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797. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Machy » pp. 174-175

Le devant est bien composé ; ce pan de mur qu’on voit au coin gauche fait un bon effet.

798. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Je donnai au Globe, dans le courant de 1827, les articles sur la Poésie française au xvie  siècle qui furent publiés en volume l’année suivante (1828) ; et j’y ajoutai un second volume composé d’un choix de Ronsard. […] Je composais, en ce temps-là, le livre de Volupté qui parut en 1834 et qui eut le genre de succès que je pouvais désirer. […] Alphonse Le Roy avait été chargé par le Conseil académique de l’université de Liège, qui venait de célébrer son cinquantième anniversaire (le 3 novembre 1867), de composer une histoire même de cette université, un Liber memorialis, destiné à toutes les grandes bibliothèques publiques du monde savant en Europe et en Amérique ; une Notice sur tous les professeurs qui y avaient enseigné depuis l’année de sa fondation (1817) devait y trouver place, et non seulement une Notice biographique, mais bibliographique. […] Ce sont, pour la plupart, des livres couverts de remarques et annotations manuscrites, comme ceux qui composaient la bibliothèque de son fils, aujourd’hui dispersée : on dirait que le père a transmis au fils, en mourant, tous ses goûts avec sa manière d’étudier, la plume ou le crayon à la main. […] Paul Chéron, auteur de la première Table, a composé par cartes la Bibliographie de M. 

799. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Mariée en 1655 au comte de La Fayette, ce qu’il y eut probablement de plus remarquable et de plus d’accord avec l’imagination dans ce mariage, ce fut qu’elle devint ainsi la belle-sœur de la Mère Angélique de La Fayette, supérieure du couvent de Chaillot, autrefois fille d’honneur d’Anne d’Autriche, et dont les parfaites amours avec Louis XIII composent un roman chaste et simple, tout semblable à ceux que représente Mme de Clèves. […] Avant ce malheur, on a vu une lettre d’elle qu’elle a donnée au public pour se moquer de ce qu’on appelle les mots à la mode et dont l’usage ne vaut rien ; je vous l’envoie. » Suit cette lettre, qui est toute composée du jargon amphigourique dont elle voulait corririger le beau monde ; c’est un amant jaloux qui écrit à sa maîtresse ; Boileau en son genre n’eût pas mieux fait. […] Je tiens d’autant plus à ce que la liaison intime et déclarée de M. de La Rochefoucauld et d’elle ne commence qu’à cette époque, qu’il me semble que l’influence sur lui de cette amie affectueuse est expressément contraire aux Maximes ; qu’elle les lui eût fait corriger et retrancher si elle l’avait environné avant comme depuis, et que le La Rochefoucauld misanthrope, celui qui disait qu’il n’avait trouvé de l’amour que dans les romans, et que, pour lui, il n’en avait jamais éprouvé, n’est pas celui dont elle disait plus tard : « M. de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit, mais j’ai réformé son cœur. » Dans un petit billet de sa main (inédit) à Mme de Sablé, qui avait elle-même composé des Maximes, je lis : « Vous me donneriez le plus grand chagrin du monde si vous ne me montriez pas vos Maximes. […] Une raison douce, résignée, mélancolique, attachante et détachée, reposée de ton, semée le mots justes et frappants qu’on retenait, composait l’allure habituelle de sa conversation, de sa pensée. […] Un critique que nous aimons à citer a dit : « Il est très-remarquable de voir combien, sous Louis XIV, la langue française dans toute sa pureté, et telle que l’écrivaient Mmes de La Fayette, de Sévigné, M. de La Rochefoucauld, se composait d’un petit nombre de mots qui revenaient sans cesse avec une sorte de charme dans le discours ; et quelle était la généralité des expressions qu’en employait… On peut dire particulièrement du style de Mme de La Fayette qu’il est la pureté et la transparence même ; c’est le liquida vox d’Horace. » 119.

800. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Observons cette action et toutes les parties dont elle se compose. […] De la même façon qu’il a composé des caractères ; le domaine seul est différent, l’art et ses lois n’ont pas changé. […] Nos mouvements intérieurs sont la plupart du temps presque imperceptibles ; notre vie ne se compose que de petites actions ; nous ne cheminons que pas à pas ; nous ne faisons rien tout d’un coup. […] Ainsi, la poésie, qui suit les démarches de l’âme, doit se composer de petits mouvements et à chaque instant changer d’allure. […] Il l’avait peut-être fait composer par le magister de son village ?

801. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Tandis que la France et, récemment la Russie se sont partagés le mérite de composer les grands romans réalistes de notre temps, Dickens a continué à représenter, seul et probablement le dernier, la tradition des conteurs anglais du XVIIIe siècle. […] Cet art est merveilleux ; il survit aux atténuations des traductions ; il ne peut s’analyser, car il se compose autant des tournures caractéristiques et baroques dont le romancier fait se servir ses interlocuteurs que des idées qu’il leur prête, des singuliers aperçus, des digressions bizarres, des surprenantes réponses qu’il met dans leur bouche. […] Le dialogue est pour lui le moyen le plus court, le plus aisé et le plus intéressant par lui-même, de caractériser une multitude de créatures grimaçantes et risibles, plus composées que reproduites d’après nature et dont le spectacle, comme pour les personnages de vaudeville et les traîtres de mélodrame, est plus fait pour amuser ou effrayer que pour donner à connaître quelque variété insigne de notre espèce. […] Nous sommes en présence d’un auteur explicite et outrancier, qui charge ses phrases de verve, qui se lance sans cesse à développer abondamment n’importe quelle idée, qui, usant tantôt d’indications descriptives ordinaires, plus souvent d’indications descriptives disconnexes, le plus souvent d’un dialogue merveilleusement nuancé, dessine ses personnages en charges outrées ; il les conçoit permanents dans leurs attitudes grotesques ou menaçantes, n’en compose que de fort simples, de puérils, de difformes et, malgré le mystère, la terreur, la bizarrerie, les ridicules dont il les doue, n’en imagine guère que de réels et de vrais, de cette vérité particulière des caricatures et des satires. […] Usant de cet art sobre et puissant des indications disconnexes que nous avons appris à connaître, employant quelque solennité de ton, s’abandonnant à tout le morose d’une imagination qui s’était lassée de trop d’humour, Dickens composa dans Les Grandes Espérances, dans L’Ami commun, Le Mystère d’Edwin Drood, dans certaines parties de Dombey et fils, de La Petite Dorrit, quelques épisodes d’une sinistre beauté, puissamment, écrits, et dans lesquels, par aventure, il atteignit du même coup la force d’un réalisme presque profond, et l’intérêt intense du fantastique.

802. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Chaque proposition ordinairement courte se compose des éléments syntactiques indispensable, est construite selon un type permanent, soutenue par une armature préétablie, dans laquelle s’encastrent successivement d’innombrables mots, signes d’innombrables idées, formulées d’une façon precise et belle, en une diction définitive. […] Ainsi mêlées en des alliages où chaque élément prédomine alternativement, les deux passions de Flaubert, la beauté exaltée jusqu’au mystère, et la vérité suivie de pessimisme, composent les livres que nous analysons. […] Et quand il lui fallut, en quelques pages, mettre debout l’ancienne Byzance, Babylone sous Nabuchodonosor, évoquer les dieux et les monstres, il composa en sa cervelle ces visions de données aussi exactes et d’aussi minutieux renseignements que ceux pour les chasses de Julien, et celles-ci que les notes par lesquelles il décrivait un bal chez un banquier ou une noce au village. […] Elle est, comme un livre de science, un recueil d’observations  ou, comme un livre d’histoire, un recueil de traditions, bien _ différente de tous les romans d’idéalistes que composent une série d’effusions au public à propos de motifs ordinaires ou de faits clairsemés. […] Féré trois listes de mots, les uns d’un sons joyeux, les autres d’un sens triste ; la troisième liste se composait de mots abstraits et rares.

803. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Il est convenu en effet, dans tous les siècles et chez tous les peuples, que le poème épique se compose non seulement de ce qui est dans la nature, mais de ce qui est au-dessus de la nature, ou du surnaturel, de ce que les critiques appellent le merveilleux. […] XIII Ce caractère de diversité prodigieuse des races qui composèrent peu à peu la nationalité française fut nécessairement un obstacle à la formation prompte d’une littérature nationale. […] Ces littératures mortes avaient quelque chose d’excellent à prendre dans leurs sépulcres, c’étaient leurs ossements ; revêtons-les d’une nouvelle chair, animons-les d’un nouvel esprit, et nous aurons renoué, grâce à nos ancêtres imitateurs, les deux plus belles choses dont puisse se composer une littérature parfaite, les langues anciennes et la pensée moderne. […] il en est de même du style : nous sentons s’il nous charme ou s’il nous laisse languissants, s’il nous réchauffe ou s’il nous glace ; mais il est composé de tant d’éléments indéfinissables de l’intelligence, de la pensée et du cœur, qu’il est un mystère pour nous comme la physionomie, et qu’en le ressentant dans ses effets, il nous est impossible de l’analyser dans ses causes. […] Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style.

804. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Il compose des poèmes ennemis de l’éloquence, pour lesquels il a une dilection particulière, et il s’efforce d’en renouveler les rythmes. […] dès septembre sur l’Aisne, compose un poème qui avoue une lucidité complète. » Il était absolument interdit de tenir un journal dans l’armée allemande. […] C’était les derniers vers qu’il composait. […] Un jour il s’enferma dans une chambre de la rue Boissonnade et n’en sortit qu’après avoir écrit son premier livre composé en vers blancs. […] Le comité de rédaction était composé de Edmond Jaloux, Valery Larbaud, André Germain, Philippe Soupault, sous la direction d’Émile Paul et de Martin du Gard.

805. (1864) Études sur Shakespeare

Shakespeare composa et afficha aux portes de sir Thomas une ballade aussi mauvaise qu’il le fallait pour divertir singulièrement le public auquel il demandait alors ses triomphes, et pour porter au dernier degré le courroux de l’homme dont elle livrait le nom à la risée populaire. […] Lord John Oldcastle, ouvrage plus intéressant et composé avec plus de bon sens, s’anime aussi, dans quelques scènes, d’un comique plus voisin de la manière de Shakespeare. […] Le sculpteur fit des statues isolées ou des groupes peu nombreux, et ne prétendit point à composer avec des blocs de marbre des scènes violentes ou de vastes tableaux. […] Parmi les œuvres vraiment nationales, la seule pièce entièrement comique que présente le théâtre anglais avant Shakespeare, l’Aiguille de ma commère Gurton, fut composée pour un collège et modelée selon les règles classiques. […] » Cette inscription, composée, à ce qu’on croit, par Shakespeare lui-même, fut, dit-on, la cause qui empêcha de transporter son tombeau à Westminster, comme on en avait eu le projet.

806. (1923) Au service de la déesse

Alors, faute d’un Homère pour les composer, comment les poèmes homériques sont-ils venus au jour ? […] Aucune tragédie de Sophocle, aucun poème de Pindare n’est arrivé jusqu’à nous tel que l’a composé Pindare ou Sophocle. […] Lefranc : non, ce Shakespeare n’était pas un ignorant, et si grossier, puisqu’il a composé ce théâtre fameux et beau. […] — que l’œuvre dite de Shakespeare « ne peut en aucune manière avoir été composée par ce personnage » ! […] Flaubert, avant de composer son roman, n’avait-il pas lu quinze cents volumes de toute sorte ?

807. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Nous pouvons donc considérer que notre corps est composé par des millions de milliards de petits êtres ou individus vivants et d’espèce différente. […] Tous ces éléments organiques qui composent notre corps sont d’une grande ténuité microscopique, car la grandeur en varie entre des centièmes et des millièmes de millimètres. […] L’arrêt des mouvements respiratoires produit particulièrement ce résultat en empêchant dans le milieu organique sanguin l’aération, qui est indispensable pour entretenir la vie de tous les éléments organiques qui nous composent. […] Le cœur de l’homme, ainsi que celui des mammifères et des oiseaux, est donc un cœur anatomiquement double et composé de deux cœurs simples, appelés l’un le cœur droit, l’autre le cœur gauche. […] Les éléments anatomiques qui le composent sont des éléments nerveux sous la forme de tubes et de cellules combinés et unis entre eux.

808. (1903) La pensée et le mouvant

Quand un musicien compose une symphonie, son œuvre était-elle possible avant d’être réelle ? […] Comme si un jugement avait pu préexister aux termes qui le composent ! […] Représentez-vous un changement comme réellement composé d’états : du même coup vous faites surgir des problèmes métaphysiques insolubles. […] On parle du « monde » ou du « cosmos » ; et ces mots, d’après leur origine, désignent quelque chose de simple, tout au moins de bien composé. […] C’est pour un concours académique qu’il avait composé son Essai, pour son examen de doctorat la dissertation sur l’Habitude.

809. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

Par malheur, Bertrand ne composa pas en ce moment assez de vers de la même couleur et de la même saison pour les réunir en volume ; mécontent de lui et difficile, il retouchait perpétuellement ceux de la veille ; il se créait plus d’entraves peut-être que la poésie rimée n’en peut supporter.

810. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

C’est aussi cette élégie qu’il composa à cause d’une marguerite mal effeuillée et que j’aime pour sa naïveté exaspérée.

811. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Goffic, Charles (1863-1932) »

Au reste, je n’essayerai pas de chercher l’ordre et la suite de ces petites pièces détachées qui composent l’Amour breton, ni de rétablir le lien que le poète a volontairement rompu.

812. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 111-114

Avant de travailler à l’Histoire de France, il avoit composé plusieurs Ouvrages, entre autres, une Réponse aux Lettres Provinciales.

813. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 367-370

On peut dire cependant que, depuis son origine jusqu’à nos jours, il a été composé par des Savans célebres & d’habiles Littérateurs.

814. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 480-482

Les Discours qu’il composa pour la justification de ce Ministre, sont les chef-d’œuvres d’une Eloquence mâle, rapide, attachante, & portent l’empreinte d’une ame pleine de noblesse & de sentiment ; aussi tout ce qu’il y avoit alors de plus respectable s’empressa de lui rendre hommage.

815. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Chardin » pp. 128-129

Ces deux tableaux sont très-bien composés.

816. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 9, comment on rend les sujets dogmatiques, interessans » pp. 64-66

Section 9, comment on rend les sujets dogmatiques, interessans Quand Virgile composa ses georgiques qui sont un poëme dogmatique, dont le titre nous promet des instructions sur l’agriculture et sur les occupations de la vie champêtre, il eut attention à le remplir d’imitations faites d’après des objets qui nous auroient attachez dans la nature.

817. (1860) Ceci n’est pas un livre « À M. Henri Tolra » pp. 1-4

Figure-toi un régiment composé de soldats portant chacun un costume différent, — où le zouave emboîterait le pas au cent-garde et le cent-garde au chasseur de Vincennes.

818. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Un autre produit moins aimable de l’école italo-hispanique, Saint-Amant, en imitait les jeux d’esprit avec la furie française, et n’était pas toujours assez de sang-froid pour y mettre « le grain de bon gens. » Celui-là possédait tellement à fond son Marini, qu’il pouvait parier avec Chapelain à qui saurait au juste le nombre de stances dont se compose l’Adone, et il gagnait son pari. […] Je quitte donc la prose et la simple nature, Pour composer des vers où règne la figure. […] En outre, dans le temps qu’il écrivait ses satires, Racine composait, comme pour lui donner raison, Andromaque et Britannicus ; Molière, le Tartufe et le Misanthrope, après les Précieuses ridicules ; La Fontaine, ses pins belles fables. […] Cependant Dom Japhet d’Arménie, composé et probablement représenté en 1653, se jouait encore en 1665, et comme on dit, en style de théâtre, faisait plus d’argent que Cinna 104. […] Il en entremêlait le travail de l’ingénieuse plaisanterie du Lutrin, dont les quatre premiers chants furent composés dans le même temps que les deux derniers de l’Art poétique.

819. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Je crois plutôt que le titre a été composé suivant la recette de Misanthropie et Repentir. […] Il a mis un doigt d’eau dans son vin ; mais il peint et il compose toujours avec énergie et imagination. […] L’esprit se porte tout d’abord vers Callot ; mais je crois n’avoir rien vu, dans la longue série de ses œuvres, qui soit plus dramatiquement composé. […] Si La Bruyère eût été privé d’imagination, aurait-il pu composer ses Caractères, dont cependant la matière, si évidente, s’offrait si complaisamment à lui ? […] Or un poème ne se copie jamais : il veut être composé.

820. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Peut-être les reprendra-t-il plus tard dans d’autres livres, pour composer avec elles des personnages nouveaux qui apparaîtront comme des extraits ou plutôt comme des compléments du premier ; mais presque toujours ceux-ci auront quelque chose d’étriqué en comparaison du personnage originel. […] Les microbes qui fixent l’azote de l’atmosphère et ceux qui, tour à tour, convertissent les composés ammoniacaux en composés nitreux, ceux-ci en nitrates, ont rendu à l’ensemble du monde végétal, par la même dissociation d’une tendance primitivement une, le même genre de service que les végétaux en général rendent aux animaux. […] Si donc les Fourmis, par exemple, ont un langage, les signes qui composent ce langage doivent être en nombre bien déterminé, et chacun d’eux rester invariablement attaché, une fois l’espèce constituée, à un certain objet ou à une certaine opération. […] Dans les deux cas nous avons affaire à du connu qui se compose avec du connu et, en somme, à de l’ancien qui se répète. […] La finalité par excellence, pour notre entendement, est celle de notre industrie, où l’on travaille sur un modèle donné d’avance, c’est-à-dire ancien ou composé d’éléments connus.

821. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Petits esprits, je n’aime pas qu’on dise cela des autres, surtout quand ces autres composent toute une classe et un groupe naturel : c’est une manière trop abrégée et trop commode d’indiquer qu’on est soi-même d’un groupe différent. […] Quand son ami, le docteur Riolan, publie ses Œuvres in-folio (1649), il est heureux d’en dresser lui-même la table en quelques soirées : « Et comme tout l’ouvrage est parsemé de quantité de choses fort curieuses, j’ai fait en sorte que la table en retînt quelque chose. » Cette table des matières à composer a été un de ses plaisirs2. […] Le Médecin charitable de Guybert, publié en français, et qui se composait d’une suite de petits traités simples et d’indications à l’usage de tous, commença de porter la lumière dans le labyrinthe et l’économie dans le laboratoire.

822. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Le traité de La Servitude volontaire, qui, bien lu, n’est à vrai dire qu’une déclamation classique et un chef-d’œuvre de seconde année de rhétorique, mais qui annonce bien de la fermeté de pensée et du talent d’écrire, fut composé par lui, à seize ans, disent les uns ; à dix-huit ans, disent les autres. […] Dans quelle intention précise, et à quel âge au juste l’auteur l’a-t-il composé ? […] Mais il a pu retoucher son traité et y ajouter çà et là quelques phrases après l’avoir composé.

823. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

L’Anthologie, telle qu’il nous la donne dans sa vraie forme, se divise en plusieurs livres et se compose uniquement d’épigrammes. […] Une autre fois, c’est un simple portefaix, l’honnête Miccalion, qui fait son offrande aux dieux : « Cette statue, ô Passant, est une consécration du portefaix Miccalion ; mais elle n’a pas échappé à Mercure, la piété du portefaix qui, dans son pauvre métier, a trouvé moyen de lui faire une offrande : toujours et partout l’homme de bien est homme de bien. » Mais la fleur des épigrammes de Léonidas en faveur du pauvre monde me paraît être l’épitaphe qu’il composa pour la bonne ouvrière Platthis, morte à quatre-vingts ans : « Soir et matin, la vieille Platthis a bien souvent repoussé le sommeil pour combattre la pauvreté ; elle a chanté aussi sa petite chanson à la quenouille et au fuseau, son compagnon d’ouvrage, jusqu’au terme de la blanche vieillesse ; se tenant à son métier jusqu’à l’aurore, elle parcourait avec les Grâces le stade de Minerve, dévidant d’une main tremblante, autour de son genou tremblant, l’écheveau qui devait suffire à la trame, l’aimable vieille ! […] Qu’un nid vide te recouvre et t’abrite, une masure que réchauffe un petit feu flambant, quand même tu n’y aurais qu’un pain commun, d’une farine mal blutée, pétrie de tes mains dans une pierre creuse, et pourvu que tu y aies encore et du pouliot, et du thym, et de ce gros sel amer si doux à mêler aux aliments. » Enfin l’on a son Épitaphe, composée par lui en perspective de sa mort prochaine ; on est loin ici du bonheur champêtre de cet autre vieillard de Tarente que nous a montré Virgile.

824. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Cette espèce d’opposition s’est depuis rencontrée souvent, mais jamais, je crois, dans une nature d’âme plus noblement composée et mieux conciliante en ses contrastes que celle de M. de Murçay. […] Il faut dire encore que la figure et la situation de Mme de Pontivy commençaient à faire bruit ; que ce dévouement, si naturel chez elle et si simple, allait lui composer, sans qu’elle y songeât, une existence à la mode, et que Mme de Noyon, d’abord indifférente ou contrariée, s’accommodait déjà mieux, dans sa vanité de tante, d’une nièce à réputation d’Alceste. […] Cet amour durait depuis des saisons et composait, après tout, un rare bonheur dans une exacte fidélité, sans aucune des coquetteries du monde, ni aucun échec du dehors ; il n’était troublé que de lui-même et par des torts légers.

825. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Ronsard, Malherbe, Théophile et Hardy, composaient donc à peu près sa littérature moderne. […] Il ne nous semble même pas impossible que quelque circonstance particulière de son aventure l’ait excité à composer Mélite, quoiqu’on ait peine à voir quel rôle il y pourrait jouer. […] Dans les diverses pièces qu’il composa en cet espace de cinq années, Corneille s’attacha à connaître à fond les habitudes du théâtre et à consulter le goût du public ; nous n’essaierons pas de le suivre dans ces tâtonnements.

826. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Sainte-Beuve n’avait pas tort de croire que Despréaux avait composé l’Épître à Arnauld pour encadrer deux tableaux qui lui plaisaient, la fuite légère du temps, et la lente allure du bœuf de labour. […] Sans doute il était difficile à Boileau de faire autrement en son temps : on n’eût pas accepté une poésie toute composée d’impressions, sans suite, sans lien, et surtout sans sujet. […] Jusque-là Boileau composait avec les idées de sa mémoire ; il assemblait sans conviction des abstractions conçues par son intelligence sur la foi de ses livres ; maintenant il obéit à sa passion intime : il travaille sur les matériaux de sa propre expérience.

827. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Ce qu’il aime, ce sont les demi-teintes, les demi-sentiments, les affections simples et domestiques, les inclinations paisibles ou contenues, où entre autant de connaissance que de passion ; ou bien les caractères renfermés et compliqués, parfois les âmes égoïstes et médiocres : des amours de vieillards319, profonds, discrets, point du tout ridicules ; des amitiés de frères320, confiantes et fortes, contre qui l’ambition même et l’amour ne prévalent pas ; des affections de cour, composées d’intérêt ou d’amour-propre, mais aussi de goût sérieux et sincère321 chez d’honnêtes gens qui ont de la raison et de l’expérience ; des intrigues de ministres ambitieux, de courtisans retors, de fonctionnaires égoïstes, toute la mécanique des cours et des cabinets de princes322. […] La structure de ses meilleures pièces est remarquable : tant les forces, qui sont en présence, sont exactement opposées, se contrepèsent, se composent, se dévient, s’annulent, s’entraînent, avec une sûreté de calcul qui est prodigieuse. […] Jean Rotrou, né à Dreux en 1609, n’avait pas vingt ans quand il composa sa première œuvre, l’Hypocondriaque, il dit en 1634 avoir fait déjà trente pièces.

828. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

J’ai employé la moitié de ma vie à composer cet ouvrage, je devrais passer l’autre à le corriger. » Boileau lui-même n’en eût pas voulu tant. […] Voltaire aurait été bien surpris si, dans un de ses moments d’inquiétude secrète sur la durée de ses œuvres, quelqu’un lui eût dit qu’en écrivant une épopée il s’était donné le même genre de tort que Chapelain, et qu’au jugement des connaisseurs, la Henriade ne serait qu’un exemple plus illustre que la Pucelle d’un mauvais poème épique composé selon les règles. […] Ni les bergers de l’Astrée, ni les champs qui avoisinent Paris, trop peu cléments pour la vie en plein air que menaient les pâtres de Sicile et d’Italie, n’avaient pu leur donner l’idée de composer des idylles.

829. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Puis on a composé des pièces farcies, moitié françaises, moitié latines ; enfin la langue vulgaire l’a tout à fait emporté. […] Si elle est moins sévère pour la tragédie, elle l’engage dans une voie nouvelle, elle la pousse à puiser son inspiration dans la Bible, à se faire chrétienne, et c’est ainsi que Racine converti, repentant de ses œuvres profanes, compose Esther et Athalie. […] Mais je m’arrête : j’en ai dit assez pour indiquer de quelles teintes diverses la même secte, suivant qu’elle est triomphante ou traquée, militante ou apaisée, peut colorer les œuvres littéraires composées sous son influence.

830. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Mais un document plus authentique et plus frappant de l’aversion de madame de Maintenon pour le système suivi contre les protestants, et de la honte qu’elle inspira au roi des excès qui continuèrent après la révocation de l’édit de Nantes, c’est la tragédie à Esther qu’elle fit composer par Racine pour la maison de Saint-Cyr, et qui y fut représentée devant le roi. […] Puisque les conséquences ultérieures de cette fortune ne sont plus de notre sujet, et que nous nous arrêtons ici dans l’histoire de la société polie, jetons un dernier regard sur les personnages qui la composent en 1680, rassemblons-les dans notre pensée : leur aspect suffira pour nous faire entrevoir l’avenir que nous laissons à d’autres le soin de décrire. […] Racine et Duché composent à l’envi des pièces bibliques.

831. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Cela fit un composé des plus bizarres, des plus glorieux, des moins raisonnables, et dont toute sa destinée se ressentit. […] Elle en composa un ou deux à cette époque (1658), ainsi que des portraits de société, dont la mode venait de s’introduire. […] Mademoiselle imagine donc, en une prairie, près d’une forêt, en vue de la mer, une société des deux sexes, toute composée de gens aimables et parfaits, délicats et simples, qui gardent les moutons les jours de soleil et pour leur plaisir, qui se visitent le reste du temps d’un ermitage à l’autre, en chaise, en calèche, en carrosse ; qui jouent du luth et du clavecin, lisent les vers et les ouvrages nouveaux ; qui unissent les avantages de la vie civilisée et les facilités de la vie champêtre, sans oublier les vertus de la vie chrétienne ; qui, tous célibataires ou veufs, polis sans galanterie ou du moins sans amour, vivent honnêtement entre eux, et n’ont nul besoin de recourir au remède vulgaire du mariage.

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