Je le crois bien ; sans sortir de ce même volume de correspondance, on lit à la date du 29 janvier 1824 : « Les hommes sans âme sont toujours faibles, quel que soit leur esprit ou leur génie.
Faugère en son Introduction, nous croyons avoir surmonté ces difficultés autant qu’il était possible de le faire ; du moins nous y avons travaillé, non-seulement avec patience, c’eût été trop peu pour une pareille tâche, mais avec l’infatigable passion qu’inspire aisément la mémoire d’un écrivain en qui se rencontrent dans une merveilleuse alliance la beauté de l’âme et la grandeur du génie. » Connu déjà par l’Éloge de Gerson et par celui de Pascal que l’Académie française avait tous deux couronnés, M.
Il semble que cette inspiration d’un amour sans bonheur, la douleur passionnée, ait fait aussi le premier génie de Mme Valmore.
Tous les deux nés aux bords de Loire, fils du même pays, génies populaires, vulgaires et forts, il y a entre eux la différence des temps : mais c’est au fond la même œuvre, à laquelle ils ont travaillé, presque par les mêmes moyens.
Fortunat Strowski (Tableau de la littérature française au xixe siècle) a précisément cité ce curieux passage de Sainte-Beuve : « Loin de nous de penser que le devoir et l’office de la critique consistent uniquement à venir après les grands artistes, à suivre leurs traces lumineuses, à recueillir, à ranger, à inventorier leur héritage, à orner leur monument de tout ce qui peut le faire valoir et l’éclairer… ; il en est une autre plus alerte, plus mêlée au bruit du jour et à la question vivante, elle doit nommer ses héros, ses poètes ; elle doit s’attacher à eux de préférence, les entourer de son amour et de ses conseils, leur jeter hardiment les mots de gloire et de génie dont les assistants se scandalisent, faire honte à la médiocrité qui les coudoie, crier place autour d’eux, etc… »
Quand l’humanité se conduisait instinctivement, on pouvait se fier au génie divin qui la dirige ; mais on frémit en pensant aux redoutables alternatives qu’elle porte dans ses mains, depuis qu’elle est arrivée à l’âge de la conscience, et aux incalculables conséquences que pourrait avoir désormais une bévue, un caprice.
Ainsi envisagé, sous ses diverses faces, le xviiie siècle apparaît semblable à la petite statue que le philosophe Babouc présenta au génie Ituriel, pour lui faire entendre ce qu’il pensait de la ville de Persépolis : elle était composée « des terres et des pierres les plus précieuses et les plus viles. » Si l’on représentait par un de ces graphiques, qui sont aujourd’hui d’usage courant, les différentes vertus et le niveau moyen que le xviiie siècle a atteints dans chacune d’elles, c’est une ligne montant très haut et descendant très bas qu’on obtiendrait de la sorte.
Cela posé, monsieur, voyez quelle est ma situation, je peux imposer des gênes aux gens de lettres, contraindre leur génie, me plaindre des fautes qu’ils commettent, et je n’ai aucune grâce à leur procurer ; je peux leur nuire, et je ne peux jamais leur être utile.
Il avait le génie admirable, et particulièrement pour la guerre : le jour du combat, il était fort doux à ses amis, fier aux ennemis ; il avait une netteté d’esprit, une force de jugement et une facilité sans égale.
Voilà en quelles mains ce charmant génie (comme toute la France) était tombé, voilà à quels hommes il eut affaire.
Dans ces catacombes de l’état civil, rôde et furette, avec l’air du génie du lieu, flairant les actes, découvrant les vieilles naissances et les vieilles morts, comme on trouve les sources avec une espèce divination, un vieux bonhomme au teint gris sale, de la couleur de ces vieux livres, grand, fort, cassé et voûté : il ressemble à une figure du Temps, dans un ancien tableau.
Assise seule à l’écart, en le clair-obscur d’un boudoir, elle exhibe aux yeux des visiteuses dans un état intéressant, la toilette appropriée avec le plus de génie à la déformation de l’enfantement.
Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes ; et à cette occasion sur la latinité des modernes On entend tous les jours des gens de lettres se récrier sur l’harmonie de la langue grecque et de la langue latine, et sur la supériorité qu’elles ont à cet égard au-dessus des langues modernes, sans compter d’autres avantages encore plus grands, qui tiennent à la nature et au génie de ces langues.
D’énormes divergences défendent de les associer, pas si énormes cependant, que l’on ne puisse, en scrutant leur intime pensée, retrouver chez tous deux cette marque distinctive des génies héroïques : l’amour de la vie réelle et le désir de son épanouissement.
Ici, en tout cas, les matériaux de notre connaissance n’ont pas été créés, ou triturés et déformés, par je ne sais quel malin génie, qui aurait ensuite jeté dans un récipient artificiel, tel que notre conscience, une poussière psychologique. […] Qu’un homme de talent ou de génie surgisse, qu’il crée une oeuvre : la voilà réelle et par là même elle devient rétrospectivement ou rétroactivement possible. […] Elle aurait pour résultat de rétablir la continuité entre les intuitions que les diverses sciences positives ont obtenues de loin en loin au cours de leur histoire, et qu’elles n’ont obtenues qu’à coups de génie. […] Et c’est pourquoi nous venons saluer en lui, à côté du physiologiste de génie qui fut un des plus grands expérimentateurs de tous les temps, le philosophe qui aura été un des maîtres de la pensée contemporaine. […] Aristote, génie systématique entre tous, n’a point édifié un système.
On dépense autant de génie à ramper qu’à régner. « Aux qualités qu’on exige d’un domestique, combien peu de maîtres seraient dignes d’être valets ! […] Au fond, l’artiste est un philosophe, et le génie, dans le poëte comme dans le savant, n’a qu’un objet et qu’un emploi.
Un homme supérieur parut, Jeffrey Chaucer, inventeur quoique disciple, original quoique traducteur, et qui, par son génie, son éducation et sa vie, se trouva capable de connaître et de peindre tout un monde, mais surtout de contenter le monde chevaleresque et les cours somptueuses qui brillaient sur les sommets177. […] À quoi peut aboutir le talent, même le génie, quand de lui-même il se met dans de pareilles entraves ?
C’est horrible, cette égalité devant la mort brutale du canon ou du fusil, qui frappe le génie ou l’imbécillité, l’existence précieuse comme l’existence inutile. […] Au haut de la colonne, le Génie brandit son drapeau rouge ; à son pied des marchandes débitent des pommes de terre frites et du café au lait, au milieu d’un étal de vieille ferraille. […] Au-dessus des têtes, à tout moment, le beau bruit à la fois sonore et mat des boîtes à mitraille, en même temps que sur le bleu du ciel ensoleillé, l’éclosion, la formation, le grossissement lent de nuages, semblables à ces nuages de féerie, d’où sort un génie ou une fée, habillée de papier d’or, crachant aujourd’hui des morceaux de fonte. […] J’y trouve Pélagie, qui a eu la témérité de traverser toute la bataille, à la main un gros bouquet de roses de mon grand rosier gloire de Dijon ; aidée et protégée par les soldats, admirant cette femme s’avançant, sans peur, avec des fleurs, au milieu de la fusillade, et la faisant passer dans les environs de la Chapelle Expiatoire, par des cours percées par le génie.
Son souvenir inquiète, par l’incertaine appréhension que du génie se soit trouvé là, tourmenté, méconnu, gaspillé. […] Et, dès son arrivée, en effet, il semble qu’une admiration étonnée ait accueilli Rimbaud : poète de génie, promoteur de la poésie française, inventeur d’éblouissante nouveauté ! […] Les génies, selon l’étymologie du mot, sont ceux et seulement ceux qui ont révélé du nouveau. » Par suite, les conventions, les règles et les écoles sont condamnables. […] Il s’effraye de l’influence des littératures étrangères sur notre génie propre, — influence qui s’est développée chez nous sous la forme principalement du pessimisme. […] A cette fadeur, Verhaeren opposa toute la truculence de son génie… Certains tableaux des Flamandes sont d’une éclatante couleur.
Il apprécie donc Fauriel, sa conscience, son savoir, et même cette sorte de génie d’investigation et d’initiative que, lui, il était loin d’avoir au même degré ; puis il ajoute avec plus de finesse qu’on ne lui en croirait : « Son livre pourrait être meilleur que le mien, mais il a un défaut, c’est qu’il ne le fera pas ; il n’a jamais rien publié, et il est incapable d’amener rien à terme.
L’amitié austère et attendrie qu’elle inspira à cette stoïque nature est un des triomphes de son doux génie.
Le génie n’est point diminué par toutes les analogies qu’on pourra lui découvrir avec la folie, ni la grandeur morale parce qu’il n’est pas toujours facile de la distinguer de son contraire.
Et maintenant je ne demande plus au bon génie qui m’a tant de fois guidé, conseillé, consolé, qu’une mort douce et subite, pour l’heure qui m’est fixée, proche ou lointaine.
Le génie clair et précis de la France rougit pour un temps de sa clarté ; et dans la seule crainte de paraître superficiel et immoral, rejeta l’aide de la science et se mit à marmotter d’une manière pitoyable sur le Moi, l’œil interne, l’Infini, le Vrai, le Beau, le Bien » 237. — Le jugement est sévère, au moins dans la forme ; mais nous nous sommes borné à traduire.
Chopin était inconscient du jeu mécanique de ses muscles, et même du jeu de ces muscles intérieurs qui sont le raisonnement et le calcul ; était-il pour cela inconscient de ces joies ou de ces souffrances intérieures, de ces intuitions du génie où vient se concentrer tout un monde ?
1er août On raconte un trait de génie de H… Il avait un paquet de lettres de Mlle B… Deux cents lettres très longues et très romance.
La bouche garde le silence Pour écouter parler le cœur34 ; sa parole intérieure reste calme ; elle ne peut s’élever jusqu’à l’inspiration ; si, dans cet état, il se souvient de la Muse et de leurs amours d’autrefois, son esprit lui représente en vain tous les motifs poétiques qui devraient éveiller son génie ; aucun n’a le pouvoir de l’arracher à lui-même ; il ne ressent ni colère durable ni enthousiasme profond ; la Muse est pourtant descendue du ciel ; elle lui a parlé ; mais il a eu peine à la reconnaître ; ni son appel ni son baiser n’ont pu réchauffer un cœur glacé ; il refuse de s’envoler avec elle dans les « mondes inconnus » qu’en des temps plus heureux ils ont tant de fois parcourus ensemble.
Nous avons d’abord La Bruyère, qui, je vous en avertis, est un peu sévère pour notre cher poète et qui le présente d’une façon un peu ridicule, par contraste, pour dire ensuite que c’est un homme de génie.
un grand écrivain, si réellement l’auteur de l’Antechrist en avait eu le génie, se serait ému et exalté à cet instant inouï de l’Histoire et aurait pu arriver à des résultats d’effet sublime, mais il n’a été et il ne pouvait être qu’ingénieusement médiocre, surtout à cette lumière de l’Apocalypse de saint Jean à travers laquelle il regarde Néron et Rome, et dont il cherche, mais en vain, à pénétrer l’impénétrable poésie surnaturelle.
Après tout, sous une forme particulière, dans son langage biblique vague, mais avec un sentiment vivant et nouveau, Mme de Krüdner n’a fait autre chose qu’entrevoir à sa manière et proclamer de bonne heure, du sein de l’orage politique, cette plaie du néant de la foi, de l’indifférence et de la misère moderne, qu’avec plus ou moins d’autorité, de génie, d’illusion et de hasard, ont sondée, adoucie, aigrie, déplorée et tourmentée tour à tour ceux qui, en des sens divers, tendent au même but de la grande régénération du monde, Saint-Martin, de Maistre, Saint-Simon, Ballanche, Fourier et La Mennais.
Un tel régime ne va point sans une attention toujours tendue, sans une énergie infatigable, sans un discernement infaillible, sans une sévérité militaire, sans un génie supérieur ; à ces conditions seulement on peut changer vingt-cinq millions d’hommes en automates, et substituer sa volonté partout lucide, partout cohérente, partout présente, à leurs volontés que l’on abolit.
« Ce fut la débauche du sang et l’appétit des dépouilles qui poussèrent ton génie, ignoré et inexpérimenté encore des justifications que tu cherches aujourd’hui, à t’assouvir de ce carnage illustre.
X Quant à moi, — si j’avais, non pas le génie des découvertes que M. de Humboldt n’avait évidemment pas reçu du ciel, mais l’aptitude patiente et infatigable aux études physiques que cet homme, remarquable par sa volonté, a manifestée pendant quatre-vingt-douze ans d’existence ; Et si je possédais, comme lui, la notion exacte et complète de tous les phénomènes dont l’univers est composé, de manière à me faire à moi-même et à reproduire pour les autres le tableau de l’universelle création, je commencerais par une humble invocation à genoux à l’auteur caché de ce Cosmos à travers lequel il me permet, sinon de l’entrevoir, du moins de le conclure ; et une belle nuit d’été, soit sur les vagues illuminées de l’Océan qui me porte aux extrémités de l’univers, soit sur un sommet neigeux du Chimboraço, soit sur un rocher culminant des Alpes, je tomberais à ses pieds ; je laisserais sa grandeur, sa puissance, sa bonté, me pénétrer, m’échauffer, m’embraser, comme le charbon de feu qui ouvrit les lèvres du prophète, et je lui dirais en face de ses soleils, de ses étoiles, de ses nébuleuses et de ses comètes : « Toi qui es !
L’inspecteur Manuel, charmé d’être loué plus généreusement que Hugo, songea à son génie plutôt qu’aux notes bienveillantes dont il avait gratifié, j’espère, le professeur Trolliet.
Victor Hugo sait faire du sublime, son génie atteint de plus hauts sommets encore dans toutes les scènes auxquelles se mêle un élément de mytère.