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1013. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

… Le peuple est inconsidéré et peu réfléchi ; il viole la loi par inadvertance, comme un enfant tombe dans un puits. […] Je fis tomber mon choix sur lui ; j’écrivis son nom et mes intentions sur un billet que je plaçai derrière le même tableau où celui qui contenait mon nom avait été placé par mon père. […] J’avais écrit secrètement le nom de celui d’entre eux que j’avais intention de faire mon successeur, et j’en avais averti les grands qui servent dans le ministère, sans cependant leur faire connaître le prince sur qui j’avais fait tomber mon choix. […] ” Il n’en fut pas ainsi de Jen ; il abdiqua l’empire, et à peine l’eut-il abdiqué qu’il tomba dans la mélancolie la plus profonde. […] Plein de mépris pour de tels souverains, pourrait-il me tomber en pensée de marcher sur leurs traces ?

1014. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

L’expression de ce bel adolescent qui gouverne les bœufs est fière, pensive et mâle ; son front est encadré dans des boucles épaisses de cheveux noirs ; ses cheveux sont surmontés d’une calotte brune ; il penche l’oreille d’un côté pour écouter la zampogna des pfifferari ; il regarde, de l’autre côté, un groupe de trois femmes de différents âges qui marchent près des roues pour ramasser les épis tombés du char. […] Le ciel bas et brumeux de Venise en automne, le silence des grèves interrompu seulement par le bruit des pierres de ses quais qui tombent une à une dans l’eau morte de ses lagunes, étaient un site et un séjour admirablement choisis d’instinct pour la conception et pour l’exécution d’une telle œuvre. […] XXXVII Léopold Robert travaillait au tableau des Pêcheurs avec patience et assiduité, comme au monument de sa vie, tantôt ardent à l’œuvre, tantôt découragé et laissant tomber ses pinceaux. […] Que les voyageurs sympathiques à la mélancolie de l’âme et à la maladie mortelle du génie (trop aspirer) aillent penser et prier sur ce petit tertre de sable qui recouvre sa tombe. […] Elles disent que la résolution et le péril visible luttent dans leurs pensées, muettes sur leurs lèvres, et qu’il y a à l’horizon un point noir d’où la mort peut tomber avec le vent. — Et que dit le visage du jeune fils qui déplie si majestueusement les filets, sans rien regarder ni sur terre ni sur mer ?

1015. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Malgré les théories plus chimériques que réelles de ce soi-disant progrès indéfini et continu, qui conduit les peuples, par des degrés toujours ascendants, à je ne sais quel apogée, indéfini aussi, de la nature humaine, l’histoire religieuse, l’histoire militaire, l’histoire politique, l’histoire littéraire, l’histoire artistique, ne nous montrent pas un seul peuple qui, après la perfection, ne soit tombé dans la décadence. […] Le livre, quoique délicieux, tomberait des mains. […] On prie le chevalier inconnu qui n’a pas eu la gloire, mais le mérite de prendre la cause de Ginevra, de se découvrir : son casque, qui tombe, laisse reconnaître Ariodant, l’amant de Ginevra ; tout en la croyant coupable, il avait voulu vaincre pour elle ou mourir pour elle. […] Nous nous assîmes tous trois sur ses racines veloutées par les nombreux duvets de ses feuilles qui tombent tout l’été des rameaux : les deux femmes, adossées à l’arbre, et moi, un peu plus bas à leurs pieds. […] — Eh bien alors, reprit avec un fol enjouement Léna, laisse sécher tes yeux au vent de mer et ne songeons plus qu’à faire des bouquets. » En parlant ainsi, elle prit à deux mains la tête de la belle enfant, la posa de force à la renverse sur ses genoux, et, découvrant le front des tresses blondes qui tombaient sur les yeux de sa fille, elle lui tourna le visage vers le ciel bleu au-dessus de l’arbre, et vers la mer, plus bleue que le ciel ; puis, agitant légèrement l’air avec son éventail de papier vert, elle étancha en riant les larmes de l’enfant avec le double vent de la mer et de l’éventail.

1016. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

S’en tenir uniquement aux faits sensibles qui tombent sous notre observation, et ne pas remonter plus haut pour les mieux comprendre, lui semble une aberration et presque un sacrilège. […] Pour le miel, il tombe de l’air, principalement dans le temps du lever des constellations, et lorsque l’arc en ciel s’étend sur la terre. […] L’abeille prépare donc la cire avec des fleurs comme je l’ai dit, mais une preuve qu’elle ne compose point le miel, et qu’elle recueille celui qui tombe, c’est que ceux qui ont des ruches les trouvent pleines de miel en un jour ou deux, et que d’ailleurs, quand on leur a ôté leur miel en automne, elles n’en font plus de nouveau quoiqu’il y ait encore des fleurs. […] Le bois du cerf tombe chaque année vers le mois d’avril. […] « Les biches mangent les enveloppes de leurs petits aussitôt qu’elles ont mis bas : elles ne les laissent pas même tomber à terre, de sorte qu’il n’est pas possible de s’en saisir : vraisemblablement elles contiennent quelque vertu.

1017. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

J’ai remarqué que, lorsque les pewees reviennent au printemps, ils consolident leur ancienne habitation par des additions aux parties extérieures adhérentes au roc ; c’est pour l’empêcher de tomber, ce qui lui arrive cependant quelquefois, lorsqu’elle date de plusieurs années. […] Quand les petits tombent par accident, ce qui arrive aussi quelquefois, bien que le nid reste en place, ils parviennent à y remonter à l’aide de leurs griffes aiguës, en élevant un pied, puis l’autre, et en s’appuyant sur leur queue. […] Il y avait environ vingt minutes que j’étais dans cette posture, lorsque soudain je crus que le grand arbre se déracinait et tombait sur moi. […] Le résultat fut curieux : les oiseaux, comme d’ordinaire, vinrent pour s’abriter à la tombée de la nuit ; ils s’attroupèrent, passant et repassant devant l’arbre d’un air tout dérouté ; plusieurs déjà commençaient à s’envoler au loin : j’ôtai le bouchon, et immédiatement ils entrèrent sans discontinuer, jusqu’à ce qu’il ne me fût plus possible de les distinguer du lieu où j’étais. […] Mais alors son ennemi craint encore qu’il n’aille tomber dans l’eau du fleuve.

1018. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il faut y revenir une fois, deux fois, trois fois, chaque fois, en un mot, qu’un nouvel écho échappé de leur tombe nous rappelle leur nom ou leur pensée par une de leurs œuvres posthumes ou par les confidences rétrospectives d’un de leurs familiers. […] Il entendit pour la première fois prononcer le nom de Goethe, et un volume de ses Poésies et Chansons lui tomba entre les mains. […] Les génies purement d’art et de forme, et de phrases, dénués de ce germe d’invention fertile, et doués d’une action simplement viagère, se trouvent en réalité bien moins grands qu’ils ne paraissent, et, le premier bruit tombé, ils ne revivent pas. […] Après quelques mots, l’entretien tomba sur Goethe. […] …” — Je rapproche ces deux témoignages de deux des plus grands poètes du siècle en souhaitant qu’ils tombent sous les yeux de leur successeur ; peut-être, grâce à cet aveu de ses devanciers, serait-il plus sage qu’eux.

1019. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

. — Le roman provincial Il se pourrait que les études provinciales sauvassent le roman de la médiocrité où il tombe. […] La Jeunesse veut être personnel, il y réussit ; mais il tombe parfois dans une originalité assez disparate45. » Parmi les humoristes, aussi, M.  […] Voilà qu’elle tombe sur son derrière, brandissant une herbe à racine chevelue, et s’écrie : “Je la tiens, la rosse !”  […] Le présent tombe au fond de la mémoire et le rêve se continue, obsédant les heures ; sa chaîne se forme, anneau par anneau, et la lande, et la grève, et la mer d’Armor disparaissent sous les pas de Salomé. […] mais on n’achève que les yeux humides ce marivaudage dans la pénombre d’une tombe. » A. 

1020. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Voilà dans quel milieu de faux goût ridicule et sous quelle bizarre direction littéraire était tombé, par une prétendue faveur, le jeune poète rouennais. […] Tàlbot Tu veux donc qu’une même tombe ensevelisse toutes les espérances de ta mère ? […] Sur qui donc tombe cette ironie ? […] L’action débute de la même manière, ou à peu près : Dona Jacinta fait un faux pas et tombe (chez Corneille, elle manque seulement de tomber) ; le jeune Garcia saisit l’occasion de donner la main à la dame pour la relever, et aussitôt s’engage une conversation fort alambiquée, dans le goût espagnol du temps. […] De cette main, il est vrai, j’ai pu toucher le ciel ; mais que m’en revient-il, si c’est parce que le ciel est tombé, et non parce que j’ai été élevé jusqu’à lui ?

1021. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

À Dublin, il alla le premier serrer la main de Swift, son grand adversaire tombé. […] Dès sa première jeunesse, il s’était joint au parti libéral, et jusqu’au bout il y demeura, espérant bien de la raison et de la vertu humaines, marquant les misères où tombent les peuples qui avec leur indépendance abandonnent leur dignité903. […] Telle est cette vision de Mirza qu’il faut traduire presque en entier944 : « Le cinquième jour de la lune, étant monté sur les hautes collines de Bagdad, pour passer le reste du jour dans la méditation et dans la prière, je tombai en une profonde méditation sur la vanité de la vie humaine, et passant d’une pensée à l’autre : Sûrement, me dis-je, l’homme n’est qu’une ombre et la vie un songe. —  Pendant que je rêvais ainsi, je jetai les yeux sur le sommet d’un roc qui n’était pas loin de moi, et j’y aperçus une figure en habit de berger, avec un instrument de musique à la main. […] Comme je les comptais, le Génie me dit que ce pont était d’abord de mille arches, mais qu’une grande inondation avait balayé le reste, et l’avait laissé ruiné comme je le voyais maintenant. —  Dis-moi encore, reprit-il, ce que tu y découvres. —  Je vois, répondis-je, une multitude de gens qui le traversent, et un nuage noir suspendu sur chacune de ses deux issues. —  Puis, regardant plus attentivement, je vis plusieurs des voyageurs tomber au travers dans la grande marée qui conduit au-dessous, et je découvris bientôt qu’il y avait dans ce pont d’innombrables trappes cachées, où l’on ne mettait le pied que pour s’enfoncer et disparaître à l’instant. […] Quelques voyageurs, à la vérité, mais leur nombre était bien petit, avançaient en clopinant jusque sur les arches rompues, mais tombaient tour à tour, au travers, épuisés comme ils étaient et accablés d’une si longue marche… Mon cœur se remplit d’une profonde tristesse en voyant plusieurs des passants qui tombaient à l’improviste, au milieu de leur joie et de leurs éclats de rire, et s’accrochaient à tout ce qui était près d’eux pour se sauver.

1022. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Elle le tient dans sa main, puis elle l’attache autour de sa taille, elle lie les cordons, elle l’étale, elle le froisse pour qu’il tombe bien. […] Dickens ne calme jamais la nôtre ; il choisit les sujets où elle se déploie seule et plus qu’ailleurs, la longue oppression des enfants tyrannisés et affamés par leur maître d’école, la vie de l’ouvrier Stephen, volé et déshonoré par sa femme, chassé par ses camarades, accusé de vol, languissant six jours au fond d’un puits où il est tombé, blessé, dévoré par la fièvre, et mourant quand enfin on arrive à lui. […] Ce puits où il est tombé a tué des centaines d’hommes, des pères, des maris, des fils qui faisaient vivre des centaines de familles. […] Le vent arrivait en se démenant autour du coin, —  principalement le vent d’est, —  comme s’il était parti des confins de la terre pour tomber sur Toby. […] À l’instant, son tablier blanc était relevé par dessus sa tête, comme la blouse d’un enfant méchant, et l’on voyait sa faible petite canne lutter et s’agiter inutilement dans sa main ; ses jambes subissaient une agitation terrible, et Toby lui-même tout courbé, faisant face tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, était si bien souffleté et battu, et rossé, et houspillé, et tiraillé, et bousculé, et soulevé de terre, que c’était presque positivement un miracle s’il n’était pas enlevé en chair et en os en haut de l’air, comme l’est parfois une colonie de grenouilles, ou d’escargots, ou d’autres créatures portatives, pour tomber en pluie, au grand étonnement des indigènes, dans quelque coin reculé du monde où l’espèce des commissionnaires est inconnue1341.

1023. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

ou, s’il s’y efforce, ne tombera-t-il pas d’une indulgence trop molle dans une défiance trop inquiète et trop armée ? […] Et, là-dessus, voilà qu’une jeune parente du petit duc, Hélène de Grisolles, dont il est aimé depuis longtemps et qu’il n’a pas su deviner, se décide à lui faire sa déclaration en face, avec l’ardente brutalité de Julia de Trécœur ou de Gotte des Trembles ; elle tombe dans ses bras qu’il referme poliment sur elle, et Catherine les surprend dans cette attitude… En vain son mari, soudainement repentant, essaye de la retenir. « Je m’en vais, dit-elle. […] Là-dessus tombent à la maison Mikils et sa femme, avec des figures bizarres. […] Elle tombe chez Dufresne et y trouve, en l’absence de madame, une petite fille de huit ans qu’elle fait bavarder. […] Il y a, en ce sens, des « bourgeois » même parmi ceux qui font profession de « tomber » les bourgeois.

1024. (1925) La fin de l’art

On me dit que nous sommes mal tombés, que c’est une série choisie pour les enfants, qu’ordinairement il y a certains tableaux attachants ou curieux. […] Évidemment, je suis de mauvaise humeur et le cinéma n’est peut-être pas tombé partout aussi bas que je viens de le voir. […] Qui sait si l’an prochain la dame, son rejeton ayant gravi un échelon, ne tombera pas sur un de ces professeurs surannés ? […] Je le sais, il vaudrait mieux regarder tomber la pluie philosophiquement, mais le démon de l’ennui, de la peur de l’ennui, nous pousse, et l’on devient si lâche dès que l’on sort de ses habitudes ! […] La médecine est orientée à ne considérer que les germes vivants des maladies, mais le terrain où tombent ces germes ne saurait être indifférent.

1025. (1883) Le roman naturaliste

Il est douloureux de constater que le roman en soit tombé là, d’autant plus douloureux qu’assurément M.  […] — La patronne qui pleure… Elle est debout, et ses larmes tombent goutte à goutte sur le grand-livre. — Elle pleure sur le grand-livre ! […] À ce propos, je me suis souvenu qu’en 1874, lorsque tombèrent sur le petit théâtre de Cluny les Héritiers Rabourdin, M.  […] Elle souriait là-dessous à la chaleur tiède, — et on entendait les gouttes d’eau, une à une, tomber sur la moire tendue. […] Il y tombe, de toute sa lourdeur, à chaque page, dans le plus épais galimatias.

1026. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Mais, quand une société ne trouve point en elle-même la force de sortir du désordre où elle est tombée, qu’arrive-t-il ? […] Quelques volumes dépareillés de Voltaire lui tombèrent sous la main, et il apprit pour ainsi dire à lire dans les écrits de ce grand railleur de toute chose, comme celui-ci avait appris à lire dans la Moïsade. […] Avec la paix générale rétablie par la restauration, les douanes intellectuelles tombaient, et le commerce se renouait d’autant plus actif entre le génie de la France et celui des nations voisines, que les rapports avaient été longtemps suspendus. […] La lice est ouverte, les barrières tombent, et la voix du juge du camp a crié d’en haut : « Laissez aller !  […] Elles répondent ainsi au cœur de l’homme, qui a ses chutes et ses résurrections, ses défaites et ses victoires, ses grandeurs et ses défaillances, ses heures de tentation et ses heures de réhabilitation, qui tombe pour se relever avec l’aide d’en haut qui ne manque jamais à son impuissance, mais qui ne se relève que pour tomber, jusqu’à ce que Dieu, l’éternel témoin de cette lutte dont il est à la fois le juge et le prix, daigne tendre sa main paternelle à sa faible créature, à cet enfant déchu, ouvrage de sa bonté et victime de sa justice.

1027. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bourget, Paul (1852-1935) »

Ce Byronien, tombé comme la foudre en plein réalisme, est presque Byronien deux fois.

1028. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain 10 mai 1870 Messieurs, L’Académie des inscriptions et belles-lettres ne saurait rester muette devant cette tombe, près de se refermer sur l’un des hommes qu’elle est le plus fière d’avoir possédés dans son sein.

1029. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Quant à la partie du style, on peut s’en rapporter à M. de Voltaire, qui dit, dans son Siecle de Louis XIV : « Que la maniere d’écrire de Bayle est trop souvent diffuse, lâche, incorrecte, & d’une familiarité qui tombe quelquefois dans la bassesse ».

1030. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

Le hasard a fait tomber il y a quelque temps son Ouvrage entre mes mains.

1031. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 121-125

Lemonnier, ne font pas oublier, il est vrai, que ses détails tombent souvent dans la diffusion, à force de fécondité ; que sa simplicité, pour être trop familiere, devient quelquefois triviale & rebutante ; que sa facilité à tourner une même pensée de différentes façons, donne un air languissant à certains endroits de ses Récits, riches d’ailleurs en tournures, en images, & en sentimens.

1032. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Ses bras tombent mollement à ses côtés.

1033. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 19, de la galanterie qui est dans nos poëmes » pp. 143-146

Quand je dis que Monsieur Woton a défendu la même cause que Monsieur Perrault : je dois ajouter que Monsieur Woton en mettant le sçavoir des modernes au-dessus de celui des anciens dans la plûpart des arts et des sciences, tombe d’accord néanmoins que dans la poësie et dans l’éloquence les anciens ont surpassé les modernes de bien loin.

1034. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Il soupire après l’idéal, appelle une inconnue, et tombe amoureux de l’actrice en question, femme de trente-deux ans, perroquet de théâtre, ignorante et bête à plaisir. […] Miss Crawley, vieille femme riche, tombe malade1345. […] Par pure vertu, elle hait le capitaine Rawdon, et ne souffrira pas qu’un si bon argent tombe en de si mauvaises mains. […] Il semble qu’on lui dise : « J’ai honte de vous attaquer ; vous êtes si faible, que même avec un appui vous tombez ; vos raisons sont votre opprobre, et vos excuses sont votre condamnation. » Aussi, plus l’ironie est grave, plus elle est forte ; plus on met de soin à défendre son ennemi, plus on l’avilit ; plus on paraît l’aider, plus on l’écrase. […] Non, monsieur, c’est assez que votre mère tombe à la charge de sa paroisse, et que votre femme aille balayer les rues.

1035. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Lundi 23 février Dans le premier journal que j’ouvre, je tombe sur ce fait divers, que les machinistes à l’Odéon ont passé la nuit à équiper le décor du Bal Masqué. […] Ce sont vraiment bien des applaudissements, des applaudissements frénétiques sur lesquels tombe la toile du premier acte. […] Derrière ces bâtiments, un grand jardin ou plutôt un parc minuscule, dont l’entrée élevée de quatre marches, et s’ouvrant au-dessus d’un parterre, entre une ligne de grands arbres, joue si bien une baie de théâtre, que Daudet, avant de tomber malade, avait eu l’intention d’y jouer une espèce de farce italienne de son invention. […] Et toutes les semaines, tombe dans la maison un gendre marseillais, avec du poil jusque dans les yeux, un Marseillais qui a la tête rasée d’un bourreau arabe, dans un tableau d’un élève de l’École de Rome, un Marseillais qui entre comme un ouragan, en criant dans son patois : Fan de brut ! […] Du haut du Trocadéro, quand il n’y a dans le ciel, ni lune, ni étoile, et que les réverbères de l’infini Paris sont allumés, il semble que toutes les étoiles de la voûte céleste sont tombées à terre.

1036. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

A vrai dire le reproche ne tombe qu’à demi sur Mallarmé, tout au moins il l’effleure. […] Pareillement le romantisme fit tomber en pièces la description poussiéreuse de Delille et de Fontanes, et le symbolisme se leva contre la description naturaliste en même temps que contre la description parnassienne. […] Mais toujours Vigny restera hypnotisé par le fait poétique ; toujours il fixera sur lui-même, sur le don miraculeusement tombé en lui, ce même regard d’orgueil sombre, timide, effrayé. […] Et par la haute oraison qu’il prononce sur la tombe de Verlaine, il ressaisit au nom de la Poésie le « triste et fier honneur » du malheur et de l’isolement. […] et puis à vous Andromaque, des bras d’un grand époux tombé !

1037. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

La soupe servie chez Mme Sichel, le docteur Martin tombe dîner. […] Le chemin du local de la fête à mon hôtel est tout droit et tout court, et depuis que je suis dans cette ville, je l’ai fait tous les jours, mais je sors par une autre porte, et je m’égare dans un lacis de petites rues, au moment où la nuit commence à tomber. […] Ce soir, je tombe au cirque, à mon spectacle aimé des tours de force, au vrai spectacle, et me voilà, avant le commencement de la représentation, me promenant avec une certaine jouissance dans les antichambres et les écuries de ce lieu, que j’ai un peu immortalisé dans Les Frères Zemganno. […] Il est un de ces vases, à la patine du vieil acajou, décoré du feuillage fleuri d’une tige de cognassier, comme tombée du vase. […] Or, dans l’auberge de rouliers tenue par ses parents, tombait, un jour, une troupe de comédiens nomades, et il arrivait qu’à la suite de la représentation dans la grande salle de l’auberge, la fille de l’auberge, une belle fille, séduite par les paillettes du comédien, qui faisait le prince Charmant, décampait avec lui à Marseille, d’où, subitement désenchantée de l’homme, elle se rendait à Paris.

1038. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Voici deux strophes qui nous évoquent le soir, entrant en nous, se faisant nous : Le jour tombe, le jour trébuche, Comme un vieux mendiant à besace, Par les sentiers noirs pleins d’embûches. […] Son désir la fait défaillir, et elle « tombe sur la nuit, lourde comme une rose ». […] Le silence, le soir, s’avance à pas d’eunuque Et fait tomber sans bruit quelque étoile caduque Sur cet arbre nocturne où l’allégresse dort ; La lune amarre là son petit bateau d’or. […] Sur eux tombe par bavures un jour de ruines et de rouilles. […] « Ne vaut-il pas mieux tomber dans les mains d’un meurtrier que dans les rêves d’une femme ardente ?

1039. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Quel pavé me tombe là tout d’abord ! […] Il tombe d’instinct, et de tout son poids, avec une sûreté héroïque sur la méprise fondamentale, où, d’ailleurs, je l’invitais diaboliquement. […] Sans quoi la plume lui serait tombée des mains, ce qui eût été grand dommage. […] Fagus a raison : le premier vers ne nous tombe pas de la lune. […] Je ne demande pas mieux : on ne saurait tomber plus heureusement de mon côté.

1040. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Mais un pareil chef-d’œuvre était tout bonnement une chimère ; c’eût été tomber dans l’allégorie, dans le néant. […] Ils prétendent qu’en dehors de ce qui est, on tombe dans le faux. […] Et il sera permis d’esquisser des mœurs rustiques sans tomber dans les conventions de l’école flamande. […] Champfleury tombe de bonne foi dans une grossière erreur. […] Mais j’ai trop critiqué ceux qui me sont tombés sous la main pour ne pas lui rendre justice où j’en trouve l’occasion.

1041. (1886) Le naturalisme

Après avoir terminé une page en gémissant, en soupirant, il se levait de sa table de travail, baigné de sueur, et allait tomber sur un divan où il restait sans souffle. […] Zola tombe sciemment dans une grave hérésie esthétique ; et n’en doutons pas, il sera châtié par où il a surtout péché. […] Les limites en sont extrêmement variables, le tact, la sûreté de main que possède un grand talent lui servent seuls de guides, pour ne point s’écarter de la route et pour se redresser s’il tombe. […] Deux ou trois romans d’entre ses premières œuvres sont les colonnes sur lesquelles son nom s’appuie pour ne pas tomber en oubli. […] Pereda, grâce à Dieu, ne tombe pas dans l’optimisme parfois agaçant de Trueba et de Fernan.

1042. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Ouvrir les Chants de la pluie et du soleil, c’est tomber dans une mine où l’on puiserait longtemps sans l’appauvrir. […] Tête d’or voit mourir Cébès : D’abord, c’est Mai joli, puis la saison se termine et les hommes tombent comme des pommes. […] Mais ayant baisé les lèvres de l’usurpateur, elle meurt aussi, car il faut que la toile tombe sur la scène comme une taie sur les yeux. […] Il sait ce qu’il sème, il sait ce qu’il récoltera, et quand il se confie à la tombe, quel fruit d’illumination, quel fruit d’éternité. […] Sans ce bâton le croyant tombe et s’évanouit : Hello manie le sien avec certitude et avec délectation.

1043. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVII » pp. 109-112

Deux ont brisé la chaîne qui fait garde-fou au pont et sont tombés ; sans la présence d’esprit, l’adresse et la vigueur extrême du postillon qui a su faire porter à temps le timon contre un pilier ou poteau, la voiture était immanquablement précipitée.

1044. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

Paul Mariéton Il est le seul de l’école dite « plastique » qui ne soit jamais tombé dans le convenu… Pour quiconque est las des rêveries fades et malsaines, des étrangetés creuses ou des sonorités romantiques, Soulary sera toujours le prince des sonnettistes et, en tous cas, l’un des plus puissants virtuoses de notre langue poétique.

1045. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Son génie, plus constamment appliqué à des objets convenables à son état & à sa plume, nous eût laissé des Productions utiles, au lieu de ces Ecrits polémiques qui tombent d’eux-mêmes avec les sujet qui les a fait naître.

1046. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 100-104

Nous l'avons dit ailleurs, & nous croyons devoir le répéter ici en faveur des Esprits foibles ou peu réfléchis : l'accusation de malignité ne peut tomber avec justice que sur le Censeur caustique qui s'exerce à mortifier l'amour-propre des Auteurs, sans se proposer d'autre but que celui de mortifier ; le nôtre a été constamment d'instruire & de corriger, s'il étoit possible.

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