Il était naturel que sa prose fût de meilleure qualité que ses vers : quand il s’agissait de conter et de causer, cette intelligente femme n’avait pas besoin d’être écrivain pour écrire excellemment.
Triste encore, mais d’une tristesse plus tendre, est le premier des trois Contes que Flaubert donna en 1877 : cette histoire d’un cœur simple — il s’agit d’une pauvre servante de province — est d’une sobriété puissante et d’un art raffiné ; dans l’insignifiance des faits, dans l’absolue pauvreté intellectuelle du sujet, dans la bizarrerie ou la niaiserie de ses manifestations sentimentales, transparaît constamment l’essentielle bonté d’un cœur qui ne sait qu’aimer et se donner ; quelque chose de grand et de touchant se révèle à nous par des effets toujours mesquins ou ridicules ; et ces deux sentiments qui s’accompagnent en nous, donnent une saveur très particulière à l’ouvrage.
Ce qu’il raconte d’ailleurs, ce sont les impressions d’un petit enfant très particulièrement doué, d’un enfant qui sera un artiste, un contemplateur, un rêveur, et qui prendra surtout le monde comme un spectacle pour les yeux et comme un problème pour la pensée, non comme un champ de bataille ou comme un magasin de provisions où il s’agit avant tout de se faire sa part.
Il s’agit d’une jeune fille qui a reçu une lettre de son amant, lequel est à l’armée ; elle ne sait pas lire et voudrait qu’on lui lût cette lettre.
Il ne s’agit pas ici de la poésie telle que des théories récentes l’ont idéalisée, inspiration distincte de l’art, d’écrire en vers, chant intérieur que le poète se chante à lui-même, etc., images décevantes, à la suite desquelles on est allé jusqu’à l’excès d’ôter le nom de poète à Molière et à La Fontaine.
Le héros, quand il se met à réfléchir, trouve qu’il a agi comme un être absurde, et c’est justement pour cela qu’il a été un héros.
. — Mais le droit et la littérature ne se teignent pas seulement des mêmes couleurs sous l’influence des mêmes causes : ils agissent et réagissent l’un sur l’autre.
Il faut attendre que la grâce agisse. » La rupture du roi avec madame de Montespan fut déclarée définitive et irrévocable par un de ces bienfaits qui acquittent tous les comptes passés : le roi lui donna la charge de surintendante de la maison de la reine, dont madame la comtesse de Soissons eut ordre de se défaire, et ordonna à l’ex-favorite de se retirer de la cour.
Ainsi agit Philiberte, et elle n’a pas de peine à faire tomber à ses pieds cet écervelé de chevalier, qui lui offre son cœur, sa main et l’héritage de son oncle par-dessus le marché.
Dans Un beau Mariage, il s’agissait d’une expérience de chimie à faire sauter un quartier.
Il s’agissait du mot fameux de Moïse au commencement de la Genèse : Dieu dit : Que la lumière soit !
On assure qu’il y a ici une petite erreur de Mme de Caylus, qu’elle s’est trompée d’un an, et que la scène de raccommodement dont il s’agit eut lieu après la Semaine sainte de 1675, et non à l’occasion du jubilé, qui n’eut lieu que l’année suivante.
Quand la balle me vient bien naturellement, et que je me sens instruit à fond de la chose dont il s’agit, alors je me laisse forcer et je parle à demi-bas ; modeste dans le ton de la voix aussi bien que dans les paroles.
La capitale a donc agi contre ses intérêts en prenant des formes républicaines ; elle a été aussi ingrate qu’impolitique en écrasant cette autorité royale, à qui elle doit et ses embellissements et son accroissement prodigieux ; et, puisqu’il faut le dire, c’était plutôt à la France entière à se plaindre de ce que les rois ont fait dans tous les temps pour la capitale, et de ce qu’ils n’ont fait que pour elle.
Il s’agissait, pour Bonneval, de s’évader de Turquie, et, en s’embarquant sur une frégate napolitaine qui croiserait dans l’Archipel, de venir à Rome chercher un asile, un lieu de réparation honorable et de repos.
Ici il ne s’agissait plus, comme dans Le Barbier, d’un simple imbroglio gai, piquant, amusant ; il y avait dans Le Mariage une Fronde armée, tout ce que le public, depuis que la pièce était défendue, avait cru y voir et y avait mis, tout ce que l’auteur lui-même cette fois avait songé bien réellement à y mettre.
Si l’on n’avait à consulter que ses propres goûts et ses prédilections, on serait bien vite décidé ; mais, quand il s’agit d’appliquer à des générations entières ce qui doit si puissamment influer sur elles, il est bien juste qu’on hésite.
« Vous étiez, lui disait Rivarol (ou l’auteur quelconque de la lettre satirique dont j’ai parlé), vous étiez l’un des plus éloquents orateurs muets de l’Assemblée nationale. » Un jour, dans la discussion où il s’agissait de savoir si la religion catholique serait déclarée religion de l’État (13 avril 1790), Volney, fidèle à son animosité, se tenait, un discours à la main, près de la tribune.
et, s’il s’agit d’art, combien plus de lumière et de mélancolique reflet en quelques pages de Chateaubriand !
S’il agit sincèrement, c’est un fou ; si c’est par hypocrisie, c’est une canaille.
D’ailleurs, quand il s’agit de proscrire et de damner, la logique est de trop.
Qu’il songe que Barrès et Victorien du Saussay n’ont pas la même clientèle, ne peuvent pas l’avoir et que l’un ne saurait faire tort à l’autre, et qu’il agisse pour le renom de notre pays dont la grandeur littéraire est la plus belle gloire.
On a imaginé que la nature agit toujours par le chemin le plus court, qu’elle emploie le moins de force et la plus grande économie possible : mais que répondraient les partisans de cette opinion, à ceux qui leur feraient voir que nos bras exercent une force de près de cinquante livres pour lever un poids d’une seule livre ; que le cœur en exerce une immense pour exprimer une goutte de sang ; qu’une carpe fait des milliers d’œufs pour produire une ou deux carpes ; qu’un chêne donne un nombre innombrable de glands, qui souvent ne font pas naître un seul chêne ?
Pour moi qui ne retiens d’une composition musicale qu’un beau passage, qu’un trait de chant ou d’harmonie qui m’a fait frissoner ; d’un ouvrage de littérature qu’une belle idée, grande, noble, profonde, tendre, fine, délicate ou forte et sublime, selon le genre et le sujet ; d’un orateur qu’un beau mouvement ; d’un historien qu’un fait que je ne réciterai pas sans que mes yeux s’humectent et que ma voix s’entrecoupe ; et qui oublie tout le reste, parce que je cherche moins des exemples à éviter que des modèles à suivre, parce que je jouis plus d’une belle ligne que je ne suis dégoûté par deux mauvaises pages ; que je ne lis que pour m’amuser ou m’instruire ; que je rapporte tout à la perfection de mon cœur et de mon esprit, et que soit que je parle, réfléchisse, lise, écrive ou agisse, mon but unique est de devenir meilleur ; je pardonne à Le Prince tout son barbouillage jaune dont je n’ai plus d’idée, en faveur de la belle tête de ce musicien champêtre.
Le signe qui tient de la nature même une partie de sa force et de sa signification, est plus puissant et agit plus efficacement sur nous que le signe qui doit au hazard ou au caprice de l’instituteur toute son énergie.
Il ne s’agit pas d’un mouvement à intentions clownesques, à recherches extravagantes, mais bien d’un état d’esprit qui préoccupe toute une génération.
Cette attention de Cicéron à l’harmonie dans un morceau pathétique, ne contredit nullement ce que nous avons avancé, que les idées fortes et grandes dispensent du soin de chercher les termes : il s’agit ici, non de l’expression en elle-même, mais de la disposition mécanique des mots.
Dans cet ordre de succès réguliers et paisibles, où il ne s’agit point de feux d’artifice à tirer à de certains jours, mais de fruits à produire durant des années, le bonheur calme et pur est un meilleur conseiller encore que l’amour-propre. […] Il ne s’agit plus de venir faire une simple lecture d’un auteur en l’accompagnant de remarques vives, de commentaires rapides et justes, de rapprochements heureux, et en y apportant un vif sentiment des beautés et aussi des défauts, comme ce serait le compte d’un disciple de Voltaire, de Pope et d’Horace.
Si je devais, par exemple, périr sous la dent de quelque bête sauvage, ou de toute autre manière, il serait, j’en conviens, raisonnable d’agir comme vous le faites ; mais, puisqu’il n’est point question de combat entre hommes, laissez-moi aller. […] Lorsque cette résolution fut prise, et tout préparé, il s’agissait d’en instruire Cyrus, qui habitait la Perse.
Beaucoup de vers, même à la fin d’un dîner (plutôt modeste), ce n’est pas toujours des moins fatigant, particulièrement quand ces vers sont un peu bien déclamatoires comme ceux dont vraiment il s’agissait (et non de vers du bon poète Jean Aicard). […] Mais il ne devait s’agir ici que du Recueil chez Vanier des poésies complètes d’Arthur Rimbaud. […] N’allèrent-ils pas en effet, alors qu’il ne s’agissait que d’art et de littérature, jusqu’à vouloir faire interdire Hernani, une pièce où tout n’est qu’héroïsme cornélien, dont tous les personnages, au fond, sont sympathiques dans la haute, sincère et logique expansion de leur passion jeune, loyale, si magnifiquement exprimée dans quelle belle langue nette et bien française ; où, si les sentiments sont naturellement, et de par le sujet, empruntés à l’Espagne, et rappelèrent dès lors plutôt l’inspiration castillane du Cid, le style agile et clair, la versification ferme et souple se réclament visiblement de la forme racinienne, et où rien, mais rien de rien n’évoque ou ne sous-entend l’influence de Shakespeare, dans tous les cas !
18 juillet Je ne suis pas malade, mais mon corps ne veut ni marcher ni agir, il a horreur de tout mouvement, et serait heureux d’une immobilité de fakir ; avec cela, j’éprouve à l’état continu, au creux de l’estomac, ce sentiment nerveux du vide que donnent les profondes émotions, et que fait plus douloureux encore l’anxiété de cette grande guerre qui va s’ouvrir. […] Pourquoi cet engourdissement qui m’empêche d’agir, de sortir, qui me retient à coupailler stupidement, à nettoyer avec un sécateur les arbustes de mon jardin : cela quand le dehors est si grandement curieux. […] … Oui, figurez-vous l’aspect d’un fricoteur, d’un étudiant de trentième année… il n’était pas soigné… et puis sa manie de porter des sous-de-pied étroits, et des pantalons gris-perle, remplis de taches, avec toujours un habit noir. » « Quand je l’ai revu en Belgique, c’était un autre homme, on aurait dit un vieux capitaine de cavalerie… Mais, il faut le reconnaître, qu’il s’agisse de l’ancien ou du nouvel Hugo, il a toujours eu une séduction dans l’accueil, une grâce de politesse charmante… Je me rappelle que quand nous allions chez lui, avec nos femmes, il n’en laissait pas partir une, sans lui mettre sur le dos son châle ou sa capeline. […] Il s’agit d’un dépôt de bois, avec lequel on fait du charbon, et qu’on avait commencé à piller.
*** Nous avons lu sur un album ces remarques d’une dame dont le cœur a une grande réputation de cosmopolitisme : « Le Français sait le mieux faire parler l’amour ; l’Italien le fait le mieux agir ; le Russe le fait agir et parler également bien ; l’Allemand l’endort ; le Polonais le ruine. » *** M. le comte L. de R… qui, à l’âge de trente-six ans, devait plus de deux millions, eut un jour l’idée de mettre un peu d’ordre dans ses affaires, et demanda au préfet de la Seine, qui était alors un de ses amis, l’autorisation de rassembler ses créanciers dans le Champ-de-Mars. […] — Silence, dit le marquis en frappant sur la table pour apaiser la rumeur soulevée par ce chiffre… un million… et d’assez jolies fractions comme vous voyez… Me retrouvant du blé à moudre, je suis revenu au moulins. — Maintenant, mesdames, voici de quoi il s’agit entre nous. — Je vais me marier… dans un délai très-prochain… qui ne doit pas excéder un mois… plus tôt même, il ne dépend que de moi de rapprocher l’époque… Tout à l’heure il ne dépendra que de vous ! […] Il s’agissait de savoir pourquoi. […] Comme tous les talents supérieurs dont l’arrivée imprévue occasionne un déplacement soudain dans les idées et dans les goûts du public, la grande tragédienne, dont Paris accompagne aujourd’hui même les funérailles, a soulevé bien des discussions dans la critique pendant le cours de sa carrière, si hâtivement interrompue. — Peu d’artistes ont éveillé plus de passions ; mais si l’admiration ne s’est pas livrée toujours sans résistance, si l’enthousiasme s’enveloppait quelquefois de formules restrictives, une chose qui n’a jamais été contestée à la défunte par aucune voix, ce fut sa nature nativement privilégiée, qui, dès le premier aspect, et avant même qu’elle eût agi ou parlé, lui permettait de révéler cet on ne sait quoi de plus qu’humain, indiquant une de ces rares individualités que l’art destine à la domination des foules. — Aussi la mort de mademoiselle Rachel est-elle plus que la disparition regrettable d’une femme intelligente, jeune, admirée, aimée : elle est pour l’art un véritable sinistre. — Quelque chose était avec elle, qui ne sera plus ; et c’est bien véritablement une grande place vide que va faire ailleurs cette petite place qu’on creuse à sa dépouille. — Mademoiselle Rachel est morte à trente-sept ans.
Rome s’était anéantie devant les Césars ; elle se déchargeait sur eux du poids de vivre et d’agir. […] Il s’agissait d’empoisonner cinq cardinaux à la fois ; la table était dressée dans la vigne de Saint-Pierre-aux-Liens. […] Le poison agit sur le vieux pape avec la violence de la flamme ; il tomba presque foudroyé. […] Et l’on m’a assuré que, quoi qu’il arrive, il demeure fixe sur cette façon d’agir. […] Le cérémonial supprimait la volonté et le libre arbitre : il agissait comme une mécanique qui fait passer par tous ses rouages l’être ou l’objet mis à sa portée, sans plus s’inquiéter des convulsions de l’homme que de l’inertie de la chose.
Tout en convenant avec lui que les qualités qu’on possède sont loin de se produire toujours ; que c’est l’occasion qui nous révèle aux autres et souvent à nous-même, et que la seule pierre de touche pour bien juger du mérite est qu’il soit mis à sa place, je remarquerai que, dans l’analyse très détaillée et assez naïve qu’il nous donne de son esprit et de son caractère, il nous dit : J’ai un défaut effroyable pour les affaires, qui gâte et qui détruit tout ce que je pourrais avoir de bon : c’est une grande paresse dans l’esprit ; en de certaines occasions, je la peux surmonter par élans ; mais à la longue je prends trop sur moi et j’y retombe toujours ; si bien que je ne serais propre qu’à penser, et encore plus à choisir et à rectifier ; car ce qu’il y a de meilleur en moi, c’est le discernement : mais il faudrait qu’un autre agît.
Cette Chronique rimée, toute grossière qu’elle est, et indélicate de ton, a cependant en elle un certain souffle de guerre et de bataille qui agit quand on la lit à haute voix.