/ 1439
711. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Ces suites sont d’ailleurs des doctrines d’école, qui ont séduit pendant soixante ans les esprits les plus divers, et qui font corps avec l’esprit oratoire. […] Son œuvre de journaliste révolutionnaire manque d’intérêt littéraire, mais importe en ce qu’il essaye d’y donner à la Révolution une doctrine. […] Sa doctrine célèbre du langage don direct de Dieu est d’une belle audace rectiligne. […] L’Exposition de la doctrine (1829-1831) est un travail collectif de Rozand, Enfantin, Olinde Rodrigues, Carnot. Elle a une valeur historique capitale, mais cette doctrine résolument collectiviste n’est plus celle de Saint-Simon lui-même.

712. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Le décret de l’index qui condamna le livre de Copernic appelle sa doctrine une doctrine pythagoricienne. […] Une doctrine philosophique n’est pas nécessairement Une doctrine sociale. […] Quand on croit à la doctrine du premier Christ, il est difficile de résister à celle du second. […] Guillaume, cependant, travaillait à coordonner sa doctrine. […] C’est la belle doctrine d’Epicure mise ; au ton de la sensibilité moderne.

713. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Avec le renouvellement universel de la pensée et de l’imagination humaine, la profonde source poétique qui avait coulé au seizième siècle s’épanche de nouveau au dix-neuvième, et une nouvelle littérature jaillit à la lumière ; la philosophie et l’histoire infiltrent leurs doctrines dans le vieil établissement ; le plus grand poëte du temps le heurte incessamment de ses malédictions et de ses sarcasmes ; de toutes parts, aujourd’hui encore, dans les sciences et dans les lettres, dans la pratique et la théorie, dans la vie privée et dans la vie publique, les plus puissants esprits essayent d’ouvrir une entrée au flot des idées continentales. Mais ils sont patriotes autant que novateurs, conservateurs autant que révolutionnaires ; s’ils touchent à la religion et à la constitution, aux mœurs et aux doctrines, c’est pour les élargir, non pour les détruire ; l’Angleterre est faite, elle le sait, et ils le savent ; telle que la voilà, assise sur toute l’histoire nationale et sur tous les instincts nationaux, elle est plus capable qu’aucun peuple de l’Europe de se transformer sans se refondre, et de se prêter à son avenir sans renoncer à son passé. […] Il ne dit point anathème au monde ; en cela sa doctrine est moderne, il suit la grande voie dans laquelle la Renaissance et la Réforme ont lancé la religion.

714. (1901) Figures et caractères

C’était une monarable et grandiose qui devait résumer d’une façon éclatante et complète la doctrine du poète. […] Certes, je ne veux pas dire que cette doctrine de désespérance préconçue soit vaine. […] Il a pour doctrine secrète que le monde est fait pour lui appartenir. […] C’est là qu’on trouvera, avec ses origines et ses désirs, la doctrine esthétique qu’ils cherchèrent à réaliser dans leurs œuvres. Il importerait maintenant de dire quelle fut cette doctrine.

715. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Pourtant il faut savoir encore sur quelle terre elle tombe, cette semence aisée qui demande si peu de culture, cette doctrine du laisser-faire et du laisser-aller ; car, comme le dit, chez Térence encore, le vieillard le plus indulgent : “Il y a bien des marques dans l’homme d’après lesquelles on peut distinguer lorsque deux personnes font une même chose, et qui permettent souvent de dire : ‘Celui-ci peut le faire, celui-là ne le peut pas ; non que la chose soit différente en elle-même, mais c’est que ceux qui la font sont différents.’”

716. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

. — Quant à ce que pourrait objecter d’autre part une philosophie originale et convaincue contre cette manière de prendre un peu à un siècle et un peu à un autre pour se composer une doctrine raisonnable, nous ne nous en chargeons pas et nous laissons ce soin aux doctes Allemands de Berlin ou de Kœnigsberg, et aux professeurs comme Rosenkranz, qui sont en train de s’en acquitter à merveille.

717. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Poëte, il n’était connu et deviné que de quelques-uns : homme de doctrine et de combat, écrivain politique et publiciste courageux, il était apprécié de tout ce que la société avait alors d’énergiquement modéré.

718. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Cette haute doctrine de la Providence que Rousseau avait relevée, Bernardin de Saint-Pierre la compromet dans de ridicules applications, dans des raisonnements niais.

719. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

Selon nous, la volonté ne peut, par elle-même, donner naissance à aucune forme d’activité intellectuelle ; l’aperception intellectuelle ne peut donc être identique avec l’attention, comme il arrive dans la doctrine de Wundt.

720. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

En politique, en morale, en sociologie, en religion, en philosophie, le conservateur de la doctrine ancienne et le révolutionnaire le plus acharné à détruire les vérités présentes se confondent dans l’identité d’une même foi.

721. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

« On a vu, dit-il, trois mois durant, certain nombre de ceux de sa faction sortir tous les matins de leur quartier, & prendre leur département de deux en deux, avec ordre de m’aller rendre de mauvais offices en toutes les contrées du petit monde & de semer par-tout leur doctrine médisante, avec intention de soulever contre moi le peuple, & le porter à faire de ma personne ce que leur supérieur a fait de mon livre… Ils ont été rechercher, pour grossir leur troupe, des hommes condamnés par la voix publique, fameux par leurs débauches & par le scandale de leur vie, connus de toute la France par les mauvais sentimens qu’ils ont de la foi. » Toutes les actions du P.

722. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Ce discours, singulier dans sa forme, est en même temps un panégyrique, un sermon, un catéchisme, une profession de foi, un discours de métaphysique et d’éloquence, un mélange de la philosophie de Pythagore, de celle de Platon et de la doctrine de nos livres sacrés : Constantin y est représenté partout comme vainqueur de l’idolâtrie.

723. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

I. Béranger 1850. Il y a trente-cinq ans que le nom de Béranger fut révélé à la France pour la première fois, et depuis trente-cinq ans ce nom a grandi de jour en jour ; c’est aujourd’hui le nom le plus populaire de la littérature contemporaine. Le talent de Béranger, mêlé activement à la lutte des partis politiques, est toujours demeuré étranger à la lutte des partis littéraires. Les opinions qu’il avait soutenues pendant quinze ans avec une infatigable énergie ont triomphé d’une façon définitive, et le poète est resté après le triomphe aussi admiré que pendant le combat.

724. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Le xviiie  siècle finissait, et le xixe s’annonçait par une éclatante rupture : les premiers soleils du Consulat inauguraient une ère nouvelle en littérature comme en politique, et ce changement à vue, cette réaction déclarée de toutes parts, qui naissait du fond des doctrines, s’affichait jusque dans la forme des talents. […] Le côté neuf de ce travail sur La Rochefoucauld, c’est d’expliquer, d’éclairer, par l’exposé successif des faits, la manière dont les Maximes durent naître dans la pensée de leur auteur : « Plus on étudiera l’esprit du temps où il a vécu, dit Fauriel, plus il nous semble qu’on trouvera de rapport entre sa doctrine et son expérience, entre ses principes et ses souvenirs. […] La comparaison entre La Rochefoucauld et Vauvenargues n’est pas un de ces parallèles à effet dont les contrastes sautent aux yeux ; elle touche d’abord au fond et atteint le ressort même de leur doctrine : « Le premier voit partout le vice et la vanité transformés en vertus ; le second représente le vice et la vertu sous des traits exclusivement propres à chacun d’eux, et qui ne permettent pas de les confondre ni même de les rapprocher. […] Destiné, sans y songer, à être neuf et original en toute recherche, dès qu’il s’occupa de philosophie, il la prit par un côté qu’avaient négligé ses amis et ses premiers maîtres ; il s’adressa historiquement à la plus noble des sectes antiques, l’envisageant comme un acheminement à la sagesse moderne : son idée première était probablement de revenir par l’histoire à la doctrine, à une doctrine plus élevée, impartiale, élargie. […] La Lettre de Cabanis à Fauriel sur les Causes finales peut être signalée comme le premier symptôme d’un changement prochain dans la manière d’envisager ces hautes questions : une ère nouvelle se prépare ; un germe d’impartialité vient de naître jusqu’au cœur même de la doctrine rigoureuse ; au lieu de l’aigreur habituelle et de la sécheresse négative qui accueillaient trop souvent ces mystérieux problèmes, voilà qu’il arrive des allées d’Auteuil comme un souffle plus calme et bienfaisant ; c’est une parole lente et circonspecte, révérente jusque dans ses doutes, et qui monte autant qu’elle peut, d’un effort sincère.

725. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

» Lisez ensuite cette belle définition du peuple : « Un peuple n’est pas toute agrégation d’hommes rassemblés par hasard, mais un peuple est une société formée sous la garantie des lois pour l’utilité réciproque de tous les citoyens. » La doctrine du prétendu Contrat social de J. […] Alors il n’avait pu se passer de roi ; maintenant, après l’expulsion de Tarquin, le nom même de roi lui était odieux. » Il combat ensuite, avec une vigueur qu’il puise dans la conscience autant que dans la raison, la doctrine de Machiavel, vieille comme le monde, qu’on doit gouverner les hommes par l’habileté et l’injustice, pourvu que l’habileté et l’injustice produisent la force. […] Mais cependant lisez mes écrits, que vous ne trouverez pas trop en désaccord avec la doctrine des péripatéticiens, puisque je suis le disciple fidèle de Socrate et de Platon en même temps ; lisez-les, jugez du fond des choses avec la plus parfaite indépendance, je n’y mets point d’obstacle ; mais soyez certain que le style vous fera mieux connaître toutes les richesses de notre langue latine.

726. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

J’en relis souvent quelques chapitres, surtout ceux où le philosophe inconnu, qui a écrit ces pages avec ses larmes, se dépouille du cilice monacal qui isole et qui dessèche sa doctrine, oublie qu’il est moine et redevient humain en redevenant homme. […] XIV De la doctrine de vérité Heureux celui que la vérité instruit elle-même, non par des figures et des paroles qui passent, mais en se montrant telle qu’elle est. […] Elle avait trouvé dans ce petit livre toutes ses doctrines, toute son intelligence, tout son cœur ; aussi était-il partout dans la maison.

727. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

C’est la doctrine de l’a priori. 3° Il y a une qualité spatiale, une extensivité immédiatement donnée par l’expérience dans les sensations, et qui, soumise à l’élaboration des opérations intellectuelles, finit par produire le concept de l’espace. […] S’il en était ainsi, toutes les sensations devraient, dans la doctrine de Kant, être soumises à cette forme, et conséquemment elles devraient être ordonnées dans l’espace l’une en dehors de l’autre. […] Cette différence de fait entre les diverses qualités sensitives dans leur rapport à l’intuition pure de l’espace est, pour la doctrine formaliste de Kant, absolument inexplicable : on ne voit pas pourquoi une forme essentielle de la sensibilité ne s’applique pas à tout ce qui est senti, et pourquoi nous éprouvons le besoin de loger dans le cadre a priori seulement telle sensation et non telle autre.

728. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Louis XIV leur obéissait d’autant plus volontiers qu’un soupçon de révolte contre l’Église était à ses yeux un soupçon d’opposition contre la monarchie, et qu’un levain de républicanisme lui semblait caché dans ces doctrines d’obéissance à Dieu seul, de stoïcisme romain et de mépris de la persécution terrestre. […] Cependant je ne cesserai point de prier Dieu qu’il vous fasse miséricorde, et à moi en vous la faisant, puisque votre salut m’est si cher. » Racine, pour toute réponse à ses torts de piété et de tendresse envers ses anciens maîtres, leur adressa deux lettres imprimées où la réfutation très aigre de leur doctrine était assaisonnée par les plus odieuses incriminations contre leur prétendue vanité de corps. […] XIII Cependant ses maîtres sévères de Port-Royal, avec lesquels il s’était réconcilié, et dont il goûtait, plus que le roi ne l’aurait voulu, les doctrines, résistaient seuls à cette contagion servile du temps ; ils conservaient la sainte indépendance de leur rigorisme au milieu de la prostration de l’Église et du siècle.

729. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

» Roederer, qui, sans être proprement un idéologue, était très au fait et assez imbu des doctrines philosophiques courantes, rappela alors au général plusieurs points, d’ailleurs incontestables : que les signes des idées abstraites et des modes mixtes sont nécessaires pour les arrêter, pour les enregistrer dans notre tête et pour nous donner les moyens de les comparer, etc., etc. […] Pendant ces années 1798-1799, où se fit l’expédition d’Égypte, Roederer, comme s’il eût compris qu’il n’y avait qu’à attendre, s’occupa moins de discussions politiques ; il écrivit de préférence sur la littérature ; il s’attacha à réfuter l’ouvrage de Rivarol contre la philosophie moderne ; car, en fait de doctrines philosophiques et autres, la pensée de Roederer était de rectifier le xviiie  siècle sans l’abjurer.

730. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Qu’il suffise de dire que le respect des dignes adversaires eux-mêmes pour l’abbé de Rancé n’en subit aucune atteinte ; que Nicole, approuvé en cela par Arnauld, s’écriait qu’il se ferait plutôt couper le bras droit que d’écrire contre M. de la Trappe, et que Bossuet, souvent pris pour arbitre en ces querelles révérentes, ne parlait des écrits de Rancé, de ceux-là mêmes en apparence excessifs, que comme d’ouvrages où « toute la sainteté, toute la vigueur et toute la sévérité de l’ancienne discipline monastique est ramassée. » Ce fut Bossuet qui le contraignit à publier le livre de la Sainteté et des Devoirs de la Vie monastique ; lisant ce livre en manuscrit au retour de l’Assemblée de 1682 : « J’avoue, écrivait-il à Rancé, qu’en sortant des relâchements honteux et des ordures des casuistes, il me falloit consoler par ces idées célestes de la vie des solitaires et des cénobites. » Le style de Rancé, quand il ne s’agit pas d’une simple discussion dans laquelle il a hâte de couper court et d’en finir, ce qui lui arrive souvent, mais quand ce style s’applique comme ici à des traités de doctrine et d’édification, a de l’étendue et de la beauté : « Je ne vois rien, a dit un contemporain, de plus égal, de plus naturel, ni de plus fleuri. […] Rendons aussi cette justice à notre âge : on est assez disposé à y accepter, tel qu’il s’offre, cet abbé sublime, ce moine digne de Syrie ou du premier Clairvaux, ardent, impétueux, impatient, d’action et de fait plus que de discussion et de doctrine, bien que de grand esprit à la fois ; vrai moine de race, comme dirait de Maistre, indompté de tout autre que de Dieu.

731. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Ce qu’il y a de personnel à la position du critique, dans ses doctrines, nous en indique les côtés plus infirmes. […] Le Précis de l’Histoire de la Littérature française, son meilleur écrit avec Érasme, est un très-bon travail et très-distingué d’exécution, plus modéré, plus conciliant, plus historique et moins contestable dans son milieu que d’autres exposés de doctrine précédents.

732. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Et quelle charité chez Pascal, et dans ses actions dont quelques-unes ont échappé au mystère, et dans ses paroles où reviennent si souvent des accents d’humanité et de tendresse plus touchants en cette doctrine rigide ! […] Si ces doctrines vous paraissent exagérées, transitoires, avoir besoin d’amendement, d’interprétation nouvelle, c’est une autre question ; mais, en fait, elles demeurent radicalement et primitivement chrétiennes, ou rien ne l’est.

733. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Cette forme fixe est l’esprit classique, et c’est elle qui, appliquée à l’acquis scientifique du temps, a produit la philosophie du siècle et les doctrines de la Révolution. […] Toute la littérature classique porte l’empreinte de ce talent ; il n’y a pas de genre où il ne pénètre et n’introduise les qualités d’un bon discours  Il domine dans les genres qui, par eux-mêmes, ne sont qu’à demi littéraires, mais qui, grâce à lui, le deviennent, et il transforme en belles œuvres d’art des écrits que leur matière semblait reléguer parmi les livres de science, parmi les instruments d’action, parmi les documents d’histoire, traités philosophiques, exposés de doctrine, sermons, polémique, dissertations et démonstrations, dictionnaires mêmes, depuis Descartes jusqu’à Condillac, depuis Bossuet jusqu’à Buffon et Voltaire, depuis Pascal jusqu’à Rousseau et Beaumarchais, bref la prose presque tout entière, même les dépêches officielles et la correspondance diplomatique, même les correspondances intimes, et, depuis Mme de Sévigné jusqu’à Mme du Deffand, tant de lettres parfaites échappées à la plume de femmes qui n’y songeaient pas  Il domine dans les genres qui, par eux-mêmes, sont littéraires, mais qui reçoivent de lui un tour oratoire.

734. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Guillaume de Lorris fait un art d’aimer, selon la doctrine de l’amour courtois. — 3. […] Renversant la doctrine de son prédécesseur, il se moque de l’amour courtois.

735. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Il nous faut, avant de regarder les œuvres, étudier les doctrines, les formules nouvelles ou prétendues telles : V. […] Au théâtre comme partout, le romantisme se détermine d’abord par opposition au goût classique : le premier article de la doctrine est de prendre le contre-pied de ce qu’on faisait avant.

736. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Du même pays que Montaigne, presque du même tour d’esprit, il ne s’excepte pas de sa doctrine de l’art pour le plaisir, et il jouit de lui-même. […] Entre l’idéal de l’autorité, tel qu’il apparut à Bossuet sous la forme de la monarchie absolue, tempérée par des lois fondamentales, et les dangereuses rêveries du Contrat social, il manque un corps de doctrines tirées de la science des besoins de l’homme et de l’expérience comparée des sociétés humaines, supérieur à toutes les formes de gouvernement et pouvant les perfectionner toutes.

737. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

92. » La doctrine est complète ; elle pense à l’âme du criminel en lui laissant la vie ; elle lui ménage le moyen de se relever ; elle le croit capable encore de l’honneur chrétien qui est le repentir. […] Le goût n’est pas une doctrine, encore moins une science ; c’est le bon sens dans le jugement des livres et des écrivains.

738. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Ils critiquent les doctrines, mais ne les prennent jamais de toute pièce. […] Elle doit, non pas discuter ou réfuter ses doctrines, mais les supprimer.

739. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Il voit essentiellement dans l’homme un être qui pense. « Ô pur esprit », lui écrira Gassendi, adversaire railleur, mais d’abord impuissant, de sa doctrine. […] J’aurais bien à dire sur le fil un peu léger qu’il établit entre l’acte commis par un jeune détraqué et la doctrine du savant austère qui fut son inspirateur sans le savoir ; j’estime qu’il calomnie le déterminisme en lui reprochant de supprimer la distinction du bien et du mal ; je crains qu’il ne conseille une chose de valeur morale très douteuse, quand il invite l’homme qui croit avoir trouvé une vérité psychologique contraire aux opinions reçues à ne pas la divulguer, de peur des conséquences qu’elle pourrait entraîner.

740. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il se fait leur dénonciateur déclaré et commence contre eux sa guerre à mort : Comme la plupart des hommes, dit-il, ont des passions fortes et un jugement faible, dans ce moment tumultueux, toutes les passions étant en mouvement, ils veulent tous agir et ne savent point ce qu’il faut faire, ce qui les met bientôt à la merci des scélérats habiles : alors, l’homme sage les suit des yeux ; il regarde où ils tendent ; il observe leurs démarches et leurs préceptes ; il finit peut-être par démêler quels intérêts les animent, et il les déclare ennemis publics, s’il est vrai qu’ils prêchent une doctrine propre à égarer, reculer, détériorer l’esprit public. […] André Chénier, d’ailleurs, ne jugeait point Marie-Joseph et ses tragédies révolutionnaires avec la sévérité qu’on pourrait supposer d’après l’esprit modéré de l’ensemble de ses doctrines.

741. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

N’osant enfreindre la loi, il rusera avec elle, voilera son cynisme, l’embellira d’une délicate parure ; d’autant plus dangereux dans ses doctrines et dans ses tableaux, qu’il se fera plus aimable et plus séduisant. […] À travers tout leur esprit, on sent le vide de la doctrine : on comprend que, sur ce qui nous touche le plus, ces hommes n’ont rien à nous apprendre ; et le bon sens du public reste indifférent pour eux, comme ils le sont eux-mêmes pour les intérêts les plus chers de l’humanité.

742. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Toute la doctrine de Bonald repose sur cette thèse, plutôt postulée que démontrée, que la parole intérieure et la pensée qui lui correspond sont simultanées dans la conscience [ch. […] Les gens distraits, et généralement ceux qui manquent de présence d’esprit, n’ont pas moins d’idées ou d’esprit que les autres, et même assez souvent ils en ont davantage ; mais ils ont les idées moins présentes, parce qu’ils ont moins que les autres la mémoire des expressions ; c’étaient les expressions, et non assurément la science et la doctrine, qui manquaient au célèbre Nicole, lorsqu’il disait d’un certain docteur… : Il me bat dans le cabinet, mais il n’est pas au haut de l’escalier que je l’ai confondu. » Ainsi amendée, l’analyse de Ronald n’est plus d’accord avec ce que nous avons appelé son platonisme ; mais elle est beaucoup plus pénétrante et plus exacte.

743. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Ses doctrines, répandues par la presse, professées dans les clubs et les sections, reprenaient crédit auprès des esprits modérés et de la masse qui voulait enfin du repos.

744. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Ce serait pour nous une trop longue, quoique bien agréable tâche, de rechercher dans ces volumes et d’extraire tout ce qu’ils renferment d’idées et de sentiments par rapport à l’amour, à l’amitié, à la haute morale et à la profonde connaissance du cœur ; au spiritualisme panthéistique, véritable doctrine de notre philosophe ; à l’art, soit comme théorie, soit comme critique, soit enfin comme production et style.

745. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Mathieu lui expliqua cette doctrine, qui reposait sur la loi naturelle, et dont le but était purement moral et social.

/ 1439