Certes non, mais, je le répète, leur état de démence ou d’imbécillité, comme dit le Code, n’est pas l’état normal ; elles sont l’exception, tout comme les moutons à cinq pattes qui existent aussi, mais qui sont rares et sur lesquels jamais il n’est venu à l’idée de personne d’étudier l’espèce entière des moutons ; aussi le mouton est-il mieux connu que la femme. […] Mais voici un hasard qui va peut-être changer bien des choses : Après cette journée de paresse, Mariolle s’assoupit, quand le soir vint, dans une espèce de songerie où toutes ces femmes se confondaient. […] Comtesse, ma stupeur à voir issir une telle pensée d’une bouche de grande dame ne fut arrêtée que par la pure joie de rencontrer un être de la race solaire, plus haut que l’espèce, je dirais Dæmone ou Œlohite, si je ne voulais épargner à cette page que Vous illustrez le ridicule que Paris jette nécessairement sur toute idée traditionnelle, vraie et sublime. […] Du même mouvement machinal, elle ouvrit sa chemise et présenta son autre sein flétri à l’espèce de poupée sale qui sans doute, comprenant que le temps passait, se mit à boire vigoureusement. […] La rue par laquelle on monte à la place était remplie de débris de toute espèce, de tronçons de bois encore fumants et tachés de sang.
Le tombeau romain avait de même sa culina, espèce de cuisine d’un genre particulier et uniquement à l’usage du mort24. […] C’est un feu pur, qui ne peut être produit qu’à l’aide de certains rites et n’est entretenu qu’avec certaines espèces de bois. […] Outre ces héros et ces génies, les hommes avaient des dieux d’une autre espèce, comme Jupiter, Junon, Minerve, vers lesquels le spectacle de la nature avait porté leur pensée. […] La nature des mets et l’espèce de vin qu’on devait servir étaient réglées par le rituel de chaque cité. […] Qu’il quitte ces saintes murailles, qu’il franchisse les limites sacrées du territoire, et il ne trouve plus pour lui ni religion ni lien social d’aucune espèce.
Magnin, au Globe, eut son rôle et fit également sa partie dans cette espèce de concert où les productions des littératures étrangères étaient pour la première fois soumises à l’examen impartial du public français ; le Portugal était proprement son domaine, et il préludait ainsi par des articles, en quelque sorte préparatoires, à son morceau capital de la Revue sur la vie de Camoens101.
Sainte-Beuve reçut un grand nombre de lettres et documents de toute espèce, dont il se proposait de tirer parti pour écrire ici, en manière d’appendice ou de post-scriptum, un article final et inédit, qui eût été un dernier mot sur Talleyrand.
Heureux le poëte lyrique, le frère harmonieux des Coleridge et des Wordsworth, qui peut à temps, et mieux qu’eux, se ménager une œuvre d’ensemble ; une œuvre (s’il est possible) qu’une lente perfection accomplisse ; où ne sera pas plus de génie assurément que dans ces feuilles sibyllines éparses, âme sacrée du poëte, mais une œuvre plus commode à comprendre et à saisir des générations survenantes ; — espèce d’urne portative que la Caravane humaine, en ses marches forcées, ne laisse pas derrière, et dans laquelle elle conserve à jamais une gloire !
Le moraliste peu chagrin fait défiler en de vifs couplets toute une suite de petites scènes, de façades ou de facettes, nettes, brillantes, mouvantes, de la vie humaine ; c’est bien l’espèce de chanson dont Picard nous rend la comédie.
Une espèce de plaine, une plaine qui recommençait, plus longue qu’avant la dernière colline, et déjà fangeuse.
« Mme de Pompadour, écrivant au maréchal d’Estrées à l’armée sur les opérations de la campagne, et lui traçant une espèce de plan, avait marqué sur le papier avec des mouches les différents lieux qu’elle lui conseillait d’attaquer ou de défendre. » (Mme de Genlis, 329, Souvenirs de Félicie, Récit de Mme de Puisieux, belle-mère du maréchal d’Estrées.)
En se confondant par petits bouquets avec les prairies à mi-côte, il forme une espèce de golfe herbeux, où la pente naturelle amène et recueille ses eaux.
« Bessancourt, le 9 juillet 1861. » XII Voilà donc quatre témoignages d’hommes encore vivants qui, indépendamment des témoignages écrits, ne laissent aucun doute sur la réalité des scènes solennelles et des paroles mémorables qui précédèrent le supplice des Girondins ; sauf ces légendes plus ou moins exactes, plus ou moins amplifiées, qui ne sont point du fait de l’historien, mais du peuple, espèce d’atmosphère ambiante de l’imagination populaire qui enveloppe toujours les grands événements, comme elle enveloppe dans la nature les grands horizons.
« S’agit-il de se conserver, de se reproduire, de se développer dans cette espèce de végétation lente et insensible que les peuples ont comme les grands végétaux ; s’agit-il de se maintenir en harmonie avec le milieu européen, de garder ses lois et ses mœurs, de préserver ses traditions, de perpétuer les opinions et les cultes, de garantir les propriétés et le bien-être, de prévenir les troubles, les agitations, les factions : la monarchie est évidemment plus propre à cette fonction qu’aucun autre état de société.
Non seulement je le dispense de faire un inventaire légal, mais, pour éviter les frais voulus pour cela, je le lui défends ; il suffit qu’il dresse une simple liste des biens tant immeubles que meubles (quoique pourtant ces derniers doivent être aliénés et convertis en espèces, pour satisfaire aux charges indiquées au feuillet, lettre E, annexé à mon testament, ou dans mon testament même), liste qui, vu la probité reconnue dudit héritier fiduciaire, devra faire pleine foi.
On conte que « Despréaux alla lire une de ses premières pièces à l’hôtel de Rambouillet : il n’y eut pas de succès, et on l’engagea à prendre une espèce de poésie moins odieuse et plus généralement approuvée des honnêtes gens que la satire.
Il est vrai que la nature, si prodigue de ses dons envers l’espèce humaine, n’a point fait les parts égales entre ses enfants ; mais elle a laissé à tous la possibilité de réparer par l’étude, l’exercice et le travail, l’injustice de ses préférences.
Les Regrets, espèces de Tristes composées à Rome durant le séjour que Du Bellay y fit avec le cardinal son parent, ont paru ennuyeux même à l’historien ingénieux et peut-être prévenu de la poésie de ce temps85.
Ce qui reste d’une fusée d’artifice après qu’on l’a tirée. » On ne peut mieux terminer qu’avec le jugement, modèle en l’espèce porté sur Tristan d’un philosophe esthéticien, M.
Car c’est le sang de la plus noble espèce humaine naturelle, de la famille Aryenne, de la quelle seul peut naître l’homme idéal de l’avenir, parce que cet homme idéal représente seulement dans sa conscience morale la nature la plus noble de l’humanité.
Or, pour un gentleman de l’espèce de ce d’Estrigaud, la convenance extérieure n’est pas seulement une enveloppe, elle est une armure.
Durieu, un bourgeois de chétive espèce, qui représente la médiocrité de l’argent.
De quel double-mouvement essentiel de la Matière, de toute éternité s’assurent les innumérées transmutations, et la conservation d’Énergie : puisque de la condensation au point où les internes et multiples mouvements d’attractions s’alentissent, et des états nouveaux qui en résultent renaissent les explosives Forces, qui dilatent et remettent en activité* D’autre part, du même principe s’entend le phénomène d’amassement concentré et pesant des vitalités, suivi de délivrance, — d’où dépend la volition à deux pôles Mâle et Femelle, qui engendre, perpétue et améliore l’Espèce : en un troisième mouvement de l’unité-trinaire.
Au loin, au-dessous d’un bâtiment neuf, dans une espèce de champ qu’on vient de retourner, un homme, en bras de chemise, traîne une brouette ; l’homme, c’est Émile Augier.
Dans la préface de Rayons et Ombres il se promet, de montrer les hommes tels qu’ils devraient et pourraient être ; dans les Quatre vents de l’Esprit, il déclare sa croyance en l’homme entité, égal en tous ses exemplaires et s’applaudit d’abolir les différences qui mettent pourtant l’intervalle d’une espèce zoologique entre deux classes sociales.
C’est plus encore, c’est la France elle-même incarnée avec toutes ses misères, ses imperfections, ses vices et ses qualités d’esprit dans un seul homme ; en sorte que notre goût, ou si l’on veut notre faiblesse pour la nature diverse, sensée, raisonnable, universelle de notre pays, se trouve satisfait et flatté dans ce Protée moderne, et que notre admiration pour ce résumé vivant, spirituel, multiple de la France est une espèce de patriotisme de notre esprit, qui contemple et qui aime sa patrie intellectuelle dans ce représentant presque universel de la nation littéraire.
Et la science elle-même, par une espèce de miracle, continuera d’évoluer d’un point de départ vers un but qui lui sont également inconnus.
Cette idée répandue tout à coup que le théâtre allemand et celui de Shakespeare étaient supérieurs au théâtre français, il n’est pas étonnant que quelques jeunes gens aient vu dans cette découverte l’espoir de surpasser, en s’affranchissant de toute espèce de frein, nos plus grands maîtres de la scène1.
Et La Baguenaudière fait une espèce de prologue ou de préface, c’est-à-dire qu’il leur parle de ce qu’il a mis dans sa tragédie ou de ce qu’il a voulu y mettre, de la façon dont il a voulu la faire, et voici comment il en parle : Trêve d’encens, Messieurs !
Pleins de goût et de feu, ces jeunes doctrinaires formaient une société d’une espèce rare, une académie à la fois savante, policée et enthousiaste.
C’est avec ces deux espèces de mesure, confondues dans le même traitement, qu’il construira une représentation scientifique du monde ; et comme il doit les traiter de la même manière, il leur attribuera la même signification.
Et enfin, au dernier acte, il est hypocrite : c’est une espèce de Tartuffe. […] On voit qu’il ne ménage pas l’espèce humaine. […] Non, Don Juan n’a pas gardé le sentiment de l’honneur ; Don Juan est une espèce. Mais Don Juan est une espèce qui a gardé quelques gestes instinctifs de la classe dont il est. […] On vient à le connaître dans sa maison, à son foyer, il est soumis et obéissait à sa femme jusqu’à une espèce d’asservissement et d’anéantissement, ou ses enfants le mènent en laisse.
S’il n’y avait pas des fous de mon espèce, on ne parlerait jamais de ces vieux saints, et moi, j’ai toujours été jalousement épris de l’Écriture, des patriarches, des prophètes, savants et sages. […] Un seul attire l’intérêt et la sympathie et aussi la curiosité psychologique, parce qu’il est injustement malheureux et parce qu’il y a une espèce d’évolution dans son état psychique et dans son état moral. […] il mettrait en action Hippolyte traîné par des chevaux que sa main a nourris et nous verrions le monstre aux écailles jaunissantes comme je vous vois. » C’est une question d’espèces, et il n’y a pas de principe général ici. […] D’ailleurs, — ce qui ne prouverait rien pour l’espèce, mais ce qu’on peut signaler après avoir examiné l’espèce avec soin — Molière, à l’ordinaire, ne fait pas l’évolution de caractère. […] Au théâtre romanesque le public applaudit, puis, en s’en allant, se sent pris d’un secret désir d’émulation qui finit par une espèce de contrefaçon.
Mademoiselle Delphine Marquet est un des derniers, mais admirables échantillons de cette espèce à peu près perdue : les blondes. […] Nous n’avons jamais eu de relations avec des femmes de l’espèce qu’on nous présente, mais nous ne sommes pas fâchés de le laisser croire. — Nous nous récrions, nous pleurons, nous feignons d’être émus, nous mettons la main sur notre cœur dans des attitudes pathétiques ; et des douze cents spectateurs qui garnissent une salle, chacun se substitue à son profit, devant les onze cent-quatre-vingt-dix-neuf restants, au personnage du jeune premier. […] Mais quelle sacro-sainte fureur vous poussait à refuser à Balzac toute espèce de sens moral ; à persuader à vos lecteurs que l’immortel écrivain devait être rangé parmi les corrupteurs sociaux, les fauteurs d’immoralité ; et que son œuvre contient ces éléments de mort, ces principes de destruction latente, qui empoisonnent les âmes, allument les révolutions et préparent la ruine des sociétés ?
Les unes se répandent, quand elles réussissent, sous les espèces de l’ordre. […] On n’est libre que par la critique et l’énergie, c’est-à-dire par le détachement et le gouvernement de son moi ; ce qui suppose plusieurs sphères concentriques dans le moi, la plus centrale étant supérieure au moi, étant l’espèce la plus pure, la forme superindividuelle de notre être, notre forme future sans doute, notre type divin. […] Pour qu’une femme me remplaçât toutes les autres, il la faudrait mobile comme l’onde et parfaite comme la lumière. » L’auteur du Journal recule devant le mannequin d’osier que, pour les philosophes de cette rare espèce, toute femme contient en puissance.
L’on faisait dire au noble Camille, à la fin de cette espèce de sermon et de capucinade fanatique : « En vérité, en vérité, je vous le dis et je vous en assure, c’est un nouveau baptême de sang qu’il faut à la France pour la purifier de tant de souillures et pour la rendre digne du rétablissement des autels et du trône. […] Votre vie est parfaitement honorable ; nos rapports ensemble n’exigent rien au-delà de ce que vous faites pour moi, et vous n’êtes pas responsable de l’espèce de sentiment d’enthousiasme qui m’aurait portée à désirer plus parce que j’aurais fait davantage. — Je n’ai donc jamais, je vous le répète, soupçonné votre caractère, et votre lettre m’a confondue, parce qu’il me semblait que, si vous vouliez bien employer votre indignation, il ne devrait pas vous en rester de libre, et encore moins contre moi. — J’ai demandé mon passage sur la frégate la Constitution.
Il sait un nombre infini de détails de toute espèce ; il possède un très-grand nombre d’idées philosophiques et de tout ordre ; mais son érudition est d’aussi bon aloi que sa philosophie, et l’une et l’autre forment une monnaie digne d’avoir cours auprès de tous les esprits pensants. […] L’espèce de patriotisme et de poésie qu’elle révèle est le résumé du talent de Macaulay ; et le talent, comme le tableau, est tout anglais.
Les livres de Diderot sont faits pour rester — majestueusement peut-être — comme une espèce de mausolée dans le cimetière d’une bibliothèque ; car toute bibliothèque est un cimetière. […] Mais, en dehors de ses Paradoxes et de ses Contes, je ne lui vois aucune espèce d’originalité.