Cette objection, Monsieur le Ministre, je vous l’ai présentée ; vous avez obligeamment admis qu’elle n’était pas sans valeur, et vous avez daigné m’autoriser à faire précéder le « Rapport » proprement dit de Réflexions sur la personnalité de l’esprit poétique de France à divers moments de notre race. […] Ainsi, non seulement seraient montrées mes parfaites intentions d’impartialité, mais encore ne seraient pas passés sous silence des poètes de valeur que la nécessaire rapidité de mon discours personnel m’avait obligé d’omettre. […] Cela est si vrai, qu’à l’heure actuelle les jeunes hommes qui n’ont pu frayer avec ce poète s’expliquent mal, dans ses plus parfaits poèmes, des tournures de phrase, des expressions qui ne valaient — valeur médiocre d’ailleurs, et même nulle — que par une bizarrerie tout actuelle, que par l’accent pince-sans-rire dont il les fallait proférer. […] C’est pourquoi, je pense, Stéphane Mallarmé, rigide observateur toujours des règles essentielles de notre prosodie, et Paul Verlaine, qui s’y soumit presque toujours, hormis dans quelques improvisations sans valeur, approuvèrent et estimèrent ce vers. […] Mais s’il lui fallait descendre, même un peu vite, du zénith rêvé, il serait encore, en bas, un poète terrien, de valeur réelle ; un Icare qui pourrait fort bien voleter, sous l’infini, avec les débris de ses ailes.
Ainsi l’esprit conservateur de l’Angleterre s’explique par ce sentiment de la réalité ; les institutions n’y sont pas estimées pour leur valeur philosophique, mais comme mesure, méthode et moyen d’activité. […] Pour la première fois, il fera connaissance avec des œuvres et des hommes qui jusqu’à présent n’avaient représenté pour lui que des noms et des titres, ou dont on lui avait incomplètement expliqué la valeur. […] Combien y avait-il de personnes en France, jusqu’à une époque très récente, qui eussent une idée exacte de la valeur de John Dryden ? […] L’auteur ne s’est pas trompé une seule fois sur la valeur des écrivains qu’il avait à juger, non plus que sur le rang qu’il devait leur assigner ; J’entends adresser de divers côtés à la critique de M. […] Aussi Shakespeare, qui s’y connaît, n’a-t-il garde de nier sa valeur et de le désavouer.
Toutes les valeurs y sont en pleine harmonie, et s’il les veut pousser plus loin, elles marcheront toujours de front vers le perfectionnement désiré. […] Victor Hugo, son esprit dut se fortifier à cette gymnastique, et il apprit ainsi à connaître l’immense valeur du mot propre. […] Berlioz a écrit un magnifique éloge en style technique ; mais je veux me contenter ici d’en vérifier la valeur par les suggestions qu’elle procure. […] où donc serait l’excuse de l’engouement s’il n’y avait là aucune valeur ? […] Il se fait une grande mêlée ; et, par manque de sagesse philosophique, chacun prend pour soi la moitié du drapeau, affirmant que l’autre n’a aucune valeur.
La discussion renouvelée de Molière, de Voltaire et de Lessing sur la valeur dramatique des récits dans L’École des femmes, est le seul morceau de l’Étude du Chevalier, où j’aie vu « la spirituelle Uranie » révéler par un exemple effectif la merveilleuse vertu de ce goût qui suffit à la critique. […] Mais deux ou trois faits relatifs à la personne de ces philosophes nous en apprennent plus long sur la formation de leurs théories littéraires, et par là sur leur valeur, que toute la critique du Chevalier. […] Cette petite remarque, que Molière était français, explique bien des choses dans son théâtre, et sert à réduire à leur juste valeur, c’est-à-dire au néant, des censures telles que celle-ci prononcée par William Schlegel : Molière moralise trop ; comme si notre littérature classique tout entière n’était pas une littérature de moralistes ! […] Ce qui me charme en lui, ce n’est pas seulement cette perfection des procédés de l’art, mais surtout cet aimable naturel, cette haute valeur morale du poète… Ce que Schlegel dit de Molière m’a profondément affligé… Pour un être comme Schlegel, une nature solide comme Molière est une vraie épine dans l’œil ; il sent qu’il n’a pas une seule goutte de son sang, et il ne peut pas le souffrir, etc., etc. » Voyez les Entretiens de Goethe et d’Eckermann.
Mais ce qui était réservé à M. de Balzac et ce qui peut aider à fixer la valeur de son mysticisme, c’était de trouver, pour peindre cet amour mystique ou platonique, des couleurs d’une nature telle, que ses lecteurs, ses lectrices surtout, dussent en être plus troublés que par de licencieuses images. […] Gaberel ; ce ne sera pas trop d’une autre causerie pour traiter de cette seconde partie, constater l’originalité et la valeur des documents qu’elle renferme, et remercier M. […] Si vous jugez de la gravité d’un crime par le mal qu’il fait à sa victime, par la valeur du bien qu’il lui arrache, regarderez-vous l’infraction à la liberté de penser comme plus grave que l’attentat à la liberté de croire ? […] Elle exalte, chez l’homme, le sentiment de sa valeur ; elle lui fait entrevoir un commencement d’égalité dans ce premier échelon qui le rapproche, lui capable d’acheter, de l’homme forcé de vendre. […] Il a su, en définitive, faire de la bonne et belle histoire, tout en restant biographe et peintre, et en observant exactement la loi de proportion et de valeur relative entre l’héroïne et son cadre.
Est-ce ma faute, si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n’a pour moi aucune valeur ? […] Et encore est-il vrai que bien des boni des hommes attachent leur destinée à des choses d’aussi peu de valeur que mes feuilles de saule.
Il n’importe ; votre vertu n’est point farouche, et jamais personne n’a mieux accordé Dieu et le monde que vous ne faites. » Le 26 juillet 1671, madame de Sévigné écrit à sa fille : « Hier, comme j’étais toute seule dans ma chambre avec un livre précieusement à la main… » Le 21 octobre suivant, elle écrit à sa fille : « L’honnêteté et la préciosité de mon long veuvage… » La langue, le bon sens et madame de Sévigné s’accordent très bien à consentir que précieuse soit entendu par la bonne compagnie comme signifiant qui a du prix, du mérite, de la valeur, et par opposition aux femmes communes, sans valeur et sans mérite, de toutes les conditions.
L’un d’eux dessine trois corbeaux, et c’est vraiment merveilleux de savoir, dans un dessin qui n’a jamais d’enveloppe ni de contour général, réserver les lumières, et d’être fixé d’avance si sûrement sur les places et les valeurs de sa composition. […] Et le panneau encore une fois remis au feu et retiré mollet, l’artiste indique un tronc tortueux par un large appuiement, mais interrompu, mais cassé, et pique avec la plus grande attention, dans le vide, dans l’effacement, les petites fleurs rouges d’un cognassier du Japon, ne plaçant qu’au dernier moment la valeur noire de son dessin, la tache intense à l’encre de Chine du tronc de l’arbuste.
IV Nous ne pouvons ni ne voulons rien citer du recueil de poésies en question, et voici pourquoi : une pièce citée n’aurait que sa valeur individuelle, et il ne faut pas s’y méprendre, dans le livre de M. Baudelaire, chaque poésie a, de plus que la réussite des détails ou la fortune de la pensée, une valeur très importante d’ensemble et de situation qu’il ne faut pas lui faire perdre, en la détachant.
Si c’est seulement sous ce dernier point de vue qu’elles acquièrent toute leur valeur, elles n’en ont pas moins déjà, sous le premier, une extrême importance, en caractérisant dès l’origine le sujet à considérer. […] Personne n’est plus profondément convaincu que moi de l’insuffisance de mes forces intellectuelles, fussent-elles même très supérieures à leur valeur réelle, pour répondre à une tâche aussi vaste et aussi élevée.
Ces faits qu’il épingle, ces citations dont il arrange la mosaïque insidieuse et éblouissante, il a sa manière personnelle, sa manière à lui de les montrer, de les arranger, de les mettre en valeur, — pour en tirer lui-même ou en faire tirer aux autres des conclusions… L’homme est ainsi fait qu’il ne peut pas ne point ajouter aux choses qu’il touche. […] … Leur valeur comme historiens, qui devaient faire avant tout l’Histoire de France et de la Révolution française, a été considérablement diminuée pour avoir dédaigné de regarder dans le fond de cette France qui avait pourtant sa vie propre, comme Paris la sienne… Pour leur peine, ils peuvent s’appliquer maintenant le mot effroyablement prophétique de Blücher : « La France mourra du cancer de Paris » ; car leurs histoires, aussi, en meurent !
L’honneur est le plus noble aiguillon de la valeur militaire. […] Les peuples, chez lesquels les différents ordres se disputent les honneurs pendant la paix, doivent déployer à la guerre une valeur héroïque ; les uns veulent se conserver le privilège des honneurs, les autres mériter de les obtenir.
Parlant du connétable de Montmorency, blessé à mort dans la bataille de Saint-Denis à l’âge de soixante-quatorze ans ; après quelques détails sur l’action, il dit : Il faut venir au connétable, lequel le lendemain mourut chargé de six coups, en âge, en lieu et condition honorables ; grand capitaine, bon serviteur, mauvais ami ; profitant des inventions, labeurs et pertes d’autrui, agissant par ruses, mais à leur défaut usant de sa valeur.
Dans ses lettres à M. de Kergorlay on le voit de bonne heure tracer le plan de sa vie, s’assigner un but élevé et se confirmer dans la voie dont il n’a jamais dévié : « À mesure que j’avance dans la vie, écrivait-il (6 juillet 1835) âgé de trente ans, je l’aperçois de plus en plus sous le point de vue que je croyais tenir à l’enthousiasme de la première jeunesse : une chose de médiocre valeur, qui ne vaut qu’autant qu’on l’emploie à faire son devoir, à servir les hommes et prendre rang parmi eux. » Il est déjà en plein dans l’œuvre politique, au moins comme observateur et comme écrivain, et malgré tout, en présence du monde réel, il maintient son monde idéal ; il se réserve quelque part un monde à la Platon, « où le désintéressement, le courage, la vertu, en un mot, puissent respirer à l’aise. » Il faut pour cela un effort, et on le sent dans cette suite de lettres un peu tendues, un peu solennelles.
Quel rapport entre ces enrichissements, cette sculpture si achevée, et cette cendre, cette poussière à laquelle tous ces ornements, quelque précieux qu’ils puissent être, ne donnent ni rehaussement ni valeur ?
L’un et l’autre sont bons, pourvu qu’on y respecte Le rôle de l’étoile ou celui de l’insecte : L’homme n’a de valeur qu’à son jour, à son lieu, Brin de fil enchâssé dans la toile de Dieu !
Le Journal de l’Estoile, si curieux, n’a point de valeur littéraire.
Le triomphe de son art, c’est l’expression indirecte qui oblige l’esprit à résoudre une petite équation ; il n’est suggestif que de signes, qu’il s’agit de substituer à d’autres par une rapide opération, pour déterminer la valeur intelligible du vers ou de la phrase.
Notre but est de réduire au minimum indispensable et légitime la part du sentiment personnel dans notre connaissance, en lui donnant toute sa valeur.
Voici les pièces qui m’ont le plus frappé : le sonnet XVIII, la Beauté ; c’est pour moi une œuvre de la plus haute valeur, et puis les pièces suivantes : l’Idéal, la Géante (que je connaissais déjà) ; la pièce XXV : Avec ses vêtements ondoyants et nacrés….
Il ne s’agit plus dès lors d’une souffrance ou d’une joie simplement anecdotiques, mais la phrase ainsi proférée garde intacte à jamais sa valeur absolue et générale, parce qu’elle a révélé non point le médiocre caprice sentimental d’un homme quelconque, mais l’ensemble même de l’univers prenant conscience de soi, en une brusque fulguration, dans cette pensée individuelle.
Ces réserves, cependant, restaient tous théoriques, elles n’étaient pas bien inquiétantes, et le principe de Carnot conservait toute sa valeur pratique.
Quoique Jésus attachât dès lors peu de valeur au pèlerinage, il s’y prêtait pour ne pas blesser l’opinion juive, avec laquelle il n’avait pas encore rompu.
De nombreuses observations étendues aux adultes, aux enfants, aux aliénés, aux diverses races humaines, il conclut que les modes d’expression sont les mêmes partout et qu’ils peuvent s’expliquer par trois principes fondamentaux : la loi d’association ou d’habitude ; le principe de l’antithèse ; l’action directe du système nerveux indépendamment de la volonté, — On peut se demander si Darwin a résolu la question capitale et dernière : pourquoi telle émotion agit sur tel muscle ou tel groupe de muscles plutôt que sur tel autre ; si les trois principes par lui posés sont réellement irréductibles ; si le troisième n’est pas en réalité le fondement des deux autres : l’ouvrage n’en a pas moins une grande valeur psychologique par tes résultats et par la méthode.
Nous nous élevions contre une Cabale qui se croyoit triomphante ; nous combattions les usurpations du mauvais goût ; nous réduisions à leur juste valeur des mérites équivoques ; nous vengions le vrai mérite des atteintes de l’ignorance & de l’envie ; nous déclarions, en un mot, la guerre à la Philosophie, à la fausse Littérature, à la vanité, à la prévention, à tous les préjugés dominans ; nous rappellions les esprits à la Religion, à la raison, aux vrais principes, à la justice, à la vérité.
Les vérités scientifiques nous apparurent les dernières venues parmi les créations de l’utilité intellectuelle, elles nous montrèrent aussi, sous leur aspect provisoire de vérités successives, leur valeur purement transitoire, leur caractère de moyen pour atteindre des conceptions nouvelles et des représentations plus complexes.
. — La tragédie Elle a été surtout mise en valeur par le théâtre de plein air dont M.
Ces notes ne furent d’abord que des points où il n’y avoit rien qui en marquât la durée ; mais Jean De Meurs né à Paris, et qui vivoit sous le regne du roi Jean, trouva le moïen de donner à ces points une valeur inegale par les differentes figures de rondes, de noires, de croches, de doubles croches et autres qu’il inventa, et qui ont été adoptées par les musiciens de toute l’Europe.
Toute œuvre payée à l’écrivain sa valeur suppose des bénéfices réalisables par l’éditeur : or, l’éditeur de province n’aura que des débouchés nécessairement très restreints ; et il faudra un miracle de vogue, rien que pour couvrir les frais d’impression !
qui n’avait été apprécié à sa valeur par le jugement sommaire de la postérité ?
Il est des esprits dont on pourrait dire qu’ils n’existeraient pas s’ils n’appartenaient à un cadre tout fait d’opinion, — comme il est des hommes qui n’auraient sur le champ de bataille aucune valeur personnelle s’ils ne faisaient pas partie d’une force organisée, par exemple d’un régiment.
L’explication qu’à son tour il essaie de donner de l’homme manque nécessairement de rigueur scientifique, et son livre, avortant au système, n’a plus que la valeur flottante d’un aperçu.
Les temps modernes ne sont pas tellement beaux pour la littérature qu’elle ne puisse supporter beaucoup de choses cruelles et qu’elle n’y soit même accoutumée ; mais la condition d’avoir Buloz pour correcteur, — non plus d’épreuves, mais de son style et de sa pensée, — lui sembla cependant trop dure pour la supporter, et on vit en très peu de temps tout ce groupe de talents que je viens de nommer se détacher de la Revue des Deux Mondes 24, s’égrener et complètement disparaître d’un recueil dont la rédaction, pour qui avait le sentiment de sa valeur propre ou de son œuvre, était une douleur, quand ce n’était pas une indignité.
C’est, en effet, son génie poétique qui l’abusa sur la valeur des hommes que, philanthrope par poésie et non par bêtise, comme tant d’autres, il ne sut jamais ni discerner ni juger.