Le prestige dont parle Voltaire avait cessé, et Geoffroy, qui a le langage un peu cru, nous dit : « Il est constant que Bérénice n’a point fait pleurer à cette représentation, mais qu’elle a fait bâiller ; toutes les dissertations littéraires ne sauraient détruire un fait aussi notoire. » Talma pourtant goûtait ce rôle d’Antiochus ou celui de Titus, tel qu’il le concevait, et il en disait, ainsi que de Nicomède, que c’étaient de ces rôles à jouer deux fois par an, donnant à entendre par là que ce ton modéré, et assez loin du haut tragique, détend et repose32. […] Antiochus est parfait, il l’est trop avec sa faculté de soumission et de silence ; on serait tenté de sourire à l’entendre tout d’abord s’exhaler : … Je me suis tu cinq ans, Madame, et vais encor me taire plus longtemps. […] J’entends remarquer qu’il remplit exactement le même rôle que Ralph dans Indiana. […] Vous-même rougiriez de ma lâche conduite… Voilà le langage d’une grande âme à celle qui peut l’entendre. […] Un organe pur, encore vibrant et à la fois attendri, un naturel, une beauté continue de diction, une décence tout antique de pose, de gestes, de draperies, ce goût suprême et discret qui ne cesse d’accompagner certains fronts vraiment nés pour le diadème, ce sont là les traits charmants sous lesquels Bérénice nous est apparue ; et lorsqu’au dernier acte, pendant le grand discours de Titus, elle reste appuyée sur le bras du fauteuil, la tête comme abîmée de douleur, puis lorsqu’à la fin elle se relève lentement, au débat des deux princes, et prend, elle aussi, sa résolution magnanime, la majesté tragique se retrouve alors, se déclare autant qu’il sied et comme l’a entendu le poëte ; l’idéal de la situation est devant nous. — Beauvallet, on lui doit cette justice, a fort bien rendu le rôle de Titus ; de son organe accentué, trop accentué, on le sait, il a du moins marqué le coin essentiel du rôle, et maintenu le côté toujours présent de la dignité impériale.
Quand on écoute au ciel, dit Hugo, on croit entendre marcher quelqu’un. […] Cet utopiste, qui avait professé la doctrine de Saint-Simon, de Fourier et s’était fait successivement l’adepte de toutes les religions fantaisistes qui pullulaient, comme des champignons, des ruines de l’ancienne, entend, un jour, par hasard, prêcher le célèbre Père de Ravignan. […] Entendez du sien, car Hello ne se console pas d’être méconnu20. […] On y rencontre tous les fidèles de la gnose : Saint-Yves d’Alveydre, Jules Lermina, le Dr Encausse, l’abbé Rocca, Joséphin Péladan, Lady Caithness, en qui s’était réincarné l’esprit de Marie Stuart et qui, dit Laurent Tailhade, « ne cessait de fulminer contre sa sœur Élisabeth et débobinait, à qui voulait l’entendre, son exécution, l’échafaud de Fotheringay ». […] On dit alors que Dieu descend chez l’homme et visite sa créature, mais le Mage entend monter vers Dieu à sa fantaisie et s’installer dans sa familiarité.
M. de Lamartine le sait bien, et il y a longtemps qu’on m’assure avoir entendu de lui ce mot : « Qu’importe ! […] Oui, en partie ; il y a des instants où l’on croit voir et entendre cette charmante et délicate créature. […] Raphaël n’a entendu d’abord que sa voix : Elle résonnait, dit-il, entre les dents à demi fermées, comme ces petites lyres de métal que les enfants des îles de l’Archipel font résonner sur leurs lèvres, le soir, au bord de la mer. […] Du moment que la pensée est obligée de s’arrêter sur des circonstances particulières aussi désagréables, on a droit de s’étonner lorsqu’on entend tout à coup cette femme matérialiste déclamer contre l’abjecte nature des sensations, et faire appel à une pureté surnaturelle : « … Vous trouveriez ce que vous appelez un bonheur, dit-elle à son amant ; mais ce bonheur serait une faute pour vous ! […] » Accent vrai, parole naturelle et sentie, comme j’en aurais voulu toujours entendre !
On n’entend nulle part le cri de détresse, et Fénelon, en adorant la croix, ne s’y attache pas comme Pascal à un mât dans le naufrage. […] Sans être évêque ni prêtre, il est lui-même sûr de son fait, il sait à l’avance son but, et laisse assez voir sa certitude, ses dédains, son impatience ; il gourmande, il raille, il malmène celui qui résiste et qui n’entend pas : mais tout d’un coup la charité ou le franc naturel l’emportent ; ses airs despotiques ont cessé ; il parle en son nom et au nom de tous, et il s’associe à l’âme en peine qui n’est plus que sa vive image et la nôtre aussi. […] Jean-Jacques Rousseau n’aurait pu l’entendre, j’ose le croire, sans éclater en sanglots, et peut-être tomber à genoux. […] Quelques curieux et quelques érudits continueront d’étudier à fond tout Pascal ; mais le résultat qui paraît aujourd’hui bon et utile pour les esprits simplement sérieux et pour les cœurs droits, le conseil que je viens leur donner d’après une lecture faite dans cette dernière édition des Pensées, c’est de ne pas prétendre trop pénétrer dans le Pascal particulier et janséniste, de se contenter de le deviner par ce côté et de l’entendre en quelques articles essentiels, mais de se tenir avec lui au spectacle de la lutte morale, de l’orage et de cette passion qu’il ressent pour le bien et pour un digne bonheur. […] Havet, nous autres, hommes d’aujourd’hui, nous sommes, dans notre façon d’entendre la vie, plus raisonnables que Pascal ; mais, si nous voulons pouvoir nous en vanter, il faut être en même temps, comme lui, purs, désintéressés, charitables. » 75.
Boileau auroit pu se dispenser de s'égayer à ses dépens ; la Serre entendoit la raillerie, & savoit se rendre justice de bonne foi. […] Une autre fois, ayant assisté aux Conférences que Richesource faisoit sur l'Eloquence, après l'avoir entendu, il courut l'embrasser : Ah !
Je m’entends. […] Alors tout ce que nous voyons, tout ce que nous entendons, nous amusera…. […] Au reste qu’importe, pourvu qu’ils s’entendent. […] Il me semble que j’entends mon pere, disoit l’une, & moi mon oncle, disoit l’autre. […] Mais, ajouta-t-il, ne nous entend-on point ?
De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. […] — En quel sens il la faut entendre. […] J’entends, il est vrai, venir, j’entends se grossir et se former les nations du Nord avec leurs chants de guerre ou de festin, leur mythologie, leurs légendes. […] Le classique en effet, dans son caractère le plus général et dans sa plus large définition, comprend les littératures à l’état de santé et de fleur heureuse, les littératures en plein accord et en harmonie avec leur époque, avec leur cadre social, avec les principes et les pouvoirs dirigeants de la société ; contentes d’elles-mêmes, — entendons-nous bien, contentes d’être de leur nation, de leur temps, du régime où elles naissent et fleurissent (la joie de l’esprit, a-t-on dit, en marque la force ; cela est vrai pour les littératures comme pour les individus) ; les littératures qui sont et qui se sentent chez elles, dans leur voie, non déclassées, non troublantes, n’ayant pas pour principe le malaise, qui n’as jamais été un principe de beauté. […] [NdA] Je choisis, entre mes leçons à l’École normale où j’ai eu l’honneur d’être maître de conférences pendant quatre années (1857-1861), celle dont le sujet est le plus général, et qui est la plus propre, en effet, à montrer comment j’entendais mon devoir de professeur, très distinct du rôle de critique ; le critique s’inquiétant avant tout, comme je l’ai dit, de chercher le nouveau et de découvrir le talent, le professeur de maintenir la tradition et de conserver le goût.
Quant aux philosophes qui s’inquiétaient des théories nouvelles, M. de La Mennais ne réussit qu’avec peine à conduire leur orgueil cartésien au delà de son second volume ; ils se prêtèrent difficilement à rien entendre davantage : cette infaillible certitude, appuyée au témoignage universel, leur semblait une énormité trop inouïe. […] La plupart, et des plus spirituels (j’en ai entendu), se demandaient : « Croit-il réellement ? […] Mais, ayant été placé chez un curé du pays vers l’âge ordinaire de la première communion, les développements qu’il entendit éveillèrent sa contradiction sur quelques points ; l’amour-propre se mit en jeu ; les arguments philosophiques qu’il avait lus lui revenaient en mémoire. […] Mais au moment où commença de se prononcer l’émancipation des peuples, le Saint-Siège devint inhabile, les princes et les sujets se montrèrent récalcitrants ; ces derniers s’entendirent pour ne plus recourir à l’autre, sauf à vider bientôt leurs différends réciproques sans arbitre et dans un duel irréconciliable. […] « Ils ont aussi passé sur cette terre, ils ont descendu le fleuve du Temps ; on entendit leurs voix sur ses bords, et puis l’on n’entendit plus rien.
L’espèce humaine se renouvelant toujours, un individu ne peut faire de vide que dans l’opinion ; et pour que cette opinion existe, il faut avoir un moyen de s’entendre à distance, de se réunir par des idées et des sentiments généralement approuvés. […] Que deviendrai-t-on dans un monde où l’on n’entendrait jamais parler la langue des sentiments bons et généreux ? […] Alors que le criminel éprouve l’adversité, il ne peut se faire aucun bien à lui-même par ses propres réflexions ; tant qu’un vrai repentir ne le remet pas dans une disposition morale, tant qu’il conserve l’âpreté du crime, il souffre cruellement : mais aucune parole douce ne peut se faire entendre dans les abîmes de son cœur. […] J’entends par philosophie la connaissance générale des causes et des effets dans l’ordre moral ou dans la nature physique, l’indépendance de la raison, l’exercice de la pensée ; enfin, dans la littérature, les ouvrages qui tiennent à la réflexion ou à l’analyse, et qui ne sont pas uniquement le produit de l’imagination, du cœur, ou de l’esprit. […] Les idées philosophiques donnent lieu souvent à tant d’interprétations absurdes, que j’ai cru nécessaire d’expliquer positivement, dans la préface de la seconde édition de cet ouvrage, ce que j’entends par la perfectibilité de l’espèce humaine et de l’esprit humain.
Et on le voit, on l’entend : il se conjouit dans sa barbe, il vous appelle « mon ami », il va vous taper sur le ventre. […] Et voilà pourquoi il est entendu que sa plume est lourde : je vous assure qu’il n’y a pas d’autre raison Ou bien encore, si vous voulez, c’est sa franchise qui est « lourde » aux épaules de ceux sur qui elle s’exerce. […] Il n’aime pas que le poète refuse de se prononcer sur la valeur morale de ses personnages ; il est heureux de les entendre qualifier explicitement au courant de l’action. […] C’est le métier, entendez-vous ? […] Vous l’entendez chanter à votre oreille, n’est-ce pas ?
Et j’entendais la voix lamentable de Cassandre, la fille de Priam, que la perfide Clytemnestre égorgeait auprès de moi. […] Ce n’est qu’un souffle, qu’un point noir, et le palais d’Argos en devient tout sombre ; on entend remuer quelque chose d’effrayant dans sa profondeur. […] » — Les crimes anciens se mêlent aux crimes annoncés ; les enfants tués se réveillent, elle les entend pleurer et vagir dans la vapeur de l’affreux banquet. […] Il semble qu’on entende rouler à terre un masque d’airain. […] » — Cette fois le mort a tort, car c’est la mère qui répond, et de façon à le faire trembler si son âme entend. — « Ne prends pas ce souci, il est tombé mort par moi.
Je me souviens avoir entendu souvent critiquer cette mélancolie romantique attribuée à une âme antique. […] Un voyageur entrant un jour, à Yeddo, dans une école japonaise, entendit de jeunes garçons réciter, en chœur, un alphabet rythmique formé des principaux sons de la langue. […] Mais Paul a tout entendu, il ne veut pas de la vie au prix du déshonneur de sa sœur, et il sort de sa cachette pour se livrer à Laffemas triomphant. […] Qu’elle est belle à entendre jusque dans ses échos, cette langue du respect, de la soumission et de l’enthousiasme ! […] Diane a entendu l’entretien de Louis XIII et de son ministre.
L’auteur continue d’entendre toutes ces choses comme on les entendait autrefois, du temps d’Horace, du temps de La Bruyère et de Vauvenargues. […] Après avoir entendu la lecture (comme on aurait désiré que vous pussiez l’entendre, messieurs), de cette composition vraiment classique et pleine d’urbanité, le jury n’a pas été surpris de rencontrer le nom de l’auteur, M. […] Et qu’on ne dise pas que le nombre des connaisseurs est imperceptible, que la masse est ignorante et n’entend rien aux questions qui s’agitent autour d’elle : il y a dans le public, et surtout dans le nôtre, dans notre Athènes moderne, je ne sais quel sentiment délicat du beau et du vrai, qui semble deviner ce qu’il n’a pas appris et odorer ce qu’il ne voit pas. […] Émile était bon de son temps ; c’était un paradoxe nécessaire, une façon de grossir sa voix pour se faire entendre. […] Louis XIV avouait sans honte que Despréaux s’entendait mieux que lui à apprécier des vers.
En vain, de toute ma piété, je chercherais à recueillir leur accent, le son de leur âme ; soudain, avec déplaisir, c’est ma voix qu’on entendrait. […] Mais je crois entendre avec émerveillement cette jeune bouche d’ombre. […] Ce matin, j’ai entendu la messe et communié avec foi, à quelques mètres des tranchées. […] Une multitude de jeunes soldats sont les égaux de ceux que je viens de décrire, il faudrait les entendre tous. […] ) C’est beau, ce jungamus dextras de ces loyaux soldats ; c’est bienfaisant, cette sereine soumission des croyants et des incroyants au fait ; mais vous entendez bien que mon émerveillement va plus loin.
Toujours ma voix vers Dieu, afin qu’il m’entende. […] Au-delà est cette vie divine que l’antiquité, même idolâtre, avait conçue, dont elle entendait quelque chose dans le recueillement intérieur de l’âme, qu’elle recherchait dans les initiations de ces mystères, dont Pindare a dit : « Que l’homme n’en aurait pu contempler toute la lumière dévoilée, sans mourir. » Mais revenons au seul domaine de l’imagination et de l’art. […] Entendez-vous Débora, prophétesse et guerrière ? […] lorsque tu sortais de Séir et que tu t’avançais des campagnes d’Idumée, la terre a tressailli, les cieux ont pleuré, les nuages se sont fondus en eaux, les montagnes ont disparu devant la face de Jéhovah, et le Sinaï lui-même, devant la face de Jéhovah, Dieu d’Israël. » « Jéhovah, j’ai entendu ton message, et j’ai tremblé. […] « On a entendu mes gémissements ; et il n’est personne qui me console ; tous mes ennemis ont entendu mes douleurs ; et ils ont grande joie, ô Dieu, que tu m’affliges ainsi.
Le Cardinal de Richelieu ne pouvoit s’empêcher de rire, quand il lui en entendoit prononcer. […] La finesse de ce mot consistoit à faire entendre au Ministre qu’elle conservoit les jours de son Eminence en l’égayant, genre de flatterie plus fait pour plaire à celui qui en étoit l’objet, qu’au Lecteur, qui n’en jugera pas de même.
Porée, qui a eu raison de préférer l’avantage de se faire entendre, au galimatias de plusieurs modernes Latinistes, qui n’ont été estimés que parce qu’on ne les entendoit pas.
Section 36, des erreurs où tombent ceux qui jugent d’un poëme sur une traduction et sur les remarques des critiques Que penserions-nous d’un anglois, supposé qu’il en fut un assez leger pour cela, que penserions-nous, dis-je, d’un anglois qui sans entendre un mot de françois, feroit le procès au Cid sur la traduction de Rutter, et qui le termineroit en prononçant qu’il faut attribuer l’affection des françois pour l’original aux préventions de l’enfance ? […] Si nous supposons encore que ce polonois raisonneur, vienne à bout de persuader à ses compatriotes qu’on est capable de juger d’un poëme dont on n’entend point la langue, après en avoir lû la traduction et la critique, ils ne manqueront pas de prononcer que Chapelain est meilleur poëte que le grand Corneille.
Elle sonnera pendant de longues années ; bien des hommes l’entendront retentir à leurs oreilles, pleurer avec les affligés et s’unir aux prières des fidèles. […] Entendez-vous, au sommet de la tour, gémir le tocsin ? […] Quand la lumière des étoiles brille, le jeune ouvrier, libre de tout souci, entend sonner l’heure de la joie ; mais le maître n’a pas de repos. […] Qu’elle nous répète que rien ne dure en ce monde, que toute chose terrestre s’évanouit comme le son qu’elle fait entendre et qui bientôt expire ! […] Elle ne marchait pas, elle glissait ; vous comprendrez ce que j’entends par ce mot.
Quand vous allez parmi vos chefs faire entendre vos conseils, il vous sied à vous-même d’avoir des habits sans tache ; vous avez dans vos palais cinq fils mariés, et trois dans la fleur de la jeunesse. […] Une source y coule, et une prairie l’environne ; là sont l’enclos de mon père et son verger florissant, aussi loin de la ville que la voix peut s’en faire entendre. […] que prierais-je, moi, dans mes nuits terribles, sans la consolation des affligés, sans ce confident divin qui veille à mon chevet, qui ne s’endort jamais, et qui entend tout ! […] Mes chiens semblaient l’entendre, et se dressaient sur leurs pattes pour lui lécher amicalement les mains. […] Chaste, elle entend gémir les tendres hirondelles, Les passereaux légers, les ramiers infidèles, Mais en repousse les aveux.
Le châtiment inévitable du travers de Turcaret, c’est d’avoir affaire à des gens qui entendent bien lui reprendre une partie de ce qu’il a pris. […] Au reste, chacun parle et fait comme il l’entend. […] Boileau, dont Molière n’était pas moins l’homme, n’entend pas la nature d’une autre façon. […] Jusque alors la comédie, tout en pensant à nous amuser, entendait mêler à cet amusement quelque enseignement sur nous-mêmes. […] « Si vous rendez Alceste amoureux, dit-il, que ce soit d’une coquette ; si Harpagon, que ce soit d’une fille pauvre. » Molière l’a bien entendu ainsi.
Il est sur la terre ; il a vécu dans un lieu et dans un temps ; les hommes l’ont vu et entendu. Bossuet à son tour le voit et l’entend ; il lui fait cortège comme ses autres disciples ; il en est le plus attaché et le plus tendre. […] J’entends Bossuet, quand je crois le lire. […] J’entends pourtant vanter les logiciens, mais je cherche quelles gens ils ont su convaincre. […] Il est très vrai qu’il n’entend pas leur lâcher la bride ; mais à quoi bon la restriction ?
Enfant, un jour on le gronda, et, sorti de la chambre, il entendit ses parents rire de la tête pleurarde qu’il avait faite à la semonce. […] On resterait des heures à l’entendre battre et remuer des idées, souvent paradoxales, mais qui ne sont jamais les idées courantes et prostituées. […] J’étais obligé de lui crier aux oreilles, et comme les sourds, il parlait si bas, si bas, que je n’entendais qu’une partie de ses réponses. […] Germinie écouta, et avec l’acuité des sens des malades, entendit tout. […] Tout nous blesse, tout nous taquine les nerfs : ce que nous voyons, ce que nous lisons, ce que nous entendons.
L’alluvion des siècles et le mélange des races semblent l’avoir façonnée lentement pour une littérature composite dont nous entendons à peine les premiers balbutiements. […] C’est sans doute pour cela que Rossini ou Mozart transportent au-delà des Alpes, dans tout l’univers, une langue de mélodies qu’aucune autre partie du monde n’a ni inventée ni entendue. […] Dès qu’on met le pied sur le sol italien, on entend cette voix dans tous les murmures, dans tous les arbres, dans toutes les vagues, dans tous les vents, comme dans tous les vers. […] Il me semblait entendre d’avance les castagnettes des jeunes filles de Naples, conviant les danseurs à l’ivresse des tarentelles. […] De grandes rumeurs de la foule, mêlées de mugissements de bœufs, de bêlements de brebis, de hennissements de chevaux, se faisaient entendre à l’extrémité de la petite rue du côté du pont de la Trinité.
J’entends bien, dit-il, que l’on me veut parler des Miltiade, des Thémistocle, des Périclès et des Cimon. […] Celui qui s’entend le mieux en brides et en mors, c’est le cavalier : celui qui s’y entend encore, mais moins bien et comme par routine, c’est le sellier ou le forgeron ; celui qui ne s’y entend pas du tout et qui seulement en saisit et sait en reproduire le dessin, saisit et sait reproduire la sensation fugitive qu’ils font sur l’œil, c’est le peintre. […] Écartons-les, bien entendu, en tant que pouvant entrer en ligne de compte pour le bonheur. […] Voilà ce que j’entendais par esthétique par-delà l’esthétique. […] » Entendez : qui sait si ce qui vous semble la vie n’est pas la mort même ?
Parbleu, si je l’entends ! — Non, tu mens, Fabio, Car c’est moi qui le dis et je ne l’entends pas. […] Mais ne l’entend-il pas plutôt du fil même du discours qu’il est si malaisé de ne pas laisser échapper ? […] Il n’en entendit rien, tant il était animé. […] C’est ainsi qu’il faut entendre l’éloge que se donnait Boileau, de ne rien dire qui eût été dit avant lui.
Si peu entendue que doive être notre voix, elle ne s’élève pas ici sans souci d’action. […] Il faudrait entendre exécuter au théâtre l’une et l’autre de bout en bout et juger de l’effet. […] A onze ans, dans son premier concert, c’est du Bach et du Mozart qu’il fait entendre. […] Un artiste que j’ai toujours entendu le démolir avec la dernière iniquité me disait : « Là, il faut tirer son chapeau. […] Mais c’était plaisir de l’entendre et de le suivre, tant le mouvement de son âme triomphait des gaucheries de sa main.
Mais je le vois, je l’entends toujours. […] Entendez-moi bien, je ne veux point parler de M. […] Mais il lui arrive parfois d’être mal entendu : témoin ce bureau de poste d’Italie. […] Simon, je le vois, je l’entends, crie sa passion comme l’un des Mounet ! […] Peu s’en fallait que j’entendisse sonner le salut à Saint-Germain-des-Prés.
— Entendons-nous. […] Quelle psychologie tenterait de nous la faire entendre ! […] Mais qu’entendez-vous au juste par « médanisme » ? […] j’entends le puffisme de M. […] C’est comme cela qu’il entend son rôle de critique moderne.
Je l’entends encore d’ici avec sa petite voix : À gauche ! […] J’étais content de ne rien entendre. […] Vous y mettrez cette femme, et vous l’emmènerez au large, jusqu’à ce que vous entendiez des coups de fusil. […] « S’il y a un Dieu là-haut, il sait comment arriva ce que je vais vous dire ; moi, je ne le sais pas, mais on l’a vu et entendu comme je vous vois et vous entends. […] Je l’entendais qui disait : — Allons, ma fille, mets cette redingote sur tes pieds, et tâche de dormir. — Allons, c’est bien !
Le buveur illettré croyait se montrer aussi fin que lui en affectant de l’entendre, et l’amour-propre flatté du peuple concourait à la popularité du chansonnier ! […] On entend malgré soi la mélodie banale, semblable à la voix du crieur public ; souvent même on répète soi-même, en dépit de soi, l’air dont on est obsédé et les paroles qui répugnent à vos opinions. […] L’oreille de la France est là pour entendre et retenir. […] Je ne sais de cette histoire que ce que Béranger m’en a souvent raconté épisodiquement à propos de lui ou des autres ; j’en ai entendu assez cependant pour savoir que ce jeune homme, devenu une grande mémoire, n’était nullement dépourvu d’éducation, ni même d’instruction classique. […] On va voir ce qu’il entendait par garçon d’auberge.
Ses passions, ses tendresses et ses gaietés lui faisaient encore trop de bruit dans cet âge heureux pour qu’elle entendît autre chose. […] Un peu après, quand Gustave, passant durant la nuit près de la chambre de Valérie, chastement sommeillante, ne peut résister au désir de la regarder encore une fois, et qu’il l’entend murmurer en songe les mots de Gustave et de mort, c’est là un songe officiel de roman, c’est de la fable sentimentale toute pure, couleur de 1803. […] Bien des railleurs à Paris, qui allaient l’entendre dans son grand salon du faubourg Saint-Honoré, ouvert à tous, revenaient, sinon convaincus, du moins charmés et pénétrés de sa personne. […] combien j’ai habité de palais, disait-elle à une jeune fille bien digne de l’entendre ; oh ! […] Et lui, comme un ami tendre, L’enlaçoit d’un air d’entendre Ce bonheur qu’on me défend.
En littérature, il avait le goût, si j’ose dire, un peu « pompier » Il n’était pas proprement cruel ; j’entends qu’il n’a fait tuer presque personne en dehors des champs de bataille. […] Taine a dû être aussi étonné de s’entendre accuser de perfidie et de mauvaise foi que M. […] Je n’entends pas clairement ce que cela signifie. […] Un jour, Faustus entend cette voix des hommes et la reconnaît. […] Pascal n’entend pas satisfaire en eux cette curiosité tout entière ; il leur explique pourquoi ils ne peuvent savoir.
Depuis que le maître est couché pour les siècles sous sa pierre de Wahnfried, la place immense qu’il tenait parmi nous apparaît davantage ; sa gloire monte comme un soleil, éblouissante et féconde, et l’oiseau mystérieux dont Siegfried entendit la voix dans la forêt chante incessamment au-dessus des lauriers de sa tombe. […] Je le revois s’agiter sur son siège, se lever, marcher en parlant ; je l’entends encore s’épancher, se retenir, s’impatienter, éclater de rire, entremêler les locutions plaisantes et les idées graves, rebondir d’une anecdote piquante en de grands aperçus. […] Si je n’avais pas entendu trois fois ce monstrueux entassement de sons discordants, je ne le croirais pas possible. […] Bientôt des fanfares joyeuses se firent entendre. […] Il faut entendre le terme de « drame » ou de « drame musical » dans le sens d’« œuvre d’art complète », rien de moins.
Le 15 août, quelques Français allant de Bayreuth à Dresde par Prague, ont entendu dans cette ville, grâce à l’obligeance de M. […] Lamoureux s’est entendu avec la Société actuelle d’exploitation de l’Eden-Théâtre, dont les représentations chorégraphiques cesseront à cette époque. […] Lamoureux se propose de nous faire entendre, outre Lohengrin, deux ouvrages importants, l’un d’un maître français, l’autre d’un célèbre compositeur étranger. […] Entendez revenir la demande : à peine elle paraît, un épanouissement de gaîté l’arrête : toujours la certitude tout à l’heure répondue. […] La seule œuvre encore entendue de nos jours et son chef-d’œuvre est La Dame blanche (1825).