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563. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

. — Genre de vérités ; beautés de la langue et du style de Montesquieu. […] Mais cette préférence ne me gâte ni le plaisir que j’ai à apprendre dans Montesquieu des choses si considérables avec si peu d’efforts, ni les nouveautés de cette étude du cœur humain transportée de l’homme aux sociétés, et de l’individu aux nations, ni les beautés de ces portraits des grands personnages historiques, tirés de la demi-obscurité où les avait laissés l’art ancien, et qui nous font lire dans ces âmes profondes avec l’œil de Montesquieu ; ni tout cet esprit des Lettres persanes, assaisonnant les vérités les plus élevées ; ni cette langue si neuve, qui a gardé la justesse et la propriété de l’ancienne, et qui la rajeunit sans y mettre de fard. Je ne parlerais même pas de quelques fleurs mêlées parmi toutes ces beautés, si Montesquieu n’eût reproché à Tite-Live d’en jeter sur « les énormes colosses de l’antiquité. » Il faut le noter, non pour trouver un si grand esprit en faute, mais comme un avis donné aux plus habiles, de prendre garde si ce ne sont pas leurs propres défauts qu’ils reprochent aux autres, et de parler avec ménagement des anciens. […] Attraits de l’Esprit des lois. — Genre de vérités. — Beautés de la langue et du style de Montesquieu. — Manque de méthode. […] Outre ces beautés de la langue renouvelée du grand siècle, il y a dans l’Esprit des lois les nouveautés du style de Montesquieu.

564. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Voltaire ne voit dans le moyen âge ni la condition de la femme relevée, ni la beauté de la famille chrétienne, ni l’art admirable qui a tiré des cœurs le type de l’architecture religieuse, ni l’esprit de douceur et de charité d’où est sortie l’Imitation. […] Pour moi, qui ne puis m’accoutumer à ce que la marche des nations soit une course aveugle à travers le temps, qui regarde la guerre qu’on fait au passé comme une guerre civile, tout en admirant dans l’Essai la beauté de la pensée première, les vérités de détail dont le livre est semé, un style où, à la différence du style précieux, ce sont les beautés et non les défauts qui se cachent, j’estime que le bien n’y compense pas le mal, et je ne verrais pas sans inquiétude pour mon pays qu’on y préférât l’Essai sur les mœurs au Siècle de Louis XIV. […] Avant d’arriver à la Correspondance, j’ai plaisir à mentionner quelques écrits de Voltaire qui, pour être des actes encore plus que des ouvrages d’esprit, n’en sont pas moins marqués en plus d’un endroit de la beauté littéraire. […] Le tort d’être chrétiens lui cache les beautés les plus intimes des écrivains du dix-septième siècle.

565. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il n’y a que deux choses auxquelles il ne pense pas et qui en sont le principal : la forme et la beauté. […] Plus attaché à la terre que Fénelon, plus attentif à ses propres sensations, les impressions de son enfance écoulée sur les rivages du lac de Genève, les souvenirs des beautés alpestres, le mettent plus habituellement en présence de la nature, et il se plaît dans la solitude qui nous fait contracter des amitiés avec la fleur du buisson. […] Rousseau et de Buffon des beautés de bon aloi ; il a marqué la limite où la peinture des choses visibles cesse d’être un art pour devenir un procédé. […] Son admiration pour les beautés de l’architecture gothique a suscité l’archéologie chrétienne. […] Il y avait pourtant des beautés dans ce travail ; je n’en regrettai que plus de voir se dissiper ainsi les restes d’un talent encore puissant, et une œuvre de vieillard à laquelle manquait la gravité.

566. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

La grâce des plus belles statues lui est odieuse ; leur beauté n’est plus, car elles n’ont pas d’yeux. » — Image touchante d’une inexprimable tendresse. […] Ceux-là disaient à voix basse, en la voyant monter à la tour de Scée : « Certes, ce n’est pas sans raison que les Troyens et les Achéens aux belles cnémides endurent pour une telle femme des maux si affreux, car elle ressemble par sa beauté aux Déesses immortelles. » Ceux-ci l’appellent, en la maudissant, des noms qu’on donne aux enchanteresses : « Ame sereine comme la mer tranquille… parure de la richesse… trait charmant des yeux… fleur du désir enivrant le cœur. » — Plus tard, dans l’Oreste d’Euripide, Electre insulte d’abord Hélène, lorsqu’elle rentre de nuit dans Argos, « craignant les pères de ceux qui sont morts sous les murs d’Ilion ». […] Hélène arrache un cri d’envie à Électre ; on dirait une Euménide séduite par une Grâce. « Ô Beauté ! […] Hélène est toujours la femme d’autrefois. » Cette beauté venait de la protéger dans les massacres de Troie, contre l’épée de Ménélas dressée sur sa tête : en la revoyant, le glaive était tombé des mains de l’époux ravi. […] Ce qui met encore à part le rôle de Cassandre, c’est l’extraordinaire beauté de son style.

567. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Le travail des passions sordides, de la cupidité, y tue sur les visages la beauté du jeune homme. […] Maintenant très original dans sa façon de s’exprimer, il l’est assez peu dans sa façon de penser, n’ayant une impression de la beauté et du caractère des choses, que lorsqu’il en est averti par un livre bon ou mauvais, croyant, à la façon d’une intelligence inférieure, à l’imprimé, et par cette servitude assez soumis dans le fond à l’opinion générale. […] Puis un homme plutôt d’un goût appris que d’un goût instinctif, de ce goût universel qui s’étend à tout, à une forme de meuble, à un détail de toilette, à la particularité élégante d’une plante, et n’ouvrant les yeux qu’à ce qui est étiqueté, peinture, sculpture, architecture, et en voyage complètement aveugle à la vie vivante, à la rue, aveugle aux passants, aveugle à la beauté artistique des êtres et des aspects, regardeur uniquement de tableaux et de statues. […] Mais en art et en littérature, les opinions consacrées sont sacrées et peut-être, au xixe  siècle, est-il moins dangereux de marcher sur un crucifix que sur les beautés de la tragédie ! […] Il y a une volupté étrange à avoir, ainsi sur soi, un corps de femme dont on n’aperçoit rien, qu’une obscure envolée de cheveux, et la lumineuse réflexion de son visage, perdant un peu de sa réalité matérielle dans son éclairement glaceux… Et elle parle de l’enterrement d’une voisine, — un de ses sujets favoris, — elle parle des franges du corbillard, de la beauté du cercueil dont le bois de chêne n’avait pas de nœuds, et elle finit par déclarer, que si on ne faisait pas bien les choses pour son enterrement, elle en aurait un chagrin mortel.

568. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

La scène continue, avec moins de beauté littéraire. […] J’ai vu la beauté même et les grâces dormantes ; Un doux ressouvenir de cent choses charmantes Me suit dans les déserts. […] On lui donna le loisir de considérer les dernières beautés du jour, puis la lune étant en son plein, nos voyageurs et le cocher qui les conduisait la voulurent bien pour leur guide. » Ainsi se termine cette histoire de curiosité et d’amour, cette jolie histoire mythologique, par Acante, c’est-à-dire par Racine (et peut-être par La Fontaine) en extase devant un beau coucher de soleil ; puis revenant de Versailles à Paris par des paysages délicieux, sous la douce clarté de la lune. […] Sa femme avait de la jeunesse, De la beauté, de la délicatesse. […] Bien est-il vrai qu’auprès d’une beauté Paroles ont des vertus non pareilles ; Paroles font en amour des merveilles : Tout coeur se laisse à ce charme amollir… Une petite dissertation qui est initiale, qui commence le récit, plus frappante encore, plus nette, si vous voulez, au commencement, encore, de cet autre conte : Le jeune Amour, bien qu’il ait la façon D’un dieu qui n’est encor qu’à sa leçon, Fut de tout temps grand faiseur de miracles : En gens coquets il change les Catons, Par lui les sots deviennent des oracles, Par lui les loups deviennent des moutons.

569. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Le moment vient même où l’entassement des images peut être appelé beauté. […] En quoi consiste la beauté de cette épître ? […] Il chante la beauté de sa maîtresse et le plaisir qu’il goûte dans ses bras ; mais il parle du plaisir et de la beauté comme un païen, et son vers respire une admiration si sincère, une joie si naïve, que son amour, si incomplet qu’il soit, a quelque chose de sérieux. […] Hugo n’ont qu’une beauté superficielle et incomplète. […] Cette blonde jeune fille, fière de sa beauté, joue un rôle si peu important dans le roman, que M. 

570. (1899) Arabesques pp. 1-223

Évidemment, les tenants du mystère et de la beauté intangible ne pouvaient admettre sans protester cette catastrophe. […] — Longtemps, je m’attardai dans cette clairière élue par Isis pour m’initier, plus profondément qu’elle ne l’avait jamais fait, à ses beautés. […] Elle prendra part à son effort pour se manifester ; elle sera un poème ou un théorème : beautés différentes, forces équivalentes. […] Plus une espèce fournit d’individus bien nourris, vigoureux, doués de beauté, plus elle est apte à varier. […] Dégageons-le, ouvrons-lui la voie par nos paroles et par nos actes, et nous connaîtrons la volupté sereine de créer en beauté.

571. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Le dieu Faveur, chez les mythologistes romains, étoit fils de la Beauté & de la Fortune. […] Des vers peuvent avoir de la force, & manquer de toutes les autres beautés. […] Ces deux genres qui en embrassent tant d’autres ont des beautés nécessaires qui leur sont également communes ; ces beautés sont la justesse des idées, leur convenance, l’élégance, la propriété des expressions, la pureté du langage ; tout écrit, de quelque nature qu’il soit, exige ces qualités. […] Il plaît par des beautés fortes. […] Certains traits d’imagination ont ajouté, dit-on, de grandes beautés à la Peinture.

572. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Que de vie, que de beauté sans cesse renaissante dans le moindre horizon ! […] Quand les nuages promènent leurs mouvants bataillons autour d’une montagne, ou plongent en se courbant entre ses cimes ; qu’on suit l’ombre et la lumière illuminant ou obscurcissant ses vallées, et qu’on entend les eaux sourdre de ses flancs, que de proportions, d’harmonies, de beauté dans cette portion de la nature promenant autour du mont immobile son éternelle mobilité ! […] Et quand il n’y aurait eu ni hommes ni animaux sur la terre, sa beauté n’en aurait pas moins contenu virtuellement l’art, qui devait se produire quand, par la série du progrès et la marche continue de l’œuvre de Dieu, l’homme apparaîtrait à sa surface. […] Certes, je ne chercherai pas si l’objet qui est représenté est beau ou laid, je ne ferai pas de sophisme pour soutenir qu’il y a de la beauté jusque dans la laideur ; je ne demanderai pas si on peut tirer directement de cet ouvrage une conclusion morale : non, mais j’écouterai l’impression qu’il fera sur ma vie. […] Quand les sauvages pleurent un chef, les femmes chantent les louanges du mort, elles disent ses vertus et ses combats, et par moments, en présence du cadavre, elles rêvent le héros marchant encore dans sa force et dans sa beauté : ainsi font nos poètes avec leur fiction de Christianisme ; ils commencent par la plainte, la désolation, puis leur vient le regret de la dernière religion connue d’eux, et ils finissent quelquefois, en s’exaltant, par s’imaginer qu’elle vit encore.

573. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Après la gloire d’avoir donné les premiers modèles de l’esprit français et de la langue dans leur perfection, vient l’honneur d’avoir, par des ouvrages de doctrine, initié le gros de la nation aux raisons et comme aux secrets des beautés de ces modèles. […] L’injustice décourage ; mais une justice froide, qui ne s’étourdit pas des beautés et ne s’irrite point des défauts, est un puissant aiguillon pour les hommes supérieurs, secrètement d’accord avec ceux qui les jugent. […] Mais l’Académie n’avait point à faire valoir les séductions de la pièce ; son rôle était de défendre contre les défauts du Cid le goût public, qui se formait pour les beautés de Cinna et de Polyeucte. […] A côté des esprits timides ou stériles, qui ne songeaient qu’à échapper à des écueils de grammaire, d’autres, en suivant naïvement leurs pensées, rencontraient, par l’analogie, des beautés nouvelles de langage, et les hasardaient dans quelque écrit, où souvent les lecteurs croyaient les revoir plutôt que les voir pour la première fois. […] On songe moins à arrêter les lecteurs sur la beauté d’un esprit particulier, qu’à raffermir leur conscience troublée par la contradiction, et à conserver intact le dépôt de la doctrine.

574. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Des années passent sans altérer sa puissante beauté. […] Ceux de plus tard sont d’une beauté autrement originale. […] Ce ruisselet a les allures tranquilles qui font la noble beauté de certains fleuves. […] Sa figure et son papotage n’avaient que la beauté du diable. […] Le commencement m’a enthousiasmé par sa beauté triomphante.

575. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Il en fera toujours sa beauté, sa force et sa gloire. […] Premier né de la Douleur, l’Amour intense appelle donc l’Enthousiasme et l’Enthousiasme, à son tour, appelle la Beauté suprême. […] Personne, — depuis Ugolin, — ne poussa aussi loin que lui cette sorte d’acharnement obstiné, frénétique, infatigable… Au point de vue littéraire, ce piétinement de cannibale a sa beauté qui est celle de toute chose intense ; mais, à coup sûr, ce n’est pas une beauté morale et surtout une beauté morale d’ordre chrétien. […] Je me rappelle une scène d’une beauté à ranimer les ossements de Stendhal. […] J’ai cet autre archaïsme de regarder comme du fumier tout ce qui manque essentiellement de beauté.

576. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Henry Fouquier11, devaient nous dire les misères humaines, mais ne jamais s’attendrir sur elles, car l’émotion eût altéré la beauté de leur expression artistique. […] L’artiste au contraire qui estime chacun des faits constatés non point en fonction d’un diagnostic inutile13, mais pour sa beauté plastique, sa force expressive et l’intensité d’émotion qu’il peut en retirer, sera moins accueillant.

577. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Si dans mille ans d’icy les chants prophanes qui sont composez depuis quatre-vingt ans étoient perdus, et si les chants d’église qui se sont faits depuis le même temps s’étoient conservez, ne pourroit-on pas alors se faire une idée de la beauté de nos chants prophanes sur celle de nos chants d’église. […] Ce qui est de certain, c’est que tous les connoisseurs admirent la beauté de la preface et de plusieurs autres chants de l’office gregorien, quoique comme nous l’avons remarqué dès le commencement de cette troisiéme partie, il s’éloigne beaucoup moins de la déclamation naturelle, que ne s’en éloignent nos chants musicaux.

578. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

C’est toi, Être suprême, source d’amour et de beauté, c’est toi seul qui me créas tel que je suis, et toi seul me peux comprendre ! […] Il montre alors ce que le christianisme a dû ajouter de beauté à notre littérature classique. […] Il n’était pas séduit, comme Chateaubriand, par la beauté du tableau. […] Son criterium, nécessairement arbitraire, en politique comme en morale, c’est la beauté. […] La vérité lui est moins chère que la beauté.

579. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

La grande beauté des Anglais doit tout au sang et à la race, et rien à la civilisation. […] La beauté française dut attendre encore cent ans avant d’arriver à l’expression parfaite d’elle-même3 ; mais la beauté anglaise ne tient pas à cette influence spiritualiste, c’est une beauté qui tient à la race, au sang. […] Cette beauté rustique et sauvage a tout le charme et toute la fraîcheur des objets naturels. […] Cette beauté intéresse par elle-même et n’éveille presque jamais la curiosité. […] Rustique est leur beauté, rustiques sont leurs habitudes.

580. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Il l’appelle la critique des beautés. […] La « critique des beautés » homériques, c’est en une création esthétique et non en une analyse critique que Fénelon l’a faite. […] Et la critique des beautés y réussit mieux que la critique des défauts. […] N’oublions pas la leçon de l’étrangère de Mantinée : l’amour c’est la production dans la beauté. La critique créatrice ne se contente pas de jouir de la beauté littéraire, elle produit, en cette beauté, elle produit ces beaux discours dont parle Platon, elle les produit par l’amour.

581. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Ce bon lettré vient d’énumérer, docile aux leçons d’Aristote, les caractères essentiels de la beauté poétique. […] Il semble toutefois certain que, dans cette collaboration paradoxale, les mots n’agissent pas seulement et d’abord en vertu de leur beauté propre, pittoresque ou musicale. […] Faire comprendre pourquoi elle est indéfinissable, et que sa beauté essentielle est d’être indéfinissable, je n’ai pas cherché autre chose dans cette lecture sous la coupole. […] Cette « beauté », pour parler sa langue, « qui s’ajoute à la raison », ne peut pas ne pas être autre chose que la raison. […] Boulenger, de « beaux vers » qui ne sont pas poétiques… car ce n’est pas l’éloquence…, ce n’est pas même la seule beauté de l’image qui fait le caractère proprement poétique du vers…tel alexandrin, admirablement imaginé… comme cette obscure clarté qui tombe des étoiles…est beau d’une beauté prosaïque ; ce n’est pas un beau vers, c’est une belle phrase.

582. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

L’évolution intellectuelle de notre philosophe est achevée ; il est parvenu à l’avatar suprême, l’indifférence mystique. » Rien ne m’étonne plus que l’étonnement de ceux qui ont cru découvrir, dans ces pages, la charité, la pitié, le respect de la bonté et de la beauté morales offusquées par d’humbles et sordides apparences. […] … Rien, il n’y a rien de certain, excepté le néant de tout ce que je conçois et la majesté de quelque chose d’auguste que je ne conçois pas… » Oui, cela est beau, mais d’une beauté qui nous était déjà, si je ne m’abuse, on ne peut plus connue et familière. […] Il est à peu près impossible d’embrasser de pareils ensembles, de tenir à la fois présentes à sa mémoire toutes les parties qui devraient conspirer la beauté de l’œuvre et, par conséquent, de connaître au juste et d’apprécier cette beauté. […] Que si nous les aimons précisément parce qu’elles sont très imparfaites, et parce qu’elles nous permettent de rêver autour d’elles et de créer ou d’achever nous-mêmes leur beauté à travers les traductions, sachons du moins que c’est à cause de cela que nous les aimons, et non pour une supériorité qu’elles n’eurent jamais… Je crois bien que je donne depuis quelques minutes dans le chauvinisme littéraire. […] et n’y reconnaissons-nous pas à la fois l’enthousiasme de la science et l’enthousiasme de la beauté morale et, déjà, comment ces deux religions se tiennent et s’engendrent ?

583. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Ces trois éléments doivent rester dans une dépendance réciproque et rigoureuse sans se nuire ; mais l’unité qui les assemble possède une élasticité plus grande qui permet au poète de les faire plus sûrement converger vers leur but de Beauté. […] Car l’artiste ne doit mépriser aucun des moyens d’expression usités jusqu’à lui ; il faut au contraire qu’il puisse les faire servir tous au glorieux mystère de la Beauté. […] Une œuvre trop exclusivement subjective n’acquerra jamais la suprême beauté, celle qui naît de l’harmonie, du parfait équilibre, celle qui fait d’une statue ou d’un poème un être distinct de son auteur, vivant d’une vie surnaturelle et qui se suffit à soi-même. […] Si nous appelons Art la collection des œuvres élevées par les hommes comme des prières à la Beauté, on peut dire qu’il évolue à l’égal de tous les organismes. […] Vielé-Griffin que sollicite la Beauté la plus noble et dont l’œuvre est viril au moins autant que l’œuvre de M. de Régnier, devrait saisir ici la défaillance de son esthétique.

584. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Ici nous trouvons un rapport (un seul rapport, il est vrai) de Cowper à La Fontaine : comme celui-ci, le génie de Cowper a besoin d’être excité, soutenu par l’amitié ; il lui faut un guide, quelqu’un qui lui indique ses sujets, comme presque toujours quelque beauté, une Bouillon ou une La Sablière, les commandait à La Fontaine. […] Cette rare personne était douée des plus heureux dons ; elle n’était plus très jeune ni dans la fleur de beauté ; elle avait, ce qui est mieux, une puissance d’attraction et d’enchantement qui tenait à la transparence de l’âme, une faculté de reconnaissance, de sensibilité émue jusqu’aux larmes pour toute marque de bienveillance dont elle était l’objet. […] L’auteur indique l’origine du poème, si humble par son objet, si grand et auguste par l’occasion, « car c’est la Beauté qui l’a commandé. » Il rappelle le temps où les rudes ancêtres des Anglais, les Pictes et les Bretons, reposaient sur la dure, au bord des torrents, et la tête appuyée sur le rocher. […] Je traduirai ce morceau achevé dans toute sa suite, et je voudrais pouvoir dire, dans ses naturelles beautés : Oh !

585. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Je ne demande que la faveur de lui parler un instant ; pour l’obtenir, je m’adresserais à sa femme elle-même. » Noirmont n’insiste plus : il comprend qu’il vaut mieux pour Herman, puisqu’il faut tôt ou tard la rencontrer, revoir cette fois Pompéa, et à l’instant même, et livrer résolument le grand combat ; car c’est bien de ce côté que se présente la bataille rangée et que va être le fort du péril ; le reste n’est rien ou servira plutôt de diversion et de secours ; la coquetterie avec la future belle-sœur n’est qu’une escarmouche plus vive qu’effrayante, entamée à peine ; mais revoir Pompéa belle, jeune, ayant les droits du passé, dans la plénitude de la vie, à l’âge de vingt-six ans, avec ce je ne sais quoi d’impérieux et de puissant qu’une première douleur ajoute à la passion et à la beauté… le danger est là, danger d’une reprise fatale ; et, en pareil cas, mieux vaut affronter une bonne fois, qu’éluder. […] » Sa seconde pensée est sur elle-même et sur sa beauté : inquiétude la plus prompte après la première, et qui n’est que la première encore, un peu déguisée ; car si elle est aussi belle que jamais, elle est presque certaine d’être aimée autant qu’elle l’a jamais été : « Je suis bien vieillie, n’est-ce pas ?  […] As-tu oublié ma honte et ma douleur premières à ces fatals soupers où tu réunissais, au milieu des bacchantes, artistes, écrivains, compositeurs, poëtes, où chacun excellait en quelque chose, les uns types modernes de la beauté an’ique, les autres étincelants de saillies, servant aux convives leur esprit toujours présent, celui-ci sa verve satirique, celui-là son intarissable gaîté de sublime bohème ; saturnales du génie, vrai paradis du vice ! […] Quand je vois, vers la fin du siècle, que tant de soupers charmants où la beauté, l’esprit, la poésie en personne (André Chénier en était), l’éloquence déjà elle-même et la politique à l’état d’utopie et de rêve, se cotisaient à l’envi pour payer leur écot, quand je vois que ces réunions d’élite n’ont eu pour annotateur qu’un Rétif de La Bretonne, j’en rougis pour les délicats convives ; un valet de chambre en eût mieux parlé.

586. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Il s’aperçoit que cette petite Marie, à laquelle il n’avait jamais songé pour sa beauté, est plus fraîche qu’une rose de buisson, et il se détaille le gracieux portrait en concluant : « C’est gai, c’est sage, c’est laborieux, c’est aimant, et c’est drôle… Je ne vois pas ce qu’on pourrait souhaiter de mieux. » Dans le chapitre qui suit la « Prière du soir » et qui a pour titre « Malgré le froid », il y a un moment où j’ai craint qu’une brusquerie fâcheuse ne vînt gâter la pureté de l’ensemble : mais que voulez-vous ? […] Cette petite fille, qui se montre d’abord toute laide, qui ne se soigne pas plus qu’un méchant garçon, et qui est la bête noire du village, mais qui, au fond, se trouve avoir toutes les qualités de l’esprit, de l’imagination et du cœur, et qui finit même, sous l’éclair de l’amour, par se métamorphoser en beauté, cette petite Fanchon Fadet qui, sous sa verve de lutinerie, cache des trésors de sagesse, remplit ici le rôle qui est volontiers réparti aux femmes dans les romans de Mme Sand ; car elles y ont toujours le beau rôle, le rôle supérieur et initiateur. […] Ce fut Jean-Jacques qui le premier eut la gloire de découvrir la nature en elle-même et de la peindre ; la nature de Suisse, celle des montagnes, des lacs, des libres forêts, il fit aimer ces beautés toutes nouvelles. […] Chateaubriand découvre plus tard les savanes d’Amérique, les grands bois canadiens et la beauté des campagnes romaines.

587. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Avant 1815, on a un autre Courier, qui a devancé l’autre et qui l’explique, mais qui n’a rien encore de l’homme de parti ; soldat déjà trop peu discipliné sous la République, devenu incompatible et tout à fait récalcitrant sous l’Empire, mais curieux de l’étude, amateur du beau en tout ; un Grec, un Napolitain, un Italien des beaux temps, le moins Gaulois possible ; s’abandonnant tant qu’il peut à tous les caprices de sa libre vocation ; indépendant avec délices ; délicat et quinteux ; misanthrope et pourtant heureux ; jouissant des beautés de la nature, adorant les anciens, méprisant les hommes, ne croyant surtout pas aux grands hommes, faisant son choix de très peu d’amis. […] Envoyé à Rome pendant l’occupation de 1799, témoin de cette émulation de rapines que le gouvernement du Directoire propageait partout dans les républiques formées à son image, il écrit à son ami Chlewaski qu’il a laissé à Toulouse : Dites à ceux qui veulent voir Rome qu’ils se hâtent, car chaque jour le fer du soldat et la serre des agents français flétrissent ses beautés naturelles et la dépouillent de sa parure… Les monuments de Rome ne sont guère mieux traités que le peuple. […] Au fond de la Calabre, à cette extrémité de la Grande-Grèce, près de Tarente, en face de la Sicile qu’il convoite et qu’il voit là de l’autre côté du canal, « comme de la terrasse des Tuileries vous voyez le faubourg Saint-Germain », il a des accents et des tons pleins de chaleur et de largeur : Quant à la beauté du pays, les villes n’ont rien de remarquable, pour moi du moins ; mais la campagne, je ne sais comment vous en donner une idée : cela ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir. […] Athènes par-delà l’appelle ; il y aspire comme le dévot musulman au pèlerinage de La Mecque ; mais, en attendant, Rome et Naples, avec leurs monuments, leur ciel et leur petite société d’élite, lui suffisent, le possèdent et lui tiennent lieu de tout ; grands souvenirs, beautés naturelles, c’est pour lui tout ensemble « ce qu’il y a de mieux dans le rêve et dans la réalité ».

588. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

De là, cet agréable adolescent, dit un de ses biographes qui l’a peint avec complaisance dans cette première beauté de sa jeunesse, retourna en Savoie et fut envoyé en Italie pour y étudier le droit à Padoue, toujours sous la conduite du même précepteur. […] De retour au pays natal, plein de doctrine, et d’une imagination riante où brillait la pudeur, d’une figure attrayante et d’un regard où se lisait la tendresse et la beauté de son âme, il faisait la joie de ses parents et « contraignait même ceux qui ne lui appartenaient en rien de l’aimer ». […] Il a, dès le premier livre, une méditation sur la mort qui est pleine d’énergie et de beauté morale. […] Il dit aux honnêtes femmes qui se plaisent aux coquetteries et aux légères attaques : « Quiconque vient louer votre beauté et votre grâce vous doit être suspect : car quiconque loue une marchandise qu’il ne peut acheter, il est pour l’ordinaire grandement tenté de la dérober. » On voit que, s’il n’interdit point absolument le bal et la danse, ce n’est point par relâchement.

589. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Il faut que l’art et son but, qui est la beauté morale et sensible, soient la préoccupation première. […] versa toujours trop de biographie, trop de détails inutiles et insignifiants, qui n’éclairent ni l’œuvre qu’on juge, ni l’homme qu’on veut pénétrer, en ces articles qui perdaient par là de leur beauté et de leur pureté de critique, et qui n’avaient pas besoin de ces pieds d’argile pour avoir une tête d’or ! […] Cependant, ces articles, — excepté le Milton, qui est, comme profondeur d’étude, intussusception et caractérisation du génie d’un poète, de la plus souveraine beauté, — ces articles ne sont pas les plus beaux de la collection de Macaulay, qui écrivit un Milton encore (il ne pouvait, à ce qu’il paraît, s’assouvir de Milton), et un Bacon, et un Byron, qu’on nous donnera plus tard, j’espère. […] Guillaume Guizot a traduits avec un si rare sentiment des beautés de son auteur, et les limites de ce chapitre ne nous permettent pas des citations si nécessaires.

590. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Mais les Fragments sur la Russie, qui ont suivi la Correspondance diplomatique datée de Turin, nous redonnèrent, eux, du de Maistre pur, dans la radicale beauté de sa pensée et dans la simplicité de ce style, unique de transparence, qui est comme la vue immédiate de l’idée elle-même… Enfin, voici une publication, — qui n’est peut-être pas encore la dernière, — et qui prouve autant que toutes les autres l’inépuisabilité de ce génie qu’on croyait posséder tout entier, et qui repart en jets inattendus de publicité quand on se disait qu’il n’y avait plus rien à attendre de la source cachée, semblable à un puits artésien qui se remettrait à jaillir à mesure qu’on ôterait les pierres qui le couvrent. […] À mon sens, très humble, mais très convaincu, philosophiquement ou plutôt théologiquement, ce que de Maistre a exprimé dans tous ses livres est absolument vrai, et, littérairement, c’est absolument beau, — et d’une beauté à lui, qui n’imite et ne rappelle personne…·Ce livre-ci n’ajoute rien à cette Immensité, mais n’en diminue rien non plus, il devait être publié (tout ce qu’une pareille plume a tracé appartient au monde), et il l’a été avec intelligence. […] C’est cet homme que nous retrouvons, en ces Quatre chapitres inédits sur la Russie, dans toute la pureté, la beauté et la douceur de son esprit ; car il faut en finir avec les vieilles vulgarités qui traînent : — puisque l’on ne conteste plus que Joseph de Maistre soit un grand esprit chrétien, il doit avoir la douceur, la douceur de la force chrétienne dans la pensée, et l’on dit une sottise quand on en fait un penseur dur et inflexible. […] Déjà, dès cette époque, l’idée de l’émancipation commençait à sourdre dans la tête d’Alexandre, ce jeune Louis XVI russe, à la beauté de Louis XIV, et dont le peuple, plus docile et plus facile à mener que celui de Louis XIV, l’eût sauvé de la ressemblance de destinée avec l’autre émancipateur s’il avait poussé un peu plus loin ses velléités généreuses.

591. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

» Elle vante ses taillis et ses futaies : « C’est ce bois qui fait mes délices, dit-elle, il est d’une beauté surprenante ; j’y suis souvent seule avec ma canne et ma Louison : il ne m’en faut pas davantage. » Ah ! marquise, quel dommage que vous ayez employé l’épithète qui ne veut rien dire : « beauté surprenante », ou plutôt l’épithète qui montre jusqu’à l’évidence que c’était là un amour de littérature, qui reste dans l’esprit et ne passe pas dans le cœur ! « Beauté surprenante » quand on parle d’un arbre ! […] Je regrette ces coiffures si bien appropriées aux visages différents des races différentes, d’un art si raffiné, d’une grâce si honnête, et qui avaient pour elles la beauté de l’étoffe, la ligne et la durée.

592. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

C’est avouer que, nulle mesure extérieure, nulle logique même ne pouvant saisir la beauté, rien ne pouvant ici remplacer la réaction du sentiment esthétique, il y aura toujours dans nos études une part fatale et légitime d’impressionnisme. […] L’impressionnisme est la seule méthode qui nous donne le contact de la beauté. […] Nous avons trop postulé la conformité des faits à nos déductions, trop réduit la beauté de la nature et de la vie, la puissance du génie humain, à la mesure de nos partis-pris.

593. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Si Vénus, sans rien perdre de sa beauté, savait détacher un coup de pied comme Deburau, elle serait la vraie Muse, la Muse pindaricomique des Odes funambulesques. […] Théodore de Banville célèbre uniquement, sans arrière-pensée — et même sans pensée — la gloire et la beauté des choses dans des rythmes magnifiques et joyeux. […] Et comme le sentiment de la beauté extérieur et le divin jeu des rimes, s’ils ne sont pas toute la poésie, en sont du moins une partie essentielle, M. de Banville a été, à certaines heures, un grand poète et a plusieurs fois, comme il le dit volontiers, heurté les astres du front.

594. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Il en a par moments l’audace, l’hallucination sombre, les beautés formidables et toujours la tristesse. […] Voici les pièces qui m’ont le plus frappé : le sonnet XVIII, la Beauté ; c’est pour moi une œuvre de la plus haute valeur, et puis les pièces suivantes : l’Idéal, la Géante (que je connaissais déjà) ; la pièce XXV : Avec ses vêtements ondoyants et nacrés…. […] Il songe à la beauté, qui porte sans pleurer La lune à son front bleu ceint de joncs verts et d’ulve.

595. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Après avoir paraphrasé ses beautés, retracé sans appréciation et sans restriction le plaisir ou l’émotion qu’elle peut procurer, il l’envisage comme un moyen de connaître l’âme de son auteur, puis l’âme de ceux dont cet homme a été le contemporain et le compatriote. […] Mais elle les analyse non pour déterminer dans quelle mesure ces manifestations atteignent cette beauté, mais pour connaître la façon dont elles la réalisent, dont, elles sont originales, individuelles, telles enfin qu’on puisse en extraire un ensemble de particularités esthétiques permettant de conclure à l’existence, chez leurs auteurs et ses similaires, d’une série parallèle de particularités psychologiques. […] Sa mystique de la Beauté eut une grande influence sur la pensée d’Oscar Wilde.

596. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Négligence ne produisant aucune beauté ; effet de pure paresse. […] A la vérité, il n’est pas de la dernière importance, puisqu’il se réduit à faire voir la dureté de l’empire que l’homme exerce sur les animaux et sur toute la nature ; mais c’est quelque chose de l’arrêter un moment sur cette idée ; et La Fontaine a d’ailleurs su répandre tant de beautés de détail sur le fond de cet Apologue, qu’il est presque au niveau des meilleurs et des plus célèbres. […] Le discours du bœuf a un autre genre de beauté : c’est celui d’un ton noble et poétique, quoique naturel et vrai.

597. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

V C’est que, pour comprendre sainte Térèse, la suprême beauté morale de sainte Térèse, il faut avoir au moins la notion de la beauté chrétienne. […] Le Système du monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre, dans les arcanes de leur beauté, que les livres même de Laplace.

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