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1474. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il élevait à la valeur philosophique le roman… Il y faisait entrer le merveilleux et le vrai, ces éléments de l’épopée. » C’est ici le cas de rappeler une remarque judicieuse de Quinet : « Dans toute épopée, les héros représentent un système de faits généraux. » Ces faits généraux sont pour Scott les légendes de son pays, les guerres des Puritains et celles des Jacobites. […] Je crains bien, s’il se pique de philosophie, que cela veuille dire simplement qu’il est un homme à système, à idées préconçues et fixes… » Et insistant : « Je les admire tous, nos grands philosophes ! […] Est-il besoin de rappeler quelles découvertes, sur la lumière, l’électricité, la mécanique céleste, l’embryogénie, le système nerveux, elle avait dès lors à son actif et quelles perspectives elle ouvrait sur l’avenir ? […] Que disait Taine : « La raison et la vertu humaines ont pour matériaux les instincts et les images animales, comme les formes vivantes ont pour instrument les lois physiques, comme les matières organiques ont pour éléments les substances minérales… » Et encore : « La matière a pour terme la pensée. » La logique d’un pareil système est une théorie purement mécanique de l’univers, l’homme y compris, si bien qu’entre notre existence spirituelle et la sonnerie d’une horloge il n’y a aucune différence essentielle.

1475. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Pour lui pas de théorie générale, de système ni de méthode ; la curiosité pratique le dirige.

1476. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

… Quant à l’homme qui tombe aujourd’hui, j’ai publié quatorze volumes sous son règne, presque tous avec le but de combattre son système et sa politique, et sans avoir à me reprocher ni une flatterie, ni même un mot de louange, bien que conforme à la vérité ; mais au moment d’une chute si effrayante, d’un malheur sans exemple dans l’univers, je ne puis plus être frappé que de ses grandes qualités.

1477. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Il les flattait dans leurs systèmes et dans leurs vices d’esprit pour les captiver dans son parti philosophique ; il avait le respect humain de sa haute raison avec les correspondants athées ; il leur livrait l’immortalité de l’âme et la providence divine pour les enrôler par cette tactique détestable dans une coalition commune contre les superstitions humaines.

1478. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Il ne veut pas d’une religion que la raison pourrait regarder comme son œuvre, et il en qualifie le système de roman de la nature.

1479. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Landara, un pianiste incompris et idéologue qui fait de la musique philosophique et transcendantale, et qui, au besoin, vous traduirait, sur le piano, à livre ouvert, la Critique de la raison pure, de Kant, ou le système de Hegel.

1480. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Me voici donc, comme un chirurgien, qu’on arracherait à d’aimables curiosités, obligé de reprendre la cruelle autopsie moderne, la brutale prose, le travail qui fait mal, et dont tout mon système nerveux souffre, tout le temps que le volume se pense et s’écrit… * * * — Il s’élève, à l’heure qu’il est, une génération de jeunes liseurs de bouquins, aux yeux ne connaissant que le noir de l’imprimé, une génération de petits lettrés, sans passion, sans tempérament, les yeux fermés aux femmes, aux fleurs, aux objets d’art, à tout le beau de la nature, et qui croient qu’ils feront des livres.

1481. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Certainement nous le connaissons, ce petit impudent système des citations réclamatoires ; mais la servilité, qui, croyez-le bien !

1482. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

On dirait que toute la vie morale de la personne a cristallisé dans ce système.

1483. (1864) Le roman contemporain

L’avènement d’un gouvernement militaire armé d’une immense force matérielle donnait à chacun la confiance que la licence ne prévaudrait pas sous le nouveau régime, au moins pour longtemps, et le silence imposé aux journaux qui représentaient les différents systèmes d’idées produisait à la surface l’effet, sinon d’une pacification générale, au moins d’un apaisement. […] Les utopies, les systèmes littéraires, les doctrines philosophiques, l’art lui-même, tout s’est effacé devant une considération unique, celle du succès, qui, du bas de la société jusqu’au faîte, semblait être devenue la loi universelle. […] Savez-vous où vous allez avec ce beau système ?

1484. (1902) La poésie nouvelle

Il étudie les philosophes et sa rêverie est sans cesse hantée de leurs systèmes. « Je vague, dit-il, ‌ à jamais innocent, ‌ Par les grands parcs ésotériques ‌ De l’Armide métaphysique.‌ […] L’objection que l’on doit faire au système de Hartmann, Laforgue ne l’évite pas et, comme son maître, il a le tort de transformer en une entité substantielle une qualité de la substance. […] Et, comme il s’était fait une philosophie, ce fut son principal souci de conformer à ce système ses appréciations du monde et ses émotions même, afin de ne point être dupe et d’envisager la réalité telle qu’elle est. […] Elle s’associe à tout un système d’assonances et d’allitérations, sur lequel repose toute la constitution du vers. […] Et le menuisier, qui écrit sur les planches géométriques, des carrés et des cercles et des algèbres compliquées, le menuisier « du vieux savoir » fut l’archétype des faiseurs de systèmes qui expliquent et qui commentent et qui réduisent aux dimensions de leur intellect le Cosmos et ses lois cachées.‌

1485. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Molière se proposait un but bien plus important, et il l’atteignit, car l’Université de Paris, frénétique champion des doctrines du philosophe de Stagyre, allait obtenir la confirmation d’un arrêt du parlement de Paris qui prononçait « peine de mort » contre ceux qui oseraient combattre le système des Pancrace et des Marphurius. […] On lit sur le livre de La Thorillière, au 8 juin : « À Phlipote 1 livre 10 sous. » Ce rôle avait bien peu d’importance, mais nous verrons plus tard le même système suivi notamment pour un rôle qui en avait beaucoup, pour celui de Martine des Femmes savantes. […] Chapelle portait le système de Gassendi aux nues. […] parbleu, mon père, dit Chapelle, qui se crut affaibli par l’apparente approbation du minime, il faut que Molière convienne que Descartes n’a formé son système que comme un mécanicien qui imagine une belle machine sans faire attention à l’exécution ; le système de ce philosophe est contraire à une infinité de phénomènes de la nature que le bonhomme n’avait pas prévus.” […] « Si jamais, a dit Chamfort, auteur comique a fait voir comment il avait conçu le système de la société, c’est Molière dans Le Misanthrope.

1486. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Non seulement son talent aime les expressions fortes, mais l’esprit de système le contraint à ne choisir que celles-là. […] Les nuances repoussent l’esprit absolu, et celui qui a l’habitude de les observer et d’en tenir compte évite d’ordinaire les systèmes, de crainte d’aller plus loin ou moins loin que la vérité. […] Le défaut des systèmes, pour le dire en passant et par manière de parenthèse, c’est qu’ils calomnient les idées et qu’ils donnent aux hommes prétexte à les calomnier. Les systèmes ne sont d’ordinaire que l’image même de celui qui les construit. […] D’autres fois, nous surprenons sur le vif l’origine d’une de ces traditions que nous avons repoussées, la raison d’être et même la légitimité d’une de ces opinions que nous considérions comme erronées, et la réflexion nous contraint de nous avouer que tel système que nous condamnions n’était qu’une application fausse, étroite ou maladroite de principes d’une incontestable vérité.

1487. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Il n’exige ni doctrine ni système et ne veut qu’un doux étonnement devant la beauté des choses. […] Il a des idées générales, il a un système ; il donne à son crime je ne sais quelles intentions humanitaires. […] D’abord, il se remémore les systèmes philosophiques de l’antiquité grecque ; puis il passe en revue les alexandrins, les scolastiques. […] Ces Grecs ingénieux ont inventé d’innombrables systèmes philosophiques. […] Je vous fais cet aveu, monsieur, pour que vous ne soyez pas désagréablement surpris si mes réponses manquent tout à fait d’esprit de système.

1488. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Avant de la définir, j’aime mieux la montrer, et pour cela il faut que l’on voie le caractère et la vie de celui qui le premier l’a pratiquée sans système, William Cowper ; car son talent n’est que l’image de son caractère, et ses poëmes ne sont que l’écho de sa vie. […] À l’entrée, elle avait implanté l’esthétique : chaque poëte devenu théoricien définissait le beau avant de le produire, posait des principes dans sa préface et n’inventait que d’après un système préconçu.

1489. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Pour noter instantanément sur le terrain les grands effets de lumière et les valeurs relatives des tons, Corot avait imaginé tout un système de signes : un cercle pour la pleine lumière ; un carré pour les grandes ombres ; des chiffres de 1 à 5 pour les valeurs intermédiaires. […] Il n’y a pourtant là aucun système. […] Il vous sera impossible d’y découvrir un système quelconque, un parti pris de conduire des traits dans un sens ou dans l’autre, pas même, comme on le dit quelquefois, « dans le sens de la forme ». […] Si invraisemblable que semble ce système, il a souvent été proposé dans l’interprétation des œuvres symboliques ; et qui pis est, il a été parfois pratiqué dans leur composition. […] Peu leur importe la façon dont le cadre coupe les figures, ou le grossissement démesuré que prennent certaines images quand l’objet est trop rapproché de l’œil : il semble que le système soit d’ouvrir les yeux au hasard et de peindre ce que l’on aura vu.

1490. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Que deviendroit cette foule épouvantable de faiseurs d’élémens en tout genre, ces prolixes démonstrateurs de vérités dont personne ne doute ; ces physiciens romanciers qui prenant leur imagination pour le livre de la nature, érigent leurs visions en découvertes, & leurs songes en systèmes suivis ; ces amplificateurs ingénieux qui délayent un fait en 20 pages de superfluités puériles, & qui tourmentent à force d’esprit une vérité claire & simple, jusqu’à ce qu’ils l’ayent rendue obscure & compliquée ? […] Mais il avoit pris un système, il falloit le soûtenir. Ce système lui offroit des difficultés épouvantables ; il falloit ou les vaincre, ou les éviter : le dernier parti étoit le plus sûr & le plus commode ; aussi, pour répondre aux plaintes de l’homme sur les malheurs de son état, lui donne-t-il le plus souvent des images pour des preuves, & des injures pour des raisons. […] L’action de l’épopée doit donc avoir une grandeur & une importance universelles, c’est-à-dire indépendantes de tout intérêt, de tout système, de tout préjugé national, & fondée sur les sentimens & les lumieres invariables de la nature. […] Nous ne parlons point de cette anatomie subtile qui recherche, s’il est permis de s’exprimer ainsi, jusqu’aux fibres les plus déliées de l’ame : nous parlons de ces idées grandes & justes, qui embrassent le système des passions, des vices & des vertus, dans leurs rapports les plus éloignés.

1491. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

… Et peut-être qu’il faudra des siècles encore et des siècles, pour que soient tentées des réformes jugées nécessaires, et pour qu’une refonte complète de notre système judiciaire soit réalisée, dans un sens conforme aux conditions nouvelles de la vie… Et comme je lui demandais plus particulièrement son opinion sur Oscar Wilde, l’Anglais me répondit simplement : — Oscar Wilde fera sa peine, toute sa peine… Car ce qu’il a commis, ce n’est pas un crime, pas même un délit… C’est un péché. […] Autour de lui, il voit la famille s’éteignant et sombrant dans les inévitables tragédies, parce qu’elle borne son ambition créatrice à un enfant unique ; il voit l’humanité à toute minute frustrée de ses énergies par l’égorgement des embryons, la tristesse, l’appauvrissement, l’assassinat des enfances déracinées et livrées aux mains mercenaires ; il voit enfin chacun — celui-ci dans une folie de jouissance stérile, celui-là par système, pour transmettre intact l’héritage, et, avec l’héritage, la fatalité de ses déchéances, de ses vices et de ses crimes sociaux — se dérobant par la fraude, par le désagrément de l’amour et par le meurtre, au devoir sacré de la vie. […] Et c’est la déchéance définitive, le craquement, l’émiettement des fortunes, c’est l’imbécillité finale, la folie, le crime, la mise hors la vie, enfin, de tous ceux-là qui, par calcul égoïste, ou par système, ou par mollesse, n’ont pas voulu accepter les lois de la vie. […] … Ils sont peu nombreux, en n’importe quelle littérature, ceux qui dans une action dramatique, qui vous prend aux entrailles, au moyen des personnages qui ne sont point des personnages de féerie, ou des abstractions philosophiques, mais qui vivent réellement dans notre humanité, ils sont peu nombreux ceux qui furent capables de concréter un tel rêve, et de donner à ce rêve la forme d’une réalisation possible et vivante… Pour une œuvre aussi gigantesque — puisqu’il ne s’agit de rien moins que de remettre à la fonte tout un système social et d’en diriger la coulée nouvelle vers des moules nouveaux — pour rendre sensible aux yeux de tous une telle œuvre, pour la faire vivre, enfin, d’une vie plausible, il fallait un cerveau dont nous n’avons plus guère l’habitude, un cerveau où la conception de la science et de la philosophie s’alliât à toutes les ressources inventives, à toutes les émotions d’un art supérieur.

1492. (1888) Portraits de maîtres

Tel était ce préjugé exclusivement français, issu d’un système que Chateaubriand attaqua vaillamment et renversa par l’autorité du Génie du Christianisme et des Martyrs. […] Il a mis en œuvre un système d’innovation régulière et de correction scrupuleuse qui n’a rien à démêler avec la liberté à outrance des irréguliers de l’école. […] Thiers sur le système gouvernemental du Centre Droit, enfin dans ses ouvrages d’histoire biographique une assez vibrante intonation de patriotisme. […] « J’ai toujours pensé qu’au fond de ses systèmes il y a quelque grand vide ; il apparaît aujourd’hui tout gonflé de haine et d’envie.

1493. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Ô maître, c’est en art surtout que les systèmes sont vrais par ce qu’ils affirment et faux par ce qu’ils nient2. […] C’était tout, excepté un romancier à système. […] Il y a encore des maîtres, des écoles, des systèmes, et personne pour les suivre.

1494. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

« Or, quelques années après, je ne sais comment ni à la suite de quels événements, le couvent fut démoli, et l’on découvrit, dans l’épaisseur des murs, tout un système de conduits pareils à ceux de nos calorifères. […] Leurs mouvements ne semblent pas se faire, comme les nôtres, par des systèmes de leviers ; mais on dirait que des ondulations continues et presque insensibles parcourent leurs membres… Outre cette intime souplesse, elles ont, du serpent, la peau serrée et parfaitement lisse, le glissement muet, la somptuosité des couleurs. […] Il y en a tout un système fort complet dans la rue Royale.

1495. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Une telle polémique, morale par l’intention, mais où il entre pour le détail beaucoup d’inexactitudes, tend à prolonger un état de roideur et de secte, un système de défensive qui ne me paraît point du tout favorable à ce que je désire le plus avec M.

1496. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ce ne sont point des délicats de salon, comme nos marquis du dix-huitième siècle : un lord visite ses pêcheries, étudie le système des engrais liquides, parle pertinemment du fromage, et son fils est souvent meilleur rameur, marcheur et boxeur que ses fermiers.

1497. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Mais si vous êtes seulement un homme de bon sens et de goût exquis, un amateur des délicatesses de l’esprit et des grâces de la poésie ; si vous ne sentez plus dans votre cœur ou si votre nature tempérée n’a jamais senti les brûlures sacrées ni les stigmates toujours saignants des fortes passions : amour, dévouement, religion, soif de l’infini ; si une félicité facile et constante vous a servi à souhait dans les différents âges de votre vie ; si vous avez passé l’âge des tempêtes, l’équinoxe de cette vie ; si vous êtes détrompé des hommes et de leurs vains efforts pour se retourner sur leur lit de chimères ; si vous avez vu dix révolutions et cent batailles soulever pendant soixante ans la poussière des places publiques et des champs de mort sans rien changer dans le sort des peuples que le nom de leur servitude et de leurs déceptions ; si vous avez vu les prétendus sages de la veille déclarés fous le lendemain, et les philosophies et les systèmes qui avaient fanatisé les pères devenir la dérision de leurs fils ; si la pensée humaine, toujours active et toujours trompée, vous a attristé d’abord par ce perpétuel enfantement du néant ; si, après avoir pleuré sur ce tonneau retentissant des Danaïdes qu’on appelle Vérité, vous avez fini par en rire ; si, sans chercher plus longtemps cette impénétrable moquerie du destin qui pousse le genre humain à tâtons de la vie à la mort, vous avez pris le parti de douter de tout, de laisser son secret à la Providence, qui, décidément, ne veut le dire à aucun mortel, à aucun peuple et à aucun siècle ; si vous vous laissez glisser ainsi sur la pente, comme l’eau de l’Anio qui glisse en gazouillant sous le verger d’Horace ; si vous n’avez ni femme ni enfant qui doublent et qui perpétuent pour vous les soucis de la vie ; si votre cœur, un peu rétréci par cet égoïsme qui se replie uniquement sur lui-même, a besoin d’amusement plus que de sentiment ; si vous possédez cet Hoc erat in votis , ce vœu d’Horace, un joli domaine aux champs pour l’été, une maison chaude l’hiver, tapissée de bons vieux livres ( nunc veterum libri ) ; si votre fortune est suffisante pour votre bien-être borné ; si vous avez pour amis quelques amis puissants, amis eux-mêmes des maîtres du monde, avec lesquels vous soupez gaiement en regardant combattre Pompée et mourir Cicéron pour cette vertu que Brutus appelle un vain nom en mourant lui-même ; enfin, si vous n’avez pas grand souci des dieux, et si les étoiles vous semblent trop haut pour élever vos courtes mains vers les choses célestes ; oh !

1498. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Point de chimères, point de rêves, point de système préconçu, point d’utopie sacrée, académique ou profane ; le fait et la signification du fait, voilà tout : ce sont les mathématiques de l’histoire.

1499. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

L’imagination se défie de l’écrivain, elle se détourne de ces misères à procédé et à système, et par dégoût elle ne veut pas croire.

1500. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Nous avons vu comment Molière entre malgré sa famille dans une troupe de comédiens, où l’amour le convie et le retient ; voyons comment Shakespeare échappe même à la famille et à l’amour pour aller entrer dans une troupe de comédiens aussi par la porte des plus ignobles emplois ; ni dans l’un ni dans l’autre, aucune prétention, aucun système, le besoin de vivre, de gagner son pain ; à côté du pain ils trouvent, par surcroît, la gloire.

1501. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

En un mot, avec une entière sincérité, mais aussi avec une race adresse, il fait entrer dans le système de la religion toutes les vérités acquises depuis des siècles par la raison laïque.

1502. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

MM. de Goncourt écriront donc : « Elle se mit à regarder, dans l’obscurité pieuse, des agenouillements de femmes, leur châle sur la tête…, des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises…, un prosternement général…, des prières de jupes de soie et de jupes d’indienne côte à côte couchant presque leurs génuflexions par terre…40 » — Ils écriront, toujours dans le même système : « Cette sculpture des poses, des lassitudes, des absorptions… Le tableau la frappa surtout des confessions élancées de femmes qui, debout…41 » — «… Des adorations d’hommes et de femmes à quatre pattes…42 » — « Et je ne voyais qu’une sauvage et toute brute idolâtrie, un peu de la ruée de l’Inde sous une idole de Jaggernat43. » — « Un mur de colère, gâché de couleurs redoutables, plaquait au fond l’avalanche et le précipitement des damnés…44 » — « Sur l’escalier se faisait l’ascension lente et balancée, la montée sculpturale des Romaines…45 » — « Leurs femmes étaient là… immobilisées… dans un arrêt qui hanchait 46. » Notons, pour finir, l’emploi presque continuel, dans le récit, de l’imparfait au lieu du passé défini, l’imparfait ayant quelque chose d’indéterminé et prolongeant l’action pour nous permettre de la mieux voir et de la suivre.

1503. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Mais non seulement ils sont harmoniques par ce que je regarde comme le fond de leur nature et l’essence même de leur poesie ; ils s’harmonisent encore en ce que jusqu’ici ils ont adopté tous deux le même monde de convention, le même système social et religieux, la même révélation.

1504. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il n’avait ni le surcroît de foi que donne la profession et qu’entretient la polémique, ni un attachement d’inventeur ou de disciple à un système de philosophie.

1505. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Et l’Harmonie, violentée par la Parole, enfanta le Drame musical. » Tout le système de Richard Wagner et l’œuvre qui en est issue sont exprimés par cette allégorie.

1506. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

De cruels jours pour le système nerveux des gens, et des jours éternels, que ces jours d’attente ; et je donne ici une note que je retrouve écrite sur un bout de papier : « Mercredi 21 octobre 1857. — Un mauvais sommeil et le matin la bouche sèche comme après une nuit de jeu.

1507. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

L’égoïsme est demeuré la vertu bourgeoise par excellence : il est le produit nécessaire du système économique et de la libre concurrence, qui déchaînent et entretiennent dans la société capitaliste la guerre de tous contre tous sans trêve ni merci.

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