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1920. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Esquisse qui a la prétention d’être un tableau, et qui a coûté autant de peine que si elle en était un !

1921. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Je ne sais pourquoi quelques-uns de ses personnages et de ses tableaux m’apparaissent comme un artifice de réalité, et me semblent créés par la volonté violente d’un esprit tout plein d’une formule, au lieu de jaillir naturellement du contact de la nature, du pur et simple sentiment de vie dans l’être du romancier.

1922. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Ce tableau des mœurs italiennes, avec une foule de détails et d’anecdotes qui ne sont pas ennuyeux du tout, est bien fantaisiste. […] Il était parti de cette idée, très répandue, je ne dis pas dans son parti, car il ne fut jamais d’aucun parti, mais dans sa classe, vers 1830, que c’était la Révolution française qui avait centralisé la France, et par conséquent fondé ou rendu facile le despotisme dans ce pays ; qu’avant la Révolution il y avait sur la surface du pays une foule de libertés, tant locales que corporatives, qui étaient à la volonté centrale des limites et des digues, et que l’œuvre de la Révolution n’avait été que de détruire toutes ces franchises. — Il ne tarda pas, en présence des faits bien étudiés, à rectifier ces notions où il y avait beaucoup de vrai et beaucoup de faux, et il a donné de l’œuvre révolutionnaire en ses grandes lignes le tableau le plus vrai et le plus précis que je sache, encore qu’il n’ait pas eu le temps d’entrer dans l’histoire proprement dite de la Révolution. […] Et l’on s’attend, après ces sombres tableaux et ces véhéments réquisitoires, à ce que Proudhon recoure aux remèdes tant de fois offerts et qui semblent les seuls qu’il soit naturel de proposer, sans, du reste, qu’on soit sûr de leur efficacité, sans qu’on soit sûr même de pouvoir les mettre en pratique. […] Pour le psychologue, le portrait de soi-même est toujours l’essentiel et le centre ; la peinture de l’humanité est le tableau, au milieu duquel le portrait prend toute son exactitude, en prenant une vérité de comparaison, de contraste, de relations et de rapports. […] Ce qui est permis, donc, c’est de découvrir des faits et de les grouper, c’est de faire des recherches historiques et des tableaux historiques.

1923. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Ce commencement du xixe  siècle est sans précédent, dans le tableau synoptique des époques de l’humanité : le sentiment de l’Art galvanisant les religions au lieu de se fonder sur elles, est né. […] Ses personnages et ses paysages ont autre chose que la vie, ils ont la magie des apparences ; ce sont des tableaux et des statues. — Et l’œuvre du magistral ouvrier nous est indifférente et précieuse comme une galerie de Musée : on y peut venir étudier les prodiges, surprendre les secrets de l’art. […] On a cru non inutile de la présenter en un seul regard, dans le tableau ci-joint, qui montre mieux que tous commentaires les filiations et cousinages des esprits. — Précaution soit prise, ironique aux ironies, de dire que l’arbitraire d’un tel procédé aussi ne prétend à rien de plus qu’à l’indication de lignes générales que modifieraient les détails et qui restent vraies dans leur généralité. […] Brunetière, elle serait infirmée par bien des pièces, dans ce recueil même, suggestives de tableaux et par les Eaux-fortes et les Paysages tristes des Poëmes saturniens.

1924. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

L’un, plus ardent, plus expansif, tout livré à la verve, peintre passionné de tableaux crus et éblouissants, prosateur lyrique, tout-puissant sur le rire et sur les larmes, a été lancé dans l’invention fantasque, dans la sensibilité douloureuse, dans la bouffonnerie violente, et, par les témérités de son style, par l’excès de ses émotions, par la familiarité grotesque de ses caricatures, il a donné en spectacle toutes les forces et toutes les faiblesses d’un artiste, toutes les audaces, tous les succès et toutes les bizarreries de l’imagination. […] Devant ce tableau frappant de vérité et de génie, on a besoin de se rappeler que cette inégalité blessante est la cause d’une liberté salutaire, que l’iniquité sociale produit la prospérité politique, qu’une classe de grands héréditaires est une classe d’hommes d’État héréditaires, qu’en un siècle et demi l’Angleterre a eu cent cinquante ans de bon gouvernement, qu’en un siècle et demi la France a eu cent vingt ans de mauvais gouvernement, que tout se paye et qu’on peut payer cher des chefs capables, une politique suivie, des élections libres, et la surveillance du gouvernement par la nation.

1925. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Mais ma femme, toujours égale et libre dans la sienne, me laisse impitoyablement dans mes peines ; et, occupée seulement du désir de plaire en général, sans avoir de dessein particulier, elle rit de ma faiblesse. » Tous les traits de ce tableau conviennent à Célimène, comme ceux du passage précédent convenaient au Misanthrope. […] Elle fait des tableaux couvrir les nudités ; Mais elle a de l’amour pour les réalités. » Pour moi, contre chacun je pris votre défense, Et leur assurai fort que c’était médisance ; Mais tous les sentiments combattirent le mien, Et leur conclusion fut que vous feriez bien De prendre moins de soin des actions des autres, Et de vous mettre un peu plus en peine des vôtres ; Qu’on doit se regarder soi-même un fort long temps Avant que de songer à condamner les gens ; Qu’il faut mettre le poids d’une vie exemplaire Dans les corrections qu’aux autres on veut faire ; Et qu’encor vaut-il mieux s’en remettre, au besoin, À ceux à qui le ciel en a commis le soin.

1926. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Mallarmé juge un tableau, une fresque, une statue à la quantité de pensées que lui inspirent ces œuvres, à la somme d’idées discursives qu’elles éveillent, et que le plaisir émotionnel, l’ivresse esthétique le laissent indifférent. […] * *   * Tels sont les derniers tableaux où se plaît l’imagination exaspérée de Verhaeren.

1927. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Sous l’arrêt éternel repoussant ma prière Jamais plus le soleil n’atteindra ma paupière Pour l’essuyer du monde et des tableaux affreux Qui font baisser partout mes regards douloureux. […] Avant de déjeuner, le président De Brosses prenait, en guise d’apéritif, quatre tableaux du Titien et deux plafonds de Paul Véronèse. […] C’est le même tableau, mais en pleine lumière ; et Camille est moins fatal que Didier. […] … Après tout, Maeterlinck, rempli de talent et très habile, n’a peut-être cherché là qu’un détail, sorte de rehaut du tableau extraordinaire qu’il voulait offrir.

1928. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Chacun, dans cette lecture, peut apprécier la marche du critique, le procédé savant des tableaux, la nouveauté expressive des figures, cette théorie éparse, dissimulée, qui est à la fois nulle part et partout, se retrouvant de préférence dans des faits vivants, dans des rapprochements inattendus, et comme en action ; cette lumière enfin distribuée par une multitude d’aperçus et pénétrant tout ce qu’elle touche.

1929. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

.) — Tableau moral du clergé de France (1789), 2.

1930. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Voyez le tableau de cette femme couchée sur le lit de repos de sa galère, avec sa confidente accoudée sur ses pieds, qui l’entretient de son bonheur, au moment où les assassins soldés par son fils font écrouler la mort sur sa tête, et chavirer la barque triomphale pour l’engloutir.

1931. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

C’est possible ; mais j’ai toujours cru que la peinture n’était pas un défaut dans ces tableaux écrits qu’on appelle la grande histoire.

1932. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Tableau de sa désolation extrême quand elle se trouve seule dans une auberge sur la route, remplie d’indifférents.

1933. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Cette œuvre n’était pas entièrement nouvelle ; elle ne valait pas le Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, ce livre parfait, où la poésie des tropiques sert de cadre à la religion et à la sensibilité de l’Europe ; mais les couleurs américaines et le contraste du délire de la nature amoureuse des forêts sauvages avec les rigueurs de l’ascétisme chrétien en font un tableau à part dans la littérature de cette époque ; c’est le catholicisme espagnol vu à travers les ombres terribles des horizons transatlantiques d’un nouveau monde.

1934. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il faut ajouter à son aimable tableau quelques couleurs plus crues.

1935. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Et encore : « Il démontrera que la morale de la Réforme trouve son origine dans l’usage de la bière ; et, devant un tableau, ayant à juger la chevelure d’une femme, il essayera de compter les cheveux. » La phrase est amusante ; mais, en admettant que cette plaisanterie des cheveux comptés puisse s’appliquer à M. 

1936. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

« Mais pourtant dans cette décadence certainement partielle et dans ce verbiage, surtout en certains sujets d’opéra, combien leur forme et leur manière viennent aux Italiens à propos, Bellini en donne la preuve dans la norma, sans contradiction une de ses compositions les plus réussies ; dans cette pièce où le poème même s’élève à la hauteur tragique des anciens grecs, cette forme que Bellini en même temps aussi relève et anoblit, rehausse le solennel et grandiose caractère du tout ; toutes les passions que son chant transfigure si singulièrement, reçoivent par cela même un fondement majestueux, sur lequel elles ne flottent pas vaguement, mais se forment en un grand et clair tableau qui, involontairement, rappelle les créations de Gluck et de Spontini.

1937. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

… Certes, la joie serait grande si, tandis que la musique déroule les émotions d’où naissent les paroles, nous avions devant les yeux, en une correspondance parfaite, le tableau où les émotions, symbolisées dans une forme plastique, se renforceraient d’une vie nouvelle ;, la vie plastique.

1938. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Il dépense des millions tous les ans en achats de tableaux et de sculptures et en créations et dotations de musées, et toujours on nous ressasse les oreilles de l’influence sur le goût et sur la culture du peuple que ces choses doivent exercer ; il n’en est rien cependant, — « lorsque l’art allemand se releva de sa profonde décadence à la fin du siècle passé, il n’y avait point de musées ; aujourd’hui que chaque ville en possède, la peinture allemande tombe dans la plus absolue inanité… Pourquoi du reste l’état n’achète-t-il pas des romans, et ne commande-t-il pas des valses ? 

1939. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Que de portraits vivants, frappants, incisifs, abondent dans ce cadre où la vie circule, comme l’air du ciel dans un beau tableau !

1940. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Le public n’estime et ne reconnaît à la longue que ceux qui l’ont scandalisé tout d’abord, les apporteurs de neuf, les révolutionnaires du livre et du tableau, — les messieurs enfin, qui, dans la marche et le renouvellement incessants et universels des choses du monde, osent contrarier l’immuabilité paresseuse de ses opinions toutes faites.

1941. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Les photographies cyniques qu’il croit des tableaux, sont vulgaires au plus lamentable degré.

1942. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Il ne devait pas apporter seulement un flambeau au pied d’un tableau et s’en aller après.

1943. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Catholiques, protestants, juifs, socialistes, traditionalistes, je n’ai pas, c’est trop certain, épuisé l’analyse, achevé le tableau, ni même le dénombrement de nos familles spirituelles.

1944. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Aussi tout ce qu’elle fait est plein et achevé28. » Qui ne reconnaît à ce tableau les heureux moments de sa vie où il s’est senti en pleine possession de lui-même, maître incontesté, sinon absolu, dans son empire ?

1945. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Et voici la contre-épreuve « Opposons à ces tableaux celui des mœurs du petit nombre des peuples qui, préservés de cette contagion des vaines connaissances, ont par leurs vertus fait leur propre bonheur et l’exemple des autres nations. » Tels furent les premiers Perses, tels furent les premiers Romains. […] Il ne répond pas par des définitions ni par des raisonnements, mais par des affirmations, des descriptions, et des tableaux. […] Quel charmant tableau ! […] Il y a là tout un tableau d’intérieur charmant et cordial, un joli coin de roman bourgeois, — et qui était neuf alors. […] Jean-Jacques, nous le savons, leur en avait gardé rancune ; et il est donc fort possible qu’en poussant à la démocratie toute pure son tableau idéalisé d’une petite république, il ait voulu ennuyer un peu ces membres privilégiés du Petit Conseil, qu’il avait inutilement traités dans sa dédicace de « magnifiques et souverains seigneurs ».

1946. (1927) André Gide pp. 8-126

Il y a aussi des ombres au tableau. […] Il y a enfin des réunions de cénacles, le tableau amusant d’un banquet d’esthètes, où Alfred Jarry en personne se livre à quelques facéties… Dans les intermèdes idéologiques apparaît une fois ou deux un certain Paul-Ambroise, qui n’est autre que Valéry.

1947. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Certes, si j’avais à entreprendre l’éducation littéraire d’un enfant, je ne lui enseignerais pas d’autre critique théorique et appliquée que celle-là ; mon enfant apprendrait ainsi à faire de bons devoirs ; et si j’avais à écrire dans une revue sur le salon de 1865, je laisserais mes idées générales dans ma bibliothèque entre Hegel et Spinoza, et je ferais une guerre acharnée à tous les détails manqués des statues, des tableaux, des dessins, comme aux fautes de français de mon élève. […] C’est un tableau froidement ironique, où Jupiter n’est pas plus ménagé qu’Amphitryon, et qui même nous intéresse à l’amant un peu moins encore qu’au mari.

1948. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Même lorsqu’il arrive à la charmante Vanessa, sa veine coule semblable : pour la louer enfant, il la pose en petite fille modèle au tableau d’honneur, à la façon d’un maître d’école990 […] Ils ont une sorte de racine juteuse et malsaine dont ils s’abreuvent jusqu’à hurler et grincer des dents, s’embrassant ou s’égratignant, puis roulant pêle-mêle avec des hoquets, vautrés dans la boue ; voilà le tableau de notre ivrognerie.

1949. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

. — Sainte-Beuve : Tableau de la poésie française au xvie  siècle, 1828 ; et « Joachim du Bellay », dans les Nouveaux lundis, t.  […] XIV ; — Sainte-Beuve, Tableau de la poésie française au xvie  siècle : « Mathurin Regnier et André Chénier », 1829 ; — Viollet-le-Duc, « Notice », en tête de son édition des Satires, 1853 ; — Robiou, Essai sur l’histoire de la littérature et des mœurs, etc., Paris, 1858 ; — Garsonnet, Étude sur Mathurin Regnier, Paris, 1859 et 1877 ; — Courbet, « Notice », en tête de son édition des Satires, Paris, 1875. — J. 

1950. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Le romancier grec a dit que Persina, reine d’Éthiopie, avait mis au monde Chariclée, enfant tout blanc, à cause d’un tableau de Persée et d’Andromède nue qu’elle avait beaucoup considéré.

1951. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

La première donnée historique ici était vague ; on ne disait pas le règne, on ne désignait qu’en termes généraux le ministre : pourtant Mme de Rémusat, en y insistant, parvint à imprimer à ses tableaux une couleur fidèle, à reproduire de vrais Espagnols, une vraie cour, de vrais moines : il y a un père jésuite qui agit et parle merveilleusement.

1952. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Jules Macqueron, un touchant tableau de sa disposition intérieure.

1953. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

CXXIX Pourtant je vis bien qu’Hyeronimo n’avait rien contre moi quand il s’élança à mon secours, comme un saint Michel dans le tableau, contre les sbires, et qu’il tira, à la vue de mon sang, son tromblon contre la gueule de six fusils braqués sur sa poitrine.

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