N’est-ce pas la société conjugale qui doit protéger et soigner l’indigence de l’homme enfant ? […] Rousseau, que l’on trouve sur le chemin de toutes les vérités, lorsqu’il n’est pas contraint d’en sortir par l’esprit de système, Rousseau avait bien compris l’obstacle de l’union des sexes dans l’état absolu d’ignorance ; et c’est même une des objections qu’il se propose dans son Discours sur l’Inégalité des conditions : cependant cela ne l’empêche point, dans son Contrat social, de se hâter de dissoudre les liens de famille sitôt que, selon lui, le besoin cesse de s’en faire sentir pour l’enfant. Mais rassurons-nous sur les suites d’une pareille monstruosité : l’homme ne deviendra jamais père dans l’état de nature, il n’aura jamais des enfants ingrats. […] Il serait bon que l’homme songeât moins à s’élever, lui, qu’à diriger dans l’avancement ses enfants ou ses petits-enfants.
Il n’eut pour affection d’enfance qu’une de ses sœurs, Lucile, enfant frôle, exaltée et inquiète, qui devait mourir jeune, dans un état mental voisin de l’égarement. […] Il a aimé ses enfants, et… mais remarquez déjà ceci. Il a aimé ses enfants. […] , même dans A la mère de l’enfant mort ! […] Et qu’enfants nous prêtions l’oreille à sa fanfare Comme la meute au cor.
Et l’on ne doit plus s’étonner que les détails de ces soixante années prodigieuses, l’auteur des Soixante ans croie — comme cet enfant qui s’imaginait faire tenir l’océan dans une coquille d’huître — les mettre dans le creux de sa main, en en oubliant la moitié ! […] oratoires qui ne sortent pas de la poitrine, mais de la plume de l’historien, comme la goutte d’eau de savon sort du fuseau, sous le souffle de l’enfant, pour être une bulle qui s’en va crever tout à l’heure. […] comme si l’enfant de Salomon se partageait !
Et cela est si vrai, ce que j’écris là, le réalisme est si bien l’œuvre de MM. de Goncourt, — aveugles comme toutes les paternités, qui ne savent pas l’enfant qu’elles font, — qu’éclairé après L’Assommoir, et fier comme ces bêtes de pères, qui sont fiers de leurs petits hiboux, Edmond de Goncourt (le survivant des deux) s’est senti jaloux de Zola, et, pour prouver qu’en fait de réalisme le dernier venu ne l’emportait pas sur le premier, il a commis La Fille Élisa. […] On l’y trouverait, indécis et charmant comme tout ce qui commence, — comme on retrouve un joli enfant dans le vilain homme que ce pauvre enfant est devenu.
Une des raisons probantes du génie d’Hoffmann que nous donne Champfleury dans cette introduction, est l’effet produit par les Contes fantastiques sur la mémoire des enfants : « Celui de mes lecteurs qui est assez jeune — dit-il — pour avoir lu Hoffmann étant enfant, doit avoir dans une des cases de son cerveau quelques personnages bizarres, quelque souvenir de maisons étranges », et, pour élever son idée à la majesté d’un axiome et glacer l’objection, qu’il ne glacera pas, il ajoute carrément : « Tout ce qui s’oublie n’est pas né viable », ce qui peut très bien être une fausseté, si ce n’est pas une simplicité, ce que les Anglais appellent un truism. […] Mais donnez aux enfants un ouvrage fade et faux comme Numa Pompilius, ils ne l’oublieront pas plus que Perrault ou tout autre livre piquant et vrai ; car la force des premières impressions de la mémoire ne prouve rien de plus que la fraîcheur de cette faculté.
Rhétorique, sentimentalités, mièvreries littéraires, il a laissé tout cela dans une histoire où les philosophes ont pourtant la bonté d’autoriser l’émotion en faveur du fondateur des Filles de la Charité et des Enfants trouvés ; — comme ils disent : un saint populaire. […] C’étaient les missions établies par toute la terre, les missions d’Europe, de France, d’Italie, des Îles Hébrides, d’Écosse, d’Irlande, de Pologne, d’Autriche, de Prusse, d’Espagne, de Portugal, de Madagascar, de Bourbon, de l’Île-de-France, d’Amérique, des Échelles du Levant, de l’Empire Turc, de la Perse, de Babylone, de la Chine ; et ce n’était pas tout encore : c’étaient les royaumes de toutes les misères, de tous les crimes, de toutes les hontes, c’était le grand Hôtel-Dieu de Paris, c’étaient les hôpitaux des provinces, l’œuvre des forçats, des mendiants, des fous, enfin les Filles de Charité et les Enfants trouvés, qui sont restés aux yeux des hommes les deux plus belles institutions de cet incroyable gouvernement de l’amour ! […] Tel il fut cependant, et tel il fut surtout, cet homme bon et tendre qui s’en allait par les rues la nuit, ramassant les enfants abandonnés et les apportant sous son manteau aux mères qu’il leur avait données !
Cet humouristique souvent très-suave, quoique meurtri par l’expérience, n’a rien d’enfant, ni de candide, ni d’affligé à la manière des élégiaques. […] Un matin, le méchant jardinier Du chapeau de l’enfant coiffe le cerisier, Comme un épouvantail contre la gourmandise ! […] L’un est morne ; — il conduit la bière d’un enfant.
De son côté, Victor Hugo, qui avait été appelé l’Enfant du génie, on sait par quel parrain et par quelle marraine, avait donc été un enfant… Mais Auguste Barbier n’avait, lui, de perceptible en ses vers, ni balbutie, ni enfance. […] voilà comme je m’y prenais dans le temps que je n’étais qu’un écolier maladroit… » Et il ne dit pas maladroit, car il s’admire rétrospectivement et son amour-propre se baise lui-même sur son front d’enfant.
Nous (la Revue suisse) n’avons pas à le juger politiquement ; mais, à entendre dans cette bouche éloquente ce torrent de magnifiques paroles en sens tout contraire au courant d’hier, nous nous sommes rappelé involontairement ces vers d’Homère (Hiade, XX, c’est Énée qui parle) : « La langue des hommes est flexible, et elle a toutes sortes de discours — de toutes les couleurs, — et le pâturage des paroles s’étend çà et là. » Le noble Pégase a déjà parcouru en bien des sens le pâturage immense, tant sur la rive droite que sur la rive gauche, depuis le jour où d’un coup de son ongle sonore il faisait jaillir au début l’ode sur le duc de Bordeaux : Il est né l’Enfant du miracle. […] En Irlande, O'Connell entraîne sur ses pas trois à quatre cent mille hommes, femmes et enfants… O'Connell sait ce qu’il veut ; il a au suprême degré l’esprit pratique, et il est populaire parce qu’il est clair.
L’enfant qu’elle met au monde, idiot d’une grande beauté, aura, sous l’arcade pure de son front stupide, le même regard que l’assassiné quand il mourut, et le père adorera, ô Providence ! cet enfant imbécile, dont le regard le fera éternellement trembler.
En effet les parents dont le lien des lois n’assure point l’union, perdent leurs enfants, autant qu’il est en eux ; le père et la mère pouvant toujours se séparer, l’enfant abandonné de l’un et de l’autre, doit rester exposé à devenir la proie des chiens ; et si l’humanité publique ou privée ne l’élevait, il croîtrait sans qu’on lui transmît ni religion, ni langue, ni aucun élément de civilisation.
Les enfants des fondateurs de la société humaine pouvaient donc se dire duro robore nati, ou fils de la terre, géants, ingenui (quasi indè geniti), aborigènes, αυτοχθονες. — Humanitas, ab humando. […] Les enfants, nés hors les mariages solennels, étaient légalement parlant, des monstres.
Malheur aux enfants qui naissent de telles unions ! […] Ses lois m’ont fait la guerre, à moi misérable enfant trouvé, sans nom et sans pain ; et moi l’enfant trouvé, j’ai fait la guerre à ses lois ! […] Enfant, vous étiez élégant et recherché de tous ; moi, couvert de haillons, raillé de tous. […] La pièce s’ouvre par une scène navrante : un vieillard se meurt d’épuisement et de misère, auprès du berceau d’un enfant, dans les bras de ses deux fils qui, faute de travail, ne peuvent ni nourrir l’enfant, ni soigner le vieillard. […] L’autre reste chargé de l’enfant ; mais point de travail !
Elle a égorgé les enfants qu’elle a eus d’Atli, elle lui donne à manger leurs cœurs dans du miel, un jour qu’il revient du carnage, et rit froidement en lui découvrant de quelle pâture il s’est repu. Les Huns hurlent, et sur les bancs, sous les tentes, chacun pleure ; elle ne pleure point ; elle n’a point pleuré depuis la mort de Sigurd, ni sur ses frères « au cœur d’ours », ni sur « ses tendres enfants, ses enfants sans défiance. » La nuit venue, elle égorge Atli dans son lit, met le feu au palais, brûle tous les serviteurs et toutes les femmes guerrières. […] Ils ne l’effacent pas sous des romans pieux, au profit des saints, ni sous des tendresses féminines, au profit de l’Enfant Jésus et de la Vierge. […] — il a établi le commencement. — Il a formé d’abord, — pour les enfants des hommes, — le ciel comme un toit, — le saint Créateur ! […] « Une fois mariées, ce sont exactement des couveuses occupées à faire des enfants, et en adoration perpétuelle devant le faiseur. » Stendhal, de l’Amour en Allemagne.
C’est ainsi qu’un père qui ne s’est pas bien conduit, devient immédiatement pour ses enfants un boulet de bagne. […] L’enfant croit que le docteur est son père. […] Il provoque Garin, il va le tuer, lorsque celui-ci revoit la terrible vision et tremble ainsi qu’un enfant. […] Un fils est né de cette liaison, et Nanine, en abandonnant lord Clifton, a emporté cet enfant. […] Bertrand avait la tête faible, qu’il n’était pas fait pour être directeur et qu’il a quitté la vie dans un désespoir d’enfant malade.
C’est de cette mère enivrante et gracieuse que l’enfant reçut avec le sang le don de la grâce, le don le plus naturel de l’esprit de Voltaire. […] L’enfant reçut une éducation soignée dans le collége des jésuites de Paris ; le Père Porée, son professeur de rhétorique, présagea un grand homme dans son élève. […] Les livres que la courtisane, enrichie par ses vices, léguait ainsi à l’enfant poëte, n’étaient certainement pas des livres de théologie ou de piété. […] Il n’avait de l’Arioste que la malignité, il n’en avait ni l’intarissable imagination, ni la franche gaieté, ni la naïveté d’enfant qui s’amuse lui-même de ses propres contes. […] Il y avait en lui du bonhomme dans le grand homme, et de l’enfant dans le vieillard.
Les jansénistes avaient d’ardents ennemis, surtout les jésuites, qui se voyaient disputer par eux la direction des âmes et l’éducation des enfants, et qui, défenseurs des prétentions romaines, les regardaient comme le parti avancé du gallicanisme. […] Par une contradiction qui n’est qu’apparente, ces contempteurs de l’esprit, humain, et qui rangeaient l’amour de la science parmi les concupiscences mortelles, donnaient aux enfants la plus solide instruction. […] Blaise Pascal339 est né à Clermont, le 19 juin 1623, troisième enfant d’Étienne Pascal, président à la cour des aides de Clermont. […] L’avocat Arnauld, qui plaida à la fin du xvie s. contre les jésuites, eut 22 enfants, parmi lesquels une fille fut la mère des trois Le Maître, 2 autres furent les mères Angélique et Agnès, abbesses de Port-Royal, et 5 autres y furent religieuses. […] Gilberte Pascal (1620-1687) épousa en 1641 Florin Périer, conseiller à la cour des Aides de Clermont ; Marguerile Périer, la miraculée, et Etienne Périer, l’auteur de la Préface de 1670, sont ses enfants. — Jacqueline Pascal (1625-1661), esprit vif, imagination de feu, fut comme une enfant prodige, obtint à treize ans un prix de poésie.
Il était marié, il avait des enfants, une famille qu’il allait voir « une fois l’an », et c’est probablement au retour d’un de ses voyages qu’il dit les paroles qu’on vient d’entendre. — La conscience ? […] Les femmes de Shakspeare sont des enfants charmants, qui sentent avec excès et qui aiment avec folie. […] Le vieux Ménénius, qui l’avait aimé comme un fils, n’arrive en sa présence que pour être chassé. « Femme, mère, enfant, je ne connais plus personne. » — C’est lui-même qu’il ne connaît pas. […] Quand ses amis arrivent, il leur fait des phrases d’enfant et d’idiot. […] Elle emmène l’homme dans la plus haute philosophie, puis le laisse retomber dans des caprices d’enfant.
Le voici donc ce lien, qui rattache l’enfant à la mère. […] Nous nous formons aujourd’hui et transmettons à nos enfants une tout autre idée de la vie littéraire. […] On pourrait citer quelques exemples de ce désaveu, où ce n’est pas le père qui renie son enfant, mais ce dernier qui entend rompre tous liens avec celui dont il reçut la vie ! […] Pareil à l’enfant qui ne supporte pas d’être tenu en lisière passé un certain âge, celui-ci ne veut pas que trop énergiquement on mette les points sur les i. […] Voyez ce groupe d’enfants où se trouvent confondus les deux sexes !
Ce ne sont plus là jeux d’enfants et divertissements de salon. […] Elle n’a jamais eu d’enfants. […] Mon enfant, dit-il à peu près, je le veux de tout mon cœur. […] Cette enfant pourrait être sa fille, et très probablement elle l’est. […] L’enfant n’a pas besoin de moi.
On l’a représenté comme un enfant ailé. […] Chez ces enfants, déjà le caractère est ferme. […] J’étais encore un enfant. […] Ces enfants maudits sont MM. […] Les enfants veulent du nouveau.
Il leur rendra les coups reçus par l’enfant. […] L’enfant naturel, fût-il même adultérin, est absolument innocent. On lui impose tous les devoirs des autres enfants ; On ne lui reconnaît aucun de leurs droits. […] Ou faut-il un accompagnement à la douleur d’une mère qui songe à son enfant morte ? […] Les brumes de la cité maussade entraient, dans l’âme de l’enfant.
À l’âge de neuf ans, sans étonner personne, Dante tombait éperdument épris d’une enfant de même âge. […] D’enfant, elle est devenue jeune fille. […] Dante est humble envers Béatrice, par qui il se laisse reprendre et tancer comme un enfant. […] Je l’ai vu une fois, étant tout enfant. […] On appelle à soi les petits enfants, les humbles.
La force de l’union ; ou la flèche rompue par le plus jeune des enfants de Scilurus ; et le faisceau de flèches résistant à l’effort des aînés réunis. […] Aucune différence entre la couverture du lit, et les chairs des enfants.
De la famille composée des parents et des enfants, sans esclaves ni serviteurs. […] Puissance sans borne des premiers pères de famille sur leurs enfants et sur leurs serviteurs.
Quand Héphestos naquit, Héra, sa mère, furieuse d’avoir conçu cet enfant difforme, le précipita dans la mer où il fut recueilli par des déesses nourricières. […] Les pièges même et les périls de l’élément humide sont figurés par ces légendes où l’on voit les nymphes entraîner, par ses jambes pendantes, le pêcheur assis sur la rive, ou par son corps incliné, l’enfant qui plonge son vase dans les eaux du fleuve. […] adoration aux dieux enfants ! […] Aux âges barbares, les idoles grossières, façonnées sur les cataclysmes du globe et sur les fureurs des tribus sauvages : Ouranos, qui engloutit ses enfants ; Cronos, qui dévore les siens, après avoir mutilé son père. […] Mais, le matin, l’enfant doit les rendre sous la contrainte du dieu dépouillé, les faire sortir de la noire étable où il les avait enfermées ; et c’est maintenant le petit Jour restituant au maître de la lumière ses feux dérobés.
Et il était un bon enfant, avant que de se muer en mauvais garçon. […] C’est un don puéril, et proprement le génie des enfants… » Il appelle Musset un enfant bien doué, « trop précoce pour être artiste ». […] Noël est la fête des enfants et, par conséquent, des nôtres. […] Il sauvera, dans un incendie, trois enfants ; plus tard, il assassinera un individu qu’il ne hait pas ; il n’aimait pas les trois enfants qu’il a sauvés. […] Et quand le petit enfant, prodigue à son tour, s’en ira, l’ancien enfant prodigue lui dira : « Il est temps à présent.
Enfant unique, il avait quinze mois lorsqu’il perdit son père et sa mère ; sa grand’mère le recueillit et le fit élever. […] Était-ce seulement que les enfants s’amusent de tout, et que j’étais devenu plus sévère avec moi-même ? […] Il n’y avait plus qu’un point secret sur lequel Farcy se sentait inexpérimenté encore, et faible, et presque enfant, c’était l’amour ; cet amour que, durant les tièdes nuits étoilées du tropique, il avait soupçonné devoir être si doux ; cet amour dont il n’avait guère eu en Italie que les délices sensuelles, et dont son âme, qui avait tout anticipé, regrettait amèrement la puissance tarie et les jeunes trésors. […] Oui, vous devez me châtier comme un enfant grossier. […] qui se dévouera, madame, lui répondit-il, si nous, qui n’avons ni femme ni enfants, nous ne bougeons pas ?
En 1774, les deux enfants de Roux, calviniste à Nîmes, lui sont enlevés. […] Le capitaine des chasses, à Fontainebleau, vend à son profit chaque année pour 20 000 francs de lapins. « Dans chaque voyage aux maisons de campagne du roi, les dames d’atour, sur les frais de déplacement, gagnent 80 pour 100 ; on dit que le café au lait avec un pain à chacune de ces dames coûte 2 000 francs par an, et ainsi du reste. » — « Mme de Tallard s’est fait 115 000 livres de rente dans sa place de gouvernante des enfants de France, parce que, à chaque enfant, ses appointements augmentent de 35 000 livres. » Le duc de Penthièvre, en qualité de grand-amiral, perçoit sur tous les navires « qui entrent dans les ports et embouchures de France » un droit d’ancrage, dont le produit annuel est de 91 484 francs. […] Il faut bien qu’il contribue à doter leurs enfants, puisqu’il signe au contrat ; il faut bien qu’il les enrichisse eux-mêmes, puisque leur luxe sert à la décoration de sa cour. […] Elle s’étend sur tous les enfants de sangsues, sur la truandaille de finance, introduits par la Pompadour, sortie elle-même de ces immondices. […] Fondée sur la seigneurie féodale, la royauté est comme elle une propriété, un héritage, et ce serait infidélité, presque trahison chez un prince, en tout cas faiblesse et bassesse, que de laisser passer entre des mains de sujets quelque portion du dépôt qu’il a reçu intact de ses pères pour le transmettre intact à ses enfants.
« Que Vitellius retrouve à Rome son frère, son épouse, ses enfants : quant à moi, je n’ai besoin ni d’être consolé, ni d’être vengé. […] Il demanda qu’on lui conservât un souvenir, qu’on prît en pitié son père, sa femme et l’âge innocent de ses enfants. […] « Dans ces funérailles de la république, après avoir arraché les dépouilles consulaires, gratifié de sept millions de sesterces, resplendissant des insignes du sacerdoce, tu précipitais dans une même ruine des enfants innocents, des vieillards illustres, des femmes vénérées ; tu gourmandais la modération de Néron, parce qu’il se fatiguait, lui et ses délateurs, à poursuivre ses victimes de famille en famille, tandis qu’il pouvait, selon toi, anéantir d’un seul mot le sénat tout entier. […] « L’affranchi Anicétus offrit son ingénieux ministère ; commandant de la flotte de Misène, précepteur de Néron enfant, il était odieux à Agrippine, et animé contre elle de la haine qu’elle lui portait. […] « Agrippine avait, longtemps avant l’événement, prévu et méprisé son genre de mort, car, ayant interrogé les devins de Chaldée sur son fils Néron, alors enfant, les Chaldéens lui avaient répondu qu’il pourrait régner, mais qu’il tuerait sa mère : — Soit, dit-elle, qu’il me tue, pourvu qu’il règne !
Elle était sœur de ces enfants que l’impératrice tenait par la main quand elle se présenta en suppliante devant les fidèles Hongrois, et que ces troupes s’écrièrent : “Mourons pour notre roi Marie-Thérèse ! […] Les deux enfants qu’elle avait donnés au trône, loin de la flétrir, ajoutaient à l’impression de sa personne ce caractère de majesté maternelle qui sied si bien à la mère d’une nation. […] Voyez comment ce singe et ce tigre de la Terreur y sont peints ; et cependant, si l’opinion publique a eu quelque faiblesse, même parmi les écrivains royalistes de ce temps, c’est pour Camille Desmoulins, cet enfant gâté de la faveur publique. […] Camille Desmoulins était l’enfant cruel de la Révolution. […] Seulement la confiscation des biens de l’émigré, droit qui punit les enfants et la famille de la faute d’un père, dont ils sont innocents et pour lequel ils sont frappés dans leur existence, est un faux principe en équité comme en politique.
Écoutez les voix lentes des paysans qui se répandent avec leurs chiens, leur hache sur l’épaule, parmi les sentiers creux de la montagne pour aller étrancher les chênes ; souvenez-vous des éclats joyeux des jeunes filles et des enfants qui ramassent les menus fagots et qui les traînent avec toutes leurs feuilles jusqu’aux foyers où ils cuiront le pain de seigle de la chaumière. […] C’était le torrent de l’Ardèche changé en fleuve et en larmes à la vue de l’enfant image de son père absent. […] Arreste, cher enfant ! […] d’où vient orguillouze t’advise, Toy l’escolier, toy l’enfant des héroz ? […] Je passe à regret ici la sublime et touchante élégie que Clotilde survivante adresse à Héloïse, sa belle-fille, morte avant elle en lui laissant ses trois petits enfants à consoler.
Ceux qui combattent l’hérédité citent des faits qui leur semblent concluants : le fréquent défaut de ressemblance des parents et des enfants, la postérité des hommes de génie si souvent médiocre. […] Qu’étaient les enfants de Shakespeare et les filles de Milton ? […] Notre expérience de l’hérédité est si constante, que rien ne nous paraîtrait plus incroyable que des parents nègres donnant naissance à un enfant ayant les traits d’un Européen, ou que deux moutons produisant une chèvre. […] L’enfant peut hériter des deux parents ou de l’un seulement. Nous n’attendons pas que deux scrofuleux engendrent un enfant sain, que des parents irascibles produisent un caractère doux, que deux idiots donnent naissance à un homme de génie.
» Et la mère ajoute : « L’enfant demande-t-il quelquefois après moi ? […] L’inconnu de ce que nous allions voir, la terreur d’un spectacle vous déchirant le cœur, la recherche de ce visage au milieu d’autres corps, l’étude et la reconnaissance de ce pauvre corps, sans doute défiguré, tout cela nous a fait lâches comme des enfants. […] — de la pièce à côté un homme s’est élancé, joyeux, exultant, pour voir sur l’almanach, accroché au mur, le nom du saint du jour et le donner à son enfant. […] Par une porte ouverte derrière moi, d’une petite pièce où le soleil donne en plein, il m’arrive des caquetages de sœurs et d’enfants, de jeunes joies, de bons petits éclats de rire, toutes sortes de notes et de vocalisations fraîches : un bruit de volière ensoleillée… Des sœurs en blanc, à coiffe noire, passent et repassent ; une s’arrête devant ma chaise. […] Elle a eu avec le fils de la crémière deux enfants, dont l’un a vécu six mois.
Jean-Jacques raconte que, tout enfant, il allait se poster, à la promenade, sur le passage des femmes, et que là il trouvait un plaisir obscur, mais très vif, à mettre bas ses chausses. « Ce que je montrais, ajoute-t-il, ce n’était pas le côté honteux, c’était le côté ridicule. » C’est ce dernier côté qu’étale M. […] Oui, mes enfants, Héloïse de Saint-Pétulant m’adora et me le prouva d’une façon farouche. […] Nous avons remarqué que le spectacle des phénomènes naturels lui suggérait les mêmes images amples et vagues qu’aux poètes d’il y a trois mille ans : et voilà maintenant que ses facéties sont aussi celles des primitifs et qu’il se délecte comme eux — et comme les enfants — au comique incongru des basses fonctions corporelles.