Il est pourtant deux traits d’exception à cet égoïsme presque universel, et Mallet les relève, comme il est juste de les relever aussi : 1º le peuple, ce qu’il appelle le bas peuple (mais cela s’étend très loin), n’a pas cessé, selon lui, d’être atteint de son hydrophobie, il n’en est nullement revenu : « C’est toujours un animal enragé, dit-il, malgré sa misère profonde. » Cette rage qui survit même à la souffrance et à la misère, c’est la soif de l’égalité et la haine du tyran. Et Mallet insiste en plus d’un endroit sur ce fanatisme d’égalité qui fait le fond de ce qu’il appelle la religion révolutionnaire. 2º Il n’est pas moins obligé de reconnaître, comme trait d’exception à cet égoïsme de la masse du public, le sentiment militaire dévoué : le soldat, l’officier a beau avoir son arrière-pensée, « des différences d’opinions et de motifs n’entraînent aucune différence dans la manière de combattre : un esprit, un sentiment communs animent tous les soldats. […] La partie remarquable de cette brochure est l’avant-propos et l’introduction, dans laquelle Mallet reprend ce tableau tant de fois tracé de la Révolution et le grave en traits de Juvénal.
Qu’il s’y soit mal pris, on peut en convenir, il n’en sera pas moins vrai qu’il a relevé un nombre infini de bévues & de traits d’ignorance dans les cinq premiers volumes de cette énorme Compilation.
Quoique ses Ouvrages, qui consistent en des Romans, des Contes, des Traductions, & des Poésies, soient semés de traits d’imagination, d’esprit, 28 de facilité, ils sont allés grossir la masse des Livres destinés à l’oubli.
François de Sales, de Madame de Chantal, & de l’Abbé de Rancé, sont parsemées de traits, qui, aux défauts près dont nous avons parlé, sont encore mieux sentir les dispositions qu’il avoit pour ce genre d’ouvrages.
si, pour être honnête et sage, il faut être inaccessible à ses traits, dis, que reste-t-il pour la vertu sur la terre ? […] Il faut voir de combien de traits plaisants M. de Régnier a su parer ce redoutable mystère de l’amour. […] Rebell a réuni des traits qui retiennent toute l’attention du lecteur. […] Mais il faut constater sans retard qu’un trait commun les réunit : c’est un constant, un effroyable sérieux. […] Nozière : il faut certainement y voir un trait de race.
Le trait y est sobre et sûr. […] Mais il décrit avec le trait juste, il définit avec le mot propre. […] C’est un fouillis de traits, un échantillonnage de nuances. […] C’est en effet un trait de la physionomie de M. […] Elle suppose qu’on sait mettre en valeur les traits qu’on a recueillis.
Et cependant elle est là tout entière pour qui sait bien voir ; pas un seul trait n’y manque. […] Taine, il y a dans son livre des métaphores, des images et des comparaisons qui équivalent à des traits de génie. […] Pas un trait de la race n’y manque, en bien ou en mal. […] L’être moral que nous appelons l’Anglais apparaît alors avec tous les traits sous lesquels nous le connaissons aujourd’hui. […] Voici les traits sous lesquels je vous ai montré cette âme humaine si noble et si basse, si démoniaque et si angélique.
Par-là M. d’Açarq s’est attiré plusieurs traits de critique, qu’il ne tenoit qu’à lui d’éviter.
Ce trait de satire, devenu proverbe en naissant, fit une telle impression sur l’Abbé Cassagnes, qu’il en perdit la tête & fut enfermé à S.
Sa Tragédie de Mustapha & Zéangir offre aussi plusieurs traits qui supposent de l’esprit & un certain talent ; ce qui ne suffit pas pour figurer avec avantage parmi les Eleves de Thalie & de Melpomene.
Il s’est attaché, dans le style, à la maniere de Bourdaloue ; &, sans avoir, comme son modele, cette profondeur & cette plénitude de raisonnemens qui le rendent original, il a quelquefois plus de chaleur & des traits d’élévation propres à ranimer l’attention de l’Auditeur ou du Lecteur.
Vaillant fut dans la suite très-sensible à la gloire qu’il s’attira par ce bizarre trait de courage.
Et la question reste en effet insoluble, tant qu’on veut trouver l’explication d’un trait amusant dans ce trait lui-même, isolé de ce qu’il nous suggère. […] Nous avons passé en revue bien des espèces de comique ; il n’en est pas une seule qui ne puisse s’aiguiser en trait d’esprit. […] C’est pourquoi aussi l’on rit de ce qu’il peut y avoir de raide, de tout fait, de mécanique enfin dans le geste, les attitudes et même les traits de la physionomie. […] Si notre analyse est exacte, ce n’est pas là un trait accidentel de l’humour, c’en est, là où il se rencontre, l’essence même.
C’est là son trait. […] Saint-Simon connaît l’individu ; il le marque par ses traits spéciaux, par ses particularités, par ses différences ; son personnage n’est point le jaloux ou le brutal, c’est un certain jaloux ou un certain brutal ; il y a trois ou quatre mille coquins chez lui dont pas un ne ressemble à l’autre. […] Cette crudité de style et cette violence de vérité ne sont que les effets de la passion ; voici la passion pure : Prenez l’affaire la plus mince, une querelle de préséance, une picoterie, une question de pliant et de fauteuil, tout au plus digne de la comtesse d’Escarbagnas : elle s’agrandit, elle devient un monstre, elle prend tout le cœur et l’esprit ; on y voit le suprême bonheur de toute une vie, la joie délicieuse avalée à longs traits et savourée jusqu’au fond de la coupe, le superbe triomphe, digne objet des efforts les plus soutenus, les mieux combinés et les plus grands ; on pense assister à quelque victoire romaine, signalée par l’anéantissement d’un peuple entier, et il s’agit tout simplement d’une mortification infligée à un Parlement et à un président. […] Ici cinq ou six personnages sont tracés à la volée, chacun par un trait unique. […] Trait du président Harlay, I, 414.
Bien des traits qui étaient encore délicats, et qu’il fallait de l’attention pour découvrir, se sont marqués davantage et accentués depuis ; d’autres se sont effacés ou recouverts, grâce à cette sorte de transfiguration qui se fait avec les années.
Un autre trait qui distingue encore les Productions de M.
C’est à la faveur de cette Traduction que les Prédicateurs, qui l’ont suivi, se sont crus autorisés à puiser, dans cet Orateur, plusieurs beaux traits admirés ensuite dans leurs Discours.
Il a eu l’art d’y semer des traits historiques & légers, qui donnent du ressort à la morale & n’ôtent rien à sa solidité.
Par une adresse sans égale, Il prit soin de former les mœurs, En cachant, sous l’appas de ses Vers enchanteurs, Les traits d’une austere Morale.
La part qu’il a eue au Sorcier & à Tom-Jones, suppose, à un certain degré, l’espece de talent nécessaire pour ces sortes de Pieces ; il y perce des traits de gaieté, qu’on ne trouve pas même chez les Merveilleux qui ont le plus brillé dans cette petite carriere.
On trouve dans ses Sermons des traits d'éloquence & de force, dont Bourdaloue se seroit fait honneur, & des morceaux de pathétique & de sentiment, que Massillon n'eût pas désavoués.
Il convenoit lui-même que de dix traits insérés dans ses Ouvrages, il en avoit appris neuf dans la conversation, vrai moyen de hasarder bien des choses, & de rencontrer rarement la vérité.
Une douce mélancolie répandue sur ses traits exprimait la beauté de son âme ; elle semblait plaindre tous les malheureux et leur annoncer un consolateur. […] Il la parcourait avec une tendre inquiétude, cherchant en vain à ressaisir les traits des gens du voisinage: il ne reconnaissait personne, personne ne le reconnaissait. […] Ses traits, effacés par l’âge, lui rappelèrent cependant ceux de Marie Talbot, de cette bonne fille qui avait pris soin de son enfance. […] Ses traits n’étaient point sensiblement altérés. […] Ils portaient leurs fusils baissés: leurs tambours, couverts de longs crêpes, ne faisaient entendre que des sons lugubres, et on voyait l’abattement peint dans les traits de ces guerriers, qui avaient tant de fois affronté la mort dans les combats sans changer de visage.
L’un de nous deux un jour au frais, Assis près de cette fontaine, Le cœur percé de mille traits, D’une main qu’il portoit à peine, Grava ces vers sur un cyprès : « Hélas !
On ne sauroit disconvenir qu’il ne mérite, à beaucoup d’égards, ce succès : il contient des critiques excellentes, des observations pleines de goût, mille traits d’un esprit piquant ; mais il faut avouer aussi qu’avec un style agréable, l’Auteur fatigue souvent son Lecteur, par une profusion & une monotonie de gentillesses qui ne s’accordent pas avec le ton convenable à un Journaliste.
Ne suffit-il pas qu’il offre souvent des traits d’éloquence, de chaleur & d’élévation, qui feroient honneur à nos Ecrivains les plus exacts ?
Ces divers Ouvrages offrent cependant des traits qui laissent entrevoir que ce Poëte auroit pu beaucoup mieux faire, s’il se fût moins livré à sa facilité.
Toujours la même critique, toujours le même bon sens : des prédictions accomplies, des songes vérifiés, des miracles arrivés, comme des pluies de sang, des fleuves qui suspendent leurs cours, des mains invisibles qui écrivent sur les murailles ; tels sont les traits dominans de ce merveilleux Ouvrage.
Marin, un grand respect pour la Morale & la Religion », sont autant de traits dignes d’éloges, auxquels l’Auteur de l’Année Littéraire paye un juste tribut.
Bulwer a pris ailleurs que dans la nature les traits de son tableau. […] Scènes d’alcôve et de camp, tout lui est bon pour esquisser à grands traits le siècle auquel il s’en prend. […] Jocelyn, en écrivant pour sa sœur le tableau de sa vie nouvelle, n’a omis aucun des traits du presbytère. […] Trenmor sert à l’explication de Lélia et de Sténio, mais il n’affaiblit et n’efface aucun de leurs traits. […] Ils ne laissent inaperçu aucun trait de sa figure.
Tous ces traits se réunissent en un seul ; il avait le génie sympathique, j’entends par là que, naturellement, il savait sortir de lui-même et se transformer en tous les objets qu’il imaginait. […] Le style explique l’œuvre ; en montrant les traits principaux du génie, il annonce les autres. […] Involontairement et hors de propos, il vient d’écarter le masque tragique qui couvrait son visage, et le lecteur, derrière les traits contractés de ce masque terrible, découvre un sourire gracieux et inspiré qu’il n’attendait pas. […] Les gens d’esprit de Shakspeare, Mercutio, Béatrice, Rosalinde, les clowns, les bouffons, pétillent de traits forcés, qui partent coup sur coup comme une fusillade. […] Hamlet, c’est Shakspeare, et, au bout de cette galerie de figures qui ont toutes quelques traits de lui-même, Shakspeare s’est peint dans le plus profond de ses portraits.
— Il se compare encore à l’artiste grec qui composa sa Vénus de traits divers empruntés à diverses beautés ; et c’est ainsi qu’il a fait dans Werther, dit-il, tout en y laissant à sa Charlotte le caractère dominant du principal modèle. […] Je ne pourrais pas dessiner un trait, et cependant je ne fus jamais plus grand peintre. […] Voilà pour l’auteur. — Mais les lecteurs, au contraire (je parle des premiers lecteurs, de ceux de 1774), qui trouvent dans le prodigieux petit livre tous leurs sentiments, jusque-là confus, exprimés au vif et en traits de feu, s’y prennent, ne s’en détachent plus, passent, sans s’en apercevoir, du Werther-Goethe au Werther-Jérusalem, et sont ainsi conduits, par cette contagion du talent et de l’exemple, à l’idée du suicide. […] Imaginez le désagrément et la peine pour un honnête homme comme Kestner, heureux d’épouser celle qu’il aime depuis des années, l’emmenant comme en triomphe de Wetzlar à Hanovre, la présentant avec orgueil à tous les siens, et remplissant avec considération un emploi honorable, imaginez-le, après dix-huit mois de mariage, recevant de son meilleur ami, en cadeau, ce petit volume, où il est crayonné d’une manière assez reconnaissable sous les traits d’Albert ; où sa fiancée paraît à bien des moments près de lui échapper ; où elle n’est guère retenue que parce qu’elle est supposée déjà liée à lui par un engagement positif.
Sa vie et sa correspondance (suite) Mardi 20 avril 1869 On ne peut tout dire à la fois, et quand on a exprimé les traits principaux d’un caractère, on s’aperçoit presque aussitôt qu’on en a omis d’autres qui les corrigent, qui les complètent et qui doivent entrer aussi pour une part essentielle dans le portrait vivant de la personne. […] Ici l’un des traits de la religion de Mme Valmore se prononce. […] Sainte-Beuve, dans tout ce qui précède, n’a eu d’autre idée que de dépeindre, avec des scènes qu’il trouvait toutes crayonnées, des cris inspirés et des traits d’après nature, le hideux spectacle de ce que, tout à l’heure, il nommait lui-même le cynisme des guerres civiles ; et par son appel final au triomphe de L’humanité parmi les hommes , et à un idéal avancé de civilisation, que nous ne paraissons pas près d’atteindre, hélas ! […] Sainte-Beuve définissait et décrivait, en toute connaissance de cause, ce qu’il a nommé lui-même L’ouvrier littéraire ; et on peut reconnaître à certains traits que, sans en avoir l’air, il se rangeait dans cette catégorie de travailleurs ; il en a été, malgré la dignité de sénateur, jusqu’à la fin de sa vie (voir à la fin d’un premier article sur la Réforme sociale en France, par M.
Lucas-Montigny ne se soit grossi les inconvénients de certains détails nouveaux, et que ses idées sur la dignité du genre n’aient ajouté un peu trop de rigueur à sa louable morale « Nous pourrions, dit-il, donner une relation très-circonstanciée de l’emploi du temps passé follement aux Verrières, de la route suivie par les deux amants quand il se furent décidés à s’éloigner, de tous les accompagnements de cet acte de démence et de désespoir ; mais un tel récit serait mélangé d’incidents scandaleux que nous rejetterons toujours, parce qu’ils sont indignes de l’histoire, parce qu’ils la dégradent, parce que même ils la font mentir, puisqu’elle doit peindre les grands faits et non les passagers accidents de la vie des personnages dont elle s’occupe, les traits saillants de leur physionomie et non les difformités secrètes. » De telles maximes crûment énoncées par un biographe sont elles-mêmes la critique la plus sévère du procédé qu’il suit : nous ne nous arrêterons pas à les réfuter. […] S’il a rappelé une fois dans une parenthèse que l’amiral Coligny était son cousin, cela se change en sublime, au lieu de paraître un simple trait de vanité. […] Ajoutez à ces traits une tournure d’humeur et de gaieté française, des saillies et des brusqueries plaisantes, non pas à la façon de Roquelaure ou de Rabelais, mais d’une haute dignité et grandeur comique, ainsi qu’il convenait à un Alceste demeuré féodal et antique baron. […] Mais leur vêtement habituel idéalisé, les traits rassemblés de leur physionomie, leur pose, leur allure, se joignent étroitement à l’idée et font revivre, en le rehaussant, le personnage.