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847. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

L’affichage moderne L’affiche illustrée (œuvre imprimée, qu’il faut donc mentionner ici) dont les oisifs regardent la pose toute fraîche et toute humide, admirant comment le mauvais et mince et tortillé chiffon sorti de la blouse grise affecte vite sur le renforcement du mur une allure de tableau et sous la décharge du pinceau un bel air verni, l’affiche illustrée est au juste, à cette heure, une industrie charmante qu’on est en train de gâcher.

848. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 145-150

On devoit pardonner volontiers des plagiats à un homme qui en convenoit d’aussi bonne grace ; mais on est doublement en droit de les reprocher à ceux qui, les multipliant sans mesure, trouvent mauvais qu’on les mette en évidence.

849. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

Le funeste effet qu’ils produisent sur les Lecteurs, est d’en faire, dans la jeunesse, de mauvais citoyens, des criminels scandaleux, & des malheureux dans l’âge avancé ; car il y en a peu qui aient alors le triste avantage d’être assez pervertis pour être tranquilles.

850. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Horace, et les mauvais écrivains du siècle d’Auguste. » pp. 63-68

Horace, et les mauvais écrivains du siècle d’Auguste.

851. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 15, des personnages de scelerats qu’on peut introduire dans les tragedies » pp. 115-119

L’horreur qu’inspirent les discours d’Oénone nous rend plus sensibles à la malheureuse destinée de Phédre ; le mauvais effet des conseils de cette confidente que le poëte lui fait toujours donner à Phedre, quand elle est prête à se repentir, rend cette princesse plus à plaindre, et ses crimes plus terribles.

852. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Il prodigua l’admiration aux mauvaises mœurs. […] Tous les Français, plus ou moins, et la plupart jusqu’au fond, sont infectés de ce mauvais air. […] Il y a du mauvais dans ce chef-d’œuvre, du mauvais et de l’inintelligible. […] Ce sentiment n’est ni mauvais, ni bon : il est naturel, et il est éternel. […] C’est ce dernier point qui, selon vous, est mauvais.

853. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Il a beau avoir fait dans sa vie un tas de très mauvaises actions (il a vécu si longtemps !) […] Vraiment elle ne ferait point mauvaise figure près de la « vieille fille » de Balzac. […] Il y a un moule pour les mots comme pour les gaufres, et ils n’en sont pas plus mauvais.) […] — plutôt que d’écrire une mauvaise phrase. […] Bons ou mauvais, ils sentent Paris et charment les Parisiens, on ne peut le nier.

854. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Il est plus mauvais et meilleur que chacun de nous. […] il leur fait passer quotidiennement un mauvais quart d’heure. […] Je m’y obstine d’autant plus que c’est une mauvaise querelle. […] Je ne sais résister ni aux mauvaises fortunes ni aux bonnes. Mais les mauvaises sont naturellement les plus fréquentes.

855. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Certes, c’était une mauvaise fille. […] N’importe ; ils descendront dans ce monde mauvais. […] Je crois qu’ils n’eurent jamais ni l’un ni l’autre une mauvaise pensée. […] Il en faut aussi de mauvais, il en faut de détestables. […] C’est nous qui le faisons ; s’il est mauvais, ce sera de notre faute.

856. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Ses descriptions sont enflées, contournées ; on y sent souvent l’homme de mauvaise éducation, qui, ne connaissant ni les genres, ni les tons, ni les sujets, ni la valeur exacte des mots, va plaçant au hasard des expressions poétiques au milieu des choses les plus triviales. […] Au reste, il ne faut pas se dissimuler que toutes les histoires de Jésus-Christ qui ne sont pas, comme celle du Père de Ligny, un simple commentaire du Nouveau Testament, sont, en général, de mauvais et même de dangereux ouvrages. […] Fuis la compagnie des mauvais. » On aime à voir deux de nos plus grands princes, à deux époques si éloignées l’une de l’autre, donner à leurs fils des principes semblables de religion et de justice. […] « La tendresse que nous avons pour elle nous faisant goûter ses plus mauvaises raisons, nous fait tomber insensiblement du côté où elle penche, et la faiblesse qu’elle a naturellement lui faisant souvent préférer des intérêts de bagatelles aux plus solides considérations, lui font presque toujours prendre le mauvais parti. […]  » Prêt à rendre le dernier soupir, il fit appeler les seigneurs de sa cour : « Messieurs, dit-il, je vous demande pardon des mauvais exemples que je vous ai donnés ; je vous fais mes remercîments de l’amitié que vous m’avez toujours marquée.

857. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’ordinairement ces beaux parleurs sont de très mauvais écrivains. […] L’histoire, assez inutile au commun des hommes, est fort utile aux enfants, par les exemples qu’elle leur présente et les leçons vivantes de vertu qu’elle peut leur donner, dans un âge où ils n’ont point encore de principes fixes, ni bons ni mauvais. […] De là il s’ensuit d’abord que tout dictionnaire de langue dans lequel chaque mot sans exception sera défini, est nécessairement un mauvais dictionnaire, et l’ouvrage d’une tête peu philosophique. […] Un ouvrage est bon lorsqu’il s’y trouve plus de bonnes choses que de mauvaises ; il est excellent lorsque les bonnes choses y sont excellentes ou lorsque les bonnes surpassent de beaucoup les mauvaises. […] Ces sortes de dictionnaires ont sans doute leur utilité, mais que de mauvais vers ils produisent !

858. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il était de basse extraction et il fut toujours de mauvaises manières. […] Thiers, il aurait aussi tapé sur le ventre de lord Grey… Et on raconte que sur ce point il était si incorrigible que l’impératrice de Russie lui dit un jour, avec une condescendance et une impertinence également impériales : « Ne vous rendez pas malheureux, monsieur Diderot, et gardez votre mauvais ton si cela vous gêne de le quitter. » Certes ! […] Il y a des analogies entre ces deux esprits inflammatoires, entre ces deux philosophes de bas lieu et quelquefois de mauvais lieu. […] Mais si on allait au-delà de Beaumarchais, mais si on recherchait profondément la mauvaise influence de Diderot sur les générations qui ont suivi la sienne, malgré les défaites et les expériences, peut-être la trouverait-on susbsistant encore sur la littérature dramatique de nos tristes jours. […] Mais c’est ici que vient se placer l’expiation des mauvaises doctrines.

859. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Tout poëme sans dessein, est un mauvais poëme. […] L’épître de Boileau à son jardinier, exigeoit le style le plus naturel ; ainsi ces vers y sont déplacés, supposé même qu’ils ne soient pas mauvais par-tout. […] S’il n’avoit rien d’attrayant, il ne seroit que mauvais. […] On n’a donc nul intérêt politique à entretenir dans cette classe du public l’amour dépravé des mauvaises choses. […] La moins mauvaise aristocratie est celle où l’autorité des grands se fait le moins sentir.

860. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

En route, elle est attaquée par de mauvais samouraïs, et délivrée par un passant qui lui donne l’hospitalité. […] C’est l’histoire d’un de ces esprits aériens, de ces génies bons ou mauvais à l’interminable nez pointu, aux ailes de chauve-souris, si souvent représentés dans les albums japonais. […] Kasané est une femme laide et mauvaise, tuée par son mari et dont l’esprit hante la seconde femme de l’assassin : tel est le sujet du roman. […] A la fin, la mère se doute de cet amour et charge un mauvais prêtre d’enlever « l’Assiette cassée » et de la noyer. […] Et « l’Assiette cassée » pardonne à la première femme de son père ses mauvais traitements, sa méchanceté attribuée à la hantise de la mère chinoise.

861. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Mauvais effet sur l’opinion.

862. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

Édouard Thierry Il lisait toujours et s’efforçait rarement de produire ; mais ce qu’il écrivait était simple et excellent, ingénieux avec le plus grand air de naturel, et spirituel sans se piquer de le paraître… Tout cela est précis et délicat, ingénieux et sincère, toujours intéressant, toujours original, mais de cette originalité vraie et qui s’ignore, plein de ce charme funeste, et qui ne fut mauvais qu’à lui-même, l’enchantement du rêve répandu sur la vie.

863. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

. — Les Mauvais Ménages (1889). — Madame Heurteloup (1889). — Le Journal de Tristan (1883). — Michel Verneuil (1883)

864. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Trop de penchant à mettre de l’esprit dans ses pensées, trop d’affectation dans la symétrie du style, trop de goût pour les antithèses, ne pourroient produire & n’ont peut-être déjà que trop produit de mauvaises copies, parce qu’il est plus facile d’imiter l’esprit des grands Orateurs, que leur génie.

865. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

D’ailleurs, quelque vivante que soit notre Langue pour la plupart de nos mauvais Ecrivains, le grand usage qu’ils sont à portée d’en avoir a-t-il pu les garantir des vices du style & de la médiocrité qui caractérise toutes leurs Productions ?

866. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Il a observé sous un mauvais horizon.

867. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre V »

Tout n’est pas mauvais dans les récents langages techniques.

868. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Il faut enfin que, dans ces temps livrés à la lutte furieuse des opinions, au milieu des attractions violentes que sa raison devra subir sans dévier, il ait sans cesse présent à l’esprit ce but sévère : être de tous les partis par leur côté généreux, n’être d’aucun par leur côté mauvais.

869. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

D’Aucour commence par convenir de tout le bien qui s’y trouve : mais, après avoir analysé l’ouvrage, après en avoir décomposé toutes les parties, séparé le vrai du faux, le solide du superficiel, le beau du brillant, on voit clairement que le mauvais domine, que les défauts l’emportent sur les beautés, & que l’éloge se réduit à rien.

870. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Satan, s’apprêtant à combattre Michel dans le paradis terrestre, est superbe ; le Dieu des armées, marchant dans une nuée obscure à la tête des légions fidèles, n’est pas une petite image ; le glaive exterminateur, se dévoilant tout à coup aux yeux de l’impie, frappe d’étonnement et de terreur ; les saintes milices du ciel, sapant les fondements de Jérusalem, font presque un aussi grand effet que les dieux ennemis de Troie, assiégeant le palais de Priam ; enfin il n’est rien de plus sublime dans Homère, que le combat d’Emmanuel contre les mauvais anges dans Milton, quand, les précipitant au fond de l’abîme, le Fils de l’Homme retient à moitié sa foudre, de peur de les anéantir.

871. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

En reprenant ce que nous avons dit, dans les précédents chapitres, nous commencerons par le caractère attribué aux mauvais anges, et nous citerons le Satan de Milton.

872. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Aussi, faut-il le dire hautement, il n’est rien de plus inintelligent et de plus triste que cette excitation vaine à l’originalité, propre aux mauvaises époques de l’art. […] De tout temps, ils ont beaucoup souffert sans doute ; mais, dans leurs plus mauvais jours, au milieu des angoisses de l’exil, de la folie et de la faim, la légitime influence de leur génie était du moins incontestée et incontestable. […] Il y a plus : c’est une mauvaise action, une lâcheté, un crime, quelque chose de honteusement et d’irrévocablement immoral. […] Le poète satirique est un moraliste par excellence, pourvu qu’il ne s’abaisse pas au niveau des excitateurs à la vertu par l’appât des mauvaises rimes, lesquelles manquent rarement leur effet fascinateur sur les natures vicieuses. […] Ils puisent leur génie dans leur cœur, et s’ils daignent sacrifier au rhythme et à la rime, ils ne dissimulent point le mépris que ces petites nécessités leur inspirent, en composant, d’inspiration, des vers d’autant plus sublimes qu’ils sont plus mauvais.

873. (1888) Études sur le XIXe siècle

B., et de la « confrérie » ne suffît pas tout d’abord à faire cesser la mauvaise chance qui poursuivait les jeunes artistes ni à apaiser les colères qu’ils avaient soulevées. […] En 1851, Holman Hunt avait exposé une scène des Deux gentilshommes de Vérone, et le critique du Times avait accusé d’erreurs dans la perspective et de mauvais dessin : M.  […] Quand ils se transforment, leurs changements sont instantanés : « Jean Valjean, peut-on lire, n’était pas, nous l’avons vu, d’une nature mauvaise. […] Il arrive à traduire les sentiments d’effroi, de néant ou d’horreur qu’elles laissent derrière elles, quand elles nous ont harcelés en des heures mauvaises. […] L’héroïne de Passion maudite, par exemple, est, au début, honnête dans le meilleur sens du mot, n’a pas de mauvais instincts, pas d’hérédité fâcheuse.

874. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Ne rien faire que par intérêt, même en ces choses légères, ne pas savoir être aimable, même gratuitement et en pure perte, M. de Méré appelle cela les mauvaises mœurs . […] J’eus beaucoup de peine à me défaire de cette mauvaise habitude quand j’allai dans le monde, et même à ne pas user de ces certains termes qui n’y sont pas bien reçus, outre que je me trouvois si neuf et si mal propre à ce que les autres faisoient que je ne m’osois montrer en bonne compagnie. […] La lettre est adressée à une duchesse dont on ne dit pas le nom : « Vous voulez que je vous écrive, madame, et vous me l’avez commandé de si bonne grâce et si galamment, que je n’ai pu vous le refuser… Et peut-être qu’il seroit encore de plus mauvais air de vous manquer de parole que de ne vous rien dire d’agréable. […] Nous devons quelque chose aux coutumes des lieux où nous vivons, pour ne pas choquer la révérence publique, quoique ces coutumes soient mauvaises ; mais nous ne leur devons que de l’apparence : il faut les en payer et se bien garder de les approuver dans son cœur54, de peur d’offenser la raison universelle qui les condamne. […] Par exemple, c’est bien La Rochefoucauld qui dit : « Nous devons quelque chose aux coutumes des lieux où nous vivons, pour ne pas choquer la révérence publique, quoique ces coutumes soient mauvaises ; mais nous ne leur devons que de l’apparence : il faut les en payer et se bien garder de les approuver dans son cœur » Puis c’est le chevalier qui, pour arrondir sa phrase, ajoute : de peur d’offenser la raison universelle qui les condamne .

875. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

C’est la bonne ou mauvaise conduite de ces grandes individualités qu’on appelle des nations. Cette bonne ou mauvaise conduite est inspirée aux nations par leurs hommes d’État, pratiquée par leurs cabinets, exprimée par leurs diplomates, promulguée par leurs manifestes, leurs notes, leurs dépêches, portée dans les cours ou dans les congrès par leurs ambassadeurs. […] Thiers, par exemple, compulse toutes les négociations et tous les actes de ces diplomaties diverses, et les étale sous les yeux des siècles pour l’instruction des diplomates présents et futurs, de façon que chaque nation reconnaisse sa pensée, bonne ou mauvaise, dans les actes de son gouvernement, et qu’un nouveau droit public devienne la loi pacifique des nations. […] Voici pourquoi : XI Le règne si moral de l’infortuné Louis XVI avait fait, par suite des mauvais conseils d’un vieux ministre, une grande faute de moralité et une offense mortelle à l’Angleterre : cette faute était d’avoir pris en main la cause de l’insurrection civile des colonies anglaises de l’Amérique du Nord contre la mère patrie ; c’était d’avoir pris en main cette cause en pleine paix, c’est-à-dire déloyalement et en contravention avec le droit des gens, politique indigne d’un roi honnête homme et d’une nation qui se respecte dans sa parole, politique qui déclare de bouche la paix à la nation britannique, et qui attise d’une main cachée la plus malfaisante des guerres, la guerre civile, la guerre d’insurrection, la guerre filiale contre la nation avec laquelle on simule la loyauté et la paix. […] C’est abuser des plus grands mots de la langue politique ; c’est décréditer l’estime et la reconnaissance des peuples que de décerner de pareils titres à des instruments, qui n’ont eu d’autre diplomatie que l’excès de confiance dans la bonne fortune, et l’excès d’abnégation dans la mauvaise.

876. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Probablement », écrit-il au mois d’octobre 1589, « j’irai bientôt épuiser ailleurs ma mauvaise fortune, quand je serai devenu aussi importun à ces bons religieux de Santa Maria Nuova que je le suis devenu à ces cardinaux couverts de pourpre, de qui je ne puis même obtenir une audience. » Il sortit en effet au mois de novembre de son asile, volontairement ou forcément, pour aller mendier un lit de malade dans l’hôpital des Bergamasques, ses compatriotes à Rome. […] « Mais cette hospitalité », écrit le Tasse, « bien loin d’être un soulagement, n’est qu’une aggravation pour moi, car le cardinal, cette fois, et sa maison, témoignent si peu de considération pour ma personne, et un tel mépris de ma mauvaise fortune obstinée, qu’il ne m’admet point à sa table, qu’il ne me fournit ni un lit, ni une chambre, ni un service décent à mon mérite et à ses anciennes grâces pour moi !  […] « La couronne que je vous destine, lui dit le pontife, recevra de vous autant de lustre qu’elle en confère aux autres poètes. » La mauvaise saison fit remettre le couronnement au printemps. […] À la marge se trouvait cette note de la main de mon père : Alors Lodovico Ariosto doit être considéré comme un mauvais poète, car il dit au commencement : « Celle dont l’amour m’a rendu presque insensé ! […] Il ne me convient plus, dans un tel état, de parler de ma mauvaise fortune obstinée, ou de me plaindre de l’ingratitude du monde qui a remporté sa victoire en me conduisant indigent à ma tombe, tandis que j’avais toujours espéré que cette gloire (quelque chose que soit la gloire) que mon siècle va tirer de mes écrits ne m’aurait pas laissé mourir sans récompense.

877. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Il est vrai que le proverbe dit qu’à force d’aller on rencontre le mauvais pas, mais les malheurs n’arrivent jamais de la même manière. » VI Benvenuto se livra alors tout entier à son génie et à sa verve. […] IX Benvenuto, mobile et mécontent, laissa à Paris son hôtel et ses ateliers à Ascagne, et partit pour l’Italie, en passant par Plaisance ; il fut reconnu par le bâtard du pape Farnèse, Pier Luigi, et, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il alla le voir. […] Ensuite je me tournai vers un grand plat qu’on m’avait servi sur un mauvais banc, je mangeai avec appétit, et je bus avec toute ma brigade ; et, comme il était déjà tard, j’allai me remettre au lit gai et content, sans me soucier de ma fièvre17. […] Étant donc à Rome, j’allai voir Altoviti, qui me répéta les paroles de Michel-Ange, et chez lequel j’avais placé quelque argent, dont il me devait l’intérêt, ainsi que le prix de son buste ; mais, quand nous fûmes sur cet article, il parut si refroidi envers moi, et il me donna de si mauvaises raisons, que je fus obligé de lui laisser mon argent en rente viagère à quinze pour cent, et que je perdis le prix du buste que je lui avais fait. […] Le moment arrivé, je courus au palais ; mais, comme les mauvaises nouvelles viennent plus vite que les bonnes, M. 

878. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Mais en revanche, rien n’était moins propre à fermer les blessures, qu’avaient laissées dans l’âme de Swift les épreuves de sa jeunesse, que le scepticisme de Temple, que sa prudence intéressée, que cette mauvaise opinion des hommes, qu’on rapportait inévitablement de la vie publique sous les deux derniers des Stuarts. […] La conduite de Swift avec Vanessa ne sera ni loyale, ni humaine, mais elle peut s’expliquer par les mauvais sentiments du cœur humain ; Stella fut victime d’une obstination cruelle et déraisonnable que rien n’explique, et que la folie peut à peine excuser. […] Mais leur mauvaise étoile fit que la première syllabe ne pût être rencontrée dans tout le testament. […] Par exemple, 20  deniers pour un quart d’ale (au lieu de 2)41, etc… Pour moi qui ai une bonne boutique pleine de drap, j’échangerai avec mes voisins marchandises pour marchandises, plutôt que de prendre le mauvais cuivre de M.  […] Swift, dans une troisième lettre, excita l’indignation de la noblesse d’Irlande contre le ton dominateur du conseil privé : « Appeler clameur 46 les adresses des deux Chambres du Parlement d’Irlande ; si l’on parlait dans ce style au Parlement d’Angleterre, je voudrais savoir combien de mises en accusations en seraient la suite. » Sans s’inquiéter de répondre au conseil, Swift continue d’affirmer, sur l’autorité « d’une personne très habile », que la monnaie de Wood est de mauvais aloi, et à déplorer l’asservissement de la nation livrée à un voleur.

879. (1925) Proses datées

La nuit est longue à battra le pavé et la solitude est mauvaise conseillère. […] Pour Baudelaire, l’homme est mauvais dans un monde mauvais où une influence satanique se mêle à sa vie et y engendre le péché, l’ennui et le dégoût. […] Les mauvais temps sont proches. […] Ce mauvais garçon devint un bon officier. […] Neuf paires de bas de ni gros et fins et tant bons que mauvais.

880. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Ne dit-il pas quelque part : « Toute passion de sa nature est mauvaise. » Une belle passion, c’est pour lui comme qui dirait une belle maladie. […] C’est par leurs mauvais côtés qu’il faut les regarder. […] Brunetière vous apprend que c’est une erreur, et la preuve c’est que Galiani, qui fut Napolitain, s’émancipait souvent en plaisanteries de mauvais aloi. […] Je ne dirai pas « coups de massue, vu le style de l’orateur », comme a dit je ne sais où cette mauvaise langue de Paul-Louis. […] Il croit à l’éternelle coexistence de deux principes contraires qui se disputent le monde ; la nature est mauvaise, mais l’homme peut être bon.

881. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Lorsqu’on feuillette tour à tour l’œuvre des peintres de la cour sous Charles Ier, puis sous Charles II, et qu’on quitte les nobles portraits de Van-Dyck pour les figures de Lely, la chute est subite et profonde : on sortait d’un palais, on tombe dans un mauvais lieu. […] On ne peut pas copier même les titres de ses poëmes : il n’a écrit que pour les mauvais lieux. […] Il les perdit, épousa une femme de mauvaises mœurs, se ruina, resta sept ans en prison pour dettes, passa le reste de sa vie dans les embarras d’argent, regrettant sa jeunesse, perdant la mémoire, écrivaillant de mauvais vers qu’il faisait corriger par Pope avec toutes sortes de tiraillements d’amour-propre, rimant des obscénités plates, traînant son corps usé et son cerveau lassé à travers la misanthropie et le libertinage, jouant le misérable rôle de viveur édenté et de polisson en cheveux blancs. […] Voilà les personnages cultivés de ce théâtre, aussi malhonnêtes que les personnages incultes : ayant transformé les mauvais instincts en vices réfléchis, la concupiscence en débauche, la brutalité en cynisme, la perversité en dépravation, égoïstes de parti pris, sensuels avec calcul, immoraux de maximes, réduisant les sentiments à l’intérêt, l’honneur aux bienséances, et le bonheur au plaisir. […] Rien de laissé, sauf quelques bouteilles vides oubliées, et les portraits de famille, qui, je crois, sont enchâssés dans les lambris. —  Et j’ai eu aussi le chagrin d’entendre de mauvaises histoires contre lui. —  Oh !

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