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1170. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Les philosophes avaient eu beau lui dire qu’il ne serait pas encore arrivé à Calais sans s’être brouillé avec lui, Hume n’en croyait rien ; il le voyait si doux, si poli, si modeste, si naturellement gai et de si agréable humeur dans la conversation : Il a, disait-il, les manières d’un homme du monde plus qu’aucun des lettrés d’ici, excepté M. de Buffon, dont l’air, le port, l’attitude répondent plutôt à l’idée d’un maréchal de France qu’à celle qu’on se fait d’un philosophe. […] « En la lisant, écrivait Rousseau, le cœur m’a battu, et j’ai reconnu ma chère Marianne. » Mais cette reconnaissance lui passa vite, et déjà son cœur était trop envahi par le soupçon pour accueillir longtemps rien de doux.

1171. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

La première Jeanne n’est pas tout à fait celle de la tradition et de la légende (et cette légende commença pour elle de bien bonne heure) ; la première Jeanne n’est ni si douce ni si régulière que la seconde, mais elle est plus énergique et plus vraie. […] Qu’on ne se figure pourtant pas une vierge trop douce ni trop compatissante.

1172. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

L’ensemble du profil, ajoute le même Meister, se distinguait par un caractère de beauté mâle et sublime ; le contour de la paupière supérieure était plein de délicatesse ; l’expression habituelle de ses yeux, sensible et douce ; mais, lorsque sa tête commençait à s’échauffer, on les trouvait étincelants de feu. […] Le président de Brosses, dans des lettres écrites de Paris (1754), raconte comment il fit la connaissance de Diderot par l’entremise de Buffon : « Je veux connaître, disait-il, cette furieuse tête métaphysique » ; et quand il l’a vu, il ajoute : « C’est un gentil garçon, bien doux, bien aimable, grand philosophe, fort raisonneur, mais faiseur de digressions perpétuelles.

1173. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Pourtant il ressemblait beaucoup à sa mère, cette propre sœur des Corneille ; il disait, avec cette indifférence qui lui était particulière en toute chose, et que la pudeur filiale elle-même n’atteignait pas : « Mon père était une bête, mais ma mère avait de l’esprit ; elle était quiétiste ; c’était une petite femme douce qui me disait souvent : Mon fils, vous serez damné ; mais cela ne lui faisait point de peine. » — Pour maintenir quelque rapport de ressemblance entre Fontenelle et son oncle illustre, une seule remarque est essentielle, et je la livre à ceux qui aiment à réfléchir sur ces liens délicats. […] Sa manière, de même, est toute composée de raisonnements doux et accommodés sans faiblesse à la disposition mondaine des esprits.

1174. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Le commerce des femmes me fournirait le plus doux, si l’agrément qu’on trouve à en voir d’aimables ne laissait la peine de se défendre de les aimer. » Et il montre de quelle sorte et dans quel esprit doit être l’entretien ordinaire auprès des femmes pour leur agréer : Le premier mérite auprès des dames, c’est d’aimer ; le second, est d’entrer dans la confidence de leurs inclinations ; le troisième, de faire valoir ingénieusement tout ce qu’elles ont d’aimable. […] Ninon essaie de le consoler par une lettre sentie et sensée qu’elle ne peut s’empêcher de terminer par ces mots : « Si l’on pouvait penser comme Mme de Chevreuse, qui croyait en mourant qu’elle allait causer avec tous ses amis en l’autre monde, il serait doux de le penser. » En parcourant ces pages, on se prend à désirer entre ces deux vieillards aimables un ressort, un mobile de plus, ne fût-ce qu’une illusion.

1175. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Si nous versons des pleurs, si de légers nuages Menacent de troubler nos destins les plus doux, Un Zéphyr enchanteur, apaisant ces orages, Calme aisément des flots qui grondaient sans courroux. […] qu’il te sera doux, aux jeux de Melpomène,         De voir Aménaïde en pleurs         Intéresser à ses douleurs         Les larmes de ta jeune reine !

1176. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Lainé racontait que, lorsqu’il avait obtenu de la famille Secondat de faire des recherches dans les papiers de Montesquieu, il avait trouvé dans le secrétaire, que personne n’avait ouvert depuis la mort du grand écrivain, une masse de brouillons de tous ses billets doux. L’auteur du Temple de Gnide travaillait et raturait même ses billets doux ; on le sent aisément eu lisant ce poème.

1177. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Et à ceux qui voulaient des images douces, Chateaubriand avait, à pleines mains, à en offrir de telles, de charmantes et de parlantes toujours : on lut le chapitre « Des rogations », et l’on pleura. […] … Les acclamations du peuple, dont je fis une seconde fois la douce épreuve, je les écoutais avec plus de charme… Mais, hélas !

1178. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

» Quand l’Allemagne elle-même, si longtemps nommée la douce et religieuse Allemagne, mais qui a dernièrement recommencé le dix-huitième siècle en mettant de grands mots et des obscurités d’école où le dix-huitième avait émis de petites phrases claires comme de l’eau (car il ne faut pas profaner ce mot de lumière), quand l’Allemagne elle-même attaque Dieu, elle n’y va pas de main morte. […] … Le doux M. 

1179. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Pour moi, s’il en faut une, cette pensée est la plus douce récompense.‌ […] Être de ceux qui auront contribué directement à te rendre ton berceau natal sera pour moi une bien douce joie et comme un complément à notre vie si unie et si tendre.

1180. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

La parole et l’accent sont là pour déterminer le sens quand on a affaire à l’orateur ; mais un écrivain, c’est autre chose, et je cours risque de me noyer dans ces grandes flaques d’eau douce qui ne me portent plus en aucun sens. — Après tout, c’est un bon et méritant ouvrage, qui dispense de beaucoup d’autres et qu’il faut conseiller aux gens du métier.

1181. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Dans la seconde supposition, peut-être la plus naturelle, le sentiment maternel, accoutumé par les soins qu’il donne à la première enfance, à se passer de toute espèce de retour, fait éprouver des jouissances très vives et très pures, qui portent souvent tous les caractères de la passion, sans exposer à d’autres orages que ceux du sort, et non des mouvements intérieurs de l’âme ; mais il est si tristement prouvé que, dès que le besoin de la réciprocité commence, le bonheur des sentiments s’altère, que l’enfance est l’époque de la vie, qui inspire à la plupart des parents l’attachement le plus vif, soit que l’empire absolu qu’on exerce alors sur les enfants, les identifie avec vous-mêmes, soit que leur dépendance inspire une sorte d’intérêt, qui attache plus que les succès mêmes qu’ils ne doivent qu’à eux, soit que tout ce qu’on attend des enfants alors, étant en espérance, on possède à la fois ce qu’il y a de plus doux dans la vérité et l’illusion, le sentiment qu’on éprouve, et celui qu’on se flatte d’obtenir.

1182. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Donc la destinée n’est ni juste ni douce ; le monde n’est point bon, et il est incompréhensible.

1183. (1890) L’avenir de la science « VII »

Ce serait une barbarie de refuser à ces humbles travailleurs ce petit plaisir mesquin, peu élevé, mais fort doux, que M. 

1184. (1890) L’avenir de la science « XIV »

La récompense de ces modestes travailleurs ne sera pas la gloire ; mais il est des natures douces et calmes, peu agitées de passions et de désirs, peu tourmentées de besoins philosophiques (gardez-vous de croire qu’elles soient pour cela froides et sèches ; au contraire, elles ont souvent une grande concentration et une sensibilité très délicate), qui se contenteraient de cette paisible vie, et qui, au sein d’une honnête aisance et d’une heureuse famille, trouveraient l’atmosphère qu’il faut pour les modestes travaux.

1185. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Je me bornerai à remarquer dans cet ouvrage quelques sorties contre les précieuses, des mots grossiers qui reproduisent vingt fois une idée grossière, une scène licencieuse depuis longtemps interdite au théâtre, Arnolphe (c’est le vieillard), après un entretien avec Agnès dont la simplicité l’enchante, adresse cette apostrophe aux précieuses : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.

1186. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Jammes a ravi les âmes, et une multitude d’écrivains sanglotants et doux ont paru.

1187. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Oter aux jeunes gens la permission de s’inspirer, c’est refuser au génie la plus belle feuille de sa couronne, l’enthousiasme ; c’est ôter à la chanson du pâtre des montagnes le plus doux charme de son refrain, l’écho de la vallée… « Il m’a toujours semblé qu’il y avait autant de noblesse à encourager un jeune homme, qu’il y a quelquefois de lâcheté et de bassesse à étouffer l’herbe qui pousse, surtout quand les attaques partent de gens à qui la conscience de leur talent devrait, du moins, inspirer quelque dignité et le mépris de la jalousie. » Nous avons tenu à donner ces fragments dont la finesse et la vérité sont aujourd’hui trop oubliés des critiques et des auteurs.

1188. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Il est fleuri, doux, abondant, et à quelques défauts près qui tiennent à son siècle, ses ouvrages offrent une lecture aussi agréable qu’instructive ; pour s’en convaincre, il suffit de parcourir le Traité de la Virginité 184 et l’Éloge des Patriarches.

1189. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Voltaire a bien péché contre ces règles critiques (pourtant si douces !)

1190. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 10, du temps où les hommes de génie parviennent au mérite dont ils sont capables » pp. 110-121

On y remarque un génie qui tendoit à des beautez où le génie doux et paisible du Guide, n’aspiroit point.

1191. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Un jour, quelqu’un l’appela spirituellement « un cueilleur de muguet », et c’était un mot doux et juste… Mais aurait-on jamais pu croire que cet aimable cueilleur de muguet pour les jeunes personnes qu’il ne faut qu’honnêtement émouvoir, aurait l’incroyable ambition de protéger le catholicisme ?

1192. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Du fond de ces douces cavernes, le regard venait, à la fois impatient et réservé, retardé par le savoir, semblait-il, et pressé par la curiosité.

1193. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

Il semble que Tacite, fatigué des émotions douloureuses et profondes que lui a données l’indignation du crime et le spectacle de la cour d’un tyran, cherche, pour écarter ces images, à se reposer sur les sentiments les plus doux de la nature : c’est la sensibilité d’un grand homme qui tout à la fois vous attendrit et vous élève.

1194. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Hugo ; pour essayer de s’en rendre compte, il faut rêver ce qu’il y a de plus violent en présence de ce qu’il y a de plus doux… Mais quelle était sa pensée, il eût été impossible de le deviner… La seule chose qui se dégageât clairement de son attitude et de sa physionomie, c’était une étrange indécision : il semblait près de briser ce crâne ou de baiser cette main ; sa casquette dans la main gauche, sa massue dans la main droite, ses cheveux hérissés sur sa tête farouche… » Heureusement l’évêque dormait ; le forçat Valjean emporte résolument le panier d’argenterie, et se sauve en escaladant la fenêtre avec un trésor de plus et un crime (mais un crime inutile) de moins. […] que c’est bien commencer son livre, Monsieur, que de le commencer par ce qu’il y a de plus doux, de plus saint dans l’espèce humaine : la religion ! […] Cette peinture évangélique de l’âme de l’évêque, âme chrétienne parce qu’elle est populaire, et populaire parce qu’elle est chrétienne, mon ami, est ce qu’on appelle un tableau de genre suspendu dans un vestibule pour prédisposer, par une bonne impression, les yeux, l’esprit, le cœur des lecteurs aux sentiments religieux et doux, qui sont l’édification de ce triste monde.

1195. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Trop distraits à Paris, tantôt par les salons, tantôt par la gloire, tantôt par les menaces de persécution qui planaient sur le nom de Voltaire, ils résolurent de prévenir le bannissement par un exil doux et volontaire dans la solitude des champs. […] C’est là que Voltaire, dans la plénitude de son génie, passa plusieurs années, les plus douces et les plus fécondes de sa vie, dans le sein de l’amitié qui double les forces de l’âme. […] Sa mort fut hâtée par cette faiblesse ; l’envie, qui avait poursuivi sa jeunesse, était morte avant lui ; pressé par sa nièce et par ses amis d’aller recueillir à Paris l’apothéose que la France lui décernait à l’unanimité sur ses derniers jours, il quitta à regret sa douce retraite de Ferney et se rendit à Paris.

1196. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Il le désespère, l’écrase, l’oblige de renoncer à tout ce qui fait la vie aimable et douce, à la science même et à l’exercice de l’esprit : une seule œuvre est nécessaire et permise, celle du salut, dont la pensée doit être la seule pensée de l’homme, et toute sa vie. […] Voltaire, qui après tout s’accommode mieux des doux jésuites que des âpres jansénistes, accuse Pascal de calomnie pour avoir reproché à la Compagnie de corrompre les mœurs. […] Si l’admirable aspiration de quelques doux rêveurs a pu devenir la loi de sociétés immenses, c’est que la casuistique a transposé l’utopie irréalisable en précepte pratique, et ses décisions représentent souvent, en face de la folie ascétique, le ferme et naturel bon sens.

1197. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Puis Watteau fut le traducteur des tristesses élégantes : il dédia l’adorable tiédeur de ses dessins à des Andantes légers et doux, qui rappelleraient un idéal Mozart. […] C’est quelque jeu enfantin, car tous les visages disent une joie franche et douce de jouerie, devant l’inquiète attitude de la fille qui est debout. […] Aux clameurs agitées des scènes précédentes succède le silence total de l’orchestre, et la douce et rêveuse chanson d’un pâtre assis sous une roche voisine ; le refrain de son chalumeau que le cor anglais figure très heureusement, amène une opposition bienfaisante.

1198. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Il est doux, Sire, de pouvoir offrir ses travaux à un Prince capable de les apprécier ; il est plus doux encore d’ajouter, par ce moyen, les témoignages d’une admiration particuliere à ceux de l’admiration générale. […] Elles ont vu les Idoles de leur culte profanées, leurs Prophetes décriés, leurs Ecrivains favoris persiflés, les voilà aussi-tôt devenues des Euménides ; car, si j’en crois les rapports, elles ne peuvent entendre prononcer mon nom, sans entrer dans des convulsions de zele qui prouvent que leur Philosophie n’est rien moins que douce & tolérante.

1199. (1902) Propos littéraires. Première série

Anatole France est un moraliste très délié et un satirique doux et narquois. […] L’auteur n’a pas pu revenir à temps pour voir sa douce figure tranquille de petit mort qui n’a pas vécu. […] Ce qui faisait son charme, c’était l’harmonie naturelle de tout son être ; « c’était une magie d’influence extrêmement douce qui captivait plus qu’elle ne troublait, une suavité continue et enveloppante des attitudes et des gestes. […] » Tous charmants, ces messieurs, tous paternels, les uns en grands seigneurs affables, les autres en tranquilles moines austères et doux, les autres, plus violents, en familiarité chaude et encourageante. […] Il était grand, élancé, très gracieux et d’une élégance naturelle, de figure agréable, cheveux châtains, yeux bruns, physionomie douce et mélancolique, sourire spirituel et en même temps un peu triste.

1200. (1901) Figures et caractères

La mort et la mer avaient fait leur œuvre et le doux billet, comme un oiseau égaré, heurta de l’aile à une tombe. […] Dure au vivant, elle fut douce au mort. […] L’Empire eût mal goûté le doux André et il n’y aurait pas plus eu de baron Chénier qu’il n’y eut de duc de Chateaubriand. […] Tout cela est intime et avenant, d’une vieillesse agréable et douce. […] En cette Amérique où tout change si vite, il est doux de voir quelque chose du passé.

1201. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Ne serait-ce que pour les poétiser ensuite, notre jeunesse doit être accueillante à la vie et à l’amour. « Il est bien doux de retrouver au fond de sa mémoire l’oiseau d’azur au ramage charmant… Que de vies sont privées de ces échappées lumineuses… » Ah ! […] Le doute est un doux oreiller pour un inceste bien fait. […] Mais son goût personnel la porte vers des poètes doux et lents, et elle ne déteste pas un peu de mièvrerie : elle abonde en verlainismes et elle fredonne des andantes que pourraient réclamer tantôt Paul Bourget, tantôt Jean Aicard. […] et qu’il mette en mes yeux une lueur discrète qui soit comme une douce lampe à ton foyer. […] La Fontaine, à qui on n’en faisait guère accroire non plus, doit plaindre cette pauvre demoiselle qui, n’ayant point trouvé le Monomotapa au faubourg Saint-Germain, nie tranquillement l’existence de la lointaine et douce contrée.

1202. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Le sang qu’on y répandoit en éloigna d’abord les femmes : mais lorsque ce sexe, sensible à la gloire autant qu’à la galanterie, fait pour n’éprouver & n’inspirer que de douces émotions, eût surmonté sa répugnance, il accourut en foule à ces spectacles ; l’honneur & l’amour devinrent l’ame de ces combats. […] Abondante sans superfluité, riche sans faux brillans, naturelle sans bassesse, simple avec majesté, élevée sans affectation, sublime sans efforts, leur éloquence mâle & nerveuse, tantôt préférant la force du raisonnement aux tours ingénieux & fleuris, s’attachoit moins à plaire qu’à instruire, qu’à convaincre & persuader ; tantôt s’élevant avec le vol de l’aigle jusqu’au sein de la Divinité dont elle sembloit être l’organe, elle étonnoit, ravissoit, arrachoit des larmes & des sanglots : dans les uns, pleine de candeur, animée du seul coloris des graces, tendre, harmonieuse & touchante, elle pénétroit l’ame de la plus douce émotion, & couvroit de fleurs les vérités qu’elle vouloit annoncer aux Peuples comme aux Rois ; dans les autres, brillante, énergique & pittoresque, elle traçoit les mœurs, les vices & les erreurs du temps, & prenoit des mains de la vérité les armes dont elle les combattoit. […] Puisque nos mœurs plus douces & moins fières avoient laissé usurper au beau sexe le souverain empire du goût, qu’étoit donc devenue la sensibilité qui lui est si naturelle ? […] N’allons point chercher des modèles de l’Art dans des mœurs aussi atroces ; rendons graces à la Providence de ce que les nôtres sont douces & civilisées ; & périsse plutôt l’Art à jamais, que de devoir sa perfection & son excellence aux malheurs publics ! […] Peuple charmant & frivole, humain & brave, ingénieux & savant, philosophe & voluptueux, avec lequel nous avons tant de ressemblance, n’aviez-vous pas des Sophocle & des Euripide, des Aristophane & des Menandre, des Socrate & des Platon, dans les temps même où vos prospérités rendoient vos mœurs encore plus douces & plus voluptueuses ?

1203. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

    Le cheval doit être manichéen : Arima ne lui fait du mal, Ormus du bien ; Tout le jour, sous le fouet il est comme une cible ; Il sent derrière lui l’affreux maître invisible, Le démon inconnu qui l’accable de coups ; Le soir, il voit un être empressé, bon et doux, Qui lui donne à manger et qui lui donne à boire, Met de la paille fraîche en sa litière noire, Et tâche d’effacer le mal par le calmant, Et le rude travail par le repos clément ; Quelqu’un le persécute, hélas ! […] Je viens à vous, Seigneur, confessant que vous êtes Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant ! […] Ce n’est que dans l’exil, la solitude, le malheur (il perdit sa fille) que se dégagent cette bonté qui s’étend à toute chose, cette douceur où tout s’éteint : C’est une bienveillance universelle et douce, Qui dore comme une aube et d’avance attendrit Le vers qu’à moitié fait j’emporte en mon esprit, Pour l’achever aux champs avec l’odeur des plaines, Et l’ombre du nuage et le bruit des fontaines194 ! […] Tout tuteur honnête presse l’émancipation de son pupille… La Chambre… doit être le dernier échelon d’une échelle dont le premier échelon est une école. » Il s’imagine que toute brutalité « se fond au feu doux des bonnes lectures Humaniores litterae « quotidiennes. » Il faut faire faire au peuple ses hu-manités. […] Tout avoir d’elle, depuis son culte jusqu’à sa pitié, n’être jamais quitté, avoir cette douce faiblesse qui vous secourt, s’appuyer sur ce roseau inébranlable, toucher de ses mains la Providence et pouvoir la prendre dans ses bras Dieu palpable, quel ravissement !

1204. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Tous les bassins d’eau douce rassemblés ne forment qu’une petite étendue en comparaison des mers et des terres, conséquemment la concurrence entre les productions d’eau douce a toujours dû être moins vive qu’autre part ; les nouvelles formes ont dû s’y former plus lentement et les anciennes y ont été plus lentement détruites. Or, c’est dans l’eau douce que nous trouvons sept genres de poissons Ganoïdes, seuls restes actuels d’un ordre autrefois prépondérant. C’est également dans l’eau douce que nous trouvons quelques-unes des formes les plus anormales qu’on connaisse dans le monde : telles sont l’Ornithorynque et le Lépidosirène, sortes de fossiles vivants qui servent, jusqu’à un certain point, de liens de transition entre des ordres zoologiques aujourd’hui profondément séparés dans l’échelle naturelle. […] Il en est de même des plantes et des insectes sur de petits îlots uniformes, et de même encore dans de petits étangs d’eau douce.

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