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519. (1894) Propos de littérature « Dédicace » p. 7

Cependant mon amitié, qui trouve une joie vive à tracer ici votre nom, s’enhardit d’une excuse.

520. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 118

Le style en est vif, élégant, & facile.

521. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 429

L’érudition qui y abonde, le style qui, sans être ni vif, ni délicat, a une rondeur justement proportionnée à ce genre de composition, sont propres à satisfaire le Lecteur curieux & censé.

522. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article »

Avec plus de politesse & de discernement, elle eût pu tirer un parti avantageux de son esprit vif & facile, mais trop peu assujetti à la raison & au goût.

523. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Euphrosyne est la joie que nous cause la pure délectation de la voix musicale et harmonieuse. » Sans insister sur les distinctions un peu platoniques du vieil auteur, il me suffit des traductions vives qu’il emploie pour éclairer la discussion même. […] La plénitude de la vie, la fraîcheur des amitiés premières, l’essor des espérances poétiques qu’anime et couronne déjà le premier rayon de la gloire, ces vives sources d’inspiration s’y jouent au sein d’une nature radieuse et féconde dont l’hymne grandiose finit par tout dominer. […] » On devine peut-être de quelle façon vive cette gaie parole doit se comporter dans l’original : qu’on y joigne les nombreux et presque continuels dactyles qui sont l’âme du vers bucolique (comme l’un de nos meilleurs hellénistes, M. […] On y trouve à étudier dans un cadre peu étendu un des plus vrais et des plus vifs tableaux de l’antiquité. […] On est heureux s’il en reste assez du moins pour donner le vif sentiment de la fraîcheur.

524. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

J’y manquai toujours ; j’avais contre elle les préventions vives d’un partisan de Louis XVIII ; j’accusais cette reine d’avoir trempé dans le retour de l’île d’Elbe, en 1815. […] Nous acceptâmes, avec les expressions d’une vive reconnaissance, l’obligeante proposition ; seulement nous insistâmes pour que rien ne fût dérangé à l’établissement nocturne dans le châlet intérieur, et nous ne consentîmes à accepter que le logement du fenil. […] XII Une si vive imagination ne pouvait cependant se sevrer si jeune d’amour. […] « Quant à des sentiments autres que ceux de l’estime et d’une vive amitié de la part de la princesse, je crois qu’ils n’existent pas. […] Son frère Aurèle, cependant, voyait quelquefois les lettres, brûlées depuis ; si l’on en croit ce témoin consciencieux et véridique, ces lettres n’exprimaient que l’amitié la plus vive, mais la plus irréprochable.

525. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Rentré en France quelques années après, j’en jouissais par une vive et sincère amitié pour le mari et pour la femme. […] Il me jeta un regard vif, pressé, gracieux, d’une extrême bienveillance. […] « Une vive discussion suivit. […] laissons faire les uns et les autres, et vive tout le monde !  […] « Il faut que je vive, ma sœur, sans jamais rien demander à personne ; il faut que je vive pour travailler afin de m’acquitter envers tous !

526. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Ce fut surtout vers 1827 que ce vif intérêt de Goethe pour la nouvelle et jeune France se prononça pour ne plus cesser. […] Il m’a paru aujourd’hui tout autre qu’hier ; il semblait en tout vif et décidé comme un jeune homme. […] J’ai dit à mon fils d’aller vous voir pendant mon absence. » Tant de sollicitude de la part de Goethe m’inspirait de vifs sentiments de reconnaissance, et j’étais heureux de voir qu’il me traitait comme un des siens et qu’il voulait que je fusse considéré comme tel. […] « Marienbad, le 14 août 1823. »   Cette lettre me fit le plus vif plaisir, et je fus dès lors décidé à me laisser entièrement guider par Goethe. […] J’eus avec le jeune Goethe un entretien très vif sur le Portrait de Houvald10, joué au théâtre quelques jours auparavant.

527. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Nul n’y pouvait lire cent vers de suite sans y rencontrer, soit une vue hardie, soit un doute, soit une explication sur le point vif de ses opinions, soit simplement quelque détail conforme à son tour d’esprit. […] Toutefois, il garda jusqu’à la fin les goûts délicats qu’il tenait de Valentine de Milan, sa mère, et ce tour d’esprit, plus léger que vif, qui le portait à rimer tous les incidents de sa vie. […] On admire dans ce poète des expressions vives pittoresques, trouvées ; un style en apparence plus difficile à comprendre, à la première lecture, que celui de Charles d’Orléans, parce qu’il est plus vrai, plus senti plus français. […] Oui ; ou tout vif aller ès çieulx. […] Le premier, Villon s’est affranchi de l’imitation des vieux romanciers ; le premier, il a tiré sa poésie de son cœur ; le premier, il a créé des expressions vives, originales, durables.

528. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Elle était digne de Bossuet, et j’admire qu’avec une science si profonde des cœurs, quand il pouvait les ouvrir, pour ainsi parler, et les étaler tout vifs sur la chaire, il aime mieux poursuivre et harceler son auditoire d’austères explications du dogme, et songe plutôt à lui faire peur de ne pas croire qu’à l’intéresser par l’imagination à bien agir. […] Il ne faut pas d’ailleurs chercher dans les sermons de Bourdaloue ces vives peintures des personnes divines dont Bossuet anime l’explication des dogmes. […] Une imagination vive, une mémoire vaste et prompte qui sert comme d’une seconde intelligence, le talent d’écrire, la science du langage ; on n’est pas rhéteur à moins. […] Au contraire, il loue l’ambition, il exalte l’amour de la gloire ; il veut que l’homme vive de toute sa vie, de toutes ses forces, de toutes ses passions même, à charge de les conduire et d’en rester maître. […] » C’est un chant qui lui échappe en contemplant l’idéal même de « la simplicité charmante. » Rien de plus vrai que ses vives esquisses de La Fontaine, de Montaigne, de Pascal, de La Bruyère, où, n’en déplaise à la Harpe, il a si fort raison de trouver du pathétique.

529. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

On a objecté aussi la vive douleur du mal de dents, qui ne semble pas pourtant mettre notre conservation en danger. […] La première lueur du soleil excite votre œil et, à mesure que le soleil levant monte à l’horizon, il semble que le plaisir se lève aussi et monte à l’horizon de votre conscience ; mais quand la lumière est devenue trop vive, votre œil est blessé, aveuglé. […] Selon nous, c’est au contraire le plaisir et la peine qui, en se combinant, produisent l’état d’excitation ; et quand l’excitation est vive, quand le changement est à la fois assez brusque et assez fort, il y a choc. […] Psychologiquement, c’est l’intensité de l’action déployée, et volontairement déployée, qui, en produisant une conscience plus vive de l’action et de son indépendance, produit aussi du plaisir. […] Seule, en cette sphère inférieure de la sensibilité générale, la souffrance peut être déjà très vive à partir du point d’équilibre, parce que l’équilibre y est strictement nécessaire à la conservation : un coup, une brûlure, une colique peuvent immédiatement causer une violente douleur.

530. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

À l’entrée solennelle qui se fit le 15 septembre aux flambeaux, il était huit heures du soir quand le roi à cheval passa sur le pont Notre-Dame, accompagné d’un gros de cavalerie et entouré d’une magnifique noblesse : Lui avec un visage fort riant, et content de voir tout ce peuple crier si allègrement Vive le roi ! […] Mais je vois bien où vous en voulez venir en faisant ainsi le niais et l’ignorant, c’est en intention de me la faire nommer, et je le ferai. » Et il nomme sa maîtresse Gabrielle comme réunissant évidemment les trois conditions : « Non que pour cela, ajoute-t-il un peu honteusement et en faisant retraite à demi, non que je veuille dire que j’aie pensé à l’épouser, mais seulement pour savoir ce que vous en diriez, si, faute d’autre, cela me venait quelque jour en fantaisie. » On voit quelle vive et vraie conversation il s’est tenu entre le roi et Sully dans ce jardin à Rennes ; il n’y a manqué pour faire une excellente scène de comédie historique que d’avoir été racontée par les secrétaires un peu plus légèrement. […]  » s’attire une querelle très vive avec la mère.

531. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Après tout, assez peu lui importe qu’on atteigne à cette croyance vive qui est la source unique de la vérité et du bonheur, selon Pascal et les vrais croyants. […] Et comment voulez-vous que Charron, dans sa controverse chrétienne et dans les discours religieux qu’on a de lui, ait touché au vif la fibre humaine, lorsqu’au fond il a en tel mépris ceux qu’il appelle dogmatises et qui affirment, c’est-à-dire qui n’osent se maintenir dans cet état de balance parfaite où il place le bonheur et la sagesse ? […] Dans une bonne édition de Charron, à chaque passage un peu vif. à chaque expression pittoresque, il devrait y avoir une note indiquant l’endroit de Montaigne d’où c’est pris.

532. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

De la parole vive au papier il s’est fait bien des naufrages. […] Il lui parle du jeune Grammont, qui est près de lui à ce siège, avec intérêt et désir de flatter le cœur d’une mère : « Je mène tous les jours votre fils aux coups et le fais tenir fort sujet auprès de moi ; je crois que j’y aurai de l’honneur. » Les expressions de tendresse, mon cœur, mon âme, s’emploient toujours sous sa plume par habitude, mais on sent que la passion dès longtemps est morte ; et enfin le moment arrive où, après quelques vives distractions qui n’avaient été que passagères, Henri n’a plus le moyen ni même l’envie de dissimuler : l’astre de Gabrielle a lui, et son règne commence (1591). […] La comtesse de Grammont, outrée de dépit, eut un tort envers Henri IV : elle voulut se venger ; elle crut y réussir en ranimant les espérances de mariage du comte de Soissons avec Madame sœur du roi, sachant bien en cela lui déplaire et contrarier au vif ses intentions : « Elle se plaisait à le fâcher, dit Sully, pour ce que, l’ayant aimée, non seulement il ne l’aimait plus et en aimait d’autres, mais même encore avait honte, à cause de la laideur où elle était venue, que l’on dît qu’il l’eût aimée. » Une lettre sévère de Henri la rappela à son devoir et la remit à son rang de sujette : Madame, lui écrivit-il (mars 1591), j’avais donné charge à Lareine (sans doute quelque messager) de parler à vous touchant ce qui, à mon grand regret, était passé entre ma sœur et moi.

533. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Ubicini, qui s’est fait connaître avec distinction dans les dernières années par des études et des travaux d’un ordre différent, avait de longue main fréquenté Voiture et noué une étroite connaissance avec lui ; il avait préparé les matériaux de l’édition qu’il vient de donner, et il l’a fait précéder d’une notice vive, spirituelle, dans laquelle il juge son auteur avec goût, sans l’exagérer et sans en être ébloui, et d’un ton tout à fait aisé. […] L’esprit et la grâce qui animaient ce petit corps, l’étincelle qui en jaillissait à la première rencontre, la hardiesse et l’aisance, le don de l’à-propos, un soin vif entrecoupé parfois d’un air de rêverie et rehaussé d’un grain de caprice, faisaient de lui la personne la plus agréable et la mieux accueillie, et en particulier, auprès des femmes et des grands. […] Aurait-il été un président Hénault beaucoup plus vif, un Gresset plus durable, un abbé Galiani mitigé et de meilleur ton ?

534. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Voltaire, dans son invention vive et rapide, se montre fidèle à son objet même : il est prompt, il ne s’appesantit pas, il est l’homme de l’impatience et de la délicatesse françaises ; il égaie chaque chose et peint chaque auteur en quelques traits ; il fait vivre son allégorie autant qu’une allégorie peut vivre. […] En voici une de Callimaque qui, traduite, semble peu de chose et indifférente ; elle a cependant du charme dans l’original, et elle respire un sentiment vif d’amitié et de tendresse. […] L’épigramme, chez les Grecs, n’est souvent que cela, un mot, une larme, un regret, un désir, un sourire, un sentiment vif et fugitif qu’on veut fixer.

535. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

On se donne souvent bien de la peine pour réveiller des choses passées, pour ressusciter d’anciens auteurs, des ouvrages que personne ne lit plus guère et auxquels on rend un éclair d’intérêt et un semblant de vie : mais quand des œuvres vraies et vives passent devant nous, à notre portée, à pleines voiles et pavillon flottant, d’un air de dire : Qu’en dites-vous ? […] Il y a longtemps que Pindare l’a dit pour ce qui est des vers : Vive le vieux vin et les jeunes chansons ! […] Dans la dernière moitié de l’ouvrage qui n’est pas moins étudiée ni moins exactement exprimée que la première, je signalerai un inconvénient qui a trop éclaté ; c’est que, sans que l’auteur y ait visé certainement, mais par l’effet même de sa méthode qui consiste à tout décrire et à insister sur tout ce qui se rencontre, il y a des détails bien vifs, scabreux, et qui touchent, peu s’en faut, à l’émotion des sens ; il eût absolument fallu s’arrêter en deçà.

536. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

. — Mais il n’y réussit pas suffisamment, dira-t-on ; il a beau décrire à merveille la race dans ses traits généraux et ses lignes fondamentales, il a beau caractériser et mettre en relief dans ses peintures puissantes les révolutions des temps et l’atmosphère morale qui règne à de certaines saisons historiques, il a beau démêler avec adresse la complication d’événements et d’aventures particulières dans lesquelles la vie d’un individu est engagée et comme engrenée, il lui échappe encore quelque chose, il lui échappe le plus vif de l’homme, ce qui fait que de vingt hommes ou de cent, ou de mille, soumis en apparence presque aux mêmes conditions intrinsèques ou extérieures, pas un ne se ressemble14, et qu’il en est un seul entre tous qui excelle avec originalité. […] La science, la campagne et la nature solitaire ont, en revanche, agi puissamment sur lui, et il leur a dû ses sensations les plus contrastées, les plus vives. […] Je ne sais si je m’explique bien : c’est là le point vif que la méthode et le procédé de M. 

537. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Un mois après le retour d’Issy et ce qu’on appelait alors une seconde Journée des dupes, il nous fait part d’une confidence de la reine et de ce qu’il répondit : « La reine, nous dit-il, me mena le même jour (20 janvier) dans son cabinet, et me parla avec une vive douleur des changements qu’elle voyait dans l’amitié du roi. […] La reine avait de la tendresse et une passion des plus vives pour son jeune époux ; le roi, même dans le temps où il se contenait dans le devoir, ne lui marquait que peu de tendresse ; ces froideurs d’alors, nous assure-t-on, étaient moins éloignement pour la reine que timidité de la part du roi. […] Le Roy, le veneur ordinaire, un La Bruyère à cheval : « Né avec un goût vif pour les femmes, nous dit-il du roi, des principes de religion, et plus encore beaucoup de timidité naturelle, l’avaient tenu attaché à la reine, dont il avait eu déjà huit ou dix enfants.

538. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Le Play est d’une génération toute nouvelle ; il est l’homme de la société moderne par excellence, nourri de sa vie, élevé dans son progrès, dans ses sciences et dans leurs applications, de la lignée des fils de Monge et de Berthollet ; et, s’il a conçu la pensée d’une réforme, ce n’est qu’à la suite de l’expérience et en combinant les voies et moyens qu’il propose avec toutes les forces vives de la civilisation actuelle, sans prétendre en étouffer ni en refouler le développement. […] L’intolérance, en effet, selon sa remarque, est un défaut français par excellence ; nous sommes prompts, nous sommes vifs et exclusifs ; nous portons notre prévention du moment dans toutes nos idées ; nous passons vite de la parole à l’acte35. […] L’auteur a particulièrement insisté, en maint endroit, sur l’esprit de liberté, d’égalité et d’harmonie, qui animait les bourgeois de cette Commune sous la vive influence du christianisme dont ils étaient imbus et pénétrés.

539. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Elle trouve chez eux une résistance sourde et telle qu’en pouvaient opposer à une jeune reine inexpérimentée et vive de sages et réservés politiques. […] c’eût été assurément trop exiger, c’eût été trop demander à une jeune reine de vingt-trois ans, mais, enfin, les suppositions ne sont pas défendues, et je veux me figurer, un moment, une jeune princesse comme il s’en est vu sur le trône en divers temps et en ce même xviiie  siècle, une tête politique déjà capable sous des traits charmants : à ces cris d’alarme, à cet appel parti de Vienne, Marie-Antoinette, si elle eût été cette princesse égale de tout point à sa situation, eût répondu avec une pleine sympathie filiale sans doute, mais dans un sentiment français non moins vif et en reine qui sent aussi le poids de sa couronne. […] Je n’ai jamais pu oublier, quand j’ai eu à parler de Joseph II, ce reste de tradition vivante, égarée et comme perdue si loin de sa source, mais vive et directe encore, qu’il m’a été donné de recueillir.

540. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Elle produit les plus fortes, les plus vives, les plus dramatiques et les plus angoissantes. […] On jugerait plutôt l’individu pleinement adapté à cette vie sociale passagère, et l’on ne constate pas de lutte vive, d’antagonisme durable entre les désirs de l’individu et les exigences de la famille et de la race. […] Je me rappelle une chienne qui m’accompagnait à la chasse avec de vives démonstrations de joie.

541. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Jamais on ne les avait vus si désarmés, si incapables de ressort contre les accidents contraires ; jamais ils n’avaient manifesté une organisation si fragile ; ils se crispent sans cesse dans un émoi douloureux de suppliciés qu’on écorche à vif. […] D’ailleurs il avait su prendre sur nous un entier crédit par sa parole vive et imagée, sa franche et loyale nature, son obligeante assiduité. […] Les élèves de l’École de Saint-Cyr crient « Vive le Roy » et, lacérant le drapeau tricolore planté sur leur école, en enlèvent les bandes rouge et bleue pour n’en laisser flotter que le blanc, emblème de leurs préférences.

542. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Le livre est abstrait de sa nature ; il se lit dans le cabinet, sous la lampe ; ses pages les plus vives restent toujours dans le clair-obscur. […] Mais que, dans un être organisé à l’état normal, le mépris soit le principe et la substance de l’amour, que l’homme préfère, d’instinct, la courtisane à la vierge et l’abreuvoir à la source vive ; que les taches fassent, pour lui, partie de la séduction de la femme, comme elles font partie de la beauté de la bête, c’est là un paradoxe excessif qui calomnie la nature humaine. […] La toile d’une pièce est rarement tombée sur une crise plus vive et plus saisissante.

543. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Il est arrivé au cardinal Mazarin, si heureux en toutes choses, un très grand malheur après sa mort : cet homme, sans amitiés et sans haines, n’a eu qu’un seul ennemi avec qui il ne se soit pas réconcilié et à qui il n’ait jamais pardonné, le cardinal de Retz ; et celui-ci, en écrivant ses immortels Mémoires, a laissé de son ennemi, de celui en qui il voyait un rival heureux, un portrait si gai, si vif, si amusant, si flétrissant, que les meilleures raisons historiques ont peine à tenir contre l’impression qui en résulte, et qu’elles ne parviendront jamais à en triompher. […] Il est dans son élément au milieu des cabales ; il s’y retrouve et il y nage encore en idée par les vives descriptions qu’il en fait. […] M. de Laborde a réussi dans son apologie de Mazarin, en ce sens qu’après l’avoir lu on emporte de l’esprit du ministre, de ses qualités aimables et puissantes, une idée fort présente et fort vive, égale à tout ce qu’on en pouvait penser déjà.

544. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Mise en regard de la correspondance de Voltaire, celle de Franklin fait naître bien des pensées ; tout y est sain, honnête, et comme animé d’une vive et constante sérénité. […] Sa correspondance, en ces années, ne cesse pas d’être intéressante et vive, et elle se nourrit jusqu’au bout des mêmes sentiments. […] Sur la mort, il n’avait jamais varié depuis des années, et son espérance devint plus vive et plus sensible à mesure qu’il approchait du terme.

545. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Et, à quelques jours de là, nous comparaissions devant un juge d’instruction presque poli, mais qui perdait soudainement toute politesse dans son embarras et son déconcertement, quand nous lui montrions les cinq vers incriminés, tout vifs imprimés dans le Tableau historique et critique de la poésie française. […] * * * — Ce fut un petit coup de sonnette vif et court. […] — Je veux que vous me le répétiez de vive voix.

546. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Les jeunes ouvrières qui lisent les romans à très bon marché ne sont capables que de l’enthousiasme du premier moment, que de ce que j’ai appelé l’abandonnement ; le second moment n’existe que pour ceux qui sont plus âgés et qui sont doués d’une certaine faculté d’observation et de mémoire ; mais ceux-ci goûtent des plaisirs beaucoup plus vifs, étant encore capables de s’abandonner, l’étant surtout de comparer le roman à la vie et d’éprouver des sensations d’admiration très vive quand ils estiment que le roman a copié la vie avec sûreté ou plutôt l’a déformée de manière à accuser plus vigoureusement ses traits caractéristiques. […] La connaissance que nous avions d’un caractère est juste sans doute, mais elle est générale ; elle est d’ensemble et par conséquent elle est flottante encore ; ce qui nous ravit, c’est d’avoir retrouvé dans le roman cette même connaissance sous un rayon plus vif qui fait sortir les traits de détail, qui met en relief les particularités significatives et qui nous fait dire : « Comme c’est vrai !

547. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

L’ancienne société, en finissant, a eu ses vierges et ses captives, qui se sont couronnées d’un vif éclat dans les geôles et sur les échafauds. […] En les lisant, si courants et si vifs, on croirait souvent l’entendre. […] Elle ne se tenait pas aux combinaisons de la Constitution anglaise ; elle allait aussi avant sur bien des points que les royalistes constitutionnels de la plus vive génération, tels que MM. de Narbonne, de Montmorency, et M. de La Fayette lui-même. […] A partir du 18 brumaire, un intérêt plus vif s’y mêla ; l’opposition de Benjamin Constant au Tribunat devint un dernier nœud de rapprochement. […] Après chaque poussée en avant, où un talent se fait jour de vive force, ils veulent clore, ils relèvent vite une barrière que de nouveaux talents forceront bientôt.

548. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rocher, Edmond (1873-1948) »

Sur la variété des sujets d’allure vive ou de douleur, les syllabes passent ou glissent sur des musiques diverses, par elles évoquées.

549. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 189

Il étoit d’une humeur mélancolique ; & malgré les obstacles de l’âge & du caractere, il a su répandre dans ses Comédies une gaieté vive qui réjouit par intervalles.

550. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 17

« L’amour de Dieu l’embrâsoit, poursuit ce Littérateur moraliste ; tout dans ses Discours respire la piété la plus tendre, la plus vive : je n’en connois point même qui ait ce mérite dans un degré égal, & qui soit plus dévot sans petitesse.

551. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 402

L’énergie du style annonce une imagination aussi vive que féconde.

552. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

sa douleur renaissait plus vive, plus cuisante, plus impitoyable que jamais. […] Florence, qui acceptait les sonnets de Castruccio, trouve fort impertinente la déclaration qu’il lui adresse de vive voix, et lui défend de reparaître dans le salon de lord Saxingham. […] Michelet, dont la loyauté est à l’abri de toute atteinte, dont l’âme, pénétrée de convictions généreuses, éclate à chaque page, mais qui prend volontiers une image pour une idée, un rapprochement ingénieux pour une maxime applicable au gouvernement des nations, excitera chez les esprits mêlés aux luttes politiques de vives sympathies, et peut-être aussi des haines non moins vives, dont je n’ai pas à me préoccuper. […] La générosité de Clinias qui vient de l’affranchir et de payer son passage sur un vaisseau, qui la renvoie libre et pure à Chypre, sa patrie, éveille en elle une vive reconnaissance. […] Gabrielle, qui a vu la subite résignation de son amant, ne peut pas embrasser avec une confiance bien vive ses projets de solitude.

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