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1521. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Il la méprisa dans les arts, dans la politique, dans les lettres, dans la morale chrétienne que cet athée ne comprit pas, aveuglé qu’il était par son athéisme, le crime irrémissible de son esprit. […] Mérimée nous fait mieux comprendre que tout ce que nous pourrions ajouter le caractère de Stendhal et la solidité du métal qu’il avait sous la peau.

1522. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Il la méprisa dans les arts, dans la politique, dans les lettres, dans la morale chrétienne, que cet athée ne comprit pas, aveuglé qu’il était par son athéisme, le crime irrémissible de son esprit. […] Mérimée nous fait mieux comprendre que tout ce que nous pourrions ajouter, le caractère de Stendhal et la solidité du métal qu’il avait sous la peau.

1523. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Pour bien comprendre la « contraction » qui va s’ensuivre, nous n’avons qu’à examiner les figures de lumière successives, en tenant compte de ce que ce sont des figures, c’est-à-dire des tracés de lumière que l’on considère tout d’un coup, et de ce qu’il faudra cependant en traiter les lignes comme si elles étaient du temps. […] Quant à l’espace franchi par l’appareil dans l’intervalle de temps compris entre les moments O₁″ et A₁, on l’évaluera tout de suite en remarquant que cet intervalle est mesuré par le retard de l’horloge située à l’extrémité d’un des bras de l’appareil sur l’horloge située à l’autre, c’est-à-dire par équation .

1524. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Le premier comprend trois facultés particulières : l’attention, la comparaison, le raisonnement. Le second en comprend également trois : le désir, la préférence, la liberté.

1525. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Une autre fois qu’elle allait aussi chez la reine, c’était dans des jours moins heureux, la princesse lui dit : « J’ai rêvé de vous cette nuit, ma chère Rose ; il me semblait que vous m’apportiez une quantité de rubans de toutes couleurs, et que j’en choisissais plusieurs ; mais, dès qu’ils se trouvaient dans mes mains, ils devenaient noirs… » L’éditeur a compris qu’il n’y avait pas là de quoi faire un volume : il a donc grossi le sien de notes sur le comte de Charolais, le duc d’Orléans, MM. de Choiseul et de Maurepas, qui ne se rattachent aucunement au texte ; ils sont à peine nommés dans l’ouvrage, et voilà qu’on nous donne en notes toute leur vie privée et publique.

1526. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Pour comprendre ses écrits, tantôt il faut relire les historiens, et suivre les phases diverses d’une guerre on les mouvements d’une révolution intérieure ; tantôt il faut demander des détails à un scholiaste, et scruter jusqu’au dégoût les mystères scandaleux d’une biographie oubliée262.

1527. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

On n’a pas compris, non plus, l’atticisme de l’Oncle Million, la mieux écrite peut-être de toutes ses pièces, comme Faustine en est la plus rigoureusement combinée.

1528. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pilon, Edmond (1874-1945) »

Et (peut-être) vous ne comprenez plus.

1529. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Il en a compris le caractère essentiel : l’appropriation.

1530. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Un ouvrage, un auteur ne peuvent être compris isolément.

1531. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre IV. Le Père. — Priam. »

Il est remarquable que ce nom isolé n’est pas même compris dans la période poétique ; il est rejeté au commencement d’un vers, où il coupe la mesure, suspend l’esprit et l’oreille, forme un sens complet ; il ne tient en rien à ce qui suit : Τὸν σὺ πρώην κτεῖνας ἀμυνόμενον περὶ πάτρης Ἕκτορα.

1532. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre V. Moralistes. — La Bruyère. »

qui le peut comprendre ? 

1533. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Avertissement de l’auteur »

Mais je n’ai pas dû choisir cette dernière dénomination, non plus que celle de philosophie des sciences, qui serait peut-être encore plus précise, parce que l’une et l’autre ne s’entendent pas encore de tous les ordres de phénomènes, tandis que la philosophie positive, dans laquelle je comprends l’étude des phénomènes sociaux aussi bien que de tous les autres, désigne une manière uniforme de raisonner applicable à tous les sujets sur lesquels l’esprit humain peut s’exercer.

1534. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — V. L’avare et l’étranger »

» La femme comprit ce que parler voulait dire et se garda bien de démentir son avare époux.

1535. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Il a compris que la bonne volonté ne suffit pas. […] Vous avez compris le symbole. […] Je comprends, d’ailleurs, l’état d’âme de Max Collignon. […] » Je comprends cet état d’âme. […] Il est excusable : il ne comprenait pas Chateaubriand et il n’avait pas lu André Chénier.

1536. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Pour poésie, quelques sentiments peu compliqués, toujours naturels, point raffinés, intelligibles à tous ; pour éloquence, un raisonnement continu, un vocabulaire limité, les plus hautes idées ramenées à leur origine sensible, tellement que des enfants peuvent comprendre cette éloquence et sentir cette poésie, et qu’à ce titre elles sont classiques. […] L’avocat parle d’abord latin77 : « Non, qu’il parle en langue ordinaire ; autrement, je ne répondrai pas. —  Mais vous comprenez le latin. —  Je le comprends, mais je veux que toute cette assemblée entende. » Poitrine ouverte, en pleine lumière, elle veut un duel public, et provoque l’avocat : « Me voici au blanc, tirez sur moi, je vous dirai si vous touchez près. » Elle le raille sur son jargon, l’insulte, avec une ironie mordante. « Sûrement, messeigneurs, cet avocat a avalé quelque ordonnance ou quelque formule d’apothicaire, et maintenant les gros mots indigestes lui reviennent au bec, comme les pierres que nous donnons aux faucons en manière de médicaments. […] Comprenez-vous qu’un être humain se détache ainsi de lui-même, qu’il s’oublie et se perde dans un autre ? […] Voyez, pour comprendre ce caractère, les rôles de James Harlowe dans Richardson, du vieil Osborne dans Thackeray, de sir Giles Overreach dans Massinger, de Manly dans Wycherley. […] Il ne comprend rien à cette espèce de dévouement, « à cette servitude, que les maris anglais, sous le nom de devoir, ont eu l’esprit d’imposer à leurs femmes. » Ce sont « des mœurs de sérail. » Voyez aussi Corinne.

1537. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

On comprend donc que des biologistes épris de rigueur aient tenu pour artificielle la distinction entre les deux règnes. […] Ce sont deux manières différentes de comprendre le travail ou, si l’on aime mieux, la paresse. […] Tandis que le premier ne comprend que des micro-organismes restés à l’état rudimentaire, animaux et végétaux ont pris leur essor vers de très hautes fortunes. […] Bornons-nous donc à enregistrer le point sur lequel tout le monde est d’accord, à savoir que le petit enfant comprend immédiatement des choses que l’animal ne comprendra jamais, et qu’en ce sens l’intelligence, comme l’instinct, est une fonction héréditaire, partant innée. […] Qu’une fin déterminée suscite des moyens déterminés pour l’atteindre, nous le comprenons encore.

1538. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Ce coup d’œil historique rapide, cette prévision soudaine et lointaine que nous n’apercevons pas chez Daunou à d’autres instants de sa vie publique, le sentiment d’équité et d’humanité les lui communique ici et les lui suggère : il comprend aussitôt que de ce premier pas que va faire la Convention dépend tout son avenir et celui de la république qu’elle enfante. […] Combien donc sont à déplorer les dissensions cruelles auxquelles l’inévitable diversité de ces signes a servi de cause ou de prétexte, et qu’il semble aisé de comprendre qu’en de telles matières le plus sûr moyen d’être équitable et raisonnable, c’est d’être fort tolérant !  […] A voir combien il était peu satisfait de la dernière édition du Dictionnaire, on comprenait tout ce qu’il aurait pu apporter d’utile aux fondements de la nouvelle. […] Dans l’âge de la ferveur impétueuse et de l’enthousiasme, on est quelque temps avant de comprendre que le plus grand témoignage qu’on puisse souvent donner aux hommes arrivés et désabusés, c’est de se tenir à distance ou de ne les prendre que par les surfaces qu’ils offrent. […] La conversation, la familiarité avec lui, tel que nous venons de le décrire, ne laissait pas d’avoir ses difficultés, on le comprend ; il y avait une première glace à rompre, et, même lorsqu’elle était rompue, certains points demeuraient à jamais interdits et inabordables.

1539. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Mais comment comprendraient-ils cela, les amateurs et doctrinaires de la guerre civile en permanence ? […] Mais le père de famille, frappé et molesté par des lois iniques et aveugles, a cessé de le comprendre et de le sentir. […] Dans les époques de sensibilité et d’intelligence artistiques, ces beautés sont comprises et accueillies d’emblée. […] Même pour un faux modeste tel que Claude Bernard, il est très facile de conclure que comprendre c’est surpasser. […] Je les comprends et je les admire maintenant.

1540. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

La discussion sur la tragédie, y compris la règle des trois unités (ce qui est peut-être de trop), a tenu une grande place aussi dans les paroles du directeur.

1541. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Alphonse (1840-1897) »

Gustave Geffroy Le débutant qui écrit les Amoureuses, et bientôt, après, la Double Conversion, a lu en artiste les poètes du xvie  siècle, a compris du premier coup le joli français résumatoire de La Fontaine, a aimé l’accent nerveux et passionné de Musset.

1542. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

André Theuriet l’a compris, et ses délicieux paysages des bois, tout imprégnés de la senteur forestière, sont animés d’un sentiment profond qui s’élève parfois jusqu’au pathétique ; quelques-unes de ses églogues sont de véritables petits drames dont la concision augmente le tragique effet.

1543. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « III »

Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ; voilà ce que l’on comprend malgré les diversités de race et de langue.

1544. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

L’art compris en dehors de la vie ne peut guère que délasser quelques esprits subtils et précieux.

1545. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Le Dieu qui régit les mondes, qui crée l’univers et la lumière, qui embrasse et comprend tous les temps, qui lit dans les plus secrets replis du cœur humain : ce Dieu peut-il être comparé à un dieu qui se promène sur un char, qui habite un palais d’or sur une montagne, et qui ne prévoit pas même clairement l’avenir ?

1546. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

De tels génies devaient s’accueillir, se comprendre et s’arc-bouter ; car ils étaient l’un et l’autre la Révolution.

1547. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Noirot »

Nous ne pouvons que montrer ces points lumineux et passer outre, mais pour qui comprendra et voudra lire, ce sera assez que de les avoir indiqués.

1548. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Lex per satyram signifiait une loi qui comprenait des matières diverses.

1549. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Aussitôt il comprend le langage des oiseaux qui gazouillent au-dessus de lui dans les feuilles vertes des arbres. […] Bientôt le grand prêtre des Northumbres déclara en présence des nobles que les dieux anciens étaient sans pouvoir, avoua « qu’auparavant il ne comprenait rien à ce qu’il adorait », et lui-même le premier, la lance en main, renversa leur temple. […] Quand Alfred69 le libérateur devint roi, « il y avait très-peu d’ecclésiastiques, dit-il, de ce côté de l’Humber, qui pussent comprendre en anglais leurs prières latines, ou traduire aucune chose écrite du latin en anglais. […] Alors aussitôt elle fut perdue pour lui. » Nul ornement dans ce récit ; nulle finesse comme dans l’original ; Alfred a bien assez de se faire comprendre. […] Dernier trait du génie national, qui, lorsqu’il travaille à comprendre les choses, laisse de côté la déduction sèche, nette, suivie, pour employer l’image bizarre, lointaine, multipliée, et remplace l’analyse par l’intuition.

1550. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Erckmann, je le comprends ; s’il est d’un jeune homme je ne le comprends pas. […] — Non ; tous vos plaisirs de garçon, tout votre vieux vin que vous buvez entre vous, tout votre égoïsme et vos plaisanteries, tout cela n’est rien… c’est de la misère auprès du bonheur de famille : c’est là que vous êtes vraiment heureux, parce que vous êtes aimé ; c’est là que vous louez le Seigneur de ses bénédictions ; mais vous ne comprenez pas ces choses ; je vous dis ce que je pense de plus vrai, de plus juste, et vous ne m’écoutez pas !  […] « Moi, disait Hâan, voilà comment je comprends les voyages ! […] On comprit aussitôt que ce serait quelque chose d’étrange ; la valse des Esprits de l’air, le soir, quand on ne voit plus au loin sur la plaine qu’une ligne d’or, que les feuilles se taisent, que les insectes descendent, et que le chantre de la nuit prélude par trois notes : la première grave, la seconde tendre, et la troisième si pleine d’enthousiasme qu’au loin le silence s’établit pour entendre. […] Fritz comprit qu’en insistant davantage, il pourrait donner l’éveil à tout le monde ; c’est pourquoi, prenant son parti, tout à coup il s’écria d’un ton assez joyeux : « Eh bien donc, puisque c’est impossible, n’en parlons plus.

1551. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Le prodigieux succès de ces deux bluettes fit comprendre tout de suite à Béranger combien la politique était un assaisonnement piquant à la chanson, et combien l’opposition était supérieure à l’ivresse ou à l’amour pour la popularité d’un couplet. […] Sans lien avec le gouvernement, sans affiliation avec les oppositions dynastiques et antidynastiques, je m’étudiais à l’éloquence par les beaux exemples que j’avais sous mes yeux dans les Chambres ; je cultivais la poésie dans les intervalles, ou j’écrivais l’histoire pour bien comprendre la politique dont elle est l’interprète. […] — Je pris à part les plus échauffés. — Non, leur dis-je, comprenez-moi bien, je ne crée pas un roi, je jette une planche sur le ruisseau ! […] On comprend que je me gardais bien de les réfuter. […] Dans le quatrième, on le verra dans sa chambre d’artisan au repos, recevant la visite des puissants du monde qui viennent le tenter par des honneurs et des richesses, et refusant tout de tout le monde pour rester salarié de Dieu seul et pour demeurer plus semblable à ce peuple qui ne le comprendrait plus si bien s’il était plus haut que sa condition.

1552. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Or, il y a des raisons assez sérieuses d’attribuer à Rodrigue Jimenez lui-même le poème latin en l’honneur de Roncevaux : on comprend que, ne voulant ni froisser les pèlerins qui arrivaient pleins des récits épiques, ni s’associer à leur façon de comprendre la défaite des Français, il ait gardé le silence sur ce point délicat. […] À ce titre, il est intéressant même pour le philosophe ; Wagner l’a compris à sa façon, et, s’en emparant, lui a donné, selon son habitude, une signification et une portée nouvelles. […] En anglais, il ne paraît pas avoir été traduit, mais il a fourni le sujet d’une ballade, d’ailleurs assez peu populaire, qui est comprise dans le recueil de Percy. […] Il est clair d’ailleurs que, pour que la plaisanterie de Philippe fût comprise, il fallait que Jean Boutedieu fût un personnage généralement connu dans le milieu où elle se produisait. […] Pas plus que l’Italie, disais-je dans ma première étude, l’Espagne (et j’y comprenais le Portugal) ne connaît le Juif Errant.

1553. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Une petite dissertation sur le participe reso (pour renduto) et le verbe sortire (dans le sens de uscire), que la Gazette de Milan avait compris en une même condamnation, atteste à quel point il ne laissait passer aucun détail, et combien il se préparait à être un vigilant écrivain. […] « Tu naissais cependant aux doux songes, et le premier soleil te donnait en plein dans le regard, ô Chantre aimable des armes et des amours… » Je m’arrête, mais on comprend tout ce que va gagner en poésie et en fraîcheur ce portrait de l’Arioste venant aussitôt après les teintes sévères de la réalité. […] Il faut désespérer de faire comprendre un tel chef-d’œuvre autre part que dans l’original ; qu’on me pardonne de l’avoir osé traduire et légèrement paraphraser, et qu’on devine, s’il se peut, à travers le plâtre et la terre de la copie, la fermeté primitive et tout le brillant du marbre. […] Même l’homme du peuple, et le moindre garçon A qui certes jamais Zénon ne fit leçon, Même la jeune fille, humble enfant qui s’ignore, Qui se sentait dresser les cheveux hier encore Au seul mot de mourir, tout d’un coup enhardis, Ils vont oser régler ces apprêts si maudits, Méditer longuement, d’un œil plein de constance, Le poison ou le fer, leur unique assistance ; Et dans un cœur inculte, et du reste ignorant, La grâce de la mort à la fin se comprend : Tant cette grâce est vraie, et tant la discipline De l’amour vers la mort doucement nous incline ! […] Ce texte est trop imprévu dans la biographie qui nous occupe pour devoir être passé sous silence ; on en comprendra tout l’intérêt et le contraste en avançant dans le récit de cette destinée, si absolument dénuée de croyance consolante.

1554. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

On a besoin, pour comprendre que ce livre de Naudé a été utile et presque courageux, de se représenter l’état des opinions en France au moment où il parut. […] J’allais ajouter qu’il y a une chose à laquelle il n’a rien compris et dont il ne s’est jamais douté, pour peu qu’elle existe encore, c’est l’autre science, celle du Saint et du Divin ; et qu’il semble tout à fait se ranger à cet axiome volontiers cité par lui et emprunté des jurisconsultes : Idem judicium de iis quae non sunt et quae non apparent, Ce qu’on ne peut saisir est comme non avenu et mérite d’être jugé comme n’existant pas232. […] Concevant cette utilité dans le sens le plus large et le plus philosophique, il propose le plan d’une bibliothèque universelle, encyclopédique, qui comprenne toutes les branches de la connaissance et de la curiosité humaines, et dans laquelle toutes sortes de livres sans exclusion soient recueillis et classés. […] En France, à Paris, parmi les riches bibliothèques alors renommées, y compris celle du Roi, il n’y en avait aucune qui répondît au vœu de Naudé, c’est-à-dire qui fût ouverte à chacun et de facile entrée, et fondée dans le but de n’en dénier jamais la communication au moindre des hommes qui en pourra avoir besoin. […] Pour moi, je me tiens aux médiocres, c’est-à-dire à ceux que tu appelles honnêtes gens et bons esprits. » Naudé, en écrivant cette charmante page, ne comprenait-il donc pas que le nombre de ces honnêtes gens et de ces bons esprits vulgaires à la Saint-Ange allait augmenter assez pour faire un public qui ne serait plus la populace ?

1555. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Je lui conseillai d’y comprendre les Dieux, les Héros et Wieland et les Lettres d’un Pasteur. […] Il y a d’abord ceux qui sont mes adversaires par sottise ; ce sont ceux qui ne m’ont pas compris et qui m’ont blâmé sans me connaître. […] « Zelter est un bon et digne homme, dit-il, mais il lui arrive parfois de ne pas me comprendre et de donner à mes paroles une fausse interprétation. […] — Je comprends, dit Goethe ; un arc se brise quand les fibres de la tige sont coupées. […] Mais ces sans-culottes ne peuvent pas comprendre cela, et ce qui, à nous autres, nous paraît grand, leur paraît grossier.

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