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1355. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Ses ministres cherchèrent un « juste milieu » entre des termes inconciliables. […] Quant au fond du discours, presque tout y était juste. […] Anatole France a vu très juste. […] Le nôtre craint également, avec juste raison, la victoire et la défaite. […] Quel est, au juste, l’objet de cette mission ?

1356. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Je sens, je sais trop bien tout ce qu’il y a d’impie dans tout outrage, même juste, même inévitable, même commandé, même dû. […] Ou pour mieux dire, pour dire juste, je n’ai pas appris, je n’ai pas eu à apprendre. […] Ainsi quand Victor Hugo écrivait ses Châtiments, il était juste loin de Waterloo comme nous sommes loin de 70. […] Excepté quelques différences de ponctuation, juste assez pour montrer qu’on ne collationnait même pas. […] Ce mot est partout dans Racine, toujours si juste, si central, si justement appliqué, si intérieur, si réellement nécessaire.

1357. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

» — C’est très juste. […] Et, si c’est seulement pour rappeler sans cesse aux juges qu’ils sont sujets à l’erreur, et qu’ils exercent le plus redoutable des pouvoirs, qu’on a installé près d’eux l’effigie du Juste cloué sur le gibet, pourquoi lui tournent-ils le dos ?  […] Bonvouloir. — C’est juste. […] Émile Ollivier, cette dernière appréciation friserait le ridicule, elle n’est que juste quand il s’agit de lui. […] Comme homme d’action il l’estimait à sa juste valeur, mais le moment des énergies, des coups de main était passé, et il désirait maintenant des conseillers plus calmes.

1358. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

la juste opinion a sa tare comme la fausse. […] Mais il est vrai de dire qu’il vaudra toujours mieux se tenir dans la juste mesure. […] C’est votre foudre, ô ciel, qu’à mon secours j’appelle, Œdipe est innocent, je me fais criminelle, Par un juste supplice osez me désunir De la nécessité d’aimer et de punir. […] Voyez comme les fils de Jocaste et d’Œdipe D’une si juste haine ont tous deux le principe. […] Car le seul juste point est un jeu de balance.

1359. (1891) Esquisses contemporaines

L’horizon sur lequel se détache le récit est uniforme et triste comme les brumes de la mer et toujours un retentissement d’infini résonne au-dessus des situations pour les ramener à leur juste valeur. […] Elle nous paraît caractériser assez bien le genre d’inspiration de notre auteur et donner une juste idée de sa manière habituelle. […] Est-il juste d’établir entre les divers promoteurs d’un mouvement une telle solidarité ? […] Il ne suffisait pas d’énerver la conscience, il fallait encore, et par un juste retour, énerver la Révélation. […] De quel droit lui prêter ces idées du juste et du bon, dont nous ne pouvons, à la vérité, pas plus nous séparer que nous ne pouvons sortir de notre peau, mais auxquelles la nature se montre si parfaitement étrangère ?

1360. (1903) Le problème de l’avenir latin

Ma conception d’un peuple n’est pas celle d’un troupeau de brutes acervelées ; je crois profondément à l’importance de la raison et de la culture, lorsqu’elles occupent une juste place dans l’organisme social. […] Il faut généralement dans ce monde plus d’intelligence, c’est à dire de compréhension et d’interprétation juste des réalités, que d’esprit. […] L’avenir jugera — si le présent ne l’a point encore fait — s’il fut juste ou injuste que cette dépossession s’effectuât. […] Ne semble-t-il pas juste que ce reste d’Orient que nous constituons dans le monde contemporain finisse d’exhaler son anachronique parfum ?‌ […] Il semble bien, du moins à première vue, que de ces deux méthodes la première soit la seule juste et normale.

1361. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Quoi qu’il en soit, son assertion est parfaitement juste ; et M.  […] … Vous ̃comprenez, Monsieur, que je ne veuille pas m’exposer… — C’est trop juste. […] Cressot une définition aussi juste qu’ingénieuse. […] Ces réflexions, qui nous semblent justes, si M.  […] L Enault s’est rencontré plus d’une fois, — soyons juste, — avec M. 

1362. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Quand nous aurons une tante à grosse succession, nous estimerons à leur juste valeur nos attentions et notre tendresse. […] J’ai recueilli une vipère dans mon sein, elle m’a piquée. » — Cette femme juste et compatissante rencontre son égal, un homme pieux, John Brough, esquire, membre du parlement, directeur de la compagnie indépendante d’assurances contre l’incendie et sur la vie du Diddlesex oriental. […] Juste fierté, n’est-ce pas ? […] Nous savons même l’orthographe mieux que vous ; nous sommes capables de raisonner aussi juste ; nous ne voulons point vous avoir pour maître, ni cirer plus longtemps vos souliers1357. » Cette opinion du politique ne fait que résumer les remarques du moraliste. […] Que ce soit notre juste orgueil devant notre postérité d’avoir contemplé Georges le Bon, Georges le Magnifique, Georges le Grand. » Cher prince !

1363. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Toutefois, les remarques si justes de David, en cette occasion, répandirent de la lumière dans son esprit, et il s’aperçut que le maître avait au fond témoigné plus d’indulgence pour son élève que pour l’ouvrage. […] Or, c’est en ce lieu que prit naissance la secte des penseurs ou des primitifs dont Maurice fut le fondateur, quoiqu’il soit juste de dire que quelques paroles hasardées de David en aient fait naître la première idée. […] Le tableau est faible dans toutes ses parties, quoique cependant il soit juste de faire observer qu’outre la pureté du dessin, l’observation matérielle du style et du costume grecs y est déjà beaucoup plus exacte que dans les productions antérieures du maître. […] La composition du tableau de Michel Lepelletier donne une idée assez juste de ce mélange d’appareil tout à la fois fastueux et sanglant. […] Le massacre des Suisses (10 août), de Mme de Lamballe, et dernièrement des prêtres, achève de compléter les justes craintes que l’on a ici de voir se renouveler les vêpres siciliennes.

1364. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Pendant la dernière guerre d’Espagne, une armée espagnole était dans l’abondance là où une armée française vivait juste, et où une armée anglaise mourait de faim. […] Nous réclamons vivement ; est-ce que la réclamation n’est pas juste ? […] De loin en loin il devise avec ses voisins qui ont juste le même degré d’information que lui. […] L’écrivain, ayant moins d’obligations et plus de ressources, peut dessiner plus juste et moins appuyer. […] — Enfin quelle notion précise ou vague se fait-il du beau, du bien et du juste, de l’ordre et du principe du monde ?

1365. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Tu entends la plainte, ô roi, prononce une juste sentence ! […] Je ne crois pas qu’il ait été juste ni envers l’ancien régime, ni envers la Révolution, ni envers Bonaparte. […] Taine n’a pas été juste, mais je crois qu’il a voulu être juste. […] Et voici que tout à coup j’éclate de rire en m’avisant du ridicule personnage que je joue en ce moment même pour vouloir être juste. […] Ce dernier terme semblera juste, pourvu que l’on songe que, dans un esprit comme celui de M. 

1366. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Rien ne m’a plus donné la juste mesure des événements de la vie humaine et du peu que nous sommes. […] Plein d’un juste respect pour la mémoire de Louis XIV, nous avons ensuite parcouru avec inquiétude les écrits de ce grand monarque. […] Au reste, Louis XIV avait appris à connaître la juste valeur de ces attachements que le plaisir forme et détruit. […] Quand la critique est juste, je me corrige ; quand le mot est plaisant, je ris ; quand il est grossier, je l’oublie. […] Nous pouvons affecter une humeur superbe, à dédaigner les talents qui nous restent, mais je ne doute point que l’avenir ne soit plus juste envers nous, et qu’il n’admire ce que nous aurons peut-être méprisé.

1367. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

L’optimisme raisonne comme s’il nous était facile d’être justes et charitables ; et il ne s’aperçoit pas que ce qui rend la justice et la charité si rares parmi les hommes, ce sont au contraire les sacrifices qu’elles coûtent. […] … Mais, après tout cela, je n’en persiste pas moins à croire qu’au fond du symbolisme il y a deux ou trois idées justes, et c’est elles que, sans autrement me soucier des personnes, je vais tâcher de mettre en lumière. […] Je ne veux pas dire, évidemment, que cela suffira ; je dis seulement, et vous pouvez le vérifier vous-même, que je ne sache point de chef-d’œuvre, au théâtre ou dans le roman, dont l’observation ne se trouve être juste. […] Est-ce à dire, toutefois, que parmi leurs erreurs il ne se glisse quelques idées justes ; et, pour en louer la justesse, attendrons-nous qu’un chef-d’œuvre l’ait rendue publique ? […] Comme ils se sont efforcés de trouver pour leurs pensées les expressions justes !

1368. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

» Eh bien, Buloz pensait juste du point de vue de son métier, et aussi du point de vue de la raison, qui veut qu’on ne fasse pas le métier du voisin. […] Saint-Simon, par une vue très juste qui a passé à Auguste Comte, distinguait dans l’histoire les périodes organiques et les périodes critiques. […] C’est juste, mais entendons-nous. […] Entrons dans leurs disputes nécessaires, juste autant qu’il faut pour en profiter. […] Et le mot de Faguet me paraît juste, non pas malgré Montaigne, mais un peu à cause de Montaigne.

1369. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Comme elle a créé le monde (on peut bien dire cela, je crois, même dans un sens religieux), il est juste qu’elle le gouverne. […] Que de justes critiques ne pourrait-on pas faire encore ! […] Il est juste de dire que le moment n’était pas très-bien choisi, et qu’il aurait dû ajouter que tous les peuples étalent naïvement le même défaut sur leurs théâtres et dans leurs musées. […] Malheureusement ce qui fit sa juste notoriété fera peut-être un jour sa décadence. […] Fromentin tient un peu de la femme, juste autant qu’il faut pour ajouter une grâce à la force.

1370. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Il a des idées qui semblent justes sur la nature et l’usage des remèdes. […] Renaudot, pour se défendre contre les médecins de la Faculté, s’allie à leurs grands ennemis le-apothicaires ; il fait de justes réserves en faveur de la chimie, que les médecins du bord de Gui Patin dédaignaient trop ; il relève dans le Codex medicamentarius quelques bévues qui prêtaient à rire aux moindres apprentis en pharmacie.

1371. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

En mettant votre esprit juste, élevé et profond sur une plus grande échelle, il n’y a pas de doute de l’effet de vos prodigieuses lumières et connaissances. […] » Pour nous, qui ne pouvons juger M. de Meilhan que par ses écrits, nous avons cru n’être que juste en lui accordant un souvenir, en lui assignant un rang élevé parmi les moralistes pour ses Considérations sur l’esprit et les mœurs (1787), et, parmi les politiques, pour son ouvrage Du gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution (1795).

1372. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

« On envoie un empirique, disait-il gaiement, là où les médecins ordinaires ont échoué. » Il prit d’ailleurs sa mission très au sérieux, et eut dès l’abord des idées saines et justes sur l’esprit qu’il convenait d’y apporter : Je me mis dans la tête de tout tenter, d’employer toutes sortes de voies, hors celle de ruiner une des meilleures provinces du royaume ; et même que si je pouvais ramener les coupables sans les punir, je conserverais les meilleurs hommes de guerre qu’il y ait dans le royaume. […] Chamillart, à titre de contrôleur général, lui répondit avec esprit : Cependant, comme il ne serait pas juste que vous eussiez fait voir de l’argent au contrôleur général des finances sans qu’il vous en coûtât quelque chose, c’est un peu de temps que je vous demande, et de ne me pas tenir rigueur sur la régularité des payements.

1373. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Laboulaye aurait pu faire quelque chose de plus utile encore que ce qu’il a fait, c’eût été de montrer l’homme complet en Benjamin Constant, de nous expliquer en quoi il avait de belles lumières et de grandes faiblesses ; en quoi il faillit ou varia même dans la défense des idées justes ; comment il manqua toujours d’autorité et d’une certaine considération qui ne suit pas toujours la popularité ; quelles circonstances indépendantes de sa volonté, et quels incidents (il y a toujours des incidents) reculèrent l’application de ses théories générales et absolues. […] La sévérité de Royer-Collard n’était pas juste ; il usait et abusait de ses avantages, accoutumé qu’il était à donner à l’épigramme un tour d’apophthegme, et sûr, quand il le voulait, d’élever l’insolence elle-même jusqu’à la majesté.

1374. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Ce personnage original et unique, en un temps où il y en a si peu de parfaitement entiers, était, comme on sait, sorti de souche janséniste ou plutôt d’une famille imbue des principes et des maximes de Port-Royal, ce qui est, à mes yeux, un peu différent ; c’était, en un mot, de la sévérité morale chrétienne plutôt encore que de la théologie qui l’avait environné et nourri dès l’enfance, et il n’avait eu sous les yeux que l’exemple des justes dans son petit pays de Sompuis en Champagne, où, par hasard, la bonne et forte semence du pur Port-Royal était allée tomber. […] Il marqua, dès les premières discussions, par un genre de talent alors fort rare, celui d’une improvisation réelle, d’une faculté de réplique immédiate, abondante et juste.

1375. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il mettra juste le pli, la couleur qu’il voit. […] Qui que vous soyez, grand génie, beau talent, artiste honorable ou aimable, tout éloge juste et mérité sera retourné contre vous.

1376. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Je crois que M. de Feuquières pourra bien jouer des siennes et faire valoir des sentiments fondés sur des raisons bonnes pour ceux qui ne voient pas les choses… » Je ne me fais pas juge entre Catinat et Feuquières, ce serait une grande impertinence ; je ne me fais point le défenseur de Feuquières, ce n’est point mon rôle, et il y aurait à ceci de l’impertinence encore et, qui plus est, de l’injustice ; mais enfin, pour voir le double côté de la question, pour l’envisager à sa juste hauteur et la dégager autant que possible des personnalités dont elle est restée masquée jusqu’à ce jour, qu’on veuille supposer un instant ceci : il y a dans l’armée de Catinat un militaire, incomplet dans la pratique, mais d’un génie élevé, qui a, dès 1690, l’instinct et le pressentiment des grandes opérations possibles sur cet admirable échiquier de la haute Italie ; ce militaire, à tout moment, conçoit ce qu’on pourrait faire et ce qu’on ne fait pas ; il blâme, il critique, il raille même, il hausse les épaules, il est ce qu’on appelle un coucheur, et ce qu’on appelait alors être incompatible : tel était Feuquières, qui à des vues supérieures joignait, il faut en convenir, une malignité particulière. […] Les mesures ont été prises juste pour se défaire de la cavalerie que l’on ne pouvait plus faire subsister, et soutenir notre frontière avec l’infanterie.

1377. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il y faut tant de préparation en effet, que je me dis quelquefois qu’au milieu de cette vie pressée, affairée, bourrée de travaux et d’études, où chacun en a assez de sa veine à suivre et de sa pointe à pousser, ceux même qui sont du même métier et du même bord n’auront pas toujours le temps, l’espace, la liberté et l’élasticité d’impressions nécessaires pour être justes envers leurs devanciers. […] Manuel, cultivées, attendries tout exprès et juste à point pour rester à ce degré sensibles aux qualités non voyantes, non perçantes, non fulgurantes, à ce qui effleure et à ce qui n’enfonce pas ?

1378. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Je pardonne même, sinon à ceux qui ont pu contribuer à sa démarche, à ceux du moins qui sont tentés d’y applaudir, parce que je suis persuadé qu’elle produira dans le public un effet tout contraire à celui qu’on en attend… » C’était dix fois juste. […] Malouet. » Un capitaine de vaisseau, qui était son aide de camp, arriva une heure avant lui et vint me prévenir que je trouverais le ministre fort irrité. — « Fort bien, lui dis-je, monsieur, il se calmera ; je suis fort aise qu’il vienne voir par lui-même ce que nous avons fait. — Effectivement, ma première entrevue à son auberge fut très froide : il ne me parla de rien, ni moi non plus, il était huit heures du soir : il me donna rendez-vous pour le lendemain matin à sept heures ; il y arriva à cinq, je le laissai tout visiter sans paraître avant l’heure convenue ; j’allai le trouver à sept heures juste : il avait fait sa tournée.

1379. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Les vieux généraux de la guerre de Sept Ans, exhumés après tant d’années et pris pour guides, se trouvèrent à court ; ils n’avaient rien appris depuis : « l’âge avait glacé chez eux les qualités qui leur avaient valu du renom, et ne leur avait pas donné le génie, car le génie n’est jamais le fruit de l’âge ni de l’expérience. » Les jeunes, « le prince de Hohenlohe, et Massenbach, son bras droit, avaient tout juste assez d’esprit et de science pour prendre de la guerre ce qu’il y avait de plus faux. » Les manœuvres leur cachaient les vrais mouvements. […] Toutefois la familiarité aurait eu de plus graves inconvénients, et, au défaut de la juste mesure, toujours difficile à observer, peut-être a-t-il pris le meilleur parti.

1380. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Ce champ, en un mot, a été de tout temps infesté par des bandes ; mais jamais il ne lui arriva d’être envahi, exploité, réclamé à titre de juste possession, par une bande si nombreuse, si disparate, et presque organisée comme nous le voyons aujourd’hui, et avec cette seule devise inscrite au drapeau : Vivre en écrivant ! […] Voilà qui est savoir au juste la dignité et le prix de la pensée.

1381. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Parlons donc de ce volume que solennise d’abord au frontispice le nom de M. de Chateaubriand éditeur, parlons-en comme s’il était déjà public : trop heureux si nous hâtions ce moment et si nous provoquions une seconde édition accessible à la juste curiosité de tous lecteurs ! […] « Mais, pour plaire aux sages et pour avoir la perfection, il faut que l’unité ait pour limites celles de sa juste étendue, que ses limites viennent d’elle ; ils la veulent éminente pleine, semblable à un disque et non pas semblable à un point. » En songeant à ses erreurs, à ce qu’il croyait tel, il ne s’irritait pas ; sa bienveillance pour l’humanité n’avait pas souffert : « Philanthropie et repentir, c’est ma devise. » Trompé par une ressemblance de nom, nous avons d’abord cru et dit que, comme administrateur du département de la Seine, il contribua à la formation des Écoles centrales  ; nous avions sous les yeux un discours qu’un M. 

1382. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard établit très-bien, d’ailleurs, que Mlle de Wietinghoff, mariée à dix-huit ans au baron de Krüdner, qui avait juste vingt ans plus qu’elle, qui était veuf ou plutôt qui avait divorcé deux fois, s’efforça sérieusement de l’aimer et de trouver en lui le héros de roman qu’elle s’était de bonne heure créé dans ses rêves. […] Seulement, à voir les excès de dévouement et de charité auxquels s’épuisait de plus en plus en vieillissant cette femme fragile, il faudrait, pour être juste, conclure avec Montesquieu : « J’appelle la dévotion une maladie du cœur qui donne à l’âme une folie dont le caractère est le plus aimable de tous. » Le livre de M. 

1383. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Eclairé ainsi par ses propres sentiments, Villehardouin a touché juste. […] Il est de la même famille, il a le sens de la vie, et il rend d’un trait léger et juste, avec une grâce inoubliable.

1384. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Boileau a le sentiment très net et très juste du vers comme forme d’art. […] Il pose les lois de la versification, qui sera correcte d’abord, mais aussi harmonieuse, expressive ; il pose les lois du style, qui sera correct et clair, mais efficace et expressif, les lois de la composition qui sera juste et proportionnée : vers, langage, plan, ce sont trois moyens, qui doivent concourir à approcher l’objet naturel, sans le déformer, de l’esprit du lecteur.

1385. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il se fit le défenseur de toutes les causes justes, de tous les innocents que les institutions ou les hommes opprimaient. […] Une critique plus large, plus profonde, plus juste, qui comprend les religions en dissolvant les dogmes, qui admire la fonction, l’efficacité, la beauté des croyances auxquelles elle retire la réalité de leur objet, une critique non moins rationnelle, plus scientifique et plus savante, plus respectueuse et plus bienveillante précisément à cause de cela, a remplacé la critique voltairienne.

1386. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

S’ils sont d’une Société savante, ils ne sauront jamais au juste si c’est pour leurs livres ou pour leur nom. […] I Pourquoi ces réflexions, dont les unes sont peut-être justes et les autres assurément excessives, m’ont-elles été suggérées par les deux nouveaux volumes qui viennent de paraître de l’Histoire des princes de Condé ?

1387. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

De quel autre nom caractériser tant de traits si justes et si enjoués, dont elles sont semées : sentiments délicats dans l’élégie ; aimable gaieté dans la chanson, flatteries nobles et ingénieuses dans les épîtres aux grands personnages ; railleries fines dans l’épigramme et la satire ? […] La langue, proportionnée aux idées, et toujours juste n’est ni forte, ni colorée ; et, comme langue poétique, elle ne diffère encore de la prose familière que par la rime et la mesure.

1388. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Bourget, l’on y sera quand même contraint, en constatant qu’il a très peu évolué depuis ses premières œuvres, lesquelles auraient tout l’air d’être des produits de sa maturité, n’était l’hésitation de facture que l’on y observe tout juste, qui les place à leur ordre. […] France ne se dégageait que tout juste, et comme noyée dans l’arrière-plan où la relègue ce pouvoir d’être mieux que soi ou de le paraître, auquel le don d’objectiver, qui est dans la fibre même de l’écrivain, concède de magiques propriétés transpositives.

1389. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Un homme d’un autre parti dirait aussi bien d’un de ses chefs : « Tout était royal en lui. » On dirait d’un Bayard : « Tout était chevaleresque en lui. » Et ce ne serait ni plus faux ni plus juste. […] J’ai besoin de m’expliquer ici sur cette manière de se servir du nom et de l’idée d’autrui en s’en faisant un instrument continu et une arme ; c’est commode, mais ce n’est pas juste ni très bienséant : « Je vais dire ce que vous n’avez pas eu le courage de dire.

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