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521. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Aucun auteur ne renseigne plus pleinement et plus abondamment, par des traits véritables sur ses créatures, ne se propose plus ouvertement pour but de les révéler par des récits et des scènes inventés à une plus parfaite imitation de ce que présente la vie, même à un observateur attentif. […] Lévine et sa femme, Karénine, Anna, Wronsky, le prince Oblonsky et la princesse Dolly, la famille Cherbatky, les amis et les amies de tous ces gens, les enfants, les serviteurs et les paysans, font du roman contemporain de Tolstoï, une œuvre enchevêtrée et confuse, comble et embrouillée qui choque déjà toutes les règles d’unité et d’élaguement qui nous sont familières ; mais qu’est cette complication devant celle des trois gros volumes de La Guerre et la Paix où les vies complètes du prince André, du prince Pierre, de Nicolas Rostow, mêlées aux destins des membres de leurs familles, entourés d’une foule véritable de satellites, de connaissances, se poursuivent à travers de grandioses récits de batailles, de négociations, d’entrevues, dans lesquelles figurent tous les personnages célèbres du temps, à travers les scènes populaires, rustiques et sociales qui constituent toute l’histoire politique et intime d’un peuple ? […] La Guerre et la Paix atteint presque ainsi au véritable but du roman réaliste, celui de contenir non pas un cas particulier et spécial auquel la sympathie ne se concède en somme que par politesse, mais de comprendre quelque large ensemble social, do façon à satisfaire le plus profond et le plus universel des intérêts humains, celui qui lie chacun à la communauté de tous, au monde. […] Le saisissement, la méditation, l’intérêt, l’abandon aux destinées des personnages, la préoccupation douloureuse des problèmes qu’ils agitent, l’amour ou la haine de leur nature, enfin les affections mêmes que ces romans révèlent chez leur auteur par le choix de leurs éléments et le ton dans lequel ils sont conçus, sont les effets véritables de leur lecture et les causes qui poussent à la poursuivre ; le but final et puissamment atteint de ces œuvres de réalisme de reproduction minutieuse et compréhensive de la réalité est d’induire à sentir ce qu’est la vie humaine par l’accent même, la ferveur et l’abandon avec lesquels elle est décrite, puis à en exprimer et en faire aimer certains caractères, faire détester d’autres, l’envisager finalement avec un ensemble d’émotions latentes et expresses particulières qui sont celles mêmes que l’auteur a éprouvées à cet ensemble d’images et de pensées qui fut d’abord en lui le fantôme de ses livres. […] Partir d’œuvres littéraires qui embrassent et montrent tout le merveilleux spectacle de la vie, s’en détacher peu à peu et s’en déprendre par une lente et sourde angoisse d’un idéal de vertu, hésiter, ne savoir que faire un temps et continuer à considérer le monde avec de soudaines reprises de tendresse, puis se buter contre le problème de sa fin et de sa cause, oublier son charme, sa grandeur, son radieux fleurissement de force pour lui demander compte de son sens en présence de son terme, et s’encercler peu à peu dans ce problème comme un sorcier dans son rhombe, dédaigner les véritables solutions par mépris et impuissance de l’intelligence et en venir comme le dernier des prédicants et comme le solitaire de Port-Royal à une doctrine de simplification, de retranchement de toutes les obligations sociales, de reniement de tous les appétits et de l’amour même de soi, de sa propre vie, avec l’idée folle d’exclure, en ce monde de guerre, la violence et le mal des actes des hommes, telles furent les phases de la transformation mentale de Tolstoï, déclin dont on peut mesurer la profondeur en comparant l’épopée grandiose et par bonheur acquise de La Guerre et la Paix, à des récits comme Le Tilleul, à des moralités puissantes encore mais puériles comme Le Premier Distillateur et La Puissance des Ténèbres.

522. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Le véritable héros, s’il y en avait un, ce serait saint Thomas d’Aquin, car ce sont ses pensées que chante le poète. […] V Ici ce n’est plus le poète scolastique, c’est l’amant qui parle ; il se souvient de son propre amour, et reconnaît que la séparation est le véritable enfer de ceux qui aiment. […] Puis elle reprend : « Quand de la chair je fus transfigurée en esprit pur, et que ma véritable beauté se fut accrue avec ma vertu, je lui devins moins chère et moins séduisante. — Il tourna ses pas vers de fausses voies, fausses images du vrai beau, qui ne tiennent rien de ce qu’elles promettent. — Et rien ne me servit de demander pour lui des inspirations, par lesquelles, et en songe et autrement, je le rappelais à moi, tant il en avait peu de mémoire. — Il tomba si bas que tous les moyens de le sauver étaient épuisés et qu’il ne restait qu’à l’épouvanter en lui montrant la race perdue des damnés. — C’est pour cela que je visitai la porte des morts, et que mes prières et mes larmes furent adressées à celui qui l’a conduit ici en haut ! […] On entre ensuite dans les véritables ténèbres palpables du poème. […] » Le mysticisme se change ensuite en véritable délire.

523. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Tel est le véritable état critique. […] D’abord à la création artistique : il est trop évident que le véritable artiste ne songe qu’à son art. […] L’équité lui est naturelle, dans les sujets littéraires : c’est une des marques du véritable critique. […] Tandis que, sous prétexte de vers libres, tant de jeunes poètes donnent à de simple prose l’aspect de véritables vers, M.  […] Romain Rolland est un merveilleux peintre de sentiments, un véritable poète du cœur.

524. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

Or est-ce là une philosophie véritable que celle qui n’est pas libre de choisir son point de départ et d’aboutir aux résultats quelconques où sa recherche la conduira ?

525. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Toutefois Donnay fit encore, pour le Chat-Noir, Ailleurs, cette revue si curieusement cruelle, d’un symbolisme ardent, qui, avec les merveilleux décors d’Henri Rivière, fut un véritable régal pour les délicats.

526. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourmont, Remy de (1858-1915) »

L’art de l’auteur nous permet de retrouver leur véritable caractère derrière les phrases qu’ils écrivent.

527. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pioch, Georges (1874-1953) »

Ce livre est beau, c’est un cri d’amour, c’est un cœur qui vibre d’immensité, c’est une âme éprise de la musique des êtres et des choses, c’est l’œuvre véritable, l’œuvre d’un poète, l’œuvre d’un Homme, et nous remercions M. 

528. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 448-452

Il ne s’est jamais permis le moindre trait contre la Religion ; mais ce qui honore bien davantage la mémoire de ce véritable Bel-Esprit, comme l’a fort bien remarqué M. l’Evêque de Senlis*, « c’est que pouvant monter facilement aux premieres dignités de l’Eglise qui vinrent le chercher de bonne heure, il résista par probité aux offres les plus flatteuses.

529. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre II. De l’Allégorie. »

On ne doit jamais personnifier qu’une qualité ou qu’une affection d’un être, et non pas cet être lui-même ; autrement, ce n’est plus une véritable personnification, c’est seulement avoir fait changer de nom à l’objet.

530. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

S’il faut exclure l’étirement et la juxtaposition de « petits poèmes », il ne resterait plus, en admettant des origines épiques, qu’à supposer de véritables poèmes ; il y a à cela une nouvelle difficulté. On s’explique que la poésie lyrique soit demeurée longtemps orale et qu’elle ait disparu sans laisser d’autres traces que des refrains et des motifs ; on s’explique encore que la farce, véritable commedia dell’ arte, n’ait pas nécessité de notation écrite ; mais on ne saurait admettre une floraison épique à l’état oral ; c’est trop demander à la faculté créatrice et à la mémoire du poète. […] Un véritable déblaiement s’impose, dès qu’on appelle littérature ce qui a une intention d’art, ce qui agit comme tel, et non pas tout ce qui est simplement « bien écrit » au service de la morale, de la science ou de la politique15. […] Par contre, chez Benjamin Constant, chez Sainte-Beuve, le « sentiment » est analysé déjà avec une précision qui annonce le roman psychologique ; et Stendhal et Balzac, malgré leur romantisme encore très sensible, sont les véritables précurseurs de l’époque suivante. […] Si j’avais à développer cette esquisse en véritable histoire littéraire, le plan subirait de nombreuses modifications ; sa rigidité s’assouplirait dans la variété des cas particuliers.

531. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

L’Andromaque d’Euripide est la véritable Andromaque ; celle de Racine est une princesse de roman. […] car, pour me servir de la pensée d’un ancien, voilà les véritables spectateurs que nous devons nous proposer ; et nous devons sans cesse nous demander : Que diraient Homère et Virgile, s’ils lisaient ces vers ? […] Racine n’était point un poète galant ; il excellait à peindre le véritable amour, qui presque toujours exclut la galanterie. […] Bajazet, avec moins de fureur, d’étalage et de fracas, montre bien plus de véritable grandeur ; il ne veut pas devoir le trône et la vie à un lâche mensonge. […] Le succès a justifié cette escroquerie, et le véritable auteur de la Mère coquette est celui qui, sur ce sujet, a fait la meilleure comédieb.

532. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Le véritable Canalis de chair et d’os, auquel parvient la lettre de Modeste, est un petit homme froid, sec, égoïste, singulièrement vaniteux, énormément ambitieux, âpre à solliciter des pensions et poursuivant comme son idéal le plus cher, un poste diplomatique et la faveur ministérielle. […] Telle qu’elle est, c’est bien une Muse et véritable et du pur sang des filles du Parnasse. […] C’est d’abord une facilité d’enthousiasme que l’on a quelquefois traitée de fausseté et que je crois véritable. […] À un autre, à un poète, les honneurs, les couronnes les plus touffues ; mais à lui l’invention véritable du système, le plaisir d’organiser les succès naissants, et surtout le bonheur si vrai de l’analyse appliquée à ce qui sera avant peu, du moins on l’espère, un solide monument rival des anciens édifices élevés par le génie humain. […] Dans une telle façon de traiter l’examen littéraire, il perce beaucoup d’amour, beaucoup de goût, une véritable passion pour les lettres.

533. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Champfleury n’est pas plus un écrivain qu’il n’est un véritable observateur ? […] Qu’un véritable romancier surgisse, et M.  […] ils abondent autour de nous, les malades de l’esprit ; ils emplissent le monde, les désolés de l’intelligence ; — et, parmi les plus jeunes hommes d’à présent, pour quelques gaietés véritables, que d’irrémédiables inquiétudes ou d’implacables tristesses ? […] dût remettre les choses dans leur ordre véritable, c’est-à-dire attribuer une plus grande importance dans l’art à la femme laide, ainsi que cela existe dans le monde, où elle tient une si large place. […] Il professe un véritable culte de latrie pour la rime riche.

534. (1925) Portraits et souvenirs

Ce serait rendre à cette habitude, louable en elle-même, sa véritable valeur et son importance. […] Le vers, ayant toujours été pour lui moins un moyen de s’exprimer qu’une façon de suggérer, ne prenait son sens véritable et toute sa portée que dans ce contact intellectuel qu’il créait. […] , mais ils ne sont jamais inintelligibles, aussi est-il singulier de constater qu’ils soulevèrent de véritables fureurs. […] Ou bien le sortilège n’a pas opéré, et alors tout l’intérêt se concentre sur le mécanisme technique de l’œuvre sans qu’on en ait saisi la véritable portée poétique. […] Tout à coup l’idée me vint de signaler ma présence par quelque manifestation qui donnât la véritable mesure de mon mérite.

535. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Le véritable critique, en ce temps-là, c’était le roi. […] En véritable enfant de Paris, Molière n’estimait guère comme des succès de bon aloi, que les succès qu’il avait à Paris. […] des larmes véritables ? […] À le voir, ainsi plié en deux, la tête enveloppée d’un bonnet et affaissé dans ses coussins, ne diriez-vous pas d’un malade véritable ? […] voilà, en effet, la véritable occupation de Sganarelle, et voilà la seule ambition légitime de sa vie !

536. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

Pourtant il nous semble que, dans ce genre de roman austère, comme elle l’appelle, je crois, madame Allart se pourrait créer une véritable originalité ; mais il lui faudrait se souvenir que si, dans le genre tendre et aventureux, il est permis, en composant, de laisser courir sa plume, qui va d’elle-même alors aux digressions faciles, aux grâces variées et abondantes, il devient indispensable, en abordant un ordre de sentiments plus contenu et plus réservé, de nourrir son expression et de marquer ses effets.

537. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Celui-ci avec du génie, de l’éloquence & une Littérature étendue, a prouvé combien un homme sage doit se défier de ses préventions, & combien il est essentiel, pour le bonheur & la véritable gloire, de savoir les réprimer, lorsqu’elles nous emportent trop loin.

538. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « Appendice »

Voici le texte juxtalinéaire, que j’emprunte aux traductions classiques de Hachette : « Et lui, certes, s’arrêta, et trembla, claquant des dents, et un bruit de dents eut lieu dans sa bouche, pâle de frayeur. » Si ce n’est pas encore là « le véritable Homère », où donc peut-il être, et où le doit-on chercher ?

539. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Édouard Fleury »

On dirait des sceptiques de ce temps aux mœurs douces, qui ont l’horreur du sang et le dégoût de la fange, comme il sied à des naturels honnêtes et à des esprits cultivés, mais qui, ce sang montré dans sa vermeille couleur et cette fange dans son infamie, ont tout dit, à l’honneur de l’art et du style, et ne savent pas tirer de cette effroyable peinture, faite avec de véritables pourlècheries de pinceau, un enseignement ou une conclusion.

540. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

L’ancienne comédie prenait des sujets véritables pour les mettre sur la scène, tels qu’ils étaient ; ainsi ce misérable Aristophane joua Socrate sur le théâtre, et prépara la ruine du plus vertueux des Grecs.

541. (1930) Le roman français pp. 1-197

Toutefois, il est honnête d’ajouter que le véritable roman, le roman en prose fit assez vite son apparition. […] Le philosophe Ravaisson a dit que la véritable œuvre d’art n’est pas une forme, mais la cause profonde d’où procèdent les formes. […] Les fautes de français, les véritables négligences sont plus rares chez lui que chez Stendhal. […] Ajoutez que ces deux parfaits gentilshommes de lettres semblent avoir été particulièrement dépourvus de véritable imagination créatrice. […] Le sorcier, le véritable sorcier de notre littérature.

542. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

En quelques pages de haute éloquence, il établit que le véritable coupable c’est lui-même, et que si une tête doit tomber c’est la sienne. […] » — Les véritables destinées de Dieu ! […] N’était-ce pas là la véritable expiation ? […] Heureusement le Tsar et la Tsarine ont fait espérer qu’ils reviendraient bientôt revoir notre capitale sous son véritable aspect. […] On y verra aussi se développer un véritable roman d’amour qui n’est qu’un récit fait de stricte vérité.

543. (1802) Études sur Molière pp. -355

Dans ce moment, se fait leur véritable mariage ; et cet acte imposant, cet acte… pour ainsi dire religieux… ne demande-t-il pas, d’un côté, beaucoup de respect, de l’autre, la plus grande modestie ? […] Mais Molière lui fit dire par Boileau qu’il avait conservé sa véritable scène, et le menaça de la rendre publique, s’il continuait à vouloir usurper la gloire d’autrui. […] Le titre. — Pas juste, en ce qu’il détourne tout à fait de la véritable moralité de la pièce, à moins que Molière n’ait pensé que ses stances sur les devoirs de la femme mariée méritaient les honneurs du titre. […] Nos théâtres abondent en Marton, en Finette ; pourquoi faut-il demander où sont les véritables Dorine ? […] Le titre. — La pièce en a deux : le second est le véritable, il nous annonce le sujet ; à quoi sert le premier ?

544. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Ses récits étaient de véritables créations inspirées par le sens de la vie ou le sentiment de la nature, qu’il éprouvait jusqu’à la souffrance. […] Ce serait, pour beaucoup d’immortels, une véritable économie. […] Sa véritable demeure, c’était Poitiers, la maison paternelle. […] Je doute cependant que Faguet ait jamais eu un véritable ami, sauf peut-être Brunetière, dont il a magnifiquement parlé. […] Où est la véritable langue provençale ?

545. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

La connaissance de sa personne et de sa destinée, voilà le commentaire véritable de son œuvre. […] Il eût fallu pour cela qu’il ne fût pas ce qu’il était dans toutes les fibres de son être, un grand, un véritable artiste. […] C’est une véritable explosion de tempérament qui peut faire soupçonner les violences que souffrait en son cœur Cornélie. […] Il s’inquiète de savoir quelle est sa vocation véritable. […] Le patinage hardi des Frisons, introduit en Allemagne par Klopstock, jetait Wolfgang en de véritables transports.

546. (1890) L’avenir de la science « A. M. Eugène Burnouf. Membre de l’Institut, professeur au Collège de France. »

Que les révolutions et les craintes de l’avenir soient une tentation pour la science qui ne comprend pas son objet et ne s’est jamais interrogée sur sa valeur et sa signification véritable, cela se conçoit.

547. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

Les Sermons de cet Orateur ne sont pas toujours dépourvus de ces traits de force, de chaleur, qui ébranlent ; mais une marche paisible, également vive & insinuante, forment son véritable caractere.

548. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Il y a trois siècles environ (c’est un fait), l’esprit humain, dans notre Occident, la pensée humaine, en se dégageant des débris et de la décadence du moyen âge finissant, en brisant les liens de la scolastique et d’une autorité pédantesque à bout de voie, s’est enhardie, et en même temps que d’un côté on affirmait la figure véritable de la terre et qu’on découvrait un nouveau monde, en même temps que de l’autre on perçait les sphères étoilées et qu’on affirmait le véritable système planétaire, en même temps on regardait, on lisait d’un bout à l’autre les livres dits sacrés, on traduisait les textes, on les discutait, on les jugeait, on commençait à les critiquer ; on choisissait ce qui semblait le plus conforme à la religion qu’on n’avait point perdue, et à la raison qui s’émancipait déjà. […] La science n’a pas besoin d’excuses quand elle procède sincèrement et selon son véritable esprit : elle peut sur certains points aller trop vite, avoir ses hypothèses anticipées, hasardées même ; mais qu’on la réfute alors ; qu’on oppose raison à raison, expérience à expérience. […] Napoléon, dont la forme d’esprit inclinait à une manière de déisme fataliste, de déisme sémitique, disait : « Nul doute que mon espèce d’incrédulité ne fût, en ma qualité d’empereur, un bienfait pour les peuples ; et comment autrement aurais-je pu exercer une véritable tolérance ?

549. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Le véritable philosophe sait très bien qu’il n’est point institué en face de son adversaire, mais qu’il est institué à côté de son adversaire et des autres en face d’une réalité toujours plus grande et plus mystérieuse. Et cela, même le véritable physicien aussi le sait. […] Mais qu’elle soit à ce point livrée à l’envers, c’est une véritable gageure. On aurait beaucoup fait, on aurait peut-être tout fait si seulement on forçait les combattants à occuper leurs véritables lignes de bataille.

550. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Notes sur la peinture wagnériennex et le salon de 1886 Je croirai longtemps que le Wagnérisme véritable n’est pas seulement à admirer les œuvres musicales de Richard Wagner ; que ces œuvres nous doivent émouvoir surtout comme les exemples d’une théorie-artistique ; et que cette théorie — sans cesse éclairée par le Maître, en ses livres — appelle la fusion de toutes les formes de l’art, dans une intention commune. […] Je ne ferai point, cependant, cette expertise utile : car j’ai trouvé, entre ces marchandises, certaines œuvres d’artistes véritables, égarés là ; et je les dois considérer respectueusement ; et je dois évoquer, devant elles, la théorie artistique de la peinture wagnérienne : condamné, par leur présence, à omettre les produits qui les avoisinent, et l’intéressante boutique où elles sont. […] Je noterai cependant plusieurs efforts intéressons, et où paraissent mieux perçues, encore peu nettement, les destinations véritables de la peinture. […] L’art véritable doit créer la vie en dehors des modes et des goûts mercantiles du monde moderne.

551. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Le véritable tumulte soulevé l’hiver dernier à propos de la représentation de Lohengrin à l’Opéra-Comique aura eu un résultat décisif : il a épuisé les colères et les rancunes qui restaient encore attachées au nom de Wagner. […] Si vous le préférez, adressez-vous tout bonnement à l’administration de la Revue Wagnérienne de Paris qui est une véritable mère pour ses abonnés— j’allais dire pour ses paroissiens — et tous les adeptes de la « mélodie infinie ». […] On a plaisir à relire le commentaire, d’une sincérité si touchante et en même temps d’une si charmante naïveté, écrit par le maître liégeois lui-même80, et qui commence ainsi : « on n’a peut-être pas remarqué combien de fois l’air de la romance est entendu dans le courant de la pièce, soit en entier ou en partie … » et finit par cette phrase : « il était aisé de fatiguer les spectateurs, en répétant si souvent le même air sans doute il fallait présenter cet air sous autant de formes différentes, pour oser le répéter si souvent ; cependant, je n’ai pas entendu dire qu’il fût trop répété, parce que le public a senti que cet air était le pivot sur lequel tournait toute la pièce. » En remarquant les différentes modifications de la Mélodie-mère, présentée tantôt en entier, tantôt en partie, tantôt derrière la scène, même sans accompagnement, et surtout les derniers mots de cette citation, vous seriez tenté de dire qu’il n’aurait fallu qu’un pas de plus (mais le pas décisif, définitif réservé à l’auteur de Lohengrin), pour que le véritable Leitmotiv, destiné à n’apparaître sur la scène qu’en 1865 (Tristan) fît déjà son entrée dans la musique dramatique en 1784. […] Voilà en quelque sorte « le pivot sur lequel tourne toute la pièce », comme dans Richard Coeur-de-Lion, un Leitmotiv de l’Orient ; même, si l’on veut, à bien des points de vue le seul exemple d’une ébauche systématique et logique du véritable Motif-conducteur avant Wagner et, ajoutons-le, une réelle inspiration de génie84.

552. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

J’applaudis à la louable délicatesse de ses concitoyens, sur un point essentiel au véritable honneur de leur compatriote. […] La Collection de ses Œuvres est une véritable Encyclopédie. […] Les Descartes, les Malebranche, les Pascal, les Corneille, les Racine, les Moliere, les Lafontaine, les Despréaux, les Bossuet, les Fénélon, les Bourdaloue, & tant d’autres, n’ont-ils pas reçu de ma part les hommages dus à la supériorité de leurs talens & au véritable honneur qu’ils font à la Nation ? […] C’est un véritable Athée, qui ne déclame contre les Philosophes que parce qu’il est payé par le Clergé.

553. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Charles-Henri Hirsch, qui sont narrées avec quelques qualités de style, les véritables éphémérides des hors-la-loi et de la crapule. […] C’est, désormais, la collectivité elle-même, tout un ensemble d’êtres de semblable origine ou associés dans une existence commune, qui devient le véritable héros du roman. […] Et ainsi ces descriptions d’épopée se haussent à la valeur d’un véritable enseignement psychologique. […] Et cela est une véritable révolution. » Nous ne pouvons entreprendre de caractériser même rapidement chacune de ces « authoresses ».

554. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Défigurèrent-ils leur Électre, leur Iphigénie, leur Mérope, leur Alcméon, en leur prêtant des sentimens tendres & les plus opposés au véritable héroïsme ? […] Or, si le genre attendrissant a lieu, l’objet du véritable comique sera manqué. […] Il condamne les tragédies où l’on substitue aux rois, & à des personnages illustres, de simples bourgeois ; où l’on veut introduire, parmi des hommes du commun, le même sérieux & le même air de dignité qu’on remarque dans les véritables tragédies. […] Fuzelier nioit à La Mothe qu’une bouffonnerie, telle que la parodie, empêchât l’effet du tragique ; qu’elle fît confondre les bons & les mauvais endroits d’une pièce & décider d’elle sur le jugement d’arlequin ; qu’elle décréditât la véritable vertu, puisque ce n’est que la vertu chimérique & romanesque qu’elle tourne en ridicule.

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