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1390. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Il est bien certain que cette distinction, le plus souvent mal répartie, classe un homme et l’élève au-dessus des autres, et au-dessus de son propre mérite. […] Tu as donné ton esprit, ton âme à toutes choses, et ce siècle mérite d’être marqué aux épaules par tes initiales. […] Certes, M. de Maupassant mérite une place enviable, à côté de ses maîtres, mais il comprend qu’il a encore des efforts à tenter, et des œuvres à donner, pour sauter les bancs de l’élève, à la chaire du maître. […] Paul Hervieu : L’Alpe homicide, qui mérite qu’on s’y arrête longuement, et qu’on goûte ce parfum étrange et sauvage d’une littérature très personnelle et très vivante. […] Je crois que les vénérables chroniqueurs ont été un peu loin et que cette opinion mérite d’être corrigée.

1391. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Loin de supprimer le mérite individuel, ce procédé sert à le créer. […] Lorsqu’un écrivain d’un mérite médiocre essaie de décrire la nature, il la trouve épuisée par ceux qui l’ont précédé dans la même carrière. […] Or, ce mérite, du moins, se trouve bien dans Leconte de Lisle, et c’est le fond même d’Homère, son caractère, son génie. […] C’est son mérite et son défaut. […] Il y a là des mérites qui s’excluent, et c’est à l’ignorance de cette loi élémentaire qu’il faut attribuer l’insuffisance des écrivains comme la faiblesse des orateurs.

1392. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Ils n’ont aucun des critériums délicats du tact, de l’esprit de finesse, de l’intuition, pour pénétrer le mérite latent d’un homme avant qu’il se soit révélé. […] Ce caractère mérite bien qu’on le décrive et le médite, car il représente une civilisation définitive, désormais arrêtée et précise. […] La décision du jugement, tel est le premier mérite de cette œuvre remarquable. […] Cette supposition est la plus sérieuse de toutes celles qui ont été émises et mérite un examen attentif. […] Ce mérite reconnu, nous nous permettrons de dire, en dépit de M. 

1393. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il faut le lire ; il mérite d’être lu, qu’on en dise ce qu’on voudra, à l’usage que Molière en a fait, on voit qu’il en a dit erat quod tollere velles, et tant s’en faut qu’il ait eu tort. […] Cependant cette pièce n’est point du tout sans mérite. […] Il ne faut pas faire de l’esprit : c’est juste ; mais il faut cependant cultiver son esprit en s’exposant, si l’on n’a point de chance, à tomber dans l’affectation, et le mérite est précisément de courir ce péril et l’on n’a aucun mérite à rester dans sa grossièreté initiale. […] Comptez encore que s’il vous naît un fils, ce que j’espère, il se peut qu’il soit d’un sang à couvrir de gloire votre nom, déjà agréable, par sa bravoure son esprit et son mérite. […] Éliante n’aime passionnément personne ; mais elle comprend tout le monde et elle comprend très bien Acaste, Clitandre et Oronte comme des sots, et Philinte et Alceste comme des gens de mérite.

1394. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Ainsi, dans cette enceinte guerrière, la valeur de Washington mérite les regards de Condé : sa modération appelle ceux de Turenne : sa philosophie le rapproche encore plus de Catinat. […] Mais, si l’autorité d’Hérodote ne paraît pas suffisante aux détracteurs de l’antiquité, on ne contestera pas du moins cette espèce de mérite à Thucydide. […] À ce genre d’effet, qui n’était pas encore épuisé, Thomas joignait un mérite moins facile et plus durable. […] Necker peint aussi les Invalides prosternés sur les marbres du temple, et sa description mérite d’être citée. […] « Des vainqueurs de l’Europe il commandait l’élite : « Il aima sa patrie, et voilà son mérite.

1395. (1885) L’Art romantique

Ce mérite très-particulier et tout nouveau de M.  […] Un autre mérite qu’il n’est pas inutile d’observer en ce lieu, c’est la connaissance remarquable du harnais et de la carrosserie. […] Saluons donc, au contraire, avec tout le respect et l’enthousiasme qu’elle mérite, cette aristocratie qui fait solitude autour d’elle. […] Quelque léger que cet ouvrage puisse paraître à plusieurs, il renferme de grands mérites. […] Tout le mérite (abstraction faite de la langue) gît donc dans l’interprétation.

1396. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Il ne s’agit donc plus de mettre en problème si ces comédies eurent ou non le mérite qui leur valut de si brillants succès. […] Plus son origine fut commune, plus son mérite extraordinaire s’en rehausse, puisqu’il surmonta le défaut d’une éducation première à laquelle suppléa son génie. […] Un si habile Aristarque avait-il besoin que le poids de l’opinion publique fît pencher sa balance, et que le regret d’une perte irréparable au théâtre l’éclairât sur le mérite du poète disparu ? […] Picard mérite un rang égal dans notre estime, par l’unité de vue qui distingue ses jolies comédies. […] L’état honnête du mariage mérite-t-il qu’on le livre à la moquerie des gens sensés ?

1397. (1813) Réflexions sur le suicide

Celui qui est vraiment atteint par le remords s’écriera comme l’enfant prodigue : — Je sais ce que je ferai, je retournerai vers mon père, je me prosternerai devant lui et je lui dirai : mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous, je ne mérite plus d’être appelé votre fils. […] Un événement récemment arrivé à Berlin peut donner l’idée de la singulière exaltation dont les Allemands sont susceptibles2), les motifs particuliers qui ont pu égarer deux individus quelconques sont de peu d’importance ; mais l’enthousiasme avec lequel on a parlé d’un fait pour lequel on devait tout au plus réclamer l’indulgence, mérite la plus sérieuse attention. […] — Lord Guilford, me dit Asham, n’a pas exprimé d’opinion sur le parti que vous deviez prendre, mais quant à lui sa résolution de périr sur l’échafaud est inébranlable. — Oh mon ami, m’écriai-je, combien je vous remercie de m’avoir laissé le mérite du choix ; si j’avais su plus tôt la résolution de Guilford, je n’aurais pas même délibéré, et l’amour aurait suffi pour m’inspirer ce que la religion me commande. […] Mr. de K… était un poète et un officier de mérite.

1398. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Facilement on inclinerait à réclamer de ces amuseurs des mérites hors de proportion avec le rôle qu’ils se sont attribué et le dessein qu’ils poursuivent. […] * *   * Déjà du temps d’Alexandre Dumas, l’inépuisable virtuose, on considérait comme un mérite précieux de savoir faire le plus possible de pages avec le moins de phrases imaginable. […] IV À quoi bon, par exemple, viseraient-ils au mérite de la nouveauté ? […] Je souhaite à l’initiative de la Revue des Revues le succès qu’elle mérite et je suis persuadé qu’elle sera féconde, même, je le répète, si les apparences n’en témoignent pas tout d’abord.

1399. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Sir Temple s’était jeté, avec une témérité qui ne lui était pas ordinaire, dans cette vaine polémique sur le mérite comparé des anciens et des modernes, qui avait traversé la France et qui occupait en Angleterre des esprits distingués. […] Les mêmes vices et les mêmes folies règnent partout ; du moins dans tous les pays civilisés d’Europe ; et l’auteur qui n’écrit que pour une ville, une province, un royaume ou même un siècle, mérite si peu d’être traduit qu’il ne mérite pas d’être lu. Les partisans de ce Gulliver, qui ne laissent pas que d’être en fort grand nombre chez nous, soutiennent que son livre durera autant que notre langue, parce qu’il ne tire pas son mérite de certaines modes ou manières de penser et de dire, mais d’une suite d’observations sur les imperfections, les folies et les vices de l’homme. » C’est à l’homme, en effet, qu’en veut Gulliver et à tout ce que l’on voit de plus excellent en lui-même et dans le monde où il domine.

1400. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

C’est peut-être la seule fois de ma vie que j’aurai plus de mérite que madame de Staël ! […] Il faut donc, pour conclure, autre chose que cette production qu’a Féval comme tout le monde et qui n’est plus un mérite, pour que la Critique vienne à lui en attendant la gloire. […] Ainsi, comme Walter Scott, — et ce n’est pas un médiocre honneur pour Féval que d’être comparé à Walter Scott, n’importe dans quelle proportion, — ainsi, comme Walter Scott, Paul Féval est avant tout un provincial, ce mot relevé à cent pieds de hauteur à présent, et voilà son mérite le plus grand, comme ce sera sa meilleure gloire, que d’être un provincial ! […] nous révèle un écrivain catholique qui ne croit pas faire un péché mortel en étant spirituel comme les plus mondains d’entre vous, et qui même a raison de se croire un mérite quand il daube joyeusement les ennemis de Dieu et de ses serviteurs.

1401. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Le pouvoir civil était loin d’ignorer leurs mérites éclatants, quelle que fut l’hostilité latente à leur égard, et Colbert comme Mazarin n’obéirent qu’au bon sens le plus élémentaire en les protégeant. […] Écoutez cet hymne de triomphe saluant la défaite finale de la Réforme en France ; je ne puis résister à la joie de transcrire tout le morceau, tant il est imprégné de saveur :‌ « Prenez vos plumes sacrées, vous qui composez les annales de l’Église : agiles instruments « d’un prompt écrivain et d’une main diligente » hâtez-vous de mettre Louis avec les Constantin et les Théodose… Nos pères n’avaient pas vu,‌ comme nous, une hérésie invétérée tomber tout à coup ; les troupeaux égarés revenir en foule, et nos églises trop étroites pour les recevoir ; leurs faux pasteurs les abandonner, sans même en attendre l’ordre, et heureux d’avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse ; tout calme dans un si grand mouvement ; l’univers étonné de voir dans un événement si nouveau la marque la plus assurée, comme le plus bel usage de l’autorité, et le mérite du prince plus reconnu et plus révéré que son autorité même. […] Il est bien si l’on veut, le « dernier Père de l’Église », mais il mérite surtout de demeurer comme le Prince des Rhéteurs. […] A qui fera-t-on croire davantage que l’épiscopat ignorait le mérite, l’importance sociale, de ceux dont il exigeait l’extermination, dont il provoquait la fuite ou la ruine, et le péril que cette fuite occasionnerait tôt ou tard ?

1402. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

L’expérience m’apprend aussi que le mérite des grandes choses n’est jamais mieux connu que de ceux qui ne les ont pas vues naître. […] Ses actions imprudentes l’élevèrent, ses vues sages le perdirent ; il fut disgracié pour avoir parlé de paix… Et sur l’heure même de la disgrâce de Bernis, Frédéric parle de lui à Milord Maréchal dans le même sens : « On a trop exagéré le mérite de Bernis lorsqu’il était en faveur ; on le blâme trop à présent.

1403. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Un autre élève de Malherbe, et le seul après Racan qui mérite un souvenir, parce qu’il est le seul qui ait laissé en poésie, et dans le goût du maître, quelque chose de durable, c’est Maynard. […] La pièce vraiment belle de Maynard, celle qui mérite de conserver son nom, est une autre ode de lui : « Alcippe, reviens dans nos bois… » Le thème y est à peu près le même que celui de Racan ; il s’agit d’arracher à la Cour un ami que la fortune y abandonne et qui s’acharne à une ingrate poursuite.

1404. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Et au moment de la chute ou de la retraite contrainte, il dit encore : « La disgrâce de cet homme était plainte de peu de personnes à cause de sa gloire (de son orgueil). » Chose singulière, l’homme le plus éloigné à tous égards de L’Estoile, le cardinal de Richelieu, en ses Mémoires, parlant de Sully et de sa chute qui fut toute personnelle, dit à peu près la même chose : On a vu peu de grands hommes déchoir du haut degré de la fortune sans tirer après eux beaucoup de gens ; mais, la chute de ce colosse n’ayant été suivie d’aucune autre, je ne puis que je ne remarque la différence qu’il y a entre ceux qui possèdent les cœurs des hommes par un procédé obligeant et leur mérite, et ceux qui les contraignent par leur autorité. […] Je ne saurais certainement prétendre embrasser l’homme d’État ni l’administrateur des finances dans ce qu’il a de positif et de spécial ; ce sera assez si je parviens à saisir et à faire ressortir la forme générale de l’esprit et du mérite de Sully d’après l’ensemble des faits.

1405. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

La ville de Metz, en se réunissant à la France sous Henri II, avait réservé ses privilèges ; le droit, en ce pays des Trois-Évêchés, se compliquait de mille questions particulières ; il y avait des exceptions à l’infini, dont la connaissance faisait le principal mérite d’un avocat : Voyez, s’écriait le jeune homme ambitieux d’une plus noble gloire, voyez ce qui reste de ces fameux MM.  […] Elle applique assez pour distraire ; elle n’exige pas assez d’application pour être impossible à un homme dont le malheur n’a pas affaibli la raison. 2º Depuis longtemps je désirais m’exercer à la langue latine que j’ai mal apprise dans ma jeunesse : ce que je comprends de Tacite, de Tite-Live, de Salluste, d’Horace et de Virgile m’a donné une grande curiosité pour le reste. 3º Hobbes m’a paru avoir un mérite éminent comme écrivain politique, etc.

1406. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Son Histoire des Français depuis le temps des Gaulois jusqu’en 1830, arrivée à la neuvième édition, présente en quatre volumes l’abrégé le plus succinct et le plus substantiel de nos annales ; l’esprit exact de l’auteur a su réduire tous les faits dans ce court espace sans rien laisser échapper d’important ni de saillant, et, mérite rare ! […] Ce n’est pas une raison pour y moins apprécier son mérite.

1407. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Daru, son immense facilité et sa capacité laborieuse exercée de bonne heure, toujours appliquée et sans trêve, cette vie de littérature solide et agréable, d’administration infatigable et intègre, d’exactitude et de devoir en tout genre, et dans laquelle il ne manquait jamais à rien ; mais, ajoute quelqu’un qui l’a connu, il ne se plaisait pas également à tout, et c’est ce qui fait son mérite. […] Ce ministre, homme de bien et de mérite, s’appliqua à tenir une comptabilité régulière, et, après une année d’exercice, il soumit le tableau complet de ses opérations au jugement des Conseils législatifs et du public ; il le fit avec sincérité, sans réticence.

1408. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Cette édition de Cowper et cette biographie par Southey, et de plus l’édition donnée par le révérend Grimshawe (1850), fournissent les documents d’une étude complète, ou, pour mieux, dire, cette étude est déjà faite par Southey lui-même : mais la correspondance de Cowper, qui égale en mérite et en pensée ses œuvres poétiques, et qui est encore plus naturelle et surtout plus aisée, offre une lecture où chacun peut choisir sa matière de réflexion et ses coins d’agrément. […] Bien des figures en sortirent, qui avaient au moins le mérite de n’avoir point leurs pareilles ni dans l’art ni dans la nature.

1409. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

On lit dans une lettre du roi ce bel éloge : « Nous avons eu ici (10 octobre 1784) M. de Bouillé, qui est un homme de mérite, parce qu’il a su allier au mérite d’un bon militaire tout le désintéressement d’un philosophe ; et, quand on est assez heureux de rencontrer des hommes pareils, il faut en tenir compte à toute l’humanité. » Le prince Henri, en recevant M. de Bouillé à Rheinsberg, ne put s’empêcher de s’exprimer devant lui, de s’épancher sur le compte du roi son frère, comme il n’avait cessé malheureusement de penser et de sentir : Il le représentait, dit M. de Bouillé dans des mémoires dont on n’a donné que des extraits57, comme impatient, envieux, inquiet, soupçonneux et même timide, ce qui paraît extraordinaire ; il lui attribuait une imagination déréglée, propre à des conceptions décousues, bien plus qu’un esprit capable de combiner des idées pour les faire judicieusement fructifier.

1410. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Il y avait donc entre eux toute la conformité et les différences qui peuvent donner du charme à rintimité des esprits et de la vivacité à leur commerce. « Je suis très obligée à M. de Meilhan, lui écrit-elle un jour après un dîner auquel elle l’avait invité avec quelques amis, de regretter une société qui n’a de mérite que de connaître ce qu’il vaut ; ce n’en est peut-être pas un petit, malgré l’évidence. » On ne saurait parler à quelqu’un avec un sentiment plus marqué de considération et d’estime. […] Désabusée comme elle était, elle avait à craindre pourtant le grand ennemi des personnes qui ont vécu dans la société et qui se sont fait une habitude de la conversation, l’ennui. « Je voudrais, disait-elle, trouver quelqu’un qui calculât la vie et qui en fît le cas qu'elle mérite. » Oui, mais pour en causer avec ce quelqu’un et pour se donner le plaisir de dire ensemble que la vie n’est rien. « J’ai eu une destinée singulière, disait-elle encore : j’ai voulu être lettrée, et les lettrés m’ont paru ignorants ; femme du monde, et, outre la bêtise des gens du monde, c’est qu’ils ne savent pas vivre.

1411. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

En ce qui est du Siècle de Louis XIV, il s’est tout à fait mépris sur le mérite de ce bel et facile ouvrage, et il nous fait sourire quand, prenant un ton de maître et de régent avec Voltaire, il lui dit : Pour remplir votre objet, il fallait offrir à votre lecteur le spectacle de l’univers depuis 1640 jusqu’en 1720, et non lui présenter l’épitome du règne de Louis XIV. […] Je connaissais son mérite, mais votre suffrage a bien augmenté mon estime.

1412. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Ce que je viens de dire de la chapelle de Mme Swetchine aura étonné et mérite explication. […] Peut-être cependant, sans que je veuilleôter à son mérite, que si elle avait aimé une seule fois, leur nombre à tous en aurait été considérablement diminué… » Quelques semaines après, une liaison était nouée entre elles, et Mme Swetchine se mettait elle-même au ton de l’inévitable enchanteresse, elle feignait même d’être sous le charme, lorsqu’elle lui envoyait de Naples tes cajolantes paroles : « Je me suis sentie liée avant de songer à m’en défendre ; j’ai cédé à ce charme pénétrant, indéfinissable, qui vous assujettit même ceux dont vous ne vous souciez pas.

1413. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

« Outre qu’elle parut infiniment aimable, nous dit un témoin, on s’empressait de la voir comme un objet rare et merveilleux ; on lui faisait un mérite de sa curiosité de voir l’Angleterre ; car on remarquait qu’elle était la seule dame française de qualité qui fût venue en voyageuse depuis deux cents ans. […] Un brave homme dont le nom mérite d’être conservé à côté du leur, l’abbé Le Chevalier, qui était instituteur du jeune de Boufflers, fils unique de la comtesse Amélie, vendit sa bibliothèque et une petite possession qu’il avait en Normandie, d’abord pour les faire vivre en prison, et puis pour détourner d’elles le coup fatal.

1414. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Voici, par exemple, l’idée d’une Pyramide qu’on proposait d’élever au prélat dans la cour même de l’archevêché, avec une inscription dont je ne donne que les lignes principales : À l’unique et l’incomparable seigneur Messire François de Champvallon, archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud ; Proviseur des collèges de La Marche et de Sorbonne ; Fondateur du Saint-Bourbier47 ; Visiteur de l’île Notre-Dame48 ; Damoiseau de Conflans49 ; Toujours jeune, toujours souriant, de qui l’on voit le mérite dès qu’on arrive dans son antichambre ; si patient qu’au milieu de cette ville on l’a volé, sans qu’il s’en soit plaint50 ; si vigilant qu’à deux heures après minuit on l’a trouvé dans les rues ; si obligeant qu’il accorde toutes les dispenses qu’on veut ; Le Tout-Puissant ; L’Infaillible ; de qui l’on n’appelle point ; qu’on ne peut déposer ; Grand maître des lettres de cachet ; Arrondisseur de la Couronne ; Intrépide amplificateur de la Régale ; Président perpétuel des Assemblées Du Clergé ; Souverain dominateur de L’Église gallicane ; plus aimable que M. de Pierrepont ; Plus diligent que feu M. le Maréchal De La Meilleraye51 ; dont la sacrée pantoufle est à Andelys, et le cordon d’or à Pontoise52 ; que sa dignité a fait recevoir dans L’Académie ; qui parle comme il écrit et qui écrit Comme il parle ; prélat des plus qualifiés ; prélat Harlay-Quint. […] Je m’y attachai, d’abord, parce que le roi l’avait ainsi désiré de moi ; après, par un grand fonds de mérite qu’il faisait paraître dans toutes les séances de l’Assemblée avec une si grande distinction, que personne, bien loin de prétendre le pouvoir surpasser, ne pouvait l’égaler.

1415. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Fromentin, agréable et attachant à lire d’un bout à l’autre, mérite qu’on le reprenne avec réflexion : il nous offre, dans la suite des peintures variées qui s’y succèdent, une belle image du talent et aussi une application de la théorie de l’auteur ; il nous livre le résultat excellent de sa manière, en même temps qu’il nous dévoile sa pensée particulière sur l’art. […] Je suis loin de les blâmer d’avoir pris un parti de convention, mais je ne vais pas non plus jusqu’à les en admirer davantage ; je ne leur fais pas, d’une inadvertance ou d’une imperfection, un titre ni un mérite.

1416. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Il fallait donc un prétexte, et la Correspondance qui se publie nous fournit ce prétexte et même mieux, car elle n’est pas sans mérite, et sans intérêt. […] Un vieillard jeune serait trop insolent. » J’aime sans doute les livres vrais, les livres qui sont le moins possible des livres et le plus possible l’homme même ; mais c’est à la condition qu’ils vaillent la peine d’être donnés au public et qu’ils ajoutent à l’idée qui mérite de survivre.

1417. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Il eut de plus le mérite de ne se prévaloir jamais du titre de son anoblissement, ni des privilèges qui y étaient attachés. […] Ce n’est pas connaître le monde, en effet, que de vivre jusqu’à l’âge de trente-deux ans au fond d’une campagne, n’ayant qu’un seul ordre étroit et sévère de rapports et d’intérêts moraux, de n’avoir jamais observé la société moderne dans l’infinie variété de ses conditions, de ses opinions, de ne s’être pas accoutumé de bonne heure à considérer de plain-pied les hommes nos semblables dans la diversité de leurs goûts, de leurs aptitudes, de leurs talents et de leurs mérites, dans les directions multipliées de leur, zèle et de leur ardeur, dans leur indifférence même, qui serait bien souvent de la sagesse si elle était plus réfléchie.

1418. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Une ouverture avait déjà été faite de ce côté auprès de Jomini en 1807, pour qu’il entrât au service de la Russie, qui croyait avoir besoin à ce moment d’officiers de mérite, et qui a toujours été accueillante pour les étrangers. […] … Je me tais par prudence, et plutôt pour vous que pour moi… » Berthier, ce grand chef d’état-major dont je ne prétends point méconnaître les mérites appropriés au génie du maître, mais « à qui il fallait tout dicter » ; Berthier, « à qui vingt campagnes n’avaient pas donné une idée de stratégie », et qui n’en avait que faire sans doute dans son rôle infatigable d’activité toute passive ; Berthier, qui, au début de la dernière guerre d’Allemagne (1809), dépêché d’avance à Ratisbonne pour y rassembler l’armée, avait signalé son peu de coup d’œil personnel, son peu de clairvoyance dans l’exécution trop littérale des ordres en face d’une situation non prévue ; Berthier, qui pourtant s’était vu comblé de toutes les dignités, de toutes les prérogatives, et finalement couronné et doté jusque dans son nom de cette gloire même de Wagram, — un tel personnage avait certes beau jeu contre un simple officier en disgrâce, dont il ne prévoyait pas les titres distingués et permanents auprès de tous les militaires instruits et des studieux lecteurs de l’avenir.

1419. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Jouffroy, n’ayant pas appris que ces questions existent, n’a pas grand mérite à les nier ; mais vous qui, ayant songé à tout et peut-être goûté à des choses immondes comme font les chimistes, avez déclaré que la chair humaine est mauvaise et malsaine, et vous êtes décidé à vivre d’aliments choisis, apparemment vous avez le discernement, c’est-à-dire, dans le sens moral, la lumière et la force. […] Non, mon ami, vos critiques ne m’ont pas fâchée contre vous, mais bien contre moi qui les mérite.

1420. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Soumet et Guiraud appartiennent purement à cette phase de notre poésie, et en représentent, dans une espèce de mesure moyenne, les mérites passagers et les inconvénients. […] Ce sont là, à mon sens, des vers d’une telle qualité poétique, que bien des gens de mérite qui sont arrivés à l’Académie par les leurs (M.

1421. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Je sais que l’héroïne ne doit avoir qu’un goût ; qu’il doit être pour quelqu’un de parfait et ne jamais finir, mais le vrai est comme il peut, et n’a de mérite que d’être ce qu’il est. […] Par moments, plus tard surtout, je le voudrais autre ; je le voudrais, non plus dévoué, non plus soumis, non plus attentif au chevet de son amie mourante ; Ernest en tout cela est parfait : sa délicatesse touche ; il mérite qu’elle lui dise avec larmes, et en lui serrant la main après un discours élevé qu’elle achève : « O toi !

1422. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Franchise, dévouement, fidélité, courage, tout cela garde encore le même nom, mais ne le mérite que peu. […] Ce sentiment pour La Blancherie, s’il ne mérite pas absolument le nom d’amour et s’il ne remplit pas tout à fait l’idée qu’on se pourrait faire d’une première passion en une telle âme, passait pourtant les bornes du simple intérêt ; il est tout naturel que Mme Roland dans ses Mémoires, jugeant de loin et en raccourci, l’ait un peu diminué : ici nous le voyons se dérouler avec plus d’espace.

1423. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Arnauld et à madame de Maintenon, pour imposer aux jeunes courtisans, pour agréer aux vieux, pour être estimé de tous honnête homme et d’un mérite solide. […] Que si maintenant on nous oppose qu’il n’était pas besoin de tant de détours pour énoncer sur Boileau une opinion si peu neuve et que bien des gens partagent au fond, nous rappellerons qu’en tout ceci nous n’avons prétendu rien inventer ; que nous avons seulement voulu rafraîchir en notre esprit les idées que le nom de Boileau réveille, remettre ce célèbre personnage en place, dans son siècle, avec ses mérites et ses imperfections, et revoir sans préjugés, de près à la fois et à distance, le correct, l’élégant, l’ingénieux rédacteur d’un code poétique abrogé.

1424. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Pour plusieurs, pour la plupart, il faut le dire, c’est là un léger sacrifice ; ils ont peu de mérite à se priver de vues philosophiques, auxquelles ils ne sont pas portés par leur nature. […] La gloire des premiers explorateurs est d’être dépassée et de donner à leurs successeurs les moyens par lesquels ceux-ci les dépasseront. « Mais cette gloire est immense, et elle doit être d’autant moins contestée par celui qui vient le second que lui-même n’aura vraisemblablement aux yeux de ceux qui plus tard s’occuperont du même sujet que le seul mérite de les avoir précédés 115. » L’oubli occupe une large place dans l’éducation scientifique de l’individu.

1425. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Mickiewicz, chassé de Pologne, révèle aux Parisiens les mérites de la poésie slave. […] Pendant que des Français, soucieux de ranimer la sève nationale par d’habiles greffages, importaient des théories, des procédés d’éducation et d’organisation militaire ayant cours en territoire germanique, d’autres Français, patriotes exclusifs et craignant de voir amoindrie la personnalité de leur pays, combattaient à outrance tout ce qui provenait d’une source suspecte et détestée, dénigraient de parti pris les gloires allemandes, sifflaient Wagner coupable d’avoir insulté la France, célébraient par réaction Roland, Jeanne d’Arc et les volontaires de la première République, faisaient des succès exagérés à l’opéra-comique, sous prétexte que c’est un genre éminemment français, ou à des poésies dont le principal mérite était de relever le courage et la confiance des battus de la veille.

1426. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

On pourrait faire trois portraits de Mme d’Épinay, l’un à vingt ans, l’autre à trente (et elle nous a fait ce portrait-là vers le moment où elle commença de connaître Grimm) ; et il y aurait un troisième portrait d’elle à faire après quelques années de cette connaissance, lorsque, grâce à lui, elle avait pris plus de confiance en elle, et qu’en étant une personne très agréable encore, elle devenait une femme de mérite, ce qu’elle fut tout à fait en avançant. […] Elle eut le bon esprit aussitôt de l’apprécier par ce mérite essentiel, et de sentir l’ami sérieux qui lui venait.

1427. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Mais les Mémoires de Saint-Simon sont venus, et ils ont offert des mérites d’ampleur, d’étendue, de liaison, des qualités d’expression et de couleur, qui en font le plus grand et le plus précieux corps de mémoires jusqu’ici existant. […] Mais si c’est un jugement impartial, désintéressé et historique, que M. de Noailles a prétendu porter, comme cela était si digne de son esprit, je me permets de croire qu’il n’a pas rendu à Saint-Simon l’éclatante justice que ce grand observateur et peintre mérite à tant d’égards, et particulièrement pour la bonne foi, pour la probité, pour l’amour de la vérité qui se fait jour jusque dans ses erreurs et ses haines, et pour un certain courage d’honnête homme dont on ne voit pas que, jusqu’en ses excès, il ait manqué jamais.

1428. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Jasmin, dans la seconde partie de sa carrière, a eu l’honneur et le mérite de sentir qu’il y avait à revenir, pour tout le Midi, à une sorte d’unité d’idiome, au moins pour la langue de la poésie. […] Faut-il lui faire un mérite d’avoir su résister à toutes les tentations mauvaises qui n’ont pas été sans l’assiéger ?

1429. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Grâce aux Mémoires qui vont paraître dans quelques jours et que nous sommes heureux d’annoncer au public, chacun désormais va le connaître, lui rendre la justice qui lui est due, et le voir au rang estimable qu’il mérite d’occuper. […] Et qu’il serait à souhaiter que le journaliste politique se considérât ainsi comme un historien à la journée, un historien pionnier, qui n’a pas les honneurs de l’autre, mais qui en a les devoirs, qui en anticipe les charges, et qui peut, un jour, en acquérir les mérites par le retour attentif d’une postérité rémunératrice !

1430. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

La manière élevée dont Retz apprécie à ce moment le prince de Condé et ses intentions premières, avant qu’elles eussent dévié et se fussent aigries dans la lutte, mérite qu’on la lui applique à lui-même. […] Même depuis Saint-Simon, rien n’a pâli dans cette galerie de Retz, et on admire seulement la différence de manière, quelque chose de plus court, de plus clair, de plus délié en coloris, mais qui ne pénètre pas moins dans le vif des âmes ; M. le Prince à qui « la nature avait fait l’esprit aussi grand que le cœur », mais à qui la fortune n’a pas permis de montrer l’un comme l’autre dans toute son étendue et qui n’a pu remplir son mérite ; M. de Turenne à qui il n’a manqué de qualités « que celles dont il ne s’est pas avisé », et à qui il ne faut jamais en refuser une, « car qui le sait ?

1431. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Né avec un caractère violent, infatué de son propre mérite, il comptait pour rien tout ce que sa femme faisait pour lui : c’était une dette dont il recevait le paiement sans reconnaissance ; et, à la plus légère contradiction, il s’irritait comme d’un attentat à son autorité. […] C’est par ce seul côté qu’il subsiste et qu’il mérite aujourd’hui le regard.

1432. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Le genre d’adresse du cardinal Mazarin, sa dissimulation, la grâce et la finesse de son jeu, cet esprit de cabinet où il excellait, et « qui fait jouer tant de grandes machines », nous est rendu avec fidélité et vie par une personne qui, sans avoir à se louer de lui, a le mérite d’apprécier avec équité ses parties supérieures. […] Le ministre, de même, semblait par son adresse faire un bon usage des malédictions publiques ; il s’en servait pour acquérir auprès de la reine le mérite de souffrir pour elle… On sent, dans ces passages et dans tout le courant du style de Mme de Motteville, une imagination naturelle et poétique, sans trop de saillie, et telle qu’il seyait à la nièce de l’aimable poète Bertaut.

1433. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Ce Figaro, qui mérite un nom plus sérieux, parce que, sans viser à la dignité, il s’abstient toujours de la déclamation et qu’il ne pousse pas son rôle à l’extrême, a très bien jugé en quelques mots ce prince de Conti qui le raillait. […] Cependant Gourville aspire à rentrer en France : il n’y revient d’abord qu’à la dérobée, sous le couvert du prince de Condé, et malgré Colbert, qui poursuit longtemps en lui un auxiliaire de Fouquet, et qui ne se rend au mérite de l’homme qu’à la dernière extrémité.

1434. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Un de ses principes était : « Il vaut mieux mériter sans obtenir, qu’obtenir sans mériter ; et avec une volonté constante et forte, quand on mérite, on finit toujours par obtenir. » Le père de Marmont, bien qu’il donnât à son fils une éducation si fortemnt préparatoire pour la guerre, l’aurait voulu diriger cependant vers une autre carrière, et préférablement dans l’administration. […] Chef de bataillon à Lodi, il mérite par sa conduite un sabre d’honneur décerné par le Directoire, avec cette inscription sur la lame : « Pour vaincre les tyrans.

1435. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Tourguénef a même fort peu des mérites externes de nos livres supérieurs. […] Chacune de ses créatures éclairée de mille lueurs diverses, reprise de tous côtés en ces mêmes manifestations, reste par la complexité même et le minutieux de l’analyse qui la montre, une créature individuelle et rare, qui, mérite extrêmement peu fréquent, est un être particulier, non un type, une généralisation.

1436. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

L’amphore qui refuse d’aller à la fontaine mérite la huée des cruches. […] Quand l’aplomb d’un, idiot arrive à ces proportions, il mérite enregistrement.

1437. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Nous devons à trois Jésuites des observations relatives à la Rhétorique qui ne font pas sans mérite. […] Cet écrit est à peu-près du même mérite que le précédent ; il est rempli d’idées fausses & écrit d’un style encortillé.

1438. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

II17 Pendant que nous parlions de Henri Heine18 avec le détail que mérite ce charmant génie, — cette rose à mille feuilles de facultés différentes, — qui fut poète, philosophe, historien et critique, encyclopédique comme Voltaire, triste et gai comme Sterne, et sceptique comme le xixe  siècle tout entier, l’éditeur Lévy publiait sous le titre : De tout un peu, un volume de plus qu’il ajoutait aux livres déjà publiés des Œuvres complètes. […] Dans l’article sur l’Histoire de la littérature allemande, par Menzel, qui finit par une si grande position faite à Goethe, et qui me plaît moins, de toute la différence qu’il y a pour moi entre Goethe et Cervantes, le critique, très jeune, du reste, quand il écrivit ce morceau, aie mérite de son article borné par son admiration exagérée de jeune homme pour Goethe, admiration qui s’amortit plus tard dans l’esprit devenu plus mâle de Henri Heine, lequel commença bien par toutes les idolâtries de son temps, mais fut plus fort qu’elles.

1439. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Chaque fois que je voyais qu’il fallait aller à la mort, je pensais à « Lui », et mon devoir m’apparaissait naturel, sans mérite. […] De sorte que je n’ai eu aucun mérite à n’éprouver aucune hésitation à me jeter entre les balles et les obus ; je les voyais dévier autour de moi.

1440. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

est-ce donc une faute, et ne serait-ce pas un mérite, que cette impression qu’il fait naître ?

1441. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Si par malheur vous comprenez peu et que vous n’aimiez guère la poésie ; si vous n’avez pas reçu de la nature le sens délicat de la mélodie, le goût exquis du chant, et que vous vous trouviez embarrassé pour apprécier directement le mérite d’un poète, écoutez-le une demi-heure parler en prose ; et si sa prose est molle, vide d’idées, sans éclat, sa poésie court grand risque d’être elle-même pauvre, pâle et chétive ; osez-le ranger impitoyablement parmi les versificateurs.

1442. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

à part le mérite du fond et cette opiniâtreté d’étude et de recherche dont, bien jeune encore, rien ne l’a jamais détourné, M. 

1443. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Les joueurs aiment à appeler une partie du nom de bataille, ils livrent combat au hasard ; un coup heureux est une victoire ; un coup malheureux est une défaite, et quand ils ont tenu longtemps, quand ils se sont obstinément, stupidement acharnés à se ruiner, ils se donnent le mérite d’une héroïque résistance et ne sont pas bien sûrs de n’avoir pas déployé la même espèce de courage que Wellington à Waterloo : s’ils nommaient les choses par les mots propres, peut-être auraient-ils moins de complaisance pour leur passion ; du moins elle ne se colorerait pas à leurs yeux d’une telle beauté ; ils céderaient peut-être autant, ils s’en feraient moins honneur.

1444. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Mais celle qui vient de naître au xe  siècle, rude et raide, toute concrète, impuissante à abstraire, a déjà la netteté, la clarté, la rapidité, et cette singulière transparence qui, la condamnant à tirer toute sa beauté des choses qu’elle exprime, lui confère le mérite de l’absolue probité.

1445. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Mais ce que Bouddha faisait pour le salut de l’humanité, ils le font pour son plaisir, ce qui mérite plus de reconnaissance encore.

1446. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Maupassant, presque toujours, se borne à noter les signes extérieurs  actes, gestes ou discours  des sentiments de ses personnages, et use peu de l’analyse directe, qui a ses périls, qui quelquefois invente sa matière, et l’embrouille pour avoir le mérite et le plaisir de la débrouiller… Mais enfin vous entrevoyez peut-être combien est curieuse l’évolution d’un écrivain qui, ayant commencé par la Maison Tellier, finit par Notre Coeur.

1447. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Il s’en satisfaisait, indulgent aux livres simples de ses adversaires dont il exaltait les mérites si différents de ses vertus.

1448. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Mais ce n’est pas pour ses mérites de descripteur accompli et d’adroit régisseur de foules que ce romancier vaut supérieurement.

1449. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Jésus ne tarissait pas sur les mérites et l’excellence de son précurseur.

1450. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre II. Bovarysme essentiel de l’être et de l’Humanité »

La croyance qu’ils peuvent agir sur eux-mêmes donne naissance à toutes ces complexités du monde moral que l’on a décrites en traitant une première fois de l’illusion du libre arbitre, et qui sont le sentiment du mérite et du démérite, celui de la responsabilité, celui du remords, toute cette floraison d’apparences psychologiques qui jettent tant de trouble et de violence dans les actes humains.

1451. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Jules Verne mérite ce reproche d’avoir abusé des mots anglais dans ses merveilleux récits ; un seul de ses tomes me fournit les mots suivants : anchor-boat, steam-ship, main-mast, mizzenne-mast, fore-gigger, engine-screw, patent-log, skipper, sans compter dining-room et smoking-room, qui sont de la langue générale.

1452. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Cette maxime doit surtout avoir lieu à l’égard des écrivains d’un mérite distingué.

1453. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

Il n’est pas moins clair que deux musiciens qui, à mérite égal, auraient à se faire entendre sur deux instruments inégaux paraîtraient être l’un à l’autre dans le rapport de leurs instruments.

1454. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

« Si enfin un artiste obéit au mobile qu’on peut appeler le besoin naturel du travail, peut-être mérite-t-il plus que jamais l’indulgence : il n’obéit alors ni à l’ambition ni à la misère, mais il obéit à son cœur ; on pourrait croire qu’il obéit à Dieu… « Bien que j’aie médit de la critique, je suis loin de lui contester ses droits, qu’elle a raison de maintenir, et qu’elle a même solidement établis.

1455. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Le mérite d’une esquisse, d’une étude, d’une ébauche, ne peut être senti que par ceux qui ont un tact très-délicat, très-fin, très-délié, soit naturel, soit dévelopé ou perfectionné par la vue habituelle de différentes images du beau en ce genre, ou par les gens mêmes de l’art.

1456. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Lorsque le bon goût a été porté chez une nation à son plus haut point de perfection, on dispute sur le mérite des anciens, qu’on lit moins que jamais.

1457. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant En effet, il n’y a pas un grand mérite à mettre la plume à la main d’un jeune poëte, le premier venu, son génie seul la lui auroit fait prendre.

1458. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

C’est ainsi que tous les arts et même la musique font arabesque autour du livre majestueux qu’ils ornent et qu’ils parachèvent… Il n’y a certainement rien de supérieur à l’encyclopédisme de cette publication, mais ce n’est pas là, pour nous, le plus grand mérite de l’ouvrage, qui est mieux que complet par les renseignements puisqu’il est vrai par l’aperçu… La vérité, qui est toujours le but de l’Histoire, est, dans l’histoire de Jeanne d’Arc, plus difficile à atteindre que dans une histoire moins sublime et moins merveilleuse… L’histoire de Jeanne d’Arc est plus qu’humaine.

1459. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Madame Sand a fait le sien comme Feuillet ; seulement ce bruit, qui ne vient pas du mérite intrinsèque des œuvres, s’est promptement dissipé, et quoique nous ne soyons pas très loin du moment où il s’est produit, il semble qu’il y ait longtemps déjà qu’on ne l’entend plus !

1460. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

C’en est fait ; les heures de ma vie sont écoulées : je vais sourire en mourant. » On peut juger par ce morceau, quelle était la mythologie, le caractère et le tour d’imagination de ces peuples, plus connus jusqu’à présent par leur férocité que par leur génie ; mais ce qui mérite d’être observé, c’est que la plupart des scaldes ou chantres du nord étaient Islandais.

1461. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Elles sont souvent des caractères qu’y grave la divine Miséricorde, pour faire lire aux personnes qui ont trop aimé leur teint que c’est une fleur sujette à se flétrir devant que d’être épanouie, et qui, par conséquent, ne mérite pas qu’on la mette au rang des choses que l’on peut aimer. » Le courtois évêque ne s’étend si complaisamment sur ces traces miséricordieuses au visage, que parce qu’il est sûr par Mlle Paulet qu’il n’y en a point. […] La Rochefoucauld, qui eut plus que personne qualité pour la juger, nous a dit déjà, et je répète ici ce passage trop essentiel au portrait de Mme de Longueville pour ne pas être rappelé : « Cette princesse avoit tous les avantages de l’esprit et de la beauté en si haut point et avec tant d’agrément, qu’il sembloit que la nature avoit pris plaisir de former en sa personne un ouvrage parfait et achevé ; mais ces belles qualités étoient moins brillantes, à cause d’une tache qui ne s’est jamais vue en une personne de ce mérite, qui est que, bien loin de donner la loi à ceux qui avoient une particulière adoration pour elle, elle se transformoit si fort dans leurs sentiments, qu’elle ne reconnoissoit plus les siens propres. » La Rochefoucauld ne put d’abord se plaindre de ce défaut, puisqu’il lui dut de la conduire. […] Ses gens allaient se jeter sur lui : « Arrêtez, leur cria-t-elle, qu’on ne lui fasse rien ; j’en mérite bien d’autres ! 

1462. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Ceux dont la vie est à l’abri des soucis d’argent forment une catégorie qui a des mérites et des défauts particuliers. […] Qui sait si l’évolution qui tourna les hommes de la Pléiade contre les réformés ne fut pas déterminée en partie, comme les pamphlets protestants le reprochaient à Ronsard, par les mérites temporels d’une Église si hospitalière aux poètes de cour, fussent-ils suspects d’être à demi païens ? […] Il aboutit à remplacer l’aristocratie fausse, factice, convenue, celle qui se fonde sur des parchemins ou des sacs d’écus, par l’aristocratie vraie, naturelle, qui repose tout entière sur le mérite personnel.

1463. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Cependant, malgré cette erreur et un chevrotement trop prononcé, l’artiste tient le rôle avec courage et mérite. […] Voilà, mon cher ami, mon opinion bien respectueusement résumée en ces quelques lignes : je ne prétends l’imposer à personne, mais elle aura du moins le mérite de la sincérité. […] Lamoureux, mais il voulait lui laisser le mérite du sacrifice et s’épargner le ridicule de cette interdiction, qu’aucun fait essentiel ne justifie.

1464. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Quel que soit le sort de cette tentative auprès du grand public, qui n’est pas toujours en goût de faire des efforts pour comprendre, elle mérite d’être signalée à deux points de vue, comme l’essai hardi d’un talent personnel et comme un symptôme des temps. […] Pourquoi donc, malgré tant d’efforts et de mérites, le succès est-il resté douteux ? […] Au contraire, comme pour redoubler le mérite de la difficulté vaincue, il s’est enfermé dans les bornes les plus étroites, dans une sorte de prison cellulaire.

1465. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Avec cela beaucoup d’esprit, de sens, de conduite, de hauteur et de sentiment, sans gloire et sans arrogance, de la politesse, mais avec beaucoup de dignité ; et par mérite et sans usurpation, le dictateur perpétuel de ses amis, de sa famille, de sa parenté, de ses alliances, qui tous et toutes se ralliaient à lui. Avec cela, beaucoup de lecture, de savoir, de justesse et de discernement dans l’esprit, sans opiniâtreté, mais avec fermeté ; fort désintéressé, toujours occupé, avec une belle bibliothèque, et commerce avec force savants dans tous les pays de l’Europe, attaché aux étiquettes et aux manières d’Espagne sans en être esclave ; en un mot, un homme de premier mérite, et qui par là a toujours été compté, aimé, révéré beaucoup plus que par ses grands emplois, et qui a été assez heureux pour n’avoir contracté aucune tache de ses malheurs militaires en Catalogne. » Ce portrait épanouit le cœur. […] À la cour il l’est encore : il aime le temps passé qui paraît gothique ; il loue Louis XIII en qui on ne voit d’autre mérite que d’avoir mis Louis XIV au monde.

1466. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Elle fut ramenée dans sa cellule en l’an 360, et elle y mourut saintement après une vie pleine de mérites en 370. […] Je ne mérite pas de voir le corps du Christ Jésus. […] — Ne pleure point : si tu ne mérites pas de le voir, tu pourras du moins entendre sa douce voix. […] Je crois que son grand mérite à vos yeux est de ne plus exister. […] Mais enfin le sens commun n’est pour un artiste qu’un mérite secondaire, et M. 

1467. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il eût été bon, ce semble, avant de permettre aux candidatures de se poser, de bien définir le genre de mérite qu’on voulait couronner. […] Cette exposition, dont on a fort peu parlé, mérite pourtant de prendre sa place parmi les événements du mois. […] Je lui souhaite, de tout mon cœur, le succès qu’elle mérite à tant d’égards. […] tout cela ne mérite pas tant d’exaltation. […] Sa fausse ressemblance avec le mérite trompe les hommes.

1468. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Egerton Castle a non seulement le mérite d’être un traducteur fidèle, c’est aussi un écrivain très apprécié en Angleterre. […] Mieux que je ne le saurais faire, Alexandre Dumas fils résuma en une préface les mérites de ce joli roman, et je m’abstiendrai devant sa critique et ses éloges ; ce sera un double régal pour les lecteurs que de goûter à la prose de Dumas et celle de M.  […] Il faut ajouter, sans rien retirer de son mérite au conteur, que les scènes terrifiantes qu’il met sous nos yeux ont été, pour la plupart, la réalité. […] La médiocrité mérite-t-elle tant d’indignation ? […] Charmants souvenirs que ceux que laisse le théâtre, qui ne nous rappellent que des soirées de plaisir ou d’émotion, qui pour un instant nous font revoir de grands artistes jouant de belles pièces et dont le grand mérite est de nous rajeunir pour un instant.

1469. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

D’autres œuvres encore, dont le mérite littéraire est moindre, ne sont pas moins significatives de la transformation qui s’opère ; et dût-on y voir un peu d’irrévérence, il y a plus d’intérêt encore et plus de vérité que d’irrévérence, à rapprocher du roman de Fénelon et des Caractères de La Bruyère la comédie de Dancourt. […] « Une volupté, dit un de ses contemporains, dont il semble que les sens même participent » ; et s’il dit vrai, comme je le crois, de quels termes, je le demande, plus flatteurs, mais plus profanes, pourrait-on se servir pour caractériser le mérite d’un madrigal, d’une élégie d’amour, ou d’une odelette anacréontique ? […] Qu’en se plaçant à ce point de vue il faut reconnaître à Alexandre Hardy le mérite, et c’en est bien un, d’avoir transformé un divertissement de collège en une action publique. — Il a également essayé de différencier la tragi-comédie de la tragédie. — Digression à ce sujet, et de quoi dépend la différence des deux genres ? […] Si le style de Descartes mérite les éloges qu’on en fait quelquefois ? […] De quelques autres mérites des Caractères ; — et en particulier de quelques portraits et de quelques narrations ; — qui annoncent la prochaine fortune du roman [Cf. 

1470. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Et par là-dessus (que de mérites !  […] Je sais que je mérite la mort ; tue-moi !  […] Doucet ait eu, à réussir comme il a fait, un mérite moral autant que littéraire. […] Et qu’elles soient à la fois l’un et l’autre, c’est le mérite propre de M.  […] La scène est délicieuse, et elle a, en outre, ce mérite, de préparer avec beaucoup d’adresse le dénouement.

1471. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Je serais charmé que le grand succès du Plaisir de rompre fit connaître le rare mérite de M.  […] Et le mérite de la scène, c’est d’abord de faire plaisir ; et c’est encore de rester parfaitement claire dans l’ironie et les sous-entendus. […] Elle dit à son mari : « C’est fait, j’ai un amant, et un amant ridicule. » Il la traite comme elle le mérite. […] Il eut ce premier mérite de restaurer le culte fléchissant de Corneille et de Racine. […] Les Corbeaux ont le double mérite de « marquer une date » et d’être une comédie de premier ordre.

1472. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Mais : « De l’opprobre garde mon cœur ; et qu’un beau renom je mérite » m’agace un peu. […] Lambert l’occasion de montrer un très rare mérite de mimique. […] Il jouait avec un léger excès d’admiration pour le texte, le texte ayant ce mérite d’être de lui. […] Ce qu’elle devrait dire, c’est : « Méprisez-moi ; car je le mérite ; mais si, en me méprisant, vous pouviez m’aimer encore !  […] Casimir Bonjour n’est pas un grand homme, mais il mérite d’être connu, et il gagne à l’être.

1473. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Sentant et ses mérites et leur vanité, il se nourrissait de fiel. […] Mais c’est la façon dont Lamennais a rendu le texte de Dante qui mérite vraiment d’arrêter l’attention. […] Prends garde d’entendre la réponse que tu mérites. […] Mais personne ne les lit ; et, ma foi, cet ouvrage ne mérite pas la lecture, sinon par curiosité. […] Malherbe fut un cabotin rusé et, malgré son mérite, sans envergure.

1474. (1913) Poètes et critiques

Ce n’est pas mon rôle d’analyser la pièce ici, et je me borne à noter les mérites de forme. […] En attendant, cette œuvre, en cours d’exécution, mérite l’attention des connaisseurs et j’ai voulu les inviter à visiter un coin de l’édifice. […] Quant au mérite, trop surfait, de ces récits improvisés, je ne prendrai pas l’attitude paradoxale de le contester pleinement. […] C’est à partir d’ici que le manuscrit Cellulairement mérite le mieux son titre. […] Dans un cercle, d’ailleurs restreint, tout ce qu’il produisait était loué, exalté, imité, moins pour les mérites que pour les tares.

1475. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

La société actuelle est dans une décadence lamentable, et qui ne mérite plus le nom de civilisation. […] Puisse la bourgeoisie française se la donner aussi, cette éducation, et se rendre compte quels mérites l’assurent. […] Le savant viennois n’en mérite pas moins notre reconnaissance pour avoir attiré l’attention des éducateurs sur un domaine qu’une fausse pudeur a trop longtemps laissé dans l’ombre. […] Cette hypothèse d’une puissance consciente et bienfaisante, connaissant notre âme et lui réservant une récompense ou un châtiment d’après ses mérites ou ses démérites, il ne la discutait même pas. […] L’édition qu’il vient d’en donner d’après notre manuscrit mérite les plus vifs éloges.

1476. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Faret dans Boileau rime avec cabaret, et il le mérite. […] Si les poètes de la première moitié du siècle étaient seuls responsables de l’état de la poésie, et seuls coupables de leurs propres mœurs, et si Boileau avait seul le mérite du grand art et de la belle conduite qu’il y opposa, il n’y aurait pas de termes pour le louer. Laissons aux deux époques une part dans les fautes des uns et dans le mérite de l’autre, pour blâmer comme pour admirer dans de justes bornes. […] Faut-il insister sur ce que devait avoir de puissance, soit pour égarer, soit pour intimider le goût du public, une association de poètes ligués par le danger commun, tenant à tous les grands personnages de la cour, loin d’ailleurs d’être sans mérite, et dont quelques-uns, très médiocres poètes, étaient de fort habiles gens ? […] Beau vers, qu’il s’applaudissait beaucoup d’avoir fait, dit un de ses biographes, moins sans doute pour le mérite du vers que pour la justesse du trait ; moins en poète charmé de son art qu’en homme sincère qui se peint tel qu’il est.

1477. (1896) Le livre des masques

L’originalité bien constatée, les autres mérites de M.  […] Si la sincérité est un mérite, ce n’est pas sans doute un mérite littéraire absolu ; l’art s’accommode fort bien du mensonge et nul n’est tenu de confesser ni ses « communions », ni ses répulsions ; mais j’entends ici par sincérité cette sorte de désintéressement artistique qui fait que l’écrivain, n’ayant peur ni de terrifier le cerveau moyen ni de contrister tels amis ou tels maîtres, déshabille sa pensée selon la calme impudeur de l’innocence extrême du vice parfait, — ou de la passion. […] Il mérite la gloire, si aucun la mérita (la gloire est toujours injuste), puisqu’à l’originalité du talent le maître des esprits a voulu qu’en cet être singulier se joignît l’originalité de l’âme. […] L’attitude du public est moins bénigne lorsqu’on l’entretient du désaccord qui s’observe entre lui, public, maître obscur des gloires, et l’opinion du petit nombre oligarchique : habitué à accoupler ces deux idées, renommée et talent, il montre de la répugnance à les disjoindre ; il n’admet pas, car il a un sens secret de la justice ou de la logique, qu’un auteur illustre ne le soit que par hasard, ou qu’un auteur obscur mérite la lumière. […] Si le public connaît leurs noms moins que tels autres, ce n’est pas qu’ils aient moins de mérite, c’est qu’ils eurent moins de bonheur.

1478. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Jugé de ce point de vue, son ouvrage a une haute portée ; il mérite une sérieuse analyse ; et le bruit qu’il a fait dans les salons et dans la presse, l’enthousiasme des dévots, la colère des sceptiques qu’il a également encourus, toute cette vogue, enfin, est parfaitement justifiée. […] Celui-là a un mérite. […] Je crois que c’est à la sueur de son front qu’il a écrit son livre, et c’est là un mérite, par un temps de molles convictions et de rapides études comme la nôtre. […] Sainte-Beuve aux écrivains du dix-septième siècle qui ont eu plus spécialement le mérite qui lui manque ; il a cité Fénelon, madame de Sévigné, les solitaires de Port-Royal ! […] Je ne sais pourquoi un géographe d’un rare mérite, M. 

1479. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

C’est à quoi il ne manque pas ; Bernis a le mérite de rester lui-même dans cette correspondance ; il sait entendre la raillerie, et il sait aussi l’arrêter discrètement au moment où elle passerait le jeu. […] Mais il a le mérite d’avoir senti et signalé, l’un des premiers, ce qui devait corrompre le goût léger, vif et spirituel, et la gaieté originale de notre nation.

1480. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

L’historien doit tout lire, et ne doit écrire que ce qui mérite d’être lu. […] Pour tout le reste, il lui est inférieur non seulement en mérite historique, mais l’oserai-je dire ?

1481. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

On est tenté de croire que M. de Meilhan a songé à lui dans ce portrait d’Aladin qui nous représente assez bien son propre idéal et ce qu’il aurait voulu être dans la jeunesse : Aladin était éloquent, passionné pour la liberté ; il était épris de la gloire et sentait qu’on ne pouvait s’élever dans une cour qu’en rampant, et que l’assiduité tenait lieu de mérite. […] L’ouvrage que M. de Meilhan publia à Hambourg en 1795, intitulé Du gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution, avec le caractère des principaux personnages du règne de Louis XVI, est d’un homme en qui les ridicules cessent dès qu’il tient la plume et qui mérite toute attention par la modération et les lumières.

1482. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

En un mot, M. de Saint-Martin mérite une étude ou du moins une première connaissance, même de la part des profanes comme nous qui n’aspirent point à pénétrer dans ce qu’il a d’obscur, d’occulte et de réservé, dit-on, aux seuls initiés. […] Ce qu’il faut lui demander en attendant, avant de pousser plus loin le récit de sa vie et pour nous bien persuader qu’il mérite l’examen et l’attention de tous, ce sont les pensées du cœur, les mouvements puisés dans la sublime logique de l’amour ; car c’est à quoi il était le plus sensible et le plus propre : J’ai été attendri un jour jusqu’aux larmes, dit-il, à ces paroles d’un prédicateur : « Comment Dieu ne serait-il pas absent de nos prières, puisque nous n’y sommes pas présents nous-mêmes ? 

1483. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

de ces mérites des langues vieilles et rationnellement perfectionnées ! […] Rendant hommage au mérite de M. de La Motte, qu’il ne craint pas d’appeler, « de l’aveu de tout le monde littéraire, un des premiers hommes de son siècle », l’abbé de Pons s’exprimait en paroles bien senties et moins contestables sur son caractère moral et ses vertus de société : Cette supériorité24, disait-il, est d’ordinaire compagne de l’orgueil immodéré ; mais le souverain éloge de M. de La Motte, c’est d’avoir su allier aux talents les plus éminents la plus modeste opinion de lui-même ; c’est de n’avoir jamais cherché dans les ouvrages de ses rivaux que le beau pour le protéger, et de s’être imposé un silence religieux sur les fautes dont il aurait pu triompher.

1484. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

C’est ce mérite de la particularité et d’une sincérité parfaite que j’ai trouvé dans les deux volumes que je viens de lire, et qui me les a rendus intéressants après tant d’autres qui se sont publiés et qui se publieront encore sur cette grande époque de l’Empire. […] Une autre race de guerriers, que personnifie le nom de Catinat, ou, si l’on veut, de Vauban, est celle des militaires qui joignent aux qualités de leur profession des mérites presque contradictoires de penseurs, de philosophes, de raisonneurs ; ils jugent, ils ont des idées politiques, des vertus civiles ; une capacité de plus les complète, mais parfois aussi les complique ; ils y perdent un peu en relief s’ils y gagnent en profondeur.

1485. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Nous allons essayer, après tant d’autres, de repasser, nous aussi, sur les traits de ce caractère et de cette figure digne de mémoire et qui mérite la gravure. […] » C’est ce qu’elle écrit dans les mauvais jours, quand elle se laisse aller à son humeur ; mais cependant elle est obligée de convenir que cette maréchale juge très-bien les gens, qu’ils sont démêlés et sentis par elle à souhait, qu’elle rend toute justice particulièrement au mérite de cette charmante duchesse de Choiseul.

1486. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

J’ai parlé d’observation ; et qui donc, si l’on cherche parmi les noms d’auteurs ceux qui peuvent le plus prétendre en notre temps à ce genre de mérite, qui pourra-t-on citer de préférence à Gavarni ? […] C’est moins encore quand il fait de la mode pure que dans tout l’ensemble de son œuvre de jeunesse, que Gavarni mérite cet éloge pour la grâce des costumes.

1487. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Il a une qualité, un mérite qu’on ne peut lui contester : vite on prétend l’enfermer et l’emprisonner dans ce mérite ; on se sert de cette qualité comme d’une arme pour l’écarter et le repousser de tout le reste.

1488. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Corneille a voulu nous donner la plus haute idée du mérite de son héros, et il est glorieux pour le Cid d’être aimé par la fille de son roi en même temps que par Chimène. […] La conclusion de l’acte et la décision du roi, c’est que l’affaire mérite d’être plus amplement délibérée : en attendant, don Sanche (singulièrement choisi pour un tel office) reconduira Chimène en son logis ; don Diègue reste à la Cour prisonnier sur parole, et l’on fait chercher Rodrigue.

1489. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Certes, tu n’es pas fait pour manquer d’aucune, ni de rien de ce qui appartient à une âme forte et supérieure : ne te laisse donc pas entraîner par l’excès même du courage vers le but où mènerait aussi le désespoir. » D’après tous ces passages, on voit que s’il y a quelque emphase, elle est rachetée aussitôt par bien des mérites, par des délicatesses infinies dépensées, et que la Romaine en Mme Roland n’a pas absolument la roideur du bas-relief ; elle est touchante, elle est Française encore, elle est femme, et c’est par l’ensemble de ces qualités réunies que les quatre Lettres retrouvées restent, toutes critiques faites, une acquisition hors de prix pour la littérature. […] Faugère le désir qu’il en fît usage pour rétablir la vérité et montrer que la part de gloire qui revenait légitimement à Mme Roland était assez grande sans qu’il fût besoin d’y rien ajouter aux dépens de son mari : « J’acceptai cette mission avec empressement, nous dit le nouvel éditeur, et je m’occupai dès lors à compléter les éléments d’un ouvrage qui sera consacré à faire connaître plus intimement Roland de La Platière, en même temps que la femme supérieure qui ne fut pas tout dans sa destinée, mais qui, en s’unissant à lui, a contribué à donner à son nom un éclat que son seul mérite n’aurait point produit. » Oserai-je dire à M. 

1490. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Malouet. reprit la reine, n’oubliez jamais son nom. » — Ce mot mérite de rester attaché au nom de Malouet dans l’histoire. […] Je ne crois pas que la meilleure manière de servir la mémoire de Malouet soit d’exagérer ses mérites ni d’amplifier son influence, et encore moins de chercher auprès de lui une occasion banale de déclamer contre la Révolution ; mais il manquerait quelque chose à la connaissance de ces temps orageux, si on ne l’écoutait et si l’on ne tenait grand compte de son témoignage.

1491. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Mais, quant à la méthode à apporter dans cette province de l’histoire littéraire, elle ne se dessine que depuis assez peu de temps : et, par méthode, j’entends une étude comparée, coordonnée, qui cherche les classements justes, le degré de mérite appréciable, et qui tient à mesurer positivement les progrès ou changements introduits soit dans la versification, soit dans le vocabulaire poétique et dans la langue. […] Dans cette même dédicace, énumérant toutes les grandes et hautes qualités du cardinal négociateur, et faisant, presque à chaque ligne, allusion à quelque irait de l’Antiquité, il dira par exemple : « D’une si grande chose (le mérite du cardinal), il vaut trop mieux, comme de Carthage disoit Tite-Live, se taire du tout que d’en dire peu… » Il y a ici une inadvertance, et M. 

1492. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

» On ne mérite jamais de tels éloges quand on ne s’amuse qu’à traduire : il faut oser plus et s’inspirer de l’esprit pour « faire tant qu’une langue, encore rampante à terre, puisse hausser la tête et s’élever sur pied ». […] Il ne veut pas qu’on imite dans une même langue, ni qu’on s’adresse à un auteur d’hier (fût-ce un Marot, un Héroët) : c’est trop près, trop à bout portant et sans grand mérite.

1493. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Mais on était encore en ces années dans l’âge d’or de la maladie, et un honnête homme, Sabatier de Cavaillon, répondant d’avance au vœu de Bonneville, adressait, en avril 1786, comme conseils au gouvernement, des observations très-sérieuses sur la nécessité de créer des espions du mérite 198. « Épier le mérite, le chercher dans la solitude où il médite, percer le voile de la modestie dont il se couvre, et le forcer de se placer dans le rang où il pourrait servir les hommes, serait, à mon avis, un emploi utile à la patrie et digne des meilleurs citoyens.

1494. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Là, sans que mes amis prêchent leurs sentiments, J’arrache quelquefois des applaudissements ; Là, content du succès que le mérite donne, Par d’illustres avis je n’éblouis personne. […] Le style de Corneille est le mérite par où il excelle à mon gré.

1495. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Ma conscience aujourd’hui m’oblige à avouer que je crains d’avoir chargé sa mémoire d’une horreur qu’il ne mérite peut-être pas. […] XV Mon jugement final sur la Révolution à la dernière page des Girondins, bien que vrai dans son ensemble, ne mérite ni de moi ni des autres une telle indulgence ou une telle justification.

1496. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Malgré ce vice de composition, c’est le plus beau traité d’éducation et de politique qui existe dans les temps modernes, et ce traité a de plus le mérite d’être en même temps un poëme. […] Il faut devenir le conseil du roi, le père des peuples, la consolation des opprimés, la ressource des malheureux, l’appui de la nation… écarter les flatteurs, distinguer le mérite, le chercher, le prévenir, apprendre à le mettre en œuvre ; se rendre supérieur à tous, puisqu’on est placé au-dessus de tous… Il faut vouloir être le père, et non le maître ; il ne faut pas que tous soient à un seul, mais un seul à tous pour faire leur bonheur. » XXXVII Le palais jusque-là désert de Fénelon à Cambrai devint le vestibule de la faveur.

1497. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

La poésie de Boileau2 Un « homme d’esprit » disait de la poésie de Boileau : « Il y a deux sortes de vers dans Boileau : les plus nombreux qui semblent d’un bon élève de troisième, les moins nombreux qui semblent d’un bon élève de rhétorique. » — « L’homme d’esprit qui parle ainsi, riposte Sainte-Beuve, ne sent pas Boileau poète, et, j’irai plus loin, il ne doit sentir aucun poète en tant que poète. » Car où est le mérite de sentir la poésie de La Fontaine, ou de Chénier, ou de V.  […] Comparez le Lutrin à Vert-Vert, vous en sentirez le caractère et le mérite.

1498. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Entre les deux luttes qu’il soutint, au temps de son triomphe incontesté, en 1683, Boileau a concédé du mérite à Chapelain, de l’esprit à Quinault, du génie à Saint-Amant, à Brébeuf, à Scudéry : est-ce assez ? […] Grâce aux modèles anciens, qu’il eut le mérite de comprendre et de sentir comme œuvres d’art, Boileau maintint la notion de l’art dans la littérature.

1499. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Mais il manque à ce recueil ce qui fait le principal mérite des récits qui touchent au licencieux, je veux dire la grâce et la délicatesse qui en déguisent les traits les plus grossiers, et permettent de s’en amuser sans embarras. […] Elle y réussit en plus d’un endroit, et cette ressemblance même avec un des plus grands écrivains de l’Italie n’est pas un médiocre mérite.

1500. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Le réel mérite des poètes parnassiens lui fut moins visible que leurs défauts. […] Le commun accord est loin de s’être fait, sur la valeur et le mérite absolus des poèmes de Mallarmé.

1501. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

S’adressant à une foule encore mal dégrossie, ils s’abaissent volontiers à sa taille au lieu de l’élever à leur niveau, ils se gaspillent en œuvres bâclées ; ils ressemblent à cet homme à la cervelle d’or dont parle quelque part Alphonse Daudet : ils s’arrachent chaque matin un morceau du trésor qu’ils ont dans la tête et, quand ils ont durant des années éparpillé ainsi leur pensée, ils s’aperçoivent un peu tard qu’ils sont parvenus au bout de leurs forces et de leur vie sans avoir rempli leur mérite, sans avoir condensé le meilleur d’eux-mêmes en un ouvrage élaboré avec amour. […] Ce monde de la basoche, comme on l’appelait jadis, a sa vie littéraire propre : plaidoyers des avocats, réquisitoires des procureurs, mercuriales des présidents autrefois et des officiers du ministère public aujourd’hui, n’ont pas seulement leur mérite professionnel et leur utilité du moment ; ces discours visent parfois à la beauté ; ils peuvent y atteindre et beaucoup d’entre eux sont dignes de figurer dans le livre d’or de l’éloquence.

1502. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Elle mérite de devenir dans l’Europe entière la langue des cours, des salons, de la diplomatie. […] Ils ont fait apprécier le mérite d’un billet joliment tourné.

1503. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

La Fontaine, avec sa grâce nonchalante, sa naïveté malicieuse, son talent de composer de vivants tableaux, a besoin que Molière se porte garant de son mérite. […] Il faut, à côté d’eux, placer les hommes et les ouvrages secondaires, qui a défaut d’autre mérite servent du moins à montrer, soit réduites au niveau moyen les qualités, soit portés à outrance les défauts des maîtres et de leurs productions géniales.

1504. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Rien n’arrêta ces hommes d’esprit et de mérite, dont beaucoup, Dieu merci, sont morts de leur laide mort et ont rendu au grand Démiourgos leur vilaine âme. […] L’interprétation de cette préface du Cycle mérite des éloges sans restrictions.

1505. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

avec une vive et amoureuse douleur de ses infidélités passées, et avec tout le respect et le religieux tremblement que mérite votre souveraine majesté. » De talent, d’imagination proprement dite, il ne saurait en être convenablement question, en appréciant un écrit de cette simplicité. […] Le maréchal de Bellefonds, homme de mérite et de piété, avait une sœur religieuse aux Carmélites du faubourg Saint-Jacques, où Mme de La Vallière avait dessein de se retirer.

1506. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Une école a fait son temps, et une autre qui mérite d’être saluée véritablement nouvelle se fait attendre. […] Quant à la société, c’est-à-dire à la généralité des hommes réunis et établis en civilisation, ils demandent qu’on fasse comme eux tous en arrivant, qu’on se mette à leur suite dans les cadres déjà tracés, ou, si l’on veut en sortir, qu’alors, pour justifier cette prétention et cette exception, on les serve hautement ou qu’on les amuse ; et, jusqu’à ce qu’ils aient découvert en quelqu’un ce don singulier de charme ou ce mérite de haute utilité, ils sont naturellement fort inattentifs et occupés chacun de sa propre affaire.

1507. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Ce qui est à faire à l’égard de ces écrivains si estimés en leur temps et qui ont vieilli, c’est de revoir leurs titres et de séparer en eux la partie morte, en n’emportant que celle qui mérite de survivre. […] Marmontel est au premier rang parmi les bons littérateurs du xviiie  siècle, l’aîné de La Harpe de quinze ou seize ans, il mérite autant et plus que lui le titre de premier élève de Voltaire dans tous les genres.

1508. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Tout homme de lettres proprement dit, s’il a été célèbre et s’il a eu de l’action sur son temps, s’il a été centre à quelque degré, excite plus de curiosité et soulève plus de propos et d’intérêt en divers sens que souvent il n’en mérite. […] Pour juger d’un livre, il y a une épreuve sûre : quand vous en avez retranché tous les défauts, s’il y reste de grandes beautés, l’ouvrage mérite de vivre.

1509. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Le côté faux de certaines de ses opinions choquait peu alors ; son mérite réel et positif était dans tout son jour. […] Pour suivre le procédé que j’ai déjà appliqué au premier Voyage de Volney, j’extrairai de son Voyage aux États-Unis une page, la plus marquante à mon gré, et qui rend bien le genre de mérite que j’ai précédemment signalé en lui, la rectitude et la perfection du dessin physique.

1510. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

L’art est un des déploiements les plus remarquables de l’activité humaine, c’est la forme du travail la plus difficile et où l’on met : le plus de soi, c’est donc celle qui mérite le plus d’éveiller l’intérêt et la sympathie. […] Néanmoins l’habileté de main se fait toujours plus ou moins sentir en toute œuvre d’art ; dans les œuvres de décadence, elle devient presque le seul mérite.

1511. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

En effet, le premier mérite de M.  […] Ce qui fait le mérite extraordinaire de l’auteur de ces poésies, c’est la longueur de chacune de celles dans lesquelles l’expression est arrivée à épuiser son dernier effort et à dévoiler son dernier mystère.

1512. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Presque tout le mérite de Pigal se résume donc dans une habitude d’observation sûre, une bonne mémoire et une certitude suffisante d’exécution ; peu ou pas d’imagination, mais du bon sens. […] Evidemment l’artiste avait été très-frappé par les œuvres de Cruikshank ; mais, malgré tout, il garde son originalité ; c’est un humoriste qui mérite une place à part ; il y a là une saveur sui generis, un goût fin qui se distingue de tous autres pour les gens qui ont le palais fin.

1513. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

N’est-ce pas à cette idée qu’obéit le droit lorsqu’il détache, pour le juger, l’individu de son groupe, et déclare que les fautes, comme les mérites, sont personnelles ; — l’administration publique, lorsqu’elle enlève ses fonctions aux familles qui en faisaient des propriétés transmissibles, pour les prêter aux individus qu’elle adjugés capables de les remplir, — la politique, lorsque, dans ses systèmes électoraux elle compte, non par ordres, corporations ou lignages, mais par individus, — l’économie enfin, lorsqu’elle refoule toutes les espèces du communisme pour chercher une organisation qui assure à chaque individu sa part ? […] Pour l’égalité civile et juridique, il est trop clair qu’en la réclamant on ne nie nullement les différences individuelles : on veut au contraire qu’il soit tenu compte, et tenu compte seulement, des mérites ou démérites personnels.

1514. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Il a illustré sa traduction d’une minutieuse et agréable étude où, — comme il est naturel, et même inévitable, et par conséquent légitime, — il nous surfait peut-être par endroits les mérites et l’originalité de son auteur. […] Elle dut lui dire ce qu’on dit : « J’ai pour vous beaucoup de sympathie et d’estime, et je crois que j’en mérite un peu. […] Et quelle joie d’applaudir à ce très grand succès de deux des plus « galants hommes » de la littérature contemporaine (je n’ai pas besoin de rappeler ici leurs autres mérites) ! […] C’est peut-être le principal mérite de M.  […] On a vu des petits-fils portés aux plus grandes charges par leur mérite sans doute (qui oserait le nier ?)

1515. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il traitera les hommes suivant leurs mérites. […] C’est le mérite de Feuillet, ami et avocat du romanesque, de n’en avoir ni ignoré ni dissimulé les redoutables effets. […] C’est pourquoi il mérite d’être plaint. […] Il ne mérite plus de pitié. […] Mais ce dont on est à bon droit surpris, c’est de voir le genre de mérite que Weiss accorde aux mêmes écrivains.

1516. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Leur date de naissance est leur unique mérite et ma seule excuse.

1517. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Que si, rabattant de ces illusions de famille, nous venons à peser à leur juste valeur les œuvres de Victorin Fabre (je ne parle que de celles qui sont publiées), nous trouvons qu’il mérite, en effet, une mention honorable dans la littérature des premières années du siècle.

1518. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Louis XIV entoura donc son petit-fils de conseils ; lui-même il traça de sa main les règles qu’il crut les plus sages ; il composa la cour d’Espagne avec choix ; l’ambassadeur à Madrid, le duc d’Harcourt, fut en réalité le gouverneur du jeune roi, et la jeune reine reçut pour gouvernante, à titre de dame d’honneur, une Française célèbre par sa naissance et son mérite, Anne-Marie de la Trémoïlle, veuve du prince de Chalais, et depuis mariée en Italie à Flavio, prince des Ursins.

1519. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

A propos de l’enlèvement des tableaux et des statues, contre lequel il se déchaîne avec plus d’emportement qu’il ne sied au compatriote et à l’ami de lord Elgin, « Il est certain, dit-il, que les  Français ne ressemblaient nullement à ces peuples dont le génie créa les premiers chefs-d’œuvre de l’art ; au contraire, le prototype classique de Bonaparte dans cette circonstance fut ce Mummius, consul romain qui dépouilla violemment la Grèce de ses trésors, dont lui-même et ses compatriotes étaient incapables d’apprécier le véritable mérite. » Cette mauvaise humeur de l’historien se mêle même aux éloges que lui arrache une admiration involontaire.

1520. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

L’amour seul mérite qu’on l’excepte d’entre toutes les choses humaines et qu’on ne le blasphème pas.

1521. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Le rôle de Marillac surtout est une création heureuse, et qui mérite de vivre après que l’original aura disparu.

1522. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

Mais en avançant dans la littérature, on se blase sur les jouissances de l’imagination, l’esprit devient plus avide d’idées abstraites, la pensée se généralise, les rapports des hommes entre eux se multiplient avec les siècles, la variété des circonstances fait naître et découvrir des combinaisons nouvelles, des aperçus plus profonds ; la réflexion mérite du temps.

1523. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

L’importance des devoirs est bien mieux classée chez les modernes ; les relations avec ses semblables y tiennent le premier rang ; ce qui nous concerne nous-mêmes mérite surtout d’être considéré, relativement à l’influence que nous pouvons avoir sur la destinée des autres.

1524. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Les courtisans venant se mêler aux habitants de la capitale, voulaient y montrer un mérite personnel, un caractère, un esprit à eux ; et les habitants de la capitale conservaient toujours un attrait irrésistible pour les manières brillantes des courtisans.

1525. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Cependant une grande œuvre seule doit nous arrêter, hors de toute proportion avec les autres et par son mérite et par son influence : c’est le Plutarque d’Amyot.

1526. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il publia dans ce but « La Supplica, discours familier de Nicolo Barbieri dit Beltrame, adressée à ceux qui, en écrivant ou en parlant, s’occupent des acteurs pour obscurcir les mérites de leurs actions vertueuses ; lecture destinée à ces galants hommes qui ne sont pas critiqueurs de parti pris ni tout à fait sots (1634)27 ».

1527. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Quelque autre Molière viendra peut-être, qui, dominant de son regard ce vaste travail inégal et confus qui se fait aujourd’hui, en sauvera ce qui mérite d’être sauvé et l’emploiera dans son œuvre.

1528. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

La question, il l’avoue, est pleine de difficultés ; mais on doit reconnaître qu’il a eu le mérite de la bien poser.

1529. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Rousseau conta les amours de Julie, dans le but unique de tromper son cœur et d’utiliser les flammes de sa passion, la plupart des auteurs ne composent des odes et des tragédies que par une sorte de subterfuge à l’aide duquel ils oublient leur fortune, les voluptés que leur refusent d’exquises amantes et les guerrières expéditions à quoi semblaient les destiner leurs mérites et leurs sentiments.

1530. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

 ; ou : Il est maintenant superflu de louer ce livre, puisque la voix universelle déclare toutes les louanges fort au-dessous de son mérite, etc., etc.

1531. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Vogt mérite l’examen, et il serait à désirer, pour l’instruction du public, qu’un naturaliste autorisé voulût bien en faire une appréciation impartiale5.

1532. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Enfin et surtout il a eu le très grand mérite d’appliquer ces idées générales à un ordre particulier de phénomènes, je veux dire aux phénomènes psychologiques.

1533. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Chose curieuse, l’émotion sentimentale fut, ce m’a semblé, tout aussi forte, et de plus je m’aperçus d’un mérite incroyable de composition, d’un art, assurément tout instinctif, des préparations des dispositions prises en vue d’amener un effet final, ou en vue d’éclairer d’avance certaines particularités de caractère par où s’expliquent les incidents et les péripéties ; je m’aperçus, en un mot, que le roman, s’il n’était pas aussi bien écrit que je l’eusse désiré, était aussi bien construit qu’une nouvelle de Maupassant.

1534. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Edmond About n’a donc point le mérite d’avoir dissipé un mirage d’histoire, d’avoir mis le premier la goutte de glace d’un mot vrai sur le front fiévreux des enthousiastes abusés.

1535. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Jules Levallois le sent bien, du reste, et serait effroyablement embarrassé si on lui demandait, à lui, cet observateur, ce solitaire et cet ermite, l’analyse de l’éducation morale donnée à l’homme par la Nature, et les moyens dont elle se sert pour doubler ou tripler cette liberté qui vient en pleine terre, comme une plante, et qui n’a autour de soi que des êtres muets, indifférents à ses efforts, à son développement et à ses mérites.

1536. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

C’est un scythe de Genève, comme il dit quelque part, en poétisant beaucoup Genève, qui ne mérite pas ce grand air barbare qu’il lui donne.

1537. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

D’autres critiques, aussi Allemands du sud que Rapp, ont prétendu que, pour cette raison d’origine et de terroir, Hebel ne pourrait avoir ailleurs que dans son pays le succès et la sympathie qu’il mérite.

1538. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Cela n’est plus de ces espèces de vins joyeux qu’il a si largement versés et sablés toute sa vie, ce sont les gouttes précieuses d’un Lacryma Christi poétique des plus rares, et qui mérite ce nom mélancolique ; car il verse au cœur moins l’ivresse qu’une divine mélancolie.

1539. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Il y rencontre, il y apprécie M. de Mauvillon, l’ami et le collaborateur de Mirabeau, « ou, pour mieux dire, le seul auteur de l’ouvrage sur la Monarchie prussienne » ; Mme de Mauvillon elle-même est une femme de mérite et spirituelle. […] C’est ce que j’ignore ; mais j’ai peur qu’il n’en soit de ce secret comme de celui des francs-maçons, qui n’a de mérite qu’aux yeux des profanes. […] Je crois que son activité est un besoin autant et plus qu’un mérite ; mais elle l’emploie à faire du bien… » Ce qu’il y a d’injuste, de restrictif dans ce premier récit se corrige généreusement, trois semaines après, dans la lettre suivante, qui nous rend son impression tout entière, et qui mérite d’être connue, parce qu’elle a en elle un accent d’élévation et de franchise auquel tout ce qui précède nous a peu accoutumés, parce qu’aussi elle représente avec magnificence et précision, en face d’une personne incrédule, ce que presque tous ceux qui ont approché Mme de Staël ont éprouvé. […] Il disputait avec un constituant sur le mérite de la gironde. […] Benjamin revient à diverses reprises sur ce cheval et sur les mérites qu’il lui trouve : « Mon cheval et mes projets de chevaux m’amusent et me tiennent lieu des ânes.

1540. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Je voudrais que ce fût le simple développement de la passion se peignant par des faits extérieurs. » — Déjà cette sobriété qui déblaie tout accessoire, et subordonne le dehors au dedans, c’est un des premiers mérites de notre génie latin, auquel plus haut nous rendions hommage. […] Dans un temps où la plupart des œuvres d’imagination dénotent la hâte avec laquelle elles furent écrites, où de plus en plus on méconnaît le principe fondamental de toute esthétique : que la Forme seule peut imprimer la durée aux œuvres de l’esprit, c’est déjà un mérite singulier que d’en connaître la vertu. Mais lui rendre témoignage en un livre où précisément l’exécution correspond au double principe de notre génie français, résumé dans ces deux mots : sobriété du détail, pureté de la forme, c’est assez pour qu’à ce premier sous-titre : Roman, nous puissions substituer celui de Poème en Prose, qui plus exactement fait justice à son mérite. […] Ce n’est plus là simple parti pris de faire figure dans le monde littéraire, mais ambition justifiée par des mérites correspondants. […] Magnifique et bienfaisante image, la plus hautement symbolique que je sache de la loi de solidarité, son premier mérite n’est-il pas de substituer sa vertu éducatrice à ce que l’idée toute nue pourrait avoir de trop abstrait ?

1541. (1888) Portraits de maîtres

Et Alfred de Vigny n’offrait que des mérites naissants. […] Cependant ces mérites ne nous dissimulent pas les imperfections qui nous ont constamment choqué dans cette œuvre plus romanesque encore que vraiment poétique. […] Cependant le style de Béranger est le plus souvent sain et clair, il est franc avant tout, mérite rare en 1814 et notable à toute époque. […] Le monde est bien malade aussi… Voilà le mal qui mérite qu’on y songe. […] C’est dire que l’initiative de Quinet mérite d’être glorifiée.

1542. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

La critique effraie la médiocrité et conduit le mérite à sa perfection, en le corrigeant par une sévérité raisonnable. […] L’esprit de société rapetisse le mérite des écrivains ; l’esprit du public l’agrandit. […] Rarement La Harpe, qui mérite des louanges sous d’autres rapports, sut se défendre de de ses prédilections ou de ses haines. […] C’est la seule qui mérite le titre d’école des grands hommes. […] L’orgueil qui s’irrite de ses railleries les mérite d’autant plus qu’il lui prête le flanc par une vanité puérile.

1543. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

II Louis de Vignet était par sa mère neveu des quatre de Maistre, gentilshommes savoyards, d’un vrai mérite, mais de mérite très différent. […] J’avais à la Visitation une petite demoiselle française, dont j’ai oublié le nom, mais qui mérite une place dans la liste de mes préférences.

1544. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Examinons juste ce qu’il mérite ; prenons ses pièces, et voyons qui juge mieux de Hugo ou de Voltaire. […] Tu es le premier des hommes pour couper la gorge ; mais il a son mérite aussi celui qui en a fait autant à Fleance. […] C’était l’homme qu’il fallait pour comprendre et pour analyser cette charmante nature du poëte cultivé sous un grand roi biblique, devant un grand peuple poli comme son époque de génie renaissant et d’imitation classique ; leur mérite est divers, mais leur entreprise est également recommandable.

1545. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Son père, savant de mérite, s’était mêlé personnellement aux discussions de Descartes avec Fermat et Roberval, et Pascal n’en avait pas ignoré l’objet. […] Le premier aura cent amis contre un que se fera le second ; car pour un qui peut s’appliquer ce régime de santé et de longévité, il y en a cent qui ne peuvent qu’offrir à Dieu, en compensation de leurs offenses, le mérite de souffrances irréparables. […] Mais, quel que soit le mérite de composition dans les Provinciales, l’invention m’en paraît la partie la plus admirable.

1546. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Voici seulement ce que j’ai voulu faire entendre, c’est que mon frère et moi, débutant au théâtre, et désireux d’être joués, nous avions essayé de faire une pièce jouable, une pièce cherchée parmi les combinaisons théâtrales ordinaires, trouvant déjà assez brave d’avoir risqué l’acte du bal masqué, un acte qui avait le mérite de la nouveauté, et d’un esprit original, avant que cet esprit fût devenu l’esprit de tout le monde, avant qu’il eût servi, tout un hiver, aux engueulements des bals de l’Opéra de la rue Le Peletier. […] Elle retrace enfin avec des souvenirs bien personnels et vécus — l’expression est acceptée aujourd’hui — des sentiments qui ont le mérite de représenter rigoureusement, à la scène, les sentiments humains et contradictoires de deux hommes d’âge différent, confondus et mêlés dans une même existence. […] Cette pièce avait le mérite d’être la première pièce faite sur le Directoire, bien avant les pièces à succès.

1547. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

quoi, nos grandeurs, nos misères, nos aspirations, nos désastres, nos conquêtes ; quoi, tout cela ne mérite pas qu’on le chante, et il faut mettre ses lunettes et feuilleter les historiettes oubliables pour trouver un motif à dithyrambe ou à bas-reliefs ! […] L’auteur mérite cette double condamnation qui semble se contredire. […] Ô gens de lettres, ne me blâmez pas d’avoir le courage de vous dire ces vérités cruelles dont je mérite ma part, plus que tout autre.

1548. (1895) Hommes et livres

Et puis, qu’importe son mérite ? […] Et ainsi on ne mérite l’amour qu’en ne faisant rien pour lui. […] Un des mérites du livre de M.  […] Marivaux eut le mérite d’y remettre la vérité et la poésie. […] Elle fit son effet par d’autres mérites.

1549. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

On le comprend toutefois, pour atteindre jusqu’ici à toute sa destinée, soit politique, soit littéraire, pour remplir, comme on dit, tout son mérite, qu’a-t-il manqué à une supériorité si constante ? […] La France fut couverte d’ouvrages, dont le plus grand mérite était d’être défendus. […] M. de Rémusat a beaucoup de projets pour l’avenir ; de ce nombre il en est un très-simple, très-facile à réaliser, et qui mérite bien d’occuper sa plume quelque matin : c’est de tracer un portrait de M. de Serre, de cette figure si élevée, si intéressante, de cet orateur à la voix noble et pure , et qui, même lorsqu’il se trompait, ne cédait qu’à des illusions généreuses. […] Le lieu qu’il tient est au premier rang parmi les esprits de cet âge ; il l’étend chaque jour, et, pour l’agrandir encore, il n’a qu’à le faire tout à fait égal à son mérite.

1550. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Il a opéré cette métamorphose en symbolisant ses personnages, qui sont dans son théâtre moins des individus que des types généraux23, en faisant d’eux non de fades portraits sans autre mérite qu’une plate ressemblance, mais des caricatures24 idéales et expressives ; surtout en prodiguant les richesses de la plus inépuisable fantaisie, à proportion que le fond de ses pièces était plus vulgaire et plus près de la prose. […] Si Sophocle, s’adressant à l’assemblée par l’entremise du chœur, eût vanté son propre mérite et dénigré ses compétiteurs, ou si, en vertu de son droit de citoyen d’Athènes, il eût fait des propositions sérieuses pour le bien public, assurément, toute impression tragique aurait été détruite par de semblables infractions aux règles de la scène. […] Et pourtant c’est par là que Molière mérite que je l’aie proclamé maître dans la farce. […] elle captive comme une tragédie, et elle n’a pas même le mérite comique de manquer d’intérêt101.

1551. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Autrement dit, à mérite égal, les hommes mûrs ont plus de sagesse que les jeunes gens. […] Tu ne saurais pas aujourd’hui que les plus belles philosophies n’ont que des jours d’explosion et des années de fumée, fumée à travers laquelle on ne reconnaît plus rien que des décombres ; que les peuples, comme des banqueroutiers de la vérité, ne tiennent jamais ce qu’ils promettent ; que les princes les meilleurs ne recueillent que l’assassinat, comme Henri IV, ou le martyre, comme Louis XVI ; que les réformateurs les plus bienfaisants ont pour ennemis les utopistes les plus absurdes ; que les gouvernements héréditaires subissent les dérisions de la nature, qui ne sanctionne pas toujours l’hérédité du génie ou des vertus ; que les gouvernements parlementaires subissent la domination de l’intrigue, la fascination du talent, l’aristocratie de l’avocat, qui prête sa voix à toutes les causes pourvu que l’on applaudisse, et qui est aux assemblées ce que la caste militaire est aux despotes, pourvu qu’ils les payent en grades et en gloire ; que les gouvernements absolus font porter à tous la responsabilité des fautes d’une seule tête ; que les gouvernements à trois pouvoirs sont souvent la lutte de trois factions organisées qui consument le temps des peuples en vaines querelles, qui n’ont d’autre mérite que d’empêcher les grands maux, mais d’empêcher aussi les grandes améliorations, et qui finissent par des Gracques ou par des Césars, ces héritiers naturels des anarchies ou des servitudes ; que les républiques sont la convocation du peuple entier au jour d’écroulement de toute chose pour tout soutenir, le tocsin du salut commun dans l’incendie des révolutions qui menace de consumer l’édifice social ; mais que si ces républiques sauvent tout, elles ne fondent rien, à moins d’une lumière qui n’éclaire pas souvent le fond des masses, d’une capacité qui manque encore au peuple, et d’une vertu publique qui manque plus encore aux classes gouvernementales. […] Son mérite était précisément d’être fausse. […] Il mérite certainement la statue que les pays justes élèvent à ceux qui les sauvent par un héroïque repentir, après les avoir compromis par de téméraires agitations.

1552. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Le succès de l’Histoire du Consulat et de l’Empire ne saurait être moindre : on peut même dire que ce succès est décidé et comme tout fait à l’avance, quel que soit le mérite de l’ouvrage : on ne jugera qu’après, on dévorera et on admirera d’abord.

1553. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Toutes ces fleurs de la Grèce rassemblées autour du monument d’André Chénier nous avertissent qu’un Recueil considérable, entrepris depuis plusieurs années, et consacré à un choix des poëtes français, vient d’être terminé avec succès et mérite d’être recommandé au public ami des études.

1554. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

De nos jours, trois hommes qui ont écrit dans des genres et avec des mérites divers, mais toujours avec une grande richesse d’imagination, ont dû à de tels voyages la poésie neuve et brillante dont leur prose étincelle.

1555. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

On a été fort sévère autrefois dans cette Revue36 pour son volume de Poésie catholique, et qu’il nous soit permis de dire qu’on a peut-être été injuste : on n’y a pas reconnu ces mérites touchants.

1556. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Quelle que soit l’horreur qu’inspire un scélérat, il surpasse toujours ses ennemis dans l’idée qu’il se fait de la haine qu’il mérite ; par-delà les actions atroces qu’il commet à nos yeux, il sait encore quelque chose de plus que nous qui l’épouvante, il haït dans les autres l’opinion que, sans se l’avouer, il a de son propre caractère ; et le dernier terme de sa fureur serait de détester en lui-même ce qu’il lui reste de conscience, et de se déchirer s’il vivait seul.

1557. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Qu’on exclut du tête-à-tête tout jugement comparatif sur le mérite de son ami et sur le sien, et qu’on s’est connu sans se classer : je ne parle pas des rivalités perfides, qui pourraient naître d’une concurrence quelconque, je me suis attachée dans cet ouvrage à considérer les hommes selon leur caractère sous le point de vue le plus favorable.

1558. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Et ils ont encore ce mérite d’être écrits, sinon en dehors de toute réminiscence, du moins en dehors de tout préjugé d’école, et avec une loyauté parfaite.

1559. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Calendau est une légende sur l’histoire de Provence, qui, pour la conduite du récit, l’intérêt des épisodes, l’éclat des peintures, le relief et la grandeur des personnages mis en action, l’allure héroïque du style, mérite à juste titre le nom d’épopée.

1560. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Faire largesse à qui le mérite profite à soi-même.

1561. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Il trouvait un double avantage à la fréquentation de cette société, celui de satisfaire le goût très vif qu’il avait pour les jouissances de l’esprit, et de se dérober aux inquiétudes jalouses de Luynes, favori de Louis XIII, et défiant à l’égard de toute espèce de mérite, comme le sont d’ordinaire les favoris.

1562. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Faites donc de votre mieux pour le service d’un roi qui, comme homme, le mérite.

1563. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Ce qui mérite ici d’être observé, c’est l’effet que produisait le spectacle des mœurs de la cour sur la société d’élite dont madame de Maintenon avait fait partie.

1564. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Mais elles furent bien prises de tout le monde, graces à la haine qu’on portoit à Balzac, à l’ombrage que faisoit son mérite, à quelques distinctions qu’il s’attira de la part de la cour.

1565. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Celle que mérite un Athlête, blanchi dans la carrière de Sophocle & d’Euripide, est prodiguée à quiconque y fait le premier pas.

1566. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

J’ai déjà observé que ces formules, prises dans la société des hommes et transportées dans celle des bêtes, ont le double mérite d’être plaisantes et de nous rappeler sans cesse que c’est de nous qu’il s’agit dans les fables.

1567. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Un homme de lettres qui n’est pas sans mérite prétendait que les épithètes générales et communes, telles que grand, magnifique, beau, terrible, intéressant, hideux, captivant moins la pensée de chaque lecteur, à qui cela laisse, pour ainsi dire, carte blanche, étaient celles qu’il fallait toujours préférer.

1568. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Le faire planter à grands frais, c’est, si l’on veut, le mérite du prince.

1569. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Ne pouvons-nous pas même tirer de l’excellence des poëmes des anciens un préjugé sur le mérite de leurs acteurs ?

1570. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Enfin une tragedie dont la declamation seroit écrite en notes auroit le même mérite qu’un opera.

1571. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

… Et s’il n’y avait que les enfants, ivres du mérite de leur père, qui crussent le continuer, on pardonnerait cette illusion à la jeunesse et à l’admiration filiale ; mais la société tout entière daube là-dedans, avec une incomparable naïveté !!

1572. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

La Critique pourrait donc admettre, même en l’admirant, l’idée commune, comme dans César Birotteau, par exemple, où elle est relevée par des détails tels qu’au lieu d’être une infériorité, elle devient un mérite de plus.

1573. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

… Et cela ne mérite-t-il pas un éclat de rire, à défaut de coup de chapeau ?

1574. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

La traduction est trop réussie pour que, malgré ses qualités de critique pénétrantes et raffinées, il ne nous ait pas surfait de beaucoup les mérites d’Avellaneda.

1575. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Mais quand cette tète est l’expression de toute une société et fait équation avec elle, alors elle vaut et mérite le cri du moraliste et de l’historien, et nous le poussons !

1576. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Son seul mérite était d’aimer la guerre, et d’y réussir.

1577. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Je n’attaque en rien le mérite de Madame de Staël, je rends hommage à son génie ; j’honore sa mémoire, et ne la considère ici que comme une des plus ardentes instigatrices d’un genre de littérature que repousse la sévérité du goût français.

1578. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il pourra être balourd comme le capitaine Booth, joueur même, dépensier, incapable de conduire ses affaires, capable par tentation d’être un jour infidèle à sa femme ; mais il sera si sincère dans son repentir, son erreur sera si involontaire, il sera si soigneusement, si véritablement tendre, qu’elle l’aimera avec excès1084, et qu’en bonne foi il le mérite. […] Regardez chez lui les mœurs face à face ; écoutez les aveux de cet imitateur de Lesage, qui reproche à Lesage d’être gai et de badiner avec les mésaventures de son héros ; voyez l’âpreté de cette rancune, qui veut « soulever l’indignation du lecteur contre le caractère sordide et vicieux du monde et montrer le mérite modeste aux prises avec l’égoïsme, l’envie, la malice et la lâche indifférence de l’humanité1086. » Ce ne sont plus seulement les coups de poing qui pleuvent, mais aussi les coups de couteau, d’épée, de pistolet. […] Sa femme, qui a toute l’éducation du temps, est parfaite cuisinière, sait presque lire, excelle dans les conserves, et conte à table l’histoire et les mérites de chaque plat. […] quand, un instant après, nous entendrons le docteur continuer ainsi : « Rousseau est un des pires hommes qu’il y ait, un coquin qui mérite d’être chassé de toute société, comme il l’a été. […] Elle se fait pour elle-même la statistique et la classification des mérites et des défauts de Lovelace, avec divisions et numéros.

1579. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Qu’elle se renferme dans ses fonctions nouvelles ; qu’elle n’essaye pas de pénétrer dans le domaine de l’invisible ; qu’elle renonce à ce qu’il faut ignorer ; elle n’a point son but en elle-même, elle n’est qu’un moyen ; l’homme n’est point fait pour elle, elle est faite pour l’homme ; elle ressemble à ces thermomètres et à ces piles qu’elle construit pour ses expériences ; toute sa gloire, tout son mérite, tout son office est d’être un instrument. […] Macaulay porte dans les sciences morales cet esprit de circonspection, ce besoin de certitude et cet instinct du vrai qui composent l’esprit pratique, et qui, depuis Bacon, font dans les sciences le mérite et la puissance de sa nation. […] Nous ne pouvons mieux résumer les mérites de cette prodigieuse masse de papier qu’en disant qu’elle consiste en deux mille pages in-4º environ d’impression serrée, qu’elle occupe en volume quinze cents pouces cubes, et qu’elle pèse soixante livres bien comptées. […] Mais ces défauts paraîtront peut-être des mérites, si nous prenons garde aux passions et aux préjugés de ceux pour qui l’Acte de Tolérance fut composé. […] Macaulay a écrit, dans la Revue d’Édimbourg, cinq volumes d’Essais ; et chacun sait que le premier mérite d’un reviewer, ou d’un journaliste, est de se faire lire.

1580. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

son expression mérite qu’on la retienne : ce sont bien là des cas humains représentés au vif dont la description a enrichi notre connaissance de l’humanité. […] Les Amours. — De la sincérité des Amours de Ronsard ; — Et à ce propos, de la poésie amoureuse au xvie  siècle. — Elle tient plutôt du caractère artificiel de la « poésie courtoise », dans notre ancienne littérature, que du caractère passionné de la poésie lyrique moderne. — Toutefois, si cette observation est vraie du recueil des Sonnets à Cassandre, elle l’est déjà moins du recueil des Sonnets à Marie ; — et Marie semble avoir réellement existé. — La langue des sonnets de Ronsard ; et qu’elle en fait peut-être le principal mérite. — Ce mérite est d’autant plus grand que Ronsard y exprime souvent des sentiments très subtils. — Une autre qualité des Sonnets est de paraître fondus d’un seul jet. — Nous savons cependant que Ronsard les a prodigieusement corrigés et refaits. — Les corrections ont-elles été toujours heureuses ? […] — Pour quelles raisons il ne peut avoir eu que des pressentiments. — Témoignages de Cuvier [Histoire des sciences naturelles] et d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire [Histoire des règnes organiques]. — Ses attaques contre les alchimistes. — Importance de la forme qu’il a donnée à son œuvre [Dialogues entre Théorique, ou l’idée a priori, et Pratique, c’est-à-dire l’expérience]. — Il ne semble pas cependant qu’il ait fait aucune découverte importante ; — ni posé aucun principe de méthode ; — ni formé d’ailleurs aucun disciple. — Que son grand mérite est d’être émancipé de la servitude de son temps à l’égard des anciens. […] 2º Le Pamphlet ; — et qu’il n’en faut exagérer ni le mérite, qui est tout à fait secondaire, ni la hardiesse, ni les conséquences. — La Satire n’a point « donné la France à Henri IV », puisqu’elle a paru en 1594, et que la guerre civile n’a été pacifiée qu’en 1598 ; — il n’y a point de hardiesse : 1º à se mettre cinq pour écrire un livre, et nous savons assez que la division des risques est le principe même de l’assurance ; — il n’y en a pas non plus : 2º à garder l’anonyme ; — et 3º à avoir publié un pamphlet de cette nature neuf mois après la conversion, et trois mois après la rentrée d’Henri IV à Paris. — Toute la bravoure des auteurs ne consiste donc qu’à avoir royalement injurié des gens à terre et que d’ailleurs ils n’avaient pas eux-mêmes renversés. — Les auteurs de la Ménippée : Pierre le Roy, Gillot, Nicolas Rapin, Jean Passerat, Florent Crestien et Pierre Pithou : — et qu’ils n’ont pas fait preuve en se coalisant d’un talent qu’aucun d’eux ne possédait personnellement. — Il y a d’ailleurs dans quelques passages de la Satire une certaine verve de caricature ; — de satire même ; — et presque d’éloquence [Cf. la Harangue, souvent citée, du lieutenant civil Dreux d’Aubray]. — Mais on n’y trouve pas ombre d’élévation ni de noblesse ; — ce sont des bourgeois furieux d’être gênés dans leurs plaisirs ; — ce sont aussi de grands ennemis des Jésuites ; — et ils ont sans doute aimé leur patrie ; — mais la Satire Ménippée n’en est pas moins à rayer du nombre des « grands monuments de l’esprit français ».

1581. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

A cet égard, les deux chapitres qui traitent des sens et de l’intelligence chez l’Athénien sont des morceaux du premier mérite. […] C’est par cette différence de leurs sources qu’il explique l’inégalité de leurs mérites. […] Bain au rang qu’il mérite. […] Tel est aussi le mérite de ses descriptions et de ses récits. […] « Je ne vois rien au monde, écrivait-il, qui mérite un souhait ou un regret.

1582. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

» De même — voici un mot peu connu qui mérite de rester — ce propos de président, expéditif et impatient, interrompant un avocat qu’il trouve trop long, et lui disant : « Ah ! […] Elle se pose naïvement comme une comédie de Molière et se comprend tout d’abord, autre mérite bien vieux et redevenu bien nouveau. […] Un temps vint où les hommes qui circulaient dans la vie autour de Sainte-Beuve s’aperçurent que le principal mérite de Racine était d’être vrai. […] Le principal mérite de Racine est d’être beau. Le principal mérite de Racine est d’être un poète et d’avoir tous les dons, je dis tous, d’un grand poète ; et c’est ce que je n’ai pas à développer pour aujourd’hui.

1583. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Ce leur est déjà un mérite que les imprécations de M.  […] J’avoue, en dehors du très réel et très grand mérite de ces œuvres, y préférer les passages que j’appellerai réguliers aux autres. […] ont du moins ce mérite d’être courtes et peu nombreuses. […] On m’a, moi qu’en vérité l’on doit, à défaut d’autres mérites, respecter ou plutôt laisser tranquille en raison de ma complète abstention dans le conflit, d’ailleurs honorable, bien qu’un peu emphatique, de ces années dernières à propos de telles ou telles qualifications littéraires entre, paraît-il, écoles nouvelles, on m’a donc gratifié, à mon insu, je le jure, du titre de chef des Décadents. […] Mais que de mérite, à bon droit déjà retentissant, chez — notamment — Moréas, le courageux et l’infatigable critique en même temps que protagoniste de son œuvre sans cesse en discussion, pour ainsi dire.

1584. (1883) Le roman naturaliste

Elle mérite bien, elle aussi, d’être analysée tout au long. […] Oserai-je dire qu’il n’est pas jusqu’à Madame Bovary dont le mérite réel ne consiste bien moins dans l’intérêt de curiosité que le roman soulève que dans l’abondance et la profusion de renseignements de toute sorte qu’il contient ? […] Reprenons l’idée, selon nos forces et à notre manière, en disant que le roman de Flaubert, avant tous ses autres mérites, eut celui de paraître en son temps. […] C’est ici l’un des mérites originaux de Madame Bovary, — je ne dis pas, je ne puis pas dire de Flaubert. […] Ces deux mérites qui semblent s’exclure, quelqu’un parviendra-t-il à les fondre et les nuir ?

1585. (1886) Le roman russe pp. -351

Mais cette histoire a le plus incontestable des mérites, celui d’être la première, la seule où l’on ait pu s’instruire jusqu’à ces derniers vingt ans, jusqu’à ce que M.  […] Et Pouchkine mérite d’être aimé. […] L’effet du livre fut considérable ; il avait par surcroît le mérite de révéler un coin de Russie inconnu. […] Viardot une honnête version de Tarass Boulba ; elle révèle du moins à l’étranger un des mérites de l’œuvre, la vivacité du sens historique. […] Parmi ces compositions inégales, le Manteau mérite une place à part.

1586. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Ce poète, mort à la fleur de l’âge, était plein de mérite. […] Ceux qu’elles regardent ont été, certes, hommes de mérite, et de leur temps. […] Il souleva en son temps un grand enthousiasme, par sa nouveauté, qui ne fait pas constamment oublier son mérite. […] Son Art poétique mérite encore d’être consulté. […] Leur sort fut bizarre et risible, car ils ne manquaient pas de mérite.

1587. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Cela dépasse tous les mérites de votre froid bon sens. […] Je n’ai jamais lu Aristote, et ne sais point les règles du théâtre ; mais je règle le mérite des pièces selon le plaisir que j’y reçois. […] Mon mérite est inconnu, et on ne perd rien en moi. […] s’écria-t-il, ce rôle est fort bien imaginé : Corneille a voulu nous donner la plus haute idée du mérite de son héros, et il est glorieux pour Rodrigue d’être aimé par la fille de son Roi en même temps que par Chimène. […] Pour paraître à mes yeux son mérite est trop grand : On n’aime point à voir ceux à qui on doit tant.

1588. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

163 IV Puisque le premier mérite du poëte est l’exactitude minutieuse, le premier mérite des discours sera d’être directs, car les personnages effectifs parlent eux-mêmes ; si l’écrivain se fait leur interprète, il ôte à leur langage une partie de son mouvement et de sa vérité. […] « Car j’ai à parler de choses qui font dresser les cheveux » (il n’y a pas de danger, vous êtes trop calme), « et que je ne crains point de dire en votre présence, puisque vous n’êtes pas honteux de les faire, joint que toute faute qui est publique mérite d’être reprochée publiquement. » (Pédant.) « Sachez donc que vos juges prennent publiquement tout ce qu’on leur donne et sous main le plus qu’ils peuvent, châtient le pauvre sévèrement et dissimulent les fautes du riche, souffrent quantité de désordres, afin d’avoir occasion de faire de gros larcins », etc., etc.

1589. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

… Il s’agit maintenant de déterminer quel genre de supplice mérite un homme qui a voulu que la république fût libre ! […] Voilà le fondement de l’accusation contre lui ; il s’agit de savoir quel supplice mérite un tel crime. » Cette lettre, récemment découverte, était adressée au prieur des Saints-Apôtres de Padoue ; elle atteste avec quelle aspiration puissante l’imagination italienne du moyen âge, même dans le clergé papal, remontait à l’antique liberté, bien que cette liberté ne fût plus que le rêve de ses poètes. […] J’ai plus de gloire que je n’en voudrais pour mon repos : le plus grand prince d’Italie avec toute sa cour me chérit et m’honore ; le peuple même me fait plus de caresses que je ne mérite ; il m’aime sans me connaître, car je me montre peu, et c’est peut-être à cause de cela même que je suis aimé et considéré.

1590. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« Que mérite un tel homme, si ce n’est d’être nourri, aux frais du public, dans le Prytanée ?… « Ayant donc la conscience de n’avoir jamais été injuste envers personne, je ne dois pas l’être envers moi-même en avouant que je mérite un châtiment ! […] « Ceux qui sont reconnus avoir vécu de manière qu’ils ne sont ni entièrement criminels, ni entièrement innocents, après avoir subi la peine des fautes qu’ils ont pu commettre, sont délivrés, et reçoivent la récompense de leurs bonnes actions, chacun selon ses mérites.

1591. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Il fut l’élève du savant docteur Pierre d’Ailly ; son mérite transcendant le fit élire à sa place chancelier de l’Université, chanoine de Notre-Dame, comme Abeilard, puis doyen de l’église de Bruges par la faveur du duc de Bourgogne. […] Écrivez, lisez, chantez, gémissez, gardez le silence, priez, souffrez courageusement les adversités ; la vie éternelle mérite bien tout cela et des combats encore plus grands. […] Mais combattre les mouvements déréglés de l’âme, et mépriser les sollicitations du démon, c’est un grand sujet de mérite, et la marque d’une solide vertu.

1592. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Mais il a bien aussi son mérite ! […] Succès prodigieux du Roman de la Rose ; — et que Jean de Meung, après Crestien de Troyes, est un des rares écrivains du Moyen Âge dont on puisse dire que l’œuvre ait fait époque. — Attaques de Gerson ; — et de Christine de Pisan ; — témoignage de Pétrarque ; — « Puisque vous désirez un ouvrage étranger en langue vulgaire, écrit-il à Guy de Gonzague de Mantoue, je ne puis rien vous offrir de mieux que celui-ci [le Roman de la Rose], à moins que toute la France et Paris en tête ne se trompent sur son mérite. » — Nombreuses copies du poème ; — et, dès la première invention de l’imprimerie, nombreuses éditions du livre. […] Ajoutez que ce que Boileau croyait qu’il eût « débrouillé » le mérite appartient au moins à Villon de l’avoir « résumé ». — L’idéal de Villon est assurément très éloigné de celui de la « poésie courtoise — mais, s’il existe une poésie de l’aventure et de la vie de bohème, c’est la sienne ; — et il ne l’a pas inventée. — La forme sous laquelle l’idée de la mort a hanté les imaginations du Moyen Âge n’a pas eu non plus de plus éloquent interprète [Cf. les Vers de la Mort du moine Hélinand, dans l’Histoire littéraire de la France, t. 

1593. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Il venait après les déchirements d’une guerre religieuse et civile, et enfin il arrivait après Henri IV, dont le mérite, pour ceux qui l’admirent, est de s’être retourné après son abdication et son sacre. […] Michelet, — avait la mélancolie d’un jeune cœur auquel quelque chose a manqué. — L’enfant, le seul enfant qu’elle eut, naquit neuf mois après la prise de la Bastille, — ce fut elle qui donna à Condorcet le sublime conseil de… terminer l’Esquisse des progrès de l’esprit humain. » Tels sont les seuls et singuliers mérites de Sophie Condorcet que M. Michelet a pu trier dans toute sa vie, et c’est sur ce triple mérite que l’hagiographe exécute l’assomption de cette glorieuse sainte.

1594. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Tout en convenant avec lui que les qualités qu’on possède sont loin de se produire toujours ; que c’est l’occasion qui nous révèle aux autres et souvent à nous-même, et que la seule pierre de touche pour bien juger du mérite est qu’il soit mis à sa place, je remarquerai que, dans l’analyse très détaillée et assez naïve qu’il nous donne de son esprit et de son caractère, il nous dit : J’ai un défaut effroyable pour les affaires, qui gâte et qui détruit tout ce que je pourrais avoir de bon : c’est une grande paresse dans l’esprit ; en de certaines occasions, je la peux surmonter par élans ; mais à la longue je prends trop sur moi et j’y retombe toujours ; si bien que je ne serais propre qu’à penser, et encore plus à choisir et à rectifier ; car ce qu’il y a de meilleur en moi, c’est le discernement : mais il faudrait qu’un autre agît. […] Il semble y rêver pour la France dans un avenir idéal le gouvernement et le régime anglais, moins les passions et la corruption ; il se prononce contre les conquêtes et n’admet la guerre que dans les cas de nécessité ; il a, sur la milice provinciale, sur la liberté individuelle, sur le droit de paix et de guerre déféré aux assemblées, sur un ordre de chevalerie accordé au mérite seulement, et à la fois militaire et civil, sur l’unité du Code et celle des poids et mesures, sur le divorce, enfin sur toutes les branches de législation ou de police, toutes sortes de vues et d’aperçus qui, venus plus tard, seraient des hardiesses, et qui n’étaient encore alors que ce qu’on appelait les rêves d’un citoyen éclairé ; il est évident que M. de Lassay, s’il avait pu assister soixante ans plus tard à l’ouverture de l’Assemblée constituante, aurait été, au moins dans les premiers jours, de la minorité de la noblesse.

1595. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Parmi les dames russes qui, chaque été, passent à Genève allant en Italie, il avait beaucoup rencontré dans le monde et vu dans l’intimité une jeune personne d’un mérite solide sous le brillant de la jeunesse, d’une intelligence généreuse, sympathique, ouverte à tout ce qui est noble et beau ; il s’était lié avec elle, avec Mlle de Klustine. […] L’un d’eux m’écrivait à son sujet avec cette aigreur doucereuse qu’ont aisément les dévots de toutes les sectes : « Son souvenir est resté cher et doux, mais peu vénérable à Genève où les mérites solides sont seuls en honneur. » 96.

1596. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Les littératures romantiques, qui sont surtout de coup de main et d’aventure, ont leurs mérites, leurs exploits, leur rôle brillant, mais en dehors des cadres ; elles sont à cheval sur deux ou trois époques, jamais établies en plein dans une seule, inquiètes, chercheuses, excentriques de leur nature, ou très en avant ou très en arrière, volontiers ailleurs, — errantes. […] Et, en cela, je suis averti d’être circonspect, quand je me rappelle combien les plus grands des esprits, les plus fermes et les plus hautes intelligences dans les différents ordres (Laplace, Lagrange, Napoléon), sont sobres d’éloges, mais aussi comme ils les font tomber juste sur la partie principale d’un mérite ou d’un talent ; et alors, il suffit d’un mot pour le marquer à jamais.

1597. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Mais aucun, peut-être, ne marque davantage en lui cette qualité, qui met le cachet à toutes les autres, que l’homme de mérite et de haut talent duquel notre série73 ne saurait plus longtemps se passer. […] Il est surtout une époque bien mémorable de son règne, celle qui précède la paix de Nimègue (1672-1678), dans laquelle Louis XIV ne partage avec personne le mérite d’avoir conduit sa politique extérieure : il avait perdu son habile conseiller M.de Lionne, en 1671 ; M.de Pomponne, qui lui succédait, homme aimable, plume excellente, le charme des sociétés de mesdames de Sévigné et de Coulanges, n’était pas en tout, à beaucoup près, un remplaçant de M.de Lionne, ni du même ordre politique ; il manquait de fertilité et d’invention.

1598. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

C’est le propre des écrivains de cet ordre d’avoir pour eux la presque unanimité des suffrages, tandis que leurs illustres adversaires qui, plus hauts qu’eux en mérite, les dominent même en gloire, sont à chaque siècle remis en question par une certaine classe de critiques. […] Au reste, comme nul sentiment profond n’est stérile en nous, il arrivait que cette poésie rentrée et sans issue était dans la vie comme un parfum secret qui se mêlait aux moindres actions, aux moindres paroles, y transpirait par une voie insensible, et leur communiquait une bonne odeur de mérite et de vertu : c’est le cas de Racine, c’est l’effet que nous cause aujourd’hui la lecture de ses lettres à son fils, déjà homme et lancé dans le monde, lettres simples et paternelles, écrites au coin du feu, à côté de la mère, au milieu des six autres enfants, empreintes à chaque ligne d’une tendresse grave et d’une douceur austère, et où les réprimandes sur le style, les conseils d’éviter les répétitions de mots et les locutions de la Gazette de Hollande, se mêlent naïvement aux préceptes de conduite et aux avertissements chrétiens : « Vous avez eu quelque raison d’attribuer l’heureux succès de votre voyage, par un si mauvais temps, aux prières qu’on a faites pour vous.

1599. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Bernardin de Saint-Pierre dans Paul et Virginie, Benjamin Constant par son Adolphe, ont eu cette bonne fortune, qu’on mérite toujours si on l’obtient, de s’offrir, sous une enveloppe de résumé admirable, au regard sommaire de l’avenir. […] Mais si la postérité s’en tient, dans l’essor de son coup d’œil, à cette brève compréhension d’un homme, à ce relevé rapide d’une œuvre, il y a, jusque dans son sein, des curiosités plus scrupuleuses et plus patientes qui éprouvent le besoin d’insister davantage, de revenir à la connaissance des portions disparues, et de retrouver épars dans l’ensemble, plus mélangés sans doute mais aussi plus étalés, la plupart des mérites dont la pièce principale se compose.

1600. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Boileau est d’un mérite si distingué qu’il eût été difficile à messieurs de l’Académie de remplir aussi avantageusement qu’ils ont fait la place de M. de Bezons. » On le voit, Bayle est un véritable républicain en littérature. […] En supposant (ce qui me paraît fort possible) que l’abbé d’Olivet ait été bien informé, et que son récit, consigné dans les Mémoires de D’Artigny, mérite quelque attention, il en résulterait que Bayle, âgé de vingt-huit ans alors, dérogea un moment, auprès de la femme avenante du ministre, aux habitudes de son humeur et au régime de toute sa vie.

1601. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

En effet, mon cher Laurent, quoique vous ayez donné des preuves d’un mérite et d’une vertu qui semblent à peine appartenir à la nature humaine ; quoiqu’il n’y ait point d’entreprise, si importante qu’elle soit, dont on ne puisse espérer de voir triompher cette prudence et ce courage que vous avez développés dès vos plus jeunes années ; et quoique les mouvements de l’ambition, et l’abondance de ces dons de la fortune qui ont si souvent corrompu des hommes dont les talents, l’expérience et les vertus donnaient les plus hautes espérances, n’aient jamais pu vous faire sortir des bornes de la justice et de la modération, vous pouvez néanmoins, pour vous-même et pour cet État dont les rênes vont bientôt vous être confiées, ou plutôt dont la prospérité repose déjà en grande partie sur vos soins, tirer de grands avantages de vos méditations solitaires ou des entretiens de vos amis sur l’origine et la nature de l’esprit humain : car il n’y a point d’homme qui soit en état de conduire avec succès les affaires publiques, s’il n’a commencé par se faire des habitudes vertueuses, et par enrichir son esprit des connaissances propres à lui faire distinguer avec certitude pour quel but il a été appelé à la vie, ce qu’il doit aux autres et ce qu’il se doit à lui-même. » Alors commença entre Laurent et Alberti une conversation dans laquelle ce dernier s’attache à montrer que, comme la raison est le caractère distinctif de l’homme, l’unique moyen pour lui d’atteindre à la perfection de sa nature, c’est de cultiver son esprit, en faisant entièrement abstraction des intérêts et des affaires purement mondaines. […] Je finirai donc en affirmant qu’il n’y a rien de ce qu’on peut désirer dans une femme d’une beauté et d’un mérite accomplis qui ne se trouvât en elle au plus haut degré.

1602. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Le mérite essentiel enfin de tous ces romans, c’est de conserver une riche matière à la disposition de l’avenir. […] S’il a hésité une fois, c’est un crime, qui mérite la rigueur de la dame.

1603. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

La noblesse, dit Jean de Meung après Juvénal, la seule noblesse, c’est la vertu, c’est le mérite. […] Mais l’usage de l’instinct crée le mérite et le démérite : l’homme est libre, et, selon sa science, choisit entre les actes que son instinct lui suggère ; s’il suit la nature et l’Évangile, qui en termes différents lui font le même commandement, la nature l’avertissant de travailler pour l’espèce, l’Évangile lui enjoignant de se dévouer au prochain, il se désintéressera ; il éloignera l’ambition, l’avarice, la volupté, l’égoïsme : il sera doux, humble, charitable, et s’efforcera de vaincre par l’amour les misères sociales.

1604. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Il a besoin des souffrances de ses martyrs : plus il les aime, plus il faut croître leurs mérites. […] C’est un mérite : et de là vient que leur Christ si pâle, si froid, si peu vivant, n’a pas de caractère, tandis que Notre-Dame les inspire mieux.

1605. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

De là ce je ne sais quoi de trouble, de là cette impuissance à remplir son mérite, que signale un ennemi pénétrant, le cardinal de Retz. […] La nécessité de notre nature nous fait vicieux ; la nécessité de la fortune nous fait heureux ou malheureux ; ni notre volonté n’élude la nature, ni notre mérite ne gouverne la fortune.

1606. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Mais le public a la critique qu’il demande et qu’il mérite, et s’il n’y a dans les Revues et les journaux que « de la poussière de critique » comme vous dites, c’est que le public n’aime que la poussière. […] Montfort ajoute : « Du caractère. » De toutes les réponses qui nous ont été faites sur cette question, l’une des plus curieuses, et qui mérite le mieux d’être soulignée, est celle de M. 

1607. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Le vocabulaire se montre relativement restreint ce qui n’est pas toujours, en soi, un défaut à mes yeux ; n’y a-t-il même pas pour un poète un mérite nouveau à exprimer avec un petit nombre de moyens autant et plus que d’autres, qui remuèrent toute la langue française ? […] M. de Régnier a peut-être plus de mérite à garder tels ses songes mélancoliques, car par certaines prédilections il se rapproche parfois d’une école issue de Baudelaire, et dont l’idéal fut étrangement factice.

1608. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

C’est par ce cri que Luther répondit au scandale des indulgences, qui n’étaient que l’extrême abus de la doctrine catholique sur le mérite des œuvres66. […] Selon lui, si le chrétien était immédiatement justifié par la foi, il ne l’était pas irrévocablement, et il pouvait perdre par sa faute son salut, quoiqu’il ne pût l’acquérir par ses seuls mérites.

1609. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Non, c’est un brave homme qui veut se faire aimer plus que se faire craindre et qui mérite l’affection de ses enfants par celle qu’il leur témoigne. […] Il pourrait avoir entendu dire que le corps des laquais est « le séminaire de la noblesse98 » ; et, en attendant que la fortune le traite selon son mérite, il est plein d’égards pour sa grandeur future ; il ôterait volontiers son chapeau pour se parler.

1610. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Arrivée à ce poste éminent et peu honorable, — beaucoup moins honorable qu’elle ne le croyait, — elle ne s’y considéra d’abord que comme destinée à aider, à appeler à elle et à encourager le mérite en souffrance et les gens de talent en tout genre. […] M. de Marigny, frère de Mme de Pompadour, homme de mérite et digne de sa sœur par plus d’un bon côté, se contentait de dire : « C’est la probité qui s’exhale, et non la malveillance. » Un jour, ce même M. de Marigny se trouvait dans l’appartement de Quesnay ; on parlait de M. de Choiseul : « Ce n’est qu’un petit-maître, dit le docteur, et, s’il était plus joli, fait pour être un favori d’Henri III. » — Le marquis de Mirabeau entra (le père du grand tribun) et M. de La Rivière. — « Ce royaume, dit Mirabeau, est bien mal ; il n’y a ni sentiments énergiques, ni argent pour les suppléer. » — « Il ne peut être régénéré dit La Rivière, que par une conquête comme à la Chine, ou par quelque grand bouleversement intérieur ; mais malheur à ceux qui s’y trouveront !

1611. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Son oraison funèbre eût été belle encore ; elle eût été tout entière dans ces paroles qu’un étranger de grand mérite (lord Shelburne, depuis marquis de Lansdowne) avait pu dire, en revenant de le visiter quelques années auparavant : J’ai vu pour la première fois de ma vie ce que je ne croyais pas qui puisse exister : c’est un homme dont l’âme est absolument exempte de crainte et d’espérance, et cependant est pleine de vie et de chaleur. […] Les éloges que vous me proposez de donner des gens de mérite et que le public regrette, seront pour leur mémoire et pour leur famille l’hommage du monde le plus flatteur, et il sera très agréable pour vous d’en être le dispensateur ; mais ce ne sera qu’autant que vous ne les laisserez pas avilir en les prodiguant avec trop de facilité.

1612. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Si elle est au contraire une cause solide et juste, elle a du temps devant elle, elle peut se donner le mérite de la réflexion et du choix ; elle est tenue de se gouverner avec sagesse, et elle doit peser avec équité et discernement les biens et les maux qu’elle porte en elle. […] On aurait aimé qu’il s’expliquât sur les plaintes des réformateurs, qu’il appréciât le mérite de leurs plans, qu’il expliquât enfin comment, dans sa pensée, ce débat pouvait se résoudre.

1613. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

« Le public restera le juge. » » S’il ne s’agit que d’obtenir son estime, nous l’avons dit, elle est assurée à toute œuvre excellente ; mais si on lui demande avant tout son argent, il s’en faut bien que la récompense soit la mesure exacte du mérite. […] Ne les entraînez pas dans le tourbillon des affaires : laissez-les flotter tranquillement au bord ; mais surtout distinguez avec soin le mérite d’avec l’intrigue.

1614. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

La question serait résolue, si nous ne rencontrions ici en faveur de la thèse de Bonald une opinion assez répandue chez les théoriciens de l’art littéraire ; elle mérite de nous arrêter, car elle constitue une objection sérieuse à la théorie que nous venons d’exposer. A en croire les doctrinaires du bien dire, une pensée aurait toujours immédiatement l’expression qu’elle mérite, et l’homme qui cherche ses mots chercherait encore sa pensée ; en effet : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément246 ; aphorisme célèbre dont il faut rapprocher une maxime de Joubert : « On ne sait justement ce qu’on voulait dire que quand on l’a dit.

1615. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Ponsard, a fixé au plus haut degré l’attention et l’intérêt de la Commission, et le seul à ses yeux qui ait le mérite voulu, est un drame en cinq actes, L’Honneur de la maison, représenté à la Porte-Saint-Martin, et dont les auteurs sont MM. 

1616. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Bien que Villars semblât suffisamment connu, j’ai pensé qu’il y avait lieu de se servir, en sa faveur, des pièces positives et authentiques imprimées depuis quelques années, pour rétablir et maintenir les grandes lignes de son mérite réel, dans lequel laissaient comme une brèche ouverte les jugements de Saint-Simon et de Fénelon20.

1617. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Piccolos, Grec de mérite, avec qui j’ai été vous visiter à la Force en 1829, a traduit grand nombre de vos chansons en grec moderne (il est à Bucharest actuellement, où il a rendu de grands services comme médecin et dans l’instruction publique) ; il voudrait publier son recueil de traductions avec toutes les notes d’un érudit minutieux.

1618. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Un grand bon sens, joint à des convictions religieuses très-sincères et à des affections monarchiques très-profondes ; beaucoup d’études, beaucoup de modération, quoique dans la première et fervente jeunesse, une probité pleine de désintéressement et même d’esprit de sacrifice, à un âge et dans des situations facilement accessibles aux vues ambitieuses : tels étaient les mérites et la physionomie bien rare de cette école du Correspondant, qui poursuit encore aujourd’hui ses honorables travaux dans la Revue européenne.

1619. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Loève-Veimars, dans son Népenthès, s’offre aussi à nous avec des qualités et des mérites variés qui conviennent surtout à cette classe d’esprits.

1620. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Il enveloppa dans un mépris mêlé de jalousie tous les favoris, ministres, généraux, que leur naissance n’égalait pas à leur emploi, sans distinction de mérite, sans compensation de services.

1621. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

L’imitation classique des œuvres grecques ou latines n’a plus de raison d’être : un écrivain perdrait son temps à se donner des mérites que presque personne ne sentirait.

1622. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Il y en a deux autres, dans le cours de cet Apologue, que j’ai vu citer et appliquer à un très-méchant homme, qui était destiné à avoir de grands moyens de servir et de nuire, et qui avait au moins le mérite d’être attaché à ses amis.

1623. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Figure commune, plate de caractère et d’expression, sans aucun mérite qui la distingue.

1624. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

— Mais de même qu’en lisant un auteur simple on prend assez facilement l’habitude, par la lecture méditée, d’y mettre beaucoup de choses qu’il n’a point pensées ou qu’il n’a pensées qu’en puissance ; tout de même, en simplifiant les auteurs compliqués, ne leur fait-on pas le tort de leur ôter leur seul mérite ?

1625. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Ce sont des recueils littéraires dont on peut apprécier diversement les mérites ; mais la critique est-elle entrée pour quelque chose dans le but de leur institution ?

1626. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Charrière mérite certainement beaucoup d’applaudissements et d’éloges.

1627. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Swift29 I C’est le traducteur de Burns qui traduisit pour la première fois les Opuscules humoristiques de Swift, et quoique nous eussions mieux aimé qu’il eût traduit les œuvres complètes, cependant son travail mérite d’arrêter l’attention de la Critique ; car ce travail donne une idée, très vive et très nette, de l’esprit de Swift.

1628. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Saint-René Taillandier, de cet homme qui, par la médiocrité de son talent, mériterait bien la miséricorde de la Critique, mais qui, par le dogmatisme de ses affirmations erronées mérite sa sévérité.

1629. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Il est, au contraire, beaucoup plus commun qu’on ne croit, ce singulier bon ménage du talent et de l’ennui, qui habite des œuvres réputées imposantes, et qu’on ne saurait expliquer, le talent, que par le mérite actif de l’homme ; l’ennui, que par le choix de son sujet.

1630. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Il n’avait ni la correction, ni la réalité, ni le mérite d’ouvrier, ni l’impassibilité des grands poètes qui croient que l’on peut donner des leçons de poésie comme de grammaire et de calcul.

1631. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

nous savions bien que l’esprit guérit tout, que c’est le dictame qu’il faut s’appliquer sur le cœur lorsque ce malheureux blessé saigne ; nous savions bien que l’esprit prend son parti de tout, mais l’avoir prouvé une fois de plus avec cette grâce, avoir fait tenir tant de sanglot étouffé dans tant de sourire, avoir fait si divinement trembler la voix en disant des choses si légères, voilà le mérite et l’originalité de M. 

1632. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

On n’arrive à concevoir le monde plus heureux qu’en dehors de toute notion de mérite : et qui aurait le courage de cette suppression ? […] Rousseau et de Bernardin de Saint-Pierre, et ils ont eu ce mérite d’assouplir la versification et d’enrichir sensiblement le dictionnaire poétique. […] Il y faut un merveilleux savoir-faire ; mais enfin tout le mérite de l’ouvrier n’est plus guère que dans la difficulté vaincue. […] Un des mérites les plus éminents de Mme Juliette Lamber, c’est sa passion des beaux paysages et sa puissance à les décrire. […] Il a donc ce premier mérite, aussi rare que modeste, de connaître toujours parfaitement les choses sur lesquelles il écrit, et même les alentours.

1633. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Et n’alléguez pas non plus qu’Aristophane a eu le mérite de donner à la démocratie les meilleurs avis, de lui recommander les vertus dont elle a le plus besoin, la simplicité et la sévérité des mœurs. […] Le mérite moral de Gresset, c’est d’avoir montré — pas assez fortement, à mon avis, — que ce vernis brillant et amusant peut recouvrir une méchanceté réelle. Et son mérite littéraire, c’est d’avoir très heureusement saisi et reproduit, dans ses vers secs, maigres et courts d’haleine, le ton de ce persiflage mondain. […] Scribe est arrangé comme il le mérite, et le morceau est resté célèbre. […] Le vieux entend marier sa petite-fille à un benêt, Balthazar Quinçon, dont le principal mérite est d’avoir des terres contiguës aux siennes.

1634. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Le grand mérite de M.  […] Je voudrais, pourtant, parler aujourd’hui d’un homme singulièrement doué, d’un personnage original et puissant qui mérite, à tous égards, l’attention des lettrés et des curieux d’âmes peu banales. […] … Son mérite me paraît, à moi, d’autant plus grand, sa récompense d’autant plus juste, qu’il avait à imposer à l’attention universelle une œuvre d’une médiocrité reconnue et d’une rare imbécillité. […] … Et tu t’époumones, mon cher, sans raison… Tu sais bien quel est ton crime… Ton crime, ce n’est pas d’offenser l’ingénuité des petites filles ou d’attenter à la pudeur des vieilles courtisanes… Non… ton crime — et il est impardonnable, et il mérite les châtiments les plus exemplaires — c’est de mettre la Société en face d’elle-même, c’est-à-dire en face de son propre mensonge, et de mettre aussi les individus en face des réalités ! […] Cette formalité humiliante remplie, il lance sur l’Académie en bloc, et sur chaque académicien en détail, la meute de ses protecteurs… Car il ne s’agit pas que l’Académie s’en aille découvrir quelque part le mérite ignoré et caché, le mérite fier, le mérite libre… Nullement… Elle ne doit connaître de la littérature et de la poésie de son temps, que ce qu’en contient la loge du concierge de l’Institut, où sont déposés les volumes des concurrents.

1635. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Les « rhétoricqueurs » d’avant Marot peuvent, de leurs mignoteries, faire valoir cette excuse, qu’il y avait alors quelque mérite à pédantiser avec subtilité et non sans grâces. […] Est-ce à dire que son mérite personnel en soit diminué et que, s’il avait été au théâtre un génie créateur, la beauté de ses créations en fût moins admirable ? […] Que ce dut être une noble surprise ravie, — et comme elle est légitime la gloire de l’avènement lamartinien, et comme elle mérite d’être immortelle !  […] Le plus grandiose monument, s’il n’est que grandiose, ne mérite que la surprise, bientôt dispersée en indifférence. […] Ce mort mérite d’être traité comme un vivant qui se porterait à merveille.

1636. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

où serait le mérite s’ils faisaient exactement ce que nous avons fait ? […] — Que leurs essais furent souvent erronés ; cependant, ils ont eu le mérite d’inciter les poètes au culte de ce que la poésie doit avoir de coloré et de musical. […] ce n’est certes pas son moindre mérite… Saint-Georges de Bouhélier 24 août 1895. […] « Il mérite bien, pour son interview, autant de lignes que Clovis Hugues3. » […] En tout cas, c’est un mérite de le tenter, et vous avez bien fait de le favoriser par votre consciencieuse enquête.

1637. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Le premier surtout mérite d’être remarqué ; l’auteur y montre des paysans vivant sous une double oppression ; on les voit aux prises avec un intendant hypocrite et brutal, comme il y en a tant en Russie, et un de ces propriétaires qui, sous les formes d’un homme du monde, cachent l’insensibilité et l’égoïsme calculateur du commerçant le plus madré. […] Qui avait une confiance aveugle dans les mérites de ses amis, exaltait leurs talents et prenait leur défense avec le plus d’ardeur ? […] On s’y connaît en fait de chant dans notre province, et le village de Sergievsk, situé sur la grande route d’Orel, est renommé dans tout l’empire pour le mérite de ses chanteurs. […] Notre défaut à nous c’est de ressembler à tout le monde, son mérite à lui c’est de ne ressembler à personne.

1638. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

L’ami Fritz I Le roman que nous venons de lire est certainement un chef-d’œuvre ; mais cette histoire si naïve et si vraie du pauvre conscrit de Phalsbourg n’exige pas un autre mérite que la vérité. C’est le mérite des mérites, c’est vrai. […] Tout changeait autour de lui, Fritz Kobus seul ne changeait pas ; tous ses anciens camarades montaient en grade, et Kobus ne leur portait pas envie ; au contraire, lisait-il dans son journal que Yéri Hans venait d’être nommé capitaine de hussards, à cause de son courage ; que Frantz Sépel venait d’inventer une machine pour filer le chanvre à moitié prix ; que Pétrus venait d’obtenir une chaire de métaphysique à Munich ; que Nickel Bischof venait d’être décoré de l’ordre du Mérite pour ses belles poésies, aussitôt il se réjouissait et disait : « Voyez comme ces gaillards-là se donnent de la peine : les uns se font casser bras et jambes pour me garder mon bien ; les autres font des inventions pour m’obtenir les choses à bon marché ; les autres suent sang et eau pour écrire des poésies et me faire passer un bon quart d’heure quand je m’ennuie… Ah !

1639. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

. — Pour lui donner une marque de l’estime que Sa Majesté fait de son mérite, 600 Croyez-vous que ces notes, écrites de la main du roi, n’aient pas été, pour les poètes dont il est ici question, un encouragement plus réel que les sommes comptées par le trésorier. […] François Buloz nous mènerait trop loin pour ce soir ; d’ailleurs le commissaire du roi actuel mérite bien une lettre à lui tout seul. […] « Je ne connais rien de plus fatigant et de plus puéril que cet affreux patois (il s’agit du style de Mme Sand dans Jeanne) ; franchement, je préférerais presque l’argot : il a au moins le mérite de l’étrangeté, tandis que la langue de la plupart des personnages de Jeanne est d’une trivialité à faire frémir. […] Soumet : c’est bien le moins que vous deviez à un homme de ce mérite, et demandez-lui, à son retour, ce que M. 

1640. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Je ne blâme point, croyez-le bien, ceux qui, ouvriers consciencieux et journaliers de la presse, ont pris le parti plus simple de mettre en volumes le plus tôt possible ce qu’ils distribuent de jugements et d’analyses sur tout sujet, de ramasser et de lier après chaque moisson leurs gerbes : on laisse ensuite au lecteur le soin de choisir entre ces improvisations d’un mérite ou d’un agrément nécessairement inégal, et d’en prendre ou d’en laisser.

1641. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

L’auteur d’Indiana, depuis son roman, a donné à une Revue une nouvelle intitulée Melchior, où se retrouvent dans un moindre espace les mérites d’observation et de passion que nous venons de signaler.

1642. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Rossignol a le mérite de combiner en lui les traditions et quelques-unes des qualités essentielles de ces hommes qui sont nos maîtres, et à la fois de s’être formé lui-même avec originalité, avec indépendance, dans une étude approfondie et solitaire qui devient de plus en plus rare.

1643. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Il y a avant Calvin, en latin, les Loci theologici de Mélanchthon, encore abstraits et scolastiques, le Commentarius de vera et falsa religione de Zwingle, la Sommaire briefve déclaration d’aucuns lieux fort nécessaires à un chrétien de Farel : ces trois ouvrages laissent entière l’originalité de Calvin qui garde le mérite d’avoir employé une méthode rationnelle et morale.

1644. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

… On peut avoir fait un mauvais drame, et non seulement n’être pas un sot, mais encore, par d’autres dons que ceux qui font le bon dramaturge et le bon écrivain, par un autre tour d’imagination, par l’activité, l’énergie, la bonté, par toute sa complexion et sa façon de vivre, être un individu plus intéressant et de plus de mérite que tel littérateur accompli. » Non, je ne raille point.

1645. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Il est toujours facile de dénigrer le plus incontestable mérite en substituant à la définition de ses qualités celle des défauts qui en sont l’excès.

1646. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Je suis, il est vrai, présentement au service de ce catalogue de la gloire du monde, mais je suis encore plus dévoué aux gentilshommes de mérite et de vaillance comme est votre seigneurie ; aussi je m’offre à elle, à sa maison, à sa table, à son office, à ses fourneaux, si elle daigne m’accepter.

1647. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

« Outre un legs considérable qu’il a fait à une maison religieuse, dit son biographe, il a laissé à son fils, qui est un prêtre savant et d’un grand mérite, tout le bien qu’il avait en France et en Italie, qui se monte à la valeur de près de cent mille écus.

1648. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Parmi les complices, il choisit ; il décide que celui-ci mérite d’être poursuivi et que cet autre ne doit pas être puni : et cela sans débats, sans avoir à donner les raisons de son choix : sic volo, sic jubeo. — Il est facile de voir les conséquences d’une telle théorie.

1649. (1890) L’avenir de la science « I »

Les progrès du rationalisme ont pu d’abord, et cela sans grand mérite, déclarer ces cérémonies purement superstitieuses.

1650. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Si on l’avait exercée à découvrir pourquoi ce poète, si heureux pour l’ordinaire dans le choix de ses sujets, qui marque toujours si clairement son but, qui y marche si franchement, a manqué ici de ces mérites, on aurait reconnu ce qu’il y avait d’embarrassant dans sa position en face de la société qu’il voulait attaquer pour plaire au roi, et qui, puissante dans l’opinion, gagnait tous les jouis dans l’esprit du roi lui-même.

1651. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Cet art veut, sur tout autre, un suprême mérite.

1652. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

… Sisson et Crampon avaient, en publiant le Ximénès d’Hefele, des intentions excellentes, nous n’en doutons pas, mais quoi qu’ils aient eu la grosse exactitude des faits qui suffit au contentement d’un auteur heureux de se voir reproduit, tant bien que mal, dans un idiome étranger, cela n’est point assez, pourtant, pour donner une idée des mérites littéraires de cet homme, s’il en a dans sa propre langue.

1653. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Qui peut le plus peut le moins : en jugeant Ninon nous aurons jugé Laïs, nous aurons jugé toutes les glorieuses prostituées dont les désordres paraissent à certaines gens des mérites et des grâces, et, par là, nous pourrons nous faire une idée de la pauvreté de ces idoles devant lesquelles toute une société n’a pas rougi de se mettre à genoux.

1654. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Il importe qu’on ne croie qu’à la dernière extrémité à la puissance irrésistible des Révolutions, et tout livre qui, même aux dépens de la vérité abstraite et absolue, retrempera à cet égard les courages, mérite d’être lu.

1655. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

C’était de Maistre, je crois, qui disait plaisamment, dans sa Correspondance : « On est souvent allé trop loin en appelant le Grand Frédéric un grand homme, mais on peut se risquer à dire qu’il n’a été qu’un grand Prussien. » Eh bien, sauf l’épithète, Ranke mérite qu’on fasse de lui pareil éloge !

1656. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

ceci est infiniment remarquable par le temps qui court, et mérite d’être noté.

1657. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Louis-Philippe, à mon sens, ne mérite pas d’être regardé comme un impénétrable Sphynx, dont les uns affirment l’honnêteté et les autres le machiavélisme, et qui doit embarrasser encore longtemps le jugement de l’Histoire.

1658. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Là est le mérite de ce mort d’hier dont on a publié l’œuvre.

1659. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Elles sont la meilleure contre-épreuve des mérites surfaits.

1660. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Le fils Brutus de la Philosophie est le Panthéisme, et ce fils Brutus mérite bien son nom.

1661. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Jules Simon, découvert aujourd’hui, et dont il annonce les mérites avec un accent triomphal.

1662. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

C’est par trop… chinois, cela, et mérite le bambou de toute critique qui en a un !

1663. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Pénélope sans Ulysse, qui, dans l’oisiveté du cœur et de l’action, fait et défait éternellement sa tapisserie, la Philosophie n’a rien mis dans le monde qui n’y fût sans elle ; et si elle n’en a rien ôté des vérités qu’elle n’a pas faites, elle en a du moins beaucoup faussé, et son mérite, quand elle en eut, fut de redresser ses voies fausses et d’admettre enfin ce qu’elle avait d’abord repoussé.

1664. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Elles sont la meilleure contre-épreuve des mérites surfaits.

1665. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Fragment détaché d’un travail à l’étude encore, la brochure de Francis Lacombe, qui a le mérite que lord Bolingbroke estimait le plus dans les livres, c’est-à-dire d’être substantielle et courte, a été pensée en dehors des circonstances du moment et il faut savoir gré à l’auteur de les avoir devancées.

1666. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Ils n’ont pas vu qu’ils étaient là tous, dans le livre d’Hayem, eux et leurs idées, si tant est que ce qui se remue de philosophie dans leurs cervelles mérite ce nom.

1667. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Son accent est donc plus animé et plus chaud, mais, après tout, c’est le clair de lune d’un homme qui a été lui-même un clair de lune, et nous demandons ce que, de clair de lune en clair de lune, doit devenir, dans un temps donné, la vie de la littérature… On a beaucoup parlé de l’originalité de Musset, et ce n’est pas là son plus grand mérite.

1668. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Ses amis de ce temps-là, devenus maintenant ce que Balzac, qui agrandissait tout, appelait des maréchaux littéraires, se sont souvenus et ont parlé de lui comme de vieux maréchaux de l’Empire auraient pu parler du jeune Marceau, quoiqu’il ne fût, ni par le mérite ni par la jeunesse, un Marceau littéraire quand il mourut.

1669. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Tels sont les mérites, fort saillants à la première vue, de M. 

1670. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Mérillon, avocat général à la Cour d’appel de Paris, les éléments de l’aperçu qui va suivre sur la lente genèse de l’idée de justice appliquée aux relations inter-sociales61 ; ce discours a le mérite d’être un excellent résumé de la question et je n’y ajouterai que quelques détails complémentaires.

1671. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

On peut même dire avec vérité que toutes les exceptions faites aux lois chez les modernes, sont des privilèges voulus par le mérite particulier des faits, qui les sort de la disposition commune.

1672. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

Elle faisait consister tout son mérite à trouver des fables assez heureusement imaginées pour sauver la gravité de la loi, et appliquer le droit au fait.

1673. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Elle est une œuvre d’art, et par là elle mérite le respect ému de tous ceux qui aiment la forme et la poésie. […] Celui qui ne s’aide pas ne mérite pas d’être aidé. […] Celui qui s’aide mérite d’être aidé. […] Il en mérite une autre encore plus grande et plus haute. […] Au moyen âge, on ne prenait pas garde à cette sorte de mérite.

1674. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Les fils entrent, les uns dans la magistrature de Chambéry et deviennent sénateurs du sénat de Savoie, comme fit le comte de Maistre ; les autres entrent dans l’Église, et ils deviennent évêques de quelque diocèse plus ou moins éloigné, de Sardaigne, de Piémont, de Maurienne ou de Tarentaise ; les autres entrent dans l’armée, et ils deviennent de valeureux officiers, et quelquefois des lieutenants-colonels ou des colonels dans la brigade de Savoie, composée de trois à quatre mille braves paysans de leurs montagnes ; quelques-uns, les plus opulents ou les plus ambitieux, entrent à la cour de Turin, deviennent écuyers ou chambellans, et s’élèvent, si la faveur ou le mérite les secondent, jusqu’au rang de gouverneur de province. […] Le colonel n’en était pas lui-même la moindre grâce ni le moindre mérite, car il en était par excellence la bonté. […] Ne pouvant nier son mérite, on l’envoya pérorer ailleurs.

1675. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Mettez-moi d’abord en paix sur l’origine et la sanction de la morale ; apprenez-moi au nom de qui vous l’enseignez ; persuadez-moi qu’une autre vie m’attend, où il me sera fait selon mes mérites. […] Ou, s’il faut croire que quelques parties de l’orateur lui ont manqué, nous, pour qui tout le mérite de l’action oratoire est perdu, et qui, les yeux sur un livre inanimé, ne pouvons plus sentir que la muette éloquence des paroles écrites, nous n’en donnerons pas moins la première place au prédicateur qui a écrit le plus fortement. […] Cette morale de direction, sans raffinement comme sans prescriptions excessives, a le mérite de n’exciter ni le découragement par trop de défiance de nous-mêmes, ni une indiscrète curiosité de notre fond par trop de découvertes ingénieuses.

1676. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Si nous n’en voulons pas, si nous trouvons que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, ne nous passionnons donc pas tant pour un homme dont le mérite se réduit à avoir fait de la musique qui chatouille agréablement les oreilles ; et que ceux dont les oreilles sont rebelles à cette musique sachent que tout ce bruit qu’on fait dans les concerts et dans les théâtres, se fait contre la volonté expresse du maître, et qu’au moins elles ne lui en portent donc pas rancune ! […] Glatisenapp, l’auteur de la seule biographie complète, a gâté une œuvre de très grand mérite par l’absence de tout sens critique et de toute vue d’ensemble vraiment vivante, et aussi par un genre d’adulation qui sied mal à un artiste aussi viril que Wagner. […] Je pense que tout ce qui a été accompli pour l’œuvre wagnérienne dans une pensée d’enthousiasme humble et d’amour désintéressé, mérite l’éloge le plus pur, et notre reconnaissance.

1677. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Tout pour eux mérite examen dans cette nature qu’ils veulent étudier et comme déguster goutte à goutte. […] Jules Case (chez Ollendorff), est une œuvre distinguée, un livre plein d’observation, qui mérite l’attention des délicats. […] D’autres que moi, Lilie par exemple, ou une autre, la première venue qui possédera ou du jugement, ou de l’ambition, ou de l’innocence, t’aimeraient à cause de tes mérites. […] Je redeviendrai chaste, auprès de toi, pour que tu puisses respecter ta mère, quoiqu’elle ne mérite guère ton respect. […] On rencontre peu d’hommes illustres qui donnent physiquement la représentation de leur mérite ; Dumas le proclame.

1678. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Mais ce n’est là qu’un mérite négatif, et n’être pas faux ne signifie point du tout être réel. […] Sauf ces réserves, qui sont légères, ce livre est de grand mérite. […] Il avait d’abord, ce qui me paraît le mérite fondamental en ce genre d’ouvrages, un très grand bon sens. […] — Lisette, je sais trop la vanité de l’amour pour trouver un homme aimable ; mais je sais connaître le mérite. […] Il lui fallait l’un ou l’autre, non seulement pour que son mérite fût estimé, mais pour qu’il remplit tout son mérite.

1679. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

On en cite un exemple qui mérite d’être rappelé. […] Il n’est aucun mérite qui ne se trouvât dans le jeune roi anglais ; et il serait mieux, si raison plaisait à Dieu, qu’il eût vécu que maints envieux qui n’ont jamais fait aux braves que mal et tristesse. […] « Seigneur Conrad, le roi Richard a un si grand mérite, et je le dis (quoique parfois je parle mal de lui), qu’il s’embarquera bientôt avec autant de forces qu’il le pourra : on me l’assure. […] « Comtesse Souer, Dieu sauve votre souverain mérite, et garde la beauté que j’aime tant, et par qui je suis déjà prisonnier. » Je m’arrête ici. […] « Je ne m’étonne point, Rome, si le monde est dans l’erreur, puisque tu as mis le siècle en travail et en guerre ; car mérite et miséricorde par toi meurent et s’ensevelissent.

1680. (1881) Le naturalisme au théatre

Dès lors, il est naturel qu’elles déplaisent à des gens qui les jugent pour leur mérite absolu. […] Il y aurait toute une étude à écrire à propos de ces succès personnels des artistes, qui trompent souvent le public sur le mérite véritable d’une œuvre. […] Mais, tant que l’homme de génie n’aura pas paru, les planches seront vides, car le génie seul compte et mérite d’être. […] D’ailleurs, le mérite de Rome vaincue est surtout dans le développement de l’idée première. […] Paul Deroulède est jeune et mérite tous les encouragements.

1681. (1929) La société des grands esprits

Maurice de Faramond a le mérite de la franchise : « Quant à Pascal, écrit-il, je ne le connais pas. […] Les mérites architecturaux sont en effet ce qui distingue les Pensées, telles que nous les possédons, à l’état de fragments épars ! […] Ce n’était pas un savant sans mérite : son expédition géodésique en Laponie avait démontré que la terre n’est pas une sphère parfaite, et s’aplatit légèrement au pôle. […] Il reconnut aussi le haut mérite de Hegel. […] Tout le mérite de ce lancement revient au parquet, qui intenta des poursuites pour outrage à la religion et aux bonnes mœurs.

1682. (1898) Essai sur Goethe

Si ce livre a quelque mérite, c’est celui d’être pensé librement et librement écrit, à l’abri des influences du fanatisme et de celles du dénigrement. […] On lui reproche encore d’avoir systématiquement rabaissé les hommes de mérite avec lesquels il se trouva en relations, de manière à s’élever au-dessus d’eux. […] C’est là seulement ce qui mérite le nom d’ingratitude. […] Lequel, alors, mérite le mieux la leçon ? […] Car, tandis que les bourgeois s’efforcent, avec un zèle honorable, à compenser par leur savoir leur défaut d’origine, les nobles s’appliquent avec une louable émulation à relever encore leur éclat natif par le mérite le plus éclatant.

1683. (1923) Au service de la déesse

Wolf est un savant du premier mérite ; mais il est atteint de la maladie du siècle, de la fureur d’innover. […] D’abord, elle contient de la douleur et, par-là, mérite la sympathie. […] C’est un reproche que ne mérite pas du tout M.  […] Si elle se reculait, je la suivais cinq ou six pas, et quelquefois dix ou douze, selon l’opinion que j’avais de son mérite. […] Tous ont le même mérite, qui est nul. 

1684. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Son principal mérite, c’est d’avoir ouvert le premier les portes du moyen-âge, où la foule s’est précipitée depuis en l’écrasant. […] Il parut cent romans de mérite et qui 1 montraient tout neufs encore ces noms de jeunes écrivains d’imagination et de style qui sont aujourd’hui des noms glorieux. […] Les amis de M. de Maynard ont observé une singularité de son caractère qui mérite d’être rapportée. […] Gustave Planche, écrivain d’un mérite inattaquable du reste, critique éminent et homme d’un beau style surtout, est individuellement un original. […] Planche, à mon avis, ne mérite pas de figurer dans la liste des jeunes hommes de bon ton et de manières élégantes que j’ai cités.

1685. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Nous ne doutons pas de la faveur que doit assurer à ces pages le mérite d’une judicieuse et fine critique, d’une érudition sûre, d’un style d’une remarquable clarté et d’une rare précision. […] C’est le mérite de Victor Hugo d’avoir conservé à l’enfant dans certaines pièces, comme la pièce intitulée À des oiseaux envolés, ou celle qui est intitulée L’Enfant de Louis, toute sa grâce. […] Or, quelle est la forme de la souffrance qui mérite le plus de nous apitoyer ? […] Car, sans doute, ce qui fait la grandeur de l’homme, c’est qu’il souffre et c’est qu’il mérite par la souffrance. […] Ainsi, Théophile Gautier dit que son mérite à lui, c’est d’être « un homme pour qui le monde extérieur existe ».

1686. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

mon cher ami, reposons toujours notre tête fatiguée sur ce chevet d’une bonne conscience ; si nous l’arrosons de quelques larmes, ces larmes du moins n’auront rien d’amer. » Un des mérites de Ducis est d’avoir devancé sur bien des points l’école qui a suivi, et, en même temps que des paroles antiques, d’avoir eu des accents précurseurs. […] Mais se fera-t-elle jamais pour le public avec tous les soins et tous les accessoires qu’elle mérite ?

1687. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elles montent plus haut… Je tâche d’y monter… » On aura remarqué la manière dont elle parle de Mme Tastu, avec quel sentiment pénétré, quel respect pour ses qualités régulières et pour ce mérite de femme qui a eu dans sa jeunesse quelques notes poétiques si justes et si pures. […] Oui, vous m’éclairerez, si je peux l’être, et vous verrez si je mérite au moins, par ma sincérité, d’obtenir le premier et le plus rare des biens, la vérité ! 

1688. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Mais comme ce mérite d’être irréprochable tient surtout en ce cas-là à un moindre déploiement poétique, je persiste à le préférer dans sa complète et, si l’on veut, inégale manière. […] quand je m’échappe quelquefois à parler du factice inévitable des rôles humains ; quand j’ai l’air de me plaire à la pure réalité, ce n’est pas que je me dissimule les misères et les petitesses de celle-ci, ce n’est pas que je méconnaisse le mérite et la force des entreprises.

1689. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

 » Nous lui concéderons son éloquent enthousiasme pour Frédéric, bien que nous doutions un peu qu’à la fin des âges ce nom doive se trouver dans le plus pur froment des mérites de l’humanité. […] C’est que d’Holbach avait une exécrable réputation d’athéisme, tandis que Condillac, abbé, n’ayant jamais écrit contre l’âme ni contre Dieu, était un maître ostensible plus avouable, en même temps que doué de mérites suffisants.

1690. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Entre tous ces hommes de bien et de mérite elle cherche vainement un grand caractère propre à rassurer dans cette crise et à rallier le bon parti par ses conseils. […] Mme Roland pressentait et ruinait d’avance ces justifications futures, quand elle lui écrivait de sa prison : « Fais maintenant de beaux écrits, explique en philosophe les causes des événements, les passions, les erreurs qui les ont accompagnés ; la postérité dira toujours : Il fortifia le parti qui avilit la représentation nationale, etc. » Quant à Brissot, nous adoptons tout à fait le jugement de Mme Roland sur lui, sur son honnêteté profonde et son désintéressement ; nous le disons, parce qu’il nous a été douloureux et amer de voir les auteurs d’une Histoire de la Révolution qui mérite de s’accréditer, auteurs consciencieux et savants, mais systématiques, reproduire comme incontestables des imputations odieuses contre la probité du chef de la Gironde.

1691. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Est-ce, ainsi qu’on l’a prétendu, est-ce uniquement afin que le poète ait le mérite d’avoir vaincu des difficultés ? […] « Shakespeare, malgré toutes ses qualités, a cependant de nombreux défauts, et des défauts qui suffisent pour effacer tout autre mérite. » 4.

1692. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Racine a été élevé dans le jansénisme, à croire que la nature est corrompue, que tout mérite, tout bien en l’homme vient de la grâce ; il a pu rompre avec ses maîtres, il n’a pu se défaire des enseignements lentement insinués, quitter le point de vue d’où ils lui avaient appris à regarder l’agitation humaine. […] De Racine date l’empire de la femme dans la littérature : et cela correspond au moment où tous les instincts violents, ambitieux, qui jetaient les hommes dans l’action politique et militaire, s’apaisent dans la vie de société, où la femme y devient souveraine sans partage, où d’elle va partir tout honneur, tout mérite et toute joie.

1693. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Aussi ne se plaît-on aux fables d’Esope et de Phèdre que pour le mérite de la justesse ; et ce n’est pas si peu ; mais on n’y fait pas amitié avec les personnages : on a l’instruction sans le plaisir. […] C’est son vrai nom, et cet amour pour toutes choses ajoute à la gloire de ce goût ; car il n’y a pas peu de mérite, quand on aime tout, à savoir choisir.

1694. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

La décoction riche, bien comprise, mérite d’être spécialement mentionnée ; de plus, la direction de la Monnaie a fait abaisser l’orchestre, et réalisé une convenable obscurité dans la salle. […] Gefühle Nous pouvons dire en France que nos auteurs à la mode ont le public qu’ils méritent, et que le public mérite et au-delà les auteurs dramatiques qu’il paie.

1695. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Il possède aussi le secret de la composition, quoiqu’il oublie souvent d’en faire usage ; il sait, quand il le veut, lier les épisodes dans la trame serrée du récit ; il a un dessein qu’il déroule, un but qu’il poursuit, et alors même qu’il se perd trop longtemps au détail des choses communes, il a le triste mérite de ne point ignorer où il va. […] Il faut distinguer chez tout écrivain le mérite du temps où il vit et les dispositions d’esprit qui lui sont propres ; ne soyons pas trop fiers de ce qui n’est qu’une affaire de date, et préoccupons-nous un peu de ce qui nous appartient.

1696. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Il inspira plus d’un dévouement de femme, sans parler de la sienne (car il était marié, et à une femme de mérite, ce qu’il cachait aussi tant qu’il pouvait) ; il se fit plus d’une fois aimer. […] Rendons-lui en ceci la justice qu’il mérite, sans rien exagérer.

1697. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Ajoutez à ces habiletés merveilleuses, l’harmonie et l’éclat de la parole, la grâce et la force du langage, la véhémence de la passion, l’intérêt de l’action coupée avec art, et cette heureuse façon d’amonceler, sur un point donné, tous les mérites du héros de la comédie ou du drame, à condition que tous ces mérites si divers, se feront sentir, en même temps et tout à la fois .

1698. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

La parole intérieure calme mérite d’être étudiée pour elle-même ; c’est une véritable création de l’âme, à la fois l’œuvre et l’instrument de la pensée ; le mécanisme ordinaire de la formation des images ayant fourni la parole imaginaire, image de la parole extérieure, l’activité intelligente de l’âme a simplifié cette image et l’a adaptée, sous sa nouvelle forme, à un rôle nouveau. […] La parole intérieure n’est pas un simple écho de la parole, une simple habitude ; car l’habitude proprement dite, l’habitude pure et simple, mérite, si l’on considère ses effets, le nom d’habitude négative que nous lui avons souvent donné ; plus un fait est habituel, plus il est fréquent, c’est-à-dire moindre est l’intervalle qui sépare chacune de ses apparitions à la conscience ; mais aussi, à chaque nouvelle apparition, une moindre quantité de conscience lui est attribuée, c’est-à-dire qu’il dure moins et qu’il est moins intense.

1699. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

c’est là justement ce qu’il importe de dire, nous croyons que le succès de Mme de Longueville, succès qui, du reste, vaut le livre, peut s’expliquer très bien par des raisons qui ne sont nullement les mérites de M.  […] Cousin exagère les mérites de beauté physique ou de beauté morale d’une personne aussi insignifiante, aussi engloutie dans l’oubli que Mme de Hautefort, c’est une fantaisie !

1700. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

… La science philosophique, ou ce qu’on appelle de ce nom, n’aboutissant, par tous ses rayons, qu’à un scepticisme inévitable, les philosophes ne sont guère plus que des gymnastes dans un exercice de l’esprit… Leur effort seul et la mesure de leur force, font tout leur mérite et leur gloire. […] Tout le mérite d’écrivain de M. 

1701. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Par la simple faveur qui se permet quelquefois de distinguer le mérite ? […] Nous sommes, avec Dominique, en plein roman d’adultère, et si l’oubli du devoir n’y est nulle part glorifié, si les termes y sont d’un homme du monde et si la lutte exprimée est avant tout celle de la conscience, je n’aperçois pas en quoi la passion y mérite une épithète qui la transforme et la singularise.

1702. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Son mérite, que j’ai entendu apprécier dans mon enfance par des personnes qui l’avaient bien connu, était autre encore que celui d’un brave. « D’Alton aîné connaissait les hommes. » Ce jugement, que je ne songeais point alors à recueillir, est resté gravé dans mon esprit.

1703. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Barbier, selon nous, a eu presque toujours présent à l’esprit ce sentiment élevé de la mission dont il s’est fait le poétique organe, et c’est un mérite que ne lui ont pas assez attribué beaucoup des admirateurs de sa forme et de ses tableaux.

1704. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Nos hommes distingués, nos personnages éminents dans les grandes carrières tracées, ne se rendent pas toujours bien compte de ce genre de mérite compliqué, fugitif, et sont tentés de le méconnaître.

1705. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Tout ce qu’ajoute M. de Tocqueville sur cet intéressant sujet et en conséquence de sa distinction lumineuse, mérite d’être étudié, et appartient à l’idée la plus fondamentale qui le préoccupe, celle de nos destinées européennes futures.

1706. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Il n’accorde guère aux anciens que le mérite un peu négatif d’avoir diminué le nombre des erreurs possibles, d’avoir en quelque sorte usé les plus fausses absurdités, qui auraient eu chance, s’ils ne les avaient essayées, de retenir quelque temps la raison moderne.

1707. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Le grand mérite de Voltaire, d’où découle son incomparable supériorité sur tout son siècle, c’est d’avoir compris la tragédie.

1708. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Le mérite de la premiere se réduit à deux ou trois Strophes, noyées dans un amas de grands mots vides de sens & de poésie ; la seconde offre, tout au plus, une douzaine de vers assez raisonnables.

1709. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Epopée pour le peuple, guerrière avant tout, conte féerique, espèce de roman de chevalerie, cette œuvre a le rare mérite d’avoir identifié la France avec la patrie.

1710. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Mme Swetchine, qui a écrit ce que nous avons d’elle sur de petits bouts de papier, non pas avec une plume, mais avec un crayon, parce que, écrire au crayon, c’est parler bas, a-t-elle dit avec une fine modestie ; Mme Swetchine, dont le mérite et même la vertu est de n’être jamais auteur en quatre points, à la manière des femmes publiques de lettres, qui se croient des fonctionnaires, n’avait pas besoin de tant de jour versé sur elle.

1711. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Son mérite actuel a été de savoir l’anglais et l’allemand, — ce qui est honorable et souvent utile, mais ce qui n’est pas tout, car le mot célèbre de Charles-Quint n’est pas vrai en littérature… Dans ce mystère dévoilé de la mort du comte de Kœnigsmark, que de questions à tenter un esprit qui aurait eu quelque puissance, et qu’il n’a pas effleurées !

1712. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Richelieu, de Serres, Villèle, Martignac, de mérites divers, mais tous grands hommes de milieu entre la royauté et la révolution, et tout aussi impuissants contre la révolution que pour la royauté.

1713. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Il commençait déjà de glisser vers le pouvoir, le long de cette pente de velours qui fut le tapis sur lequel il a toujours joué… Son mérite, en fleur (il en avait un), fut tout de suite discerné.

1714. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Il fut universitaire, lauréat d’Académie et rédacteur du Journal des Débats… J’ai raconté comme il entra dans ce journal, dont l’incroyable influence survit à tout ce qui fit autrefois le mérite incontesté de sa puissance, et qui vous prend le premier venu et, avec deux lignes de rédaction qu’il lui confie, le sacre comme homme de talent aux yeux des sots traditionnels.

1715. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine, qui n’a pas écouté ses facultés et qui, se croyant ou ne se croyant pas philosophe, a débuté par cette jolie risette, son livre des Philosophes français, lequel impliquait le plus impertinent scepticisme sur le fond des choses et le doute le mieux justifié, d’ailleurs, sur le mérite et la consistance de ses maîtres qui n’avaient pas su lui bâtir dans l’âme une conviction sur quoi que ce soit ; M. 

1716. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Le comte de Fersen a écrit — mais sans les malédictions qu’elle mérite — l’histoire de la Révolution par en haut, qu’il n’adore pas pourtant.

1717. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Accablantes pour la mémoire de Sophie Arnould, elles ajoutent au mépris qu’elle mérite.

1718. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Le plus grand mérite de La Gervaisais, en fin de compte, fut d’être aimé de Mademoiselle de Condé et de lui obéir quand elle lui demanda, avec de si nobles larmes, de ne pas la revoir ; mais, franchement, je ne puis me faire à l’idée que l’homme à qui une telle femme avait pu donner le bonheur d’un pareil amour se soit prosaïquement marié et ne soit pas resté, comme le chevalier de Malte, d’une fidélité immortelle, avec sa croix, non pas sur le cœur, mais dedans !

1719. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

L’opinion a fait de l’Imitation un livre essentiel, et sans nier ses mérites raffinés en piété pratique, cela est-il juste, cela est-il sage à une époque comme la nôtre, où tant d’esprits inclinent, hélas !

1720. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Le bruit qui s’attache aux livres est une telle ironie, qu’il est difficile de prévoir si la majorité des intelligences sera convaincue au même degré que nous de tous les mérites des Mémoires que nous annonçons.

1721. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Mais ces idées, même inexprimées, auraient influé sur son ouvrage et lui auraient communiqué des mérites de plus.

1722. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

IV Je n’aurais donc voulu en ces deux volumes, pour le mérite de Rémusat et pour sa gloire, que les cinq notices dont j’ai déjà nommé les héros.

1723. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

est un artiste d’une rare vaillance ; mais, si grande qu’elle soit, sa vaillance peut être inférieure à son audace… Je n’ai pas besoin de revenir aujourd’hui sur une personnalité dont les mérites incontestables ont été reconnus et mis en relief à la lumière électrique de tant d’articles de journaux, un peu éblouissants je crois.

1724. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Il a chanté Dieu et un Dieu inconnu à Virgile, et, depuis Virgile, nul poète chrétien dans les nations chrétiennes ne l’a chanté avec de tels accents· Voilà le mérite absolu de Lamartine parmi les poètes.

1725. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

II Tels sont les mérites qui sautent aux yeux d’abord et qui ne tardent pas à les captiver, de cette biographie critique de Milton : une simplicité mâle et une droiture saine et forte, sans aucun des contournements de la pensée moderne et des affreuses loucheries des faiseurs de philosophies de l’Histoire.

1726. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

nous n’aurions pas eu la figure de l’abbé Mical, — la plus profonde figure du livre et la plus belle sans en avoir l’air ; — l’abbé Mical, qui croit en Capdepont, qui le veut évêque ; l’abbé Mical, au conseil de prêtre, à l’amitié de prêtre qui va jusqu’aux coups, qui les reçoit et qui les pardonne ; l’abbé Mical, le petit poisson qui conduit ce requin aveugle et qui a plus de mérite que le petit poisson, que le requin ne mangera pas, quand, lui, peut être dévoré par le sien ; l’abbé Mical, enfin, le Père du Tremblay du Richelieu futur, mais autrement sublime, car Richelieu, qui suivait les conseils du Père Joseph, ne le battait pas.

1727. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Esprit emphatique (dans le bon sens du mot), il tend, et c’est son mérite, au grandiose, même quand il le manque ; et quand il le manque, ce n’est pas qu’il ait tiré trop bas, mais c’est qu’il a tiré trop haut !

1728. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Eugène Sue, qui a de la couleur et de l’expression pour tout mérite — le fracas des événements dans ses romans les plus vantés n’en étant point un à nos yeux — ne pouvait devenir un homme de style, car on ne le devient pas, on l’est.

1729. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Ce sont deux portraits du même homme, et, vous le savez, c’est bien moins le mérite du modèle que l’art du peintre qui fait la valeur des portraits.

1730. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

il faut, pour se tromper dans une telle proportion, qu’un regard bien rapide ait été jeté sur cette rapsodie qui a eu la fatuité de s’intituler le Maudit ; mais, moi, je l’ai lu tout entier, et je puis assurer, en toute sécurité, qu’un pareil livre ne mérite point l’honneur qu’on lui fait de l’estimer dangereux !

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