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333. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Avec deux signes (un peu retors, il est vrai), avec, par exemple, le mot chum (cloche) et un déterminatif, les Chinois disent : « Son que produit une cloche dans le temps de la gelée blanche » ; avec trois signes ils disent : « Son d’une cloche qui se fait entendre à travers une forêt de bambous16. » Voilà sans doute l’idéal de tous ceux qui ignorent que, grâce à ce délicieux système, il faut une quarantaine d’années pour s’assimiler les « finesses » de ce langage immense mais immobile . […] Pour le seul mot clematis vitalba ou clématite, en véritable français, viorne, du latin viburnum, il n’y a pas dans la langue et dans les dialectes moins d’une centaine de noms34 ; en voici quelques-uns, parmi lesquels on pouvait choisir : aubevigne, vigne blanche, vignolet, fausse vigne, veuillet, vioche, vigogne, viorne, vienne, vianne, viaune, liaune, liane, viène, vène, liarne, iorne, rampille, et des mots composés très pittoresques : barbe de chèvre, barbe au bon Dieu, cheveux de la Vierge, cheveux de la Bonne Dame, consolation des voyageurs 35.

334. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

C’est même de cette façon qu’on pait au blanc forcé, il y a plusieurs années, le linge des demoiselles Lola Montès et Céleste Mogador, qui, elles aussi, mais pour de plus joyeuses raisons que la dame cosaque d’aujourd’hui, eurent la fantaisie de publier leurs Mémoires… Seulement, si cet honnête M.  […] Ni l’âge de cet homme, ni les cheveux blancs de cet homme, ni la robe de cet homme, qui n’est pas encore descendu complètement dans la soutane du prêtre catholique, mais qui s’est arrêté à moitié, dans la soutanelle de l’abbé romain, ni la vocation ou l’affectation ecclésiastiques de cet homme n’ont pu la retenir.

335. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Narcisse mécontent, qui disait du mal de sa figure avec coquetterie… « Squelette je suis né, — disait-il, — squelette je suis, et la mort ne me changera pas… » Ce squelette, il l’enveloppait dans un costume complet couleur de lavande, la veste, avec un mince filet d’argent ou de soie blanche, brodée au tambour, des bas de soie œil de perdrix, des boucles d’or, des manchettes et un jabot de dentelles, ce qui, pour un squelette, n’est pas trop mal ! […] Il prétendait qu’il renfermait plus de craie que de muscles dans sa mince personne, et cette idée de craie, rapprochée de l’idée de sa gaieté froide et forcée, fait penser à ces clowns anglais qui s’en barbouillent et qui rient, comme par ressorts, sous ce masque blanc… « Je sais maintenant comment je finirai, — écrit-il à Lady Ossory, le 16 janvier 1785. — Comme je ne suis plus qu’une statue de craie, je m’émietterai en poussière.

336. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Espèce de Camisard catholique, qui, par-dessus un catholicisme ici compromettant, a mis la chemise blanche du spiritualisme pur, afin de surprendre l’ennemi et de frapper de meilleurs coups ! […] Il lui a rongé sa réputation et son mérite, comme cette agréable petite souris blanche de Renan ronge les faits historiques, et avec une dent tellement caressante, que l’amour-propre de Renan pourrait bien ne se croire que chatouillé, suavement chatouillé, le voluptueux !

337. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Son trône est éclatant, sa robe est blanche, son sceptre d’une matière brillante et pure. […] Près d’elle est la justice, dont le regard est à la fois imposant et doux ; le génie du gouvernement, attentif et sévère ; la paix qui sourit avec grâce, et la raison sage qui sert de ministre : et la loi en cheveux blancs, portant un sceptre d’or, et dont rien ne peut combattre la force.

338. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Heureux si, averti par ces cheveux blancs, du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint. » Dans cette péroraison touchante, on aime à voir l’orateur paraître, et se mêler lui-même sur la scène. L’idée imposante d’un vieillard qui célèbre un grand homme, ces cheveux blancs, cette voix affaiblie, ce retour sur le passé, ce coup d’œil ferme et triste sur l’avenir, les idées de vertus et de talents, après les idées de grandeur et de gloire ; enfin la mort de l’orateur jetée par lui-même dans le lointain, et comme aperçue par les spectateurs, tout cela forme dans l’âme un sentiment profond qui a quelque chose de doux, d’élevé, de mélancolique et de tendre.

339. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Châtillon, Auguste de (1808-1881) »

C’est Auguste de Châtillon, qui s’éprit des moulins de Montmartre, des lilas de Montmorency et des canots du lac d’Enghien, comme ce pauvre Paul Arène des oliviers, des mûriers, des routes blanches, des cigales et du soleil de son pays.

340. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Colet, Louise (1810-1876) »

Aussi fut-elle tout cela, comme l’exigeaient impérieusement la mode et les convenances ; mais quels démentis cruels donnaient à ce parti pris nécessaire son beau front droit, ses grands yeux plus éveillés que les cloches de matines, son petit nez retroussé comme ceux qui changent les lois d’un empire, et l’arc de sa jolie bouche, et son menton rose, et les énormes boucles de cheveux clairs, lumineux, couleur d’or, tombant à profusion sur un buste dont les blanches, éclatantes et superbes richesses chantaient glorieusement à tue-tête la gloire de Rubens, ivre de rose !

341. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Désaugiers, Marc-Antoine-Madeleine (1772-1827) »

Charles Nodier Le ciel, qui lui avait donné le génie d’Anacréon, lui en devait peut-être aussi les cheveux blancs… Désaugiers, si heureusement inspiré par le plaisir, avait aussi des chants pour la sagesse.

342. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, Maurice (1877-1941) »

Maurice Magre, ce serait plutôt de ne pas se soucier toujours de la précision des termes, faute d’observation directe et parce que son art est d’ordre surtout décoratif, comme en cette strophe peu respectueuse de la flore littorale : Appareillons pour l’archipel aux îles blanches, Où de brunes cités, le long des vagues, penchent Leurs jardins clairs, fleuris d’algues et de goémons.

343. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mauclair, Camille (1872-1945) »

Il y a aussi un volume presque de ces poésies éparses (Sonatines d’automne) dans différentes publications, parmi lesquelles ces inoubliables vers libres publiés par la Revue blanche.

344. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

Ivanhoé Rambosson… Mais il ne déteste pas les vers affligés d’une certaine boiterie mélancolique : Des cloches et des hymnes chantent dans mon cœur… ………………………………………………………… Dans les agrès allègres voltige un vol blanc D’hirondelles amies, et la frêle chaloupe Berce à la vague les fleurs lasses de sa poupe Dans un cortège impérial de goélands… M. 

345. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 302-304

Blanc.

346. (1932) Le clavecin de Diderot

Ainsi, certaines superstitions familiales vouent les enfants au bleu et au blanc. […] Les noirs sont aux blancs des moyens, des occasions de se divertir, comme leurs esclaves, aux riches Romains du bas empire. […] Vêtu d’une très élégante robe blanche, courbé sous la croix, au départ, Jésus offrait l’échine. […] Sur le métal noir et blanc, la gamme des tons était celle de toutes les possibilités. […] Pierre Unik, Théâtre des nuits blanches, Éditions surréalistes, 1931.

347. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Poli et légèrement teinté de blanc et de carmin, il était modelé pour réfléchir au dehors la pensée qui luisait au dedans ; une gracieuse dépression des tempes l’infléchissait en se rapprochant des yeux. […] Comme un cygne endormi qui seul, loin de la rive, Livre son aile blanche à l’onde fugitive, Le jeune homme inconnu mollement s’appuyait Sur ce lit de vapeurs qui sous ses bras fuyait. […] il est tendu au dehors de ma fenêtre comme un rideau blanc, ou comme un linceul. — Il était pendu ainsi à la fenêtre de mon père la nuit de sa mort. […] Voyez-vous, voyez-vous ce papier blanc ? […] mon vieux père en cheveux blancs !

348. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Un vieillard boiteux dont la barbe blanche montait presque jusqu’aux yeux arracha précipitamment d’un abreuvoir le cheval qu’il venait d’y amener, et qui n’avait pas encore achevé de boire, et, lui ayant donné, sans le moindre motif, un grand coup de pied dans le côté, il nous salua. […] Les chevaux de volée frissonnent, s’ébrouent et piétinent avec grâce : une paire d’oies blanches qui viennent de s’éveiller traversent la route lentement et en silence. […] Là-bas, derrière le bois, paraît un village ; plus loin vous en découvrez un autre avec une église blanche ; plus loin encore s’élève sur une montagne un petit bois de bouleaux ; au-delà du bois s’étend le marais vers lequel vous vous dirigez. […] Le fusil sur l’épaule, vous marchez d’un pas rapide, fussiez-vous accablé de fatigue… Mais l’obscurité augmente rapidement ; vous n’y voyez plus à vingt pas ; les chiens blancs même se détachent à peine au milieu des ténèbres. […] On aperçoit des arbres se dessinant sur un ciel pâle, d’un blanc laiteux ; quelques feuilles dorées pendent encore çà et là sur les branches nues des tilleuls.

349. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

On en transporte des fruits frais et secs, principalement des grenades, beaucoup de savon, des lames d’épées et de la poterie blanche et vernissée. […] Il est revêtu en bas de marbre blanc transparent, semblable à du porphyre et à de l’agate. […] C’est un portail de ce beau marbre blanc dont on a parlé. […] C’était un vieillard tout blanc, de bonne mine et fort vénérable. […] C’est ordinairement un eunuque blanc qui les remplit, et qui partage conséquemment l’espèce de culte que les flatteurs et les ambitieux rendent à son maître.

350. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Corbière, Tristan (1845-1875) »

[Revue blanche (janvier 1899).]

351. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leygues, Georges (1857-1933) »

Jadis, le poète amoureux Rêvait vainement pour eux La blanche floraison du livre.

352. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIV. Des Livres sur le Commerce & sur ce qui y a rapport. » pp. 329-332

LE Commerce est le lien qui unit les deux hémisphères ; c’est par lui que les Noirs & les Blancs, les Turcs & les Chrétiens ne forment qu’un même peuple.

353. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Machy » pp. 174-175

Il y a aussi la vapeur, mais la vapeur claire des lieux frais, renfermés et blancs.

354. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Les sens usés au service d’une intelligence immortelle, qui tombent comme l’écorce vermoulue de l’arbre, pour laisser cette intelligence, dégagée de la matière, prendre plus librement les larges proportions de son immatérialité ; les cheveux blancs, ce symbole d’hiver après tant d’étés traversés sans regret sous les cheveux bruns ; les rides, sillons des années, pleines de mystères, de souvenirs, d’expérience, sentiers creusés sur le front par les innombrables impressions qui ont labouré le visage humain ; le front élargi qui contient en science tout ce que les fronts plus jeunes contiennent en illusions ; les tempes creusées par la tension forte de l’organe de la pensée sous les doigts du temps ; les yeux caves, les paupières lourdes qui se referment sur un monde de souvenirs ; les lèvres plissées par la longue habitude de dédaigner ce qui passionne le monde, ou de plaindre avec indulgence ce qui le trompe ; le rire à jamais envolé avec les légèretés et les malignités de la vie qui l’excitent sur les bouches neuves ; les sourires de mélancolie, de bonté ou de tendre pitié qui le remplacent ; le fond de tristesse sereine, mais inconsolée, que les hommes qui ont perdu beaucoup de compagnons sur la longue route rapportent de tant de sépultures et de tant de deuils ; la résignation, cette prière désintéressée qui ne porte au ciel ni espérance, ni désirs, ni vœux, mais qui glorifie dans la douleur une volonté supérieure à notre volonté subalterne, sang de la victime qui monte en fumée et qui plaît au ciel ; la mort prochaine qui jette déjà la gravité et la sainteté de son ombre sur l’espérance immortelle, cette seconde espérance qui se lève déjà derrière les sommets ténébreux de la vie sur tant de jours éteints, comme une pleine lune sur la montagne au commencement d’une claire nuit ; enfin, la seconde vie dont cette première existence accomplie est le gage et qu’on croit voir déjà transpercer à travers la pâleur morbide d’un visage qui n’est plus éclairé que par en haut : voilà la beauté de vieillir, voilà les beautés des trois âges de l’homme ! […] Nous disons innocente, car un enfant n’est jamais coupable, et sous les premiers cheveux blancs Henri Heine est mort enfant ! […] Être rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non. […] noir ou blanc ? […] Prends garde que les têtes mûres, sur lesquelles tu jettes la poussière de tes mépris, ne dominent encore de toute la hauteur d’un autre temps les cheveux couronnés de roses ; ce serait là le symptôme fatal de l’abaissement du niveau de l’intelligence nationale et de la diminution des proportions de l’âme parmi nous ; car ce qu’il y a de plus déplorable et de plus irrémédiable dans un peuple, c’est quand la jeunesse du cœur se réfugie sous les cheveux blancs !

355. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Suivant que le spectateur fixera son attention sur l’une ou sur l’autre, il verra les mêmes dessins lui apparaître tantôt en noir sur fond blanc, tantôt en blanc sur fond noir. […] Quelques traits noirs sur du papier blanc. […] De même je serai disposé à trouver que les fleurs de la série blanche, narcisse, tubéreuse, lis, oranger, ont quelque chose de blanc dans leur odeur, et à sentir comme du jaune dans le parfum des fleurs de la série jaune, genêt, jonquille, cytise, ajonc, mimosa. […] Le dessinateur n’emploie qu’une gamme de tons très restreinte, qui va du blanc de son papier au noir de son crayon. […] C’est Bernard Palissy, hâve, décharné, misérable, se consumant à la recherche de son émail blanc, père des émaux.

356. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Au moins les paysans ont la vigueur, les belles formes dans leur petite taille, les dents blanches, les yeux vifs. […] Puis bientôt on se figurait qu’un invincible sommeil vous engourdissait les sens et on allait se coucher dans quelque recoin sous des branches, la tête recouverte de son tablier blanc ; on était devenu des cocons, des chrysalides. […] Pendant ce temps, on entend aussi les crépitements de la fusillade des bleus et des blancs, et les grondements des grandes batailles à la frontière. […] La queue et la perruque de Médard sautillaient gaiement sur le collet de son habit, et Nicolas Pluche semblait doucement environné d’un petit nimbe de poudre blanche. […] Les cheveux noirs, abondants, soyeux : les dents blanches et petites comme celles d’une femme de vingt ans.

357. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Guillaume avait son costume blanc de la procession, le col empesé gondolant aux angles, la large ceinture et le chapeau ciré des matelots de l’État. […] — Tenez, monsieur, à votre gauche, cette petite maison blanche, toute blanche, avec son jardinet où vague et claque du bec un gros cagnard… Je vous quitte : c’est la maison du « héros ». […] Sous les mèches blanches du bon Sylvestre et sous les boucles blondes du petit Servien, c’est M.  […] Bleu, jaune, lilas, gris, noir, vert, blanc, roux, je doute que l’imagination reproduise un tel paysage. […] Voir particulièrement Le Vol de l’éléphant blanc, de Mark Twain, et La Légende de l’éléphant blanc, de M. de Villiers.

358. (1893) Alfred de Musset

tu as un pied de blanc sur les joues ! […] Et là-haut, il y a toutes ces femmes blondes, blanches, parées, couleur de rose, des plumes, des grosses boucles de cheveux, des bouquets, les épaules nues. […] La perle des contes est le Merle blanc (1842), où l’on voit l’inconvénient d’être romantique dans une famille vouée depuis plusieurs générations aux vers classiques. […] Repoussé par les siens, le merle blanc est méconnu des cénacles emplumés auprès desquels il cherche un asile, parce qu’il ne ressemble à personne. […] Ce n’était pas une merlette blanche ; c’était une merlette comme toutes les merlettes ; elle était teinte et elle déteignait !

359. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Les cheveux noirs et superbes sont si brillants « qu’on pourrait s’y mirer. » Le visage, lavé avec un mélange de blanc d’œuf et de sucre candi, est si luisant qu’il semble vernissé. […] Leur visage est voilé ; sur leur tête est un bonnet en forme de pyramide, haut comme trois pains de sucre ; ils portent des gants et des souliers blancs ; un ruban donné par leur maîtresse pend à leur discipline. […] Ils ont sur leur chapeau des plumes blanches mouchetées, avec une riche enseigne de diamants et un cordon de pierreries, et leurs écharpes cramoisies, blanches, bleues et jaunes, sont brodées d’or passé. […] Le plafond bleu, traversé, de raies jaunes et ponceau, est barré de distance en distance par des poutres peintes de vert, de blanc et de rouge. […] bonnet blanc, blanc bonnet, c’était pour moi la même chose, et j’ai pris le premier venu ». — Un autre, à peu de distance de Paris, répondait à un de mes amis : « Je ne connaissais ni l’un ni l’autre ; alors, des deux, j’ai pris le bulletin qui m’allait le mieux à l’œil ».

360. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

C’est que je professe, comme lui, le fétichisme des soldats de plomb, des arches de Noé et des bergeries de bois blanc. […] — Je laisse un fils de trois ans, le petit Callitèle. — Puisse-t-il arriver à l’âge où l’on honorera ses cheveux blancs ? […] On peut se figurer cette maison comme un petit dé blanc que reflète le Nil à côté d’un maigre bouquet de palmiers. […] Je vois distinctement la terre, revêtue, comme dit le chroniqueur Raoul Glaber, de la robe blanche des églises. […] On les décrivait, on les mesurait ; elles étaient blanches et semblables aux ailes des colombes.

361. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IX. Du rapport des mots et des choses. — Ses conséquences pour l’invention »

Comment se représenter la blancheur, la longueur, la force, sans se représenter une chose blanche, longue, forte ?

362. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Valère (1867-1950) »

soit qu’il dessine en un sonnet, comme sur une stèle de marbre, la figure d’Euripide ou de Damœtas ; soit qu’il dépeigne Éros endormi, Et la blanche Artémis qui passe au fond des bois.

363. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Croix, Camille de (1859-1915) »

. — Noir, Blanc, Rose, un acte, en vers (1899)

364. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Chardin » pp. 220-221

Ô Chardin, ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette ; c’est la substance même des objets, c’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau, et que tu attaches sur la toile.

365. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Bellengé » p. 204

Il y a du même artiste sur un buffet de marbre à droite un vase de bronze beau, élégant et bien peint ; autour de ce case, de gros raisins noirs et blancs, et d’autres fruits ; le sep auquel ces raisins sont encore attachés descend du haut d’un vase de terre cuite à large panse ; il y a autour de ce second vase des pêches et des fruits.

366. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

De ce continuum amorphe peut donc sortir indifféremment l’un ou l’autre des deux espaces, de même que sur une feuille de papier blanc on peut tracer indifféremment une droite ou un cercle. […] Ceux qui répondent oui ne réfléchissent pas qu’ils se représentent en réalité un point blanc fait avec la craie sur un tableau noir ou un point noir fait avec une plume sur un papier blanc, et qu’ils ne peuvent se représenter qu’un objet ou mieux les impressions que cet objet ferait sur leurs sens.

367. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Tandis que Claude rêve, accoudé au coin de la table, elle vient se poser auprès de lui ; et, là, droite dans sa robe blanche aux plis droits, elle lui chante, en ut mineur, une déclaration d’amour surnaturelle et incorporelle qui l’ajourne aux hymens lumineux du ciel, aux calendes de l’Éternité. « Leur sublime s’amalgame », comme dit Saint-Simon de madame Guyon et de Fénelon. […] Les petites mains du sire, ses petits pieds, sa peau blanche, ses cheveux bouclés, tout cela compose un idéal de la vitrine d’un coiffeur, mis à la portée de sa maîtresse, et qui la subjugue. […] Le commandant a fait dresser, par un notaire, un acte de reconnaissance où le nom du père est laissé en blanc.

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