» Tel était le Condorcet heureux, florissant, illustre, généralement honoré et aimé dans la société, avant 89.
Parlant de la première, de la Cananée, elle s’écrie : « Regardez-moi quelquefois en m’approchant de vous comme cette humble étrangère, j’entends, Seigneur, comme une pauvre chienne, qui s’estime trop heureuse de ramasser les miettes qui tombent de la table où vous festinez vos élus. » L’expression est franche jusqu’à la crudité, mais elle est sincère, et, en reproduisant le texte de Mme de La Vallière, il ne fallait pas la supprimer, surtout quand on assure qu’on ne s’est pas permis d’y changer un seul mot 43.
Il termine par ce mouvement direct plein d’effet et d’une vigueur poignante, s’adressant à un vieillard : Mon père parle souvent d’un Dieu rémunérateur, et vous y croyez sans doute ; vous avancez dans une heureuse vieillesse, et mon père y touche.
il ne manque qu’une seule chose à ces conseils, pour que l’admiration soit heureuse et tout à fait à l’aise en les recueillant de la bouche de l’homme d’État et de l’homme de génie : c’est d’avoir été donnés gratuitement.
J’avais beaucoup d’intrigues dans la ville… Nul plus que lui ne contribua alors à insinuer parmi les bourgeois des idées de paix, à les donner au prince de Conti, à le détacher des entreprises aventureuses où les autres personnages du parti le voulaient rengager, et à conclure ce traité dont Gourville, qui survenait toujours à propos, fut aussi l’un des négociateurs et l’heureux messager.
C’est vous-même qui empoisonnez une vie si bien faite d’ailleurs pour être heureuse.
Des circonstances heureuses avaient habitué ma jeunesse à l’étude ; j’avais pris le goût, la passion même de l’instruction ; mon fonds me parut un moyen nouveau de satisfaire ce goût, et d’ouvrir une plus grande carrière à mon éducation.
Les auteurs sont d’autant plus heureux de se rendre à ce vœu du public, que le public appréciera plus nettement ainsi ce que coûte de recherches la petite histoire.
L’imitation est la souillure inévitable et terrible qui guette les livres trop heureux : ce qui était original et frais semble une collection ridicule d’oiseaux empaillés ; les images nouvelles sont devenues des clichés.
pourquoi Louis XV heureux ?
Et le voilà heureux, ce misérable.
Les anciens se la représentaient comme une divinité jalouse, qui élevait ou abaissait, rendait heureux ou malheureux, par pur caprice, ses victimes ou ses favoris.
Or c’est dire beaucoup à la loüange des regles de la poësie latine, que de soutenir qu’elles font la moitié et plus de l’ouvrage, et que l’oreille du poëte n’y est chargée que d’un soin ; c’est à sçavoir du soin de rendre les vers mélodieux par un heureux mélange du son des syllabes dont ils sont composez.
Mais, heureux jusqu’au bout, il ne soupçonne même pas l’existence de cet infiniment petit que j’appellerai L’USURPATEUR L’Usurpateur — Jules Minoret dans la vie privée — est un petit jeune homme effilé, aux allures doucereuses et félines.
Peut-être à votre vue elle a baissé la tête, Car, bien pauvre qu’elle est, sa naissance est honnête ; Elle eût pu, comme une autre, en de plus heureux jours, S’épanouir au monde et fleurir aux amours, etc.
Tel est le résumé succinct des objections, auxquelles je suis heureux de répondre, parce qu’elles me fournissent l’occasion de préciser ma pensée.
par quelle entente heureuse entre le sentiment du divin et la nécessité d’honorer la vie, dans sa souveraineté et sa fécondité ?
Bouilhet, pour sa part, lui répétait que cent vers, s’ils sont irréprochables, suffisent à la réputation d’un artiste ; il lui faisait comprendre que le travail continuel et la connaissance profonde du métier peuvent, dans un jour d’heureuse rencontre, amener cette éclosion de l’œuvre courte, unique, et aussi parfaite que nous la pouvons produire. […] Il ira, cœur brisé, loin de ceux qui peuvent vivre calmes dans l’infamie, heureux par le bien-être acheté honteusement. […] Il a, suivant l’heureuse expression de M. […] Ils ont la haute approbation du cardinal-archevêque de Paris, qui est heureux de témoigner, en les protégeant, de son amour pour les humbles et de son désir de faire pénétrer la parole sacrée jusqu’au peuple. […] Ils savent, suivant l’heureuse expression de M. l’abbé Klein, quel est l’attachement des gens de chez nous pour la tactique qui les a depuis longtemps conduits à toutes les défaites.
Les deux armées s’arrêtent immobiles et heureuses de cette trêve. […] Achille reste inflexible ; il ne craint pas même d’avouer un lâche amour de la vie que les modernes éprouvent, mais qu’ils n’avouent pas ; il veut, dit-il, se retirer dans l’heureuse Phthie, royaume de son père, et s’y marier.
Il ne se fit pas uniquement catholique pour orner et sauver son âme, mais pour servir le plus d’âmes possible, propager le bienfait qu’il avait reçu, et leur donner la foi qui seule assure à tous la vie heureuse ou supportable, même en ce monde-ci, en inspirant la bonté aux puissants autant que la patience aux déshérités. […] Certaines inquiétudes morales de ce temps lui sembleraient d’un heureux augure : il les jugerait semées dans les esprits par une suprême « prévenance » de la bonté divine.
Je savais bien qu’elle était condamnée ; mais l’avoir vue jeudi, si vivante encore, presque heureuse, gaie… Et nous voilà tous les deux marchant dans le salon avec cette pensée que fait la mort des personnes : Nous ne la reverrons plus ! […] En passant, la basque de la redingote de l’heureux père frôle et balaye la feuille de papier, où l’on inscrit la morte.
Tourguéneff nous interrompt, en disant avec l’originalité de sa pensée et le doux gazouillement de sa parole : « La comparaison n’est pas noble, mais permettez-moi, messieurs, de comparer Taine à un chien de chasse que j’ai eu : il quêtait, il arrêtait, il faisait tout le manège d’un chien de chasse d’une manière merveilleuse, seulement, il n’avait pas de nez, j’ai été obligé de le vendre. » Zola est tout heureux, tout épanoui de l’excellente cuisine, et comme je lui dis : « Zola, seriez-vous, par hasard, gourmand ? […] Dimanche 6 juin Aujourd’hui j’étais tranquille et presque heureux chez moi, comptant dîner tout seul, et un peu paperasser le soir.
Samedi 15 juillet Ce soir, Léon lit la mort de Socrate dans le Phédon : ça fait très fort penser à Jésus-Christ, au Jardin des Oliviers… Dimanche 16 juillet La satisfaction intérieure, la plénitude heureuse de la reprise du travail, de la dramatisation du commencement de La Faustin. […] Et au milieu de ces sentiments, comme un monument s’élevant dans leur cœur, fait d’un tas d’illusions de leur passé, — de leur passé à distance, — en sorte que des femmes, qui ont été peu heureuses dans leur ménage, se figurent avoir aimé leur tyran, et en chantent l’éloge.
Cette philosophie qui fait de tout esprit sain et de bonne volonté un philosophe, Bossuet la définit admirablement dans ce passage de sa lettre au pape Innocent XI sur l’éducation du dauphin : « Ici, dit-il, pour devenir parfait philosophe, l’homme n’a pas besoin d’étudier autre chose que lui-même ; et sans feuilleter tant de livres, sans faire laborieusement des recueils de ce qu’ont dit les philosophes, ni aller chercher bien loin des expériences, en remarquant seulement ce qui se trouve en lui, il reconnaît par là l’auteur de son être. » Et il est fort heureux qu’il en soit ainsi. […] Tout s’explique et tout se lie dans cette science de nous-mêmes, où le maître nous prend à témoin de tout ce qu’il constate en nous ; science élémentaire, naïve, qui s’en tient à ce que nous pouvons vérifier ; si différente de cette métaphysique où l’imagination se substitue à la conscience et le rêve à la réalité, dans ces spéculations téméraires que les Latins appelaient du mot fort heureux de placita philosophorum, voulant dire par là les opinions et disant les fantaisies. […] Il trouve excellents les vers de Boileau sur le pur amour : C’est ainsi quelquefois qu’un indolent mystique, Au milieu de péchés tranquille fanatique, Du plus parfait amour pense avoir l’heureux don, Et croit posséder Dieu dans les bras du démon146 .
Sur cette heureuse illusion repose une bonne partie de la vie sociale. […] Ce qui encourage d’ailleurs l’illusion, c’est que, par une heureuse rencontre, la première partie du raisonnement se trouve être d’accord avec les faits : les vertus domestiques sont bien liées aux vertus civiques, pour la raison très simple que famille et société, confondues à l’origine, sont restées en étroite connexion. […] Ce n’est pas pour les pauvres, c’est pour lui que le riche doit faire abandon de sa richesse : heureux le pauvre « en esprit » !
La ruine de son indépendance consommée, elle ne songe pas un seul instant, — comme on avait pu s’y attendre — à se recueillir pour d’ultérieures revanches : elle sourit à son vainqueur et se témoigne heureuse. Heureuse avant tout d’avoir vu clore par la main de César l’ère des luttes contre les terribles voisins du Nord et de savoir écartée la crainte de l’envahissement par les bandes d’outre-Rhin, semeuses d’épouvante, elle s’apprête à jouir délicieusement de la pax romana, de cette protection toute-puissante que Rome assurait aux peuples conquis en échange d’une totale soumission. […] Il faut bien penser que si, d’une part, une telle mesure créerait, parmi les fonctionnaires romains, un grand nombre de mécontents et même d’enragés, elle ferait en revanche beaucoup d’heureux parmi les ecclésiastiques nombreux auxquels pèse un métier entrepris à l’âge d’ignorance de soi-même et de docilité aux suggestions du milieu, et qui n’y demeurent attachés que par simple respect humain ou bien parce qu’ils y trouvent les nécessités matérielles de l’existence. […] C’est le destin qui sera notre vainqueur : le voisin heureux qui s’établira sur notre sol n’en sera que l’instrument. […] Tu es heureux de ne pas sentir dix fois chaque matin leur odeur d’ail ; car dès le point du jour ils viennent nous saluer, ces géants, comme si vraiment nous étions leur grand-père. » (NdA) 2.
Qu’il s’estime heureux, celui qui n’est pas mort d’une balle au front, obscurément, de 1914 à 1918, et qui peut encore manger la soupe baudelairienne, « au coin du feu, le soir, auprès d’une âme aimée ! » Qu’elle s’estime heureuse, celle qui n’a pas dû vendre son corps pour gagner son propre pain et qui a lit, canapé, mari, enfants, voire belle-mère, entourage de médisants et de calomniateurs ! […] Les artisans, en se groupant, constituaient les corporations, dont de nombreux travaux d’histoire politique et sociale, ceux notamment du marquis de la Tour du Pin, ont montré le rôle bienfaisant dans l’architecture nationale, et les heureux résultats quant à la paix intérieure et quant au perfectionnement professionnel. […] C’était un vigoureux célibataire, retiré de sa vigne, vendue à un voisin avec un sage bénéfice, observateur et critique né, comme il arrive fréquemment dans cette contrée, jadis heureuse et demeurée railleuse. Je dis « jadis heureuse », parce que la Touraine a été décimée par la dernière guerre et que la Cossandrie, en particulier, a perdu huit beaux gars sur dix, qui faisaient l’orgueil de leurs braves cultivateurs de parents.
Les nouvelles heureuses ou malheureuses de l’Égypte ne sont jamais venues le distraire du Code civil, ni le Code civil des combinaisons qu’exigeait le salut de l’Égypte.
Mérimée ces vers d’Orphise à Clitandre, dans la Coquette corrigée : Mon amitié pour vous ne saurait s’augmenter, Clitandre ; j’aime en vous cet heureux caractère, Qui vous rend agréable à la fois et sévère, Cet esprit dont le ton plaît à tous les états, Que la science éclaire et ne surcharge pas, Qui badine avec goût et raisonne avec grâce. » C’est flatteur et c’est vrai ; mais assurément personne autre n’eût jamais eu l’idée d’aller demander au poète Lanoue un portrait de Mérimée.
Si vous les avez, vous êtes bien heureux ; si vous ne les avez pas, vous le serez : elle est inimitable ; de rien elle fait quelque chose, et quelquefois de quelque chose rien ; mais c’est un rien que l’on aime mieux que tout.
Ces croquis rapides, ces pensées et ces notes primesautières ont une vie qui n’est pas toujours dans les grands ouvrages de Tocqueville, et y font une heureuse diversion.
. — « Il a publié quelques volumes sur les campagnes… Il a saisi quelques saines idées sur la guerre. » C’est fort heureux que, même dans le moment le plus irrité, le dédain n’aille point au-delà.
Au reste, comme nul sentiment profond n’est stérile en nous, il arrivait que cette poésie rentrée et sans issue était dans la vie comme un parfum secret qui se mêlait aux moindres actions, aux moindres paroles, y transpirait par une voie insensible, et leur communiquait une bonne odeur de mérite et de vertu : c’est le cas de Racine, c’est l’effet que nous cause aujourd’hui la lecture de ses lettres à son fils, déjà homme et lancé dans le monde, lettres simples et paternelles, écrites au coin du feu, à côté de la mère, au milieu des six autres enfants, empreintes à chaque ligne d’une tendresse grave et d’une douceur austère, et où les réprimandes sur le style, les conseils d’éviter les répétitions de mots et les locutions de la Gazette de Hollande, se mêlent naïvement aux préceptes de conduite et aux avertissements chrétiens : « Vous avez eu quelque raison d’attribuer l’heureux succès de votre voyage, par un si mauvais temps, aux prières qu’on a faites pour vous.
d’Aumont ne restait pas court aux expressions de douleur et de regret de M. de Bouillon ; il enchérissait encore en assurance de dévouement, et, à l’offre que faisait l’autre de ses chers bras, il marquait peu d’étonnement, et disait, avec un verbiage emphatique et que j’aurais peine à rendre, que si au lieu d’une vie il en avait quatre, il les perdrait pour racheter celle du roi avec une satisfaction et un bonheur inimaginables, quoiqu’il priât d’observer qu’il était fort heureux dans ce monde.
Et d’ailleurs on n’a pas eu la main heureuse : ce livre de lui, enveloppé et incriminé dans la liste, les Confessions d’un Révolutionnaire sont, de l’aveu même des adversaires, son meilleur livre, son plus beau.