La Grange-Chancel mourut tout entier, même de son vivant, même avant que le fossoyeur Fréron lui eût jeté sa pelletée d’éloges !
Nous demandions pour notre part que cette lubie des temps actuels lui passât très vite, et nous avions appris avec bonheur qu’il préparait un livre d’histoire sur une époque limitrophe à celles que, dans les Césars, il avait déjà étudiées et sur lesquelles il s’était montré si vivant, si compétent et si renseigné.
Est-ce parce qu’elle avait de son vivant les yeux de Junon, qui sont des yeux de vache dans Homère, qu’elle dit qu’elle pleure, à chaque instant, comme un veau, quand elle ne pleure pas comme un âne, qui est sa manière de pleurer lorsqu’elle lit le Jocelyn de Lamartine ?
Dans les appréciations très multipliées de l’œuvre du Dante, le théologien, le philosophe, l’historien, l’homme politique, le savant, l’encyclopédie vivante du xiiie siècle, ont passé bien avant le poète, selon la petite spécialité de chaque commentateur, qui avait la faiblesse — ah !
C’est un philosophe qui chasse de race, un philosophe de père en fils, dont le père eut autrefois aussi son prix d’académie, et qui a voulu continuer cette gloire paternelle… Certes, ce n’est pas avec de telles préoccupations que l’on peut dépasser par la fierté ou la soudaineté de l’aperçu, par l’indépendance, par un style vivant et anti-officiel, les conditions du programme de l’Académie, cet établissement de haute bienfaisance littéraire qui n’existe que pour mettre en lumière les talents qui, tout seuls, ne s’y mettraient pas.
Il n’imite pas pour imiter, mais il rappelle les poètes de son temps, et il les rappelle parce qu’au lieu de s’isoler d’eux il s’y associe ; parce que vivant intellectuellement avec eux, il les sent trop, les connaît trop et trop les aime.
Hugo, qui ressemble au masque savamment composé de la Comédie, c’est la gaieté d’un vrai visage, aux lèvres vivantes !
Dans Le Mariage de Caroline, c’est la vieille fille encore, mais qui s’est donné la passion maternelle en vivant maternellement avec une nièce, et c’est la jalousie maternelle exaspérée dans le cœur de cette vieille fille, restée vieille fille pourtant par tous les autres cotés de son caractère, que M.
il est impossible de moins se surfaire et de mieux apprécier son livre tout en l’expliquant… Seulement, la Critique littéraire, qui voit les facultés où elles sont et qui lit les feuillets des livres qui n’ont jamais été écrits, regrette que des intelligences faites pour mieux se contentent de brûler le pavé et ne rapportent au logis, sur des peuples qu’on a regardés du dehors au dedans, au lieu de les regarder du dedans au dehors, rien de plus que des impressions personnelles, fussent-elles aussi vivantes que peuvent l’être ces impressions !
— à côté de la Victoire de Samothrace, par exemple, n’y a-t-il pas de place, comme le disait si bien Henri Heine, pour l’émotion des lignes vivantes, au besoin désordonnées ? […] Des poètes français vivants, le plus grand, à mon gré : Paul Verlaine. […] Ma Théorie des Cinq Sens, ai-je inféré dans une étude sur le divin Pierre Quillard, est l’avènement de l’art individuel et vivant : le Verbe fait Homme. […] … Ô le Théâtre vivant, diocèse des idées, synthèse des synthèses ! […] C’est si vivant, et ça aime tant le silence !
Comment la poésie païenne, grecque et latine, détournerait-elle de la beauté vivante et du grand Pan ? […] Benjamin nous présente non une biographie complète, mais plusieurs tranches biographiques d’une personne vivante, extraordinairement vivante, et il se permet de les romancer à perte de vue, voire de les déformer, sans peut-être songer à mal, par cette invincible manie de pamphlet et de caricature qui constitue sa faculté maîtresse. […] En tout cas, ce n’est pas grâce à « l’Ange du suicide » ni par la schopenhauerienne « grève des vivants » que nous assurerons notre passage aux Îles Fortunées. […] L’espace serait-il un être vivant ? […] Platon et Sophocle, Descartes et Victor Hugo sont immortellement modernes, tandis que nombre d’auteurs et de penseurs apparemment vivants sont réellement mort-nés.
Il vient de publier des Souvenirs littéraires, si copieux, si vivants, si instructifs, que je ne connais pas de plus attrayante lecture. […] Il n’a pas voulu le bonheur, il a refusé d’être payé de son vivant. […] Leur noblesse est un vivant reproche à notre dilettantisme. […] Il n’avait pas remarqué, jusqu’alors, les engins de destruction dont les êtres vivants sont armés les uns contre les autres. […] Bourget, lui, n’a pas voulu voir ce spectacle vivant et divers.
Ce corps est un instrument admirable, dont je m’assure que les vivants, qui l’ont tous à leur service, n’usent pas dans sa plénitude. […] Shakespeare cependant sait qu’il n’existe qu’un « par-delà » authentique : celui qui inclut ce qu’il domine, — et dans certains de ses personnages de femmes la vertu surgit avec une telle droiture de tige que, sans que le personnage cesse un seul instant d’être vivant, par chacun de ses actes et de ses paroles il adhère à cette vertu et en dégage à tout moment l’arôme. […] Mais quand on possède à ce degré les idées ; quand on est à ce point engagé dans chacune d’elles ; quand, pour reprendre à Pascal un de ses mots, on est « embarqué » dans chaque proposition qu’on énonce, ce n’est plus sur un peuple de figures, mais bien sur un peuple d’êtres vivants que l’on règne. […] Je suis vivant ; je puis me défendre ; tandis que personne ne prendra plus pour eux la paroleev ! […] Ailleurs j’ai laissé parler mon cœur ; ici j’ai tâché de faire parler mon esprit : des nombreux visages que je garde de mon ami il m’a paru que comme de son vivant il préférerait que dans sa maison ce fût le plus intellectuel, le plus objectif qui figurât ; — et celui-là, c’est le visage d’un héros de la connaissance.
Plus d’air pour soutenir un atome vivant ! […] Lisbette passait ses journées assise auprès de son basilic et elle lui parlait de tout son cœur, comme s’il était la personne même vivante de son Laurent. […] Selon Jean Bernier, Ronsard, qui n’osait pas s’attaquer à Rabelais vivant, attendit son trépas pour assouvir sa rancune, en rimant cette épitaphe. […] On voit leur cou fléchir, leur tête se pencher ; leurs yeux, leurs mains, tous leurs membres semblent ceux d’une personne vivante. […] Il fait voir, néanmoins, un Mirabeau bien vivant dans son allure.
On auroit vu l’expression vivante du génie, au lieu de cette physionomie morte qui naît des traductions. […] Le trait vivant, naïf, s’éloignera d’autant plus ; le tableau aura de l’art, mais point de ressemblance. […] Elle n’a pas besoin d’être ornée ; elle est belle, parce qu’elle est une & vivante, qu’elle ne veut point séduire, & qu’elle se félicite de ne point exister pour qui ne l’apperçoit pas. […] Chacun vivant à son gré, & les mœurs étant prodigieusement mêlées, il n’y a point d’état & de caractère qui ne porte son excuse avec soi. […] Mais celui qui, fermant courageusement les livres, pour n’ouvrir que celui de la Nature, ne s’en rapportera qu’à son œil pour voir, à son oreille pour entendre, à son cœur pour sentir, saisira le modèle vivant dans son énergique attitude, & frappera ses productions d’un dégré de vie que l’autre n’obtiendra point.
Il lui eût fallu, à cet âge, une influencé vivante, un maître, un homme. […] Quand le Vaudois Juste Olivier vint à Paris à vingt ans, il alla voir Sainte-Beuve à peine plus âgé, et il nous a gardé bien vivante dans son journal leur précieuse conversation. […] Autant que dans un ménage nous sommes dans une eau vivante. […] Sa conversation était aussi vivante que ses cours l’étaient peu. […] Les quelques années qui suivent 1848 formeraient la partie la plus vivante et la plus riche d’une Genève d’Amiel.
Et surtout comme ils sont vivants, comme ils sont remuants, actifs d’esprit, et comme ils sont loin d’être d’accord ! […] Or, cette ploutocratie nous la trouvons décrite, puissamment peinte et caractérisée, dans Balzac ; et voilà Balzac, malgré tant de défauts littéraires, doué d’une qualité qui compense tous les défauts et qui vaut toutes qualités : il est vivant ; il est vivant d’une façon intense. […] Je n’avais pas compris un peuple créant sans cesse sa religion, prenant ses dogmes d’une façon vivante et vraie. […] Cela, de plus, assez souvent, n’était pas vivant du tout. Comment le vrai peut-il ne pas être vivant, ce sont les Goncourt qui en ont donné la démonstration et la preuve.
Je suis convaincu, pour ma part, que si jamais les descendants de Montesquieu consentaient à livrer à la curiosité publique ce qu’ils détiennent encore des papiers de l’illustre auteur de l’Esprit des lois, on n’y retrouverait guère que les matériaux, à peine dégrossis, des œuvres que Montesquieu a publiées de son vivant. […] À plus forte raison, quiconque lirait Bossuet ou Fénelon, lesquels sont d’abord moins lus, et dont les leçons, ensuite, sont moins vivantes parmi nous que les leçons de Voltaire. […] Une phrase n’est plus désormais quelque chose d’indécis et de flottant, d’amorphe, pour ainsi dire, de vague en son contour et d’inorganique en sa constitution, mais quelque chose de vraiment vivant, d’articulé, d’individuel. […] Mais, en réalité, sur les autres, sur les morts, — ceux dont aucun vivant ne prétend à se réclamer, comme par exemple M. […] Pas un grand poète, en aucun temps, depuis Homère jusqu’à Hugo, dont les regards ne se soient tournés complaisamment vers le passé ; dont l’imagination n’ait aimé remonter d’âge en âge le cours lointain des jours vécus ; et de qui l’on ne puisse dire, avec le philosophe, que l’humanité s’est composée pour lui de moins de vivants que de morts.
Elle mérite de devenir l’idée fixe de tous les esprits vivants et généreux. […] Comme les grands poètes, il a senti frémir en lui, dans ces minutes singulières, l’âme généreuse et palpitante de ces êtres vivants que le vulgaire appelle les choses inanimées. […] mais, vivante en lui, chante au cœur du poète L’hymne mélodieux de la sainte Beauté. […] Le buste et les bras d’une ligne gracile et pure, les hanches riches, les chevilles fines, dans sa belle forme d’amphore vivante, elle lui plut. […] Rien de plus vivant que ce dialogue des morts.
Quant à la seconde, il faut souhaiter qu’elle reste toujours une réalité vivante. […] Ailleurs, parlant encore de l’homme, dont l’industrie creuse les mines pour en extraire les métaux, Rousseau ne songe qu’à lui reprocher son avarice et sa cupidité, lieu commun suranné, déclamation d’école, qu’il exagère encore par une de ses boutades : « Il s’enterre tout vivant, dit-il, et il fait bien ! […] L’œuvre de l’écrivain ou de l’artiste étant l’œuvre de l’homme tout entier dans sa complexité vivante, on ne peut espérer de bien connaître et de bien, expliquer cette œuvre que par l’analyse de cette complexité, de ce « tout naturel. » L’âme n’est qu’un des deux modes du moi. […] L’esprit français, en général, est un esprit de prose et de précision plus que de poésie et de musique ; cependant il faut reconnaître que nulle part, à l’heure qu’il est, la musique n’est plus vivante qu’en France. […] « La Nuit, que tu vois plongée dans un si doux sommeil, fut sculptée en ce marbre par la main d’un Ange, et, puisqu’elle dort, elle est vivante.
Dimanche 8 avril Voici Paul Margueritte, qui pousse la porte du Grenier, bien vivant, bien portant. […] Mais là, pétrir de la glaise ne lui semblait pas, avec les idées de son enfance, l’œuvre d’un vrai sculpteur, d’un sculpteur frappant, à tour de bras, sur de la matière dure ; et il entrait dans un atelier de médailliste, où se creusaient des coins, où l’on incisait le métal : vivant alors de travaux commencés pour des camarades, de bronzes de poignées de commodes, pour un réparateur de vieux meubles, et venant à l’atelier d’une manière intermittente, et travaillant sans goût. « Car, s’écrie-t-il, en levant la tête de sa terre, il n’y a que sept ou huit ans, que l’amour du travail m’est venu… et seulement, quand j’ai été encouragé par des gens, dont j’estimais au plus haut degré le talent… quand j’ai été encouragé par Rodin. » Et maintenant, c’est un rude et acharné travailleur, s’appliquant, dans les loisirs que lui laissent ses médaillons, à faire de l’objet de la vie usuelle, un objet d’art, ayant à l’exposition du Champ-de-Mars, de cette année, des corbeilles à miettes, des brosses, des bougeoirs, des jetons, des cartons pour estampes, des couvertures gaufrées de catalogues, des programmes du Théâtre-Libre. […] , mon premier volume, a paru, le jour du coup d’État de Napoléon III, le septième volume du Journal des Goncourt, peut-être le dernier volume, que je publierai de mon vivant, voit ses annonces et ses échos, arrêtés par l’assassinat du président de la République. […] Pichot parle de la représentation sur le théâtre d’Orange, où, dit-il, le remuement dans le feuillage des vrais arbres du théâtre, amené par le mistral, rendait la scène vivante. […] Hébert lui a fait les honneurs de la Chapelle Sixtine, et à la demande de Zola, de voir de sa peinture, lui a dit : « Après la visite de la Chapelle Sixtine, on ne voit pas de l’Hébert ; vous la verrez, ma peinture, à Paris, où il n’y a pas une concurrence si redoutable. » Vendredi 28 décembre Mon Dieu, qu’il est vivant, qu’il est bruyant, qu’il est assourdissant ce Mistral !
D’un autre côté, ses plus beaux vers, épars de son vivant et un peu perdus dans les Recueils du temps, n’ayant été réunis pour la première fois qu’en 1630, deux ans après sa mort, on ne voit pas bien comment se serait exercée son influence. […] Comme il voulait faire de la monarchie française le type en quelque manière de l’État moderne, vraiment un, vraiment vivant, vraiment organisé, la littérature, elle aussi, semblait tendre vers le même idéal d’organisation et de vie commune. […] La vivante incarnation de la Préciosité. […] — Et de là encore les attaques de Molière contre Corneille et les « grands comédiens », qui sont ceux de l’hôtel de Bourgogne ; — si ces gens-là ne travaillent pas d’après le modèle vivant ; — mais d’après un idéal dont nous ne pouvons pas vérifier la justesse dans la nature. […] — et vivant eux-mêmes comme ils faisaient [Cf.
Cette seconde explication est d’autant plus probable que la finesse des commentateurs ne lui a jamais épargné les réflexions malveillantes, même de son vivant ; on dirait qu’ils se sont tous donné le mot pour exalter son génie aux dépens de son caractère. […] Il vivait dans la retraite, assistant sans amertume au déclin de sa propre gloire, éclipsée de son vivant par des gloires plus jeunes et plus brillantes, heureux du moins d’avoir, comme Agathon, conquis la sagesse. […] Ce récit, où la foi vivante au Dieu vivant anime et réchauffe toutes les pages, où la justesse qui persuade s’unit à la passion qui entraîne, convertira des esprits que le pur raisonnement n’eût point touchés, et trouvera sans doute le chemin de bien des cœurs que la prédication laisserait insensibles. […] Et n’est-ce pas vivre qui est la première affaire des vivants ? […] Je renonce à ma part d’héritage, pendant que nous sommes encore vivants tous deux.
Pour cela il a choisi le chat, à cause de sa mine papelarde et discrète, entre tous un chat vivant comme un dévot ermite, « un chat faisant la chattemite, un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras. » Ce dernier point ne manque guère dans le personnage. […] Votre serviteur Gille, Cousin et gendre de Bertrand Singe du pape en son vivant, Tout fraîchement en ville Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler : Car il parle, on l’entend ; il sait danser, baller, Faire des tours de toute sorte, Passer en des cerceaux ; et le tout pour six blancs. […] Notre tête était pleine de formes, de couleurs, d’accents, de mouvements ; le spectacle des passions vivantes éveillait en nous des passions vivantes.
Comme tout cela est vivant, et quel ton facile ! […] Chose inouïe en ce temps, il observe les caractères, note leurs différences, étudie la liaison de leurs parties, essaye de mettre sur pied des hommes vivants et distincts, comme feront plus tard les rénovateurs du seizième siècle, et, au premier rang, Shakspeare. […] Le poëme n’est plus, comme dans la littérature environnante, une simple procession, mais un tableau où les contrastes sont ménagés, où les attitudes sont choisies, où l’ensemble est calculé, en sorte que la vie afflue, qu’on s’oublie à cet aspect comme en présence de toute œuvre vivante, et qu’on se prend d’envie de monter à cheval par une belle matinée riante, le long des prairies vertes, pour galoper avec les pèlerins jusqu’à la châsse du bon saint de Cantorbéry. […] Âge triste et morne, amusé par des divertissements extérieurs, opprimé par une misère plate, qui souffre et craint sans consolation ni espérance, situé entre l’esprit ancien dont il n’a plus la foi vivante, et l’esprit moderne dont il n’a pas la science active.
Le spectacle d’hommes remarquables par le caractère, l’intelligence, le talent, pensant différemment les uns des autres, se le disant vivement, rivaux sans doute, mais rivaux pas aussi implacables que ces généraux qui, en Espagne, immolaient des armées à leurs jalousies ; occupés sans cesse des plus graves intérêts des nations, et élevés souvent par la grandeur de ces intérêts à la plus haute éloquence ; groupés autour de quelques esprits supérieurs, jamais asservis à un seul ; offrant de la sorte mille physionomies, animées, vivantes, vraies comme l’est toujours la nature en liberté ; — ce spectacle intellectuel et moral commençait à saisir et à captiver fortement la France.
Son parti est pris ; il ne s’en ouvre d’abord qu’à sa mère, venue là pour partager son destin et vivant auprès de lui.
Le jeune Saint-Victor, élevé pendant ses premières années hors de France, en Suisse, puis en Italie, à Rome et en d’autres lieux peuplés de vivants souvenirs, y put comparer de bonne heure les chefs-d’œuvre des Écoles rivales ; il grandit et se forma à l’idée, du beau parmi les marbres et les tableaux des maîtres ; il lui fut donné, comme à Roméo, de voir à temps la beauté véritable, et depuis ce jour il ne put jamais s’en déprendre.
Mais cette idée, qui, si elle avait été réalisée selon des conditions naturelles d’existence, dans un lieu, dans un encadrement déterminé, et à l’aide de personnages vivant de la vie commune, aurait été admise des lecteurs superficiels et probablement amnistiée, cette même idée venant à se transfigurer en peinture idéale, à se déployer en des régions purement poétiques, et à s’agiter au loin sur le trépied, a dû être l’objet de mille méprises sottes ou méchantes : on n’a jamais tant déraisonné ni calomnié qu’à ce sujet.
La très-grande majorité des gens de lettres sont des travailleurs, des ouvriers d’une certaine condition, vivant de leur plume.
Dans cette imitation, Dumas a mis son individualisme de plébéien, son tempérament d’athlète sensuel et bon, son imagination puissante et foncièrement scénique, son style vivant et lâché.
Une causerie d’artistes qui plaisantent dans un atelier, une belle jeune fille qui se penche au théâtre sur le bord de sa loge, une rue lavée par la pluie où luisent les pavés noircis, une fraîche matinée riante dans les bois de Fontainebleau, il n’y a rien qui ne nous le rende présent et comme vivant une seconde fois.
Près de l’enfant, vivant, mourant, Flambeau incarne l’épopée impériale ; il est l’héroïsme populaire qui ne s’éteint pas, il est terrible, il est joyeux, il est charmant.
La nouvelle génération philosophique comprendra la nécessité de se transporter dans le centre vivant des choses, de ne plus faire de la philosophie un recueil de spéculations sans unité, de lui rendre enfin son antique et large acception, son éternelle mission de donner à l’homme les vérités vitales.