci, elle n’a pas ces soudaines échappées sur le drame que montrent le Hollandais et Tannhaeuser. […] On pourrait montrer comment les modifications à apporter au rôle du récitatif devaient avoir marqué le point de départ de sa réforme dramatique ; on montrerait de même que les modifications à apporter au rôle de la basse pourraient bien avoir marqué le point de départ de sa réforme harmonique ; il est certain, en effet, que l’histoire de la basse est, par un côté, l’histoire de la musique, et qu’à chaque période de transformation pour l’une correspond une période de transformation pour l’autre. […] Si les compositeurs ont montré jusqu’ici dans l’usage de tels procédés plus de mesure et plus de réserve, si leur musique garde en définitive une physionomie fort différente de celle-ci, c’est qu’ils se soumettaient d’avance à des règles imposées par l’école, Wagner, plus hardi, a essayé de s’y soustraire.
Mais, immédiatement après, au printemps de 1856, il esquissa les Vainqueurs, où réapparut, sous le nom d’Ananda, ce Parsifal du renoncement, et spécialement du renoncement à l’amour entre les sexes : le violent amour sensuel de Prakriti et sa finale rédemption par le vœu de chasteté nous montrent la première esquisse du caractère de Kundry (Voir Revue Wagnérienne, 1885, XI, 308). […] Lui-même a dit que la voix qui sort du tombeau de Titurel n’est autre que celle de Wotan « chez qui s’est brisée la volonté de vivre » (Glasenapp, Calendrier de Bayreuth, 1880, 61) ; pour montrer l’identité entre cette moitié de Wotan, Bruunhilde, et Kundry, il a forgé pour elle le nom de « Gundryggia »at, qui signifie Walküre (Lœffler, Bayr. […] Ainsi, vous vous voyez — peut-être pour la première fois de votre vie d’artistes, — appelés à vouer vos forces à un but idéal d’art, c’est-à-dire à montrer au public allemand ce dont l’Allemand est capable en son art, et en même temps à montrer aux étrangers, desquels nous avons vécu jusqu’à présent, une chose qu’ils ne pourront pas imiter.
Il avait la main fine et petite, et il ne haïssait pas de la montrer. […] Jal, c’était vous montrer un article de la Revue de Paris que j’ai supprimé à cause de la position où se trouve Marion de Lorme. […] Dans les journées de juillet 1830, M. de Latouche se montra homme d’énergie et de cœur. […] Depuis ce jour, M. de Latouche se montra plus circonspect avec les nouveaux venus ; il eut des avances toutes particulières pour les jeunes talents, pour Musset, pour Gautier, pour Hégésippe Moreau ; il eut même des retours et des repentirs sur ses rancunes passées ; mais il était trop tard, sa réputation était faite et trop faite : l’écriteau lui resta.
Les poètes sont comme les enfants : ils peuvent tout montrer. […] Lavallée nous conte ensuite que Feuillet de Conches a montré l’autre jour, en petit comité, à l’Empereur et à l’Impératrice, des lettres de Marie-Antoinette, et que Feuillet a été tout étonné d’entendre l’Empereur parler. […] * * * — Rue Bonaparte, en achetant notre bacchanale enfantine d’Angelo Rossi, on nous montra une terre cuite de Clodion, un bas-relief, haut comme les deux mains, représentant une femme sortant du bain, des parties de corps saillantes en ronde bosse dans le relief d’une médaille. […] Il consent toutefois à me montrer dans sa chambre cinq ou six Boucher, accrochés par un clou au mur, des Boucher de sa plus large manière, — tout le reste est sous son lit : un ci-devant lit doré de cocotte d’un affreux goût.
Spencer a montré que les sociétés primitives, en vertu des lois du progrès sociologique, ne tardent pas à devenir plus hétérogènes, à s’agréger à d’autres pour former une intégration supérieure d’Etats, à se diversifier pour se rassembler en nations, en vastes empires. […] Spencer, a montré ce qu’a d’inexact et de vague l’expression milieu social, quand on la prend non plus au sens statique, comme l’ensemble des conditions d’une société à un moment, mais au sens dynamique, comme une force assimilant certains êtres à ces conditions. […] Tarde, a excellemment montré que le monde social et même le inonde tout entier obéit à deux sortes de forces : l’imitation et l’innovation. […] Les faits nous ont montré qu’au physique et au moral ils le sont souvent. » D’après M. de Quatrefages, quoiqu’elle soit forcément et constamment troublée, l’hérédité, si l’on embrasse tous les phénomènes qui marquent chez les individus une tendance mathématique, finit « par réaliser dans l’ensemble de chaque espèce le résultat qu’elle ne peut réaliser chez les individus isolés ».
Il est en pied, visible à partir du genou, immobile ; et néanmoins, à première vue, l’imagination se représente la détente brusque des jambes, flexibles et fortes comme l’acier des arbalètes, qui donneront un élan redoutable à ce buste élégant, dès que l’ennemi se montrera. […] N’aurait-on pas aperçu, au second plan, une figure sympathique, vaillante, inaccessible même un seul moment au découragement, ce type du précepteur, Augustin, que l’auteur a placé dans son roman pour montrer qu’il croyait à la vie, au contraire, et à la volonté, et à la conquête du bonheur par le travail opiniâtre et la droiture de l’esprit ? […] Il est écrit à la veille de la mort de Fromentin, et il fait beaucoup plus que nous montrer un talent fortifié par douze années de méditation et d’étude : il nous révèle la véritable voie de l’auteur ; il nous apprend que celui qu’on savait être déjà un peintre délicat, un voyageur intéressant, un romancier pénétrant et émouvant, était avant tout un critique d’art original et novateur. […] Il y aurait à montrer dans les Maîtres d’autrefois toute l’esthétique de l’auteur.
Ce sont d’autres souvenirs du pays et de la famille, des noces singulières, des retours de vacances, des adieux et de tendres envois d’un fils à sa mère, de calmes et riants intérieurs de félicité domestique ; ce sont par endroits des confidences obscures et enflammées d’un autre amour que celui de Marie, d’un amour moins innocent, moins indéterminé et qui peut se montrer sans rivalité dans les intervalles du premier rêve, car il n’était pas du tout de même nature ; ce sont enfin les goûts de l’artiste, les choses et les hommes de sa prédilection, le statuaire grec et M. […] Barbier a voulu nous montrer à quelles conséquences dernières, en politique, en morale, en art, descend, malgré quelques élans brisés, une société sans croyances, une terre qui n’a pas de cieux ; il pousse à l’extrémité cette idée de néant, il décharne son squelette, il le traîne encore saignant au milieu de la salle du festin, et l’inaugure dans les blasphèmes pour nous mieux effrayer.
Michel Chevalier, en exposant le mécanisme de certaines institutions, et le jeu compliqué des intérêts, ont montré de plus quel respect inévitable le spectacle d’un pareil développement de société inspirait à l’un des esprits les moins prévenus en faveur des expériences démocratiques. […] Il a voulu montrer, par l’exemple de l’Amérique, que les lois et surtout les mœurs peuvent permettre à un peuple démocratique de rester libre, mais il est très loin de croire que nous devions suivre de près ces exemples et nous asservir à ces moyens.
En effet, les hommes peuvent toujours cacher leur amour-propre et le désir qu’ils ont d’être applaudis sous l’apparence ou la réalité de passions plus fortes et plus nobles ; mais quand les femmes écrivent, comme on leur suppose en général pour premier motif le désir de montrer de l’esprit, le public leur accorde difficilement son suffrage. […] On lui montrerait à quelle affreuse destinée elle serait prête à se condamner.
Pour le faire entendre, il fallait montrer le tyran haïssable avant de faire voir l’empereur magnanime : l’auteur des proscriptions devait paraître d’abord, pour se transformer jusqu’à pardonner à son assassin. […] Au-delà, sont deux défauts, deux excès, soit qu’on se hâte trop sans laisser le temps au lecteur de remarquer suffisamment les objets qu’on lui présente, soit qu’on s’attarde à lui montrer ce qu’il a bien vu d’un coup d’œil, à lui détailler ce qui n’en vaut pas la peine, à lui expliquer ce qu’il connaît.
Les libertins J’ai montré Saint-Evremond, cet esprit curieux et indépendant qui ne subit de servitude que celle des bienséances mondaines ; ce douteur paradoxal en qui il y a du Montaigne, et du Voltaire aussi, parfois du Montesquieu, quand il juge le peuple romain et ses historiens ; ce franc matérialiste, qui, dans sa vieillesse, forcé de renoncer à tous les plaisirs, éloigna toute espérance indémontrable, et se consola par deux réalités : l’activité de son esprit, et la solidité de son estomac. […] Il avait montré — avec une pénétration peut-être imprudente — que toutes les pièces de la tradition se tiennent, que l’on ne peut commencer à refuser soumission à l’Église sans aller jusqu’à l’incroyance absolue, que la négation, logiquement, doit gagner de dogme en dogme jusqu’à ce que rien du dogme ne subsiste, et que les seuls sociniens sont conséquents, qui sont arrivés à dépouiller la religion de tous les mystères.
La légende se plaît à le montrer dès son enfance en révolte contre l’autorité paternelle et sortant des voies communes pour suivre sa vocation 142. […] Nous montrerons plus tard que quelques-uns des documents qui servirent de base aux Évangiles synoptiques ont été écrits en ce dialecte sémitique.
L'indulgence est devenue pléniere, dès qu'il s'est montré digne d'être admis in illo docto corpore, d'en saisir l'esprit & d'en adopter le terrible langage. […] Pour vouloir enfin trop régenter son Lecteur, il l'indispose ; & pour vouloir se montrer Philosophe, il s'éloigne du ton de cette noble fierté qui domine : il n'a que celui de l'orgueil qui boude.
La « dame » — Dam, comme l’appelait la vieille langue aryenne, — maîtresse de la maison, reine du foyer, s’était révélée et montrée à lui. […] Peut-être consulta-t-il, pour s’en informer, cette coupe magique gardée dans le trésor des rois de Perse, où, d’après le Schah-Nameh, les contours des sept zones du monde étaient gravés en relief, et qui montrait à ses initiés tout ce qui se passait sur la terre.