C’est, sans doute, une jouissance enivrante que de remplir l’univers de son nom, d’exister tellement au-delà de soi, qu’il soit possible de se faire illusion, et sur l’espace et sur la durée de la vie, et de se croire quelques-uns des attributs métaphysiques de l’infini ; l’âme se remplit d’un orgueilleux plaisir par le sentiment habituel, que toutes les pensées d’un grand nombre d’hommes sont dirigées sur vous ; que vous existez en présence de leur espoir ; que chaque méditation de votre esprit peut influer sur beaucoup de destinées ; que de grands événements se développent au-dedans de soi, et commandent, au nom du peuple, qui compte sur vos lumières, la plus vive attention à vos propres pensées ; les acclamations de la foule remuent l’âme, et par les réflexions qu’elles font naître, et par les commotions qu’elles excitent ; toutes ces formes animées, enfin, sous lesquelles la gloire se présente, doivent transporter la jeunesse d’espérance et l’enflammer d’émulation. […] Ceux qui sous un tel ordre de choses sont nés dans la classe privilégiée, ont à quelques égards beaucoup de données utiles ; mais d’abord la chance des talents se resserre, et à proportion du nombre, et plus encore, par l’espèce de négligence qu’inspirent de certains avantages ; mais quand le génie élève celui que les rangs de la monarchie avaient déjà séparé du reste de ses concitoyens, indépendamment des obstacles communs à tous, il en est qui sont personnels à cette situation ; des rivaux en plus petit nombre, des rivaux qui se croient vos égaux à plusieurs égards, se pressent davantage autour de vous, et lorsqu’on veut les écarter, rien n’est plus difficile que de savoir jusqu’à quel point il faut se livrer à la popularité, en jouissant de distinctions impopulaires ; il est presqu’impossible de connaître toujours avec certitude le degré d’empressement qu’il faut montrer à l’opinion générale : certaine de sa toute puissance, elle en a la pudeur, et veut du respect sans flatterie ; la reconnaissance lui plaît, mais elle se dégoûte de la servitude, et rassasiée de souveraineté, elle aime le caractère indépendant et fier, qui la fait douter un moment de son autorité pour lui en renouveler la jouissance : ces difficultés générales redoublent pour le noble, qui dans une monarchie veut obtenir une gloire véritable ; s’il dédaigne la popularité, il est haï : un plébéien dans un État démocratique, peut obtenir l’admiration en bravant la popularité ; mais si un noble adopte une telle conduite dans un État monarchique, au lieu de se donner l’éclat du courage, il ne ferait croire qu’à son orgueil ; et si, cependant, pour éviter ce blâme, il recherche la popularité, il est sans cesse près du soupçon ou du ridicule.
Il parut alors changer de principes en changeant de rôle : il émigra, non pas pour combattre son pays, mais pour se réfugier dans les larmes de ceux qui, en voulant faire beaucoup de bien, ont ouvert la porte à beaucoup de mal.
Mais il est comme la conscience de son siècle : j’aperçois chez lui nettement ce qu’il faudrait beaucoup de peine et de temps pour analyser dans la société et dans la littérature du temps ; il révèle certains dessous, qui expliquent les caractères apparents. […] Il avait de riches pensions, mais il y a sans doute beaucoup de légende dans ce qu’on dit de son avarice.
C’est ma femme qui a la manie d’avoir beaucoup de plain-pied ; car pour moi je me trouve assez bien logé. […] Chacun tâche de s’établir du mieux qu’il peut aux dépens d’autrui ; et la plus grande vertu dans mon empire, c’est d’avoir beaucoup de bien.
Or, dans cette journée que je suppose qu’on puisse aller passer au xvie siècle avec son auteur préféré, je doute que Calvin, de nos jours, eût beaucoup de chalands. […] Il a trouvé ainsi moyen de gâter par du système une Étude d’ailleurs estimable, qui suppose beaucoup de lecture et une connaissance assez intime de son sujet.
Le duc de Reichstadt, qui allait avoir vingt ans, élevé avec beaucoup de soin par des hommes instruits qui avaient cultivé en lui ses nobles instincts et qui les avaient fortifiés par des études positives, n’avait encore paru que dans les réunions de la famille impériale et les fêtes de la Cour. […] De même un Arabe, dont la vie se compose de marches dans le désert, sait que, pour le traverser, il lui faut beaucoup de temps, qu’il doit ménager ses moyens et ses forces ; dès lors les jours s’écoulent à ses yeux sans précipitation ni lenteur, parce que d’avance il les a comptés ; il est entré dans un mouvement dont il a calculé les effets, auquel il s’abandonne avec confiance et tranquillité.
Cette affaire me coûta beaucoup de peine et d’argent ; mais, bien loin d’y avoir regret, je m’en tins trop payé par le gré que Madame me témoigna. » Cette affaire lia plus particulièrement Cosnac avec Madame, et, dès ce moment, on le vit, en toute occasion, épouser ses intérêts et la servir. […] Le roi même, à mon retour, m’a témoigné beaucoup de bonté ; mais pour Monsieur, rien n’est égal à son acharnement pour trouver moyen de se plaindre.
Né à Versailles le 23 août 1733, d’une mère française et d’un père savoisien, il avait beaucoup de ce dernier. […] Ducis, dans ses dernières années, a fait beaucoup de poésies diverses où il exprime ses prédilections, ses goûts ; il chante le ménage des deux Corneille, il célèbre et paraphrase La Fontaine en des vers qui se sentent de la lecture habituelle et de l’esprit du grand fabuliste.
Duhamel sur la Méthode dans les sciences de raisonnement, œuvre d’un esprit serré et philosophique auquel je ne reprocherai qu’une chose : c’est de trop dédaigner les philosophes, car il pourrait retrouver parmi eux beaucoup de ses propres idées. […] Elle défendit l’usage des hypothèses contre une autre école, sortie d’elle et qui devait faire plus tard beaucoup de bruit dans le monde, l’école de M.
Les grands métaphysiciens, quel que soit leur langage, ne peuvent jamais s’éloigner beaucoup de la vérité. […] Vacherot a également, dans l’article Conscience du Dictionnaire des sciences philosophiques, développé avec beaucoup de force le point de vue de Biran ; et malgré les changements ultérieurs de sa pensée en Théodicée, il est resté, en psychologie, profondément attaché à ce point de vue.
On dit beaucoup de bien et beaucoup de mal de la manière de draper des Anciens.
Toutes ces figures occupent la partie inférieure du tableau et sont jettées de droite et de gauche sur le devant avec beaucoup de mouvement et de chaleur. […] Tableau d’une belle et hardie composition, modèle à proposer à ceux qui ont des espaces ingrats, beaucoup de hauteur sur peu de largeur.
Beaucoup de poissons, d’insectes, de reptiles ont acquis la couleur de leur milieu habituel ; les mammifères et les oiseaux des neiges perpétuelles sont blancs. […] Dressées et parées par Michelet, les gerbes ont bon aspect et contiennent beaucoup de bon grain. […] Il faut beaucoup de talent pour écrire un bon poème en vers libres ; il en faut peut-être davantage pour le bien lire et le sentir. […] Comme Verlaine, comme d’autres, Mallarmé attendit longtemps une lueur de gloire, mais avec beaucoup de patience, semble-t-il. […] En beaucoup de ces mots, d’ailleurs, le sens de l’un des éléments et parfois de tous les deux a disparu devant un sens nouveau.
Si l’on n’y remarque aucune vue d’ensemble bien nouvelle sur nos épopées, s’il se hâte trop, selon nous, de rejeter dans un horizon fabuleux ce qu’on pourrait appeler les grosses questions à ce sujet, on y trouve en revanche beaucoup de détails piquants, des rapprochements d’une scrupuleuse exactitude, le tout exprimé en ce style élégant et légèrement épigrammatique dont M.
Il étoit spirituel, mais voluptueux, voyant toutes choses avec beaucoup de lumiere, & en jugeant sainement, mais plus capable de les conseiller que de les faire ; ainsi, se trouvant foible, paresseux, & purement Homme de Cabinet, il espéroit de sa délicatesse, avec un Empereur délicat, ce qu'il ne pouvoit attendre du Peuple Romain, où il eût fallu se pousser par ses propres moyens, & agir fortement par lui-même ».
Et alors viennent les vrais artistes français, La Fontaine, Watteau, les auteurs, les vaudevillistes, les chansonniers, tous gens qui cherchent à égayer, demeurent, écrivant à point nommé pour les « langoureux malades ou autrement faschez et désolez. » *** Aujourd’hui beaucoup de choses ont varié, et la question de Panurge se pose plus inquiétante.
Il rougissoit de sa réputation d’auteur, laquelle avoit fait sa fortune & toute sa gloire, l’avoit mis dans les bonnes graces de l’empereur Maximilien, de Henri de Valois, de plusieurs papes, & de beaucoup de cardinaux & princes d’Italie.
Les Recréations mathématiques d’Ozanam sont un livre qui a eu beaucoup de cours ; mais on publie à présent un ouvrage sous le même titre, qui éclipsera le sien.
Est-ce aux autres hommes parmi lesquels figureraient beaucoup de littérateurs ?
N’y aimons-nous pas beaucoup de choses que nous y mettons ? […] Il donne là un exemple que beaucoup de ses contemporains devraient suivre. […] Il a certainement dégonflé beaucoup de vessies. […] Zola beaucoup de grossièretés inutiles, et ses romans ne sont peut-être pas aussi vrais qu’il le croit. […] Mais beaucoup de sous-naturalistes et de sous-idéalistes n’en sont pas.
Il ne lui importe pas de le sçavoir ; mais il m’importe beaucoup de ne lui paroître pas digne de son mépris par un orgueil extravagant. […] Il n’y a pas même beaucoup de différences à cet égard entre des poëtes fort differents d’ailleurs. […] C’est par cette raison qu’il y a beaucoup de simplicité dans Athalie même. […] Cassandre n’écoute que le ressentiment de l’outrage, et elle rejette les instances du prince avec beaucoup de dureté. […] Il suit de là qu’un grand nombre de confidens dans une piece en suspend d’autant la marche et les progrès ; et qu’il y jette par-là beaucoup de langueur et d’ennui.
Astyage, dissimulant le vif ressentiment que lui inspirait ce qui s’était passé, raconta de son côté à Harpagus ce qu’il avait appris du pâtre, et, après avoir tout répété, termina en disant : « que l’enfant vivait encore, et qu’il s’en réjouissait ; car, ajouta-t-il, je souffrais beaucoup de ce que j’avais fait, et je n’étais pas moins affligé de la peine que j’avais causée à ma fille. […] On lui raconte beaucoup de fables absurdes, à Memphis, sur l’origine et la langue la plus antique du genre humain. […] Les Trauses ont, dans le plus grand nombre de leurs institutions, beaucoup de rapport avec celles des autres Thraces, mais ils en diffèrent par les pratiques qu’ils observent à la naissance ou à la mort des individus. […] Les Mèdes obéirent et attaquèrent les Grecs, mais ils furent repoussés et perdirent beaucoup de monde ; d’autres succédèrent, et, quoiqu’ils tinssent ferme plus longtemps malgré les pertes qu’ils éprouvaient, l’événement de ces attaques fit connaître à tous ceux qui en étaient témoins, et au roi lui-même, qu’il y avait dans l’armée perse beaucoup d’hommes et peu de soldats. […] Excepté qu’il est plus sérieux, Hérodote a beaucoup de rapport avec l’auteur du Siècle de Louis XIV.
L’origine de cette langue, c’est l’argot du boulevard, des cercles et aussi de beaucoup de salons, cet argot recueilli, il y a quinze ans, par Gyp, l’étonnante rénovatrice du genre « Vie parisienne ». […] Il est très vrai que beaucoup de femmes, et quelques hommes pareillement, ne savent rien de l’arrière-fond de leurs âmes, ni s’ils aiment, ni qui ils aiment, ni comment et dans quel degré, ni s’ils mentent, ni pourquoi ils mentent. […] Donc, Piégois (Les cœurs de tenanciers sont les vrais cœurs de père) va trouver le jeune avocat : « J’ai obtenu un concordat, des créanciers de votre oncle ; ils se contenteront de 250.000 francs ; j’ai arrêté les poursuites, car je connais beaucoup de juges. […] M. et Mme Pétermann, atterrés, ont beaucoup de peine à pardonner à leur fille aînée. […] Voilà tout. » Et il est vrai que, à voir en quoi consiste le rôle de beaucoup de pasteurs, je me suis souvent dit que je suffirais à le remplir, et que, de prêcher tous les dimanches la morale des honnêtes gens et la philosophie de Jules Simon, cela n’exige assurément pas une consécration spéciale.
Les idées hardies dont il entreprit la défense ne tardèrent pas à blesser beaucoup de susceptibilités, à lui aliéner une grande partie du public. […] Les moineaux qui voltigent dans l’église donnent beaucoup de pittoresque à cette scène, que l’on croit voir ; dans la manière dont tous les personnages remplissent leurs fonctions, leur caractère se dessine, leur naturel se laisse deviner. […] Zola de multiplier autant que possible, sont choisis avec beaucoup de tact parmi les innombrables prescriptions de l’Église. […] Nous allons raconter l’histoire de ce drame, qui, comme beaucoup de choses, est né du hasard. […] Il s’est aussi donné beaucoup de peine, et peut prendre sa part au succès.
Ces cinq genres ont cependant aussi beaucoup de caractères communs, et forment une famille distincte de celle qui comprend les trois genres qui suivent encore plus loin vers la droite et qui ont divergé depuis une époque encore plus reculée. […] Mais beaucoup de naturalistes entendent quelque chose de plus par ce mot de système naturel ; ils y voient une révélation du plan créateur. […] Car cet axiome scientifique semble fondé sur une appréciation générale de beaucoup de ressemblances superficielles trop légères pour être définies. […] Les groupes les plus nombreux et les plus dominants de chaque classe tendent ainsi à s’accroître de plus en plus en nombre, et, conséquemment, à supplanter beaucoup de groupes plus petits et plus faibles. […] Pourquoi ceux qui ont beaucoup de pattes ont-ils des bouches plus simples ?
Mendès a beaucoup de relations dans le monde des Théâtres. […] Pour beaucoup de gens, vie de bohème et vie littéraire sont synonymes. […] Il avait écrit beaucoup de vers français et périgourdins. […] Les littérateurs n’ont pas beaucoup de goût pour l’exercice physique. […] J’ai beaucoup de peine à comprendre qu’on puisse réellement mettre huit jours et huit nuits à écrire cinquante ou soixante lignes.
J’ai vu fort près de moi, beaucoup de comédies, par exemple des comédies de gestes et de visages qui étaient vraiment « à peindre ». […] Couture font bien, si elles ne sont pas bien ; beaucoup de bras en l’air, quelques yeux tournés indiquent suffisamment, et selon la règle, la foi chez ses personnages. […] Ceux-là seront toujours chers aux esprits du monde qui sont un peu élevés au-dessus du niveau commun de la tribu, et qui joignent à beaucoup de finesse des subtilités pour justifier leur convention. […] Léon Laya, et quelques autres Serret font beaucoup de pièces qui doivent leur rapporter de l’argent, et cependant ils ne comptent pas parmi les écrivains ! […] Dans cette saison où les jours sont courts et sombres on ne peut travailler qu’un petit nombre d’heures, et deux mois de moins pour faire un tableau auraient empêché beaucoup de peintres d’être prêts pour l’époque indiquée.
Il y eut donc beaucoup de faste et de jactance dans ces premiers excès, et bientôt, comme en tout excès, survint l’épuisement.
Ces temps-là, elle le sait pourtant, étaient difficiles à vivre ; elle-même nous avoue une douzaine au moins d’attaques pressantes que sa vertu eut à repousser, et de plus fragiles auraient pu faillir à sa place sans beaucoup de philosophie.
Lui-même en effet émigra après le 20 juin ; quelques sarcasmes et beaucoup de froideur l’accueillirent aux frontières : « Sont-ce des émigrés ou des émigrants ?
Mais, à son retour, il ne trouva plus Bonaparte à Milan, et c’est à Paris que ce vieillard, devenu presque aveugle dans le voyage, parvint, non sans beaucoup de peines et de démarches, à remettre au général divers mémoires qui répondaient à ses questions.
Ce que lui inspiraient de transports ces glorieux symboles, qu’il interprétait selon son cœur, ce que le mouvement et la conversation de chaque jour lui apportaient d’espérances, d’enthousiasme croissant, puis par degrés, plus tard, de refroidissement et de mécomptes, il l’écrit chaque soir, en quelques mots, sans beaucoup de suite, mais avec verve et sincérité.
Paris9, l’enlèvent à la poésie du moyen âge beaucoup de ce qui fait le charme et la profondeur de celle d’autres époques : l’inquiétude de l’homme sur sa destinée, le sentiment douloureux de grands problèmes moraux, le doute sur les bases mêmes du bonheur et de la vertu, les conflits tragiques entre l’aspiration individuelle et la règle sociale. » Elles tarissent en un mot les profondes sources du lyrisme.
Rollinat a mis, en son œuvre macabre, beaucoup de lui.
Nous attendons beaucoup de ce jeune homme, et il serait téméraire de prévoir jusqu’où il portera ses réalisations.