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215. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Les liens de l’estime et de la confraternité ne peuvent plus exister entre nous et ceux qui professent des principes contraires, et si l’honneur pouvait être solidaire entre des hommes qui exercent la même profession à des distances Considérables, je me hâterais de protester contre un pareil abus, et je vous dirais hautement : L’avocat qui « chargé volontairement. de défendre un guerrier traître et rebelle à son roi, s’oublie jusqu’à justifier l’action en elle-même, qui cite comme un titre de gloire pour l’accusé le nom d’une bataille (celle de Waterloo) où il acheva de se rendre criminel en combattant contre son maître ; qui invoque à son secours le témoignage d’autres rebelles et les excite à rappeler les moyens qu’ils avaient pour forcer leur roi à la clémence ; l’avocat qui, s’entourant de honteux détours, de méprisables subterfuges, d’ignobles entraves, enlève ainsi au prévenu, autant qu’il est en lui, son dernier honneur, celui du courage, cet avocat a perdu son titre à nos yeux : je me sépare à jamais de lui. » On a beau dire que tout moyen est bon à un avocat pour sauver son client, M. de Martignac passait ici toute mesure, et il est difficile d’admettre qu’il n’obéissait pas lui-même, en s’exprimant de la sorte, à un accès de la fièvre politique qui sévissait partout autour de lui. […] Cet honnête homme à imagination ardente, et qui n’admettait guère qu’on pût sentir et penser autrement que lui-même, lui arracha une phrase par laquelle on supplia formellement le roi de s’en tenir à la clémence pour le passé et d’y mettre un terme, eu laissant cours à la justice et à la sévérité des lois pour l’avenir. […] Nous faudra-t-il admettre qu’il y a dans l’esprit humain des traces innées, des moules tout prêts pour des fanatismes quelconques, des retours et comme des accès périodiques pour des erreurs qu’on croyait épuisées ?

216. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

. — Soyez tout, excepté Dieu. » Et mon ami continuait très-vivement ; il s’emportait contre cette philosophie de l’histoire qui est une si grosse et si mystérieuse affaire, une si merveilleuse production en même temps qu’un si commode instrument au sens et au gré des nouveaux doctrinaires : ils font de l’histoire quelque chose de sacré, et ils n’admettent pas cependant qu’il y ait un plan primitif tracé, et une Providence qui y ait l’œil et qui y tienne la main : c’est une inconséquence. […] Entre ceux qui admettent, dans l’explication des choses humaines et des révolutions sublunaires ou célestes, le surnaturel et le miracle, et ceux qui ne l’admettent pas, il n’y a point à discuter : c’est à prendre ou à laisser.

217. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

En ce qui est de notre langue, on s’est détaché de plus en plus de cette manière de voir exclusive qui rapportait tout à un moment unique de politesse et d’élégance, qui ne voulait admettre qu’un seul patron de bon langage, et qui déclarait fautif ou barbare tout ce qui s’en écartait. […] Il prête à ses vieux héros tout ce qu’il a de noble dans l’imagination, et vous diriez qu’il se défend l’usage de son propre bien, comme s’il n’était pas digne de s’en servir. » Tout cela admis et reconnu, il restera vrai d’accorder à M.  […] L’historiette est jolie ; mais comment l’admettre ?

218. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

La prière une fois admise et reconnue pour efficace et légitime, la religion existe : Dieu et l’homme sont unis par un lien. […] Guizot, et pour rester membre de son Église, il faut admettre et respecter un certain symbole dont les premiers articles sont révélation, miracles, divinité du Christ. […] J’admets comme un droit naturel et universel la liberté de la pensée ; mais, parce qu’elle est essentiellement libre, elle n’est pas indifféremment vraie, et ceux-là seuls qui pensent comme moi sont, pour moi, dans la vérité et appartiennent à la même société intellectuelle, c’est-à-dire à la même Église que moi.

219. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

J’admets trois sources d’information : les livres, qui me donnent le passé ; les témoins, qui me fournissent, soit par des œuvres écrites, soit par la conversation, des documents sur ce qu’ils ont vu ou sur ce qu’ils savent, et enfin l’observation personnelle, directe, ce qu’on va voir, entendre ou sentir sur place. […] Pour l’hérédité, il n’avait admis que quatre cas : l’hérédité directe, représentation des collatéraux, oncles et tantes, cousins et cousines ; l’hérédité en retour, représentation des ascendants, à une on plusieurs générations de distance ; enfin l’hérédité d’influence, représentation des conjoints antérieurs… Quant à l’innéité, elle était l’être nouveau, ou qui paraît tel, et chez qui se confondent les caractères physiques et moraux des parents, sans que rien d’eux semble s’y retrouver. […] Mais si chacun de ces symptômes existe isolément, jamais ils ne coexistent et personne n’a été admis à observer au même moment, pour un même malade, les symptômes réunis de la lypémanie partielle, de la démence et de la paralysie générale.

220. (1890) L’avenir de la science « XVI »

ces hommes si fins, si délicats, si habiles à saisir dans la vie pratique les nuances les plus déliées sont de vrais badauds pour les choses métaphysiques et y admettent des énormités à faire bondir le sens critique. […] Talleyrand, me direz-vous, n’admit point tout cela. Non ; mais il aurait dû l’admettre, s’il avait été conséquent.

221. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Fortoul n’a négligé aucune démarche ni aucune instance pour le retenir, et ce n’est qu’après s’être assuré qu’il y avait un parti pris et une résolution irrévocable, que le ministre a proposé au Prince-Président d’admettre à la retraite l’illustre professeur. […] Villemain, nous le savons, a été touché, et il a dû l’être, de ces efforts si honorables et si sincères tentés pour le conserver : il a lu à plusieurs personnes la lettre qui lui a été adressée par le ministre, et nous croyons ne pas nous compromettre en disant qu’au milieu des expressions personnelles de souvenir et de reconnaissance, elle contient à peu près ces termes : J’ai cédé à votre demande, en proposant au Prince de vous admettre à la retraite. […] Admettez un seul acte ou même un seul sentiment vraiment honnête et généreux, et c’en est fait du système des Maximes.

222. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Si l’on admet ces prémisses, on comprend que la thèse soit facilement prouvée ; car, lorsque l’on a commencé par décrire le génie comme une sorte de folie, il n’est pas difficile plus tard de conclure que le génie et la folie sont identiques en essence. […] Quant à la folie proprement dite, outre qu’on n’en cite qu’un assez petit nombre d’exemples, on peut admettre que le génie soit une cause favorable de folie, sans reconnaître que la folie et le génie sont analogues physiologiquement. […] En outre, j’admets que l’abus du travail intellectuel puisse amener la folie (quoique cela soit très rare quand il n’y a pas de cause concomitante).

223. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Si vous admettez l’inversion vous détruisez le rythme de la strophe qui doit, comme la phrase, donner au lecteur l’ordre des idées. […] J’entre donc dans le détail théorique et pour ce faire je vous citerai ce que je publiais sur la question en 1888 dans la Revue Indépendante 1 : « Il faut bien admettre que, ainsi des mœurs et des modes, les formes poétiques se développent et meurent, qu’elles évoluent d’une liberté initiale à un dessèchement, puis à une inutile virtuosité ; et qu’alors elles disparaissent devant l’effort des nouveaux lettrés préoccupés, ceux-ci, d’une pensée plus complexe, par conséquent plus difficile à rendre au moyen de formules d’avance circonscrites et fermées. […] Sans admettre que le vers devienne un verset complet, et là le goût et l’oreille sont suffisants pour avertir le poète, on peut grouper en un seul vers trois ou quatre éléments ayant intérêt à ce que leur jaillissement soit resserré.

224. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Le principe de la tolérance des cultes, que nous avons admis, exclut, à lui seul, l’accord des mœurs et des opinions ; car, depuis le christianisme, la religion est le vrai fondement des mœurs. […] Ainsi l’excommunication admise par les traditions du clergé de France contre les spectacles paraît être en opposition avec les opinions actuelles, avec les progrès de la société : cependant elle est tellement dans nos habitudes de bienséance, que si elle tombe devant la force de l’opinion il restera toujours cette sorte d’excommunication civile dont les Romains, avant nous, avaient déjà frappé cette classe qui se dévoue aux plaisirs du public, cette profession où ceux qui l’exercent immolent leur personne même à la multitude. […] Les femmes, qui chez nous sont les gardiennes des mœurs, ne peuvent admettre dans leur société une femme qui est hors de nos mœurs.

225. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Comment peut-on admettre qu’un artiste donne à tous ses modèles des faces et des attitudes de « vaincus » ? […] Si l’on veut bien admettre les quelques lignes qui précèdent, ou du moins ce qu’elles renferment de plus saillant au point de vue de l’art nouveau, on voit dès lors de quelle inappréciable distance l’art préraphaélite s’éloigne de ce dernier ; de toute la distance qui sépare l’artifice et la pré-conception de la réalité franchement acceptée. […] Alors qu’en divers pays, quelques artistes de génie en qui vibrait le souffle de l’esprit nouveau, s’épanouissaient au grand air et à la lumière, refusant d’admettre pour l’art un soleil spécial, d’une autre nature que celui qui nous éclaire, et une atmosphère sans rapport avec celle qui nous nourrit, alors que l’art se replongeait à nouveau dans la vie, les néo-Primitifs s’étouffaient sous mille préjugés moraux, abîmés dans la rêverie, dépourvus de toute saine notion d’ensemble et de nature, fermaient les yeux à tout ce que leur présentait le monde, et croyaient « sublimer » la réalité en la trahissant sans relâche.

226. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 201

L’Explication historique des Fables, la Mythologie expliquée par l’Histoire, sont deux Ouvrages pleins d’érudition, de recherches, d’idées neuves, & écrits d’ailleurs avec autant d’élégance & de netteté, que ces sortes de dissertations en peuvent admettre.

227. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 367

Il y fut sans doute admis en qualité de Législateur ; car on dit que le Fondateur de ce célebre établissement le chargea d’en composer les Statuts.

228. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

On demandait à Schiller : — Pourquoi n’admettez-vous pas de religions ? […] Avec Wagner, Nietzsche admet que l’art est une libération dont l’homme éprouve l’irrésistible besoin. […] Les Grecs, avec raison, n’admettaient pas l’individualisme dans la leur. […] Il va plus loin même ; il n’admet pas, comme M.  […] Il accepte, les yeux fermés, des classifications et des localisations longtemps admises, encore fort répandues aujourd’hui, mais qui n’en sont pas moins fantaisistes.

229. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Que si je développe des considérations qui ne sont point celles qu’admet la grande majorité du Sénat, je prie qu’on veuille bien se dire que, de sa part, en écouter l’exposé et le développement, ce n’est point pour cela y adhérer, ce n’est point du tout s’engager ni s’en rendre à aucun degré responsable : c’est simplement faire preuve de tolérance, d’attention intellectuelle, de patience peut-être, mais d’une patience qui n’est certes pas de nature à faire tort à une grande assemblée. […] L’Assemblée a mis bien le comble à toutes ses sottises et ses irréligions en donnant aux juifs la possibilité d’être admis à tous les emplois. […] Il n’y a encore que les juifs qui avaient des privilèges qui sont admis ; mais vous verrez bientôt que toute la nation aura les mêmes avantages. […] Ce qui fait que les juifs ont dû être admis comme citoyens, et qu’ils sont aujourd’hui honorés et respectés dans toute réunion et assemblée publique et politique, c’est qu’il a été démontré qu’on peut être de cette religion, de cette opinion, sans être pour cela ni moins honnête homme, ni moins bon citoyen, ni moins fidèle sujet (dans les pays où il y a des sujets), ni moins exact à remplir tous les devoirs de la famille et de la société. […] Eh bien, je l’admets : mais alors table rase complète.

230. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Qu’est-ce qu’un cercle où la haute politique et la critique supérieure ne sont point admises ? […] drôle, j’espère bien que pour toi je suis toujours monsieur le comte. » — Ceci montre jusqu’à quel point, dans une tête aristocratique, les nouvelles théories sont admises. […] Nous préférions un mot d’éloge de d’Alembert, de Diderot, à la faveur la plus signalée d’un prince… Il était impossible de passer la soirée chez d’Alembert, d’aller à l’hôtel de La Rochefoucauld chez les amis de Turgot, d’assister au déjeuner de l’abbé Raynal, d’être admis dans la société et la famille de M. de Malesherbes, enfin d’approcher de la reine la plus aimable et du roi le plus vertueux, sans croire que nous entrions dans une sorte d’âge d’or dont les siècles précédents ne nous donnaient aucune idée… Nous étions éblouis par le prisme des idées et des doctrines nouvelles, rayonnants d’espérance, brûlants d’ardeur pour toutes les gloires, d’enthousiasme pour tous les talents et bercés des rêves séduisants d’une philosophie qui voulait assurer le bonheur du genre humain. […] Nombre de grands seigneurs et de prélats figurent dans les sociétés d’agriculture, écrivent ou traduisent des livres utiles, suivent les applications des sciences, étudient l’économie politique, s’informent de l’industrie, s’intéressent en amateurs ou en promoteurs à toutes les améliorations publiques. « Jamais, dit encore Lacretelle, les Français n’avaient été plus ligués pour combattre tous les maux dont la nature nous impose le tribut, et ceux qui pénètrent par mille voies dans les institutions sociales. » Peut-on admettre que tant de bonnes intentions réunies aboutissent à tout détruire ? […] Très probablement, il est, après Turgot, l’homme de son temps qui a le plus aimé le peuple  Au-dessous de lui, ses délégués se conforment à ses vues ; j’ai lu quantité de lettres d’intendants qui tâchent d’être de petits Turgots. « Tel construit un hôpital, un autre fonde des prix pour les laboureurs ; celui-ci admet des artisans à sa table555 » ; celui-là entreprend le défrichement d’un marais.

231. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Et d’ailleurs qui admettra qu’un général a le droit de trahir sa patrie si elle est en guerre avec un adversaire bien supérieur en civilisation ? […] La déviation, s’il y en a une, comme l’admettraient tous ceux que console une foi différente, proviendrait non d’un enchaînement défectueux des idées et des préceptes, mais de l’étroitesse et de la fausseté du point de départ. […] Se borner à répondre : c’est bien parce que c’est bien, c’est ne pas apercevoir les conditions du bien et se refuser à en admettre ; c’est parfois que l’on est mal renseigné, ou que l’on a la vue courte, mais cela tient parfois aussi à ce que les idées que l’on a reçues et acceptées sur le bien sont tout à fait injustifiables. […] La morale reçue, admise à chaque époque, celle en dehors de laquelle les autres conceptions aventureuses de la conduite passent pour des immoralités, cette morale-là supposerait une observation, un classement des tendances, de leurs effets, de leur valeur qui ne peuvent être achevés qu’au moment où ces tendances vont être remplacées, partiellement, par d’autres. […] Ils admettent sans doute que la pratique et la théorie vont du même pas.

232. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Hermant, admis la vérité du christianisme. […] Je ne puis admettre non plus que je me sois donné tant de mal pour combattre une pure chimaera bombinans. […] La charmante enfant que le vieillard admettait toujours avec un sourire fut dépêchée près de son lit. […] Sa conception du monde était très aristocratique, mais il admettait trois aristocraties, la noblesse, le clergé et la littérature. […] Bourdoise… », montrant clairement qu’il n’admettait pour cette maison d’autre illustration que son passé du xviie  siècle.

233. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 74-75

Il est quelquefois, à la vérité, inférieur à son Original ; mais il a, en revanche, des morceaux où il le surpasse, en donnant de la force, de la grace, de la noblesse à certains détails minutieux, que le génie Anglois peut admettre, mais que celui de notre Nation eût rejetés.

234. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Le genre admis, il y a de la simplicité, et l’on s’est accordé à y louer un style pur et des sentiments doux, ce qui est assez singulier dans une tragédie et chez un auteur tel que Chamfort : il réservait toute sa douceur pour ses tragédies. […] L’ancienne société, tout ce beau monde, les Grammont, les Choiseul, la reine, voyant un jeune poète qui promettait par ses œuvres et qui payait argent comptant par son esprit, voulurent le protéger et l’admettre sur le pied où l’homme de lettres était admis alors. […] Un homme qui, comme lui, avait débuté par des prix d’académie, qui en avait fait sa carrière, qui avait toujours eu l’Académie en vue, qui avait mis en jeu tous ses amis, même ses amis de cour, jusqu’à ce qu’il y eût été admis, cet homme devait être le dernier à prendre la plume pour dénoncer publiquement les abus et pour solliciter la destruction du corps dont il était membre.

235. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

— Nous sommes loin de l’époque où Reid, après s’être posé ce grand problème, concluait qu’il faut renoncer à expliquer la merveille : « C’est qu’il a plu à Dieu, disait-il, de nous donner la connaissance directe et immédiate du passé. » Avec ce miracle trop opportun, Reid admettait une contradiction dans les termes. […] Il faut donc admettre dans la mémoire une certaine composition, une présence simultanée de termes différents. […] En définitive, pour expliquer la reconnaissance comme la conservation et la reproduction des idées, nous n’admettons ni le pur esprit des métaphysiciens, ni le mécanisme exclusif des physiologistes. […] Dans la mémoire comme ailleurs, nous admettons un élément irréductible au pur mécanisme et au pur intellectualisme, et cet élément est toujours le même : le désir, inséparable du sentir.

236. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Aussi, dans ces dernières années, l’idée d’une réforme est-elle partie d’Oxford même, de ce nid à préjugés anglicans reconstruit par la grande aigle des Tudors, Élisabeth, qui, par pitié filiale, sans doute, pour l’Établissement de son père, avait enjoint qu’on n’admît personne dans un collège sans avoir préalablement juré les XXXIX articles. […] Cependant il admettait encore la consubstantiation comme l’Église anglicane. […] Les anglo-catholiques admettent la tradition, la visibilité et l’union de l’Église, la succession apostolique, l’indépendance de l’Église vis-à-vis de l’État : « Ils professent et enseignent la doctrine catholique de la justification ; ils reconnaissent les sacrements comme canaux d’une grâce surnaturelle. […] Peter Maurice examina — si une chose si violente peut s’appeler de ce nom si calme : examiner, — les principaux écrits puséystes, les Tracts en général, et en particulier ceux qui traitent de la succession apostolique, la lyra apostolica, enfin les idées admises de plus en plus par les anglo-catholiques sur le service divin, les cérémonies, les vêtements, etc., idées qui doivent rappeler bien douloureusement à un protestant comme Peter Maurice toutes les abominations de la Babylone écarlate.

237. (1897) Aspects pp. -215

J’admets volontiers cette méthode. […] Jullien admettra mes arguments. […] Un penchant bizarre le porte, en effet, à ne jamais admettre le désintéressement. […] Vielé-Griffin un dogme tellement sacré qu’il ne puisse admettre sans chagrin qu’on ne la partage pas ? […] Si je n’admets pas toutes leurs propositions, essentiellement je sympathise assez souvent avec eux.

238. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Cependant ce sont là des exemples pris de la littérature classique, et l’on ne trouvera point extraordinaire que, jusque dans leurs écarts apparents, les poètes du xviie  siècle aient, au fond, respecté les règles universellement admises en France de leur temps. […] En général, un long ouvrage admettra une plus grande diversité de parties et d’impressions secondaires qu’un ouvrage de courte étendue : dans vos compositions de collège, tant pour leur dimension que par votre inexpérience et par la nécessité de discipliner votre esprit, il ne faudra point vous écarter d’une assez rigoureuse simplicité.

239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Coppée n’en a pas moins ce grand mérite d’avoir, le premier, introduit dans notre poésie autant de vérité familière, de simplicité pittoresque, de « réalisme » qu’elle peut en admettre. […] Ce n’est pas par méprise qu’on l’a admis dans l’intimité des cœurs.

240. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Schwob s’étaye d’une assertion de Chamfort : « Il y a à parier que toute idée publique est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » Qu’il me permette de rapprocher le sixième Soliloque sceptique de Lamothe le Vayer : « Quand le vulgaire — et la pourpre et le cordon bleu en font partie — a une fois épousé une opinion pour absurde qu’elle soit, il se raidit d’autant plus à la maintenir qu’elle est déraisonnable et absolument opposée à la vérité, qui, n’est ni escoutée, ni comprise par la folle et ignorante multitude. » Tout de même, et malgré l’autorité de Chamfort, de Lamothe et de Marcel Schwob, il n’est pas de sincère exactitude (et aucun historien de mœurs n’admettra) qu’une collectivité choisisse jamais des opinions absurdes, c’est-à-dire à elle fâcheuses. […] Le second point touché dans la préface de Schwob est l’élucidation de l’Absurde, au sens où l’entend Rachilde, en un sens très admissible et très admis, mais nettement différent du précédent.

241. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

Bouglé n’admet pas cette antinomie. […] Cet individualisme admet l’État ; mais il compte surtout sur les associations libres.

242. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Il faut se rappeler que toute l’antiquité, à l’exception des grandes écoles scientifiques de la Grèce et de leurs adeptes romains, admettait le miracle ; que Jésus, non-seulement y croyait, mais n’avait pas la moindre idée d’un ordre naturel réglé par des lois. […] Nous admettrons donc sans hésiter que des actes qui seraient maintenant considérés comme des traits d’illusion ou de folie ont tenu une grande place dans la vie de Jésus.

243. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

On vouloit qu’on admit les vers, ne fut-ce que parce qu’ils gravent mieux que la prose les faits dans la mémoire. […] L’exemple des Italiens & des Anglois, qui admettent des vers blancs ou non rimés, étoit l’argument qu’on faisoit le plus valoir contre le retour des mêmes sons dans les vers.

244. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Contradiction qui n’est qu’une ruse peut-être ; car il répugne profondément d’admettre que d’Alaux, dans toute la lucidité de son bon sens, et après avoir retracé avec un mépris si sincère ce règne de Soulouque auquel on est tenté de ne pas croire, conclue en faveur de l’homme de ce règne inouï et voit en lui le fondateur possible d’une future nationalité ! […] Quand on ne croit pas au hasard, aussi bête que les couleuvres africaines adorées par Soulouque et dont d’Alaux se moque avec juste raison, lorsqu’on a le bon sens d’admettre la variété providentielle des fonctions pour tous les peuples, les nègres, qui probablement ont leurs origines comme les autres races, semblent avoir été mis particulièrement dans le monde pour montrer combien est pesant aux créatures humaines le fardeau de la liberté.

245. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Telle est la force du préjugé et encore plus des relations, chez un peuple qui croit peut-être toujours au mot de Lafayette : « L’insurrection est le plus saint des devoirs », mais qui ne l’admet pas en littérature. […] Quoique tous les genres de composition romanesque ne soient pas égaux, même devant le génie, et qu’il y ait une hiérarchie dans les œuvres aussi bien que dans les esprits, j’admets cependant que tous les genres de roman ont un intérêt assez grand pour saisir vivement la pensée et faire prendre l’essor au talent ; mais franchement, je ne vois pas très-distinctement à quel genre de composition romanesque peut appartenir Le Capitaine Fracasse de M. 

246. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Conclusion. »

On voit, par cet exemple, quelle attention il faut porter dans sa lecture, pour ne point admettre de fausses idées dans son esprit ; et s’il s’en est glissé plusieurs dans un livre qui entre dans notre éducation, comme un des meilleurs qui aient jamais été faits, qu’on juge de celles que nous recevrons par un grand nombre de livres inférieurs à celui-ci.

247. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 504

L’Histoire Ecclésiastique ne sauroit admettre les anecdotes galantes, le détail des intrigues de la Cour de nos Rois, & mille autres frivolités qu’il y étale avec une complaisance qui fait tort à son jugement.

248. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 435

Les Mémoires de l'Académie de Berlin, où il fut admis lors de son établissement, la Bibliotheque Germanique, l'Histoire critique de la République des Lettres, offrent un grand nombre de Dissertations & d'autres Ecrits de sa façon, qui ne sont pas les moins intéressans de ces Recueils, soit par les sujets, soit par la maniere dont ils sont traités.

249. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Les hommes y sont doucereux et graves ; les petits jeunes gens qu’on daigne y admettre, avec leurs mines béates et leurs cravates blanches, rappellent les chérubins d’oratoire. […] J’admets cette palinodie, pleine de gaieté et d’effets comiques, mais je n’admets pas que Maxime s’en fasse le complice.

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