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818. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

L’état militaire, quoique si brillant sous la reine Anne, était tombé dans un discrédit dont la guerre actuelle l’a relevé. […] Les attributions du pouvoir, l’état de paix et de guerre, le code des lois sont examinés par l’auteur. […] Enfin, Mallebranche qui voyait tout en Dieu, et qui passa sa vie à faire la guerre à l’imagination, en était lui-même un prodige ; Sénèque, au milieu de ses trésors, écrivait sur le mépris des richesses. […] La Rochefoucauld avait fait la guerre aux rois. […] Les révolutions, les guerres et le temps n’ont pu détruire entièrement les monuments qui ornent cette belle contrée, et les arts de quatre peuples différents qui l’ont tour à tour embellie.

819. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Vous vous répondrez : C’est celui qui a réuni la plus grande multitude d’hommes sous les mêmes lois et sous la même administration, qui les a fait multiplier davantage en nombre, en agriculture, en arts, en industrie, qui a émoussé le plus chez eux l’instinct sauvage et brutal de la guerre, et qui enfin a fait subsister le plus longtemps en société et en nation un peuple de quatre cent millions de sujets et de quarante siècles ! […] VIII Eh bien, il y a eu et il y a encore les vestiges d’un gouvernement humain qui accomplit toutes les conditions que nous venons d’énumérer ici : un gouvernement qui régit un cinquième de l’espèce humaine dans un ordre, dans un travail, dans une activité et en même temps dans un silence à peine interrompu par le bruit des innombrables métiers, industries, arts qui nourrissent l’empire ; un gouvernement qui méprise trop pour sa sûreté les arts de la guerre, parce que en soi la guerre lui paraît être le plus grand malheur de l’humanité ; un gouvernement qui a été conquis à cause de ce mépris des armes, mais qui s’est à peine aperçu de la conquête, et qui, par la supériorité de ses lois, a subjugué et assimilé à lui-même ses conquérants. […] L’autorité elle-même des gouvernements et l’ordre des sociétés périssent dans ces guerres civiles.

820. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

« Cependant s’était allumée entre la France et l’empereur cette guerre funeste, qui finit par devenir générale. […] Nous avions pris la route de Calais, parce que la guerre n’ayant point encore éclaté entre la France et les Anglais, nous pensâmes qu’il serait plus facile de passer en Angleterre qu’en Flandre, où la guerre se poussait vivement. […] Le mois d’octobre arriva, et le 15, voici qu’au moment où on s’y attendait le moins, pendant la trêve conclue avec l’empereur, les Français se jettent de nouveau sur la Toscane qu’ils savaient occupée au nom du grand-duc, avec lequel ils n’étaient point en guerre.

821. (1894) Textes critiques

Rousseau : la Guerre sur l’horizontalité hérissé de son cheval effrayé par dessus les cadavres translucides d’axolotls ; le portrait de l’Homme aux yeux chinois avec son petit toupet ; — un Cross ; — l’Annonciation, les Pèlerins, la Princesse. […] Rousseau, surtout la Guerre (Elle passe effrayante…). […] Stuck a emprunté l’idée de son tableau La Guerre à Arnold Bœcklin dans l’ Aventurier. […] Et comme le chiffre de celle-là est au-delà de la femme qui aime sensuellement, laquelle est nommée du nombre de toutes les autres, son amour surhumain va à Dieu sous la forme d’homme, qui descendit de cœlis ; et Don Juan, qui, par les agitations de guerre de la ville, ne daigne les grands coups que sous l’étendard des courtines, elle l’a vu mettre en fuite, comme Dieu vainqueur de la mort, divers malandrins, sous les yeux et pour leur complaire, de Mille-et-trois.

822. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Cette race, dans la politique, dans le commerce, dans la guerre, avait des facultés innées qui éclataient souvent en individualités colossales. […] Les deux hommes modernes qui ont remué le plus d’idées par l’éloquence et le plus d’hommes par la guerre, Mirabeau et Napoléon, sont des Toscans transportés sur la scène de la France. […] Mais sa grande inspiration ne soufflait pas encore en lui quand il écrivait ces sonnets et ces œuvres en prose ; elle ne souffla que dans l’exil, quand les événements, la guerre, la diplomatie, la politique et les passions civiles eurent fait silence, le soir, dans son âme. […] Le ciel païen, les héros fabuleux, l’Olympe, la terre, la mer, la guerre, les naissances et les chutes d’empires, la nature physique et la nature morale avaient été décrites et chantées par les poètes prédécesseurs de l’époque chrétienne.

823. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

C’est Frank qui parle : Fatigué de la route et du bruit de la guerre, Ce matin de mon camp je me suis écarté : J’avais soif ; mon cheval marchait dans la poussière ; Et sur le bord d’un puits je me suis arrêté. […] Puisque l’oiseau des bois voltige et chante encore Sur la branche où ses œufs sont brisés dans le nid ; Puisque la fleur des champs entr’ouverte à l’aurore, Voyant sur la pelouse une autre fleur éclore, S’incline sans murmure et tombe avec la nuit ; Puisque au fond des forêts, sous les toits de verdure, On entend le bois mort craquer dans le sentier, Et puisque en traversant l’immortelle nature, L’homme n’a su trouver de science qui dure, Que de marcher toujours, et toujours oublier ; Puisque, jusqu’aux rochers, tout se change en poussière ; Puisque tout meurt ce soir pour revivre demain ; Puisque c’est un engrais que le meurtre et la guerre ; Puisque sur une tombe on voit sortir de terre Le brin d’herbe sacré qui nous donne le pain ; Ô muse ! […] Voici en quelle occasion : XVI C’était en 1840, au moment où la politique agitatrice et guerroyante du ministère français, qu’on appelait le ministère de la coalition, menaçait, sans vouloir frapper, tous les peuples de l’Europe, pour soutenir, sans aucun intérêt pour la France, un pacha d’Égypte, révolté contre son souverain, le plus étrange caprice de guerre universelle sur lequel on ait jamais soufflé pour incendier l’Europe. […] Je combattais alors de toutes mes forces à la tribune la coalition soi-disant parlementaire, et la guerre universelle pour la cause d’un pacha parvenu.

824. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Tant que Henri IV avait été hors de Paris, faisant la guerre pour reconquérir son royaume, ses amours avec Gabrielle n’avaient pas été affaire d’État : c’était tout si les fidèles serviteurs et compagnons du roi pouvaient se plaindre qu’il prolongeât trop volontiers les expéditions et sièges aux environs des lieux où était sa maîtresse. […] Henri IV, se retournant vers la marquise qui pleurait, lui dit : « Ma maîtresse, il faut quitter nos armes et monter à cheval pour faire une autre guerre. » Et il partit pour réparer cet échec à force de diligence et de courage.

825. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

On y voit que le prince de Conti avait écrit de sa main les derniers entretiens qu’il avait eus avec le Grand Condé à Chantilly sur la guerre et les autres sujets. […] — En définitive, de même qu’à la guerre Conti ne fut que le premier élève de son oncle immortel, Massillon dans l’oraison funèbre n’est que le brillant disciple de Bossuet et de ceux qui ont célébré les Condé et les Turenne.

826. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Je pourrais encore être heureux et à peu de frais : il ne s’agirait que de trouver quelqu’un qui voulût me prendre à la campagne ; je payerais ma pension après la guerre. […] — Qui ne se sentirait ému en lisant cette phrase jetée en passant  : Je payerais ma pension après la guerre !

827. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

La duchesse du Maine, qui, dans les premières années de son mariage, s’essayait dès Chantilly à ce long enfantillage de Sceaux, et qui avait pris pour nom de guerre un nom de nymphe de son invention, Salpetria, lutinait tout le jour. […] Les pièces de vers que Santeul composa pour glorifier les états de Bourgogne et leur zèle à fournir des subsides au roi durant la guerre, lui valurent de leur part une sorte de récompense nationale, c’est-à-dire un cadeau de plusieurs feuillettes de vin de Bourgogne.

828. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Après un exercice de six années, il acheta un office d’argentier du roi, puis fut trésorier de l’extraordinaire des guerres, puis trésorier des parties casuelles : il avait parfois des traverses ; les gens de finance étaient sujets alors à suspicion et à des accusations fréquentes, trop souvent justifiées ; il en rencontra sur sa route et en triompha par son bonheur et par sa probité. […] Enfin, il avisa, pour se divertir, d’aller voir les dames veuves de son temps et de sa connaissance, et tâcha à passer son temps doucement ; et, pour ce que le malheur des guerres lui ôtait la liberté de sortir la ville et s’aller promener à Ormesson, il loua un petit jardin, proche sa maison, où il s’allait promener souvent.

829. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

La guerre s’engagea. […] Son rare bon sens fut de comprendre nettement que, dès cette heure, son rôle de guerre était fini, que « Charles X et la Chanson étaient détrônés du même coup » ; sa probité fut de désarmer tout de bon, et sa force, de tenir ferme dans cette neutralité honorable.

830. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

On me dira que je fais la guerre aux titres, mais je n’aime pas ce titre d’Épaves qui affiche le naufrage, Poëte, lors même que vous livrez au public votre cœur, vous ne le donnez qu’avec votre talent ; l’un ne peut se séparer de l’autre ; votre cœur peut être en lambeaux, votre talent (grâce à Dieu !) […] C’est la guerre ouverte et déclarée entre les gens positifs, formant le gros de la société, et le poëte ainsi conçu.

831. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Ainsi, au lendemain du premier signal d’opposition donné par Benjamin Constant au sein du Tribunat, pourquoi n’avoir pas indiqué, puisqu’elle a été publiée ailleurs43, la lettre inquiète, tumultueuse, adressée par Mme de Staël à Rœderer (9 janvier 1800), pour s’expliquer, pour se justifier, pour offrir encore la trêve et la paix, pour dire que ce n’est pas la guerre qu’on a entendu déclarer. […] Bonstetten, par exemple, un véritable homme d’esprit et un fin juge, disait de la critique impartiale qu’il trouvait à Coppet, et en particulier de celle dont il était redevable à Mme de Staël : « Elle est si libre de préjugés, si claire, que je vois mes tableaux dans son âme comme dans un miroir. » Il disait encore, dans une lettre à une poétique amie qu’il avait en Danemark : « Je vois Mme de Staël très souvent, et si je ne dîne chez elle qu’une fois par semaine, j’ai la guerre.

832. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

« Je crois vraiment que l’esprit qui anime nos soldats se communique aux poètes ; depuis huit jours la guerre est commencée, et la bataille d’Iéna a presque déjà terminé la campagne. » J’ai cité le passage, surtout à cause de ces derniers mots. On s’est étonné que le premier Empire, avec ses miracles dans la guerre et dans la paix, n’ait pas suscité sur l’heure ses poètes.

833. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Dans Cinna, acte I, scène iii, Cinna, racontant à Émilie comment il s’y est pris pour échauffer les conjurés et les animer contre le tyran, lui redit une partie de son discours et des sanglants griefs qu’il a étalés devant eux : d’abord le tableau des guerres civiles et de ces batailles impies, les horreurs du triumvirat et les listes de proscription, les plus grands personnages de Rome immolés ; puis il a ajouté : « ……… Toutes ces cruautés, La perte de nos biens et de nos libertés, Le ravage des champs, le pillage des villes, Et les proscriptions, et les guerres civiles Sont les degrés sanglants dont Auguste a fait choix Pour monter dans le trône et nous donner des lois. » Je vous le demande, suffira-t-il de rétablir « dans le trône », au lieu de « sur le trône », sans dire le pourquoi ?

834. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Avec de tels hommes, pas plus avec celui qui rendait ses oracles d’un ton chagrin, négatif et répulsif, qu’avec celui qui nous lançait à la tête ses anathèmes à l’état de singularités et de boutades, il n’y avait moyen de s’entendre ; la guerre continuait ; les passions s’entretenaient par contraste et se réchauffaient : c’était une contre-révolution de toutes pièces qu’eux et leurs amis nous proposaient, ce n’était pas une réforme véritable. […] Il s’agit de renoncer à quelques-unes des idées qui, mises en avant dans la lutte, n’étaient que des armes de guerre.

835. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Les combats de gladiateurs avaient pour objet d’intéresser fortement le peuple romain par l’image de la guerre et le spectacle de la mort ; mais dans ces jeux sanglants, les Romains exigeaient encore que les esclaves sacrifiés à leurs barbares plaisirs, sussent triompher de la douleur, et n’en laissassent échapper aucun témoignage. […] C’est fort tard que les Romains se sont occupés de la littérature des Grecs ; et lorsque la fin des guerres puniques eut rendu le repos à la république.

836. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

De là cette curieuse conséquence : pour nombre d’esprits, Renan a rendu la foi impossible, et il a rendu impossible aussi la guerre à la foi. […] Sorel, né en 1842 à Honfleur : Histoire diplomatique de la guerre franco-allemande, 2 vol. in-8, 1875.

837. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Comptez ce que la France a subi, coup sur coup, depuis moins d’un siècle, de révolutions intestines, de guerres étrangères, d’invasions. […] » et la foule applaudit, mais en sortant de ces réunions, elle acclame, sur son cheval blanc, le nouveau ministre de la Guerre qui passe, le général Boulanger, et le jour où elle croit voir un drapeau allemand à l’une des fenêtres de l’hôtel Continental, elle s’indigne, crie au scandale, et veut mettre l’hôtel à sac.

838. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Aux Perrins, aux Coras, est ouverte à toute heure : Là du faux bel esprit se tiennent les bureaux, Là tous les vers sont bons pourvu qu’ils soient nouveaux ; Au mauvais goût public, la belle y fait la guerre, Plaint Pradon opprimé des sifflets du parterre ; Rit des vains amateurs du grec et du latin, Dans la balance met Aristote et Cottin ; Puis, d’une main encor plus fine et plus habile, Pèse sans passion Chapelain et Virgile, Remarque en ce dernier beaucoup de pauvretés ; Mais pourtant confessant qu’il a quelques beautés, Ne trouve en Chapelain, quoi qu’ait dit la satire, Autre défaut, sinon qu’on ne le saurait lire, Et pour faire goûter son livre à l’univers, Croit qu’il faudrait en prose y mettre tous les vers. […] Pourquoi auraient-ils été en guerre ?

839. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Pour une des premières lectures il choisit quelques extraits des Mémoires de Mme de La Rochejaquelein, croyant qu’il était bon, pour dégoûter des guerres civiles, de montrer, dans un exemple à distance, les calamités affreuses où elles conduisent. […] …” Cet enfant, le jour de la ruine de sa patrie, écrivit ces vers sous les yeux du vainqueur, et le fier Romain ne put retenir une larme. » On leur dirait : « Les Grecs aimaient tant la poésie, qu’elle adoucissait même les guerres, chez eux si cruelles.

840. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Né en 1602, il n’avait que vingt-neuf ans quand il donnait la mesure de sa capacité, de sa hardiesse et de son bonheur dans la guerre d’Italie. […] Nourri dès l’enfance dans l’idéal des conjurations et des guerres civiles, il n’était pas fâché de s’essayer à les réaliser pour avoir ensuite à les raconter comme Salluste, et à les écrire.

841. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Pour que rien ne manquât aux agréments de la guerre, ce théâtre était dirigé alors par M.  […] Pensez à cette querelle soudaine des Deux Gendres et de Conaxa, à cette grande sédition littéraire qui s’en prend sous une forme futile au protégé des ducs de Bassano et de Rovigo, et qui marque par une guerre digne du Lutrin la dernière saison paisible et brillante de l’immortelle époque : l’hiver qui suivit, au lieu des bulletins de Conaxa, on avait ceux de la Grande Armée et de la retraite de Moscou.

842. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Regnard, qui les connaissait mieux que lui, riposta par une Satire contre les maris ; pour mieux défendre le beau sexe, il porta la guerre chez le sexe opposé. […] C’est là que, durant les années désastreuses de Louis XIV, dans ce temps même où Mme de Maintenon disait qu’elle aimerait mieux vivre dans une cave avec la paix, qu’à Trianon par cette horrible calamité de la guerre générale1, Regnard avait établi son riant séjour et fondé son abbaye, qui n’est autre que celle de Thélème.

843. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Lui qui n’est guère porté à abuser des paroles ni à les exagérer, il va sur ce sujet jusqu’à dire : Quand cet article (de continuer de faire la guerre conjointement avec la France, et de ne point faire de paix séparée) n’existerait point dans le traité, un honnête Américain se couperait la main droite plutôt que de signer un arrangement avec l’Angleterre, qui fût contraire à l’esprit d’un tel article. […] Plus d’une fois il s’élève ; le sentiment de la réalité et la vivacité de son affection humaine lui suggèrent une sorte de poésie : Je dois bientôt quitter celle scène, écrivait-il à Washington (5 mars 1780) ; mais vous pouvez vivre assez pour voir notre pays fleurir, comme il ne manquera pas de le faire d’une manière étonnante et rapide lorsqu’une fois la guerre sera finie : semblable à un champ de jeune blé de Turquie qu’un beau temps trop prolongé et trop de soleil avaient desséché et décoloré, et qui dans ce faible état, assailli d’un ouragan tout chargé de pluie, de grêle et de tonnerre, semblait menacé d’une entière destruction ; cependant, l’orage venant à passer, il recouvre sa fraîche verdure, se relève avec une vigueur nouvelle, et réjouit les yeux, non seulement de son possesseur, mais de tout voyageur qui le regarde en passant.

844. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Délivré de son isolement en s’alliant à celui-ci, il put oser entreprendre une guerre monstrueuse contre les oeuvres d’art d’Eschyle, de Sophocle, et cela non par des ouvrages de polémique, mais par ses œuvres de poète dramatique opposant sa conception de la tragédie à celle de la tradition. » Voilà donc le poète conscient, le poète qui comprend, le poète qui analyse, le poète qui est mêlé d’un critique et qui fera exactement ce qu’il aura voulu faire. […] Mais si l’on a comme le choix, si, avec des penchants, comme tous les hommes, à l’orgueil, à la taquinerie, à la dispute, au désir de se distinguer, à l’horreur d’être dupe, on en a aussi à l’admiration ou simplement au plaisir de goûter les belles choses, il vaut certainement mieux incliner de ce dernier côté et, si vous êtes ainsi partagé, je vous dirai : Considérez le « plaisir de la critique » comme le plus grand ennemi et le plus dangereux de la lecture et faites-lui bonne guerre.

845. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Mais l’Histoire de la Guerre de Trente ans de Schiller l’emporte sur Marie Stuart et Don Carlos ! […] Lui, Vigny, qui a rejeté, avec le dédain du penseur et l’orgueil du contemplateur des civilisations impossibles, cette noble casaque du soldat portée longtemps dans sa jeunesse, a voulu montrer une bonne fois les sacrifices du métier de la guerre et de l’obéissance passive, pour consoler ceux qui en souffrent.

846. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

) Vous ne bâtissez pas des églises pour le plaisir de faire des églises, vous ne faites pas de pèlerinage pour le plaisir de faire des pèlerinages ; vous cherchez à faire la guerre à l’esprit moderne. […] C’est bien plus la délivrance des cerveaux envahis par la pensée libre que la délivrance du territoire envahi par l’étranger, puisque la cause spirituelle, la libre pensée, a produit l’effet matériel, l’invasion, si j’en crois cette phrase de l’archevêque Guibert : « En punition d’une apostasie presque générale, la société a été livrée à toutes les horreurs de la guerre avec l’étranger victorieux. » C’est une pénitence nationale de l’irréligion, et il n’y a qu’à lire tous les documents pour se persuader que c’est bien là le sens qu’on a voulu donner au « Vœu ».

847. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Il devient spectateur d’une guerre ridicule, qui l’amuse fort. […] Si le Public, en gros, n’étoit pas méchant, les Auteurs vivroient sans se faire la guerre. […] Heureux les Gens de Lettres qui ne connoissent point cette déplorable guerre ! […] Démosthène enflamme sa République, & la précipite, malgré ses vrais intérêts, dans une guerre fatale. […] Elle enfante une guerre intestine qui a beaucoup de ressemblance avec la guerre Civile ; elle inspire aux uns une haîne d’autant plus active, qu’elle est cachée, & aux autres un orgueil intolérable qui devient cruel.

848. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Si l’on regle la table des généraux pendant la guerre, & pourquoi ne mettroit on pas des bornes à la profusion des traitans, qui ne connoissent point de modération lorsqu’il s’agit de donner des repas ? […] Une guerre vient-elle à s’allumer, la tasse de café augmente d’un sol ; la guerre vient-elle à finir, le café reste au même prix. […] Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’aujourd’hui la Suisse n’est plus une clef pour entrer en Italie, & qu’on n’a pas besoin de ménager les habitans des cantons pour faire la guerre comme on voudra. […] Je m’apperçus que la plupart des promeneurs discouroient sur le même sujet, soit qu’ils nous eussent entendu, soit que quelque gazette eût parlé de la guerre qui se prépare…. […] C’est maintenant la mode, comme si le métier de la guerre pouvoit s’allier avec une semblable parure.

849. (1923) Nouvelles études et autres figures

En 1553, les Jésuites ouvrent le collège de Billom ; en 1559, celui de Pamiers ; en 1561, celui de Rodez ; mais ces deux derniers, à peine lancés, s’abîmèrent dans la houle furieuse des guerres de religion. […] En un temps où toutes les disciplines s’étaient relâchées, où les guerres civiles avaient démoralisé la nation, où le fédéralisme triomphait à l’Université, le Collège de Clermont donna l’exemple de la plus ferme armature. […] Toute notre littérature de 1870 à 1900 est sortie de la guerre, en ce sens que la guerre a précipité les évolutions commencées, assombri les imaginations, propagé l’esprit de révolte. […] Il accusait la Russie d’avoir voulu la guerre et il accusait… la France de n’avoir pas su l’empêcher. […] La guerre le surprend inspecteur général : il demande à partir ; on l’envoie au Grand-Quartier anglais assurer les liaisons télégraphiques de l’armée anglaise avec le réseau français.

850. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

La guerre de 1870 éclata. […] Donc Louise partage son temps entre ses chers poètes et son fiancé, lorsqu’éclate la guerre de 1870. […] J’avoue que toutes les lamentations sur la guerre, qui emplissent la première moitié du volume, m’ont laissé froid. […] Or il ne fut point colonel, il n’eut aucun grade dans l’armée, il ne figure pas aux contrôles de la guerre. […] Il part en guerre.

851. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Sûr de sa présence d’esprit, fort de sa merveilleuse sagacité, il s’abandonnait volontiers au cours des choses, et comptait, ainsi qu’à la guerre, sur les saillies du moment.

852. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Nous voudrions encore, dussions-nous sembler bien exigeant, que le tailleur Homespun parlât un peu moins de ses cinq longues et sanglantes guerres, et que l’excellent Richard Fid farcît un peu moins sa conversation d’expressions nautiques ; l’auteur, en voulant être vrai, a renchéri sur la nature : les marins, les tailleurs et les gens de métier parlent aussi comme les autres hommes.

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