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809. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Un livre qui a des défauts littéraires d’autant plus grands qu’il est le produit d’un système, mais qui a aussi une valeur absolue, un mérite qui ne passera pas, c’est-à-dire la vérité presque maladive d’une inspiration qui ressemble à un empoisonnement, les Poésies de Joseph Delorme, datèrent bien ce commencement d’une époque traversée par nous maintenant, mais Dieu sait à quel prix !

810. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Erckmann-Chatrian est même tellement l’homme de la réalité, qu’il touche au réalisme et qu’il pourrait y entrer… par la porte du cabaret qu’il aime… Mais c’est un réaliste que voilà averti maintenant et qui prendra garde ; car il ne nous produit pas l’effet d’avoir le parti pris de ceux-là qui se sont fait un système avec les objections naturelles de leur esprit.

811. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Dans ce temps-là, j’écrivais : « La religion et la philosophie sont produites par des facultés qui s’excluent réciproquement, se déclarent impuissantes… Le système qui essayerait de les réconcilier et de les confondre ne sera jamais qu’un roman. » J’allais même plus loin, et je disais : « Affirmer qu’une doctrine est vraie parce qu’elle est utile ou belle, c’est la ranger parmi les machines du gouvernement, ou parmi les inventions de la poésie3‌. » Eh bien !

812. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Les solides eux-mêmes, ils les réduisaient aux chairs, viscera [vesci voulait dire se nourrir, parce que les aliments que l’on assimile font de la chair] ; aux os et articulations, artus [observons que artus vient du mot ars, qui chez les anciens Latins signifiait la force du corps ; d’où artitus, robuste ; ensuite on donna ce nom d’ars à tout système de préceptes propres à former quelques facultés de l’âme] ; aux nerfs, qu’ils prirent pour les forces, lorsque, usant encore du langage muet, ils parlaient avec des signes matériels [ce n’est pas sans raison qu’ils prirent nerfs dans ce sens, puisque les nerfs tendent les muscles, dont la tension fait la force de l’homme] ; enfin à la moelle, c’est dans la moelle qu’ils placèrent non moins sagement l’essence de la vie [l’amant appelait sa maîtresse medulla, et medullitùs voulait dire de tout cœur ; lorsque l’on veut désigner l’excès de l’amour, on dit qu’il brûle la moelle des os, urit medullas].

813. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Les deux frères ont cru, et ils l’ont dit, qu’ils avaient affiné leur système nerveux par ce travail ininterrompu d’analyse intime. […] Quand un système comme celui de Haeckel ne fournit aucun argument pour flétrir des atrocités contre lesquelles la conscience du monde civilisé se révolte tout entière, c’est que ce système enferme en lui un vice initial. […] Une autre cet abus du système auquel l’esprit germanique fut toujours enclin, et qui déshumanise la pensée. […] Il entend par là une destruction préalable, en vue d’installer un système de gouvernement qui suppose, qui nécessite cette destruction, système valable pour tous les moments, pour tous les pays. […] Le succès du système de Karl Marx est dû à sa théorie que l’évolution de la valeur domine toute l’évolution des mœurs.

814. (1888) Poètes et romanciers

L’art est toujours jeune, voyez au contraire comme vieillissent les systèmes ! […] J’omettrais volontiers tout ce qui est théorie pure, intention philosophique, système social dans ces récits. […] Plus tard, nous verrons comment ces hallucinations sont devenues, pour le poète, un système tout entier, une philosophie, une théodicée. […] Il me paraît y avoir, dans cette sorte de critique, un déplorable système de chicane contre une mémoire illustre. […] Il faut, pour soutenir une longue suite de vers et pour y intéresser le lecteur, un système vigoureusement accepté, traduit par une conviction ardente.

815. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il doit y avoir un peu de Luther là-dessous. — Je crois que tel a pu être le système d’interprétation assez naturel et point trop hypocrite à l’endroit de Marot. […] Son ataraxie ou son pantagruélisme, qu’on l’appelle de son nom ou de son sobriquet, est un système d’hygiène morale et intellectuelle ; ce système transporté dans le domaine des relations humaines devient la justice, l’équité, la tolérance, et le respect de la liberté d’autrui, tout naturellement. […] Système à chercher, très difficile à trouver. […] Il aurait le système manichéen en lui-même. […] À cela le système s’ajoute, avec sa logique captieuse et tenace, qui tisse et serre le filet, et rive la chaîne.

816. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Dans un précieux chapitre où il nous expose son procédé de conduite et son système d’information : « Je me suis donc trouvé instruit journellement, dit-il, de toutes choses par des canaux purs, directs et certains, et de toutes choses grandes et petites. […] Si l’on va au fond et qu’on dégage le système des mille détails d’étiquette qui le compliquent et qui le compromettent à nos yeux par une teinte de ridicule, on y saisit une inspiration qui, dans Saint-Simon, fait honneur sinon au politique pratique, du moins au citoyen et à l’historien publiciste. […] Les pairs surtout, en qui il a mis toutes ses complaisances, et dont il fait la clé de voûte dans le vrai système, lui semblent devoir être (comme ils l’ont jadis été, selon lui), les conseillers nécessaires du roi, les copartageants de sa souveraineté.

817. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

En d’autres termes, une idée est un système de sensations et d’appétitions à l’état naissant ; c’est une direction plus ou moins consciente que prend la vie sensitive et appétitive, c’est comme un courant mental ; d’autre part, l’idée a constamment pour expression au dehors une direction que prennent les vibrations cérébrales, un courant cérébral qui en est la réalisation plus ou moins complète. […] Nous n’avons donc, ni psychologiquement, ni physiologiquement, le droit d’exclure la réaction du nombre des phénomènes psychologiques et physiologiques ; il n’est nullement démontré que toute détermination qualitative et quantitative de la conscience soit d’origine entièrement externe et périphérique, sans que les cellules actionnées du dehors aient à leur tour un mode propre d’actionner le système nerveux et, finalement, le système musculaire.

818. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Avec notre beau système de séparation nous avons fait des butors et des poupées. […] — Vous ne savez rien de la femme, vous qui voulez lui tracer un rôle conforme à vos systèmes, à vos goûts et à vos habitudes. […] On était en droit d’espérer qu’à la suite du système d’économie inauguré par M.  […] Il est difficile d’imaginer un système de critique plus ingénieusement injuste. […] et il bâtira sur des jeux de mots des systèmes théologiques.

819. (1879) À propos de « l’Assommoir »

C’est alors que l’idée me vint de chercher à connaître, de me faire une opinion sur cet homme attaqué si fort qui se défendait si bien, et sur le nouveau système qu’il préconisait. […] Ce mot désigne un système de réformes littéraires qui doivent porter sur la forme à donner aux œuvres d’art et sur le travail préparatoire auquel doit se livrer tout écrivain consciencieux. […] Aujourd’hui, le système qu’ils ont créé sans s’en douter prend conscience de lui-même ; il tend à jouer pendant quelque temps, dans la littérature, le rôle que d’autres systèmes ont joué tour à tour ; cela, parce qu’il a trouvé des hommes qui, ayant compris sa théorie, son essence, l’expliquent à tout le monde  Le même fait s’est passé pour le romantisme, qui se trouvait en germes chez presque tous nos poètes du XVIe siècle et qui relevait directement du moyen âge.

820. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Une des meilleures applications esthétiques du principe de l’économie de la force, c’est la règle qu’on en peut déduire de ne pas dépenser la sensibilité du lecteur, de permettre au système nerveux et cérébral la réparation nécessaire après chaque dépense d’énergie et d’attention. […] L’artiste fait sonner ce carillon intérieur auquel Taine compare le système nerveux : il a pour cela cent moyens, car la vibration invisible court d’une clochette à l’autre ; que l’une d’elles soit tirée de main de maître, toutes les autres se mettront en branle. […] Alfred Fouillée, Critique des systèmes de morale contemporains : la morale esthétique, p. 326. […] Alfred Fouillée, Critique des systèmes de morale contemporains.

821. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

La première consisterait à intensifier si bien le travail intellectuel, à porter l’intelligence si loin au-delà de ce que la nature avait voulu pour elle, que le simple outil cédât la place à un immense système de machines capable de libérer l’activité humaine, cette libération étant d’ailleurs consolidée par une organisation politique et sociale qui assurât au machinisme sa véritable destination. […] Mais celui qui vient philosopher quand la société a déjà poussé fort loin son travail, et qui en trouve les résultats emmagasines dans le langage, peut être frappé d’admiration pour ce système d’idées sur lesquelles les choses semblent se régler. […] Par elle s’établira une collaboration entre philosophes ; la métaphysique, comme la science, progressera par accumulation graduelle de résultats acquis, au lieu, d’être un système complet, à prendre ou à laisser, toujours contesté, toujours à recommencer. […] Dans la portion d’univers qu’est notre planète, probablement dans notre système planétaire tout entier, de tels êtres, pour se produire, ont dû constituer une espèce, et cette espèce en nécessita une foule d’autres, qui en furent la préparation, le soutien, ou le déchet : ailleurs il n’y a peut-être que des individus radicalement distincts, à supposer qu’ils soient encore multiples, encore mortels ; peut-être aussi ont-ils été réalisés alors d’un seul coup, et pleinement.

822. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

« Depuis les guerres de la Réforme, dit-il, et du système d’équilibre jusqu’à la guerre actuelle, l’Europe va s’étendant et se concentrant sans cesse. […] Les autres, avides d’impressions rêveuses et de sentiments orageux, allaient bientôt saluer dans la poésie l’avènement d’un système que l’on peut définir le triomphe de la passion. […] Elle eût dit avec plus de justesse « traduction d’un genre nouveau », si elle n’avait plusieurs fois déjà appliqué le même système sans que personne réclamât. […] Ce sont des êtres abstraits, des systèmes incarnés, des syllogismes qui marchent. […] Il a découvert, en effet, au moment de se marier, que les systèmes ont aussi leur sexe, et que les femmes ont été créées pour se confiner éternellement dans les illusions de la foi.

823. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Cousin, en terminant, conclut : « Selon nous, Pascal est l’exagération de Port-Royal comme Port-Royal est l’exagération de l’esprit religieux du xviie  siècle… » Puis il montre le xviiie  siècle réagissant en sens tout opposé : « Aujourd’hui, dit-il, le xixe  siècle a devant lui la dévotion sublime mais outrée du xviie  siècle, et la philosophie libre mais impie du xviiie  ; et il cherche encore sa route entre ces deux siècles… Son caractère distinctif qui déjà44 commence à paraître, consiste précisément à fuir toutes les extrémités qui jusqu’ici ont séduit et entraîné l’esprit français… Est-il donc impossible de s’arrêter sur la pente des systèmes et de concilier tout ce qui est vrai et tout ce qui est bien ?

824. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Si, dans le système du monde, les diverses natures des êtres, des espèces, des choses, des sensations, se tiennent par des intermédiaires, il est certain que la passion du crime est le chaînon entre l’homme et les animaux ; elle est à quelques égards aussi involontaire que leur instinct, mais elle est plus dépravée ; car c’est la nature qui a créé le tigre, et c’est l’homme qui s’est fait criminel : l’animal sanguinaire a sa place marquée dans le monde, et il faut que le criminel le bouleverse, pour y dominer.

825. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

L’homme est placé, par toutes ses affections, dans cette triste alternative ; s’il a besoin d’être aimé pour être heureux, tout système de bonheur certain et durable est fini pour lui, et s’il sait y renoncer, c’est une grande partie de ses jouissances sacrifiées pour assurer celles qui lui resteront, c’est une réduction courageuse qui n’enrichit que dans l’avenir.

826. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

c’est très simple, c’est un jeu de mots, un coq-à-l’âne, auxquels il applique ce système de développement.

827. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

De graves négligences dans l’ordonnance de ce poème, l’incohérence des détails, l’obscurité de l’ensemble, les singularités d’un système de versification qui a bien sa grâce et sa douceur, mais qui a aussi ses défauts particuliers, toutes ces taches que des critiques, à la vérité bien sévères, avaient remarquées dans la première publication de M. de Vigny, ne peuvent être reprochées à la seconde.

828. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

) — Le système de roman auquel ressortit, après Le Disciple, La Terre promise, n’a rien d’a priori illégitime.

829. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Ainsi les nébuleuses se condensent en systèmes stellaires, les phénomènes isolés en sciences, les peuplades éparses en cités et en États.

830. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Et tel est le besoin d’aller en troupe, de s’enquérir des Systèmes et des Procédés que l’Éducation développa chez les poètes, qu’ils perdent ou dilapident le plus pur de leur être, qu’ils étouffent la voix innée en eux pour psalmodier à l’imitation d’un Maître.

831. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

salués d’applaudissements de triomphe, des milliers de savants s’emploieront à des investigations physiques presque infinitésimales ; à rechercher la composition atomique et la structure microscopique du corps ; à explorer les formes innombrables de la vie animale et végétale, invisibles à l’œil tout seul ; à découvrir des planètes qui ont parcouru, inconnues pendant des siècles, leurs orbites obscurs ; à condenser, par la puissance du télescope, en soleils et systèmes, ce qui était regardé récemment encore comme la vapeur élémentaire des étoiles ; à traduire en formules numériques l’inconcevable rapidité des vibrations qui constituent ces rayons, si fermes en apparence que les plus forts vents ne les ébranlent pas ; à mettre ainsi en vue les parties les plus mystérieuses de l’univers matériel, depuis l’infiniment loin jusqu’à l’infiniment petit ; mais l’analyse exacte des phénomènes de conscience, la distinction entre les différences, si fines pourtant et si petites, des sentiments et des opérations ; l’investigation attentive des enchaînements les plus subtils de la pensée, la vue ferme mais délicate de ces analogies mentales qui se dérobent au maniement grossier et négligent de l’observation vulgaire, l’appréciation exacte du langage et de tous ses changements de nuances et de tous ses expédients cachés, la décomposition des procédés du raisonnement, la mise à nu des fondements de l’évidence : tout cela serait stigmatisé comme un exercice superflu de pénétration, comme une perte de puissance analytique, comme une vaine dissection de cheveux, comme un tissage inutile de toiles d’araignées ?

832. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

On peut reprocher à Fécondité des répétitions trop nombreuses, des descriptions trop abondantes, des minuties trop inutiles, et surtout le mélange de deux systèmes contraires2.

833. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Répudiées donc les demi-teintes, les nuances crépusculaires, les musiques lointaines, — charme et génie de Verlaine ; — bannies les chastes Aimées, immatérielles on dirait, dont le profil s’indécise en de froides brumes, d’un tel système d’art découlait nécessairement comme Corollaire la rime riche et rare.

834. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

La prépondérance des politiques avec Henri IV, la dictature de Louis XIV et les mauvaises mœurs de sa cour proxénète, le système de Law et ses conséquences, avaient été autant de causes de cette concentration hypertrophique que la Révolution augmenta, n’y pouvant remédier.

835. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

Par conséquent, les honnêtes gens de ce système, les raffinés de sociabilité, comme dit Rigault, ne pouvaient pas tomber, pour le charmer, sous le regard de ces deux grands hommes, et modifier leur insolente opinion sur les honnêtes gens.

836. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

En effet, je suis frappé (et je l’ai toujours été) de la consanguinité de ces deux hommes, tous les deux de la même double race : tous les deux Juifs, tous les deux Allemands, tous les deux poètes et reflétant dans leurs poésies leur double nationalité, entraînés tous les deux, par aptitude et par goût, vers la philosophie et la science ; mais dont l’un a brisé tout : religion, race, philosophie, système, pour s’asseoir, isolé et désespéré, au milieu des massacres de son esprit, comme un meurtrier au milieu de ses meurtres, et dont l’autre s’est conservé intégral, — noble, ferme et pur.

837. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

ce qu’est une flûte de buis à tout un système de trompettes de cuivre et d’or !

838. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Littérairement trop martelé, trop retentissant des hugotismes qui tyrannisent la mémoire ou la pensée de l’auteur, il a parfois des pages d’une certaine grâce et même d’une certaine force ; mais tout cela se noie et se perd dans l’absurdité d’un système (si on ose ainsi nommer de telles billevesées) qui a eu sur Paul Meurice la même influence que sur son livre et sur son héros.

839. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Il y a dans ce tableau, chose curieuse, des qualités particulières et une multiplicité d’intentions qui rappellent, dans un autre système d’exécution, les très-bonnes toiles de M. 

840. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Je m’imagine que Cléanthe, qui fut le second fondateur du portique, et qui, obligé de travailler de ses mains pour vivre, compta un roi parmi ses disciples, un jour, après leur avoir expliqué ses principes sur le système du monde et son auteur, tout à coup enflammé d’enthousiasme, se fit apporter une lyre, et chanta en leur présence cette hymne qui nous a été conservée par Stobée.

841. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Quand on sait l’esclavon, l’on comprend leur système , Et s’ils étaient d’accord je l’entendrais moi-même ; Mais un adepte enfin m’ayant endoctriné, Je vais dire à peu près ce que j’ai deviné.

842. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

De quelque nom que notre haute philosophie se plaise à les désigner, quelles que soient les jouissances plus exquises auxquelles nous pensons qu’elle nous admet, c’est là que le peuple a arrêté ses volontés, c’est là qu’il a fixé ses affections ; il nous suffit, et tous nos systèmes doivent s’abaisser devant sa volonté souveraine. » Tout en s’exprimant en philosophe, on le voit, mais en philosophe politique qui cherche à donner un fondement profond à la moralité, et qui ne dédaigne pas de lui trouver la sanction la plus intime, il essayait d’attendrir pour la première fois la législation, et, en la laissant égale pour tous les cultes, de lui infuser une pensée de sollicitude et d’intérêt supérieur pour chacun d’eux : « Que la liberté que vous accordez à tous les cultes ne soit donc point en vous l’effet d’une égale indifférence, encore moins d’un égal mépris, comme cette tolérance dont se parèrent longtemps de dangereux sophistes ; mais qu’elle soit le fruit d’une sincère affection. […] aucune préférence spéciale comme dans l’ancien système, où le trône et l’autel s’appuyaient et se garantissaient mutuellement, mais du moins une liberté générale et entière, efficace et sincère dans son application. […] C’est du sein de la misère et de l’insuffisance des lois que naissent ces crimes, et non d’un système d’assassinat. […] « Ils étaient royalistes, mais ils étaient législateurs, et, n’appartenant à la monarchie par aucune idolâtrie d’individus, par aucune de ces habitudes qui gouvernent le vulgaire, mais par le seul regard de l’ordre et de la félicité publique, ils considéraient avant tout les besoins actuels du peuple, et, remarquant que le repos, après tant d’agitations, en était le plus pressant, … ils se seraient gardés de troubler ce calme heureux… « Ils étaient royalistes, mais ils étaient citoyens ; ils savaient qu’ils n’avaient que leurs voix dans ce vaste empire ; ils tenaient leurs systèmes les plus chers subordonnés à la volonté nationale… « Ils étaient royalistes enfin, mais, j’ose le dire, les plus prudents et les plus éclairés des royalistes ; ils avaient bien compris que, si la monarchie pouvait se rétablir jamais, ce ne serait que par le développement libre et légal de cette imposante volonté publique ; que toute secousse violente, toute tentative contraire aux lois, loin de l’accélérer, en retarderait l’inévitable cours ; et ainsi pensaient-ils que conspirer pour la royauté, c’était en effet travailler contre la royauté. […] La voici en ce qu’elle a d’essentiel ; il s’adresse, par manière d’apostrophe, à ses compatriotes lyonnais : « Après avoir prouvé que jamais votre ville n’avait joui d’un calme plus profond que depuis trois mois à l’ombre des paternelles administrations qu’elle s’était choisies, montrant que si, à des époques plus reculées, quelques assassinats y avaient été commis, comme dans toutes les autres parties de la République, par la négligence du gouvernement, ils n’appartenaient à aucun système réfléchi, à aucun mouvement contre-révolutionnaire, mais à la seule impulsion de la vengeance individuelle, je disais : Et dans quelle ville une telle vengeance dut-elle paraître davantage, je ne dis pas excusable ou permise, mais naturelle ?

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