Cette seconde fois, en 1757, Franklin y paraissait comme un homme des plus distingués de son pays, et déjà connu en Europe par ses expériences sur l’électricité, qui dataient de dix ans. […] Ses fils, propriétaires de grandes possessions territoriales, et qui étaient investis du droit exorbitant de nommer les gouverneurs du pays, prétendaient que leurs terres fussent exemptées des taxes communes. […] L’intérêt de la Pennsylvanie était alors, en effet, que la Couronne intervînt plus directement qu’elle ne faisait dans l’administration coloniale, et qu’elle affranchît le pays de cette espèce de petite féodalité qui renaissait au profit d’une famille. […] On nous dit que, du temps de Salomon, l’or et l’argent étaient en si grande abondance qu’ils n’avaient pas plus de valeur dans son pays que les pierres dans la rue. […] L’effet de ces lettres circulant dans le pays, puis produites dans l’Assemblée à Boston, et reconnues pour être de la main du gouverneur et de son lieutenant, fut prodigieux, et amena une pétition au roi qui fut transmise à Franklin, et pour la défense de laquelle il fut assigné à jour fixe devant le Conseil privé, le 29 janvier 1774.
Il s’y trouve pêle-mêle des notes de voyage, des particularités sur les villes et pays qu’il traverse, avec des détails sur sa santé et des prises fréquentes d’eaux ou de médecines. […] Il était très attentif à se conformer aux mœurs et usages des différents pays, à ne les choquer en rien ; il s’y pliait entièrement pour les mieux comprendre et embrasser. […] Il allait jusqu’à préférer bien des usages de ce pays et à les trouver plus commodes que les nôtres. […] Il a le regret, dans cette ville d’Augsbourg, de se rendre remarquable par quelque façon opposée au goût du pays : c’était en passant par une église ; comme il faisait très froid et qu’il était indisposé, il garda son mouchoir sous son nez, ce qui parut étrange : il en fut mortifié, quand ensuite on le lui dit. Partout où il allait, le premier soin de Montaigne était d’observer la mode du pays, quelque difficulté et gêne qu’il y trouvât ; c’était sa religion à lui.
Car une statistique incertaine et des documents à la portée de tout le monde ne constituent pas cette rude tâche d’investigation, de comparaison et de critique, qu’on appelle l’histoire d’un pays. […] Partout pays, mais principalement en Russie, ce ne sont pas les notoriétés bien établies qui font l’histoire, ce sont les indiscrétions : or, les indiscrétions y sont impossibles. […] Chopin a eu l’heureuse idée de réunir en un volume8 plusieurs Nouvelles dues à la plume des écrivains russes les plus vantés dans leur pays. […] … C’est le recueil des bulletins et des pensées militaires de Souvarof, l’homme unique de ce pays dont la grandeur soit naïve, sauvage, tartare, et non du plaqué de civilisation plus ou moins réussi. […] Mémoires secrets du sieur de Villebois sur la cour de Russie pendant les règnes de Pierre le Grand et de Catherine II (Pays, 25 février 1854 ; novembre 1852).
Tout artiste qu’il soit, tout expert des choses de la vie qui font main-basse sur nos affectations et élèvent un homme à la simplicité, tout grandement ou profondément passionné qu’il puisse être, l’auteur de Guy Livingstone porte au milieu de son talent et de son dandysme, que je ne veux point séparer, la tache d’un pédantisme qui, dans le pays du cant sous toutes les formes, est un véritable cant intellectuel. […] Quelle différence entre Guy Livingstone et les autres romans contemporains, et surtout ceux-là (il faut le dire) qui se publient dans notre pays ! […] J’ai dit plus haut que l’auteur de Guy Livingstone était, comme tous les grands écrivains de son pays, un fils de la Bible, qui est la magna parens de tout ce qui est supérieur en Angleterre. La Bible, — cette éducation de l’Angleterre, ce livre grand et terrible où le Dieu jaloux frappe Satan, l’autre jaloux, — la Bible a empreint pour jamais l’imagination anglaise de sa grandeur et de sa terribilité, et c’est elle que je vois rayonner de son feu sombre et âpre aussi bien dans Richardson, qui a fait Lovelace, que dans Milton, qui a fait Satan ; aussi bien dans ce nouvel écrivain qui ajoute dans Livingstone une grande figure à ces grandes figures aimées et hantées par l’imagination de son pays, que dans ce Byron dont il est l’enfant intellectuel. […] nous signalons bien moins l’effet esthétique d’un tel dénoûment que la promesse qu’il nous fait implicitement pour l’avenir, — que la révélation ici entr’aperçue, non pas d’un grand romancier de plus dans le pays des Richardson, des Walter Scott et des Fielding, mais d’un grand romancier chrétien dans un pays littérairement hébraïque, et dont les Indiens cités par Michelet disent, avec leur sagacité ignorante et sauvage : « Les Anglais sont les Juifs de Londres qui ont fait crucifier Jésus-Christ lequel était Français. » 32.
Tout artiste qu’il soit, tout expert des choses de la vie qui font main-basse sur nos affectations et élèvent un homme à la simplicité, tout grandement ou profondément passionné qu’il puisse être, l’auteur de Guy Livingstone porte au milieu de son talent et de son dandysme, que je ne veux point séparer, la tache d’un pédantisme qui, dans le pays du cant, sous toutes les formes, est un véritable cant intellectuel. […] Quelle différence entre Guy Livingstone et les autres romans contemporains, et surtout ceux-là (il faut le dire) qui se publient dans notre pays ! […] J’ai dit plus haut que l’auteur de Guy Livingstone était, comme tous les grands écrivains de son pays, un fils de la Bible, qui est la magna parens de tout ce qui est supérieur en Angleterre. La Bible, — cette éducation de l’Angleterre, ce livre grand et terrible où le Dieu jaloux frappe Satan, l’autre jaloux, — la Bible a empreint pour jamais l’imagination anglaise de sa grandeur et de sa terribilité, et c’est elle que je vois rayonner de son feu sombre et âpre aussi bien dans Richardson, qui a fait Lovelace, que dans Milton qui a fait Satan, aussi bien dans ce nouvel écrivain d’aujourd’hui qui vient d’ajouter dans Livingstone une grande figure à ces grandes figures aimées et hantées par l’imagination de son pays, que dans ce Byron dont il est l’enfant intellectuel. […] nous signalons bien moins l’effet esthétique d’un tel dénoûment que la promesse qu’il nous fait implicitement pour l’avenir, — que la révélation ici entreperçue, non pas d’un grand romancier de plus dans le pays des Richardson, des Walter Scott et des Fielding, mais d’un grand romancier chrétien dans un pays littérairement hébraïque, et dont les Indiens cités par M.
Mais il n’est point de pays où les écrivains aient mieux approfondi les sentiments de l’homme passionné, les souffrances de l’âme, et les ressources philosophiques qui peuvent aider à les supporter. Le caractère général de la littérature est le même dans tous les pays du Nord ; mais les traits distinctifs du genre allemand tiennent à la situation politique et religieuse de l’Allemagne. […] lui dit-il, il est vrai que vous connaissez un pays où le fils peut être pour jamais séparé de celle qui lui a prodigué les plus tendres marques d’affection pendant les premières années de sa vie ! […] un pays où cependant on connaît l’amour, où deux êtres se dévouent l’un à l’autre, vivent longtemps à deux, puis savent exister seuls ! […] Comment la littérature peut-elle se former dans un pays où l’on publie près de trois mille volumes par an ?
Edgar Poe est un spiritualiste refoulé et mutilé par le matérialisme de son pays et de son temps. […] Dans le pays de la plus cynique utilité, il ne vit que la beauté, la beauté par elle-même, la beauté oisive, inféconde, l’art pour l’art. […] Son pays, en effet, fut pour la moitié, sinon pour le tout, dans son long martyre, et c’était là inévitable. […] Edgar Poe, le poète de la Beauté désintéressée, était né dans le pays le plus hideusement utilitaire. […] Les Barnum, ces confectionneurs de renommée dans son pays, lui manquèrent.
Tout leur courroux, qui n’est pas pétulant et emporté comme dans nos pays, s’évapore en injures. […] Le pacha vint d’abord en Imirette, se rendit maître du pays et de la personne du roi Bacrat. […] Cela était vrai ; elles avaient enlevé des barques du pays, et une, entre autres, où j’avais intérêt. […] Vis-à-vis du grand portail, il y avait deux carrosses à l’indienne, fort jolis, attelés de bœufs, à la façon de ce pays-là, dont les cochers, aussi Indiens, étaient vêtus à la mode de leur pays. […] Chaque invité n’eut qu’un bassin, mais d’une grandeur au-dessus de tous ceux dont on se sert dans nos pays.
mais un livre ennuyeux, dans l’état actuel des connaissances sur ce singulier pays, lesquelles ont tout juste le degré d’information et d’incertitude, de lumière et d’obscurité qui donne à l’Histoire tout le piquant d’une question, cela est-il permis, même à très haute et puissante dame la Médiocrité ? […] Nul pays n’eut jamais une renommée plus équivoque, plus d’admirateurs et plus d’ennemis. […] S’il y a des chauvins dans ce pays, — comme nous disons dans celui-ci, — de ces hommes qui se sentent plus fiers quand ils regardent… la grande muraille, ce sont très certainement des hommes comme eux. […] Dernièrement les journaux européens ont parlé de la révolution qui était à la veille d’éclater dans ce pays, et de la guerre civile qui le déchirait. […] La Chine moderne (Pays, 20 novembre 18539.
De la plaisanterie anglaise On peut distinguer différents genres de plaisanterie dans la littérature de tous les pays ; et rien ne sert mieux à faire connaître les mœurs d’une nation, que le caractère de gaieté le plus généralement adopté par ses écrivains. […] Le peuple de tous les pays est amusé par des plaisanteries grossières ; mais il n’y a qu’en France où la gaieté la plus piquante soit en même temps la plus délicate. […] Dans tous les pays, un écrivain capable de concevoir beaucoup d’idées, est certain d’arriver à l’art de les opposer entre elles d’une manière piquante. […] Un pays qui tend à l’égalité, est aussi moins sensible aux fautes de convenance. La nation étant plus une, l’écrivain prend l’habitude de s’adresser dans ses ouvrages au jugement et aux sentiments de toutes les classes ; enfin les pays libres sont et doivent être sérieux.
— Au pays du Berri (1896). — La Bonne Dame de Nohant, en collaboration avec Firmin Roz (1897). — Sainte Soulange (1898). — Noëls berriauds (1899). — Les Chansons berriaudes (1899). […] Hugues Lapaire, sous ce titre : Au pays du Berri. […] Beaucoup sont touchantes, de ces chansons du pays, et M. […] Il a pénétré la crédulité, la bonhomie, la douceur narquoise du paysan de sa province, et les croquis qu’il nous en donna (Au pays du Berri) ont autant de saveur et plus de vérité peut-être que les fresques magistrales de George Sand.
Mais elle a dégoûté à jamais le pays de toute expérience réactionnaire. […] L’Église n’entendait pas courir une troisième fois, dans un pays républicain, pareille aventure. […] Le radicalisme, alors, c’était le pays : le pays à qui la politique coloniale a été, contre sa volonté, imposée par des groupes d’hommes d’affaires intelligents et prévoyants. […] Aujourd’hui tout pays en est menacé. […] La culture de chaque pays survivra-t-elle à chacune de ces expériences ?
L’opposition fait toujours la gloire d’un pays. […] Le plus triste pays du monde est peut-être la région voisine de Jérusalem. La Galilée, au contraire, était un pays très vert, très ombragé, très souriant, le vrai pays du Cantique des cantiques et des chansons du bien-aimé 188. […] L’horrible état où le pays est réduit, surtout près du lac de Tibériade, ne doit pas faire illusion. Ces pays, maintenant brûlés, ont été autrefois des paradis terrestres.
. — Une nation est une personne formée, consciente et responsable ; il n’y aura pas de véritable nation sur le continent avant notre temps. » Ainsi États et nations n’apparaissent que dans certains temps et dans certains pays ; et il est facile de voir que ce sont aussi les temps et les pays où l’idée de l’égalité s’est montrée. […] Distribuant aux hommes des races les plus différentes un même droit de cité, exigeant des pays les plus disparates les mêmes impôts, rapprochant par ses voies les points extrêmes du monde ancien, l’Empire romain est le plus puissant instrument d’unification que l’humanité ait connu. […] Mille petits gouvernements se partageaient le pays. […] — Or la réponse que se donne Tocqueville se réduit à peu près à ceci : la France était, de tous les pays d’Europe, le plus unifié. […] Et, en effet, toutes choses égales d’ailleurs, dans un pays où les différents groupements coexistants sont unifiés, il y aura plus de rapports sociaux entre des individus plus nombreux que dans un pays où les groupements demeurent scrupuleusement séparés ; en ce sens, l’unification augmente la densité sociale. — D’autre part un gouvernement centralisé, assujettissant à une morne loi les individus les plus distants et les plus différents, les rend, à un certain point de vue, semblables.
Enfin je m’adresse aux banquiers de mon pays pour leur demander de m’avancer environ 200,000 fr. pour mes payements. […] Un autre régime a été adopté par mon pays. […] Nous lui promîmes de lui raconter, au retour, toutes les circonstances du voyage et toute la physionomie du pays. […] Le pays devenait charmant de plus en plus, mais toujours aussi sauvage. […] Ce pays venait de nous découvrir une autre face.
Il avait eu peur, en effet, mais pour la civilisation dans son pays. […] Il était d’un pays, d’un temps, d’une classe sociale. […] Cette prise de contact d’un écrivain d’un pays, par exemple, avec la littérature d’un autre pays n’est saine et bienfaisante que si elle ne dénationalise pas cet écrivain. […] Ils croient être entrés dans le pays du caprice. […] Elle peut, elle doit être le cerveau du pays.
Elle soutient des rapports avec les autres littératures qui se sont développées antérieurement ou qui se développent simultanément dans les pays étrangers. […] Il est parfois d’une netteté qui ne permet aucune supposition d’influence s’exerçant d’un pays ou d’un siècle à un autre. […] Il faut, comme on l’a dit, une sorte d’harmonie préétablie entre le pays d’où elle arrive et celui où elle pénètre. […] Il faut commencer par un dénombrement exact des pays étrangers qui peuvent avoir laissé quelque trace dans les œuvres littéraires de cette époque. […] Mais, en général, la forme, qui est chose précise, solide et personnelle, se transporte moins aisément d’un pays à un autre que l’idée, qui est chose fluide, subtile et sans marque de propriété.
Si vous saviez avec quelle simplicité on se considère et on se juge dans ce pays ! […] Enfin, tout ce que je vois autour de moi, pays, ciel, forêt et scènes humaines, tout est si beau, si beau que la joie de la contemplation est constamment la plus forte. […] » Ensuite, les juifs polonais qui encombrent notre pays et qui, pour manger, font tous les métiers (ces derniers ne sont intéressants que par les malheurs qu’ils ont endurés en Russie). […] Je pense souvent à tous ceux qui t’entourent en ce moment d’une affection si tendre et t’aident à supporter vaillamment la lourde contribution du pays que je t’ai imposée ainsi qu’à moi-même. […] Pouvoir emmener toi et nos chéris en Alsace-Lorraine et leur dire : Papa a aidé dans la mesure de ses forces à rendre ces deux beaux pays à la France, quelle plus belle récompense pour moi ?
Il se présenta au palais du roi, et le supplia de le purifier suivant le mode d’expiation établi par les lois du pays. […] Maintenant, si vous m’en croyez, vous régnerez bientôt sur tout le pays où règne aujourd’hui Astyage. […] Les grands du pays, déjà déclarés pour vous, se révolteront et ôteront l’empire à Astyage. […] « Les Thraces, qui habitent le pays au-dessus de Crestone, ont aussi quelques usages particuliers. […] Le sentier de la montagne avait été jadis découvert par les naturels du pays, les Méliens, et ils y avaient fait passer les Thessaliens, marchant contre les Phocidiens à l’époque où ces derniers, menacés de l’invasion des Thessaliens, élevèrent le mur qui fermait l’entrée de leur pays.
. — Au pays du mufle (1891). — Vitraux (1894). — Venise sauvée, conférence (1895). — Terre latine (1897). — Terre latine (1898). — À travers les groins (1899). — La Pâque socialiste, conférence (1899). — L’Ennemi du peuple, conférence (1900). […] Tailhade se rendit tout à coup célèbre et redouté par les cruelles et excessives satires qu’il appela, souvenir et témoins d’un voyage que nous faisons tous sans fruit, Au pays du mufle. […] Tristan Klingsor À travers les groins : Ce n’est pas ici du poète rare des Vitraux qu’il s’agit, mais de celui du Pays du mufle. […] Son Au pays du mufle, « qui n’a pas besoin d’être recommandé aux lettrés », ainsi que l’a dit le préfacier, M.
Les personnes pieuses du pays, confidentes de son penchant pour moi, faisaient des vœux charitables pour que l’amour achevât la conversion de l’esprit. […] L’Angleterre, pays de la famille par excellence, est aussi le pays de l’adoption. […] Princesses de Saxe, elles avaient apporté de ce pays lettré, dans cette terre des beaux-arts, l’instruction et le goût de tout ce qui est l’idéal des grands esprits et des cœurs enthousiastes. […] « Et toi qui m’as vu naître, Albion, cher pays Qui ne recueilleras que les os de ton fils, Adieu ! […] Il prit en main la cause de sa patrie ; il fit imprimer contre moi une brochure dont l’honneur de mon pays et l’honneur de mon poste ne me permettaient pas d’accepter les termes.
Le père de Jasmin, qui ne savait pas lire, faisait d’instinct la plupart des couplets burlesques chantés aux charivaris si fréquents dans le pays. […] Laffitte, qui est du pays, il y a ce vers sur l’Adour : Oh ! […] Dupront, avocat, homme du pays, de grand talent au barreau, et qui eût été poëte lui-même, m’assure-t-on, si une sorte de paresse naturelle ne l’eût retenu. […] Il aime, dit-on, la louange ; tous les poëtes l’aiment, et ceux de son pays plus encore que d’autres. […] Coutume du pays : on va chercher au bois des branches d’arbres, et surtout de laurier, qu’on jette ensuite sur le chemin de l’église et à la porte des conviés.
Il s’agit d’un immense poème composé, il y a plus de huit cents ans, par un grand poète, l’Homère de son pays, et dont le nom frappe sans doute ici bien des lecteurs pour la première fois. […] Tout poète, en tout pays, cherche son Auguste et son Mécène ; appelez ce Mécène du nom que vous voudrez : Ferdousi cherchait le sien. […] Enfin, un jour on l’accusa d’être hérétique, accusation qui est la plus grave en tout pays. […] Un jour, il était allé seul à la chasse de l’onagre, du côté du pays des Turcs, monté sur son bon cheval Raksch, aussi rapide que le feu. […] Le père n’a garde de refuser ; il accorde sa fille selon les rites du pays, qui paraissent avoir été assez faciles, et la belle Tehmimeh est au comble de son vœu.
A ce point de vue, il y a en France, — naturellement en dehors des exceptions (sans lesquelles un pays ne saurait subsister) — deux espèces d’opinions. […] Ils ont pu constater qu’il y avait quelque chose de pourri dans le beau pays de France, et ils l’avouent parfois. […] Je trouve un merveilleux exemple de cette sorte d’opinion dans le spirituel article d’un publiciste en vogue intitulé Notre Pays 52. L’auteur, prenant texte des déclarations pessimistes de ceux qui se déclarent « inquiets des signes d’épuisement trop visibles » que présente notre pays, se propose de démontrer que ce pessimisme est tout à fait hors de saison. « Sommes-nous si malades ? […] Le voyage est une illumination ; c’est en revenant des pays étrangers que nous prenons conscience de notre propre pays.
[Le Pays, 4 avril 1853.] […] Elle sait que, dans ce pays où la pensée, plus pratique qu’ailleurs, ne s’enivre point de ce capiteux Idéalisme qui est comme l’opium de l’Allemagne, elle est toute la philosophie. […] Selon lui, produire, — et nous dirons plus tard comment il entend la production, du moins pour notre pays, — produire encore, produire toujours, voilà la fin de la misère. […] Nous l’avons éprouvé, le verre à bière d’Adam Smith était plein d’autant d’illusions que la coupe irisée d’un poète… Aussi est-ce déjà beaucoup, pour un esprit moderne et un économiste, d’avoir sauvegardé la justesse de son coup d’œil en regardant son pays. […] Il a constaté que la division des propriétés, cette vermine du plus beau sol, qui le ronge parcelle à parcelle, n’existe pas dans ce fort pays de droit d’aînesse, et que la grande propriété peut aisément y faire les frais de la grande culture qui féconde.
Ce qui est acquis demeure acquis, en France surtout, en ce pays frivole et routinier, — et routinier justement parce qu’il est frivole, parce que revenir sur un jugement, c’est réfléchir, et qu’on ne revient pas quand on a si lestement et si étourdiment passé. Dans un pays où le Mot est tout, les clichés sont indestructibles. […] Elle aurait fait saigner cette ophtalmie… De peur de l’exposer à cela, Le Sage imita ces traducteurs (il en était un) qui francisaient, comme ils disaient, l’œuvre par trop étrangère, pour la faire mieux comprendre dans leur pays. […] Il avait cherché la comédie dans le pays qui y prête le moins, dans le pays le plus grandiose, quand il n’est pas le plus tragique ! […] — ce fut surtout le genre même du roman auquel on donnait pour théâtre l’Espagne, de ce roman qui s’appelle le roman « d’aventures », et auquel on pourrait donner pour théâtre tous les pays, parce que son infériorité est au niveau de l’esprit de tous les pays !
Jules de La Madelène nous l’a donnée dans son Marquis des Saffras, pour son compte et pour celui de son pays. Provincial de naissance et d’éducation première, comme la plupart des esprits très-individuels, M. de La Madelène sait que la nuance sociale du paysan varie avec le pays où cette nuance existe, et il le sait trop bien pour avoir imité la faute de l’homme de génie qui, un jour, gâta un de ses plus formidables livres, en l’intitulant : Les Paysans. […] Les idiotismes les plus charmants, ces locutions de terroir si difficiles à traduire dans leur grâce native il les transporte dans la langue qu’il écrit et il l’en parfume, et c’est ainsi qu’il ajoute à l’individualité de son talent et de son langage l’individualité de son pays. […] Elle est l’industrie et l’art en enfance, dans la pensée et sous la main de cet homme plongé encore dans la gaine du paysan, mais qui s’en détire comme le lion de Milton de son argile, et qui respire à pleines narines la civilisation qui s’en vient vers son pays et pour laquelle il est plus fait que les autres hommes qui l’entourent. […] Peut-être l’auteur du Marquis des Saffras trouverait-il par là une glorieuse voie, mais, d’un autre côté, dans un pays où le théâtre a une législation si étroite et si dure, M. de La Madelène doit-il rester dans le roman pour conserver toute son acuité de moraliste, et, comme peintre de mœurs, toute son ampleur d’observation !
Il exhibe les curiosités de ce pays, et, quand il n’en a plus à exhiber, il n’en invente point. […] Pas plus que son bienfaiteur et son maître il ne sait conclure résolument et profondément sur ces États-Unis, qui ne sont pas unis, sur ces blocs de granit qui ne valent pas plus que des grains de sable si le ciment que rêvait pour nous l’empereur Napoléon ne les retient pas adhérents, sur ce pays, enfin, sans analogue dans l’histoire, et qui est comme la frontière neutre de toutes les nations. […] D’un autre côté, les événements qui font en ce moment fermenter cette vieille terre, qu’on croyait épuisée, et qui se remue comme si elle était immortelle, donnent à un livre de voyage en ce pays un intérêt de hauteur d’histoire. […] À travers l’histoire, très variée et très piquante, de Marseille et des Échelles du Levant comme l’a écrite Édouard Salvador, on reconnaît cette préoccupation de notre âge qui prend, selon nous, notre pays à rebours de son instinct et de son génie. […] Promenade en Amérique ; Voyage en Orient ; L’Orient, Marseille et la Méditerranée (Pays, 8 novembre 1855).
Cladel, qui est un paysan et qui s’en vante, et qui a raison de s’en vanter ; Cladel, qui s’est voué à les peindre à fond, et qui les a peints une seconde fois dans sa Fête votive de saint Bartholomée Porte-glaive 51, avec une énergie plus grande encore que la première fois (dans le Bouscassié), s’est bien gardé, tout républicain qu’il puisse être, d’écrire sur ses deux volumes : « Mes ruraux » , qui serait ridicule, mais il a mis : « Mes paysans » , qui dit nettement que dans ses livres il ne s’agit exclusivement que des paysans de son pays. […] Comme Antée, il faut qu’il ait sous les pieds ce morceau de terre sacrée pour être fort… Malgré son talent herculéen de peintre, Cladel perdrait la moitié de sa palette s’il ne peignait pas son pays, ou si ce pays perdait lui-même ses mœurs, ses saveurs séculaires, sa puissante originalité. […] Il se rattache à la grande famille sédentaire des Burns et des Walter Scott, qui n’eurent pas besoin de s’en aller loin de leur pays chercher des inspirations pour en avoir… « Mes paysans », dit-il. […] … Les amants irrités sont terribles… Cladel ne ressemble pas à Balzac, qui a fait aussi des Paysans, lesquels, eux, n’étaient pas les siens, ni ceux d’aucun pays de France, excepté peut-être des environs de Paris.
Cet intelligent pays est trop mûr d’idées et trop jeune d’actes pour n’avoir pas les besoins, les passions et les volontés des peuples qui croient à un avenir prochain. […] Et, du reste, quand il l’ignorerait, quand il croirait que la plus chère préoccupation de son pays est la fusion du catholicisme et du protestantisme, cela changerait-il la nature des choses ? […] Une fois et seulement indiquée, il n’est plus possible d’accepter les insinuations du parti de Saint-Chéron sur ce pays. […] Parce qu’une opinion vient d’Allemagne, ce n’est pas une raison pour que nous ne lui demandions pas son droit à notre respect, ce droit qui n’est d’aucun pays. […] Du reste, il l’aurait pensé qu’il faudrait s’étonner encore de la grave injustice qu’il y a vis-à-vis de tout un pays libéral, éclairé, comme l’Allemagne, à le faire solidaire des préjugés et des erreurs d’un écrivain isolé.
Dans les six dernières années de la Restauration, après l’épuisement des générations aux prises dès 1815, après la mauvaise réussite des tentatives violentes de la jeunesse et le triomphe indéfini d’un pouvoir hypocrite et corrupteur, il s’était formé, à la fois par désespoir du présent et par besoin d’espérance lointaine à l’horizon, une école de philosophie politique qui avait entrepris la réforme et l’émancipation du pays au moyen des idées ; c’est-à-dire en répandant toutes sortes de connaissances, d’études et de théories propres à féconder l’avenir. […] Bref, quand la dynastie parjure suscita contre elle par un coup insensé tout ce que le pays recélait de vigueur cachée et d’amertume dans ses reins et dans ses entrailles, il y avait en France un groupe d’hommes jeunes, professant en philosophie, en histoire, en littérature, en politique théorique, certaines doctrines réfléchies, certaines solutions déjà accréditées ; ces solutions, ces doctrines, ces hommes, se trouvèrent subitement mis à l’épreuve des choses, et confrontés, pour ainsi dire, à l’instant même, avec un résultat imprévu, immense, avec une révolution. […] Ils s’arrêtèrent donc à l’endroit juste où on les déposa, et dès le 7 août ils s’y étaient cantonnés, proclamant hautement, les uns (c’étaient les plus effrayés) que le pays d’au-delà était semé de périls, peuplé d’animaux féroces et d’anthropophages ; les autres (c’étaient les plus hébétés) que par cela seul qu’on avait passé de la rive droite à la rive gauche, on était nécessairement, et tout d’abord, en pays de Cocagne. […] « Si la France ne le comptait pas parmi ses citoyens, si M. de La Fayette était anglais ou américain, on ne manquerait pas de raisonnements et de raisonneurs pour établir que jamais un caractère si persévérant et si droit n’aurait pu s’élever et grandir en France, pays de la mobilité, terre toujours remuée et toujours ébranlée.
PAYS, [René le] de l’Académie d’Arles, né à Nantes en 1636, mort en 1690 ; Bel-Esprit & Poëte de Province, dont les Vers foibles, mais pleins de gaieté, amuserent quelque temps la Cour & la Capitale. […] Boileau le tourna en ridicule dans ses Satires, & mit dans celle du Festin, ce Vers dans la bouche d’un Campagnard : Le Pays, sans mentir, est un Bouffon plaisant. […] On ne lit plus aujourd’hui les Vers ni la Prose de le Pays, quoiqu’on y rencontre des traits divertissans, préférables aux fausses gentillesses qui amusent aujourd’hui.
» M. de Senfft, devenu le ministre dirigeant les relations extérieures de son pays, s’il n’obtint pas tout le crédit qu’il avait rêvé, avait la confiance de son maître, et les affaires du grand-duché de Varsovie étaient plus particulièrement remises à ses soins. […] Il ne manquait pas de quelque talent ni de connaissances ; mais, avec un caractère vulgaire et sans principes, il avait une fatuité et une insolence qui allaient mal au pays où sa nouvelle destination l’appelait. […] Loin de nier l’espèce de police à laquelle il se livrait, il en explique à merveille et avec esprit les difficultés dans un pays si vaste et chez un peuple à imagination vive, doué à ce degré de la faculté d’illusion : « L’établissement et la direction d’une agence assez nombreuse d’observation militaire formait alors, nous dit-il, l’une de mes plus laborieuses attributions. […] Il n’est pas de pays où l’on ait plus de peine à circonscrire l’essor des esprits dans la réalité. […] La main de l’ambassadeur ne devait pas se laisser apercevoir dans ce mouvement national, « mais il devait tout voir, tout savoir, tout diriger, tout animer. » Un archevêque, un haut dignitaire de l’Église avait paru plus fait qu’un autre pour assister et pousser à cette œuvre militante dans un pays catholique, et comme devant aussi, par son caractère, moins prêter qu’un autre à tout conflit.
Le général qui sauva la France, à Denain, déposé depuis près de quarante années dans un pays étranger, attend encore qu’on transporte ses dépouilles et ses restes dans le pays qu’il a sauvé. […] D’ailleurs, il y a des pays et des siècles où l’éloquence, par elle-même, doit moins réussir. […] Non, sans doute, il tâchera encore de réveiller dans l’âme de la postérité qui doit contempler ce monument, l’idée de tous les obstacles qu’un grand homme eut à vaincre, l’idée de son courage et de sa vigilance, l’idée de l’envie et de la haine, qui, dans tout pays, s’acharnent après les grands hommes. […] Qu’il ne consulte ni un particulier ni une ville, ni même une nation et un siècle, dont les mœurs et les idées changent, mais la nature de tous les pays et de tous les temps, qui ne change pas. Il y a, dans toutes les âmes bien nées, des impressions que rien ne, peut détruire, et qu’on est toujours sûr de réveiller ; ce sont, pour ainsi dire, des cordes toujours tendues, qui frémissent de siècle en siècle et de pays en pays : c’est celles-là qu’il faut toucher.
Elle était bien, comme on le dit avec plus ou moins de force et comme le répète aujourd’hui son nouvel historien avec une tranquillité d’intelligence et d’expression qui croit n’avoir pas besoin d’insister, elle était bien, cette raison supérieure, dans le catholicisme du pays et dans sa conscience religieuse. […] Quelque royaliste qu’ait été autrefois ce pays qui depuis a fait la Convention et qui ne craint pas de la souffleter aujourd’hui sur le visage de la sainte Ligue, la théorie du pouvoir quand même, en France, n’a jamais triomphé. […] Toujours il fut dans l’histoire de ce pays un moment suprême où l’indignité des gouvernements proclama la vacance du trône par la bouche même qui avait le droit de la proclamer, par cette voix du peuple et de l’Église qui avait fait le peuple ce qu’il était, et qu’au Moyen Âge on appelait justement, pour cette raison, la voix de Dieu ! […] Par cette retenue, il ne dit pas quel malheur ce fut, en réalité, pour la France du Moyen Âge et de saint Louis, que l’avènement de la maison de Bourbon dans la personne d’Henri IV, et quelle politique à bascule allait remplacer cette forte organisation catholique de tout un pays, l’exemple du monde, que les Valois avaient compromise et que les Guise auraient sauvée ! […] La France est un pays de netteté : voyez sa langue, c’est la clarté même !
[Le Pays, 11 mai 1853.] […] « La France — a dit Sterne — n’a de salique que sa monarchie. » En ce pays, qui tient les femmes tient le fond même de la société, le secret de la civilisation. […] Si la science a quelquefois recherché les formes de l’arbre dans son germe, il semble qu’on puisse s’expliquer, par cette organisation de Saint-Cyr, la destinée et l’influence de toutes ces femmes qui allaient devenir la tige en fleurs de la société de leur pays et de l’Europe. […] Du reste, elle n’aurait pas rencontré sur le chemin de sa renommée Saint-Simon et la Philosophie, cette grande haine et cette longue rancune, que, dans un pays comme la France surtout, madame de Maintenon n’aurait jamais été populaire. […] Dans le pays des choses extérieures, où les grands hommes sont tenus d’avoir de l’éclat, la simplicité et la profondeur ne feront jamais leurs affaires.
Dirait-on que la carrière des lettres détourne l’homme, et de ses devoirs domestiques, et des services politiques qu’il pourrait rendre à son pays ? […] Il faut, pour l’éclat même des guerriers illustres, que le pays qu’ils asservissent soit enrichi de tous les dons de l’esprit humain. […] Il est évident que les lumières sont d’autant plus indispensables dans un pays, que tous les citoyens qui l’habitent ont une part plus immédiate à l’action du gouvernement. […] Des institutions nouvelles doivent former un esprit nouveau dans les pays qu’on veut rendre libres. […] Les philosophes de tous les pays nous exhortent et nous encouragent ; et le langage pénétrant de la morale et de la connaissance intime du cœur humain, semble s’adresser personnellement à tous ceux qu’il console.
Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté La gaieté française, le bon goût français, avaient passé en proverbe dans tous les pays de l’Europe, et l’on attribuait généralement ce goût et cette gaieté au caractère national ; mais qu’est-ce qu’un caractère national, si ce n’est le résultat des institutions et des circonstances qui influent sur le bonheur d’un peuple, sur ses intérêts et sur ses habitudes ? […] Examinons quels avantages d’ambition on trouvait en France à se distinguer par le charme de la grâce et de la gaieté, et nous saurons pourquoi ce pays offrait de l’une et de l’autre tant de parfaits modèles. […] Il y avait dans d’autres pays des gouvernements monarchiques, des rois absolus, des cours somptueuses ; mais nulle part on ne trouvait réunies les mêmes circonstances qui influaient sur l’esprit et les mœurs des Français. […] Le point le plus élevé, la source de toutes les faveurs, est l’objet de l’attention générale ; et comme dans les pays libres le gouvernement donne l’impulsion des vertus publiques, dans les monarchies la cour influe sur le genre d’esprit de la nation, parce qu’on veut imiter généralement ce qui distingue la classe la plus élevée. […] Mais aussi, quels nombreux sujets de comédies ne doit-on pas rencontrer dans un pays où ce ne sont pas les actions, mais les manières qui peuvent décider de la réputation !
Ce qui pourrait m’arriver de mieux, ce serait justement de voir ce pays comme M. […] ; Pays des antithèses. […] Pays des bars, des cars, des outsiders-coachs et des bow-windows. […] Pays où la rencontre d’une jeune fille des rues fait déborder du cœur corrompu d’un Parisien des effusions comme celle-ci : « Où vas-tu, girl Anglaise de dix-sept ans ? […] Notez qu’il pleuvait à torrents dans ce pays où il ne pleut jamais… Eh bien !
Et pour un petit pays comme celui-là, c’est un très grand bien. […] Et depuis, tous les souverains du pays, jusqu’à l’avant-dernier roi, ont bien compris que d’une certaine maîtrise de la mer dépend le sort ou l’originalité du pays. […] Sois de ton pays ! […] Sois de ton pays ! […] Vve Féron, 1909. — Le Pays wallon.
En janvier 1832, et jusque dans l’automne suivant, on le voit employé en Bretagne à battre le pays et à faire la chasse aux chouans. […] Ainsi, le jeudi et le samedi, je battais tout le pays, je fouillais partout, et le vendredi ils étaient tranquilles dans une ferme à manger un mouton. […] Mon pauvre pays ! […] Tout ce pays est décrit par Saint-Arnaud en quelques traits qui donnent bien la vue cavalière des lieux, de l’échiquier parcouru. […] C’est un mauvais moment à passer, je m’en sortirai ; mais j’avais rêvé une grande gloire pour mon pays, et le cœur me saigne en la voyant près de s’échapper.
Mais il n’avait cessé d’être en vogue et de régner dans son pays et dans sa zone. […] Les Noëls dijonnais et bizontins sont connus ; mais, à part ces productions d’une saveur et d’un sel propre au pays, on n’aurait à citer que des lambeaux disparates. […] Dans ce pays de l’Est et aux abords du Jura, ce n’est nullement la même question et le même état de choses que dans le Midi ; il n’y a pas eu le même passé, des antécédents semblables, une belle langue romane autrefois régnante, entendue et applaudie depuis le Rhône jusqu’aux Pyrénées. […] Buchon pour la Franche-Comté, cette circonstance de changer de patois, d’un pays et d’un clocher à l’autre, était vraie dans un temps pour toute la France. […] Luzel nous définit à son tour son pays de Bretagne, « le pays par nous tous tant aimé, mer tout autour, bois au milieu. » Quoiqu’il soit vrai de remarquer que Brizeux n’a si bien réussi à faire accepter et aimer sa Bretagne que parce qu’il a donné ses idylles ou poëmes en français ; quoique les hommes qui ont fait ou qui font le plus d’honneur au nom breton soient encore des transfuges de cette patrie ou de cette langue primitive, Chateaubriand, Lamennais, Renan, je tiens compte à M.
Quand on visite à pied le pays, une chose frappe au premier coup d’œil. […] Il était adoré dans le pays, on se l’arrachait. […] Tout le pays le suivait. […] Il n’était pas du pays et n’avait aucune famille. […] Elle était trop belle pour nos pays, et elle était aussi sage que belle.
Extrait des Nouvelles de Ferney, dans le Pays de Gex. […] Il part, accompagné d’un témoin irréprochable, arrive dans le pays de Gex, & se transporte au domicile du sieur de Voltaire. […] Il lisoit les anciens Auteurs, mais c’étoit dans des Extraits infideles, qu’on lui avoit fournis des pays étrangers. […] Le Savant du pays de Gex étonné, se mit aussi-tôt à crier : Je suis Seigneur de Ferney, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, & Membre de cent Académies.
Tel est le pays, peuple et roi, que va visiter Victor Jacquemont. […] La femme de Sganarelle, qui veut absolument être battue, serait donc un personnage très peu extraordinaire et assurément fort peu comique dans ce pays-là. […] L’île de Salsette, située au bas du versant occidental des Ghates, est un pays malsain, couvert de forêts empestées ou brûlées par les ardeurs d’un soleil dévorant. […] Après quelques jours de marche, on arrive à Monteregale, tout près de Milan, dans un bon pays, ma foi ! un pays de cocagne pour les secrétaires.
Bonaparte, pour répondre au vœu du pays, affecte un désir de paix qui ne pouvait pas être dans sa pensée, car il n’était pas dans son intérêt. […] Pitt dans leurs harangues, affectant de préconiser la paix quand le salut de leur pays commandait la guerre d’Annibal à M. […] Pitt pour gouverner un pays libre depuis son adolescence jusqu’à sa mort. […] Il avait quarante-trois ans seulement, et il comptait déjà dix-sept ans de domination, et d’une domination à peu près absolue dans un pays libre. […] Il usa et abusa des forces de l’Angleterre, mais elle était le second pays de la terre quand il mourut, et le premier huit ans après sa mort.
La transparence du lointain où il va s’abîmer dans un horizon de lumière, emporte votre pensée au pays du soleil. […] L’idéal est un pays où l’on se perd, comme les faits sont un pays où l’on s’embrouille. […] C’était un pays de royalistes, d’hommes aussi fidèles à leur foi qu’à leur souvenir, que le camp de Jalès, longtemps recruté par les paysans fanatiques, avait plusieurs fois signalé à la haine des républicains. […] Un vieil arpenteur du pays, accoutumé par état de déchiffrer les registres et les documents féodaux, l’assista dans ces recherches et lui remit dans les mains les mémoires et les poésies de Clotilde. […] Justine de Lévis, mère de Pulchérie de Vallon, donna sa fille à Bérenger de Surville, jeune gentilhomme du même pays, engagé à la cause royale du brave et infortuné Charles VI.
Son père l’électeur espérait, moyennant cette alliance, acheter la sûreté de son pays toujours menacé par les Français. […] Le rôle que Madame concevait pour elle en France était donc de préserver son pays natal des horreurs de la guerre, de lui être utile dans les différents desseins qui s’agiteraient à la cour de France et qui étaient de nature à bouleverser l’Europe. […] Elle devint même la cause innocente de nouveaux malheurs pour ce pays qu’elle chérissait, lorsqu’à la mort de son père et de son frère, celui-ci n’ayant pas laissé d’enfants, Louis XIV, à cause d’elle, éleva des prétentions sur le Palatinat. […] Elle ne cessa jusqu’à la fin de s’intéresser à la devinée de son malheureux pays et à sa résurrection après tant de désastres : « J’aime ce prince, disait-elle de l’électeur d’une autre branche qui y régnait en 1718, parce qu’il aime le Palatinat. […] Quand j’y songe, les larmes me viennent aux yeux, et je suis toute triste. » Elle regrette de voir pourtant des tracasseries ou des persécutions religieuses introduites dans le pays, et de se sentir impuissante à intervenir pour protéger ceux qu’on tourmente.
Mais on remarquera, avant tout, ce voyage que la veuve du Prétendant, du feu roi soi-disant légitime, ne craignit pas de faire en Angleterre, c’est-à-dire dans le pays où il semble qu’elle dût le moins aller. […] Mais il n’y a pas de pays où chaque ordre soit plus classé qu’en Angleterre. […] Si l’Angleterre avait eu un gouvernement oppressif, ce pays, ainsi que son peuple, serait le dernier de l’univers : mauvais climat, mauvaise terre, productions par conséquent qui n’ont aucun goût ; il n’y a que la bonté de son gouvernement qui en a fait un pays habitable. […] « Il faut avoir vu ce pays unique dans le monde », disait-elle encore de l’Angleterre. […] Sa tête était toujours tendue à des objets sérieux, et ce pays ne fournit aucune distraction.
Si telle religion n’était pas en autorité dans un pays, il ne serait pas plus piquant de s’en moquer, qu’il ne le serait en Europe de tourner en ridicule les cérémonies des Brames. […] Les habitants d’un pays dans lequel ces abus n’existeraient pas, accorderaient à peine un léger sourire aux dérisions qui auraient ces préjugés pour objet. […] Les philosophes grecs ne se sont point mis, comme les philosophes des pays monarchiques, en opposition avec les institutions de leur pays ; ils n’avaient pas l’idée de ces droits d’héritage qui fondent la plupart des pouvoirs chez les nations modernes depuis l’invasion des peuples du Nord. […] Les ridicules de ce dernier genre doivent être en beaucoup moins grand nombre dans les pays où l’égalité politique est établie ; les relations sociales se rapprochant davantage des rapports naturels, les convenances sont plus d’accord avec la raison. […] Dans les pays où les institutions politiques sont raisonnables, le ridicule doit être dirigé dans le même sens que le mépris.
La vie paresseuse ou la vie active sont plus dans la nature de l’homme que la méditation ; et pour consacrer toutes les forces de sa pensée à la recherche des vérités philosophiques, il faut que l’émulation soit encouragée par l’espoir de servir son pays et d’influer sur la destinée de ses concitoyens. […] Mais dans un pays où la philosophie n’aurait point d’application réelle, où l’éloquence ne pourrait obtenir qu’un succès littéraire, l’une et l’autre, à la fin, sembleraient des études oisives, et leur mobile s’affaiblirait chaque jour. […] Comment néanmoins pourrait-on écrire philosophiquement dans un pays où les récompenses distribuées par un roi, par un homme, seraient les simulacres de la gloire ? […] On se livre à l’étude de la philosophie, non pour se consoler des préjugés de la naissance qui, dans l’ancien régime, déshéritaient la vie de tout avenir, mais pour se rendre propre aux magistratures d’un pays qui n’accorde la puissance qu’à la raison. […] La gloire des grands hommes est le patrimoine d’un pays libre ; après leur mort, le peuple entier en hérite.
Et il n’y avait pas là que l’instinct militaire de la race dans cette persistance de la coutume du duel, en un pays où la crânerie, en toutes choses, est la poésie de l’action et du caractère. […] Il y avait encore cette disposition contradictoire et indisciplinée de l’esprit d’une nation qui aime à se moquer de tout pouvoir établi, et qui fait de la France le pays de la terre le plus facilement anarchique. […] Il est vrai qu’elle en avait un avec toute l’Europe, et qu’entre ses batailles à la frontière et ses échafauds dans le cœur du pays elle était trop occupée pour penser au duel d’homme à homme, grêle chose pour elle qui tuait en masse ! […] Quand il s’agissait de l’honneur, on n’économisait pas sa vie, on ne la gardait pas pour le service exclusif du pays, et même en face de l’ennemi les officiers et les soldats de la République se battaient très bien entre eux, comme les officiers et les soldats de la Monarchie. […] Dans ce pays, qui en avait fini avec cet abus des ancêtres, — qui se vantait de n’avoir plus d’ancêtres, — dans ce pays qui voulait tuer l’histoire du passé avec l’histoire du présent, on se battait comme les ancêtres, et pour les mêmes raisons que ces ancêtres méprisés !
[Le Pays, 2 mai 1853.] […] L’idéal de ces sortes d’esprits est en Angleterre, le pays du Fait par excellence. […] L’Angleterre, ce pays pratique avant tout, aime cette manière de concevoir l’histoire et de récrire. […] dans ce pays moitié soldat et moitié femme, là où la gloire et l’amour ont mis leur double rayon il y a fascination, éblouissement et sorcellerie ; mais l’honneur de l’Histoire est d’être impassible, et d’ailleurs l’amour de Charles pour Agnès n’était pas de si noble nature qu’il pût justifier son prestige. […] » Ce fut lui qui, devenu l’argentier du roi, dit cette simple parole que l’Histoire a gardée : « Syre, tout ce que j’ay est vostre », et qui la fit suivre du fait, en versant une part de son immense fortune dans les finances de son pays.
[Le Pays, 13 octobre 1854.] […] Cette publication importante, cet âpre travail où les faits tiennent une si grande place, et malheureusement toute la place, ce précis rapide, serré, virilement écrit, d’une, histoire à peu près inconnue, — car l’Espagne et la France, en se pressant l’une sur l’autre dans leurs luttes, l’avaient étouffée, cette histoire de peuples intermédiaires étranglés, écrasés entre les portes des deux pays, — on se demande, quand on la lit ou qu’on l’a lue, au profit de qui ou de quoi la voilà écrite, avec cette science et cette conscience, si ce n’est au profit isolé de l’auteur ? […] Que si, au contraire, l’oubli a eu raison de s’étendre sur les plateaux pyrénéens, si ces peuplades intermédiaires — Catalans, Aragonais, Navarrais, Béarnais et Basques, — ne sont placées aux frontières de France et d’Espagne que pour appointer des forces respectives et jeter dans la balance des intérêts de ces deux pays le poids de leurs atomes orageux ; si, enfin, toute cette paille d’hommes hachés par les événements et par la guerre n’est là — comme on pourrait le croire — que pour faire fumier aux grandes nations qui résument l’Europe, et par l’Europe le genre humain, à quoi bon remuer, avec un tel détail, ce monde de faits sans signification vive et profonde, et sous lesquels le lecteur périt accablé ? […] L’amour du pays a pu passionner sa pensée. […] voilà certainement ce qu’en se détournant de ses Pyrénées Cénac-Moncaut aurait compris, et alors, au lieu de se parquer dans des histoires locales et d’y abîmer son regard, il ne les aurait envisagées que comme les rayons du centre auquel tout se rapporte, et vers lequel tout historien doit remonter comme vers le plexus solaire de l’Histoire, Il n’aurait été ni du pays de Comminges, ni du pays de Foix, ni du Bigorre, ni du Roussillon, ni de la Cerdagne : il aurait été européen, universel, latin, en un mot.
Pays et race, et forme sociale, et histoire, c’est tout un. […] La Grèce, après l’Égypte, vérifie entièrement cette manière de voir, le pays de la liberté comme celui des castes et du despotisme. […] En arrivant par mer en vue de ce beau pays, on peut contempler en terrasses successives toutes ses productions : au bas l’oranger, l’olivier et le laurier sur le rocher nu et dans les torrents à sec ; au milieu le chêne et le hêtre sur les prairies verdoyantes ; enfin, au sommet, les forêts de pins qui, l’hiver, se couvrent de neige. […] L’Apennin est le Pinde de l’Italie ; mais, en formant l’arête de la Péninsule, il s’épanouit davantage, couvre le pays de sa masse, ménage des vallées et des plateaux qui se relient par de faciles passages et expire en plaines plus étendues sur des côtes moins découpées. […] C’est l’œuvre, aujourd’hui, d’une civilisation savante et créatrice de renouveler et de rajeunir, s’il se peut, les fonctions de chaque pays, de chaque peuple, de les répartir et de les approprier de nouveau.
Au reste, si je n’ai pas été élevé dans votre vieux lycée et si je ne suis qu’un Orléanais intermittent, cela n’empêche point, j’imagine, que je ne sois un très bon Orléanais tout de même ; que, en dépit des exils forcés, il n’y ait un coin de ce pays de Loire où est une part de mon cœur, et qu’ainsi je ne me trouve aisément avec vous en communauté de sentiments, de souvenirs et d’affections. De quoi vous parlerai-je donc, mes chers compatriotes, si ce n’est de votre pays, si ce n’est de vous-mêmes ? […] Et, au surplus, si je vous recommande cette sobre vertu là où elle diminue les chances d’erreur et de malfaisance, il est des sentiments où je ne vous conseille plus du tout d’être modérés : c’est l’amour du bien et c’est l’amour du pays. […] Je vous ai parlé de votre esprit, de votre pays et de votre héroïne.
Il les conduit jusqu’à la sépulture, marque le lieu, écrit l’épitaphe avec le style et l’orthographe du pays. […] Mourir pour le pays est un si digne sort, Qu’on briguerait en foule une si belle mort. […] Ainsi s’en va prélassant par le pays, faisant bonne trogne parmi les parochiens voisins, leur disant le petit mot de patelin ». « En ai-je ! […] L’un d’eux, s’ennuyant au logis, Fut assez fou pour entreprendre Un voyage au lointain pays. […] « Il se présentait au sénat pour lui faire des plaintes d’un certain censeur qui tourmentait le pays et exerçait toutes sortes de tyrannies. » (Trop froid.
Tout le matériel et tout le personnel des vieilles légendes subsista, dûment consacré et baptisé au nom de Jésus-Christ : le pays des morts fut le purgatoire de saint Patrice ; mais l’esprit chrétien ne pénétra pas profondément : tout ce monde merveilleux garda l’intégrité de son âme celtique. […] Ils blessent des biches à voix humaine, suivent des sangliers magiques, se couchent dans des barques qui les portent au pays fatal où s’accomplira leur destinée de joie ou de misère. […] Mais le roi reprend sa femme, et Tristan s’en va errant aux pays lointains : les années passent, il aime encore, mais il doute, il se croit dupe et trahi, il se laisse persuader d’épouser une autre femme : le cœur tout navré de doux souvenirs, il prend comme une image de la bien-aimée une Yseult comme elle, et blonde comme elle. […] Comme c’était le temps où, sous l’influence de la poésie des troubadours, la vie féodale s’égayait dans les pays du Nord, où l’idéal chevaleresque s’ébauchait dans les grossiers esprits de nos belliqueux barons et de leurs épouses en proie au lourd ennui, Chrétien de Troyes mit à la mode du jour la matière de Bretagne. […] Enfin il réalisa dans sa plus précise et révoltante forme le type du parfait chevalier, qui laisse pays et femme pour courir le monde, et par folle vaillance s’acquérir un fol honneur : le ressort, au fond, qui le meut, c’est la vanité.
La population de Galilée était fort mêlée, comme le nom même du pays 106 l’indiquait. […] Les conversions au judaïsme n’étaient point rares dans ces sortes de pays mixtes. […] La ville, comme à cette époque toutes les bourgades juives, était un amas de cases bâties sans style, et devait présenter cet aspect sec et pauvre qu’offrent les villages dans les pays sémitiques. […] Puis se déroulent le double sommet qui domine Mageddo, les montagnes du pays de Sichem avec leurs lieux saints de l’âge patriarcal, les monts Gelboé, le petit groupe pittoresque auquel se rattachent les souvenirs gracieux ou terribles de Sulem et d’Endor, le Thabor avec sa belle forme arrondie, que l’antiquité comparait à un sein. […] De là le nom de Nazaréens, longtemps appliqué aux chrétiens, et qui les désigne encore dans tous les pays musulmans.
Charrière, que nous ne connaissons pas, est probablement un homme d’esprit, et d’ailleurs il a trop vécu en tête à tête de son auteur dans le vis-à-vis d’une traduction, pour ne pas savoir la différence qu’il y a entre les tablettes d’un humouriste, écrites au courant de cette plume, mi-partie d’imagination et de réalité, qui est la plume des humouristes, et des Mémoires d’un seigneur russe, daguerréotypant, pour le compte de l’Histoire, avec une inflexible exactitude, les institutions et les mœurs politiques de son pays. […] Charrière — est devenu dans notre traduction les Mémoires d’un seigneur russe, c’est pour prendre avec ce titre le caractère du témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine. » Aveu plus forcé que naïf, et qu’il fallait bien faire tout d’abord pour expliquer ce changement de titre qu’on ose se permettre, mais qu’on expie presque immédiatement par un embarras qui commence : « Quelques fragments de cet ouvrage — ajoute le traducteur — avaient paru dans un journal de Moscou et frappé l’attention, quoique venant d’une plume inconnue et qui n’avait pas fait ses preuves devant le public… On était loin de prévoir l’impression que devait produire la réunion de ces morceaux, lorsque ayant été mis en volume et complétés dans leur ensemble, on put saisir la donnée supérieure qui s’en dégageait et qu’on vit s’y manifester la pensée intime de l’auteur ou plutôt l’inspiration sociale à laquelle il avait involontairement cédé… » Certes ! […] Charrière, le secret politique ou social de son pays : Le voilà donc connu, ce secret plein d’horreur ! […] Charrière à travestir le chasseur invisible en seigneur russe écrivant visiblement ses Mémoires, et à faire prendre à son livre, sans craindre la réfutation par le livre lui-même, « ce caractère de témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine », qui semble être toute la question du livre à Paris, pour le traducteur ! […] Nous ne nous sommes jamais soucié de ce pays, fait avec le bric-à-brac de Pierre le Grand, couvé par la philosophie et qui traîne encore par un bout (le bout le plus long !)
Même dans son pays et dans sa langue, l’astre de Swift a déjà pâli et ira chaque jour en décroissant, et par la souveraine raison que nous avons déjà donnée, mais que la Critique, cette vigie qui parle, doit incessamment répéter : c’est qu’en littérature tout ce qui ne s’appuie pas sur la grande nature humaine, doit, de nécessité périr ! […] Eh bien, nous qui n’avons pas les préjugés anglais de sir Walter Scott sur un écrivain encore tout à l’heure réputé grand dans son pays, nous ne craignons pas d’avancer qu’on ne lira pas Gulliver davantage, par la raison que c’est un livre dont il rie restera absolument rien quand la clef des allusions sur lesquelles il est bâti sera perdue. […] Il est un hypocrite anglais de la plus magnifique espèce, poussé sur les plates-bandes de l’Hypocrisie dans un pays où la Loi sociale est si forte, que l’Indépendance comme le Vice est tenue de rendre cet hommage d’un mensonge à la Loi. […] Léon de Wailly, sous la rubrique où vous reconnaissez ce que, plus haut, nous appelions le cant de la plaisanterie : « Modeste proposition — nous dit Swift — pour empêcher les enfants des pauvres d’Irlande d’être à charge à leurs parents ou à leur pays et pour les rendre utiles au public. […] Mais ce qui la rend insupportable, ce n’est pas son horreur oratoire, qui pouvait produire un salutaire effet sur les oppresseurs de l’Irlande et les épouvanter de l’état de malheurs et de misère dans lequel ils tenaient ce pauvre pays, mais c’est le détail avec lequel elle est travaillée et retravaillée, pendant je ne sais combien de pages, comme un outil compliqué pourrait l’être par un ouvrier de Birmingham ou de Manchester, et c’est encore plus que tout le reste la froideur avec laquelle elle est travaillée.
Je n’en veux donc pas à Froissart de n’être d’aucun pays notre chroniqueur était un grand politique sans le savoir. […] George Chastelain appartenait à une famille noble du pays. Après des études hâtées, il visita les pays étrangers, et se fit donner le nom d’Aventureux à cause de son goût pour les voyages. […] Nous sommes d’un pays où les meilleures intentions ne sauvent pas un écrivain de l’oubli. […] Les gens du pays envoyèrent la tête Joannis, et ce lui fut une des plus grandes joies qu’il eut jamais.
Marie, je le dirai pour le petit nombre de ceux qui l’ignorent, est une jeune paysanne bretonne, que le poëte a aimée autrefois, dans son enfance, de cet amour de douze ans, le plus vrai, le seul vrai peut-être, puis qu’il a perdue de vue et qui s’est mariée dans le pays. […] Les Bretons, selon quelques traditions de lieu, prétendent être venus de la Corne d’or, du Pays de l’été, où fut plus tard Byzance. […] Les trois pays devenus classiques de l’idylle sont la Suisse, la Sicile, l’Ile-de-France ; la Bretagne ne l’est que par accidents. […] Brizeux, dès les années qui suivirent la publication de Marie, visita beaucoup ce pays de force et de grâce, comme il l’appelle ; il le visita d’abord en compagnie de son ami M. […] Brizeux a composées, et qu’on chante dans le pays, avaient été quelque peu falsifiées et remaniées : c’est le sort de toute poésie populaire.
Néanmoins, pour rendre à notre pays un hommage fort bien placé dans la solennité qui nous réunit, et comme préparation à mon enseignement annuel de littérature française, je vais tenter de replacer devant vos yeux une revue de ces richesses intellectuelles de notre patrie. […] Phénomène qui ne s’est vu que dans notre pays ! […] J’abrège pour vous présenter un dernier tableau, celui de la domination intellectuelle de notre pays à diverses époques. […] Des délégations de tous les pays venaient trouver ce châtelain de Ferney, toujours plus jeune sous le redoublement des années, et recevoir la parole d’émancipation de cette bouche qui avait si fréquemment jeté le cri de la pitié et de l’humanité méconnues. […] Sans omettre les réserves du goût et de la morale, aimons ce dix-neuvième siècle français dont nous sommes les enfants et qui, dans notre pays, s’est attesté par de tels monuments de prose élevée et de poésie souveraine.
Rousseau aime son pays à lui, profondément, et il en est fier. […] Remarquez, de plus, que Rousseau aime les gens qui aiment leur pays. […] Pourquoi donc ne sont-elles pas suivies dans les autres pays ? […] Il lui répondit après réflexion, 37 ans plus tard, et alors il ne dissimule pas qui’il penche pour les pays pauvres : « … Dans tous les pays où le culte de. […] Vous ne contesterez pas que tout citoyen doit se conformer aux lois de son pays.
Ce n’est ni la sienne, ni la mienne, ni la vôtre, avec les différences qu’elle reçoit du caractère de chacun, du pays, du temps, mais la raison universelle, impersonnelle et absolue. […] Cette croyance ne dépend ni du pays, ni du temps, ni des religions établies, ni de la forme des sociétés, bien qu’elle puisse s’accommoder de toutes ces circonstances. […] Mais jusqu’à ce qu’on ait formé sa croyance, il faut, pour le lieu et le pays où l’on vit, adopter une conduite provisoire, afin d’éviter l’irrésolution et de vivre heureusement. […] L’attachement à la vérité pratique et l’ardeur de la communiquer, c’est le génie même de notre pays. […] La première chose d’ailleurs impliquait la seconde ; car comment concevoir la perfection d’une langue sans la parfaite conformité des idées qu’elle exprime avec le génie du pays qui la parle ?
Colbert imprime un mouvement énergique à la marine marchande aussi bien qu’à l’industrie ; il administre avec une habileté prudente les ressources du pays. […] Le pays, envahi, ravagé par les Anglais, souffre à la fois des calamités, de la guerre étrangère et des horreurs pires encore de la guerre civile. […] Il chercha longtemps un pays où il pût créer « une république d’hommes vertueux ». […] Les tombeaux des ancêtres sont au milieu de bocages de myrtes, de cyprès et de sapins. » L’heureux pays, n’est-il pas vrai ! […] Et, en notre siècle, est-ce que la littérature française ne doit pas ses peintures les plus éclatantes de la nature dans le pays du soleil et des bengalis à un poète créole, à Leconte de Lisle ?
Ce n’était qu’une bande, et à ce titre, épousant les femmes du pays, il faisait entrer dans ses enfants la séve étrangère. […] En effet, ils sont en pays ennemi et conquis, et il faut bien qu’ils se soutiennent. […] En tout pays français ou qui imite la France, le plus visible emploi des couvents est de fournir matière aux contes égrillards et salés. […] Ce sont ces hommes qu’il faut se représenter quand on veut comprendre comment s’est établie en ce pays la liberté politique. […] On n’est point à l’aise en ces pays ; il y faut lutter à toute heure contre le froid, contre la pluie.
Ils rencontrèrent en chemin un troupeau de chameaux blancs que l’on emploie dans le pays comme bêtes de somme. […] Les habitants d’un vaisseau recherchent la vue d’un homme étranger ; ils voudraient entendre le son de la parole d’une bouche étrangère, venant d’un autre pays… c’est donc un événement qui saisit de joie, quand vient à passer un autre navire ; on se précipite sur le pont, on s’appelle, on se demande son nom, son pays, on se salue et bientôt on se voit réciproquement disparaître à l’horizon. […] Avec quelle indicible volupté il pénétra dans l’intérieur de ce pays qui était encore un mystère pour les sciences naturelles ! […] Ô mer, permets à son navire de se balancer sur tes flots tranquilles ; et toi, sois-lui favorable, pays lointain, où la mort est plus à redouter que les flots et l’orage auxquels il se sera soustrait. […] Tu as heureusement regagné le sol natal, quittant les campagnes lointaines et les flots de l’Orénoque. […] Le ciel semblait ravi de voir ses étincelles. — Ô pays désert et désolé du Nord, vous ne verrez jamais l’éclat de cette brillante lumière !
Bien qu’essentiellement impropre à aborder la tribune, Gibbon a assisté comme membre du Parlement aux discussions de son pays ; les huit sessions qu’il y passa lui furent, dit-il, « une école de prudence civile, la première et la plus essentielle qualité d’un historien ». […] Le père de Gibbon prit un prompt parti, il résolut de dépayser son fils, et l’envoya pour quelques années sur le continent, à Lausanne, dans la maison d’un honnête ministre du pays, le pasteur Pavilliard. […] De retour dans son pays natal auprès de son père qui s’était remarié, il continue le plus qu’il peut cette vie d’étude et d’exercice quotidien et modéré, il garde, au milieu des dissipations de Londres, ses habitudes préservatrices de Lausanne. […] Gibbon eut besoin de sa réputation d’auteur pour se faire dans son pays toute sa place ; il était peu préparé à être homme du monde par son enfance maladive, son éducation étrangère et son caractère réservé. […] Si Jean-Jacques avait rencontré Gibbon dans le pays de Vaud, il est à croire qu’il en eût fait un pendant de son portrait si piquant du Juge-Mage.
Il est dissimulé ; il me fait des merveilles, quoique je sois persuadé que mon séjour dans ce pays ne lui plaise pas. […] Le vertueux, le sage, le philanthrope Catinat se voit chargé d’exterminer ce peuple paisible et fidèle, au cœur de ses vallées : homme de devoir et, après tout, déconsigné, il fera son métier en conscience ; il fouille le pays en tous sens, il relance dans les lieux inaccessibles ces gens « plus difficiles à trouver qu’à vaincre. » Après moins de trois semaines de campagne, il se donne la triste satisfaction d’écrire à Louvois (9 mai 1686) : « Ce pays est parfaitement désolé ; il n’y a plus du tout ni peuples ni bestiaux. Les troupes ont eu de la peine par l’âpreté du pays ; mais le soldat en a été bien récompensé par le butin. […] J’espère que nous ne quitterons point ce pays-ci que cette race de barbets n’en soit entièrement extirpée. […] C’était un Protée qui vous échappait. « On peut dire de lui, écrivait le marquis d’Arcy, ambassadeur à Turin, ce qu’on disait de Charles-Emmanuel (le contemporain de Henri IV), que son cœur est couvert de montagnes comme son pays. » Ses démonstrations et ses semblants sont pour Louis XIV : son goût est pour le prince d’Orange.
Il en est résulté que de Brosses, l’ami de Buffon, n’est resté grand homme que dans sa province ; et, pour l’apprécier aujourd’hui en quelques-unes de ses qualités rares, c’est à ses Lettres écrites d’Italie qu’il faut s’adresser, lettres de jeunesse, écrites pour l’intimité et entre camarades, avec toute la liberté bourguignonne et le sel du pays natal, mais remplies aussi d’observations excellentese, de libres et fins jugements sur les arts, sur les mœurs et sur les hommes. […] En pénétrant si bien dans le secret des beautés étrangères et de l’art immortel, de Brosses se montre à la fois tout à fait lui-même ; il reste bien Français, de son pays et de sa race. […] Ces jeunes Bourguignons de qualité ont leur carrosse, font bonne chère, jouent gros jeu et se mêlent aux mœurs du pays. […] De retour à Dijon (1740), il devient président de simple conseiller qu’il était ; il se marie ; il vit plus en plein que jamais de sa vie de magistrat, de sa vie d’homme du pays, et aussi d’homme de lettres au sens d’autrefois. […] Son mémoire sur le Culte des dieux fétiches (1760), sur cette idolâtrie brute qu’il considère comme un des âges naturels de l’humanité ignorante et grossière en tout pays (en la considérant depuis le Déluge, dit-il, et depuis la dispersion), atteste un esprit philosophique qui, sur ce point, n’est pas allé à toutes ses conséquences.
Il écrivait des lettres dans son pays, et un de ses correspondants en avait fait imprimer une dans un journal. […] Il réussit dans toutes ces opérations, combats vigoureux, marches rapides, par un pays de montagnes, avant la fonte des neiges, au milieu de paysans soulevés. […] Pendant vingt-quatre heures je me suis vu sous le fer homicide des Tyroliens levés en masse, et pendant une marche de vingt lieues, dans les pays les plus terribles ; je les ai contenus. […] Pendant ce temps, il faut être juste, on faisait des caricatures et des chansons sur Joubert dans son pays natal. […] je ne suis jaloux que des suffrages des Français qui n’en adoptent aucun, qui aiment la gloire de leur pays et la prospérité d’un gouvernement établi, ne ressemblant ni à la royauté ni à l’anarchie, qui enfin n’ont aucune pensée, royaliste ou jacobine.
Dans les pays neufs, les lois sont moins nombreuses, les relations sociales sont moins codifiées. Il en résulte qu’on peut commettre, sans être inquiété, une foule d’actes qui seraient interdits dans un pays moins neuf et par conséquent plus policé. Dans un pays vieux, dans une société policée, la plupart des actes de la vie physique et intellectuelle sont réglés par des lois. […] Renan insiste également dans la Vie de Jésus sur cette idée que les pauvres, dans les pays d’Orient, sont moins pauvres et plus cultivés que chez nous. […] Il put aisément répandre ses doctrines dans ce petit pays de Judée où l’action du pouvoir central n’existait pas ou du moins était peu encombrante.
Voici un livre d’observateur sur le vif, de voyageur en dehors des livres, d’homme qui a fait le sien à la sueur de son front et à la poussière de ses sandales, qui a vécu dix ans dans le pays dont il parle, plongé dans les difficultés de la langue de ce pays et dans le secret de ses mœurs, et qui, de la plus haute moralité, — de cette moralité de prêtre qui donne à la parole humaine, toujours suspecte quand elle nous revient de si loin, l’autorité qu’elle doit avoir pour être acceptée, — nous apporte sur la Chine un de ces renseignements, éclairés et complets, tels qu’on n’en avait pas revu depuis la publication des Lettres édifiantes. […] Pour lui qui connaît le pays, qui a plongé son bâton de voyageur dans ce guano de tous les vices, cette révolution dont on fait tant de bruit ne sera guères qu’un de ces changements de dynastie si communs en Chine. […] Quant à nous, qui avons cherché dans le livre de Huc une occasion d’être juste envers un pays pour lequel nous n’avons jamais éprouvé de respect ni de sympathie, ce que nous avons trouvé de plus remarquable dans ce peuple, qui a le mouvement sans la vie, c’est l’esprit, — c’est ce genre de pensées qui ne viennent pas du cœur, par opposition avec les grandes qui en viennent et qui constituent le Génie, — c’est l’esprit comme les vieilles civilisations le comprennent, volatil, brillant, chatoyant, agaçant comme un diamant aux lumières, affilé comme un dard, passant comme une flamme, ou qui reste comme un parfum. […] Tout grand écrivain, dans un pays, est bien plus un aérolithe qui y tombe qu’une plante qui y pousse. […] L’Empire Chinois (Pays, 28 février 1853) 17.
[Le Pays, 5 novembre 1856.] […] Seul un grand artiste, un grand peintre, aussi difficile à rencontrer que les modèles comme Gaston de Raousset-Boulbon sont rares, pourrait peut-être, à la condition d’un chef-d’œuvre, empêcher de périr la mémoire de cet aventurier à qui tout a manqué, excepté lui-même, pour être le lord Clive de son pays ! […] C’était cette vieille idée de la conquête, qui fait qu’un homme, à la tête de quelques hommes comme lui, s’empare d’un pays mal gouverné, malheureux, exploité par des corrupteurs imbéciles, et le pousse dans des voies de prospérité, d’intelligence et de gouvernement. […] Ce plan hardi de s’emparer de la Sonora, d’insurger le pays outré, presque révolté, n’en pouvant plus, et d’y établir un gouvernement quelconque, n’apparut, ne se forma et ne se clarifia dans son esprit que quand il eut vu le pays dont il était question et dont il nous a laissé, dans des pages magnifiquement rapides et caractérisées, une vue qui simplifie et justifie tous les projets. […] À force d’activité, de fermeté et de volonté maîtrisante, il avait obtenu la concession ; mais ce fut quand il s’agit de l’exploiter qu’il put juger de la mauvaise foi du gouvernement auquel il avait affaire et des dispositions générales du pays contre cet incroyable gouvernement.
[Le Pays, 13 mars 1864.] […] Il avait contracté les goitres du pays… L’Italien avait été tué par le Génevois. […] Sismondi, — rendons-lui cette justice, — malgré son épaisseur, fut encharmé de ces conversations parisiennes, comme l’ours de Berne qui entendrait l’harmonica, et il n’oublia jamais cette sensation quand il fut revenu dans son pays. […] Ci-devant jeune homme qui met du rouge, marquis de Bois-Sec qui, à soixante-dix ans, s’enflamme pour Madame d’Albany, et, comme dit ce dandy superbe de Taillandier, dans sa langue élégante… et prud’hommes que, comptant au premier rang de ses adorateurs, Bonstetten, espèce de dilettante littéraire, qui a fait un Voyage au pays du Latium, compte bien plus par ses camaraderies que par ses ouvrages. […] Il paraissait très spirituel, mais en Suisse, et pour les gens de ce pays.
Écrite en provençal, dans ce langage qui semble l’écho de tous les dialectes du monde italique, cette longue bucolique, où l’air qui vient de Grèce sur les flots de la Méditerranée a déferlé et se maintient grec sur les larges pipeaux de ce singulier pâtre du pays des Troubadours, peut soulever plus d’une question, mais non celle du talent. […] Frédéric Mistral, nouvellement découvert, et dont le nom, beau comme un surnom, convient si bien à un poète de son pays, un homme né et resté dans la société qu’il chante, ayant le bonheur d’avoir les mœurs de ses héros et d’être un de ces poètes complets, dont la vie et l’imagination s’accordent, comme le fut Burns, le jaugeur. […] De race phocéenne et de pays profondément catholique, il bénéficie, dans son talent, de son pays et de sa race, et peut-être, pour cette raison, serait-il difficile à qui ne serait pas de la même terre que lui, — à moi, par exemple, chouette grise de l’Ouest et goéland rauque d’une mer verte, — de préciser avec exactitude à quels endroits du poème en question expire la poésie que M. […] Frédéric Mistral a répondu au nom du provençal, dans ces malheureuses notes qui m’ont un peu dépoétisé sa personne, mais ce qu’il a dit ne modifiera pas l’opinion ; et comme il ne faut, dans notre heureux pays, qu’un lieu commun pour empêcher la vérité et la raison de faire leur chemin, il est bien probable qu’une telle impertinence barrera plus ou moins longtemps le passage à une œuvre digne par elle-même d’aller très-haut.
Dans les pays que nous venons d’énumérer, rien d’analogue à ce que vous trouverez en Turquie, où le Turc, le Slave, le Grec, l’Arménien, l’Arabe, le Syrien, le Kurde sont aussi distincts aujourd’hui qu’au jour de la conquête. […] France devint très légitimement le nom d’un pays où il n’était entré qu’une imperceptible minorité de Francs. […] Au bout d’une ou deux générations, les envahisseurs normands ne se distinguaient plus du reste de la population ; leur influence n’en avait pas moins été profonde ; ils avaient donné au pays conquis une noblesse, des habitudes militaires, un patriotisme qu’il n’avait pas auparavant. […] Dans l’entreprise que le roi de France, en partie par sa tyrannie, en partie par sa justice, a si admirablement menée à terme, beaucoup de pays ont échoué.
[Le Pays, 12 décembre 1855.] […] Arrachée du solde sa patrie, sa famille s’est replantée dans des terres propices, et les boutures disjointes de l’arbre déraciné ont repoussé dans plusieurs pays. […] Il regrette sa patrie, et c’est bien, mais il est malade du mal d’un pays bien autrement difficile à reconstituer que la Pologne. […] Chateaubriand a tatoué tellement le talent de l’auteur du Blessé de Novare, qu’il ne lui est plus permis d’effacer ce tatouage qui défigure ses traits primitifs… Quant à la manière dont l’Inde est peinte dans ce roman où elle a remplacé l’Amérique, prendre la flore d’un pays et la renverser, plante par plante, à travers une nature qu’on ne comprend pas, tant les mots indiens y abondent !
II D’autres qu’elle, du reste, avaient, dans ces tout derniers temps, essayé de cette espèce de littérature de terroir, qui est moins et plus que de la littérature, et qui donne l’accent le plus spontané et le plus intime, tout à la fois, des sentiments et des mœurs d’un pays, traduits dans son propre patois, s’il est assez heureux pour en avoir un encore ! […] George Sand, cette vieille rouée littéraire, qui a roué son époque, et qui se disait avec affectation une campagnarde, était, au fond, trop homme de lettres de la trop bourgeoise Revue des Deux-Mondes pour aborder franchement et sans lourdeur cette littérature de terroir, fortement aromatisée de toutes les senteurs naïves et parfumées d’un pays. […] Et si un tel livre, qui à toute page fait oublier qu’il en est un, n’est au fond qu’un bouquet d’histoires recueillies dans le pays de cette Luçotte, qui est, par le langage, un chef-d’œuvre de vieille paysanne bas-bretonne, il faut féliciter sincèrement la femme qui les a réunies de tous les bonheurs de sa mémoire, et d’avoir gardé si fidèlement l’âme de son pays dans son âme.
Voici donc ce que racontaient les gens du pays. […] Calabresi, le grand propriétaire du pays, a bien voulu, — toujours grâce aux soins vigilants de notre ami Rajna, — mettre à notre disposition. […] En tout pays où il est venu, il en parlait le langage. […] Elle s’est exercée sur ce thème dans plusieurs pays, mais elle n’a rien créé de remarquable ou de nouveau. […] Et depuis il n’est plus revenu dans ce pays.
C’est cette angoisse qui, peu à peu, lui a rendu impossible toute société, c’est elle qui l’a chassé dix ans de pays en pays. […] Il n’a eu, du pays où il est né, ni la langue, ni l’esprit. […] Et le malheureux erre de pays en pays, se divertissant à composer de petits poèmes allemands, qu’il envoie aux journaux sans nom d’auteur. […] Je vois des pays éloignés aussi réels et aussi proches pour leurs habitants que mon pays l’est pour moi. […] Et il n’est point seul de son espèce, dans son pays.
S’il payait galamment toutes ses dettes envers son pays, il en retenait l’escompte. […] Ils savent d’instinct et par l’histoire que toujours, en dépit des apparences, leur pays a été un pays de liberté, et que personne n’est de force ni d’humeur à y empêcher le contrôle. […] N’est-ce pas moi que j’aimais, en aimant mon pays ? […] Cependant un pays ne se reconstitue que sous l’empire d’une foi commune. […] On me distrait de ma haine contre l’étranger qui l’a déchaînée sur mon pays.
L’Empire français ne comprend pas exactement et rigoureusement tous les pays de langue française ; il y a des bords qui dépassent, des coins et des contours qui échappent et qui ont toujours échappé. […] J’en connais un, un seul, j’en conviens ; mais c’est beaucoup encore, et pour comble de bonheur, c’est dans mon pays qu’il existe… Savant et modeste Abauzit ! […] Savez-vous bien que, malgré tous nos efforts et nos plaidoiries incessantes (depuis que nous sommes revenus à résipiscence) pour le mérite, l’utilité critique et l’excellence relative de Boileau, ce jugement de M. de Muralt pourrait bien être vrai en définitive, surtout pour ceux qui regardent la littérature française à quelque distance, et qui prennent leurs termes de comparaison chez les grands poètes de tous les temps, de tous les pays, et dans la nature humaine ? […] C’est le goût du pays, et on s’y fait généralement, comme il y a des pays où tous les mets qu’on mange sont apprêtés avec du sucre, et on les y trouve bons… Non seulement leurs discours ordinaires ont quelque chose de flatteur, qui fait de la peine à un homme modeste et sensé, à tout homme qui n’est point fait à ce langage et qui ignore la manière de repousser les louanges, ou d’y répondre en les faisant retomber sur ceux qui les donnent ; mais même leurs discours prémédités sont le plus souvent consacrés à la louange, comme ce qu’il y a de plus conforme au génie de la nationl. […] Jeunes, ils ont lu tous les livres, ils ont vu tous les pays, exploré toutes les éruditions, embrassé tous les systèmes ; ils savent tout ce qui se peut savoir et d’Allemagne, et de Grèce, et de France (cela va sans dire) ; ce sont des Français nés plus graves, qui ont beaucoup vu de bonne heure et qui se sont recueillis.
Né dans ce tourbillon de poussière que l’on appelle, par une dérision de l’histoire, les États-Unis34 ; revenu, après l’avoir quittée, dans cette auberge des nations, qui sera demain un coupe-gorge, et où, bon an mal an, tombent cinq cent mille drôles plus ou moins bâtards, plus ou moins chassés de leur pays, qu’ils menaçaient ou qu’ils ont troublé, Edgar Poe est certainement le plus beau produit littéraire de cette crème de l’écume du monde. […] Dans le pays de la plus cynique utilité, il ne vit que la beauté, la beauté par elle-même, la beauté oisive, inféconde, l’art pour l’art. […] Au milieu des intérêts haletants de ce pays de la matière, Poe, ce Robinson de la poésie, perdu, naufragé dans ce vaste désert d’hommes, rêvait éveillé, tout en délibérant sur la dose d’opium à prendre pour avoir au moins de vrais rêves, d’honnêtes mensonges, une supportable irréalité ; et toute l’énergie de son talent, comme sa vie, s’absorba dans une analyse enragée, et qu’il recommençait toujours, des tortures de sa solitude. […] Tel est le double caractère du talent, de l’homme et de l’œuvre que la traduction française, qui est très-bien faite, nous a mis à même de juger : la peur et ses transes, la curiosité et ses soifs, la peur et la curiosité du surnaturel dont on doute, et, pour l’expliquer, toutes les folies d’une époque et d’un pays matérialiste qui effraye autant qu’il attire. […] Il pouvait être le frère de charité, l’ensevelisseur des restes d’un homme de génie, sans les jeter à la tête de tout un pays qui, en définitive, ne l’a point volontairement assassiné.
Il y a pourtant ici des beautés charmantes et touchantes, celles du pays humide. […] Elle est trop fraîche, elle ne peut durer ; rien n’est arrêté, stable et ferme ici, comme dans les pays du Midi ; tout est coulant, en train de naître et de mourir, suspendu entre les pleurs et la joie. […] Et comme le ciel et le pays semblent faits pour ménager leurs tissus et aviver leurs couleurs ! […] À l’étrangeté, à la rareté de ce spectacle, on comprend pour la première fois la vie du pays humide. […] La vie active fortifie en ce pays le tempérament flegmatique, et le cœur s’y conserve plus simple en même temps que le corps y devient plus sain.
Cet édit avait pour objet de régler l’entière évacuation du pays, l’ordre et la marche des détachements ; les exilés avaient dix jours pour vendre leurs biens ; ils devaient déposer les armes sur l’heure, et démolir tous leurs temples de leurs propres mains avant leur départ. […] Les troupes ont eu de la peine par l’âpreté du pays ; mais le soldat en a été bien récompensé par le butin. […] J’espère que nous ne quitterons point ce pays-ci, que cette race de Barbets n’en soit entièrement extirpée. […] … Deux ou trois années se passèrent ; le mal du pays tenait à cœur aux Vaudois exilés ; ils se comparaient aux Hébreux en captivité, et, comme le peuple de Dieu, ils croyaient fermement au retour et à la délivrance. […] On envoya à la découverte trois hommes dévoués, déguisés en marchands, pour explorer le pays, les hautes crêtes et les cols des Alpes, et savoir ce qui était possible.
Sur l’École française d’Athènes On a récemment parlé d’un projet qui honorerait à la fois le Gouvernement français et le Gouvernement grec : il s’agirait d’établir un lien régulier entre l’Université de France et la patrie renaissante des Hellènes, de mettre en rapport l’étude du grec en France avec cette étude refleurie au sein même de la Grèce, d’instituer en un mot une sorte de concordat littéraire entre notre pays latin et la terre d’Athènes. […] Eynard, si attaché aux destinées du pays auquel son nom est inséparablement lié, et quelques autres personnes encore s’en entretenaient avec intérêt et comme d’un vœu réalisable. […] Pour les gens du pays qui y reviennent par l’étude, il n’est rien de plus naturel et de plus aisé que de ressaisir le sens et le génie de l’ancienne langue. […] Piscatory, aura été consulté, et sa parole comptera pour beaucoup, sans nul doute, dans une détermination à ce point intéressante pour le pays qu’il possède si bien.
Car, à peine maîtres du pays, ils se sont mis à parler le latin, comme l’Église, qui les baptisait. […] Mais ils eurent des fortunes inégales et diverses selon la grandeur du rôle politique qui échut aux pays où ils étaient parlés. […] Il faut noter aussi son expansion hors des limites de l’ancienne Gaule, et ses conquêtes, parfois temporaires, en lointain pays. […] Dans l’époque moderne, la Révocation de l’Édit de Nantes a jeté en Hollande un petit monde de théologiens érudits et militants, qui firent pour un temps de ce pays étranger un grand producteur de livres et de journaux français.
Je ne connais pas de pays qui ait plus que le nôtre le sentiment de l’égalité. […] Comme, dans « les hauts pays » ( er broïo huel ) où j’ai été, il n’y a qu’à se baisser pour récolter l’or, ils trouvent tout simple que je sois un peu plus riche qu’eux. […] J’ai voulu m’enquérir de ce qui reste de Renans, dans le Goëlo, le pays d’origine de ma famille. […] Voici encore une autre découverte que j’ai faite, au pays de Goëlo.
« Inutile à mon pays, englouti sous les flots révolutionnaires, assourdi par les sons discordants de mille intérêts blessés, sans amis, entouré de haine et d’humeur, je quittai un pays qui, ne vivant que de souvenirs, était blessé à la fois dans sa gloire passée et dans ses intérêts présents et à venir. » Ainsi parlait Bonstetten de cette Berne où il s’était toujours senti dépaysé, mais qui dès lors n’était plus tenable après les événements de 1798. […] Munter occupait, dans ce pays éclairé et sous ce gouvernement sage, une position élevée, comparable à celle de Goethe à Weimar, d’Ancillon à Berlin. […] Ce n’est qu’en Allemagne que la bonté est toujours bonne… » À mesure qu’il s’avançait vers le Nord proprement dit, il sentait le calme descendre en lui, sa gaieté prête à renaître, même au milieu de la mélancolie légère que lui apportait l’aspect des landes uniformes et des horizons voilés : « L’atmosphère brumeuse était partout embellie par le caractère et la bonté des habitants. » Sortant d’un pays où il laissait ses biens en séquestre, sa réputation calomniée, où il avait entendu siffler de toutes parts l’envie, et vu se dresser la haine, il entrait dans des régions paisibles où la bienveillance venait au-devant de lui : « Les hommes, dit-il spirituellement, qui ne témoignent leur bienveillance qu’après y avoir bien pensé, me font l’effet de ces juifs besogneux qui ne livrent leur marchandise qu’après en avoir reçu le payement. » Je ne puis ici raconter tout ce qu’il apprit et découvrit dans ces régions du Nord. « Pour écrire sur l’histoire de ce pays, il faut vivre aux bords de la Baltique, avec les hommes distingués et les livres que l’on ne trouve que là. » Il ne s’en tint pas au Danemark ; il fit une petite excursion en Scanie, et en reçut des impressions vives : « Quand j’eus passé la Baltique, je me sentis dans un pays nouveau : le ciel, la terre, les hommes, leur langage, n’étaient plus les mêmes pour moi. […] quatre voyages dans le Latium, sur quatre points principaux de cet antique et éternel pays, quatre pavillons dressés, n’eussent-ils pas été en pierre ni en marbre, mais portés sur le ciment romain, lui eussent fait un monument. […] Dans le monde, il ne faut se servir de l’amour-propre des autres que pour le traverser, afin d’arriver au pays de l’amitié, où, comme dans les montagnes des tropiques, il y a mille nuances de climat à choisir.
Personnages des plus considérables dans toute histoire, hommes qui emportent tout dans l’histoire de leur pays, les Gracques seront à jamais un sujet de jugements contradictoires, et admirés, même de ceux qui les condamnent. […] Il nous apprend par quelles qualités nous pouvons contribuer à la grandeur de notre pays, par quels défauts nous risquons d’en hâter la décadence. […] Du même pays que Montaigne, presque du même tour d’esprit, il ne s’excepte pas de sa doctrine de l’art pour le plaisir, et il jouit de lui-même. […] Il n’écrit point pour censurer ce qui est établi dans quelque pays que ce soit. […] Si la chose n’était plus à faire pour nous, si notre pays était à cette heure en possession de cette sagesse, l’Esprit des lois n’y aurait pas peu servi.
Dans tout pays où la science serait apprécie pour elle-même, où le caractère des hommes serait honoré pour ce qu’il vaut, où l’on aimerait mieux entrer en controverse, s’il y avait lieu, avec l’homme de mérite que de l’apostropher et de l’injurier, où l’on ne procéderait point en idées comme en tout par accès et par fougues, par sauts et par bonds, il n’y aurait pas eu tout ce bruit, et nous irions entendre M. […] Placé dans une école de sa ville natale, un petit collège tenu par des ecclésiastiques, il y fit avec succès ses études jusqu’à l’âge de seize ans : les maîtres de ce collège étaient des prêtres du pays, de la vieille roche, graves, instruits, enseignant les belles-lettres avec solidité et bon sens, et antérieurs à toute invasion de ce qu’on peut appeler le romantisme clérical ou le néo-catholicisme. […] Partout où il avait passé, les choses paraissaient autres après qu’auparavant ; il vous apprenait à voir le pays comme du haut d’une colline. […] Renan, on voit les différentes nations tributaires du roi de Perse représentées par un personnage qui porte le costume de son pays et tient entre les mains les productions de sa province pour en faire hommage au souverain. […] Renan porte un bien grand respect et une bien haute révérence à sa majesté l’esprit humain, Mais dans un pays comme la France, il importe qu’il vienne de temps en temps des intelligences élevées et sérieuses qui fassent contrepoids à l’esprit malin, moqueur, sceptique, incrédule, du fonds de la race ; et M.
Issu d’une famille de cultivateurs et propriétaires ruraux, et à la fois gentilshommes, du pays de Caux, dont une branche s’est transplantée dans le Canada, il se destina de bonne heure aux travaux utiles, aux sciences, et fut reçu à l’École polytechnique le second de sa promotion, en 1825. […] Au lieu de s’en tenir aux livres et aux procédés en usage dans son pays, il voyagea et le fit avec ordre, méthode, en tenant note et registre de chaque observation, sans rien laisser d’inexploré ou d’étudié à demi. […] L’hiver à Paris, il faisait son cours, et l’été venu, il partait pour aller vérifier sur les lieux les procédés d’exploitation et d’élaboration en usage dans les divers pays. […] À l’instant il prit la parole et fit dire par son truchement à la dame en colère qu’il était un savant venu de fort loin pour observer les mœurs, les coutumes des Bachkirs, et voir ce qu’il pourrait en rapporter d’utile pour son pays ; mais qu’il n’était nullement dans son intention de jeter le moindre trouble dans la famille et que, s’il était la cause involontaire de quelque dommage pour ses hôtes, il prétendait les en indemniser et au-delà. […] La manière dont il le raconte de vive voix est bien autrement circonstanciée et curieuse ; et en général, sur tous ces pays qu’il a vus et sur les singularités de mœurs, je ne sais rien de plus intéressant que sa conversation.
Il n’y a plus d’hommes de guerre à partir de la bataille de Fontanet ; pendant un demi-siècle des bandes de quatre ou cinq cents brigands viennent impunément tuer, brûler, dévaster dans tout le pays. — Mais, par contre-coup, à ce moment même, la dissolution de l’État suscite une génération militaire. […] La preuve en est qu’on accourait dans l’enceinte féodale, sitôt qu’elle était faite ; en Normandie, par exemple, dès que Rollon eut divisé les terres au cordeau et pendu les voleurs, les gens des provinces voisines affluèrent pour s’établir ; un peu de sécurité suffisait pour repeupler un pays. […] Souverain et propriétaire, à ce double titre le seigneur garde pour lui la lande, la rivière, la forêt, toute la chasse ; le mal n’est pas grand, puisque le pays est à demi désert et qu’il emploie tout son loisir à détruire les grandes bêtes fauves. […] Lorsqu’il est veuf et sans enfants, on députe auprès de lui pour qu’il se remarie et que sa mort ne livre pas le pays à la guerre des prétendants ou aux convoitises des voisins. — Ainsi renaît, après mille ans, le plus puissant et le plus vivace des sentiments qui soutiennent la société humaine. […] En 1785, un Anglais venu en France vante la liberté politique dont on jouit dans son pays.
C’est là le terrain national, très-bon pour certaines plantes, mais très-mauvais pour d’autres, incapable de mener à bien les graines du pays voisin, mais capable de donner aux siennes une sève exquise et une floraison parfaite, lorsque le cours des siècles amène la température dont elles ont besoin. […] Car le génie n’est rien qu’une puissance développée, et nulle puissance ne peut se développer tout entière, sinon dans le pays où elle se rencontre naturellement et chez tous, où l’éducation la nourrit, où l’exemple la fortifie, où le caractère la soutient, où le public la provoque. […] Par cette correspondance entre l’oeuvre, le pays et le siècle, un grand artiste est un homme public.
Il faut à un pays un organe de durée qui incarne cette triple action. […] Entre les ancêtres qui leur ont cédé le pays, et les descendants auxquels ce pays sera transmis, les vivants apparaissent comme des usufruitiers. […] Ils disent : « L’intérêt du pays est identique, en son fond, à celui des familles. […] L’impérialisme mène ces quatre pays, c’est-à-dire un Nationalisme intransigeant. […] Cent années de bureaucratie ont bien pu peser sur ce pays et le déformer cruellement.
Des tragédies grecques C’est surtout dans les pièces de théâtre qu’on aperçoit visiblement quelles sont les mœurs, la religion, et les lois du pays où elles ont été composées et représentées avec succès. […] Si l’on transportait le même sujet, la même tragédie, dans les pays où les croyances sont différentes, rien ne serait plus différent aussi que l’impression que l’on en recevrait. […] Racine, en imitant les Grecs dans quelques-unes de ses pièces, explique, par des raisons tirées des passions humaines, les forfaits commandés par les dieux ; il place un développement moral à côté de la puissance du fatalisme : dans un pays où l’on ne croit point à la religion des païens, un tel développement est nécessaire ; mais chez les Grecs, l’effet tragique était d’autant plus terrible, qu’il avait pour fondement une cause surnaturelle. […] Les Athéniens aimaient leurs institutions et leur pays, mais ce n’était pas, comme les Romains, par un sentiment exclusif. […] Sous l’empire d’un monarque tel que Louis XIV, sa volonté devait remplacer le sort, et l’on n’osait lui supposer des caprices ; mais dans un pays où le peuple domine, ce qui frappe le plus les esprits, ce sont les bouleversements qui s’opèrent dans les destinées ; c’est la chute rapide et terrible du faîte de la grandeur dans l’abîme de l’adversité.
C’est un fait puissant, qui met dans leur patriotisme un ferment spécial. « Depuis un demi-siècle, me dit un pasteur d’origine alsacienne, nos âmes d’exilés souffrent comme d’une impiété des divisions de notre pays qui prolongeaient les souffrance de l’Alsace et semblaient même les négliger. » Pour la délivrance, il fallait mettre au-dessus de tout l’idée de patrie. […] Ils n’auraient pas suivi aisément le drapeau de leur pays dans une guerre d’agression. […] Et le jeune Gustave Escande, de la Fédération Universelle des Étudiants chrétiens, écrit à ses amis : « Il m’est très doux de penser que des centaines de milliers de jeunes gens dans le monde luttent comme moi pour arriver à l’idéal que nous nous sommes composé : “Faire le Christ Roi”. » Mais la voix de ces jeunes lévites du droit n’est nulle part mieux persuasive que dans la prière que voici, d’un petit soldat protestant du pays de Monthéliard, qui mourait à l’ambulance de la gare d’Ambérieu. […] Je suis heureux de me faire casser la figure pour que le pays soit délivré. […] Gabriel Puaux me dit : « Dans votre pays de Lorraine, le protestantisme est surtout représenté par les luthériens d’Alsace.
Dans plus d’une province, les bêtes féroces prirent la place de l’homme, et vinrent s’emparer des pays qu’il laissait déserts. […] Alfred, en Angleterre, vers la fin du neuvième siècle, fut lui-même grammairien, un peu philosophe, dit-on, historien et géomètre ; c’était beaucoup pour un roi, et surtout dans ce temps ; mais il étonna son pays, et ne le changea pas. […] Qu’on imagine un pays couvert autrefois de villes florissantes, mais renversées par des secousses et des tremblements de terre, et un peuple entier assoupi sur ces ruines, au bout de mille ans s’éveillant tout à coup comme par enchantement, ouvrant les yeux, parcourant les ruines d’un pas incertain, et fouillant à l’envi dans les décombres, pour en arracher ou imiter tout ce qui a pu échapper au temps : tels parurent les Européens dans cette époque. […] Étrangère au milieu du peuple qu’elle gouvernait, elle se passionnait pour les grands hommes de tous les pays, et était assez indifférente sur le sien. […] Ajoutez que, dans les temps dont nous parlons, la plupart des écrivains étaient étrangers à leur pays et à leur siècle.
De son côté, un littérateur du pays, M. […] Le duc, souverain du pays, le prit en amitié et voulut même le marier richement. […] Il y a des jours où il se figure qu’il est guéri de ce mal du pays, et qu’il vit en philosophe au milieu de ses champs, sur les bords de cette belle Saône. […] Virgile remercie modestement de l’honneur qu’on lui fait, et expose son plan et la marche qu’il faut suivre pour arriver au susdit Bon Goût ; il donne à l’avance la carte du pays environnant, en homme qui l’a beaucoup pratiqué : La principale difficulté, dit Virgile, est de sortir de ce labyrinthe que nous avons devant les yeux ; mais j’espère y réussir. À son issue se rencontre le pays qu’habite le Bon Goût et qu’on appelle les Plaines allégoriques : c’est un pays assez inégal, très froid en quelques endroits, couvert et scabreux en quelques autres ; la diversité du paysage en est assez divertissante… À l’entrée du pays s’élèvent deux montagnes fort hautes, mais d’une hauteur inégale, sur chacune desquelles est bâtie une belle ville.
Soit qu’il fit choix d’époques encore neuves à l’étude, soit qu’il se jetât sur des pays à mœurs franches et sauvages, soit même qu’il se tînt à des cas singuliers du cœur, toujours, en tout sujet, il se retranchait, pour ainsi dire, au début ; il mettait une portion de sa vigueur à ne pas sortir du cercle tracé ; il faisait comme le soldat romain qui, à chaque halte, avant toute chose, traçait le fossé et posait le camp. […] « Un consul romain passait à Téanum, ville de la Campanie, dans le pays des Sidicins. […] Très-peu de gens sont allés en Corse ; les mœurs de ce pays diffèrent des nôtres autant qu’il se peut ; elles sont souvent atroces, sanglantes, et le monde n’aime guère en soi l’atroce et le sanglant. […] Irez-vous jamais en Corse et dans le cœur du pays ? […] » Il voyage dans ce moment en Grèce, et visite ce pays des souvenirs redevenu nouveau.
Si l’on restreint à notre pays l’observation du cas pathologique, il faut constater d’ailleurs que le principe de suggestion, qui détourna de la satisfaction de soi-même le groupe français de cette époque, se fortifia ici d’un nouvel appoint qui en augmenta le danger. […] Fondant les débris des idiomes barbares dans les formes latines, elles composent un dialecte qui est, à cette époque et à la suite de la conquête normande, la langue littéraire de la Grande-Bretagne aussi bien que de la France et d’une partie des pays germaniques. Une bonne part de l’invention romanesque dont la littérature italienne de la Renaissance a tiré profit est l’œuvre des conteurs français du moyen âge, et le thème des épopées, commun au pays de race franque, germanique et normande, s’est développé dans l’Ile de France, où se résume à cette époque, du ixe au xiie siècle, l’effort original d’une mentalité humaine qui ne doit encore que peu de chose à la culture antique. […] En peinture de même, la Renaissance a substitué, dans les pays de culture française, à une école originale qui, avec les van Eick, avec Memling, avec Clouet, comptait déjà des maîtres, les modèles italiens.
À Aix-en-Provence paraissent Les Gerbes, revue de tendances opposées à celles que défendirent dans cette même ville, Les Mois Dorés et Le Pays de France de Joachim Gasquet et Marie Demolins. […] Sans distinction d’esthétique et de pensée politique, tous ces jeunes hommes sont mus par un même amour envers leur pays, par un même désir de donner une vie propre à leur province. […] Par cela même qu’elles propageaient le culte du pays natal, le goût de l’action, la recherche des méthodes naturelles d’évolution, elles éloignaient la jeunesse d’un art obscur, subtil où elle avait failli se perdre — (après y avoir d’ailleurs au début connu des beautés nouvelles). — Ici, nous n’avons qu’à constater cette floraison des provinces nouvelles. […] — Or j’ai fait desceller pour toi la tombe ancienne Où dorment les aïeux, où ma place m’attend, Et descendre moi-même au fond, pieusement, Ton cercueil de bois blanc sur les bières de chêne, Et j’ai pleuré…………………………… Puis, un jour, par hasard j’ai connu ton histoire, Pastoure qui chantais dans les seigles d’été, J’ai compris ton amour maternel, ta bonté, L’énigme de tes yeux qui hantait ma mémoire, Servante dont les doigts noueux étaient câlins… Je me sens aujourd’hui, sacrilège, ô servante, Dors, l’orgueil d’un poème est indigne de toi… Ô pays, le printemps va fleurir tes sous-bois : Les tourdelles déjà grapillent dans le lierre ; Plateaux et vous, blés noir, qu’un aïeul cultiva Terre dont j’ai compris la pauvreté hautaine C’est peut-être, en mon cœur, elle, qui réveilla L’atavisme endormi de ma race lointaine, L’orgueil des champs, l’orgueil des fruits, l’orgueil du sol Et dans le dernier fils des aïeux cévenols !
Dans notre France, pays du bon sens, on prise par-dessus tout ce qui est fini. […] Fuyons donc au pays des morts, au pays des hommes qui sont de pierre et qui ne discutent plus, pays où l’imagination doit être si ouverte et si heureuse, les sens si exquis, où la poitrine doit battre si à l’aise ; pays où l’amour des arts, qui n’est que de mode en nos froides contrées, passe dans le sang avec l’air qu’on respire. […] Courses, pays lointains, voyages, folle envie ! […] Victor Hugo a été ramené triomphalement dans son pays par une révolution. […] Voilà pourquoi l’art périt dans un pays où les hommes de talent abondent.
Elle reste militante quand le pays ne se bat plus ; elle est l’intrépide sentinelle des lendemains de la défaite. […] Les vers, vierges de toute littérature, étaient allés droit à l’âme des simples, et, grâce à ces chants modestes, tous ces braves gens s’étaient sentis soudain liés à la vie de leurs compagnons, à l’avenir de leur régiment, aux destinées de leur pays. […] [Le Pays de France (février 1900).]
Law, l’aventurier Law, n’est point un accident dans le xviiie siècle ; il n’est point un aérolithe vivant tombant du pays des Chimères, dans une époque et dans un pays où l’esprit du temps prenait son ivresse pour sa force. […] Law et son système (Pays, 19 avril 1853).
C’est là leur véritable service, leur meilleure contribution au progrès intellectuel du pays. […] C’est le poète attitré de ce beau pays. […] Biélinsky est peut-être le seul critique digne de ce nom dans son pays. […] Pays de soleil, mais aussi pays de grandes plaines. […] Ce pays d’Orel, si souvent et si complaisamment décrit par le romancier, est un bon pays.
C’est un étrange pays. […] On choisit le siècle et le pays comme l’on veut ; les unes sont gothiques, les autres grecques, les autres romaines. […] M. de Bompré, âgé d’environ quarante-cinq ans, retiré du service, habite en paix une terre dans le pays de Vaud ; mais il est allé à Orbe, à la noce d’un ami, et il se met à envier ce bonheur. […] demanda la baronne. — Dans votre pays même, en Allemagne, dit l’abbé. — Des Allemandes ? […] Ce doux jardin du pays de Vaud et la vue de ces pentes heureuses ne l’avaient qu’à demi consolée ; l’anneau mystérieux du bonheur était dès longtemps enseveli pour elle dans l’abîme des lacs tranquilles.
Boisgobey, me parlant du gâtisme d’un de nos confrères, le comparait à un ver de latrine particulier à l’Afrique, et dont sa maîtresse, dans ce pays, ne pouvait prononcer le nom arabe, sans cracher à terre. […] Et l’on faisait la remarque que cette division du travail était peut-être bonne, utile, chez un peuple où l’ouvrier n’est pas artiste, comme en Allemagne, mais que cette division tue l’ouvrage bien fait chez un peuple artiste comme dans notre pays. […] On sent dans ces lettres, qu’en ce pays de chaleur torride sans air, en ce pays d’anémie et d’épidémie, en ce pays au mois d’octobre meurtrier, en ce pays, où un Européen ne peut guère vivre que trois ans, et encore avec des séjours dans la montagne ; on sent que contre le voisinage de cette mort, c’est au moyen du champagne, du bal, du flirtage, d’une vie mondaine enragée, que ces hommes et ces femmes en chassent la pensée. […] Un détail particulier des enterrements de ce pays. […] L’opinion de ce Russe, c’est que Tourguéneff n’a de valeur qu’en ces premiers ouvrages, dans les scènes retracées du temps de son adolescence, où il a donné de véritables photographies de son pays.
Je ne manquais jamais de me mêler à ces rondes, et je bondissais de joie naïve et précoce, en tenant par mes deux mains les mains complaisantes des plus jeunes et des plus jolies faneuses du pays. […] C’est le nom dont les paysannes de mon pays désignent ces aspirants timides à leur amour, qui veulent, comme Jacob, mériter beaucoup avant de demander quelque chose. […] le fiancée de la plus belle fille du pays ? […] Le même fer défend le cœur du pays dans la main du soldat et égorge les victimes dans la main du bourreau. […] Il était né à Lons-le-Saulnier, dans ce Jura, pays de rêverie et d’énergie, comme le sont toujours les montagnes.
Au sortir surtout de l’atmosphère artificielle qu’infectent nos intrigants de tout âge et de tout étage, quand les corrompus de dix régimes coalisés avec les roués d’hier, avec les parvenus acharnés, les intrus encore tout suants, les avocats-ministres tombés dans l’obésité, composent à la surface du pays une écume vraiment immonde, on se sent soulagé en mettant le pied sur cette terre nouvelle, sur ces seuils antiques et vertueux : c’est au moral comme l’odeur végétale des savanes qu’on respire. […] La vie de Jefferson fut de 83 ans (1743-1826) ; aucune autre, ni celle de Franklin, ni celle même de Washington, n’offre plus de travaux éminents et de services rendus au pays. […] Employé ensuite à la réforme des statuts anglais et à la confection d’un code unique, puis gouverneur de la Virginie, député de nouveau au Congrès, de là, ministre plénipotentiaire en France à l’origine de notre Révolution, rappelé et nommé par le président Washington secrétaire d’État du nouveau Cabinet, vice-président et ferme à son poste d’opposition à la tête du sénat sous la présidence de John Adams, président enfin lui-même de 1800 à 1808, il remit alors par un bienfait signalé le gouvernement de son pays dans les voies sincèrement démocratiques d’où Washington, vers les derniers temps, l’avait laissé dévier, et d’où John Adams, si respectable d’ailleurs, l’avait de plus en plus éloigné à dessein. […] Une comptabilité compliquée, force emprunts, de gros traitements, de lourds impôts, de perfides poursuites contre la presse sous prétexte de sédition, d’inhospitalières mesures contre les proscrits et les réfugiés de l’Europe, toutes les questions douteuses et indéterminées constamment résolues dans le sens d’un pouvoir central envahisseur ; tels étaient les points essentiels de ce programme monarchique, que l’intérêt populaire trouve partout à combattre, et que la République semblait avoir dérobé par avance à la quasi-légitimité, Voici une lettre de Jefferson, datée de 1796, et qui exprime trop exactement notre propre situation de 1833, pour que nous ne la transcrivions pas en entier : « L’aspect de notre pays est étonnamment changé depuis que vous nous avez quittés. […] Les deux lettres dont nous parlons forment le manuel républicain le plus convaincant et le plus substantiel qu’on puisse étudier en tout pays.
Aujourd’hui il s’agit d’un romancier, d’un conteur, dont le nom, fort en estime dans son pays, n’avait guère encore percé en France. […] En été, pendant les travaux de la campagne, il restait peu de monde à la setch ; mais l’hiver y ramenait une garde nombreuse ; et c’est là qu’au premier danger, au premier cri d’appel, accouraient tous les chefs répandus dans les pays d’alentour ; c’est là, comme dans un champ de mai, que se décidaient tumultuairement les grandes entreprises, soit les courses de piraterie par mer sur les rivages de la mer Noire, soit les formidables invasions en Turquie et en Pologne. […] L’armée des Zaporogues, après avoir bien ravagé le pays, va mettre le siège devant la ville de Doubno. […] L’armée des assiégeants se partage : une partie, sous la conduite du kockevoï, s’en retourne au pays de l’est pour tirer vengeance des Tatars ; une partie demeure devant la place, sous les ordres de Tarass Boulba lui-même, élu ataman pour la circonstance. […] Les Juifs en ces pays peuvent tout et viennent à bout de tout moyennant de l’or : Tarass en promet beaucoup, beaucoup au Juif Yankel, et celui-ci se charge de le conduire déguisé à Varsovie même, où Ostap et ses compagnons d’infortune sont gardés en prison pour être bientôt exécutés.
Pour que l’état politique et philosophique d’un pays réponde à l’intention de la nature, il faut que le lot de la médiocrité, dans ce pays, soit le meilleur de tous ; les hommes supérieurs, dans tous les genres, doivent être des hommes consacrés et sacrifiés même au bien général de l’espèce humaine. Heureux le pays où les écrivains sont tristes, et les commerçants satisfaits, les riches mélancoliques, et les hommes du peuple contents ! […] Dans les pays pauvres, et surtout dans les classes moyennes de la société, on a souvent trouvé des mœurs très pures ; mais c’est aux premières classes qu’il appartient de rendre plus remarquables les exemples qu’elles donnent. […] L’Angleterre est le pays du monde où les femmes sont le plus véritablement aimées.
Molière offre à Goldoni l’idéal où il essaie d’élever la comédie de son pays. Enfin l’esprit de nos philosophes, de Montesquieu, de Voltaire, imprègne ces vives intelligences italiennes ; un Français, Condillac, est appelé à instruire le prince de Parme, et l’on peut dire que les premiers pays où des essais de gouvernement libéral et bienfaisant fassent passer dans les faits un peu des rêves de notre philosophie humanitaire sont de petits États d’Italie. L’Espagne, avec son Charles III qui a d’abord régné à Naples, le Portugal, entrent dans la même voie : dans ces pays, le gouvernement même se met à la tète du mouvement philosophique. […] Puis s’établissent les rapports directs entre les pays, voyages d’écrivains anglais en France, français en Angleterre582. […] Les pays et les cours de l’Europe étaient inondés de Français, artistes, penseurs, poètes, précepteurs, lecteurs, secrétaires.
D’autres livres, publiés sur l’Afrique, bénéficièrent alors, comme les siens, de l’inépuisable curiosité qui s’attachait à tous les détails qu’on nous transmettait sur ce pays, et ces livres, oubliés maintenant, ont péri à dix ans de la circonstance qui les avait fait naître. […] Par sa constitution donc comme par ses victoires, l’Armée se préparait de longue main à reprendre le rang et l’autorité qu’elle doit avoir dans un pays comme la France. […] Or, pour nous, avec le Sacerdoce, l’Armée est la plus haute et la plus profonde moralité du pays. […] Le Sahara Algérien. — Mœurs et coutumes de l’Algérie. — La Grande Kabylie. — Le Grand Désert, Itinéraire d’une caravane du Sahara au pays des Nègres. — Les Chevaux du Sahara. — Principes généraux du cavalier Arabe (Pays, 18 avril 1855).
[Le Pays, 26 janvier 1855.] […] voilà une grandeur de mérite dont, malgré la bonne opinion qu’elles peuvent avoir d’elles, ne se doutent pas les gracieuses personnes qui visent, dans tout pays, à un mariage d’intérêt, et font la traite innocente de leur propre chair, comme si elles avaient des lettres de naturalité américaine dans leur poche ! […] Moins scrupuleuses, les Américaines ont accepté le type à titre universel, et c’est pour cela que j’en fais ici une propriété nationale de cet excentrique pays… » Et il ajoute, pour l’apaisement d’un scrupule : « Je ne veux pas dire que les Américaines répugnent au mariage et, occupant le côté officieux de la vie civile, se livrent par profession à l’exploitation de l’homme et changent en rapports de contrebande les relations légitimes des sexes… mais j’avoue que le divorce, sous le régime duquel elles vivent, peut, aux yeux de bien des gens, ressembler aux inconstances des Américaines de Paris… » Et, de fait, il a raison ; elles ont le divorce, les Américaines d’Amérique ! […] Seulement, nous ne craignons pas d’affirmer que si les choses, les hommes, et particulièrement les femmes, sont en Amérique ce que Bellegarrigue les représente, c’est le plus abominable pays qui ait jamais existé. Nous savions bien, comme tout le monde, que c’est le pays de la matière, du travail, du négoce, de l’industrie, une forge d’enragés Cyclopes, mais nous savions aussi que dans sa limaille de fer et sa poussière de charbon il poussait de temps en temps un écrivain, un poète, un rêveur, une jeune fille qui n’était pas miss Martineau.
C’était en langue latine que se produisait tout l’esprit du pays. […] Les arts sont cultivés dans un pays ; c’est la langue commune. […] Pendant soixante ans, la même maison gouverna les deux pays. […] Il faut entendre ses adieux à son pays. […] Alors il a demandé congé et veut s’en aller en son pays.
Quand une vierge est morte, en ce pays de Grèce, Autour de son tombeau j’aperçois mainte tresse, Des chevelures d’or avec ces mots touchants : « De l’aimable Timas, ou d’Érinne aux doux chants, La cendre ici repose ; à l’aube d’hyménée, Vierge, elle s’est sentie au lit sombre entraînée. […] Non, rien de tout cela, sinon qu’elle était belle, Belle enfant comme on l’est sous ce climat fidèle, Comme l’est tout beau fruit et tout rameau vermeil Prêt à demain éclore au pays du soleil. […] J’ai quitté le pays, j’ai traversé des mers ; Ce doux parfum me suit parmi d’autres amers.
Tout demeura calme… J’avoue que ces commencements furent un peu délicats et qu’ils ne me donnèrent pas peu d’inquiétude, quand je faisais réflexion que mes troupes étaient éparses dans les villages du plat pays, que toute la sûreté de la frontière qui les couvrait consistait en de mauvaises places de guerre toutes ouvertes, et que les Hollandais pourraient entrer avec toutes leurs forces dans le plat pays et ruiner tous mes projets… » Enfin, le grand roi trompa son monde, et il s’en félicite. […] La bonne intelligence régna sur les frontières ; le commerce ne fut point interrompu ; l’Empire demeura tranquille, et j’eus le loisir de me pourvoir abondamment de tous mes besoins. » Le grand dessein n’éclate qu’au commencement du printemps (1672) : « J’avais disposé mes projets de guerre de manière que je devais tomber en même temps sur quatre places considérables des ennemis, dans la pensée que j’avais qu’on ne pouvait faire un trop grand effort dans le commencement pour déconcerter les États-Généraux et leur abattre le courage. » Le prince de Condé, à la tête d’une armée, Louis XIV, à la tête d’une autre, débouchent de concert dans la Belgique par les Ardennes et par Charleroi, et sont rejoints au-delà de la Meuse par les troupes venues du pays de Cologne. […] Cependant, sur le rapport de plusieurs gens du pays que le comte de Guiche avait menés le long du fleuve pour visiter les bords, et qui assurèrent qu’on pouvait le passer vis-à-vis le Tolhus, je résolus, de l’avis du prince de Condé, de faire tenter le passage. […] Le pays n’est que prairies assez basses, fermées de watergans, c’est-à-dire fossés, ou de haies vives, et chaque particulier a sa barrière pour entrer dans son héritage ; ce terrain était, par conséquent, fort favorable à l’infanterie. […] La conquête de la Hollande, qui suivit le glorieux passage du Rhin et qui probablement eût été complète, si l’on avait songé plus tôt à s’assurer de Muyden, centre des écluses, eut son terme et son arrêt dans l’inondation soudaine qui noya tout le bas pays d’au-delà d’Utrecht et ferma l’abord d’Amsterdam : « La résolution de mettre tout le pays sous l’eau, dit à ce sujet Louis XIV, fut un peu violente ; mais que ne fait-on point pour se soustraire d’une domination étrangère !
Au retour du printemps, dès que la terre ne suffisait plus à ceux qui en vivaient, dès que la famille humaine devenait trop nombreuse, un essaim de jeunesse prenait son essor et s’envolait à la découverte, à l’aventure, vers des pays ou le soleil s’annonçait plus beau. […] Ceux qui ont vécu dans les montagnes, au voisinage des glaciers, savent que chaque chose a son nom ; les habitants du pays ou, à leur défaut, les savants, ont tout observé, tout nommé. […] Au milieu de toutes les merveilles qui ont captivé son attention, il a choisi, pour les reporter dans son pays, les choses les plus utiles : une collection de médicaments, un choix de livres arabes sur la religion, le droit, l’histoire et la littérature, un assortiment d’outils de professions les plus ordinaires, et spécialement des instruments agricoles, des pelles et des pioches pour creuser des puits, et des poulies pour en tirer l’eau. […] Son ambition, avant de mourir, après avoir accompli le pèlerinage de la Mecque, est de consacrer sa fortune à poursuivre l’œuvre commencée par son père : doter les routes de son pays de puits utiles aux voyageurs. » Si l’on peut se figurer un moment qu’on soit Touâreg, on ambitionnerait d’être le cheik Othman, c’est-à-dire celui qui désire que les hommes, si séparés qu’ils soient, s’entendent pour le bien et se donnent la main. […] On prendra idée de ce pays de famine lorsqu’on saura qu’ils ont trouvé moyen de faire un aliment de la graine de coloquinte.
Écoutons, sur ce passage du Saint-Bernard, Napoléon lui-même : « Le Premier consul montait, dans les plus mauvais pas, le mulet d’un habitant de Saint-Pierre, désigné par le prieur du couvent comme le mulet le plus sûr de tout le pays. » Voilà bien la différence de la réalité au tableau, ou plutôt de la déclamation à la vérité. […] Sans eux, ce beau pays ne pourrait entretenir aucune communication avec la Syrie, l’Arabie, les oasis… Détruire les Bédouins, ce serait, pour une île, détruire tous les vaisseaux, parce qu’un grand nombre sert à la course des pirates. […] cela est bien vrai. » Après l’insurrection du Caire, Napoléon ne se départit point de ce système de protection pour les anciens chefs religieux du pays. […] Il ne parle que des fautes militaires de ce saint roi : « Il passa huit mois à prier, lorsqu’il eût fallu les passer à marcher, combattre et s’établir dans le pays. » On ne peut s’empêcher de sourire. […] L’analogie et la vérité des descriptions étaient frappantes ; elles conviennent encore à ce pays, après tant de siècles et de vicissitudes. » Il y eut là un moment où cette grande destinée faillit se détourner à jamais ; une victoire de plus pouvait la faire verser du côté de l’Asie.
Il a adopté de bonne heure certaines idées, certains systèmes, et par toutes les voies, par la plume, par la parole, dans la chaire, à la tribune, au pouvoir et hors du pouvoir, il n’a rien négligé pour les faire prévaloir et pour les naturaliser dans notre pays. […] Dès l’avènement de la Restauration, il sentit que, sous un gouvernement non militaire, qui admettait le droit de discussion et la parole, il était de ceux que leur vocation naturelle et leur mérite appelaient à compter dans les affaires et dans les délibérations du pays. […] Par exemple, on a beaucoup parlé, sous le précédent régime constitutionnel, du pays légal : « Le pays légal est pour nous, nous avons le pays légal. » Où cela a-t-il mené ? […] En France, c’est à d’autres instincts encore qu’il faut s’adresser, c’est à d’autres fibres qu’il faut se prendre pour tenir même le pays légal. […] Est-il besoin de rappeler à l’éminent historien, qui a connu et manié les deux pays, ces différences essentielles de génie et de caractère ?
L’histoire générale des langues a depuis longtemps amené à constater ce fait remarquable que, dans tous les pays où s’est produit quelque mouvement intellectuel, deux couches de langues se sont déjà superposées, non pas en se chassant brusquement l’une l’autre, mais la seconde sortant par d’insensibles transformations de la poussière de la première. […] Il serait possible, en prenant l’une après l’autre les langues de tous les pays où l’humanité a une histoire, d’y vérifier cette marche, qui est la marche même de l’esprit humain. […] Elle devient en un mot classique, sacrée, liturgique, termes corrélatifs suivant les divers pays où le fait se vérifie et désignant des emplois qui ne vont pas d’ordinaire l’un sans l’autre. […] Le modèle de l’éducation philologique est tracé dans chaque pays par l’éducation qu’a subie la langue vulgaire pour arriver à son ennoblissement.
Lettres portugaises [Le Pays, 1er février 1854.] […] En France, surtout, c’est presque impossible… Le courage contre tout le monde n’est pas connu dans ce pays… Or, tout le monde a, pour une raison ou pour une autre, contribué de sa propre badauderie à ces réputations qui semblent être des préjugés venus en pleine terre, mais cultivés en pot par des gens d’esprit, et même par des connaisseurs, comme des capucines par des grisettes. […] Elle vivait au loin, dans son pays, au fond du cloître qu’elle avait souillé, et à peine si ceux qui lisaient ses lettres en France savaient son nom étranger. […] Dans ces pages qu’on dirait écrites par quelque plaintive Aïssé du xviiie siècle, et non par une fille des sanctuaires fermés du Seigneur, on cherche en vain la Portugaise, la femme de ce pays où le soleil et la Dévotion font bouillir ces têtes virginales sous leurs frais et chastes bandeaux de lin, et les préparent aux incendies intérieurs et aux ravissements de l’extase.
De ces arrêts en vain notre raison murmure ; Nous sommes les ultras de la littérature ; Et, comme en tous pays les ultras sont des fous, Dans Paris, sans façon, l’on se moque de nous. […] Par mon ingrat pays, fut en vain adopté L’arrêt que Malezieu contre nous a porté. Avant que dix moissons dans nos champs soient coupées, Mon pays subira quinze ou vingt épopées. […] Que m’importe après tout que mon pays ait tort ?
C’est ainsi, qu’à l’heure actuelle, le prolétariat de tous les pays tend à solidariser ses intérêts, indépendamment et au-dessus parfois des distinctions nationales qui classent ses membres parmi des groupes nationaux différents. […] Cet état de choses a donné lieu, à la suite du nombre croissant des naturalisations, à la formation d’un groupe important de nouveau-venus qui apportent de leurs pays d’origine une hérédité, des traditions, des coutumes et des idées morales, différentes de celles qui ont été élaborées chez nous au cours des siècles. […] Venus souvent de pays moins riches, ils apportent des exigences moindres : ouvriers, commerçants, industriels, banquiers, ils rendent plus ardue la concurrence pour le gain, et sont un élément qui s’ajoute aux complications de la question économique. […] Ils apportent dans ces carrières une activité qui peut être un gain pour la collectivité ; mais s’ils viennent à prévaloir dans les divers domaines qui touchent à la haute direction, du pays, le pays de ce fait va courir un risque : celui de se voir appliqué, d’une, façon plus ou moins sensible, un ensemble de mesures où se trahira une conception morale et politique empruntée à une autre hérédité sociale, où se trahira tout au moins l’ignorance de la coutume nationale. […] À désigner d’une façon plus précise et plus concrète le groupe particulier pour lequel cette idée, générale est, en tout temps et en tout lieu, une altitude utile, en antagonisme avec l’attitude d’utilité spéciale à tout groupe national, on est amené, d’un point de vue d’observation positive, à nommer le peuple juif, nouveau-venu dans tous les pays du monde.
On n’avait point encore imaginé de soutenir la curiosité par une intrigue romanesque ; l’intérêt des aventures particulières dépend absolument du rôle que jouent les femmes dans un pays. […] Le spectateur entre tout à fait dans l’illusion de la tragédie ; il s’intéresse assez au héros de la pièce, pour comprendre des mœurs étrangères, pour se transporter dans des pays entièrement nouveaux. […] Aristophane n’a composé que des pièces de circonstance, parce que les Grecs étaient extrêmement loin de la profondeur philosophique, qui permet de concevoir une comédie de caractère, une comédie qui intéresse l’homme de tous les pays et de tous les temps.
Un tel pays fait des montagnards sveltes, actifs, sobres, nourris d’air pur. […] D’autre part, si la Grèce est un pays de montagnes, elle est aussi un pays de côtes. […] Retournons dans le pays et nous verrons le second s’ajouter au premier. […] C’est un beau pays qui tourne l’âme vers la joie et pousse l’homme à considérer la vie comme une fête. […] Il semble qu’en ce pays il n’y ait point d’hiver.
Il ne craint pas, dit-il, d’aller contre l’opinion commune, et dût-il être poursuivi par l’Attorney-général, il avouera que dans la situation extérieure et intérieure du pays, il ne voit aucune nécessité absolue d’extirper le christianisme en Angleterre. […] C’est acheter la paix publique à bon marché que de laisser se déchirer, pour des rites religieux, des hommes qui autrement s’attaqueraient aux lois du pays. […] Il trouva les Whigs dans les plus vives alarmes ; ils occupaient encore quelques positions dans le ministère, mais ils chancelaient dans le pays. […] L’état déplorable de ce pays, l’oppression politique et industrielle de ces populations misérables, l’indignèrent et lui offrirent une nouvelle occasion de jouer un grand rôle dans le monde. […] Les mêmes vices et les mêmes folies règnent partout ; du moins dans tous les pays civilisés d’Europe ; et l’auteur qui n’écrit que pour une ville, une province, un royaume ou même un siècle, mérite si peu d’être traduit qu’il ne mérite pas d’être lu.
Partout, en tout temps, en tout pays, dans l’antiquité comme dans les temps modernes, dans les pays civilisés comme dans les pays sauvages, on le trouve au pied des autels, les uns vénérables, les autres ignobles ou sanguinaires. […] Que pouvait-il y avoir de commun entre un jeune soldat qui venait d’étouffer la dernière étincelle de liberté représentative dans son pays, et qui méditait déjà la suppression du Tribunat, comme il avait accompli l’asservissement par l’épée du Corps législatif, et le tribun aristocratique et quelquefois démagogique de l’Angleterre, qui avait inoculé par tous ses discours les doctrines et même les anarchies de la Révolution française à son pays ? […] Dans un pays qui ne pouvait pas se passer d’une autorité forte et créatrice, il était légitime de prétendre au pouvoir suprême, quand on était le plus grand homme de son siècle et l’un des plus grands hommes de l’humanité. […] Pitt sort de sa retraite au cri du péril public, et retrempe l’âme de son pays dans la sienne. […] Entre l’innocence d’un grand citoyen qui s’abstient de toute convoitise violente de domination sur son pays et la fondation d’un trône, il n’y avait pour lui que timidité et inconséquence.
L’organisation de la puissance publique, qui excite ou comprime l’ambition, rend telle ou telle religion plus ou moins nécessaire, tel ou tel code pénal trop indulgent ou trop sévère, telle étendue de pays dangereuse ou convenable ; enfin c’est de la manière dont les peuples conçoivent l’ordre social, que dépend le destin de la race humaine sous tous les rapports. […] Ne serait-il pas possible qu’un grand pays, loin d’être un obstacle à un tel état de choses, fut particulièrement propre à sa stabilité ? […] Il ne peut pas y avoir d’usurpateur dans un pays où il faudrait que le même homme ralliât l’opinion à lui, depuis le Rhin jusqu’aux Pyrénées ; l’idée d’une constitution, d’un ordre légal consenti par tous, peut seule réunir et frapper à distance. Le gouvernement dans un grand pays a pour appui la masse énorme d’hommes paisibles ; cette masse est beaucoup plus considérable à proportion même, dans une grande nation, que dans un petit pays. Les gouvernants dans un petit pays sont beaucoup plus multipliés par rapport aux gouvernés, et la part de chacun, à une action quelconque, est plus grande et plus facile : enfin, si l’on répétait d’une manière vague, qu’on n’a jamais vu une constitution fondée sur de telles bases, qu’il vaut mieux adopter celles qui ont existé pendant des siècles ; on pourrait demander de s’arrêter à une réflexion qui mérite, je crois, une attention particulière.
Là, en pays de vignobles622, chaque année « les vignerons sont en grande partie réduits à mendier leur pain dans la saison morte ». […] Dans les correspondances manuscrites, je vois les syndics et maires de village estimer la quantité des subsistances locales, tant de boisseaux dans les greniers, tant de gerbes dans les granges, tant de bouches à nourrir, tant de jours jusqu’aux blés d’août, et conclure qu’il s’en faut de deux, trois, quatre mois pour que l’approvisionnement suffise. — Un pareil état des communications et de l’agriculture condamne un pays aux disettes périodiques, et j’ose dire qu’à côté de la petite vérole qui, sur huit morts, en cause une, on trouve alors une maladie endémique aussi régnante, aussi meurtrière, qui est la faim. […] Vous n’en serez pas étonné dans un tel pays… On a soin de les marier d’aussi bonne heure que les grands seigneurs », sans doute par crainte de la milice. « Mais le pays n’en est pas plus peuplé, car presque tous les enfants meurent. […] Une femme avec deux enfants au maillot, « sans lait, sans un pouce de terre », à qui l’on a tué ainsi deux chèvres, son unique ressource, une autre à qui l’on a tué sa chèvre unique et qui est à l’aumône avec son fils, viennent pleurer à la porte du château ; l’une reçoit douze livres, l’autre est admise comme servante, et désormais « ce village donne de grands coups de chapeau, avec une physionomie bien riante » En effet, ils ne sont pas habitués aux bienfaits ; pâtir et le lot de tout ce pauvre monde. « Ils croient inévitable, comme la pluie et la grêle, la nécessité d’être opprimés par le plus fort, le plus riche, le plus accrédité, et c’est ce qui leur imprime, s’il est permis de parler ainsi, un caractère de souffre-douleur. » En Auvergne, pays féodal, tout couvert de grands domaines ecclésiastiques et seigneuriaux, la misère est égale. […] (Il ne s’agit ici que des pays d’élection ; mais, dans les pays d’états, l’augmentation n’est pas moins forte.) — Archives nationales, H2, 1610 (paroisse du Bourget, en Anjou).
Mignet, que Calvin fit une doctrine exagérée de logiciens un culte et une morale de puritains, et un gouvernement de démocrates… Il prépara dans Genève une croyance et un gouvernement à tous ceux en Europe qui rejetteraient la croyance et s’insurgeraient contre le gouvernement de leur pays. […] Calvin ne perfectionna pas seulement en l’enrichissant, la langue générale ; il créa une langue particulière dont les formes très-diversement appliquées n’ont pas cessé d’être les meilleures parce qu’elles ont été tout d’abord les plus conformes au génie de notre pays, je veux dire, la langue de la polémique. […] Outre la gloire d’être la langue du culte chrétien, la langue dans laquelle toute l’Europe du moyen âge avait prié et pensé, le latin, expression de la loi civile, des actes publics, et en général de tout ce qui règle, discipline et lie, s’adaptait mieux au génie de notre pays. […] Je m’étonne donc peu qu’une grande partie de la France ait été d’abord calviniste, et que le reste ait eu la tentation de le devenir tant ce génie sérieux, logique, cet esprit de discipline, cette gravité sont conformes à l’esprit de notre pays ! […] L’esprit du radicalisme, dans les autres pays, paraît être l’effet du malaise de la société qui aigrit ceux qui en souffrent, et les emporte au-delà des bornes ; en France, ce n’est que l’esprit logique poussé jusqu’à l’absurde.
Dans ses deux années de séjour en Angleterre, il avait formé et laissé d’illustres amitiés ; il y avait joui en pleine liberté de tout ce qu’on lui disputait dans son pays. […] Quel livre nous laisse plus justement fiers de la place que s’est faite notre pays dans le monde, et plus jaloux de la garder ? […] Tant qu’il sera un livre d’enseignement, je n’ai pas peur que les Français aiment médiocrement leur pays. […] L’admiration pour le dix-septième siècle est une des forces morales de notre pays ; à qui nous l’a enseignée le premier il faut beaucoup pardonner. […] On dirait un historien musulman qui se félicite de voir son pays nettoyé de la présence des barbares.
Après deux années d’université, il fit son tour du continent, selon l’usage des jeunes seigneurs de son pays. […] En un mot, lord Chesterfield, de tout temps homme politique considérable dans son pays, soit comme l’un des chefs de l’opposition, soit comme diplomate habile, ne fut jamais ministre dirigeant, ni même ministre très influent. […] Il s’agissait encore de Voltaire, au sujet de sa tragédie de Mahomet et des hardiesses qu’elle renferme : Ce que je ne lui pardonne pas, et qui n’est pas pardonnable, écrivait Chesterfield à Crébillon, c’est tous les mouvements qu’il se donne pour la propagation d’une doctrine aussi pernicieuse à la société civile que contraire à la religion générale de tous les pays. Je doute fort s’il est permis à un homme d’écrire contre le culte et la croyance de son pays, quand même il serait de bonne foi persuadé qu’il y eût des erreurs, à cause du trouble et du désordre qu’il y pourrait causer ; mais je suis bien sûr qu’il n’est nullement permis d’attaquer les fondements de la morale, et de rompre des liens si nécessaires et déjà trop faibles pour retenir les hommes dans le devoir. […] Lord Chesterfield lui-même, aux yeux des puritains de son pays, a été accusé, je dois le dire, d’avoir fait brèche à la morale dans les lettres adressées à son fils.
Le Retour de la fête de la Madone était la scène figurative du printemps et se rapportait au pays de Naples, qui gardait de la gaieté et de l’enchantement de la Grèce. […] C’est encore un pays tout neuf et qui conserve beaucoup du caractère étrusque, mêlé avec celui de la Renaissance qui plaît toujours tant. […] Mais pour pouvoir laisser travailler mon imagination avec sûreté, j’aimerais connaître le pays où j’ai l’intention de placer cette scène. […] C’est autre chose que mes brigands de Sonnino, et je suis sûr qu’en restant dans le pays, on ferait les choses avec bien plus de caractère, bien plus larges, d’un plus beau style, plus original en tout, plus riche de couleurs. […] Quand on arrive comme moi dans un pays dont on veut rendre le caractéristique, avant de pouvoir le rendre, il faut faire un véritable travail long et pénible.
Elle fut jadis très peuplée, « mais les guerres civiles du seizième siècle et surtout l’émigration des protestants l’ont rendue déserte, au point que, de 3 000 habitants qu’elle renfermait, il s’en trouve actuellement à peine 300802 ; c’est le sort de toutes les villes du pays ». […] Le château de Blet n’a pas été habité depuis 1748 ; aussi presque tous les meubles sont pourris et hors d’usage ; ils valaient 7 612 livres en 1748 ; ils ne sont plus estimés qu’à 1 000 livres. « Le moulin à eau occasionne presque autant de dépense qu’il produit de revenu. » — « On ne connaît point l’usage de la chaux pour l’engrais des terres labourables », et pourtant « dans le pays la chaux est à vil prix ». […] La terre de Blet, suivant l’usage du pays pour les terres nobles, est évaluée au denier 25, c’est-à-dire 373 060 livres, dont il faut défalquer un capital de 65 056 livres représentant les charges annuelles (portion congrue du cure, réparations, etc.), non comprises les charges personnelles comme les vingtièmes. […] La terre des Brosses est, suivant l’usage du pays, évaluée au denier 22, car elle cesse d’être noble par le transport des droits de fief et justice à celle de Blet. […] Clairvaux est porté dans la France ecclésiastique à 9 000, et dans Waroquier (État général de la France en 1789) à 60 000 D’après Beugnot, qui est du pays et homme d’affaires, l’abbé a de 300 à 400 000 livres de rente.
La convenance, la noblesse, la pureté du langage ajoutent beaucoup dans tous les pays, et particulièrement dans un état où l’égalité politique est établie, à la considération de ceux qui gouvernent. […] Lorsque les premiers magistrats d’un pays possèdent cette puissance, elle forme un lien volontaire entre les gouvernants et les gouvernés. […] Quand un Américain, en annonçant la mort de Washington, disait : Il a plu à la divine Providence de retirer du milieu de nous cet homme, le premier dans la guerre, le premier dans la paix, le premier dans les affections de son pays , que de pensées, que de sentiments étaient rappelés par ces expressions ! Ce retour vers la Providence ne nous indique-t-il pas qu’aucun ridicule n’est jeté dans ce pays éclairé, ni sur les idées religieuses, ni sur les regrets exprimés avec l’attendrissement du cœur. Cet éloge si simple d’un grand homme, cette gradation qui donne pour dernier terme de la gloire les affections de son pays, fait éprouver à l’âme la plus profonde émotion.
II Nés, d’appellation, en Angleterre, les Bas-bleus sont de tous les pays. […] En France, où ils se sont multipliés d’une manière si prodigieuse, qu’on peut croire que leur nombre l’emporte sur celui de tous les autres pays de l’Europe, en France, pays salique, encore plus de mœurs que de monarchie, et où le mot de littératrice n’était pas français, les Bas-bleus, avant ces derniers temps, n’existaient presque pas. Quand on en trouve un, comme Mlle Scudéry, par exemple, on s’arrête surpris de ce vilain phénomène dans le pays de la Légèreté et de la Grâce. […] À deux ou trois ans de la prédication saint-simonienne, parurent les premiers romans de Mme Sand qui firent tant de bruit et trouvèrent tant de feuilletonistes à leur service, évidemment parce que l’auteur était femme et femme en rupture de ban du mariage, un inappréciable avantage en France, ce pays de mauvais sujets !
Presque tous les écrivains d’un pays et d’un siècle, poètes, orateurs, philosophes même, sont entraînés et formés par ce qui les entoure. […] Tels, dans leur siècle et leur pays, ont été, parmi les historiens, Tacite ; parmi les moralistes, Montaigne ; parmi les philosophes, Bacon ; parmi les poètes, Corneille ; et, à la fin du règne de Louis XIV, ce Fontenelle, dont le genre d’esprit, qui n’était qu’à lui, a été si critiqué et si loué pendant quatre-vingts ans. […] Son père, philosophe lui-même, l’envoya de bonne heure dans un petit pays situé auprès du Pont-Euxin. […] Ce pays, qui fait partie de la Géorgie, et qui instruisait autrefois des philosophes, n’est plus célèbre aujourd’hui que par la beauté de ses femmes, qu’il envoie aux sérails de Constantinople et d’Ispahan. […] Un autre s’appela Macédonien, parce qu’il avait fait de la Macédoine un vaste désert ; mais toi, prince, je veux que tu tires ton nom de la nation que tu as sauvée ; ainsi nous nommons les dieux, des pays qu’ils protègent. » Outre l’humanité et la clémence qui sont les premiers devoirs, l’orateur parcourt toutes les autres qualités du prince.
L’ennui n’est peut-être pas senti aux Indes, dans ce pays d’immobilité, d’yeux ouverts pendant que l’esprit dort, de cerveaux fermés sous les parasols ! […] Dans les vers de M. de l’Isle, cet ennui exotique a toute la richesse du pays qui le produit et il nous fait l’effet d’être gros comme un éléphant. […] Il y est allé conduit par l’instinct éveillé de la peinture et en passant par les ateliers, mais ce qui l’y a entraîné plus fort que la peinture elle-même, c’est le néant qui est en lui et qui lui faisait trouver sa vraie place dans le pays de l’anéantissement universel. […] Il a lu la Flore des Indes et les traductions récentes qu’on a faites de la difforme littérature de ce pays incompréhensible encore, s’il n’est pas, comme nous le croyons, insensé.
C’est à ce moment précis que se détermine l’avenir du pays. […] Le pays paraît soumis. […] Or, en pays germain, la foi nouvelle ne pénétra que fort tard — première différence. […] Les pays Scandinaves persistent jusqu’au douzième siècle dans la foi ancestrale. […] Quelques peuples audacieux entreprendront alors la colonisation des pays morts, mourants ou cacochymes, tels que seront alors les pays latins.
Section 19, qu’il faut attribuer aux variations de l’air dans le même païs la difference qui s’y remarque entre le génie de ses habitans en des siecles differens Je conclus donc de tout ce que je viens d’exposer, qu’ainsi qu’on attribuë la difference du caractere des nations aux differentes qualitez de l’air de leurs pays, il faut attribuer de même aux changemens qui surviennent dans les qualitez de l’air d’un certain pays les variations qui arrivent dans les moeurs et dans le génie de ses habitans. […] On ne sçauroit encore attribuer qu’aux changemens qui surviennent dans les qualitez de l’air dans le même pays la difference qui se remarque entre les moeurs et la politesse de divers siecles.
que le plus vulgaire des pays. […] Dupe, ou, pour dire un mot moins dur, victime du génie de Cooper, Ferry a cru qu’on pouvait reprendre la création achevée d’un immense artiste, et il ne s’est pas aperçu que dans Fenimore Cooper le véritable personnage, le vrai héros des poèmes que nous avons sous les yeux, c’est l’Amérique elle-même, la mer, la plaine, le ciel, la terre, la poussière enfin de ce pays qui n’a pas fait son peuple et qui est émietté par lui… Il n’a pas vu qu’en ôtant Bas-de-Cuir lui-même des romans de Fenimore, — cette figure que Balzac, qui avait le sens de la critique autant que le sens de l’invention, a trop grandie en la comparant à la figure épique de Gurth dans Ivanhoe et qui n’est guères que le reflet du colossal Robinson de Daniel de Foe, — il n’a pas vu qu’il n’y avait plus dans les récits du grand américain qu’une magnifique interprétation de la nature, que l’individualisation, audacieuse et réussie, de tout un hémisphère, mais que là justement étaient le mérite, la profondeur, l’incomparable originalité d’une œuvre qui n’a d’analogue dans aucune littérature. […] Le Coureur des bois (Pays, 31 décembre 1853) 9.
Il voit, dans une famille royale et héréditaire, le plus puissant organe de durée que puisse avoir un pays. […] D’un bout à l’autre des Mémoires de Bülow, cette Allemagne bismarckienne apparaît comme le pays de la discipline militaire. […] Beyens est écrit du style volontairement surveillé d’un agent qui veut d’abord renseigner avec précision les dirigeants de son pays. […] Il a subi aussi, et tout le pays avec lui, cette contagion de l’esprit de guerre — indiscutable autant qu’inexplicable. […] Celle même qui peut définir la constante action de notre pays.
Si, en passant à leur tour par cette route lente et difficultueuse qu’elle a glorieusement parcourue la première, les pays voisins nous offrent une répétition affaiblie du spectacle consommé chez nous ; si, dans les moyens, dans les arguments, il y a de leur part emprunts et redites, nous devons leur en savoir gré et redoubler envers eux de faveur, laissant de côté la prétention puérile d’auteurs originaux, et heureux, comme nation, de voir nos principes se répandre et triompher. […] Au tour d’imagination et de poésie figurative qui est particulier à son pays, il unit une prestesse et une pointe de raillerie véritablement françaises, qu’il semble avoir acquises dans le commerce assidu de Voltaire. […] Bœrne une jeunesse naïve qu’on envie ; il est heureux d’admirer la France, de l’offrir en exemple à son pays.
En général, dans les pays de grandes fermes, le propriétaire touche 10 livres par arpent si la culture est très bonne, 3 livres si elle est ordinaire. Dans les pays de petites fermes et de métayage, il touche par arpent 15 sous, 8 sous et même 6 sous C’est que tout le profit net va au Clergé et au Trésor. […] En tout pays, le fisc a deux mains, l’une apparente, qui directement fouille dans le coffre des contribuables, l’autre qui se dissimule et emploie la main d’un intermédiaire, pour ne pas se donner l’odieux d’une nouvelle extorsion. […] Un chirurgien non apothicaire, un fils de famille de quarante-cinq ans, commerçant, mais demeurant chez son père et en pays de droit écrit, échappent à la collecte. […] Et le pain dans ce pays stérile est déjà trop cher !
Ces jeunes gens, épris d’Homère et de Virgile, nés eux-mêmes avec le don des vers, avaient rêvé pour leur pays, appelé pour la première fois par eux du beau mot latin patria, une poésie égale à celle de ces pères de toute poésie. […] Nous ne pouvons imiter des anciens que les vérités générales, qu’on n’imite pas, mais que chaque grande nation exprime à son tour dans la langue de son pays. […] Qu’est-ce qui nous fait nous tourner vers eux, sinon le bruit qu’ils font et l’admiration qu’ils excitent dans leur pays ? […] En sorte que nous imiterions de ces auteurs les seules choses qui ne conviennent pas au goût de notre pays. […] Il eut une noble ambition pour la langue française, « qu’il vouloit pousser, disait-il, dans les pays étrangers », et il enseigna divers moyens pour l’enrichir.
[Le Pays, 13 mai 1857.] […] « La France. — nous dit Villemain — n’entend pas déchoir du rang éminent où l’intelligence l’a mise en Europe. » Mais qui pense à faire déchoir le pays des vainqueurs de Sébastopol ? […] [Le Pays, 6 octobre 1859.] […] En France, ce pays positif, vous ne savez pas à quel point on l’aime ! […] L’histoire de la tribune moderne est donc, en fin de compte, toute l’histoire moderne, dans un pays où il y a une tribune comme l’Angleterre et comme la France.
Mes amis, mes amis, Soyons de notre pays. […] Mais, aussitôt après cet holocauste de notre malheureuse armée, sa voix s’attriste et se résigne ironiquement au deuil patriotique de son pays. […] Jamais un pays ne se personnifia davantage dans son poète. […] Je ne puis donc à aucun prix me rallier à votre gouvernement autrement qu’en votant et en parlant à la Chambre dans l’intérêt impartial de mon pays. […] Il avait trop de goût pour être impie ; il avait trop d’âme pour être sans conversation dans la langue des soupirs avec le pays des âmes.
Mais dans aucun pays cette tendance de l’esprit féminin n’a eu d’aussi fâcheux résultats que chez nous. […] Je cite à dessein ces deux pays si opposés pour qu’on ne m’objecte pas la différence de race et de climat. […] Évidemment le Pays n’est pas difficile en fait de liberté. […] Dieu me garde de contester la place que mon pays occupe parmi les nations ! […] Mouton s’est abandonné, il reste encore une situation déplorable pour ce malheureux petit coin de pays.
L’auteur des Voyages en Chine et au Thibet, par cela même qu’il y avait vécu et séjourné longtemps, était donc aussi apte qu’on pouvait l’être à nous écrire une histoire complète de ces deux pays, ou même de l’Asie, dont ces deux pays sont les clefs. […] Ce grand homme mort, l’empereur chinois reprenait son pli, ses préjugés, ses défiances, et le Christianisme, qui a besoin d’être soutenu dans un pays où l’autorité du souverain crée l’opinion, retombait. […] Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet (Pays, 31 mars 1857).
La vie de Washington, c’est-à-dire une biographie où l’Histoire s’enfonce jusqu’aux dernières profondeurs de l’âme d’un grand homme qui explique, à lui seul, plus que tout le reste, la création politique de son pays. […] Tisserands ignorés qui ont travaillé à la trame de l’histoire de leur pays, sur laquelle ils brodèrent les noms des hommes plus grands qu’eux, Guizot les a étudiés comme les plus grands, tant il est vrai que rien n’est à mépriser dans l’Histoire ! […] En effet, excepté ce grand comte de Clarendon, qui occupe dans l’histoire de son pays — dit Guizot — une place presque aussi large que Cromwell, tous les personnages que l’illustre historien évoque aux regards de notre esprit dans ses études biographiques sont des hommes morts à jamais dans le souvenir de ceux qui, comme la postérité prise en masse, ne voient et ne peuvent se soucier que des résultats généraux et des hommes qui les représentent. […] Mais si, le principe ôté, nous ne voyons plus dans l’histoire de la Révolution d’Angleterre que les sentiments et la moralité des hommes, je l’exalterai, je la glorifierai en la comparant aux origines matérialistes et fatales de la Révolution de mon pays !
D’ailleurs, il est un défaut de mon pays pour lequel je me sens une irrésistible faiblesse. […] Henri Mürger souffrit les mêmes souffrances qu’Hégésippe Moreau et si même son talent ne rencontra pas le même hasard de culture, si par ce côté-là il fut plus à plaindre que le poète de Provins, qui avait toutes les roses de son pays dans sa pensée, l’auteur de la Vie de Bohême eut tout de suite l’applaudissement collectif autour de son nom, et, plus tard, le temps de jouir d’une petite gloire, tandis que le pauvre Hégésippe n’a jamais fait manger à sa faim l’applaudissement de personne, pour la calmer. […] Puisqu’on l’a nommé l’Henri Heine aussi bien que le Sterne du Pays Latin et que son latin, il l’apprit beaucoup dans ces deux hommes qu’il nous a vulgarisés et débraillés, je reconnais encore mieux le Heine que le Sterne, quoique cet Heine-là soit encore plus Alfred de Musset ! […] Ce n’est plus qu’une guitare, et encore une guitare des cafés du Pays Latin, car jamais M.
Je m’imagine que dans ce moment, le père devait approcher de son fils, et lui dire : « Tu vois dans quel pays tu es né, et comme on y honore tout ce qui est grand ; et toi aussi, mérite un jour que ton pays t’honore. » Ainsi, chez les Grecs, de quelque côté qu’on jetât les yeux, on trouvait partout des monuments de la gloire ; les rues, les temples, les galeries, les portiques, tout donnait des leçons aux citoyens. […] On sait que, seul et sans secours, il fit trembler Philippe ; qu’il combattit successivement trois oppresseurs ; que, dans l’exil même, il fut plus grand que ses concitoyens n’étaient ingrats ; qu’il pensa, parla, vécut toujours pour la liberté de son pays, et travailla quarante années à ranimer la fierté d’un peuple devenu, par sa mollesse, le complice de ses tyrans. […] Les guerriers de la Grèce, après avoir lu ou entendu de pareils discours, devaient être plus enflammés que dans les pays où le soldat mercenaire, méprisé et payé, combat sans vertu, meurt sans gloire, essuie le dédain pendant sa vie, et l’oubli après sa mort.
Les Grecs sortant de leur pays pour se répandre dans le monde, la géographie alla s’étendant jusqu’à ce qu’elle atteignit les limites que nous lui voyons aujourd’hui. […] Hérodote raconte qu’autrefois les Maures furent blancs, ce qu’on ne peut entendre que des Maures de la Grèce, dont le pays est appelé encore aujourd’hui la Morée blanche. — Les Grecs avaient d’abord appelé Océan toute mer d’un aspect sans bornes, et Homère avait dit que l’île d’Éole était ceinte par l’Océan. […] Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine. […] Ce nom d’Ara dut s’étendre à tout le pays dépendant de chaque cité héroïque, lequel s’appelait aussi Ager, lorsqu’on le considérait sous le rapport des limites communes avec les cités étrangères, et territorium sous le rapport de la juridiction de la cité sur les citoyens.
[Le Pays, 23 août 1859.] […] et on parlait pour lui de cette estime qui est presque une injure, dans ce pays de vanité folle où les moindres sots ont leurs admirateurs ! […] [Le Pays, 29 mars 1859.] […] En Angleterre, où l’on souffre les distinctions et où la beauté de Byron passa sans révolter personne, ce sentiment d’envie n’a pas donné le succès sur lequel on comptait et qu’il aurait donné en France, par exemple, dans ce pays de l’égalité, ou être plus beau que les autres est contraire à la loi et au sentiment public. Mais rassurons-nous, cependant, les âmes basses, qui sont de tout pays, ont très voluptueusement pourléché leur bassesse en pensant aux jambes de Byron, qui les ont vengées de sa beauté, encore plus insupportable que son génie !
Un enfant de mon pays, un jeune homme qui boit comme moi les eaux de la Durance et du Rhône, est ici, chez moi, en ce moment. […] C’est ce pays qui a fait le poème : on peint mal ce qu’on imagine, on ne chante bien que ce que l’on respire. […] Un pays est devenu un livre ; ouvrons le livre, et suivez-moi. […] Le poète trace rapidement en traits proverbiaux du pays le portrait du beau villageois ambulant et son caractère. […] Enfin l’amoureux propose à Mireille de le suivre au pays de la Camargue, où l’on entend la mer à travers les rameaux sonores des pins.
Les nouvelles du pays bourguignon (Le Choix d’une Maîtresse) de M. […] L’Océan lointain des toits et des murailles de la ville luisait comme un pays héroïque et fabuleux. […] L’œuvre colonisatrice ne devient-elle pas admirable lorsqu’elle s’efforce à faire pénétrer le génie français dans les pays indigènes ? […] À rester chez soi, à jouir de la fortune d’un pays, on laisse son cerveau s’ankyloser. […] Après le Pays Natal, il a montré par le Lac Noir qu’il pouvait, tout comme un autre, prétendre à la couleur.
Pris d’une passion très vive pour une personne qu’il a chantée et qu’il ne pouvait obtenir, il quitta son pays pour se distraire et passa en Angleterre à la cour de la reine Philippe de Hainaut, femme d’Édouard III. […] S’il y a en Écosse ou ailleurs au loin quelque chevalier qui peut le bien renseigner sur tel ou tel fait de guerre qui s’est passé en ces pays étrangers, messire Jean Froissart monte à cheval, sur son cheval gris, et tenant un blanc lévrier en laisse, il va interroger et questionner quiconque le saura compléter sur une branche d’événements qu’il ignore. […] Il s’est laissé aller un peu longuement, dit-il, à raconter les événements et les choses nouvelles qui étaient voisines de lui et qui inclinaient à son plaisir, et pourtant le bruit des exploits qui se passent en pays lointains le préoccupe : il se sent arriéré et veut se remettre au pas de ce côté : Et pour ce, dit-il, je, sire Jean Froissart qui me suis chargé et occupé de dicter et écrire cette histoire, considérai en moi-même que nulle espérance n’étoit qu’aucuns faits d’armes se fissent aux pays de Picardie et de Flandre, puisqu’il y avoit paix ; et point ne voulois être oiseux, car je savois bien qu’encore au temps à venir et quand je serai mort, sera cette haute et noble histoire en grand cours et y prendront tous nobles et vaillants hommes plaisance et exemple de bien faire ; et, tandis que j’avois, Dieu merci ! […] Ses premières et très étroites liaisons avec l’Angleterre, les bienfaits qu’il reçoit de la reine Philippe de Hainaut et de son époux, tout semble le rendre un peu partial pour ce pays ; et de même il est difficile qu’étant lié et obligé à tant de seigneurs, il n’ait pas payé de retour leurs bienfaits et leurs largesses, ou même simplement leurs bonnes informations, en leur accordant une trop belle place dans ses récits. […] Dans ce pays qui a conservé sans interruption le culte du gothique fleuri et de la noblesse chevaleresque, Froissart n’a pas cessé d’être apprécié, ou du moins il a de bonne heure retrouvé des lecteurs d’élite et des admirateurs, non pas seulement chez les savants et les érudits comme en France, mais chez les hommes de lettres et les curieux délicats.
Les Grisons, alliés des cantons suisses, possédaient en Italie la Valteline, pays d’importance au point de vue militaire, puisqu’il donne le passage entre l’Allemagne et le Milanais, et qu’il pouvait servir à la jonction des deux bras de la maison d’Autriche. […] Il s’agissait de trouver un personnage qui les poussât et les guidât, « adroit à manier les peuples, agréable aux Grisons (la plupart protestants) », propre « à remettre ces gens-là peu à peu et à regraver dans leurs esprits la dévotion qu’ils commençaient à perdre pour les Français, et qui fût de tel poids, qu’il pût être en ce pays comme garant et caution de son maître », sans que le nom de ce maître fût mis d’abord trop en montre. Il fallait surtout que ce fût un sujet auquel la république de Venise pût prendre confiance et qu'elle eût en estime. » Enfin Rohan était la définition vivante de l’homme très compliqué qu’il fallait à ce moment-là en un tel pays. […] On dit que, la circonspection continuant à dominer Rohan, il était d’avis d’une retraite et d’évacuer le pays, mais que le marquis de Montausier (frère aîné de celui qui s’est illustré depuis sous ce nom), un de ses lieutenants les plus distingués, et qui avait reconnu de près la position de l’ennemi, insista vivement pour l’attaque. […] Qu’on l’aide un peu du côté de France, qu’on le renforce d’infanterie et de cavalerie pour garder les passages, qu’on le secoure surtout d’argent, ce nerf de la guerre, et plus nécessaire encore au pays des Grisons ; que le duc de Savoie aussi veuille bien l’épauler, et Rohan, à la tête de 4000 hommes de pied et de 500 chevaux, son idéal de petite armée, répond d’entrer dans le Milanais avec des desseins tout mûris, de s’emparer de Lecco et de Côme, et maître de tout le lac, ruinant le fort de Fuentes qui en est la porte du côté de la Valteline, de condamner les Allemands à n’avoir plus que le passage du Saint-Gothard pour entrer dans le nord de l’Italie.
L’auteur, évidemment, a beaucoup vécu à la campagne et dans le pays normand qu’il nous décrit avec une vérité incomparable. […] Il se décide pour Tostes, petit pays non loin de Dieppe ; on le marie à une veuve bien plus vieille que lui, et qui a, dit-on, quelques rentes. […] Enfin une espèce de maladie la prend, que l’on qualifie de maladie nerveuse ; c’est comme une nostalgie, le mal du pays inconnu. […] Le nouveau pays où l’on s’installe, et qui confine à la Picardie, « contrée bâtarde où le langage est sans accentuation comme le paysage sans caractère », est décrit avec une vérité non flatteuse ; le gros bourg et les principaux habitants, le curé, le percepteur, l’aubergiste, le sacristain, le notaire, etc., y sont pris sur le fait et restent fixés dans la mémoire. […] Dès le jour de leur arrivée, M. et Mme Bovary, en descendant au Lion d’or, font connaissance avec quelques-uns des principaux du pays ; mais, parmi les habitués de l’auberge se trouve un petit clerc de notaire, M.
En se montrant étranger à ces mœurs de sociétés, on se classait comme inférieur ; et l’infériorité du rang est de mauvais goût dans un pays où il existe des rangs. […] Dans un pays où il y aura de la liberté, l’on s’occupera beaucoup plus souvent, en société, des affaires politiques que de l’agrément des formes et du charme de la plaisanterie. […] Mais la parure de la vérité dans un pays libre, est d’accord avec la vérité même. […] L’on n’est point astreint, dans un pays libre, à se renfermer toujours dans le cercle des mêmes opinions, et la variété des formes n’est point nécessaire pour cacher la monotonie des idées. […] Mais comment retrouverait-on l’image pure et fière d’une femme, dans un pays où les relations de société ne seraient pas surveillées par la plus rigoureuse décence ?
Vous avez vu, de vos yeux de dilettante occidental épris de pittoresque, danser la upa-upa à Tahiti ; vous avez vu glisser les danseuses birmanes pareilles à des chauves-souris… ; et vous avez pleuré sur des aïeules, sur des enfants qui meurent ou sur des amants qui se séparent, avec le meilleur de votre âme, la partie la plus naïve et la plus saine de vous, et du même cœur que vous aimez votre mère ou votre pays natal. […] Il aime des femmes de tous les types et de tous les genres de beauté dans tous les pays du monde : Aziyadé, Rarahu, Pasquala, Fatougaye : et chaque fois il connaît l’orgueil et le délice d’être aimé absolument, jusqu’à la mort. […] Et les bons missionnaires, préoccupés d’une seule idée, hantés de leur rêve d’évangélisation, ne voient guère mieux les « pays étranges ». […] Les sujets ne pouvaient guère être que des histoires d’amour avec les femmes des différents pays que traverse le poète : amour sensuel et rêveur, amour absolu chez la femme ; amour curieux, orgueilleux, parfois cruel chez l’homme. […] Et c’est pourquoi, quand le quêteur d’exotisme et d’impressions rares s’arrêtera au pays de France, il ne pourra que nous raconter des idylles, plus poignantes sans doute, mais aussi peu compliquées que Paul et Virginie, Graziella ou même l’épisode de Nausicaa dans l’exquise Odyssée.
L’Allemagne est le seul pays où la littérature se laisse influencer par les théories préconçues de la critique. […] Cette patiente et sévère méthode me semble convenir à la France, celui de tous les pays qui a pratiqué avec le plus de fermeté la méthode positive, mais aussi celui de tous où la haute spéculation a été le plus stérile. […] Le développement théologique y a été complètement nul ; il n’y a pas de pays en Europe où la pensée religieuse ait moins travaillé. […] La France est le pays du monde le plus orthodoxe, car c’est le pays du monde le moins religieux et le plus positif. […] Ce tour, particulier au génie allemand, explique la marche singulière des idées en ce pays depuis un quart de siècle environ, et comment, après les hautes et idéales spéculations de la grande école, l’Allemagne fait maintenant son XVIIIe siècle à la française ; dure, acariâtre, négative, moqueuse, dominée par l’instinct du fini.
Il y avait vécu et il y avait écrit dans la langue du pays, comme Voltaire qui, jeune et fat comme un Français, s’était aussi permis d’y écrire, dans cette langue si opposée pourtant à son genre de génie. […] Mais ayant vécu dès son extrême jeunesse en Angleterre, il s’y impreignit de ce pays et il y devint protestant, — non de culte (il s’en souciait bien !) […] Le pays qu’il visite ne le confisquera pas, lui et sa pensée. […] Ce sont des talents éclatants qui se sont occupés longtemps aux mêmes choses ; de très beaux esprits, lettrés tous deux et de la plus opulente littérature, reviewers tous deux, chacun dans son pays, et arrivés par les Revues à la renommée. […] Il est vrai que dans l’Angleterre Whig l’un a écrit une histoire whig de ce whig couronné, Guillaume III, auquel il sacrifie Marlborough et toutes les grandes figures de l’époque ; tandis que le pauvre Philarète Chasles a continué de faire de la critique et de la littérature inutiles en ce beau pays de France où Chateaubriand se plaignait de ne pouvoir rester ministre, où le grand Balzac n’aurait jamais pu l’être, quand Disraëli, un mauvais romancier que nous mépriserions en France, l’est en Angleterre à plus de soixante-dix ans !
Les aphorismes sont tenaces et poussent comme herbe folle en ce spirituel pays de France. […] Clemenceau, l’Égypte, capitale Le Caire, était un pays habité par les Égyptiens. […] Cette humiliation fut épargnée à notre pays. […] Il voit, sur des feuilles de papier, l’aspect des pays où il n’est jamais allé. […] Weiss aux pays du Rhin, M.
Il revient d’un pays enchanté. […] Heureux pays ! pensa-t-il, heureux pays où les poètes peuvent vivre, que dis-je ? […] Pays fertile et triste. […] L’état lamentable de ce pays dévasté n’a pas découragé Loti.
L’historien de Jeanne d’Arc et de Du Guesclin, le chroniqueur grandiose des guerres des xive et xve siècles dans le pays dont vous êtes présentement l’honneur et qui est notre pays à tous les deux, ces livres robustes et sensés, écrits avec toutes les qualités de l’esprit de la forte race à laquelle vous appartenez, seront jugés plus tard et prochainement, mais aujourd’hui ce que je vous offre n’est pas le témoignage de la justice, c’est le témoignage de la sympathie.
La défense de la religion catholique s’y rattache directement parce que l’auteur voit dans l’Église une force nécessaire à la vie active du pays. […] Les élèves, grandis dans une clôture monacale et dans une vision décharnée des faits officiels ou de quelques grands hommes à l’usage du baccalauréat, ne comprennent guère que la race de leur pays existe, que la terre de leur pays est une réalité et que, plus existant, plus réel encore que la terre ou la race, l’esprit de chaque patrie est pour ces fils l’instrument de libération. » L’Appel au soldat pose un cas de psychologie de l’âme populaire. […] À son tour, il a vu dans le pays natal la terre sacrée où germent les vertus sublimes et d’où viennent les nobles aspirations parce qu’elle est imprégnée de toute la grandeur héroïque des ancêtres. […] Depuis le Pays natal jusqu’aux Yeux qui s’ouvrent, M. […] Dans un cadre joliment tracé, divertissant par la causticité même de son exactitude, il a mis en présence le vieil esprit poétique et tendre jadis en honneur au pays de Schiller et l’esprit prosaïque, commercial, militariste à outrance qui s’est, peu à peu, substitué au premier.
De l’éloquence Dans les pays libres, la volonté des nations décidant de leur destinée politique, les hommes recherchent et acquièrent au plus haut degré les moyens d’influer sur cette volonté ; et le premier de tous, c’est l’éloquence. […] Dans un pays où l’on anéantit tout l’ascendant des idées morales, la crainte de la mort peut seule remuer les âmes. […] Le mépris des convenances prive l’éloquence de tous les effets qui tiennent à la sagesse de l’esprit et à la connaissance des hommes, et le raisonnement ne peut exercer aucun empire dans un pays où l’on dédaigne jusqu’à l’apparence même du respect pour la vérité. […] D’autres prétendront que le talent oratoire est nuisible au repos, à la liberté même d’un pays. […] Ce qui est vrai dans le fanatisme politique, c’est l’amour de son pays, de la liberté, de la justice, égale pour tous les hommes, comme la Providence éternelle ; mais ce qui est faux, c’est le raisonnement qui justifie tous les crimes pour arriver au but que l’on croit utile.
Nous tirerons deux utilités de cet examen : celle de savoir à quelle époque, à quel pays il faut rapporter les commencements de cette civilisation ; et celle d’appuyer par des preuves, humaines à la vérité, tout le système de notre religion, laquelle nous apprend d’abord que le premier peuple fut le peuple hébreu, que le premier homme fut Adam, créé en même temps que ce monde par le Dieu véritable14. […] Même erreur chez les Chinois, qui ont fermé leur pays aux étrangers, comme le firent les Égyptiens jusqu’à Psammétique, et les Scythes jusqu’à l’invasion de Darius, fils d’Hystaspe. […] D’abord Tanaïs part avec une armée innombrable pour conquérir l’Égypte, ce pays si bien défendu par la nature contre une invasion étrangère. […] En premier lieu leur pays est situé dans l’intérieur des terres, et nous démontrerons dans ce livre que les peuples habitèrent d’abord les contrées méditerranées et ensuite les rivages. […] Orphée surtout, si on le considère comme un individu, offre aux yeux de la critique l’assemblage de mille monstres bizarres. — D’abord il vient de Thrace, pays plus connu comme la patrie de Mars, que comme le berceau de la civilisation. — Ce Thrace sait si bien le grec qu’il compose en cette langue des vers d’une poésie admirable. — Il ne trouve encore que des bêtes farouches dans ces Grecs, auxquels tant de siècles auparavant Deucalion a enseigné la piété envers les dieux, dont Hellen a formé une même nation en leur donnant une langue commune, chez lesquels enfin règne depuis trois cents ans la maison d’Inachus. — Orphée trouve la Grèce sauvage, et en quelques années elle fait assez de progrès pour qu’il puisse suivre Jason à la conquête de la Toison d’or ; remarquez que la marine n’est point un des premiers arts dont s’occupent les peuples. — Dans cette expédition il a pour compagnons Castor et Pollux, frères d’Hélène, dont l’enlèvement causa la fameuse guerre de Troie.
Cette vérité neuve se faisait pressentir plus clairement aux esprits nets, à l’époque où M. de Talleyrand touchait aux questions diplomatiques de son pays, c’est-à-dire en 1790 et en 1791. […] L’émigration en pays ennemi sauva seule de la mort l’antagoniste de l’émigration. […] Bonaparte voulait très sincèrement, à cette époque, donner la paix à la France ; car la paix était la grande popularité à mériter d’un pays épuisé de crimes sur les échafauds, d’or et de sang sur les champs de bataille. […] M. de Talleyrand se montra, et tout convergea vers lui : son intervention fut le salut de son pays. […] Il y a des moments où ce qui paraît une ambition insatiable est un dévouement pénible à l’idée qu’on croit nécessaire au salut de son pays.
Peu de temps après nous apprenions par un journal que, rentrés dans leur pays et affiliés à des partis différents, l’un des deux avait fait pendre l’autre. […] Qu’on ne connaisse pas un pays où l’on n’est jamais allé, cela n’a rien d’étonnant. […] La résistance n’est pas plus forte s’il s’agit d’un pays plus lointain. […] À moins qu’ils ne se décident, entraînant avec eux leur pays, à aller prendre ce qu’on leur refuse. […] Mais ne pourrait-on pas alors, inversement, dans les pays où la population surabonde, frapper de taxes plus ou moins lourdes l’enfant en excédent ?
Elles ont pour objet les mœurs, la Religion, & la description des pays de plusieurs peuples, soit de l’Asie, soit de l’Amérique. […] Celle du Paraguay est également curieuse & instructive : on ne peut reprocher à l’Auteur, que des détails trop longs, mais peut-être nécessaires, parce que ce dernier Ouvrage est en quelque sorte la réfutation de plusieurs griefs imputés à sa Société, au sujet des célebres missions qu’elle a établies dans ce pays.
Il y donne une idée assez étendue de l’Histoire Naturelle de ce pays, des Moeurs, de la Religion, du Gouvernement, & du Commerce de ses Habitans. […] Il a donné encore d’autres Relations historiques de divers pays, & rédigé les Mémoires du Chevalier d’Arvieux, Envoyé du Roi de France à la Porte.
J’ai clairement montré que l’ambition n’était pas mon mobile en 1848, que le salut de mon pays était mon unique pensée. […] Un véritable grand homme qui eût paru alors, le glaive dans une main, la modération dans l’autre, pouvait lui apporter la raison, la force et la paix ; c’était une de ces époques où la dictature des soldats et la dictature des législateurs peuvent s’unir pour reconstituer un grand peuple ; mais, il faut le reconnaître, la France, qui est le pays des armes, du génie et de la gloire, n’est pas le pays de la raison. […] Les mœurs le secondèrent, et il alla, comme ambassadeur, porter lui-même à Rome le funeste présent qu’il avait obtenu du gouvernement de son pays. […] Était-ce à cette lutte armée d’un dictateur contre un autre que M. de Chateaubriand voulait conduire son pays ? […] C’est lui-même qui rapporte ses notes à son pays.
Je ne me plains pas qu’on aime le naturel dans notre pays jusqu’à n’en pas trouver assez chez Mme de Sévigné. […] Celui-là, où notre pays excelle, et qui est son cachet, le recueil de Mme de Sévigné en est plein. […] Quel honneur ne fait-elle pas à notre pays, même au prix de tout le mal qui s’y mêle au bien ! […] Grand enseignement d’ailleurs pour les gouvernements, qu’un pays si fécond encore après avoir tant produit, et où la décadence ne venait que du mauvais emploi de forces inépuisables. […] La remarque n’en est peut-être pas hors de propos dans notre pays, même à une époque où il est imprudent d’ôter à la langue une défense.
La cadette, je suppose, est restée recueillie en elle-même et discrète ; elle s’est rattachée par un retour pieux au foyer domestique, au bourg natal, aux mœurs, au paysage du lieu, aux amours de sa blonde enfance ; elle a gardé son culte simple ; elle peut retrouver au besoin son accent du pays ; elle se rappelle encore tous les noms, et s’enferme souvent pour chanter ses airs anciens et pleurer plus à l’aise à ses souvenirs. […] Marie, la gentille brune aux dents blanches, aux yeux bleus et clairs, l’habitante du Moustoir, qui tous les dimanches arrivait à l’église du bourg, qui passait des jours entiers au pont Kerlo, avec son amoureux de douze ans, à regarder l’eau qui coule, et les poissons variés, et dans l’air ces nombreuses phalènes dont Nodier sait les mystères ; Marie, qui sauvait la vie à l’alerte demoiselle abattue sur sa main ; qui l’hiver suivant avait les fièvres et grandissait si fort, et mûrissait si vite, qu’après ces six longs mois elle avait oublié les jeux d’enfant et les alertes demoiselles, et les poissons du pont Kerlo, et les distractions à l’office pour son amoureux de douze ans, et qu’elle se mariait avec quelque honnête métayer de l’endroit : cette Marie que le sensible poëte n’a jamais oubliée depuis ; qu’il a revue deux ou trois fois au plus peut-être ; à qui, en dernier lieu, il a acheté à la foire du bourg une bague de cuivre qu’elle porte sans mystère aux yeux de l’époux sans soupçons ; dont l’image, comme une bénédiction secrète, l’a suivi au sein de Paris et du monde ; dont le souvenir et la célébration silencieuse l’ont rafraîchi dans l’amertume ; dont il demandait naguère au conscrit Daniel, dans une élégie qui fait pleurer, une parole, un reflet, un débris, quelque chose qu’elle eût dit ou qu’elle eût touché, une feuille de sa porte, fût-elle sèche déjà : cette Marie belle encore, l’honneur modeste de la vallée inconnue qu’arrosent l’Été et le Laita, ne lira jamais ce livre qu’elle a dicté, et ne saura même jamais qu’il existe, car elle ne connaît que la langue du pays, et d’ailleurs elle ne le croirait pas. […] Ce sont d’autres souvenirs du pays et de la famille, des noces singulières, des retours de vacances, des adieux et de tendres envois d’un fils à sa mère, de calmes et riants intérieurs de félicité domestique ; ce sont par endroits des confidences obscures et enflammées d’un autre amour que celui de Marie, d’un amour moins innocent, moins indéterminé et qui peut se montrer sans rivalité dans les intervalles du premier rêve, car il n’était pas du tout de même nature ; ce sont enfin les goûts de l’artiste, les choses et les hommes de sa prédilection, le statuaire grec et M. Ingres sectateur de l’antique beauté, des vers à la mémoire de ce Georges Farcy que sa mort a révélé à la France, et qui eût aimé ce livre s’il avait vécu, et qui, en le lisant, eût envié de le faire ; partout une nature élégante et gracieuse à laquelle le cœur se confie ; partout de bienveillantes images et un pur désir du beau : le doux Virgile en robe traînante et les cheveux négligés, s’appuyant sur le bras de Mécène au seuil du palais d’Octave ; un doute tolérant et chaste, la liberté clémente ; Jésus homme ou Dieu, dit le poëte, mais qui possède à jamais l’univers moral, et qui, s’il doit mourir, ne mourra que comme le père de famille, après que toute sa race, la race des fils d’Adam, sera pourvue ; — ce sont des vers comme ceux-ci, inspirés par le joli pays de Livry, que Mme de Sévigné chérissait déjà : ……….
« Il est un pays dans le monde, se dit-il, où la grande révolution sociale semble avoir à peu près atteint ses limites naturelles ; elle s’y est opérée d’une manière simple et facile, ou plutôt on peut dire que ce pays voit les résultats de la révolution démocratique qui s’opère parmi nous, sans avoir eu la révolution elle-même. » Il nous emmène donc avec lui en Amérique pour y étudier le principe dominateur et générateur des sociétés modernes, l’égalité des conditions ; pour l’y contempler en ce vaste espace, où ni les souvenirs historiques, ni les décombres d’anciennes institutions ne l’ont comprimé ; pour l’y voir en jeu et vivifié de toute sa moralité, grâce à l’esprit religieux qui, là, s’est trouvé uni dès le début à l’ardeur laborieuse. […] S’il devait arriver en France que la monarchie ou la république (peu importe), en s’armant de ce mot de centralisation mal entendu, fissent prévaloir, constamment la régularité administrative, soit douce, soit rigoureuse, sur la vie réelle, morale, animée de chaque point du pays ; si l’on ne parvenait enfin à introduire et à fonder parmi nous les institutions démocratiques en ce qu’elles ont d’essentiel, d’élémentaire et de vivace, c’est-à-dire l’existence communale, M. de Tocqueville paraît craindre qu’une des chances naturelles de cette égalité croissante ne fût un jour, tôt ou tard, l’assujettissement de tous par un seul, du moment qu’on n’aurait plus à espérer le gouvernement de tous par eux-mêmes. […] « Car je n’ignore pas, dit-il, quelle est l’influence exercée par la nature du pays et les faits antécédents sur les constitutions politiques, et je regarderais comme un grand malheur pour le genre humain que la liberté dût en tous lieux se produire sous les mêmes traits. » Un de ses premiers chapitres porte sur ce qu’il appelle le point de départ, sur l’origine même des divers États américains et l’esprit infusé en eux dès le commencement.
À ces causes générales, qui agissent presque également dans tous les pays, se joignent diverses circonstances particulières à la monarchie française. […] On a dirigé l’éducation des femmes, dans tous les pays libres, selon l’esprit de la constitution qui y était établie. […] Plusieurs avantages d’une grande importance pour la morale et le bonheur d’un pays, se trouveraient perdus si l’on parvenait à rendre les femmes tout à fait insipides ou frivoles. […] quelques vertus privées, quelques services obscurs, quelques sentiments renfermés dans le cercle étroit de sa destinée, quelques écrits qui la feront connaître dans les pays qu’elle n’habite pas, dans les années où elle n’existera plus.
[Le Pays, 12 juin 1861.] […] Ce qu’il dit de tous ces pays pourra servir — sauf contrôle, cependant ! […] Ce chef-d’œuvre de bonne humeur dans l’audace et l’exécution, qui refit un roi en Suède, rétablit la tradition historique, et arracha le pays aux oligarques corrompus qui le vendaient, morceau par morceau, aux enchérisseurs étrangers, fut la grande leçon donnée pour jamais aux Pouvoirs faibles qui savent oser… Et ce restera la gloire de Gustave III de l’avoir donnée, cette leçon. […] Il le garda fièrement jusqu’au jour où, chevalier de la Royauté dans son pays, il voulut l’être encore de la Royauté en Europe, et se leva, champion couronné, contre la Révolution française, qui l’eût probablement vaincu, mais qui, l’eût-elle tué, aurait fait mieux pour lui que le pistolet qui l’assassina, entre deux quadrilles, sous un domino !
Habitués, depuis des siècles, à promener de porte en porte notre individualité littéraire, nous avions pris pour nous conduire cette accorte femme, madame de Staël, et nous nous tenions à la porte du pays de Lessing et de Schiller, lui demandant la charité d’une littérature et d’une philosophie. […] Il n’y avait que des débris et d’habité que des tombeaux. » Et, comme s’il eût craint d’être compromis par sa propre raillerie, Charles Nodier (car c’était lui) ajoutait : « L’Inde, c’est le pays de l’hyperbole gigantesque », et il avait raison. […] Excepté peut-être dans la tête de Méry, qui faisait avec un esprit qu’on ne peut malheureusement pas importer en ballots, ce que font les Chinois avec leur opium ; excepté dans les romans de cet Hoffmann de la lumière… et des Indes, l’Inde est regardée maintenant avec des yeux calmes, et on ne voit plus dans les horizons de cet étincelant pays ce qu’on y voyait. […] Parisot vante beaucoup trop pour un chrétien (car nous avons mieux que tout cela, nous, et non pas dans des poèmes aux idéalités menteuses, mais en pleine réalité, en pleine histoire), n’est guères, il faut bien en convenir, que débris épars de traditions antérieures, membres coupés d’une vérité primitive, de la grande Massacrée dont les lambeaux ont été semés dans tous les pays du monde pour qu’on sût partout qu’elle avait existé, complète, quelque parti Si donc un reflet troublé ou affaibli d’une poésie quelconque pénètre à travers l’inextricable fourré d’un poème où la plus forte attention peut s’égarer comme un éléphant dans les jungles, cette poésie n’appartient ni à la pensée de Valmiki, ni à l’esprit de sa race.
[Le Pays, 7 mai 1854.] […] Si des pays constitués ne résistent pas au morcellement des croyances, comment des colonies pourraient-elles y résister ? […] Jusqu’ici, malgré la vapeur qui raccourcit le monde sur la terre et qui ouvre au tourisme les pays les plus désespérés, malgré la glu d’or à laquelle l’Australie prend l’Europe fascinée, nous n’avions sur ce pays étrange, à moitié sorti de son chaos, que des renseignements suspects et vagues dont nous ne pouvions rien déduire, parce que nous devions nous en défier.
Parmi nous, pourtant, les plus maniaques d’égalité relèvent à la frontière, pour l’honneur de la France, l’inégalité dont ils ne veulent pas à l’intérieur, et ils appellent avec raison la première des nations du monde le pays des vainqueurs de Sébastopol. […] Mais, quelles que soient la force de la raison de l’historien et la justice de sa raillerie quand il s’agit d’un pays où les pantalonnades se jouent dans le sang et où le Congo de la barbarie se mêle au Congo de la civilisation, — car on y vénère également des fétiches, des serpents, des journaux et des constitutions démocratiques, — Gustave d’Alaux nous fait toujours l’effet, en peignant le chef de ce monde noir qui le résume si bien dans tous les détails de sa personne, d’un artiste croquant un bourgeois. […] Devenu président parce qu’entre deux candidats significatifs à chance égale il était, lui, insignifiant, et par là ne divisait personne, Soulouque était alors (en 1847), nous dit d’Alaux, avec sa poignante familiarité de récit, « un bon gros et pacifique nègre qui, depuis 1804, époque à laquelle il était domestique du général Lamarre, avait traversé tous les événements de son pays sans y laisser de trace en bien ou en mal. […] L’Empereur Soulouque et son Empire (Pays, 29 novembre 1856).
III Ainsi, de l’histoire, non pour le noble plaisir désintéressé d’écrire de l’histoire et d’en faire briller les leçons, mais de l’histoire dans un but de comparaison malhonnête pour notre pays, voilà le sens de ce livre intitulé l’Angleterre au xviiie siècle ! […] Rien, d’esprit, moins historique… De cela seul qu’il est un philosophe, Rémusat méconnaît le beau côté historique de l’Angleterre, pays avant tout de tradition et de coutumes, et qui a le bon sens et l’honneur de tenir même à ses préjugés, pour peu qu’ils soient séculaires. […] L’intérêt qu’on y rencontre, car il y a un intérêt, vient uniquement des hommes et des choses de ce fier pays. […] L’Angleterre au xviiie siècle (Pays, 1er janvier 1862).
Oui, il est fâcheux que, dans un pays libre, il y ait cette trace de test 37 dans la loi. […] Mais on aurait pu répondre sans déclamation que cet article était une précaution de haute prudence, qu’il faut tenir compte dans un pays des antécédents historiques, que les Jésuites d’aujourd’hui payent et payeront longtemps encore pour ceux d’autrefois, que la religion tout entière et son libre et paisible exercice pourraient être compromis, troublés, si on ne prenait cette mesure, et qu’enfin il est à désirer que vienne un temps où tout vestige de cette interrogation de conscience puisse disparaître : mais on ne pourrait supprimer à présent la garantie sans de graves inconvénients pour la chose sacrée qui doit être le plus chère à M. de Montalembert, et sans compromettre le gouvernement lui-même.
Le long de ces provinces s’échelonnent, apportant une note plus originale, à mesure qu’elles sont plus excentriques, la Picardie ardente et subtile, l’ambitieuse et positive Normandie, hardie du bras et de la langue, le Poitou tenace, précis et délié, pays de gens qui voient et qui veulent, la molle et rieuse Touraine, enfin la terre des orateurs et des poètes des imaginations fortes ou séductrices, l’« aimable et vineuse Bourgogne », d’où sont parties, à diverses époques, « les voix les plus retentissantes » de la France. […] Puis pendant des siècles, une à une, les provinces qui entreront dans l’unité nationale recevront la langue de France, et mêleront à son esprit leur génie original : ce sera la rude et rêveuse Bretagne, réinfusant dans notre littérature la mélancolie celtique, ce sera l’inflexible et raisonneuse Auvergne, Lyon, la cité mystique et passionnée sous la superficielle agitation des intérêts positifs ; ce sera tout ce Midi, si varié et si riche, ici plus romain, là marqué encore du passage des Arabes ou des Maures, là conservant, sous toutes les alluvions dont l’histoire l’a successivement recouvert, sa couche primitive de population ibérique, la Provence chaude et vibrante, toute grâce ou toute flamme, la Gascogne pétillante de vivacité, légère et fine, et, moins séducteur entre ces deux terres aimables, le Languedoc violent et fort, le pays de France pourtant où peut-être les sons et les formes sont le mieux sentis en leur spéciale beauté. […] Puis les littératures occidentales se feront plus nationales, en même temps que les œuvres deviendront plus individuelles, et bourgeois, nobles et clercs seront avant tout éminemment Français en France, Anglais en Angleterre et Allemands en Allemagne : souvent même la marque provinciale sera plus forte que l’empreinte de la condition sociale, et elle sera visible surtout chez les écrivains qui n’appartiennent pas aux pays de l’ancienne France et de langue d’oïl.
Ce champ, ils l’ont assez retourné, assez saccagé… Ils n’ignoraient pas ce qu’en France, le pays du bon sens et du fait, on peut toujours tirer de l’histoire, et que faussée, c’est l’arme la plus terrible encore, comme la balle qui, mâchée, fait les coups plus mortels… Trafiquants libres de l’histoire, plus libres que l’homme qui vend la plus chétive denrée et qui pour cela est obligé à prendre patente, ils ne se contentèrent point de cette liberté, et ils versèrent le mépris de l’historien libre sur le fonctionnaire de l’histoire, — sur l’historiographe. […] Ils opposèrent aux annales du pays, écrites par une plume officielle et choisie, précisément, — le croira-t-on ? […] Un jour, un autre savant redressera l’innocente erreur qui peut attendre, mais l’histoire du pays, c’est l’Arche sainte, et nous souhaiterions que la première main qui s’étend vers elle ne pût la toucher !
Nous devons dire à son sujet un mot du caractère et de la littérature de son pays ; un homme n’en est jamais indépendant. […] L’insurrection comme principe devait revenir sur le pays qui l’avait lancée ; cela ne manqua pas. […] Qui ne sait que le maître du capital est le maître de l’intérêt, et que l’Europe, livrée bientôt à ce pays de tous les monopoles, en subirait à jamais la loi ? […] Je songeai à ma situation précaire, à mon isolement dans un pays où je n’avais pas un seul ami, à ce désert peuplé d’hommes inconnus, peut-être hostiles. […] Le criminel doit quitter, dans un laps de temps déterminé, le pays où le crime a eu lieu.
Ce sont des pays qui naissent ou qui renaissent. […] Dans tous ces pays on peut s’attendre à des prodiges prochains d’intelligence appliquée aux lettres. […] La France est géographiquement comme moralement un pays de fusion et de contraste dans l’unité. […] On peut admirer tout de lui, excepté le caractère naturel, vrai, proportionné et sobre de son pays. […] Le pays qui a produit Athalie, n’eût-il produit que ces quinze cents vers, serait encore le premier pays littéraire parmi les nations de l’Europe.
que tu es heureuse, toi qui au moins as vécu dans un pays sec à l’abri du vent. […] Il serait superflu d’insister sur l’influence générale des ouvrages d’esthétique dans le pays de Hegel. […] Il a été compris dans son pays : les triomphes de Bayreuth sont là pour le prouver. […] M. de Amicis s’est promené, la loupe à la main, dans ce pays étrange, conquis par l’homme sur la mer. […] Quel bien pourrais-je faire à l’humanité hors de mon pays ?
Il s’est marié jeune, selon la coutume de son pays. […] Quel ennui d’aller là-bas, dans ces pays perdus ! […] Il aimait ce pays. […] À Paris ou dans les pays alliés de l’Empire, un grenadier n’est presque rien. […] Je vois un pays trop laqué, trop vernissé, trop amenuisé pour être viable.
La Savoie est un des pays voisins de la France où l’on parle le mieux le français, où on le parle avec le plus de propriété, de clarté et de naturel. […] Sayous ; il lui trouve, à défaut d’une littérature nationale, un certain génie littéraire qui se marque volontiers dans les productions de tout enfant du pays : Ce génie chez les Savoyards, dit-il, a pour caractères essentiels la grâce et l’enjouement, une sensibilité qui n’a rien de triste, et une bonhomie qui n’est pas exempte de malice. Nous rencontrerons plus d’une fois, ajoute-t-il, l’expression de ces qualités toutes savoisiennes, mais jamais plus complètes que chez les deux écrivains qui, dans l’ordre des dates, sont aux deux termes extrêmes de l’histoire littéraire de leur pays, saint François de Sales qui l’ouvre au xviie siècle, et Xavier de Maistre qui la termine de nos jours. […] De retour au pays natal, plein de doctrine, et d’une imagination riante où brillait la pudeur, d’une figure attrayante et d’un regard où se lisait la tendresse et la beauté de son âme, il faisait la joie de ses parents et « contraignait même ceux qui ne lui appartenaient en rien de l’aimer ». […] Il vint à Paris en 1602 pour y traiter des affaires spirituelles du pays de Gex, détaché depuis peu de la Savoie et réuni au royaume.
Ainsi on est dans ce malheureux pays. […] Au reste, il va, dit-on, retourner dans son pays de Vienne travailler. […] Rien ne fait plus de bruit qu’une secte, rien n’est moins au centre d’un pays et d’un temps.
Il ne cachait point sa haine de la France et des choses françaises ; il proscrivait de sa table les mets et les vins de notre pays et pourchassait notre langue jusque dans les menus de ses dîners. […] Il y a, pour le moins, deux choses que les bonnes âmes de tous les pays et aussi, j’en suis sûr, du pays d’Allemagne trouveraient toutes naturelles et toutes simples, mais dont les politiques, je ne l’ignore pas, déclareraient l’entreprise impossible et absurde, bien que ces fortes têtes n’en apportent d’autres preuves que leurs affirmations et leur chétive expérience.
en tout pays et sur tout théâtre, une telle donnée serait comique. Mais si vous ajoutez que ledit coquebin est un roi, et un roi de ce pays gaulois qu’on appelle la France, la France, qui ne craint pas que le ciel lui-même tombe sur sa lance ! si vous mettez encore que c’est le fils d’Henri IV, par-dessus le marché, lequel recule si fort devant ce qui eût fait si bravement avancer son père, et qu’enfin ce sont tous des grands seigneurs du pays et tous les ambassadeurs étrangers, à commencer par celui de Notre Très Saint Père le Pape, sa barrette de cardinal à la main, qui font la chaîne autour de ce coquebin de tous les diables, non pour l’éteindre, mais pour l’allumer, et pour le décider une bonne fois à ce que ce polisson de Beaumarchais appelait la consommation du badinage, est-ce que le comique ne prend pas alors des proportions incommensurables ?
Les philosophes anglais, connus en France, ont été l’une des premières causes de cet esprit d’analyse qui a conduit si loin les écrivains français ; mais, indépendamment de cette cause particulière, le siècle qui succède au siècle de la littérature est dans tous les pays, comme j’ai tâché de le prouver, celui de la pensée. […] Dans les pays où le talent peut changer le sort des empires, le talent s’accroît par l’objet qu’il se propose : un si noble but inspire des écrits éloquents par le même mouvement qui rend susceptible d’actions courageuses. […] La philosophie elle-même n’est qu’une occupation frivole dans un pays où les lumières ne peuvent pénétrer dans les institutions. […] L’homme de lettres, alors qu’il vit dans un pays où le patriotisme des citoyens ne peut jamais être qu’un sentiment stérile, est, pour ainsi dire, obligé de se supposer des passions pour les peindre, de s’exciter à l’émotion pour en saisir les effets, de se modifier pour écrire, et de se placer, s’il se peut, en dehors de lui-même pour examiner quel parti littéraire il peut tirer de ses opinions et de ses sentiments.
J’ai tenté de montrer avec quelle force la raison philosophique, malgré tous les obstacles, après tous les malheurs, a toujours su se frayer une route, et s’est développée successivement dans tous les pays, dès qu’une tolérance quelconque, quelque modifiée qu’elle pût être, a permis à l’homme de penser. […] Quand on imiterait l’inquisition d’Espagne et le despotisme de Russie, il faudrait encore être assuré que dans aucun pays de l’Europe, il ne s’établira d’autres institutions ; car les simples rapports de commerce, même lorsqu’on interdirait les autres, finiraient par communiquer à un pays les lumières des pays voisins.
L’esprit académique a eu tout d’abord dans notre pays un caractère particulier ; c’est un esprit de discipline, de règle, de choix. […] Voilà pourquoi l’idée n’en est pas venue au seizième siècle, quoique l’Italie nous eût donné l’exemple de quelques sociétés académiques, et qu’il fût de mode d’imiter tout ce qui se faisait dans ce pays. […] Le génie dans notre pays c’est la réunion, dans un seul homme, de tout ce qu’il y a de bon sens répandu dans tous ; la langue écrite de génie, c’est celle que parle chacun de nous quand il est dans la vérité. […] Port-Royal a regardé au-delà du bon et du mauvais usage propres à notre pays. […] Elle met l’homme en liberté et en franchise à l’égard de l’individu et de toutes les circonstances extérieures dont il dépend, le temps, les pays, le tempérament particulier.
Je devine que c’est un poète du Midi, d’un pays que tourmente le soleil. […] … par les vins exquis du pays dans lequel il prêchait si gentiment. […] D’abord est-il bien vrai que la nature soit la même dans tous les pays ? […] Le froment n’est bon que dans le peu de pays où Dieu le fait croître. […] Ils trouvent des douceurs aux rigueurs mêmes de leur cher pays conquis sur la mer.
Né à Pont-de-Vaux en 1769, l’année même de la naissance de Napoléon, Joubert était fils d’un juge-mage du pays. […] Énumérons un peu : Sentiment de famille, on l’a vu ; — fidélité au pays, je ne parle pas du grand pays, de la patrie et de la France, mais du pays de Bresse et de tous les camarades qui en sont : (Avril 1795. […] Je les ai reconnus qui se tenaient à vingt pas de moi, détournant la tête quand je les regardais, en s’extasiant sûrement de voir des pays si loin.
Il écrit à sa mère, à bord du navire, pendant la traversée même (avril-mai 1831) ; il décrit l’intérieur de ce petit monde, un vaisseau en mer, cette arche de Noé qui contient bien des espèces diverses de toute nature et de tout pays. […] Les premières descriptions ou les premiers aperçus que M. de Tocqueville donne à ses parents et amis n’ont rien de sensiblement pittoresque : c’est judicieux, graduel, avec une part de réflexion toujours et des commencements de considérations ; même quand il nous décrit le pays neuf, les luttes de l’homme avec les forêts, les grands lacs, il n’a pas de bien vives couleurs ; la palette proprement dite, et comme nous l’entendons aujourd’hui, est absente. […] Quitter son pays à cet âge pour aller chercher fortune sur une terre étrangère, quelle misère ! […] Il y en avait un qui savait l’anglais et auquel je demandai pourquoi les Chactas quittaient leur pays. — « Pour être libres », me répondit-il. — Je ne pus jamais en tirer autre chose. […] Il n’avait d’ailleurs, disait-il, que des notes sans ordre et sans suite, des idées détachées dont seul il avait la clef : « Ce que je rapporte de plus curieux, ce sont deux petits cahiers où j’ai écrit mot pour mot les conversations que j’ai eues avec les hommes les plus remarquables de ce pays-ci.
David, berger et roi I La poésie lyrique est donc, dans tous les pays et dans toutes les langues, la manifestation de ce besoin mystérieux de chanter qui saisit l’âme toutes les fois que l’âme est saisie elle-même par ces fortes émotions qui tendent les fibres de l’imagination jusqu’à l’inspiration ou jusqu’à ce délire, délire poétique, religieux, amoureux, patriotique. […] Alors naquirent les lyriques patriotes, comme Tyrtée, les lyriques philosophes, comme Orphée ou Solon, les lyriques érotiques, comme Anacréon et Sapho, les lyriques purement poétiques, comme Horace (chantant pour chanter et pour plaire) ; enfin les lyriques académiques de nos derniers siècles, comme Hafiz en Perse, Pétrarque en Italie, Dryden en Angleterre, Klopstock, Goethe, Schiller en Allemagne, Malherbe, Racine, Jean-Baptiste Rousseau, Lefranc de Pompignan et les grands chanteurs contemporains de notre pays, au sommet desquels chantait Victor Hugo, enfant, ce Benjamin de la tribu de la lyre. […] Ce temple était la tente du Dieu du pays. […] Nous avons vu de nos yeux des scènes presque aussi pittoresques, aussi patriarcales, entre les Arabes de notre caravane et les femmes du pays, dans le sentier entre la mer et les bois, sur les flancs de cette même montagne. […] On y sent la sincérité de la douleur et le remords du patriotisme, au milieu des nations étrangères qui se réjouissent de leur victoire sur son pays.
Il avait rendu à notre pays l’émotion littéraire dont la faculté même semblait perdue parmi tant d’autres ruines. Il transportait les contemporains loin de leur pays, de leur temps, de leurs derniers souvenirs, d’eux-mêmes ; René les y ramena. […] En perdant la mélancolie de René, il perdrait cette paix qui s’y mêle à la fin, et ce repos au terme de la lutte, plus doux que celui du vieux soldat qui se délasse des fatigues des longues guerres au foyer du pays natal. […] Il a appris à notre pays le chemin des deux antiquités. […] Les choses anciennes ont tant besoin de protection dans notre pays, qu’elles ne doivent pas dédaigner même celle des nouveautés.
. — C’est le thème de maints contes gaillards de tous les pays et de toutes les races d’hommes. […] Sans doute il se rencontre quelques réminiscences de la Bible dans les contes des pays islamisés de longue date mais l’énumération en serait brève. […] Voyageurs retenus loin de leur pays par l’effet de circonstances obstinément hostiles à leur retour ; voir : Ibrahima et les haffritt. […] Il n’y a pas de conte qui manifeste la conception d’un Scharaffenland, d’un pays de Cocagne où les hommes vivraient heureux dans l’abondance et l’inaction. […] Ce procédé est d’ailleurs de tous les pays, cf.
Le 28 septembre 1864, dans Saint-Martin’s Hall, un meeting réunissait à Londres des ouvriers de tous pays accourus pour défendre leur intérêt commun : l’émancipation du travail. […] La vie d’Emerson est déjà lointaine, mais puisque sa parole est encore peu connue en de nombreux pays, et que notamment en France et en Belgique, il ne fut que récemment traduit et commenté, nous pouvons par une illusion d’optique, le considérer comme un contemporain. […] Quelqu’un me dit : Je dois concourir à la grandeur, à la richesse, à l’éclat de mon pays. Dans ce but je dois chercher par tous les moyens à ce que mon pays domine tous les autres, en leur enlevant des fragments de territoire pour l’augmenter, en se hérissant lui-même de forteresses et de canons : plus je suis hostile à tout ce qui vient de l’extérieur, hommes et choses, plus je me cantonne solidement sur mon coin de terre, plus je suis rebelle à la pénétration du dehors, plus je m’isole, plus mon pays est fort et prospère. […] Celui qui considère à priori tous les hommes nés en dehors des frontières de son pays, comme des ennemis ou des « étrangers », qui ne les voit pas d’un œil simplement humain, se renie lui-même et redescend aux degrés de l’animalité.
. — Au pays de Luchon (1874). — Livingstone, poème (1876). — Les Grands Cœurs, vers (1882). — Au caprice de la plume (1884). — La Côte d’Azur (1887). — Rêves et combats (1892). […] Victor Delaporte C’est une guirlande de quarante-cinq poèmes qui répondent bien au double titre : Rêves et combats, inspiré par le double amour des lettres et de la France ; avant de chanter les combats de son pays, il en défendit avec vigueur les intérêts comme orateur et député de la Moselle.
C’est le jugement qu’ont porté de son travail nos Savans & ceux des pays étrangers. L’habile Editeur a conféré les principaux Manuscrits, les plus rares & les meilleures éditions de Pline de la Bibliotheque du Roi & de plusieurs autres des pays étrangers, & a profité des notes que le docte M.
Quelle âme étrange que celle qui ne peut s’exalter qu’au spectacle de la mort et des ruines, qui ne conçoit de patrie digne d’elle que dans des pays chimériques ou dans un passé qui ne reviendra plus ! […] Ils y ont mis une sorte de rage et de fureur, ils ont dégradé leurs compatriotes et leur pays, comme ne le feraient jamais les pires ennemis de notre peuple. […] On voit tout de suite combien il importe pour un artiste d’être « bien né » et d’appartenir à l’aristocratie naturelle d’un pays. […] Rendre la santé au pays comme à l’esprit public, voilà la tâche présente ! […] Quiconque sort de France et visite ces jeunes nations récemment colonisées, ces pays d’immigration où se confrontent les races, est atterré par l’infériorité des nôtres.
Il est un citoyen de Genève qui a conservé en toute leur pureté les traditions de son pays. […] Pour établir la fameuse « unité morale » du pays. […] Vous porterez devant le pays et devant l’histoire la responsabilité des conséquences de votre conduite. […] — C’est un pays où l’on ne s’occupe que du Vatican. » Un mot de M. […] De là ces attributions singulières, amusantes et parfaitement désastreuses pour les intérêts du pays.
Aucun pays n’a jamais eu autant de poétesses à la fois. […] Il ne dut rien à son pays d’adoption. […] Le pays a été mal traité : il est pauvre et misérable. […] Nous sommes un pays libre, et nous devons en accepter les conséquences. […] Elle ne s’est jamais mise en travers du véritable désir du pays.
Parmi ces treize chênes, se trouve celui qu’on appelle dans le pays l’arbre de Jocelyn, parce que c’est sous ses feuilles et assis sur ses racines que j’ai écrit ce poème, au murmure du vent d’automne dans ses rameaux. […] La France est inexorable : « Tu t’es mis en servitude pour ton pays, répond-elle à ceux qui lui palpent en vain le cœur ; tant mieux pour moi, tant pis pour toi ! […] Jamais je ne pardonnerai à mon pays de m’avoir forcé, par sa dureté de cœur, à vendre, en pleurant sur sa crinière, mon dernier cheval de selle, nourri, élevé, dressé par ma main, pour payer de quelques pièces d’or, or à mes yeux sacrilége, une dette que j’aurais préféré payer de quelques onces de mon sang ! Pays de Shylocks, qui laisse vendre la chair de l’homme, que les malédictions de ceux qui aiment la nature animée retombent à jamais sur toi ! […] Cher pays de Forez, je te dois une offrande !
Nous expliquions Walter Scott et Cooper par les pays qui les ont produits. […] Mais c’est une erreur de s’imaginer que Goethe ne relève que de son pays : le développement de Goethe appartient à la France comme à l’Allemagne, Il suffit de jeter les yeux sur ses Mémoires pour en être convaincu. […] Goethe, élevé entre la France et l’Allemagne, le sent, et il n’ose s’abandonner complètement au génie de son pays. […] Goethe, entravé, comme je l’ai indiqué, par l’esprit retardataire de son pays, est très inférieur sur ce point. […] Goethe a le défaut de son pays.
Malheureusement, il n’est point de pays où la fausse monnaie ait plus de cours que dans le domaine de la littérature, et nous reconnaissons avec peine que de nos jours la saine et bonne critique est au nombre des réformes de notre siècle réformateur. […] Mais on trouve encore chez les différents poètes un genre de beauté qui leur est spécial, et qui tient au caractère particulier de leur siècle et de leur pays. […] Nous remplirons auprès de vous l’office des Cicérone qui, voulant faire admirer leur ville ou leur pays aux voyageurs, se hâtent de les conduire aux plus beaux monuments et aux sites les plus pittoresques. […] Si le goût s’appuie sur le sentiment et la raison, deux choses qui semblent immuables, comment se fait-il que le goût change, non-seulement de siècle en siècle, de pays à pays, mais encore d’année en année, de ville à ville ! […] Lorsque nous voyons les hommes de tous les pays et de tous les siècles reconnaître hautement qu’une chose est grande et belle, elle l’est réellement.
Aussi nous nous adressons à tous les Wagnéristes français, et à tous ceux qui ont souci de l’Art, et à ceux qui comprennent que la gloire de notre pays doit être, avant tout, une gloire artistique. […] Il maudit le mauvais temps, qui l’a rejeté à sept milles du port, au moment même où il allait revoir son pays. […] Il chante le lied du retour, un lied mélancolique et heureux à la fois ; c’est la convalescence de ce mal qu’on nomme le mal du pays. […] Il montre ses richesses au père ébloui, et bientôt les deux navires s’éloignent de concert vers le pays de Daland, pendant que le pilote et les matelots norvégiens reprennent en choeur le lied mélancolique et heureux du retour. […] Notre pays possède, au point de vue musical, un avantage énorme sur toutes les autres nations européennes : il a d’avance une langue musicale nationale.
Voltaire est la médaille de son pays. […] L’abandon dans lequel la nation laisse les ouvriers de son intelligence et de sa gloire est un opprobre pour le pays des lettres. […] Sa cause ne fut point dans des hasards ; elle fut dans une pensée : cette pensée, rapide et universelle comme tous les mouvements intellectuels de ce pays où la main est si près de la tête, s’était développée d’abord dans sa littérature. Ce pays est si intellectuel, que ses écrivains le gouvernent plus véritablement que ses ministres. […] Trois ou quatre rêveurs, enivrés d’utopies antisociales, vinrent achever la terreur des esprits faibles en lançant des axiomes contre la propriété dans un pays où la propriété est la religion du sol.
oui, il y a bien longtemps que vous n’étiez venu au pays, qu’on ne regardait plus fumer le château, qu’on n’entendait plus aboyer les chiens là-bas dans le grand jardin sous les tours, qu’on ne voyait plus passer les chevaux blancs qui portaient des dames et des messieurs dans les chemins à travers les prés ! Ma fille me disait : « Le pays est mort ; il semble que la cloche pleure au lieu de carillonner. » On disait aussi que vous ne reviendriez jamais ; qu’il y avait eu du bruit là-bas ; qu’on vous avait nommé un des rois de la république ; et puis qu’on avait voulu vous mettre en prison ou en exil, comme sous la Terreur. Il est venu au printemps un colporteur qui vendait des images de vous dans le pays, comme celles d’un grand de la république ; et puis il en est venu en automne qui vendaient des chansons contre vous, comme celles de Mandrin. […] » — « Ils sont morts de tristesse et de vieillesse, loin de leur soleil et loin de moi. » — « Mais est-il bien vrai que vous allez vendre ces prés, ces vignes, ces bois, cette bonne maison que le soleil faisait reluire comme les murs d’une église au fond du pays ? […] De chaque site, de chaque toit, de chaque arbre, de chaque repli du sol, de chaque golfe de verdure, de chaque clairière illuminée par les rayons rasants du soleil couchant, un éclair, une mémoire, un bonheur, un regret, une figure, jaillissaient de mes yeux et de mon cœur, comme s’ils eussent jailli du pays lui-même.
M. de Châteauneuf, qui connaissait le pays, s’offrit de m’accompagner. […] « Cependant faites bien mes recommandations à notre marmot et dites-lui que, peut-être, j’amènerai de ce pays [de ce pays-là, du Limousin] quelque beau petit chaperon [c’est-à-dire quelque jeune fille coiffée du chaperon] pour le faire jouer et pour lui tenir compagnie. » Ceci encore n’est-il pas tout à fait du ton d’un mari aimable, badin, un peu taquin aussi, écrivant à sa femme, pour la faire sourire, pour la faire gronder un peu et pour qu’elle lise la chose à ses amis en riant et en disant : « quel impertinent ! […] C’est un pays que ce parc, on y court le cerf. […] Il reportait en son pays quatre volumes de chansons. » Il ne sera plus question du notaire. […] Cependant, cette personne m’entendit sans beaucoup de peine : les fleurettes s’entendent par tout pays, et ont cela de commode qu’elles portent avec elles leur truchement.
Jules Claretie Le Vavasseur, qui meurt septuagénaire, avait eu ses heures de poésie en sa jeunesse verdoyante comme les haies de son pays normand. […] Il fut, avec Philippe de Chennevières, l’auteur des Contes de Jean de Falaise , d’un groupe d’esprits rares qui forma un moment une sorte de petite école dont la Normandie aurait le droit d’être fière et qui eût fait plus de bruit si les gens du pays du cidre étaient aussi retentissants et ardents et hardis que les félibres méridionaux.
« Ce sera un des plus douloureux étonnements de l’avenir que, dans de nobles pays qui, au milieu de la prostration de l’Europe, avaient maintenu leur Constitution et semblaient être les derniers et sacrés asiles de la probité et de la liberté, ce sera, disons-nous, l’étonnement de l’avenir que, dans ces pays-là, il ait été fait des lois pour protéger ce que toutes les lois humaines, d’accord avec toutes les lois et divines, ont dans tous les temps appelé crime.
Six jours plus tard, au-delà du Puy, et malgré son passe-port, la garde bourgeoise vient à onze heures du soir le saisir au lit ; on lui déclare « qu’il est sûrement de la conspiration tramée par la reine, le comte d’Artois et le comte d’Entragues, grand propriétaire du pays ; qu’ils l’ont envoyé comme arpenteur pour mesurer les champs, afin de doubler les taxes » Ici nous saisissons sur le fait le travail involontaire et redoutable de l’imagination populaire : sur un indice, sur un mot, elle construit en l’air ses châteaux ou ses cachots fantastiques, et sa vision lui semble aussi solide que la réalité. […] Jugez ici du nombre des fraudeurs par le nombre des surveillants : douze cents lieues de douanes intérieures sont gardées par 50 000 hommes, dont 23 000 soldats sans uniforme752. « Dans les pays de grande gabelle et dans les provinces des cinq grosses fermes, à quatre lieues de part et d’autre de long de la ligne de défense », la culture est abandonnée ; tout le monde est douanier ou fraudeur753. […] Une multitude de femmes et d’enfants de l’âge le plus tendre franchissent les lignes des brigades, et, d’un autre côté, des troupeaux de chiens conduits dans le pays libre, après y avoir été enfermés quelque temps sans aucune nourriture, sont chargés de sel, que, pressés par la faim, ils rapportent promptement chez leurs maîtres. » — Vers ce métier si lucratif, les vagabonds, les désespérés, les affamés accourent de loin comme une meute. « Toute la lisière de Bretagne n’est peuplée que d’émigrants, la plupart proscrits de leur patrie, et qui, après un an de domicile, jouissent de tous les privilèges bretons : leur unique occupation se borne à faire des amas de sel pour les revendre aux faux sauniers. » On aperçoit comme dans un éclair d’orage ce long cordon de nomades inquiets, nocturnes et traqués, toute une population mâle et femelle de rôdeurs sauvages, habitués aux coups de main, endurcis aux intempéries, déguenillés, « presque tous attaqués d’une gale opiniâtre », et j’en trouve de pareils aux environs de Morlaix, de Lorient et des autres ports, sur les frontières des autres provinces et sur les frontières du royaume. […] Ce sont là les procédés des pays où le brigandage est endémique Ici en effet, comme dans les Calabres, le peuple est pour les brigands contre les gendarmes. […] … Etrangers de tous pays, armés de grands bâtons, déguenillés, … les uns presque nus, les autres bizarrement vêtus » de loques disparates, « affreux à voir », voilà les chefs ou comparses d’émeute, à six francs par tête, derrière lesquels le peuple va marcher.
Alors Danaos embarqua ses cinquante filles sur une galère à cinquante rames, et il aborda à Argos, où le roi du pays lui donna l’hospitalité. […] Ce sont alors les cinquante fils d’Égyptos s’unissant de force aux filles du pays. […] Un des magistrats du pays, Aristodichos, soutint que les messagers avaient menti ou mal entendu. […] Pélasgos, son roi, s’en détache ; il va au-devant et il interroge : — « De quel pays êtes-vous, femmes qui portez des robes et des voiles barbares ? […] On sait le rôle que jouaient les scribes dans ce pays de l’épigraphie ; c’était celui des lettrés en Chine.
Enfant de l’Hérault, je tiens à l’honneur et à la gloire de mon pays ! […] La langue qu’il parle aujourd’hui, la langue qu’il chante n’est celle d’aucun lieu en particulier, d’aucun coin de Gascogne, de Languedoc ni de Provence ; c’est une langue un peu artificielle et parfaitement naturelle, qui s’entend également par tous ces pays et que les Catalans eux-mêmes comprennent. […] En 1840, dans son voyage de Toulouse, où il avait gagné pour la première fois son titre envié de poète universel de tout le pays languedocien, il avait vu une jeune personne, alors dans la prospérité, Mlle Thérèse Roaldès, « marier sa riche musique à ses pauvres chansons ». […] je veux vous peindre, pendant que je tiens le pinceau, notre pays aimé du ciel. […] Heureux de la conversion, le poète s’écrie en finissant, dans un sentiment qui déborde le cadre de son poème : « C’est beau de sauver la sainte poésie, mais c’est cent fois plus beau de sauver son pays !
Usbek et Rica, deux amis, deux Persans de qualité, quittent leur pays et font le voyage d’Europe. […] Rica est l’homme moqueur, Parisien dès le premier jour et peignant avec badinage les travers et les ridicules des originaux qui passent sous ses yeux et desquels il s’accommode : Usbek, plus sérieux, résiste et raisonne ; il aborde les questions, il les pose et les discute dans les lettres qu’il adresse aux théologiens de son pays. […] Il eut pour introducteur dans ce dernier pays lord Chesterfield, le guide le plus éclairé ; il vit tout et il vit bien. […] Il remarque que, de son temps, les ambassadeurs ou ministres étrangers ne connaissaient pas plus l’Angleterre qu’un enfant de six mois ; la liberté de la presse les abusait : « Comme on voit le diable dans les papiers périodiques, on croit que le peuple va se révolter demain ; mais il faut seulement se mettre dans l’esprit qu’en Angleterre comme ailleurs le peuple est mécontent des ministres, et que le peuple y écrit ce que l’on pense ailleurs. » Montesquieu apprécie cette liberté dont chacun veut là-bas et sait jouir : « Un couvreur se faisait apporter la gazette sur les toits pour la lire. » Il ne se fait point d’ailleurs d’illusion en beau sur l’état du pays et des institutions ; il juge au vrai la corruption des mœurs politiques, la vénalité des consciences et des votes, le côté positif et calculateur, cette peur d’être dupe, qui mène à la dureté. […] S’il voit le mal, Montesquieu apprécie très bien les avantages qui le compensent ; ce qu’il exprime ainsi : L’Angleterre est à présent le pays le plus libre qui soit au monde, je n’en excepte aucune république… Quand un homme, en Angleterre, aurait autant d’ennemis qu’il a de cheveux sur la tête, il ne lui en arriverait rien : c’est beaucoup, car la santé de l’âme est aussi nécessaire que celle du corps.
Grimm, à peine établi en France, commença par donner dans le Mercure quelques lettres sur la littérature de son pays : il y nommait vers la fin et y saluait déjà le jeune Klopstock pour ses premiers chants de La Messiade ; il y prédisait à son pays l’éclosion d’un printemps nouveau : « C’est ainsi, disait-il, que, depuis environ trente ans, l’Allemagne est devenue une volière de petits piseaux qui n’attendent que la saison pour chanter. Peut-être ce temps glorieux pour les muses de ma patrie n’est-il pas éloigné. » Trente ans plus tard, ayant reçu du grand Frédéric un écrit sur la littérature allemande, dans lequel ce monarque, un peu arriéré sur ce point, annonçait à la littérature nationale de prochains beaux jours, Grimm, en lui répondant (mars 1781), lui faisait respectueusement remarquer que cela était déjà fait et qu’il n’y avait plus lieu à prédire : « Les Allemands disent que les dons qu’il (Frédéric) leur annonce et promet leur sont déjà en grande partie arrivés. » Tout en étant devenu Français et en se déclarant depuis longtemps incompétent sur ces matières germaniques, Grimm avait évidemment suivi de l’œil la grande révolution littéraire qui s’était accomplie dans son pays à dater de 1770, et lui-même, nationalisé à Paris, à travers la différence du ton et des formes, il mérite d’être reconnu comme un des aînés et des collatéraux les plus remarquables des Lessing et des Herder. […] Grimm avait le sentiment vif de la musique ; il prit parti avec feu pour la musique italienne contre la musique française ; il se montrait en cela homme de goût, et il le fut avec l’enthousiasme de son pays et de son âge. […] Et je leur ai dit : Sortez de l’Italie, et passez chez mon peuple que je me suis élu dans la plénitude de ma bonté, et dans le pays que je compte d’habiter dorénavant, et à qui j’ai dit dans ma clémence : Tu seras la patrie de tous les talents… Et je les ai tous rassemblés dans un siècle, et on l’appelle le siècle de Louis XIV jusqu’à ce jour, en réminiscence de tous les grands hommes que je t’ai donnés, à commencer de Molière et de Corneille qu’on nomme grands, jusqu’à La Fare et Chaulieu qu’on nomme négligés. […] Les cours d’Allemagne avaient alors les regards tournés vers la France ; les souverains visitaient Paris incognito, et, de retour ensuite dans leur pays, ils voulaient rester au courant de ce monde qui les avait charmés.
C’est à Riom qu’il s’arrête d’abord, c’est là qu’à propos d’une beauté, merveille de cette ville et de la province, il se fait au long raconter par une personne de qualité du pays tout un petit roman des amours de cette belle45, lequel ne tient pas moins de trente pages, et qui pourrait être vraiment de madame de La Fayette elle-même. […] Fléchier, simple témoin, amené là par occasion, n’avait dû prendre le tout que comme une représentation dont il rend compte ; et, parce qu’il y eut à la fin un mariage d’un de ces Messieurs avec une demoiselle du pays, il ne manque pas de faire remarquer que la pièce, si sanglante d’abord, se termine heureusement comme une tragi-comédie. […] L’Auvergne, ce pays de montagnes où la féodalité était comme retranchée, nous représente en abrégé et dans un échantillon plus marquant l’état d’une grande partie de la France, au sortir des guerres civiles ; il fallut, pour asseoir bien incomplétement encore l’ordre administratif, que la souveraineté toute-puissante de Louis XIV passât là-dessus avec vigueur et rasât bien des châteaux. […] » Il s’agissait surtout, en 1665, et en cette rude contrée, d’inspirer une terreur salutaire aux tyrans du pays, d’avertir, dans leurs déportements, les Canillac et les d’Espinchal qu’ils avaient trouvé enfin un maître et des juges.
Voici une description de Buffon : Qu’on se figure un pays sans verdure et sans qu’au, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte et, pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, un désert entièrement découvert, où le voyageur n’a jamais inspiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que celle des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul ; plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes, il voit partout l’espace comme son tombeau : la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de sa situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autour de lui l’abîme de l’immensité qui le sépare de la terre habitée : immensité qu’il tenterait en vain de parcourir ; car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort. […] Mais lisez maintenant cette page de Fromentin, d’un art absolument contraire : C’est une terre sans grâce, sans douceurs… Un grand pays de collines expirant dans un pays plus grand encore, et plat, baigné d’une éternelle lumière ; assez vide, assez désolé pour donner l’idée de cette chose surprenante qu’on appelle le désert ; avec un ciel toujours à peu près semblable, du silence, et de tous côtés des horizons tranquilles. […] Ce ne sera pas le désert, je le veux ; ce sera votre rêve du désert : et la vie n’est-elle pas souvent dominée par les visions charmantes du pays où l’on n’est pas allé, du temps qui ne viendra jamais ?
Si la politique suivie de la maison capétienne est arrivée à grouper à peu près, sous le nom de France, les territoires de l’ancienne Gaule, ce n’est pas là un effet de la tendance qu’auraient eue ces pays à se rejoindre à leurs congénères. […] L’Italie est le pays où l’ethnographie est la plus embarrassée. […] Les plus nobles pays, l’Angleterre, la France, l’Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé. […] Est-elle un pays germanique pur ?
Plus on connaît de grandes œuvres dans des temps et dans des pays différents, plus il devient difficile de ramener à des principes généraux et à des lois communes tant d’écrits nés dans des conditions très-diverses et sous des inspirations opposées. […] Son objet, c’est l’idéal de la vie humaine dans tous les pays et dans tous les temps. […] C’est cette partie universelle et profonde que l’on peut saisir et comprendre dans tous les pays, quoique exprimée sous une forme particulière et par cela même plus vivante ; c’est la peinture des lassitudes de la science et des ardeurs du désir chez l’homme rassasié de doute, c’est Faust ; c’est la peinture de la tentation ironique et de l’égoïsme infernal du cœur humain, c’est Méphistophélès ; c’est enfin la peinture de l’innocence sacrifiée et vaincue, et de la douleur sans bornes d’un cœur trompé, c’est Marguerite. […] Il croit pouvoir affirmer que c’est là surtout le caractère du génie en France, et c’est la raison pour laquelle il préfère notre littérature à celle de tous les autres pays, même à la littérature grecque, « qui a fait trop de part à la vaine curiosité et aux spéculations oiseuses », c’est-à-dire qui a produit Platon et Aristote, et qui a eu le tort « d’être plus favorable à la liberté qu’à la discipline ».
[Le Pays, 8 janvier 1861.] […] On l’avait oublié, mais je ne connais pas de pays où le coup de pistolet du succès éveille plus de prétentions qu’en France. […] Mais nous, et Guizot avec nous, qui maintenons l’originalité profonde et même incomparablement profonde de Shakespeare ; nous qui ne voulons pas qu’il soit seulement une perle dans une coquille d’huître, et qui ne nous sentons aucun respect pour cette huître où elle s’est formée ; nous qui ne croyons pas, comme Emerson, que le mérite inadéquate de Shakespeare ait été d’être à l’unisson de son temps et de son pays, car son pays et son temps n’ont pas dit un mot du succès de ses pièces et n’ont pas classé son génie, — ce qui prouve qu’ils ne le sentaient pas ; — nous disons, nous, que « le biographe de Shakespeare n’est pas Shakespeare », si on entend par là son œuvre.
Il n’en est pas de même, à ce qu’il paraît, dans les autres pays de l’Europe. […] Seule, la France, ce pays de la furia francese, ne le traduisit pas, et, sur ce point, manqua totalement de furie. […] Et c’est là, c’est la vilenie de cette chose qui, jusqu’à nouvel ordre et nouveaux renseignements, me fait douter du Grec qui a écrit une œuvre si peu grecque, de ce romancier grossier et pataud qui est du pays de Lucien, de ce comique épais et sans goût qui continue si étrangement le doux Ménandre et le grand Aristophane. […] Voilà ce qui fait présentement la gloire de la Grèce, de ce pays de Démosthène, d’Aristophane et de Platon !
Démosthène sur la tribune entendait derrière lui les chaînes que traînait l’ambition des tyrans, il avait sa liberté et celle de son pays à défendre : mais pour les sophistes, tout était fiction, mensonge. […] Dans un pays d’esclaves, il fut libre ; et parmi les mensonges des cours, il fut vrai. […] Il déguisa son nom et sa naissance, et vécut plusieurs années inconnu, errant de ville en ville, et de pays en pays, manquant de tout, réduit le plus souvent, pour subsister, à labourer la terre, ou à cultiver des jardins, maniant tour à tour la charrue et la bêche, et honorant cet état par son courage.
Quant à l’Italie, il a par moments la grâce sévère de certains maîtres de ce pays. […] Si le pays n’en était pas digne, s’il préféra les douteuses promesses d’un conspirateur à la sécurité des institutions libérales, n’en rendons responsable que le pays ivre de légende et d’aventure, ne faisons pas retomber sur le poète homme d’État l’inintelligence et l’aveuglement de nos devanciers. […] La Grèce de Pindare, d’Orphée et d’Hésiode ne sera abordée dans ce pays qu’à partir de Victor de Laprade. […] En ce pays la misère se traduisait par l’extrême pénurie (p. 37-38) : « Nous ne trouvions exactement rien en légumes à Nervi. […] Moré, ancien pasteur, devenu notaire de village, était un homme instruit, austère, unissant à la simplicité de son pays un cœur tout français.
Armand Silvestre a eu le courage de préfacer le Pays du Mufle, Catulle Mendès a divulgué un beau livre : les Pleureuses, d’Henri Barbusse ; il nous a tous fait « lire » à l’Odéon. […] Écoutez-la parler de son pays : « La rue sent le pain de maïs chaud, l’huile de noix et les raisins mûrs… Les colporteurs vendent des mouchoirs écarlates et des bijoux de cuivre ; les vieilles femmes en marmottes étalent sous des parapluies rouges des tomates et des piments doux ; les lépreux se font traîner sur de petits chariots, et les enfants viennent les regarder dans l’ombre grouillante de vermine et de mouches. […] On chante ; le doux patois aux syllabes rondes fait vibrer le sol, les maïs pliés se redressent au vent léger, et le cher pays souffle son haleine reposée. » C’est dans une revue de jeunes que je cueille ces bluettes gracieuses, mais, comme on la félicite, Mlle Moréno se défend d’être écrivain. — Un bas-bleu !
Les gens du pays rappellent son esprit vif et fin, et ils savent encore des chansons qu’il a rimées, et que Hinzelin aurait peut-être dû noter. […] « Un philosophe n’est pas aisément prophète en son pays. […] Sa famille de petits bourgeois et de fonctionnaires était de longue date racinée dans le pays.
Je n’ai mangé de vrai pain que dans les pays qui passaient pour arriérés, la Hague, la Bretagne. […] Comme pays, le Limousin est encore un des moins connus, bien qu’il soit l’un des plus pittoresques. […] Les touristes assemblés trouveront certainement moyen, j’en suis sûr, d’honorer ce grand touriste, ce grand découvreur de son pays. […] Notre pays est si beau qu’il m’a pris un ardent désir de le connaître. […] On peut fort bien gouverner ou présider un pays dont on connaît médiocrement les beautés naturelles.
Le temps du moins est venu, pour qui aime son pays et le Gouvernement de son pays, de représenter le sérieux danger de la situation au Prince lui-même (si bien informé qu’il soit) et de donner un signal d’alarme. […] messieurs, prenons garde que notre pays de France n’en vienne à cet état commandé d’hypocrisie sociale où le langage public ne saurait se passer de certaines formules convenues, quand le cœur et l’esprit de chacun n’y adhéreraient pas. […] Qu’il n’en soit jamais ainsi dans notre noble pays. […] Je répondrai simplement et en deux mots : Si nous vivions dans un pays où toutes choses fussent parfaitement égales, socialement et politiquement, pour le clergé catholique et pour toute autre catégorie de citoyens, je pourrais aller sur ce terrain. […] Il n’est point dans la situation d’égalité et de balance où on le voit dans un pays voisin, souvent cité en exemple, et dans lequel il possède en effet pour son compte sa propre Université.
Deux pays, la France et l’Allemagne, sont en présence, deux pays unis par un séculaire échange d’idées et d’efforts, un jour séparés par une guerre folle et à jamais détestable : mais la paix a été faite, les anciennes relations, si amicales, ont été retrouvées ; depuis des générations, c’était, entre les deux, une réciprocité de salutaires influences, un constant retour, au-dessus des rives du vieux Rhin, de ces choses intellectuelles et morales dont vivent les peuples ; à grand peine donc, et malgré les fanatismes un instant renouvelés, l’œuvre de mutuelle régénération est reprise ; et voilà que l’un de ces pays enfin a produit l’œuvre qui résume son âme, l’artiste absolu lui est né en qui aboutissent les qualités nationales éminentes, l’homme par excellence dont l’œuvre résume toutes les aspirations d’une race ; à son tour, ce pays offre à l’autre, à travers les frontières, ce magnifique tribut d’idéalité nouvelle : appartient-il à quelqu’un de protester ? […] Pour nous en tenir aux pays de langue française, disons que la première représentation à Bruxelles est ancienne déjà. […] En voici la substance : Au pays de Brabant était une femme très belle, qui avait hérité du royaume de son père. […] Il dit à la duchesse : Si je dois être le chef dans ce pays, je renonce à bien des choses ; mais écoutez ce que j’exige — ne demandez jamais qui je suis ; à cette condition, je demeurerai avec vous. […] Remarquons, en effet, que de nombreuses légendes, Geneviève de Brabant par exemple, ont un sujet analogue, et se passent dans le même pays ; remarquons aussi qu’une aventure presque identique est rapportée, avec la date de l’année 711 et Nimègue pour théâtre, dans l’histoire des ducs de Clèves, dont la source principale est le travail d’Hélinand (Hélinandi frigidi Montis monarchi ord.
Je veux dire qu’elle doit varier ses conseils suivant les besoins de l’époque et du pays où elle s’exerce. […] Votre description du pays noir, du pays de la houille, des grèves et du grisou, devrait être le bréviaire de nos ministres des travaux publics : on en sort comme d’un cauchemar. […] Dans quel rêve ou dans quel pays ? […] Est-ce qu’une ligne de chemin de fer, créée dans un pays peuplé, ne crée pas des voyageurs ? […] Ses écrivains ne rappellent leur pays d’origine que par la langue qu’ils écrivent.
De même, dans les autres pays. […] Dans tous les pays, d’innombrables Sociétés savantes consacrent à cette œuvre capitale la plus grande partie de leurs ressources et de leur activité. […] 2° L’usage de la langue peut différer d’une région à une autre ; on doit donc connaître la langue du pays où le document a été écrit, c’est-à-dire les sens particuliers usités dans le pays. […] Elle impose à l’histoire l’obligation d’étudier séparément les faits des différents pays et des différentes époques. […] Ou par les périodes et les pays les plus rapprochés pour aller du plus connu au moins connu ?
Quand la peste est répandue dans un pays, on forme un cordon de troupes, afin que rien ne sorte des lieux infectés, & ne vienne corrompre ceux qui n’ont pas encore senti la contagion. […] Habitant d’un pays libre, rien ne l’obligeoit à rétracter ses travers.
Ces élégies portent quelquefois le caractère du pays où elles ont été composées. […] Il le fit à pied avec un ami né dans le pays, et, aussi bien que son compagnon, il entendait l’allemand dans tous ses dialectes. […] Jean-Jacques Rousseau n’avait fait, dans La Nouvelle Héloïse, que dessiner le Pays de Vaud et le Valais sans dépasser guère les collines ; maintenant on en était à décrire les hautes vallées, les glaciers, à gravir les pics les plus inaccessibles. […] C’est ainsi encore qu’à l’occasion des Crétins du Valais dont les hommes notables du pays semblent rougir, les regardant comme une tache pour leur nation, et dont ils n’aiment guère à parler avec les étrangers, mais que le peuple et les enfants même respectent et considèrent au contraire comme une bénédiction, « comme des innocents marqués par le ciel pour n’avoir nulle part aux crimes de la terre et pour arriver sans obstacle au séjour des récompenses », il dira sans hésiter : « Laquelle de ces deux opinions est la plus respectable ? […] À Lucerne, le général de Pfyffer, à qui l’on doit un magnifique Relief de la Suisse, l’avait honoré de ses conseils, et, connaissant sa manière de voyager, ne l’avait pas jugé indigne d’affronter les hautes Alpes : il lui traça un itinéraire que le jeune homme prit plaisir à suivre et dont le pays de Hasly était la première station.
Ainsi, après avoir enregistré quelque interdiction légale, dont l’application s’était faite le jour même, il passait brusquement, sans transition, à des nouvelles de l’autre monde et des pays transatlantiques : « Le Pérou vient de déclarer la guerre à l’Équateur… » ou bien : « On n’apprendra pas sans intérêt que la route qui vient d’être ouverte entre San-Francisco et la Nouvelle-Orléans abrégera d’une semaine le temps exigé naguère, etc. » Puis venait l’histoire des oiseaux du Palais de Cristal à Londres, les perroquets et les perruches qu’on avait représentés dans le catalogue comme d’excellents parleurs, et qui, « intimidés apparemment par la présence du public, ont gardé le silence » ; de jolies malices enfin, un peu renouvelées de Swift, mais accommodées à la française. […] Il a sur les coalitions une théorie commode, la théorie anglaise, la plus large possible ; il oublie la différence des deux pays, ou plutôt il la sait très bien et il n’en tient compte, il passe outre. […] Après avoir exposé à merveille et dans un parfait tableau les libertés de la presse anglaise et les avoir expliquées par le caractère du public à qui elle s’adresse, il reconnaît les différences de notre esprit, à nous, et de nos tendances françaises ; et cependant ses conclusions n’admettent guère, sur cet article capital, de différence de régime d’un pays à l’autre. […] Grammaticalement parlant, je me permettrai de faire observer qu’il n’est pas exact de dire qu’on est coalisé pour être réuni et rassemblé avec le gros du pays autour d’un pouvoir fort, national et tutélaire. […] Saint-Marc Girardin, comme lui-même nous permet aussi de le conjecturer, puisqu’il a dit quelque part qu’il n’enviait rien de plus qu’une semblable destinée, il n’aurait pas même eu ce quart d’heure de puissance, cette participation d’un jour dans le gouvernement de son pays ; car M.
Je suis persuadé que si dans cette brillante levée de jeunesse qui s’enrôla sur la foi de La Fayette pour voler au secours des insurgents de Boston, il y a eu quelque esprit un, sagace, mordant, comme il s’en trouvait volontiers dans la jeune noblesse d’alors, il a dû, au retour et dans des conversations familières, rabattre beaucoup de l’idée exaltée qu’on se faisait des républicains de ce pays, et dénoncer déjà en eux le côté si peu idéal qui s’est marqué si vite, que Franklin connaissait et, en partie, personnifiait si bien. […] About applique la remarque d’Hippocrate en courant : « La race grecque, dit-il, est sèche, nerveuse et fine comme le pays qui la nourrit. » Il a de ces mots exquis, définitifs. […] Il était de cette première génération, de ce premier essaim de l’École d’Athènes, qui inaugura l’institution en 1847, et il s’est formé ses idées sur le peuple et sur le pays pendant un séjour de trois années. […] Il a très bien fait voir que les hommes d’État véritables ont trop manqué à la régénération de ce pays. Après l’habile Capo d’Istria, trop homme de cabinet pourtant, trop habit noir pour la Grèce, et si odieusement frappé au début de sa mission pacificatrice, il n’y a eu d’homme d’État que Coletti, celui-ci tout à fait selon le cœur et le génie du pays et du peuple, le seul Grec de ce temps-ci qui, selon la parole de M.
Il fallait que d’abord la lumière partit d’un point brillant, d’un pays de peu d’étendue, comme la Grèce ; il fallait que, peu de siècles après, un peuple de guerriers réunît sous les mêmes lois une partie du monde pour la civiliser en la conquérant. […] Quand l’infortune est générale dans un pays, l’égoïsme est universel ; une portion quelconque de bonheur est un élément nécessaire de la force nationale, et l’adversité n’inspire du courage aux individus atteints par elle, qu’au milieu d’un peuple assez heureux pour avoir conservé la faculté d’admirer ou de plaindre. […] La Providence éternelle prodigue les siècles à l’accomplissement de ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : mais enfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’être plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe, et la religion chrétienne y a puissamment contribué. […] Le fanatisme, à diverses époques, étouffa les sentiments de douceur qu’inspirait la religion chrétienne ; mais c’est l’esprit général de cette religion que je devais examiner ; et de nos jours, dans les pays où la réformation est établie, on peut encore remarquer combien est salutaire l’influence de l’Évangile sur la morale. […] Bacon, Machiavel, Montaigne, Galilée, tous les quatre presque contemporains dans des pays différents, ressortent tout à coup de ces temps obscurs, et se montrent cependant de plusieurs siècles en avant des derniers écrivains de la littérature ancienne, et surtout des derniers philosophes de l’antiquité.
Il était de ceux à qui le plaisir de penser et d’écrire en liberté tient lieu de tout, et un moment il songea à se livrer sans réserve à cette passion dans un pays libre et en renonçant au sien. […] Ce paradis terrestre, il le trouva, il se le créa, et c’est à Cirey, auprès de Mme du Châtelet, qu’il en avait choisi le lieu, non sans art, dans un pays de frontières, un pied en Lorraine et l’autre en France. Dans les premiers temps de ce séjour à Cirey, il écrivait à d’Argental, en revenant de faire un voyage de Hollande, et en nous découvrant toute sa pensée, ses affections, les parties les plus sérieuses de son âme : Je vous avoue que si l’amitié, plus forte que tous les autres sentiments, ne m’avait pas rappelé, j’aurais bien volontiers passé le reste de mes jours dans un pays où du moins mes ennemis ne peuvent me nuire, et où le caprice, la superstition et l’autorité d’un ministre ne sont point à craindre. Un homme de lettres doit vivre dans un pays libre, ou se résoudre à mener la vie d’un esclave craintif, que d’autres esclaves jaloux accusent sans cesse auprès du maître… Il n’y a pas d’apparence que je revienne jamais à Paris m’exposer aux fureurs de la superstition et de l’envie. Je vivrai à Cirey, ou dans un pays libre.
Si au lieu d’être en France, nous étions en Angleterre, le pays du cant où il faut toujours se mettre en mesure vis-à-vis de la morale publique, sous peine de sentir sa vie atteinte et déchirée aux endroits les plus sensibles par une opinion implacable, qui n’a point autrefois pardonné à Byron, qui ne pardonne pas aujourd’hui à Charles Dickens, je concevrais la tentative de Mme George Sand, qui cependant, en Angleterre, ne réussirait pas. […] Elle se soucie plus de tranquillité que de vérité… Mais nous sommes en France, dans un pays qui lui a laissé parfaitement tout dire, pendant trente ans, depuis Indiana jusqu’à ses Mémoires, et qui aux jours les plus durs, a répété ces mots ou l’équivalent de ces mots, flatteurs encore, quand son scepticisme les a dits : « Elle peut avoir de mauvaises opinions, mais il faut convenir qu’elle a diablement de talent, cette femme ! » Or, comme avoir diablement de talent est la grande affaire dans ce diable de pays qu’on appelle la France, Mme George Sand a joui, sans conteste, d’une inaltérable félicité d’écrivain, et elle mourra pleine de jours, d’argent et de célébrité, sans qu’il y ait un seul pli de roses à sa couchette. […] , tout de suite eut l’opinion, parce qu’elle s’en moquait, l’opinion ayant toujours besoin dans ce pays-ci d’être battue pour être contente ! […] [Article inédit, probablement destiné au Pays, 1862.]
Dans un pays où l’on s’occupe tant de morale et si peu de philosophie, il y a beaucoup de religion. […] Le pays est un désert. […] Que pourra-t-on tirer d’un pays dévasté, et peuplé de dévastateurs ? […] L’antithèse de la fin l’explique ; l’auteur l’a faite pour montrer que les gens de Glencoe étaient les plus grands brigands du pays. […] Glenlyon se répandit en protestations amicales. « Des gens de Glengarry maraudent dans le pays, nous nous préparons pour marcher contre eux.
Pauvre pays ! […] Pelleport est bon à entendre ; il dit nettement leur fait aux fournisseurs et à ceux qu’il appelle « riz-pain-sel », ces hommes qui exploitèrent effrontément l’armée et le pays conquis ; mais les soldats et officiers restaient intacts : Nous étions pauvres en entrant en Italie, dit-il après ces deux immortelles campagnes ; nous en sortîmes bien vêtus et parfaitement équipés : voilà l’exacte vérité en ce qui concerne la troupe. […] Pendant son séjour au Caire, il se rend, accompagné d’un nombreux cortège où figurent les principaux du pays, à la rupture de la digue qui se fait solennellement quand la crue du Nil est assez haute : Le canon se fit entendre, et la garnison prit les armes. […] C’était le temps du blocus établi dans toute sa rigueur, et les négociants dont ces mesures prohibitives ruinaient le commerce essayaient de les éluder par tous les moyens : Depuis longtemps, raconte Pelleport, l’une des plus riches maisons de commerce du pays, — je tairai le nom —, avait eu recours à toutes sortes d’expédients pour faire entrer des marchandises anglaises en Hollande ; elle avait échoué. […] C’est une vie une, simple et droite, utile au pays, une vie-modèle de courage, d’intégrité, de rectitude.
En arrivant à El-Arich, le pays prend un aspect bien caractérisé ; ce n’est plus que du sable amoncelé par buttes sur l’une desquelles se trouve une petite forteresse environnée de quelques mauvaises maisons au milieu desquelles s’élève une centaine de palmiers semblables à des plumeaux, qui ont l’air de dire : « Venez vous épousseter ici. ». […] … » « D’El-Arich à Gaza, le pays change de figure ; le sable se couvre de petits buissons, puis on commence à rencontrer des pierres, puis des troupeaux ; enfin on entend un peu de bruit ; le silence est encore une chose qui fait une véritable impression ; on cherche pendant longtemps ce qui manque à la vie, et tout à coup… » Horace Vernet a, depuis, imprimé quelques-uns de ces passages dans une brochure sur les Costumes de l’Orient, il a ôté les familiarités et n’a laissé que le noble et le grave, ce qui allait à son but. […] Je vous le répète, mon cher ami22, ce pays-ci n’a pas d’époque. […] Ce pays-ci est partagé en deux, sans intermédiaire qui puisse amortir l’effet du marteau sur l’enclume. […] Cette formidable armée demandera un jour à combattre autre chose que des Russes ; plus elle fera de conquêtes, plus elle prendra son pays en horreur.
L’auteur, le comte Vitzthum, un homme d’État saxon, s’est vu amené précisément à étudier le maréchal de Saxe en retrouvant dans les Archives de son pays des lettres de lui toutes politiques, qui indiquaient une capacité du premier ordre. […] Un autre peintre qui n’est ni sobre ni élégant, qui est souvent barbouilleur, mais qui rencontre parfois des mots qui touchent au vif, le marquis d’Argenson, après avoir parlé du manque de génie et de vigueur de nos officiers petits-maîtres à cette date, a dit : « C’est donc le besoin des affaires qui nous a réduits à nous servir d’étrangers : les Allemands et ceux du Nord ont mieux conservé aujourd’hui le véritable esprit de la guerre ; nous tirons de leurs pays des hommes et des chevaux (c’est poli) plus robustes et plus nerveux que les nôtres. […] Ce qui est vrai, c’est que Maurice ne se donnait pas la peine d’avoir de l’esprit dans le sens des courtisans français : il se sentait mal à l’aise, tant qu’il ne fut pas dans les hauts emplois où il pût déployer son génie naturel et oser librement : cela perce dans toute sa correspondance avec son père et avec son frère, avant qu’il se fût donné tout entier à connaître à son pays d’adoption. […] Il me semble que Votre Majesté ferait un bon choix si elle employait Fritsch dans ce pays-ci. […] Le prochain volume (le XXIIIe) de la Correspondance impériale confondra une lettre de Napoléon au prince Berthier, major général de l’armée d’Espagne, la date du 6 janvier 1812 : « Mon cousin, il y a dans les Rêveries du maréchal de Saxe, parmi beaucoup de choses extrêmement médiocres, des idées sur la manière de faire contribuer les pays ennemis sans fatiguer l’armée, qui m’ont paru bonnes.
Nos guerres dans ce pays nous apportèrent, avec le mal de l’imitation, les livres grecs et latins qui devaient nous en guérir. […] Il fallut aller dans leur pays le leur arracher des mains. […] Les rapports qu’il saisit et qu’il exprime, à la différence de ceux que perçoit le génie et dont l’homme en général est l’objet, ne sont-ils pas plus propres à un pays particulier, à une certaine forme de société, à des mœurs locales ? […] C’est ce tempéré qui plaît tant à notre pays, parce qu’il y est comme l’humeur du plus grand nombre. […] Les épîtres de Marot à François Ier sont des modèles de cette flatterie, la forme la plus noble et la plus agréable que puissent prendre dans notre pays la dépendance et l’inégalité, éternelles comme les sociétés humaines.
En 1748, Galiani, âgé de vingt ans, devint célèbre dans son pays par une plaisanterie poétique, une oraison funèbre du bourreau qui venait de mourir : c’était une parodie burlesque des éloges académiques, encore plus emphatiques en Italie qu’ailleurs. […] De retour à Naples, devenu magistrat et conseiller du Commerce, tout en insistant sur certaines réformes positives et utiles, et en s’appliquant à les introduire dans son pays, il ne chercha point du tout, comme on disait en France, à propager les lumières. […] Mais il en est arrivé comme l’avait prédit son ami Caraccioli, lequel disait que l’abbé resterait deux mois dans ce pays, qu’il n’y aurait à parler que pour lui, qu’il ne permettrait pas à un Anglais de placer une syllabe, et qu’à son retour il donnerait le caractère de la nation et pour tout le reste de sa vie, comme s’il n’avait connu et étudié que cela. […] Que faire dans un pays où l’on ne dispute de rien, pas même de religion ? […] Ce qu’on peut dire, c’est que Galiani mourut selon les formes et les convenances de son habit et de son pays, non sans avoir trouvé jusqu’à la dernière heure quelque plaisanterie à la Rabelais.
M. de Maistre avait juste quarante ans : il quitta un pays qui, réuni violemment à la France, n’appartenait plus à son souverain. […] D’autres nations, ou, pour mieux dire, leurs chefs ont voulu profiter, contre toutes les règles de la morale, d’une fièvre chaude qui était venue assaillir les Français, pour se jeter sur leur pays et le partager entre eux. […] C’est là un point encore par où il différait de la France, car une des conditions du beau, tel que nous l’aimons en notre libre pays, a toujours été, avant tout, d’être accessible à toute âme honnête, généreuse et populaire. […] Il le montre comprenant l’Italie en première ligne dans ses vastes projets : « et le Piémont, qui est la clef de ce beau pays, est aussi la province qu’il a serrée le plus fortement dans ses bras de fer ». […] Dans le vrai, je suis mort en 1798 (époque à laquelle il a quitté le pays), les funérailles seules sont retardées.
Il était fort indécis sur le choix d’une retraite ; on le voit successivement à Strasbourg (août 1783), à Colmar, à l’abbaye de Senones, à Plombières dans les Vosges, puis derechef à Colmar ; il tâtait de loin, sur son compte, l’opinion de Paris, et, en attendant, il cherchait un pays de frontière pour s’y asseoir en liberté. […] Ces premières années de séjour en Suisse sont marquées par beaucoup de joie, de gaieté ; Voltaire sent qu’il est redevenu libre ; il se mêle à la vie du pays, et y fait accepter la sienne ; il fait jouer chez lui la comédie, la tragédie, et trouve sous sa main des acteurs de société, et point du tout mauvais, pour les principaux rôles de ses pièces. […] C’est alors qu’il songe à s’assurer plus d’un gîte et à tenir le pays en plus d’un endroit : il acquiert la terre de. […] Une légère ivresse le prend, à se voir si savamment et si politiquement arrondi, et à cheval, comme un baron émancipé, sur tant de frontières ; c’est pour le coup qu’il bondit et fait des gambades : Si vous allez dans le pays du pape, écrit-il à d’Alembert, passez par chez nous. […] Un jour que Voltaire, causant avec le président, se plaignait de manquer de bois de chauffage, le président lui indiqua Charlot comme pouvant lui en procurer sur place, et il se chargea lui-même d’en parler à l’homme : de là livraison à Voltaire par ledit Charlot de quatorze moules de bois, mesure du pays.
Il serait peut-être curieux de chercher comment l’éloquence, perdue depuis tant de siècles, après avoir régné à Athènes, à Rome et dans Byzance, reparut au bout de douze cents ans chez les descendants des Celtes, et dans un pays où il n’y avait ni liberté à venger, ni intérêts d’état à défendre. […] Seulement ces mots se déguisèrent sous une terminaison française, comme des étrangers qui prennent l’habit du pays qu’ils viennent habiter. À peu près dans la même époque commencèrent nos guerres d’Italie ; et sous Charles VIII, Louis XII, et sous François Ier, nous inondâmes ce beau pays, où les arts florissaient parmi les agitations de la liberté et de la guerre. […] Enfin, Balzac la créa parmi nous ; Balzac qui eut longtemps la plus grande réputation, et qu’on n’estime point assez aujourd’hui dont les lettres sans doute sont peu intéressantes et quelquefois ridicules, mais qui, dans ses ouvrages, et surtout dans son Aristippe et dans son Prince, à travers des fautes de goût, a semé une foule de vérités de tous les pays et de tous les temps, et où l’on retrouve l’âme d’un citoyen et la hauteur de la vertu, relevées quelquefois par l’expression de Tacite. […] De ce mélange de chocs et de réflexions, de grands intérêts et de sentiments que ces intérêts font naître, se forme peu à peu chez un peuple un assemblage d’idées, qui tantôt se développent rapidement, et tantôt germent avec lenteur ; mais rien ne contribue tant à cette activité générale des esprits que les troubles civils et les agitations intérieures d’un pays : c’est alors que la nature est dans toute sa force, ou qu’elle tend à y parvenir ; alors elle a l’énergie des grandes passions, qui ne peuvent naître que dans l’état violent des sociétés, et elle n’est point assujettie à ce frein que les sociétés reçoivent des lois, et qui, pour le bien général, comprimant tout, affaiblit tout.
L’éloquence enfin, quoiqu’elle manquât sans doute, chez la plupart des modernes, de l’émulation des pays libres, a néanmoins acquis, par la philosophie et par l’imagination mélancolique, un caractère nouveau dont l’effet est tout-puissant. […] Il ne faut point comparer les vertus des modernes avec celles des anciens, comme hommes publics ; ce n’est que dans les pays libres qu’il existe de généreux rapports et de constants devoirs entre les citoyens et la patrie. Les habitudes ou les préjugés, dans les pays gouvernés despotiquement, peuvent encore souvent inspirer des actes brillants de courage militaire ; mais le pénible et continuel dévouement des emplois civils et des vertus législatives, le sacrifice désintéressé de toute sa vie à la chose publique, n’appartient qu’à la passion profonde de la liberté.
La bonté est la vertu primitive, elle existe par un mouvement spontané ; et comme elle seule est véritablement nécessaire au bonheur général, elle seule est gravée dans le cœur ; tandis que les devoirs qu’elle n’inspire pas, sont consignés dans des codes, que la diversité des pays et des circonstances peut modifier ou présenter trop tard à la connaissance des peuples. L’homme bon est de tous les temps, et de toutes les nations ; il n’est pas même dépendant du degré de civilisation du pays qui l’a vu naître ; c’est la nature morale dans sa pureté, dans son essence ; c’est comme la beauté dans la jeunesse où tout est bien sans effort. […] Il y a des vertus toutes composées de craintes et de sacrifices, dont l’accomplissement peut donner une satisfaction d’un ordre très relevé à l’âme forte qui les pratique ; mais, peut-être, avec le temps découvrira-t-on que tout ce qui n’est pas naturel, n’est pas nécessaire, et que la morale, dans divers pays, est aussi chargée de superstition que la religion.
Vielé-Griffin exprime avec un sourire d’aisance et de plénitude l’enchantement de ce pays où des prairies, une courbe de fleuve, une ligne de peupliers suffisent par le jeu de la lumière au décor le plus émouvant. […] Son pays modela sa joie, il exprime la joie de son pays ; le décor offrit au poète le don et la variété de son spectacle ; il me paraît que c’est en lui que le poète a retrouvé l’enseignement du vieux potier et le rire de Mélissa.
Elles sont une idée allemande, une idée fausse du pays qui a en toutes choses la supériorité des idées fausses. […] Ce sont des épouses quasi-légitimes de par la coutume, mais en France, pays de droit sens et de réalité, où les situations ambiguës sont antipathiques au génie même de la race, les maîtresses de roi, elles, n’ont jamais été que des maîtresses, — toujours désavouées et déshonorées par les mœurs. […] Gabrielle dÉstrées et la politique de Henri IV (Pays, 6 décembre 1859).
[Le Pays, 16 mars 1858.] […] Il est certain que Judas qui vendit son Dieu est au-dessous… Rapetti ne l’a pas rangé non plus parmi ceux-là qui vendirent leur pays, le visage nu, les mains ouvertes. […] Il n’a invoqué à la décharge de Marmont ni la collision des devoirs, ni le coup d’œil de l’homme politique éclairant l’homme de guerre, ni le salut du pays, ni l’économie des quelques gouttes d’un sang précieux, versé inutilement sur une terre qui en avait déjà tant bu.
Malgré ces quelques livres cependant, auxquels la Critique d’un journal, qui s’écrit toujours un peu debout, devait de s’asseoir pour en parler plus à l’aise, comme dit Montesquieu d’Alexandre, malgré ces productions trop clairsemées et plus distinguées que les autres, tous ceux qui suivent le mouvement littéraire contemporain ont pu s’assurer que la littérature n’a point encore reçu des événements politiques qui ont changé la face de notre pays, et l’ont pénétré de meilleures influences, ce qu’ils se permettaient d’espérer. […] On y rencontre une foule d’écrivains qui, sans l’être dans l’acception pleine et absolue de ce grand mot, ont du style pourtant, — comme on y voit des artistes qui ont ce qu’on nomme, en terme du métier, « de la palette », — mais cela suffit-il pour l’Art d’un pays ou pour sa Littérature ? […] La Sorcellerie (Pays, 19 avril 1853).
Modifier la situation du Sénat vis-à-vis du pays et du gouvernement, ouvrir les fenêtres du Corps législatif, image charmante qui ne veut pas dire certainement qu’il faille les ouvrir comme au 18 brumaire à Saint-Cloud, se relâcher du système des avertissements, et toutes les questions, selon Véron, seront résolues ! […] Nous l’avons dit déjà, il n’y a dans sa brochure ni le pays, ni l’Empire, ni l’Empereur, ni même ce système parlementaire qu’on évoque pour dire quelque chose quand on est un bourgeois de Paris, un taquin né d’opposition plus ou moins aimable. […] (Pays, 25 janvier 1857).
Il avait eu le malheur d’être l’ami de Philippe, de ce Philippe le plus adroit des conquérants et le plus politique des princes ; aimé de l’oppresseur de son pays, il s’en justifia en mourant, car il ne put survivre à la bataille de Chéronée ; voilà pour sa personne. […] Les calomnies de ses rivaux nous attestent sa gloire, car l’envie ne tourmente point ce qui est obscur ; nous savons qu’on venait l’entendre de tous les pays, et il compta parmi ses auditeurs, des généraux et des rois. […] Quoi qu’il en soit, jamais peut-être orateur, dans aucun pays, ne traita un si beau sujet.
Mais ce grand homme, le plus habile des poètes dramatiques de tous les pays et de tous les siècles, avait autant d’esprit que de génie : un goût sûr, un art profond dirigeait son talent flexible : il a su, sans qu’on y prît garde, se dégrever lui-même, et payer son tribut en une monnaie bien plus pure que celle qu’on voulait exiger de lui. […] On avait dit aux auteurs dramatiques : Conservez à chacun son propre caractère… Des siècles, des pays étudiez les mœurs ; mais en leur prescrivant sur ce point la plus rigide exactitude, on leur avait laissé, en ce qui concerne les circonstances des événements, une assez grande liberté. […] Il se peut bien qu’Adélaïde de Walldorf ait été entraînée au-delà de toutes les bienséances par son amour pour un de ses vassaux8, et que des soldats allemands aient quitté leurs rangs pour aller chercher des serviettes chaudes9 ; mais il y a d’autres moyens de nous peindre les dérèglements des princesses allemandes du seizième siècle, et la poltronnerie des miliciens du même pays et de la même époque. […] la multitude en tout pays, n’a déjà que trop de goût pour le spectacle des supplices qui, vrais ou imaginaires, devraient inspirer presque autant d’horreur que les crimes. […] et peu s’en faut qu’on ne nous demande pour plus de fidélité, que chaque personnage parle sur la scène son langage le plus familier et jusqu’à l’idiome de son pays, bien que pourtant les Grecs, les Romains, les Français s’expriment encore en anglais sur les théâtres de Londres, en allemand sur ceux de Vienne et de Berlin.
C’est là une des causes de la popularité de La Fontaine, la plus grande popularité littéraire des temps modernes, et certainement de notre pays. […] On a essayé d’en faire un des pères d’une école française plus libre et d’une poésie plus naïve ; je n’y veux voir qu’un hommage un peu détourné à cette gloire aimable et chère, entre coûtes, à notre pays. […] Je ne parle ni de Lessing, ni de l’Allemagne : c’est un pays d’où il nous est venu des attaques même contre Molière. […] Quoique le poète nous occupe plus que l’homme dans La Fontaine, je ne résiste pas à faire remarquer combien il était Français par l’idée qu’il avait de son pays. […] Nous sommes meilleurs juges que La Fontaine de la politique qui révoqua l’édit de Nantes, mais nous n’entendons pas mieux que lui le rôle qui sied à notre pays.
Dans un pays qui sait se taire. […] Le plus beau pays du monde. […] ô pays de Voltaire ! […] ô pays de Voltaire ! […] Ils sont nourris de ce pays-ci.
C’est un arrangement de surface qui n’a guère de racine dans le pays. […] Un souffle froid passa tout à coup et fit vaciller la mer, les rayons pâles, les arbres : le souffle traître qui annonce dans ces pays la fin du soleil. […] Cet homme et cette pipe sont, à l’image de leur pays, de facture solide et un peu lourde. […] On sait ce qu’il résulta de ces grands dévouements et pour les citoyens et pour la France : la ruine immédiate pour tous et l’envahissement du pays plus tard. […] Je passe l’introduction et j’entre dans le cœur du livre qui est l’exploration du Rif et que ne sauraient trop consulter ceux qui ont la curiosité de connaître ce pays fermé.
Cette lacune universelle, dans la littérature de tous les pays et de tous les âges, est au moins une présomption contre l’aptitude des femmes à la haute poésie exprimée en vers. […] La conversation, besoin d’échange des esprits et des cœurs, devint une nécessité et presque une institution du pays. […] Il aurait accepté volontiers les services de madame de Staël esclave ; mais le contraste de madame de Staël libre dans un pays asservi lui répugnait. […] L’on pourrait tout au plus s’en décourager pour la France ; mais si ce pays avait le malheur de ne savoir posséder le plus noble des biens, il ne faudrait pas pour cela le proscrire sur la terre. Quand le soleil disparaît de l’horizon du pays du nord, les habitants de ces contrées ne blasphèment pas ses rayons qui luisent encore pour d’autres pays plus favorisés du ciel.
Dans quel pays et avec quels hommes vais-je me trouver ! […] Je vous dirai, en attendant, que le climat de ce pays-ci vaut mieux que les habitants. […] Je ne vous offre rien de ce pays-ci, car ma fortune ne me le permet pas encore ; mais à l’année prochaine. […] Je vis dans un pays où l’on offre volontiers à dîner à ceux qui n’ont pas de faim92. […] Je n’ignore pas que nul n’est prophète dans son pays.
Tourmentée par Cinthio à ce sujet, Isabelle (c’était le nom de la sœur) prit le parti de quitter le pays. […] L’un des deux entame la conversation et lui raconte qu’il est du pays de Cocagne, pays où l’on mange fort grassement et copieusement. […] Pendant ce temps-là, le premier orateur du pays de Cocagne dévore et avale les restes du panier.
La critique scientifique — Évolution de la critiquebz La critique littéraire qui a débuté aux temps modernes et en France par les examens de Corneille et de Racine, par Boileau et Perrault, apparut comme un genre distinct dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dans ce pays, avec La Harpe et les Salons de Diderot, en Angleterre avec Addison, en Allemagne avec Lessing. […] C’est ainsi qu’il essaie de dériver le génie particulier des écrivains anglais des propriétés originelles de l’esprit de la race anglo-normande, que la sculpture grecque, la peinture hollandaise et flamande lui paraissent refléter exactement les pays et les époques auxquels elles appartiennent. […] Partant du principe que les choses morales ont, comme les choses physiques, des dépendances et des conditions, il esquisse la vie de chacun des écrivains qu’il veut étudier, montre le pays où il est né, le lieu où il a vécu, puis, analysant son œuvre et en dégageant les principaux caractères, il exprime fame qu’ils révèlent, en une formule à plusieurs termes. […] Georg Brandès (1842-1927) : critique et penseur danois, il eut une très grande influence sur la vie intellectuelle et littéraire de son pays.
Entouré d’amis qui lui conseillaient de prendre le pouvoir, il avait refusé en disant : « C’est un beau pays que la royauté ; mais ce pays n’a pas d’issue. » Et plus tard, amusant son repos avec ce charme de la poésie dont il avait appuyé ses lois, il répétait : « Si j’ai épargné ma patrie, et n’ai pas voulu m’en rendre maître, ni m’élever par la force, en déshonorant la gloire que j’avais obtenue d’ailleurs, je n’ai honte ni repentir de cette modération : au contraire, c’est le côté par où j’ai surpassé les autres hommes. » Le législateur d’Athènes, celui dont les lois, dans quelques maximes éparses, offrent encore de mémorables leçons, résista jusqu’à la fin à la lente usurpation de Pisistrate, dénonça ses menées populaires, protesta contre sa garde, et, enhardi par la vieillesse, vécut libre, même sous un maître qu’il avait pressenti et bravé. […] Vous semblez assis en paix ; et la guerre est partout en votre pays, etc. […] C’est l’honneur et la gloire de l’homme de combattre pour son pays, ses enfants, sa jeune épouse, contre l’ennemi.
Charnay, dans le pays des Lacandons ! […] Si bien qu’ils éprouvèrent un grand désir de retourner dans leur pays. […] La richesse de ce pays est formidable. […] Cela s’appelle, en pays latin, être conséquent avec soi-même. […] Propriétaire de trois mille kilomètres de chemins de fer dans son pays.
Des terminaisons rudes, des consonnes fréquentes, des verbes auxiliaires nécessairement redoublés dans une même phrase, offensent l’oreille, même des naturels du pays. […] Dans tous les pays d’états, le souverain juroit à son avenement de garder leurs franchises. […] Le peuple du pays de Vaud, du Vallais, de la vallée d’Engadina, & quelques autres cantons, conservent encore aujourd’hui des vestiges manifestes de cet idiome. […] L’Angleterre est, de tous les pays, celui qui a sans contredit, les archives les plus anciennes & les plus suivies. […] Cette réflexion peut s’appliquer à presque toutes les histoires des pays étrangers.
Spencer en fait l’énumération sommaire au début du fascicule de la Descriptive sociology dc, consacré à ce pays. […] Par suite d’une profonde révolution théologique et morale, l’Angleterre cesse peu à peu d’être le pays rapace, rogue et violent qu’elle semblait encore il y a cinquante ans. […] Si La Fontaine est d’un pays de coteaux et de petits cours d’eau, Bossuet n’a-t-il pas aperçu les mêmes aspects autour de Dijon, et Lamartine autour de Mâcon ? […] Il est inutile de multiplier ces exemples des variations de la gloire, c’est-à-dire de la compréhension d’un artiste à travers les pays et les époques. […] Mais elles le sont, non parce qu’elles sont nées à ces deux époques en ces deux pays, mais parce qu’elles y ont été extrêmement lues, lues avec admiration, parce qu’elles ont pénétré dans les cœurs, enflammé et enchanté les intelligencesdy.
« “Ô reine, sois compatissante ; après tant de souffrances que je viens de subir, tu es la première que j’approche, et je ne connais aucun autre des hommes qui habitent la ville ou le pays. […] Elle aura recueilli ce vagabond hors de son vaisseau : un homme des pays éloignés, puisque nous n’avons pas de voisins. […] Va plus loin que lui, et jette tes bras autour des genoux de ma mère, afin de voir l’heureux jour du retour, quelque lointain que soit ton pays. […] Lui-même avait commencé aussi, dans la langue provençale, à chanter avec ces Mélibées de son cher pays. […] Il arriva trop tard pour recevoir son dernier soupir ; il l’avait rendu quelques heures avant, serein, confiant, résigné, entre les mains du curé du pays, chargé de bénir sa famille.
Si nous parcourions les différents pays de l’Europe, nous trouverions partout le même phénomène du caprice des critiques. […] La vraie raison, c’est que je n’étais pas du pays, et que la mode du temps ne m’avait pas plié suffisamment à cet enthousiasme de convention. […] Mais la savoir exigeait une seconde naissance ; il fallait aller dans le pays de ces grands hommes pour y prendre leur accent avec l’extrait baptistaire de leur génie. […] C’était un prince philosophe, extrêmement libéral d’institutions dans un pays où il semblait faire l’essai des principes de la révolution française, tempérée par un despotisme populaire sans danger. […] Il ne faut pas juger ces rapports comme on les aurait jugés en France ; en fait de mœurs conjugales le pays des sigisbés absout tout.
Dans un autre genre, plus monumental, l’histoire, Macaulay rédige plutôt qu’il ne grave les annales de son pays. […] Ce pays en est à son ère fabuleuse d’indépendance, de liberté, d’institutions, de créations ; les âmes y ont la vigueur du sol, la grandeur des fleuves, la profondeur des solitudes, la hauteur démesurée des montagnes, l’infini des horizons. […] L’Italie pour moi n’est pas un pays, c’est un mirage ! […] Ce prince, exilé à Rome par les révolutions de son pays, avait épousé tard la jeune et belle comtesse de Stolberg, fille d’une illustre maison princière de la Belgique allemande. […] Chacune de ces contrées paraissait avoir son représentant dans un des interlocuteurs qui plaidait la cause de sa capitale devant la reine détrônée d’un pays que les Romains appelaient, il y a peu de siècles, barbare.
Ils se soulevèrent, et ce ne fut pas seulement un peuple, mais ce fut la Tradition même du pays, ce fut l’histoire de France tout entière qui se souleva avec eux. […] Publié en 1839, cet ouvrage atteignit les passions protestantes dans les pays où il y en avait encore, en Suisse et en Allemagne, et frappa, en France, les esprits élevés, du moins ceux qui n’étaient pas rongés par les verbiages parlementaires, cette vermine du temps qui a failli nous dévorer et qui n’a pas été suffisamment écrasée. […] C’était bien dans ce pays intérieur, dans ce pays du logis, du home, où chaque maison, selon la grande expression de lord Chatam, est une « inviolable forteresse », que devait naître cette histoire intime qui, dans la vie de tout homme public, double son histoire extérieure. […] L’historien de la réforme en ce pays ne pouvait pas se détourner de l’état dans lequel l’anglicanisme commençait de tomber, quand il entreprenait d’en raconter l’origine, et, si le Luther et le Calvin avaient causé dans la patrie du réformateur allemand, où l’on est encore fier de lui, une impression que l’admirable candeur de l’Allemagne n’a pas cachée, que n’était-on pas en droit d’attendre d’un Henri VIII, peint tel qu’il fut, dans le pays qui en a honte, et dont l’établissement politique ne satisfait aucun sentiment religieux ? […] Quoiqu’il fût de l’Académie de Lyon, on peut dire que les pays étrangers lui avaient été meilleurs que son pays.
il répondit : « Nous sommes trois frères, adorateurs de la vérité et de la justice : le premier la prêche, le second l’écrit, et moi je la soutiendrai jusqu’au dernier soupir. » Le nom de Mézeray était celui d’un canton, d’un réage, selon l’expression du pays, où la famille Eudes possédait quelque pièce de terre26. […] En quelque endroit qu’il porte ses armes, il trouve à son arrivée toutes choses prêtes à le couronner de gloire, et vous faites beaucoup plus pour lui que jamais le bonheur ne fit pour César, puisqu’il a vaincu souvent avant même que d’avoir vu… Résumant dans un tableau qui n’est pas trop emphatique cette politique armée qui se montre partout à la fois en divers pays, qui soutient des luttes et des alliances sans nombre, et où la supériorité de la pensée se fait toujours sentir dans l’exécution : J’en prendrais à témoin, s’écriait-il, et La Rochelle et Nancy…, si Perpignan n’en était un témoignage plus nouveau et pour le moins aussi glorieux. […] Mézeray justifie les harangues qu’il a mises quelquefois dans la bouche des princes et seigneurs ; il y a cherché un ornement et rehaussement à l’histoire « dont le style est de soi simple et naïf », et aussi un rafraîchissement pour le lecteur « fatigué de suivre toujours une armée par des pays ruinés et déserts ». […] Et puis l’obscurité est si grande dans la première et seconde race de nos rois, qu’on peut dire que ces temps-là sont comme les pays voisins du pôle, où il n’est jamais jour que par un petit crépuscule. N’accusons donc point Mézeray de ces lacunes, et sachons-lui gré plutôt de les avoir si bien signalées et définies : il a fallu deux siècles de défrichement et de critique, des travaux sans nombre et en France et dans d’autres pays, des systèmes contradictoires qui se sont usés en se combattant et qui ont fécondé le champ commun par leurs débris ; il a fallu enfin ce qu’invoquait Mézeray, l’appui des gouvernements dans les recherches, dans le libre accès aux sources et à toutes les chartes et archives, pour que les faits généraux qui se rapportent à cette première et à cette seconde race fussent éclaircis, pour que la société féodale fût bien connue, et que l’histoire du tiers état pût naître.
Cela impatiente Catherine ; elle prend une carte pour se rendre compte du pays, et donne en souriant une chiquenaude sur le papier : présage d’une guerre. […] Dans ses lettres écrites à M. de Ségur, et datées d’Otchakov, de ce triste siège où, malgré les lenteurs et les intrigues, il y avait eu pourtant quelques brillantes canonnades et des combats, le prince de Ligne parlait du prince de Nassau, ce brillant paladin, sorte de chevalier errant par tous les pays, tour à tour et à volonté colonel d’infanterie, de cavalerie, ou vice-amiral. […] Une lettre piquante adressée à son ancien ami Ségur qui avait donné quelque adhésion aux premiers actes de la Révolution, nous montre le prince de Ligne à la date d’octobre 1790, dans le premier instant de son irritation et de sa colère : La Grèce avait des sages, dit-il, mais ils n’étaient que sept ; vous en avez douze cents à dix-huit francs par jour, … sans mission que d’eux-mêmes, … sans connaissance des pays étrangers, sans plan général, … sans l’Océan qui peut, dans un pays dont il fait le tour, protéger les faiseurs de phrases et de lois… Messieurs les beaux esprits, d’ailleurs très estimables, ont bien peu de talent pour former leurs semblables. […] Il est forcé de reconnaître que le talent bientôt a remplacé la guillotine : « D’Athènes la France a été à Sparte, en passant par le pays des Huns. » Dans un mémoire sur la nouvelle armée française, il lui rend une justice incomplète encore, du moins un commencement de justice.
La haine monacale qu’il avait encourue dès son arrivée et qui avait aussitôt senti en lui une proie et une victime, les dénonciations dont il s’était vu l’objet, et qui pouvaient recommencer toujours, ne lui permettaient pas de penser à se fixer dans ce pays d’inquisition : il cherchait en idée un asile ailleurs pour un avenir plus ou moins prochain, et il n’en trouvait nulle part un à son gré. Dans son mélange de rêverie et d’épreuve, de réalité et de chimère, il songeait par moments à la Corse dont Rousseau était censé faire la Constitution et qui semblait sur le point de se régénérer : « En un mot, cher ami, je cherche un pays où je n’entende point le peuple se plaindre du gouvernement, où l’on puisse parler avec plaisir et des lois et de leur exécution, où l’étranger n’ait rien à craindre des citoyens, ni ceux-ci de leurs régisseurs. […] Ce pays idéal, il l’eût placé chez les Sauvages plutôt que de s’en passer. […] Il s’écriait d’un accent déchirant : « Si je pouvais trouver à vivre loin d’une Cour, dans un pays de liberté, je m’y traînerais à quatre pattes, mes enfants sur le dos. » A d’autres jours, à des moments moins irrités et moins amers, mais non moins tristes, il disait en paroles d’un découragement profond : « Combien je donnerais des années qui me sont encore destinées pour en passer une ou deux avec vous, au moins à portée de vous voir quelquefois ! […] Il était parvenu à réaliser le vœu qu’il exprimait avec tant de modestie : « Je tâcherai d’établir ma réputation dans votre amitié. » Avec quel transport il lui envoyait, tant qu’il le put et qu’il sut où l’atteindre, des paroles d’admiration sympathique et de tendresse : « Vous, que mon cœur poursuit dans tous les pays du monde, vous qui me tenez lieu des anges gardiens et du démon de Socrate !
Où en était avant lui la description locale, celle des pays et des climats ? […] S’ils vous dépeignent un pays, vous y voyez des villes, des fleuves et des montagnes ; mais leurs descriptions sont arides comme des cartes de géographie : l’Indoustan ressemble à l’Europe ; la physionomie n’y est pas. ». […] En gagnant le fond de la gorge, la végétation va s’épaississant et forme un fourré impénétrable à travers lequel on voit par places luire l’eau diamantée du torrent… « La Sierra-Morena franchie, l’aspect du pays change totalement ; c’est comme si l’on, passait tout à coup de l’Europe à l’Afrique : les vipères, regagnant leur trou, rayent de traînées obliques le sable fin de la route ; les aloès commencent à brandir leurs grands sabrés épineux au bord des fossés. […] Il avait vu l’Afrique, l’Algérie, pour la première fois en 1845, en juillet-août, au plein cœur de l’été, ayant pour principe qu’il faut affronter chaque pays dans toute la violence de son climat, le Midi en été, le Nord en hiver ; se donner l’ivresse de la neige, comme celle du soleil. […] Lui qui avait quelquefois aimé et rêvé des monstres, il put se dire, à la vue de l’Attique, de ce pays qui a été comme créé exprès sur l’échelle humaine : « J’ai connu trop tard la beauté véritable !
La table des morts et des naissances présente des résultats certains et invariables, aussi longtemps que subsiste l’ordre régulier des circonstances habituelles ; le nombre des divorces qui auront lieu chaque année, le nombre des vols et des meurtres qui se commettront dans un pays de telle population, et de telle situation religieuse et politique, ce nombre peut se calculer d’une manière précise ; et ces événements qui dépendent cependant du concours journalier de toutes les passions humaines, ces événements arrivent aussi exactement que ceux qui sont uniquement soumis aux lois physiques de la nature. […] Pourquoi ne parviendrait-on pas un jour à dresser des tables qui contiendraient la solution de toutes les questions politiques, d’après les connaissances de statistique, d’après les faits positifs que l’on recueillerait sur chaque pays ? L’on dirait : — pour administrer telle population, il faut exiger tel sacrifice de la liberté individuelle : — donc telles lois, tel gouvernement conviennent à tel empire. — Pour telle richesse, telle étendue de pays, il faut tel degré de force dans le pouvoir exécutif : — donc telle autorité est nécessaire dans telle contrée, et tyrannique dans telle autre. — Tel équilibre est nécessaire entre les pouvoirs, pour qu’ils puissent se défendre mutuellement : — donc telle constitution ne peut se maintenir, et telle autre est nécessairement despotique. — On pourrait prolonger ces exemples ; mais comme la véritable difficulté de cette idée n’est pas de la concevoir abstraitement, mais de l’appliquer avec précision, il suffit de l’indiquer. […] Aussi longtemps qu’existera ce désordre, des circonstances favorables, des hasards heureux pourront établir, dans quelques pays, des institutions conformes à la raison ; mais les principes généraux de la politique n’y seront pas fixés, l’application de ces principes aux différentes modifications de l’état social n’y sera pas assurée. […] Mais ce favorable hasard tient à des circonstances particulières, et ne préjuge en rien, ni quels sont les principes invariables en eux-mêmes, ni de quelle application ils sont susceptibles dans d’autres pays.
Les révolutions qui se sont succédé dans notre pays depuis la convulsion de 1789 nous ont amputés de beaucoup d’organes de durée. […] Celui-ci a consacré toutes ses facultés à son pays depuis vingt ans, — tout est oublié, c’est un clérical. […] Avoir ajouté de belles pages, au trésor littéraire du pays, c’est l’avoir servi et bien servi. […] Je me souviens de ce mot naïf d’un camarade qui nous disait : « Il faudra que je me choisisse un pays. […] C’est vraiment tout son pays natal qui revit dans ses vers, comme la Provence dans ceux de Mistral.
Pendant cent cinquante ans, les hommes dans les deux pays pensants, la France et l’Angleterre, y ont employé toute leur étude. […] La sève en ce pays est toujours plus forte que chez nous ; leurs sensations sont plus profondes, comme leurs pensées plus originales. […] Il était rieur pourtant, mais à sa manière, ou plutôt à la manière de son pays. […] Les gens de ce pays ont toujours été plus féodaux et campagnards que nous. […] Mais, en somme, c’est par lui que commence la révolte contre les habitudes classiques ; et, à ce titre, il est plus précoce en Angleterre, pays germanique, qu’en France, pays latin.
il n’y en a point dans le dévouement nécessaire à son pays ou à son roi. […] Le pays se retrouvera libre, grâce à l’armée. […] C’est un vilain pays, de tout mon cœur, je vous le dis ; mais moi, qui suis une vieille peau de loup desséchée au soleil, j’y vivrais comme un seigneur. […] Cette rencontre me révéla une nature d’homme qui m’était inconnue, et que le pays connaît mal et ne traite pas bien ; je la plaçai dès lors très haut dans mon estime. […] La monarchie légitime pour le pays, pour lui une belle carrière militaire couronnée par une haute dignité et un grade illustre sous une maison royale de son choix, c’était l’idéal de sa vie. 1830 avait tout renversé en lui.
Le Pays, 2 octobre 1855. L’époque du Directoire est une de ces époques décourageantes qu’on aimerait mieux voiler que raconter, quand on a un peu de pudeur pour son pays. […] L’agriculture, le commerce, l’industrie, ces grands arbres du pays, étaient coupés jusque dans leurs racines. […] Le Pays, 23 et 30 juin 1857. […] Cela ne suffit pas quand on prend la responsabilité d’un pays.
Sa mère, Rolland de son nom, appartenait à une famille qui a donné un peintre très distingué au pays messin, et qui promettait dans un des frères mêmes du peintre un lettré et un poète. […] J’ai retrouvé la paix que j’avais perdue, et je reprends fermement la résolution de poursuivre en silence mon chemin, et d’attendre, en m’y préparant par des études solitaires, que mon pays me réclame et que mon temps soit enfin venu. […] Là, de sa chambre provisoire et de ce qu’il appelle son grenier de l’École d’Athènes, il put, dès le premier jour, rassasier ses regards, admirer à souhait l’Acropole et les lignes de l’horizon, le pays de la lumière (Venise n’est que le pays de la couleur), cette lumière « si transparente et si pure qu’on croirait toucher de la main les côtes et les montagnes d’alentour160 ». […] Notre jeune professeur de rhétorique ne crut point sortir de sa sphère ni abuser de l’art de persuader en conviant ces jeunes talents chers au pays à se former en une société dite de l’Union des Arts. […] Considérant l’œuvre de Shakespeare comme une image plus ou moins complète, plus ou moins fidèle du monde réel et du monde imaginaire, je vais avec lui de pays en pays, de siècle en siècle, passant d’Athènes à Rome, de l’antiquité grecque et latine à la Renaissance italienne, du midi au nord, d’Elseneur en Angleterre et en Écosse ; ici des légendes à l’histoire, là de l’histoire à la comédie, enfin de la comédie de mœurs à la comédie romanesque et à la comédie fantastique.
. — En quoi il ressemble aux peintres de son pays. — En quoi il diffère de George Sand […] Il se perdra, comme les peintres de son pays, dans l’observation minutieuse et passionnée des petites choses ; il n’aura point l’amour des belles formes et des belles couleurs. […] Plantez ce talent dans une terre anglaise ; l’opinion littéraire du pays dirigera sa croissance et expliquera ses fruits. […] L’hypocrisie vient, s’en va et varie selon l’état des mœurs, de la religion et des esprits ; aussi voyez comme l’hypocrisie de Pecksniff est conforme aux dispositions de son pays ! […] Ces sortes de gens ne se trouvent pas dans notre pays.
Quand on regarde ce pays, sa surface vous paraît trop heureuse et trop égayée, pour produire un talent tourmenté et nerveux : le talent moderne. […] Mais la peinture n’est pas le dessin, la peinture est avant tout de la couleur, et je ne la vois que dans les pays de brouillards froids ou chauds, dans les pays où un certain prismatique monte de l’eau dans l’air, en Hollande ou à Venise. […] * * * Tout ce qui est beau en Italie : la femme, le ciel, le pays, est crûment, brutalement, matériellement beau. […] Puis la nuit descendue, tout le monde roule en voiture ; et l’on vague dans du clair de lune, qui transfigure tout ce pays de Montmorency, en un rêve de paysage parisien. […] Il l’avait vu le matin même, et Berlioz lui racontait avoir été amoureux à douze ans, dans le pays, d’une jeune fille de vingt ans.
Il en est des idées comme des plantes ; elles ne peuvent passer d’un pays à un autre et y prospérer que si elles y rencontrent un sol et un climat favorables. […] Parce qu’il avait dans sa jeunesse contemplé de près la splendeur des montagnes et des lacs, vécu dans leur, intimité, respiré dans l’air pur l’âme des paysages alpestres ; parce qu’il avait parcouru à pied la Suisse et la Savoie, deux pays où des contrastes grandioses et charmants parlaient plus qu’ailleurs aux yeux et aux cœurs, où les fêtes, les usages, la vie de tous les jours avaient encore la saveur d’une agreste simplicité ; parce qu’enfin cet être si sensible, écrivant en un moment où la sensibilité se réveillait en France, rencontrait des lecteurs préparés aux émotions qu’il allait leur communiquer. […] Le calcul des probabilités indique, à un ou deux près, le nombre des morts et des mariages qui se produiront en un pays dans l’espace d’une année ; il ne saurait apprendre si telle personne désignée se mariera ou mourra durant ces douze mois.
Cette théorie, imitée des Grecs par un ignorant qui ne connaissait pas la Grèce, cette théorie imbécille, même comme hypothèse, donnait le pays non pas à tout le monde, comme il est de naïfs historiens qui le répètent encore, mais aux mineurs, qui sont nécessairement le plus grand nombre dans toute société. […] Elle ouvrait des abîmes, guillotinait, émiettait le pays tout en l’étouffant. […] Souvernirs de l’Insurrection normande dite du Fédéralisme, en 1793 (Pays, 18 mai 1858).
Magistrature, armée, sacerdoce, triple force de l’ordre éternel, appuyées à la force triple de la famille représentée par ses chefs, voilà la force majeure des pays, et visiblement, pour qui sait ouvrir les yeux et regarder, les deux degrés électoraux que Dieu a rangés autour du pouvoir, et dont, en réalité, seul il dispose. Cette constitution du pays a entièrement échappé à l’auteur de l’Individu et l’État. […] L’Individu et l’État (Pays, 27 avril 1858).
On commença à César ; cet homme qui avait fait tant de mal à son pays, et qui avait commis le plus grand des crimes, celui de précipiter la corruption d’un peuple, fut loué sur cette même tribune où l’on n’aurait dû monter que pour flétrir sa mémoire. […] Ces noms étaient encore chers aux Romains, et leur rappelaient de grandes idées, à peu près comme les Grecs esclaves d’un bacha se promènent avec orgueil à travers les ruines de leur pays. […] L’orateur était Septime Sévère, qui avait cultivé la philosophie et les lettres, homme d’état, homme de guerre, aussi actif que César, aussi implacable dans ses vengeances que Sylla, enfin l’un de ces hommes qui, nés pour le malheur et la gloire de leur pays, ont été tout à la fois grands et cruels.
M. de Marcellus continuait de reporter ses regards en arrière, et moi à payer à mes braves amis le prix d’une vie politique qui m’avait ruiné en sauvant un jour mon pays. […] Sans jamais conspirer, ni même agiter son pays, il allait souvent porter l’hommage de sa fidélité à la cour des rois tombés. […] Jamais l’intérêt et la grâce n’avaient été plus indissolublement pétris dans des pages scientifiques ; même quand on ne lit pas le texte, on lit le commentaire, et on emporte des images ravissantes de tous les pays qu’on a parcourus avec un tel guide. […] « Cette illustre Anglaise avait résolu, après la mort de son oncle le célèbre Pitt, de voyager longtemps loin de son pays : peut-être même, dès lors, se promit-elle de ne plus revenir en Angleterre. […] « Le costume des femmes syriennes lui parut incommode, et propre seulement à la vie sédentaire et intérieure ; l’habit européen l’exposait trop à la curiosité et à l’attention des Druses ; elle adopta donc les vêtements des hommes du pays.
L’histoire de ce triple théâtre dans ses rapports avec les mœurs et les progrès de la civilisation, serait un point intéressant de l’histoire générale de notre pays ; mais ce point n’est pas de mon sujet. […] Et comme je comprends l’enthousiasme dont furent saisis nos pères, il y a un peu plus de deux siècles, quand ils virent cette aimable et pathétique image de la vie, et qu’ils entendirent cette voix des passions parlant le langage de tous les temps et de tous les pays ! […] La popularité de Corneille honore notre pays. […] A Dieu ne plaise que cette superstition pour l’héroïsme s’affaiblisse dans notre pays ! […] Mais dans un pays où la tragédie est le premier des arts, où l’idée d’art implique l’idée d’une vérité durable, l’autorité même du grand Corneille n’a pas pu consacrer sa théorie.
Il n’avait traversé la poésie qu’en courant, dans ses voyages, par aventure de jeunesse, et comme on traverse certains pays et certaines passions. […] Ceux qui viennent en Italie pour refaire leur santé doivent porter leurs projets de sagesse ailleurs75. » Mais le golfe, la mer, les îles, c’était bien là pour lui le pays enchanté où l’on demeure et où l’on oublie. […] « Adieu jusqu’en des temps et des pays lointains ; jusqu’aux lieux où la nature accueillera l’automne de ma vie, jusqu’aux temps où mon cœur sera paisible, où mes yeux seront distraits auprès de vous ! […] « Il y a une audace et un abandon dans la confidence des mouvements d’un pareil cœur, bien rares en notre pays et qui annoncent le poëte. […] Un soir, en nous parlant de Naple et de ses grèves, Beaux pays enchantés où se plaisaient tes rêves, Ta bouche eut un instant la douceur de Platon ; Tes amis souriaient, … lorsque, changeant de ton, Tu devins brusque et sombre, et te mordis la lèvre, Fantasque, impatient, rétif comme la chèvre !
Je me souviens du jour et de l’heure où le ministre de la maison d’Orléans tira le rideau qui voilait cette négociation et cette alliance, et où le pays jeta un cri d’admiration irréfléchie à l’aspect de ce chef-d’œuvre. […] XVII La première chose à rechercher pour un grand diplomate, c’est un principe, un principe dirigeant de toute diplomatie théorique ou pratique pour son pays et pour tous les pays du globe constitués en nations. […] Les bases en étaient déjà éventuellement posées : elles étaient des bornes très reculées de l’Allemagne en Italie ; mais elles n’étaient pas un empire de trente millions d’hommes, improvisé au profit d’un roi guerrier et d’un pays militaire contre l’Allemagne et contre la France. […] Supposons M. de Talleyrand appelé au conseil secret de son pays, et tâchons d’arracher à son sépulcre ce qu’il aurait dit de son vivant. […] Or voici, selon nous, comment la géographie diplomatique de l’Europe se serait dessinée à ses yeux exercés, et comment il aurait, de ce coup d’œil de haut sur les choses, conclu au système le plus actuel d’alliance, soit pour la guerre, soit pour la paix, convenable à son pays.
Entre les racines de ces hautes montagnes circulent des vallées et des plateaux qui furent la Franche-Comté, pays militaire de nature parce qu’il est pays frontière, pays républicain de caractère parce qu’il est à lui tout seul un peuple indépendant, le canton libre d’une Suisse française ; les Huns le peuplèrent au temps où les migrations orientales, puis germaniques franchirent le Danube et le Rhin, cherchant de l’espace à l’occident pour leurs troupeaux, et de la liberté dans des sites forts. […] Pourquoi ai-je quitté moi-même les coteaux vineux de mon pays, comme la poussière quitte le sillon, pour aller chercher du bruit, de la vanité, de la popularité plus venteuse que le vent sur la mer ondoyante des opinions humaines, à Paris, à Londres, à Stamboul, à Rome, à Athènes, et pour errer, à la fin de mes jours, exilé par ma faute de la porte fermée de mon propre foyer natal ? […] Si, comme moi, vous avez chevauché dans les déserts et dans les vallées des deux Arabies, vous reconnaîtrez tout de suite que les hommes descendus de Tartarie en Arabie, d’Arabie en Scythie, de Scythie en Hongrie, de Hongrie en Franche-Comté et en Bresse ont passé par là, ont colonisé ses contrées et ont imposé au plus beau fleuve du pays ce nom arabe et générique d’Ain (l’eau par excellence) dont en perdant l’accent Aïn, nos pères, moins euphoniques que les Arabes, ont fait Ain, nom rendu guttural et trivial comme le balbutiement à bouche ouverte d’un enfant hébété. […] Son père, gentilhomme franc-comtois, attaché aux Bourbons par leurs droits traditionnels, et surtout par leurs malheurs, fut élu par le peuple à la chambre des députés en 1816, pour représenter le pays. […] XXXI Quoique fort jeune en 1848, le poète de Saint-Lupicin, bien qu’issu comme moi de souche royaliste, fut convoqué par le peuple de son pays à venir au secours de la France sous la forme, alors la seule possible, d’une république de droit commun, sans privilège, sans dictature, et par conséquent sans proscriptions et sans échafauds.
La traduction des œuvres de Plutarque ne fut pas un moindre événement dans l’histoire politique de notre pays que dans l’histoire de la littérature. […] De là cette intelligence si profonde et si sûre, et cette pratique pour ainsi dire journalière des analogies des langues anciennes avec la nôtre ; de là tant de créations de tours et d’expressions conformes à l’esprit de notre pays. […] Sous quelque point de vue qu’on l’ait regardé, soit qu’on y ait cherché l’instruction ou la distraction, peu d’écrivains, depuis trois siècles, ont eu plus de lecteurs dans notre pays, et des lecteurs plus amis de leur auteur. […] Les érudits en goûtent la nouveauté, et y admirent tant de tours et d’expressions conformes au génie de notre pays, et qui datent de Montaigne. […] Tous les esprits cultivés aiment, cet heureux don d’exprimer des choses sensées par un tour piquant qui est proprement l’esprit, si national dans notre pays.
L’un et l’autre ont exercé une influence dominatrice sur la littérature de leur pays. […] Pouchkine rêvait, dit-on, une liberté à laquelle son pays n’était pas encore préparé. […] Cependant lord Byron, né dans un pays d’habitudes oratoires, où l’on parle à toute occasion, et où trop souvent on écrit comme on parle, n’a jamais daigné faire un choix entre les idées qui se présentaient en foule à son imagination. […] Sa sobriété, son tact à choisir les grands traits de tous les sujets qu’il traite, à sacrifier les détails inutiles, serait un mérite considérable en tout pays, et ce mérite est surtout à louer chez un Russe. […] Le tort de Pouchkine, en employant les superstitions populaires de son pays pour les machines de son poème, fut de les prendre du côté ridicule, et de donner à tout son récit une tournure ironique.
Dès que la porte de la rue s’ouvrait et qu’un visage paraissait à la grille, la jeune fille était debout, élancée, polie, prévenante pour chacun (comme si elle n’avait été élevée qu’à cela), recevant de sa main blanche les gros sous des paysans qui affranchissaient pour leur pays ou payse en condition à Paris. […] C’était une des plus anciennes et des grandes familles du pays. […] si alors, un peu après, quelque pauvre jeune fille paysanne venait apporter, en la tournant dans ses mains, une lettre de sa façon pour un soldat du pays, et la remettait, pour l’affranchir, avec, toute sorte d’embarras et rougissant jusqu’aux yeux, elle aussi, tout bas, rougissait en la prenant et se disait : C’est comme moi ! […] Toutes deux suivaient à pas lents la grande route, à cet endroit, fort agréable, d’où la vue s’étend sur des champs arrosés et coupés comme de plusieurs petites rivières, et, par delà encore, Sur ce pays si vert, en tout sens déroulé, Où se perd en forêts l’horizon ondulé. […] Hervé et Christel n’avaient pas besoin de confronter longuement leurs âmes, de s’en expliquer la source et le cours : On s’est toujours connu, du moment que l’on aime, a dit un poëte ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères d’une ancienne patrie et à ces songes d’or retrouvés du berceau.
Par suite, en Limousin et ailleurs, dans les pays dont la principale production est en prairies ou en vignes, il a soin de régir lui-même ou de faire régir une notable portion de son domaine ; il l’affranchit ainsi du collecteur32. […] À Mende37, l’évêque, seigneur suzerain du Gévaudan depuis le onzième siècle, choisit les conseils, les juges ordinaires et d’appel, les commissaires et syndics du pays », dispose de toutes les places « municipales et judiciaires », et, prié de venir à l’assemblée des trois ordres de la province, « répond que sa place, ses possessions et son rang le mettant au-dessus de tous les particuliers de son diocèse, il ne peut être présidé par personne, qu’étant seigneur suzerain de toutes les terres et particulièrement des baronnies, il ne peut céder le pas à ses vassaux et arrière-vassaux », bref qu’il est roi ou peu s’en faut dans sa province. […] Trente-deux évêques, sans compter les chapitres, sont ainsi seigneurs temporels, en tout ou en partie, de leur ville épiscopale, parfois du district environnant, parfois, comme l’évêque de Saint-Claude, de tout le pays. […] Venons-en à des personnages moindres, à un seigneur de dignité moyenne, dans sa lieue carrée de pays, au milieu des mille habitants qui jadis ont été ses vilains ou ses serfs, à portée du monastère, du chapitre ou de l’évêque dont les droits s’entremêlent à ses droits. […] Le clergé dit étranger était celui des Trois-Évêchés et des pays conquis depuis Louis XIV ; il avait un régime à part et payait à peu près comme les nobles. — Les décimes que le clergé de France levait sur ses biens faisaient une somme de 10 500 000 livres.
Le Pays Natal et La peur de vivre sont de jolis petits articles très adroitement fabriqués. […] Henry Bordeaux, qui veut sa part de l’aubaine, nous conte, au Pays Natal, la « rare aventure d’un déraciné qui reprend racine ». […] Dans une grange du Pays natal un vieil ouvrier nous dira la légende de Victor Hugo. […] Les cerveaux de ces gens-là apparaissent d’abord comme des lieux d’asile et on voit tout de suite qu’il n’y a pas en ces pays falots de population indigène. […] Le Pays natal est disposé en deux étagères dont les bibelots se font agréablement pendant.
Comme il ne s’agit point ici d’un mariage d’amour, mais d’un arrangement entre personnes mûres et sérieuses, une entrevue, selon le père Maurice, suffira pour tout éclaircir : « C’est demain samedi, dit-il à Germain ; tu feras ta journée de labour un peu courte, tu partiras vers les deux heures après-dîner, tu seras là-bas à la nuit ; la lune est grande dans ce moment-ci, les chemins sont bons, et il n’y a pas plus de trois lieues de pays. » Tout l’intérêt et toute l’action du roman se passent dans ce voyage. […] On la lui confie ; elle monte en croupe sur la Grise, et tous deux partent, Germain rêvant à sa défunte plus qu’à sa future, et Marie pleurant de quitter sa mère et le pays. […] L’embarras de s’orienter redouble : « Le brouillard rampait et semblait se coller à la terre humide. » On rôde autour de cette maudite Mare au diable (c’est ainsi que l’appellent les gens du pays), et, après maint effort pour s’en éloigner, on y est toujours ramené comme par un sort. […] Une fois le mariage de Germain et de Marie décidé, le peintre les oublie un peu pour nous décrire la cérémonie des noces, les rites et coutumes du pays qui ont cessé en partie à l’heure qu’il est, et qu’on ne peut s’empêcher de regretter : « Car, hélas ! […] Il avait déjà trois enfants, quand sa femme, voyant sans doute qu’il avait du bien pour cinq, et qu’il fallait se dépêcher parce qu’elle tirait sur l’âge, s’avisa de lui donner d’un coup deux jumeaux, deux bessons, comme on dit dans le pays.
Darget, j’espère que l’édition sera faite et que tout sera dit… L’édition, à la fois protégée et clandestine, se fit donc ; mais il est curieux de voir comment M. de Choiseul s’y prit pour la falsifier, allant jusqu’à dresser de sa main le détail des corrections et modifications à y introduire : On ne peut le tolérer (ce recueil), écrivait-il encore à M. de Malesherbes, qu’en prenant les plus grandes précautions pour qu’il paraisse imprimé en pays étranger, et il ne faut pas perdre de vue cette considération, en exigeant des corrections. […] Quoi qu’il en soit, le gouvernement prussien et le roi régnant ont pensé qu’il y allait de leur honneur de publier un recueil complet des écrits de l’homme qui fut tout ensemble le plus grand roi et le premier historien de son pays. […] « Un homme qui ne se croit pas tombé du ciel, dit-il, qui ne date pas l’époque du monde du jour de sa naissance, doit être curieux d’apprendre ce qui s’est passé dans tous les temps et dans tous les pays. » Tout homme doit au moins se soucier de ce qui s’est passé avant lui dans le pays qu’il habite. […] Ce héros goguenard est l’ami le plus tendre et le plus fidèle, et l’on sait que sa passion pour son pays était telle, qu’il se privait de tout pour avoir de quoi soulager les misères de ses sujets ou doter la Prusse d’institutions utiles. » 18.
Ils réclameront en hiver contre la boue que les balayeurs n’enlèvent pas assez vite, en été contre la poussière, en tout temps contre la police, les fiacres, les automobiles, la poste ; ils auront l’air d’envier l’administration des pays qu’ils ne connaissent pas, celle du chemin de fer transsibérien, ou la poste japonaise, ou la police de la Nouvelle-Zélande ; on les croirait parfois, à les entendre, capables d’émigrer, car nous excellons à médire de nous-mêmes. […] Il n’est presque pas de ministre ou de politicien parvenu, fût-il de l’esprit le plus médiocre et le plus vulgaire, qui ne puisse lire, dans l’entrefilet consacré aux « hommes du jour », aux « instantanés », aux « célébrités et actualités », qu’il n’est pas seulement doué de toutes les qualités qui fondent les réputations durables, pas seulement génial, populaire, nécessaire au pays, mais, ce qui flatte bien autrement le héros de l’heure présente, qu’il est « une personnalité éminemment parisienne ». […] Je ne justifie aucunement le dédain de nos anciens auteurs envers la province, qui fut toujours pour la grandeur du pays, grandeur matérielle et grandeur morale, ce que les masses de l’infanterie sont pour la force d’une armée : l’élément principal, le corps discipliné, pressé, obscur, qui porte le poids de la bataille et ne connaît de la victoire que le repos qui la suit. […] Lorsqu’un jeune écrivain, né en quelque coin de province, arrive à Paris, son premier soin est de décrier son petit pays, pour bien montrer qu’il n’en est plus ; il renie ces humbles braves gens parmi lesquels il a vécu ; il se moque d’eux qui l’ont servi ou supporté ; il croit, par cette ingratitude, augmenter ses chances de naturalisation. […] Sans doute ils trouveraient un décor indéfiniment renouvelé, dans ces paysages de villes et de campagnes dont la variété émerveille l’étranger et lui fait aimer notre pays, ce « splendide hexagone », comme dit miss Betham Edwars ; et ce serait déjà quelque chose de ne pas être exposé à relire la description des ponts de la Seine au soleil couchant, ou de la ville aperçue du haut de Montmartre à l’heure du bec de gaz.
Égarée par l’amour, et poursuivie par l’intérêt et la vengeance, elle trouva une prison dans un pays où elle avait cherché un asile, et fut décapitée par la politique barbare de cette Elisabeth, qui n’était que son égale et n’avait pas le droit d’être son juge. […] Il y a eu quelquefois des réputations, quoiqu’en petit nombre, qui choquaient les mœurs et les idées générales dominantes dans un pays ; c’était comme un aveu involontaire et forcé, que certaines qualités brillantes arrachaient à ceux même qui étaient le plus loin de les partager : mais quand le mérite d’un grand homme se concilie parfaitement avec les préjugés, le caractère et les penchants d’un peuple, alors sa célébrité doit augmenter, parce que l’amour-propre de chaque citoyen protège pour ainsi dire la réputation du prince ; et c’est ce qui arriva à Henri IV. […] La justice et la renommée qui le louèrent sur son tombeau, ne s’éloignèrent des bords du mausolée, que pour aller répéter ces éloges de pays en pays et de siècle en siècle. […] On sait que les pères de famille l’invoquaient ; et les tyrans même prenant le surnom d’Antonin pour en imposer, se couvraient de ce nom sacré, comme, dans les pays et dans les temps d’asiles, les assassins couraient se mettre à l’abri sous les statues des dieux.
Moins il y avait de communications faciles entre les divers pays, plus le récit des faits se grossissait par l’imagination ; les brigands et les animaux féroces qui infestaient la terre, rendaient les exploits des guerriers nécessaires à la sécurité individuelle de leurs concitoyens ; les événements publics ayant une influence directe sur la destinée de chacun, la reconnaissance et la crainte animaient l’enthousiasme. […] La Grèce, et dans la Grèce l’Attique, était un petit pays civilisé, au milieu du monde encore barbare. […] Néanmoins les Athéniens aimaient et cultivaient les beaux-arts, et ne se renfermaient point dans les intérêts politiques de leur pays ; ils voulaient conserver leur premier rang de nation éclairée ; la haine, le mépris pour les Barbares, fortifiaient en eux le goût des arts et des belles-lettres. […] La monotonie des hymnes pindariques, cette monotonie si fatigante pour nous, ne l’était point dans les fêtes grecques ; de certains airs, qui ont produit de grands effets sur les habitants des pays de montagnes, sont composés d’un très petit nombre de notes.
Ce n’est pas le talent qui lui a manqué, pour faire la sensation la plus forte dans ce pays-ci, elle en avait de reste, c’est la jeunesse, c’est la beauté, c’est la modestie, c’est la coquetterie ; il fallait s’extasier sur le mérite de nos grands artistes, prendre de leurs leçons, avoir des tétons et des fesses, et les leur abandonner. […] Je lui dis : comment demander, en dépit de ce qu’en pourront penser les artistes de ce pays qui à cet égard en vaut bien un autre, de l’ouvrage pour une étrangère à des ministres qui refusent des àcomptes sur celui qu’ils ont ordonné à des hommes du premier ordre ? […] Il fallait que la dame prussienne débarquant à Paris, y fût précédée et soutenue des éloges éclatans des ambassadeurs étrangers qui n’ont vu que leur pays.
Des fonctions vagues d’attaché à l’ambassade d’Espagne, sous M. d’Harcourt, ne lui procurèrent d’autre résultat qu’une première connaissance de ce pays, quelques amitiés qui lui restèrent, et d’ailleurs beaucoup de désappointements personnels. Il n’eut jamais d’autres fonctions ; mais depuis, chargé de correspondance pour certains journaux, il revit l’Espagne, il visita l’Angleterre ; il savait à merveille ces deux pays, parlait leur langue dans toutes les propriétés de l’idiome, chérissait leurs portes, leurs peintres : il était intéressant à entendre là-dessus.
De même, l’étude la plus attentive ne pourra relever les innombrables rapports de cause, d’effet, de coïncidence, que cette littérature soutient avec la constitution physique et mentale d’une nation, avec la nature du pays où elle se développe, avec toutes les branches de la civilisation dont elle fait partie. […] Une littérature, dont le développement s’étend sur plusieurs siècles, peut être assimilée à un puissant cours d’eau qui roule intarissable, reçoit sur la route de nombreux affluents et traverse beaucoup de pays divers.
Les anciens n’ont connu que l’éloquence judiciaire et politique : l’éloquence morale, c’est-à-dire l’éloquence de tout temps, de tout gouvernement, de tout pays, n’a paru sur la terre qu’avec l’Évangile. […] Au reste, c’est la religion qui, dans tous les siècles et dans tous les pays, a été la source de l’éloquence.
L’autre entend par liberté la participation des citoyens non fonctionnaires au fonctionnement de l’administration du pays. […] Il consiste à aimer son pays parce que c’est le pays, c’est-à-dire sans savoir pourquoi. […] Plus elle sera ancienne, plus elle représentera la vie indéfinie du pays. […] Dans un pays chrétien, ils ont été les disciples d’artistes païens. […] Son amour pour son pays s’est arrêté et précisé dans l’admiration passionnée d’une grande chose que son pays a faite, ou d’un grand homme qui a dirigé son pays.
Dans la Manche et la Galice, quatre-vingts lieues de pays sont désertes. […] Quel est le rendement du pays en céréales, en vin, en viande, en fer manufacturé, en tissus, en houille, en industries de luxe ? […] Le plus savant ornithologiste de la ville me dit qu’il n’existait pas dans le pays d’oiseaux de celle espèce. […] Les gens du pays lui apportaient un peu de riz ; il les payait en médicaments ; on le prenait pour un santon. […] Quand on explore un pays nouveau, il est si naturel de regarder autour de soi !
C’est là le miracle d’un gouvernement libre ; c’est que le nom de la loi est tout-puissant dans ce pays ; et quand elle a parlé, nul ne résiste. […] Le ciel de ce pays est moins élevé que le nôtre ; son azur est plus vif, mais moins transparent. […] Mais bientôt, emporté par les préjugés de son pays, il place Shakspeare au-dessus de tous les génies antiques et modernes. […] Ce spectacle magnifique est décoré de toutes les espèces d’arbres, est peuplé de tous les genres d’animaux que puisse produire le pays. […] Ossian a peint avec des couleurs différentes, mais qui ont aussi beaucoup de charmes, une jeune femme morte loin de son pays, dans une terre étrangère.
Mais j’ai pu savourer les beautés du Pays du mufle. […] Il avait pris mon bras dans les rues d’Avignon et son âme débordait : « Quel pays ! […] Le pays est admirable ; il a conservé ses ruines, qui sont des pages d’histoire. […] Il évoque avec une intensité surprenante la physionomie, le caractère du pays où il a vécu. […] … D’abord une impression du pays natal.
Du reste, Mme Judith Gautier avait reçu les leçons et les conseils de Tin-Tong-Liu, un Chinois de pure souche qui lui avait révélé les beautés inconnues des écrivains de son pays. […] Prisonnière de son temps et de son milieu, horrifiée par ce que nous appelons notre civilisation occidentale (agio, machinisme, canons perfectionnés), elle s’en évade pour revenir aux pays chatoyants de son rêve, la Perse antique, l’Égypte, l’Inde, le Céleste-Empire, le Royaume du Soleil-Levant.
Le livre de l’abbé Noirot, ou, pour parler mieux, ses idées peuvent donner l’espérance que philosophiquement notre pays n’a pas perdu tout à fait le sentiment de la vérité métaphysique, c’est-à-dire, en somme, de la plus haute vérité. […] Leçons de Philosophie (Pays, 16 décembre 1852).
. — Le pays humide et la terre ingrate. — Influence du climat sur le caractère. […] C’est ici la séve du pays humide, grossière et puissante, qui coule dans l’homme comme dans les plantes, et par la respiration, la nourriture, les sensations et les habitudes, fait ses aptitudes et son corps.Cette terre ainsi faite a un ennemi, la mer. […] Par toutes ses racines corporelles l’homme en tout pays plonge dans la nature, et il y plonge d’autant davantage qu’étant plus inculte, il en est moins affranchi. […] « Il arriva autrefois qu’il y avait un joueur de harpe dans le pays qu’on appelait Thrace ; c’était un pays en Grèce. […] Sans compter les baies, golfes et canaux, la seizième partie du pays est occupée par les eaux.
L’éloquence, soit par ses rapports avec la poésie, soit par l’intérêt des discussions politiques dans un pays libre, avait atteint chez les Grecs un degré de perfection qui sert encore de modèle : mais la philosophie des Grecs me paraît fort au-dessous de celle de leurs imitateurs, les Romains ; et la philosophie moderne a cependant, sur celle des Romains, la supériorité que doivent assurer à la pensée de l’homme deux mille ans de méditation de plus. […] Dans les pays où l’on peut produire, par la parole, un grand résultat politique, ce talent se développe nécessairement. […] Est-ce la destinée d’une courtisane qui peut prouver le rang que les lois et les mœurs accordent aux femmes dans un pays ?
Rien ne doit être, en général, si froid et si recherché que des dogmes religieux transportés dans un pays où ils ne sont reçus que comme des métaphores ingénieuses. […] L’histoire de l’amour, dans tous les pays, peut être considérée sous un point de vue philosophique. […] Dans les pays où la religion protestante est professée, elle n’arrête en rien les recherches philosophiques, et maintient efficacement la pureté des mœurs.
Une totale indifférence pour la vie extérieure et pour le vain appareil de « confortable » dont nos tristes pays nous font une nécessité, était la conséquence de la vie simple et douce qu’on menait en Galilée. […] Au contraire, les pays qui éveillent des besoins peu nombreux sont les pays de l’idéalisme et de la poésie.
[Le Pays, 15 octobre 1856.] […] Sa gloire était toute nationale et péninsulaire… Elle paraissait détachée de l’histoire générale de l’Europe comme son pays, entouré par la mer de trois côtés à la fois. […] Comme Richelieu encore, cet aristocrate inconséquent, il tint peu de compte de sa caste et n’eut pas tant à lutter contre lui-même pour effectuer l’unité monarchique de son pays.
[Le Pays, 6 juillet 1862.] […] Il connaît bien son pays, et il s’est fait étranger pour avoir plus de succès dans son pays.
[Le Pays, 6 août 1857.] […] S’il aima son pays, ce fut bien plus avec la tendresse d’un enfant inquiet qu’avec la vigueur d’un grand caractère. […] Car, puisque je n’aimais pas la domination autrichienne, mon devoir aurait été de réprimer et de cacher mes dangereux sentiments ou d’abandonner les pays gouvernés par l’Autriche.
Morellet l’appelait sagacement ; « Machiavellino », et ce n’était pas pour rien qu’il était du pays de Machiavel. […] le ton qu’on avait, en ce moment-là, à Paris, et qu’il prit bientôt, comme Alcibiade — cet autre Arlequin de l’Antiquité — prit le ton persan chez les Persans, déplut tout d’abord à cet homme que dix ans de travaux scientifiques avaient passé à leur empois… mais qui, en deux temps, fut désenglutiné et devint Français et Parisien, et tellement Parisien que quand il fut obligé de quitter Paris il eut le mal du pays d’un pays qui n’était pas le sien et qu’il emporta dans le sien pour lui gâter éternellement sa patrie !
Son intelligence s’est toujours tournée avec amour vers ce pays. […] Il n’a pas été perméable aux influences de ce pays préféré, quoique de grands observateurs prétendent que les êtres ardemment aimés infusent de leur âme à ceux qui les aiment. […] Dans les dix nouvelles, c’est-à-dire dans les dix Amours de son recueil, on cherche une figure lombarde, florentine ou romaine, une figure italienne, n’importe où, qui ait la vie de cette Gina de la Chartreuse, la Monna Lisa d’Henri Beyle, qui, à elle seule, vous apprendrait tout un pays !
Des livres nombreux, des congrès annuels étudient la question sous toutes ses faces, des hommes éminents de tous pays, de l’ancien et du nouveau monde, s’y sont consacrés, et il est fort probable que des résultats importants ne tarderont pas à éclore. […] Ayant comme but la « réunion intime d’un groupe restreint d’hommes déjà connus dans la science du droit international, par leurs écrits ou par leurs actes, et appartenant, autant que possible, aux pays les plus divers », M. […] La convention postale de Berne de 1874, complétée et améliorée dans des conférences postérieures, crée une Union postale universelle constituant un véritable code ; en cas de litige entre deux pays, un arbitrage international décide… Si l’on ajoute à ces grands traités l’immense quantité de conventions relatives à l’hygiène publique, à l’extradition des criminels, aux relations commerciales, à la faillite, aux successions, aux abordages, à la situation juridique des étrangers, aux monnaies, aux poids et mesures, et qu’on considère les mille difficultés que provoque leur exécution, on est obligé de reconnaître que le monde entier enserré dans les liens innombrables qu’ont tressés sur lui les relations chaque jour plus étendues des peuples, forme lui-même un vaste État, où le droit existe, où la loi s’impose, et qui réclame impérieusement une juridiction commune pour ses intérêts communs. » Ajoutons à cette brève nomenclature, un exemple tout récent et fort typique.
J’avoue que peu de choses, depuis que je vis, m’ont autant consolé de vivre et m’ont rendu plus d’estime pour mon pays, et surtout pour la saine multitude de mon pays, que cette émotion de Paris et que ces funérailles ! […] Rousseau l’établi de l’horloger, pour étendre et pour polir leur intelligence, et pour apprendre la langue du pays des idées, du beau, des arts, avant de parler, d’écrire ou de chanter pour l’univers pensant. […] Ce cœur, véritablement collectif, était le cœur d’un pays plus encore que le cœur d’un homme ; tout y vibrait d’une émotion plus universelle que personnelle. […] La chanson était la langue du pays ; tant pis pour le pays sans doute, tant pis surtout pour Béranger ! […] C’est possible ; mais cela ne serait pas une raison d’impuissance dans un homme né pour penser par lui-même et pour écrire dans la langue usuelle de son pays.
On n’oublie pas de nous informer que, tout en se livrant à l’exercice de son métier, il continuait ses études, c’est-à-dire à faire des lectures, levées de plans, cartes du pays, etc. […] Un jour, il se trouve dans une situation très critique : voyageant dans le pays et passant à Nogent-sur-Seine, il rencontre les deux jeunes filles rivales, ses deux maîtresses, comme on disait honnêtement alors, logées dans la même hôtellerie que lui : à laquelle ira-t-il la première ? […] Et les fidèles secrétaires entrent dans quelques détails du commerce et de l’industrie auxquels se livrait leur maître, et ils ne nous laissent pas ignorer le secret de son aisance à cette date : il faisait chercher des chevaux, de beaux courtauds en quantité aux pays environnants et dans le Nord, jusqu’en Allemagne, et, les achetant à bon marché, il les revendait bien cher en Gascogne. […] Pendant une peste ou maladie contagieuse qui avait régné dans le pays de Rosny en 1586, il était venu la visiter, la tranquilliser ; il l’avait trouvée enfuie du château, réfugiée dans celui d’une tante, avec trois ou quatre de ses gens ; et là, s’étant enfermé avec elle, et n’ayant lui-même pour tout monde avec lui qu’un de ses gentilshommes, un secrétaire, un page et un valet de chambre, il demeura tout un mois en compagnie de sa douce moitié, sans être visité de créature vivante, tant chacun fuyait la maison comme pestiférée : Et néanmoins, écrivent les secrétaires, à ce que nous vous avons souvent ouï dire depuis, vous n’avez jamais fait une vie si douce ni moins ennuyeuse que cette solitude, où vous passiez le temps à tracer des plans des maisons et cartes du pays ; à faire des extraits de livres ; à labourer, planter et greffer en un jardin qu’il y avait léans ; à faire la pipée dans le parc, à tirer de l’arquebuse à quantité d’oiseaux, lièvres et lapins qu’il y avait en icelui, à cueillir vos salades, les herbes de vos potages, et des champignons, columelles et diablettes que vous accommodiez vous-même, mettant d’ordinaire la main à la cuisine, faute de cuisiniers ; à jouer aux cartes, aux dames, aux échecs et aux quilles… Et n’allons pas oublier le dernier trait que notre fausse délicatesse supprimerait et qui sent son vieux temps : « à caresser madame votre femme, qui était très belle et avait un des plus gentils esprits qu’il était possible de voir ».
Le public, qui aime à mettre vite une étiquette à chaque talent, l’a pris et adopté par ce côté, l’a classé comme un des peintres du Midi et de l’Orient, si bien que plus d’un lecteur a pu s’étonner de voir le paysagiste aux teintes éclatantes changer brusquement de pays, de sujet, de cadre, et nous donner des descriptions d’un aspect tout différent, d’une lumière modérée, et qui sont tout à fait françaises de ton et de caractère. […] Riche propriétaire du pays, il y a été élevé et y a passé son enfance, sa première jeunesse ; il y est revenu après une assez longue absence, pour ne plus le quitter ; il est marié, il a une femme jeune encore et sérieuse, et deux enfants ; il a tout l’extérieur du bonheur. […] Et quelquefois, à la fin de juin, par un jour brûlant, dans la robuste épaisseur d’un arbre en pleines feuilles, je voyais un petit oiseau muet et de couleur douteuse, peureux, dépaysé, qui errait tout seul et prenait son vol : c’était l’oiseau du printemps qui nous quittait. » Augustin, le précepteur de Dominique, est un très jeune homme, d’une nature tout opposée à celle de son élève : c’est un homme de livres, de logique, de science, un cerveau ; après bien des labeurs, après des âpretés et des difficultés sans nombre de carrière et de destinée, il arrivera un jour à se faire un nom parmi les écrivains sérieux de son pays, à se faire une haute situation même ; ce sera un politique, un économiste, un conseiller d’État, un ministre, que sais-je ? […] Olivier, qui est du pays et qui a dans la ville son oncle et deux jeunes cousines, invite Dominique à venir passer dans sa famille, à l’hôtel d’Orsel, les journées de congé, et nous entrevoyons une complication naissante. […] Elle avait vu de beaux pays, découvert toutes sortes de nouveautés, de mœurs, d’idées, de costumes.
Un général comme Catinat qui veut qu’il y ait discipline dans ses troupes, qu’on ne pille pas l’habitant, qu’on ne mange pas le pays ennemi, et qui a de ces perpétuels scrupules de probité et d’humanité, est toujours dans l’embarras des subsistances et devient naturellement l’homme des objections. […] Catinat put écrire au roi, le 22 juillet 1696 : « L’échange des otages va se faire aujourd’hui… C’est une grande affaire que d’avoir l’épine de cette guerre ici hors du pied, et je suis persuadé que ceux qui en parleront autrement et qui en contrôleront les conditions, c’est qu’ils ne la connaissent pas. » Il y a peu de militaires qui, pour tout chant de triomphe, à la fin d’une guerre où ils ont acquis de la gloire, se félicitent et félicitent leur pays d’avoir « une épine hors du pied ». […] Le roi le chargea de nouveau, en 1701, du commandement de l’armée d’Italie, pour lequel il était naturellement désigné par sa connaissance du pays et par ses succès dans la guerre précédente. […] De nos jours, il y a quelques années, le 25 juin 1860, le corps du vertueux maréchal fut exhumé et déposé dans un sarcophage qui se voit dans la nouvelle église du pays. […] Toutes les fois qu’une vertu morale éclate dans les camps, un désintéressement parfait, une abnégation simple — et, par exemple, ce qu’on a vu de nos jours, un général en chef remplacé et servant avec dévouement, avec joie, sous son successeur ; — toutes les fois que le guerrier, heureux ou malheureux, pensera plus à son pays qu’à lui-même et qu’il s’oubliera en servant, on dit et l’on dira par une appellation bien méritée et toute française : C’est du Catinat 86.
C’est dans ce mémorable discours du 24 juillet 1821 qu’il rappelait dans un langage élevé de grandes vérités politiques : « Tenons pour certain que ce qui est voulu, que ce qui est proclamé bon et utile par tous les hommes éclairés d’un pays, sans variation pendant une suite d’années diversement remplies, est une nécessité du temps. […] Je ne conçois rien à des relations aussi sèches que celles de Chateaubriand avec eux40. — Nous nous portons tous bien dans notre petit rayon ; mais quand nous voulons l’étendre, nous rencontrons des maladies dont ce pays-ci est plein, etc. » La révolution de juillet 1830 n’étonna point M. de Talleyrand, qui l’avait vue venir. […] Il avait ici tout le monde à ses pieds ; toute la noblesse d’Angleterre recherchait sa société avec ardeur ; les diplomates de tous pays pliaient devant lui ; lord Palmerston seul résistait à Talleyrand, non seulement sur les grandes choses, mais sur les plus petites et sur des bagatelles. […] On raconte que la première fois que M. de Talleyrand fit sa visite à Château-Vieux à travers un pays fort accidenté, moitié rochers, moitié ravins, et de l’accès le plus raboteux, son premier mot à M. […] — On s’y plaint un peu de la publication des articles secrets du traité signé par les trois puissances qui interviennent un peu dans les affaires de la Grèce. — C’est pour nous autres, vieux diplomates, qu’il est singulier de voir dans les journaux les articles secrets d’un traité qui porte la clause de deux mois pour les ratifications ; — du reste, ce traité-là ne sera pas d’un grand secours pour les Grecs ; ce qui les aidera véritablement, c’est l’insurrection de la Dalmatie, si, comme je le crois, elle est générale dans cet inattaquable pays.
Sa santé, qui ne fut jamais robuste, avait souffert dans cette campagne d’hiver, et le 8 mars 1807, du quartier général d’Osterode, Berthier avisait le ministre directeur de l’administration de la guerre « d’un congé de quatre mois pour raison de santé, accordé par l’Empereur au colonel Jomini, attaché à l’état-major impérial. » Le 9 avril, il était dans son pays natal, à Payerne, hésitant entre les eaux de Baden et celles de Schinznach. […] Abandonnés à eux-mêmes, les uns, comme Soult, sont disposés à trop prendre sur eux, tandis que Ney, devenu plus incertain et s’effrayant de sa responsabilité, évacue le pays qu’il occupe et abandonne un peu légèrement la Corogne et le Ferrol. […] Ils n’ont pas tant de troupes à aventurer sur le continent. » — Jomini prit la liberté de répliquer que « s’il était puéril de croire toujours à des combinaisons parfaites de la part de ses adversaires, il serait dangereux de croire toujours à leur incapacité ; que Wellesley (Wellington), au milieu du pays soulevé pour lui et appuyé de 80 à 400,000 Espagnols, ayant sa retraite dans tous les ports de l’Espagne sur les quatre points cardinaux, pouvait sans danger entreprendre une opération qui déciderait du sort de l’Espagne. » — L’Empereur coupa court à la discussion en disant : « Le mal est fait ; la suite apprendra s’il doit en résulter un bien. » Jomini en vint ensuite à la partie délicate des griefs de Ney, qui résistait à être mis sous les ordres de Soult, quoique celui-ci fût son ancien. […] La patrie suisse exceptée, le pays d’ailleurs et le théâtre n’y font rien ; la belle école (comme il la conçoit), l’école de la grande guerre, est partout où il y a des capitaines capables de la comprendre et de la pratiquer. — C’est trop d’indifférence, dira-t-on. — J’exprime le fait sans blâmer ni approuver. […] Les services de Jomini dans cette retraite furent d’un autre ordre : il avait étudié le pays et savait les endroits moins ravagés, les chemins qu’on pouvait prendre pour avoir chance d’éviter l’ennemi, ou du moins pour le trouver moins en force.
Chateaubriand (suite) XXXIII Cet épisode eut plus de charme que le poëme : la société contemporaine, en retrouvant son pays et ses mœurs, sentit mieux la grandeur du peintre et l’universalité du pinceau. […] Ô mon pays, sois mes amours Toujours ! […] Leur souvenir fait tous les jours Ma peine : Mon pays sera mes amours Toujours ! […] XL Son voyage à Rome fut lent et glorieux, comme un triomphe au milieu d’un pays réjoui par le retour de son vieux culte. […] Il écouta les vers de Reboul, que j’ai depuis admirés moi-même ; excellent homme, que je désignai en 1848 au choix éclairé de son pays pour représentant de la République, que nous tentions de fonder ; les exagérés le dégoûtèrent comme ils dégoûtèrent la France, et il se retira sans combat.
Il y avait alors à Paris une lady Sarah Bunbury, des plus grandes dames de son pays, des plus originales et des plus agréables. […] À un voyage qu’il fait dans le Palatinat, et où il est des mieux accueillis par une baronne de Dalberg, il dit plaisamment : On aime, dans les pays étrangers, à se faire honneur de ce qu’on a. […] Les ennemis nombreux qu’il avait en cour, la petite coterie Polignac particulièrement, cette société intime de la reine, résolut une bonne fois de le perdre ; et pour cela on n’eut qu’à mettre en jeu avec un certain art, avec un certain concert, la foule de ses créanciers, car cette vie de chevaux, de courses, de paris à l’anglaise, de voyages et de train magnifique en tous pays, n’avait pu se mener sans de ruineuses profusions. […] À la date où Lauzun faisait ce raisonnement de prodigue, Franklin arrivait comme ambassadeur de son pays à la cour de France, Franklin représentant le génie du bon sens, du travail et de l’économie, tout l’opposé d’un Lauzun. […] La princesse de Poix la comparait à une héroïne de roman anglais, avec d’autant plus de raison que les goûts de Mme de Lauzun avaient devancé l’anglomanie qui commençait à poindre : la langue anglaise lui était familière comme la sienne propre, la littérature de ce pays faisait ses délices. » (Vie de la princesse de Poix, par la vicomtesse de Noailles, 1855, ouvrage tiré à un petit nombre d’exemplaires, p. 19 et 33.)
Il était avant tout de son pays par l’accent. […] Mais il était de son pays autrement encore que par l’accent ; il en était par le cœur, par le patriotisme, par les idées. […] Il était de son pays aussi par la gaieté, par le trait, par le petit mot pour rire. […] Probe et fin, il sentit qu’il n’y avait là rien à faire ; amoureux des lettres, mais amoureux à l’antique, il résolut, pour se mettre en état de les cultiver un jour avec indépendance, de retourner dans son pays pour y être avocat et homme d’affaires. […] Le moment pour Raynouard de faire son entrée en littérature n’était pas venu ; il retourna courageusement dans son pays reprendre l’exercice de sa profession d’avocat, et réparer les brèches que cette interruption avait faites à sa petite fortune.
Admis plus tard au jeu du roi, traité en pays étranger avec considération par les gouverneurs et les souverains, il est le premier à rappeler la médiocrité et plus que médiocrité de sa condition première ; il s’en souvient, ce qui fait que chacun l’oublie volontiers en lui parlant. […] Des années se passent, et ce même Gourville, devenu l’homme du roi à l’étranger, initié dans les intérêts et les caractères des personnages les plus influents des Pays-Bas et de la Hollande, est l’un des premiers à deviner le jeune prince Guillaume d’Orange, futur roi d’Angleterre, à lui donner des conseils, à le voir venir dans sa lutte couverte contre M. de Witt et à l’y applaudir ; et plus tard, quand l’habile prince a pris le dessus et est devenu seul arbitre dans son pays, Gourville, qui le visite au passage et qui en est très caressé, sait lui tenir tête en dissimulation, ne se livrer qu’autant qu’il faut, l’écarter doucement avec badinage et respect, comme il convient à celui qui représente désormais des intérêts contraires. […] Sérieusement, je vous supplie de me l’envoyer bien vite en Catalogne ; car, comme j’ai très peu d’infanterie, et que, sans infanterie ou sans Gourville, on ne saurait faire de progrès en ce pays-ci, je vous aurai une extrême obligation de me donner lieu, en le faisant partir promptement, de faire quelque chose d’utile au service du roi. […] Dans cette disposition peu chagrine, Gourville passe en pays étranger, il réside successivement à Bruxelles, en Angleterre, en Hollande, accueilli et recherché partout des princes et des premiers de l’État, donnant à chacun en particulier de bons conseils, et honorant le nom français par son esprit, par un excellent cuisinier (article essentiel qu’il n’oublie, jamais), et par son solide jugement. […] En pays étranger, il a l’œil à tout ; dans sa curiosité de s’instruire, il a remarqué à la fois la bizarrerie des mœurs, le naturel des peuples, le talent et la portée d’esprit des gouvernants, le fort et le faible de chaque branche d’administration ; et, tout en faisant rire dans ses relations pleines de vivacité et de saillies, il instruit l’homme d’État ou même l’homme de guerre qui l’interroge.
En prenant ce commandement des mains de Masséna, il ne se fait aucune illusion sur les difficultés de la tâche et sur la nature des moyens ; après quelques considérations sur le pays, théâtre de la guerre, il en vient au moral et au matériel des troupes : De la misère, dit-il, de l’indiscipline, du mépris de l’autorité, un mécontentement universel, et un désir immodéré de rentrer en France de la part des généraux ; une artillerie détruite en entier, et point de munitions ; une cavalerie réduite à peu de chose, et ce peu dans le plus mauvais état ; l’infanterie diminuée de près de la moitié : tel était tout à la fois le pays dans lequel je devais agir, et l’instrument dont il m’était donné de me servir. […] Il indique comme première condition de salut le besoin d’établir l’unité de commandement, et de réunir sous une même autorité toutes les troupes et tout le pays depuis Bayonne jusques et y compris Madrid et la Manche. […] moi, je vais m’enfoncer avec des armées nombreuses au milieu d’un grand pays qui ne produit rien. » Et puis, après une pause et un silence de quelques minutes, il s’écria comme au sortir d’une grande méditation : « Mais comment tout ceci finira-t-il ? […] Vous, par exemple (et il prenait le bras de Marmont), si, l’ennemi ayant envahi la France et étant sur la hauteur de Montmartre, vous croyiez, même avec raison, que le salut du pays vous commandât de m’abandonner, et que vous le fissiez, vous seriez un bon Français, un brave homme, un homme de conscience, et non un homme d’honneur.
Ce petit terrain, pas cultivé, abondait en touffes de soucis qui fleurissent l’automne et que les pauvres gens du pays mangent cuits avec le congre. […] Le plus vieux était un de ces hommes qui, à un moment donné, sont de trop dans leur pays. […] Disons seulement que le plus ancien dont la tradition, la légende peut-être, ait gardé le souvenir, était un romain, Vipsanius Minator, qui employa son exil à augmenter, au profit de la domination de son pays, la muraille romaine dont on voit encore quelques pans, semblables à des morceaux de collines, près d’une baie nommée, je crois, la baie Sainte-Catherine. […] Il fit ce quatrain étant ivre lui-même, à la belle étoile, sous un pommier resté célèbre dans le pays à cause de ce Songe d’une nuit d’été. […] L’Angleterre, pays d’obéissance plus qu’on ne croit, oublia Shakespeare.