Mais il serait absurde de supposer qu’il est incompréhensible ; le jeu de citer tels vers, obscurs par leur isolement, n’est pas loyal, car, même fragmentée, la poésie de M. […] Il supposa qu’il faut se différencier des hommes par des pensées et par des actes exactement contraires aux pensées et actes du commun des hommes ; il y a beaucoup de voulu dans son originalité ; il la travaillait, comme les femmes travaillent leur teint, pendant les longues après-midi entre ciel et terre, et quand il débarquait, c’était pour tirer des bordées de stupéfaction : dandysme à la Baudelaire.
Quel autre but, en effet, supposer à M. […] Ce n’en est pas moins la civilisation qui commence ; c’est elle qui sème ; et quand c’est la civilisation qui sème quelque part, ce n’est jamais un gouvernement quelconque, si avide qu’on le suppose, qui fait à lui tout seul la moisson.
Le lecteur ne s’inquiète pas toujours de cette sincérité, trouvant parfois qu’un fait supposé lui prouve autant que dix qui sont arrivés. […] Barrès prête à Renan, dans un dialogue supposé entre l’académicien et un reporter bien connu aujourd’hui : « Oui, cher monsieur, je pense peu de bien des jeunes gens qui n’entrent pas dans la vie l’injure à la bouche. […] La description du cirque de Gavarnie, les problèmes de son origine dépassent tout ce qu’a pu supposer l’imagination humaine. […] Cela suppose qu’on pense beaucoup à soi ; or le temps a donné à penser à soi est un vol fait à Dieu, comme on aurait dit autrefois » Dans le temps où je commençai à donner, dans la Revue des Deux Mondes, la série de mes confidences, je rencontrai Jules Sandeau qui me dit avoir trouvé du plaisir à les lire. « Dulcia vitia ! […] Le jugement dernier, à supposer que l’Éternel y fasse une place à l’interrogatoire des témoins, sera un tissu d’iniquités.
C’est exactement le contraire qu’il fallait dire ; et, sans doute, je le répète, on n’avait pas la réponse de Bossuet sous les yeux, mais il était si facile de n’en pas supposer le contenu ! […] Il faut donc supposer que ceux dont il n’a point parlé, c’est qu’il n’en avait rien à dire de scandaleux ni de paradoxal, à moins encore que, comme tant d’érudits, jugeant des matières par l’intérêt qu’il y prenait lui-même, au lieu de remplir ses portefeuilles en vue de son Dictionnaire, il n’ait conçu le projet de son Dictionnaire que, justement, pour les y vider. […] Si l’on commence par supposer les problèmes résolus, n’est-ce pas demander à la raison, pour sa première démarche, de s’abdiquer elle-même ? […] Si la Providence générale de Bayle ne diffère pas sensiblement de ce qu’il appelle du nom de Nature ; si toutes les deux elles se définissent, comme n’étant au fond qu’une seule et même chose, par leur inéluctable conformité aux lois qu’elles se sont une fois données, ou qui en découlent ; et si Bayle est enfin fermement convaincu que les mêmes causes ramèneront toujours les mêmes effets, il ne l’est cependant que d’une manière encore toute métaphysique, si je puis ainsi dire, pour des raisons de raisonnement et non point d’expérience, en tant que philosophe, qu’historien, qu’érudit ; et là, quoique d’ailleurs ils aient l’air d’user des mêmes mots, de partir des mêmes prémisses, d’aboutir aux mêmes conclusions, c’est là ce qui met un abîme entre Diderot ou Voltaire et lui, quand ils parlent de l’immutabilité des lois de la Nature : « Il ne savait presque rien en physique, dit Voltaire, il ignorait les découvertes du grand Newton… Presque tous ses articles supposent ou combattent un cartésianisme qui ne subsiste plus… Il ne connaissait d’autre définition de la matière que l’étendue.
ça suppose pourtant de la fantaisie, cette expression, hein ! […] Il suppose l’unité de l’art du Midi de l’Europe, qui a trouvé sa plus haute expression dans la littérature française. […] À vrai dire, il n’existe pas de raison pour nous faire supposer que dans cet espace de temps il y ait eu un changement significatif dans l’art de faire la guerre ; mais on ne saurait atteindre à la sûreté complète. […] « Une chose encore peut sauver un ouvrage : c’est s’il présente quelque trait saillant qu’on puisse détacher, mettre en lumière, ou quelque fait personnel, supposé ou véritable, auquel on puisse s’attaquer. […] Ou plutôt, — parce que supposer chez lui de la préméditation serait chose puérile, — il a obéi à cette même influence qui s’exerçait sur les autres, et sortant de sa tour d’ivoire, d’où il regardait le monde comme un joujou, il s’est converti à une conception plus humaine de la vie.
Il y en aurait d’ailleurs pour mille peintres avec un travail pareil ; les uns spécialiseraient à condition d’être complets dans leur spécialité, les autres réuniraient tout en quarante ou cinquante grandes toiles, et jamais le sujet ne serait épuisé : Une génération dure trente ans, la génération suivante arrive avec un autre aspect, d’autres idées ; je suppose qu’on veuille rendre seulement la vie des paysans par toute la France, voilà une entreprise éternelle, et ainsi pour tout le reste. […] Je suppose que le lecteur a été habitué comme moi à penser que ce qui est vrai est vrai, que ce qui est exact est exact ; cette croyance constitue le sens commun (vulgaire, trivial, bas, peuple enfin pour les poètes) ; or j’espère que le lecteur se trouvera comme moi ébranlé jusque dans les racines de sa raison et deviendra très inquiet d’apprendre qu’en vertu du sens poétique, ce qui est exact ne l’est pas, que ce qui n’est pas vrai, est plus vrai que ce qui est vrai. […] Revenons à Diderot : « Je suppose un nouveau débarqué qui n’ait jamais entendu parler de spectacles, mais qui ne manque ni de sens, ni d’usage et à qui je dise en confidence : “Mon ami, il se fait dans le sérail des mouvements terribles.
Un jeune garde national meurt d’une blessure presque imperceptible à la poitrine, mais que l’on suppose avoir amené les plus graves désordres à l’intérieur. […] Au milieu du grondement lointain de l’artillerie et de la mousqueterie, des coups de fusil à la détonation très rapprochée nous font supposer que l’on se bat rue Lafayette et rue Saint-Lazare. […] Je fais tout cela sans illusion, bien persuadé, que le jour, où mon intérieur sera créé, de suite la mort me déménagera et que si par hasard la mort est moins pressée que je ne le suppose, il surgira un inconvénient terrible qui me chassera de la maison.
Je n’ignore pas ce que suppose de romantisme une telle émotivité. […] Mais n’est-il point permis de supposer que les frères Margueritte ont voulu exhorter les gens du monde, prompts, comme les personnages de M. […] « Tous les motifs contre le divorce peuvent se réduire à cette raison : le divorce suppose des individus, et, le mariage fait, il n’y en a plus. » (Bonald, Législation primitive.)
se demandait Charles, une après-midi, accoudé à la fenêtre ; et il s’amuse à le supposer et à le décrire.
Supposez Démosthène parlant sa langue brûlante, sonore, colorée, à une réunion populaire de nos cités actuelles : qui la comprendrait ?
Car, premièrement, comment supposer qu’un brave homme, condamné pour une vétille, devenu un manufacturier opulent, le bienfaiteur d’une province entière, magistrat adoré de sa ville adoptive, soit renvoyé pour sa vie aux galères, sans discernement, sans justice et sans grâce, par la société du dix-neuvième siècle ?
Il était réservé à notre temps et à ma patrie de voir tracer par Charles Ritter le tableau de la géographie comparée dans toute son étendue et dans son intime relation avec l’histoire de l’homme. » Les nébuleuses, que l’on suppose être des entrepôts d’étoiles et de mondes, sont la vie lumineuse de ces océans de clarté.
Je n’étais pas un personnage à occuper Mme de Menthon, qui ne voulait que des gens brillants autour d’elle : cependant elle fit quelque attention à moi, non pour ma figure dont assurément elle ne se souciait point du tout, mais pour l’esprit qu’on me supposait, et qui m’eût pu rendre utile à ses goûts.
« Elle craint, dit-il, que l’on lui fasse voir qu’elle a commis le larcin de Prométhée, et qu’elle veut que le feu de sa passion soit le feu dérobé du ciel qui anime un enfant supposé, lui donne un nouvel être, et falsifie l’ouvrage de la nature. » Enfin Patru se présente pour le duc de Liéthune et autres parents : « Messieurs, dit-il, l’intérêt de mes parties est tout visible : on veut leur donner un inconnu pour parent. » Cette simplicité repose.
A plus forte raison peut-il seul contenter les écrivains qui le pratiquent, et qui, à supposer que nous soyons malades, doivent l’être encore plus que nous, étant parmi nous les premiers.
L’Art de persuader la vérité, comme les Règles pour la rechercher, supposent l’ardeur de la connaître, d’où naît nécessairement l’ardeur de la communiquer.
Les gens épris du théâtre et de la musique connaîtront alors la puissance de son génie ; ils verront que l’œuvre wagnérienne est exclusivement une analyse psychique exprimée par des procédés nouveaux, parfaits ; et la différence alors sera manifeste à tous, entre ce drame profond, logique, vivant, et les vides sonorités conservatoriennes des compositeurs qui injurient Wagner, et profitent du wagnérisme qu’on suppose à leurs œuvres.
Ce Moi ne contient pas, en conséquence, la pluralité ; il s’en suit qu’il est sans péché, car le péché provient du désir et le désir suppose un Autre, tandis que ce Moi est un avec tout ce qui est. — Est-ce que, vraiment, la puissance et le charme incomparables de la doctrine de Schopenhauer sur la Négation de la Volonté reposent sur un pareil tour de force philosophique ?
Vous n’allez pas, je suppose, exiger d’un Allemand qu’il ait de l’esprit, de la grâce, de l’à-propos, de la politesse.
… Il faut supposer une grande dose de puérilité, je l’avoue, à un homme qui a vécu âge d’homme et qui a vu ce que j’ai vu, pour croire qu’il tienne à cet écho du néant qu’on appelle la mémoire des hommes !
“Le plus sûr moyen de perfectionner les talens, dit M. la Motte, est d’aspirer à un prix que des juges éclairés dispensent, & de le disputer à des concurrens qu’on doit toujours supposer redoutables.
Lorsqu’elle dut s’éloigner, la jeune fille, je crois — foi plus chère, plus positive que toute science — qu’un prompt regard intact a coulé d’elle furtif vers l’admirateur comme vers ce qu’on ne voudrait laisser supposer oublier. » Dans ces Nouveaux Songes, vision plus personnelle adaptée aux traductions des paysages, comme dans le livre déjà paru des Songes, l’œuvre maîtresse de M. […] de supposer la réelle entrée du poète dans un cabaret ? […] À travers ses livres circule la foi à un âge d’or scientifique à venir, une ère de conscience dont la possibilité lui paraît démontrée par sa foi en l’évolution de la conscience intuitive, et cet antique et ubiquitaire témoignage d’un âge d’or passé, qui traverse le berceau des races : âge de peu de besoin et de pure conscience intuitive, et de vertu ; faudrait-il en croire les légendes qui attestent toutes que c’est par les crimes de l’homme que ces âges paradisiaques périmèrent ; comme aussi on peut supposer qu’après n’importe quel cataclysme effondrant une organisation et lui détruisant ses points de repère et ses outils de travail, la race frappée s’humilie, et cherche en le châtiment de ses fautes l’explication du phénomène brutal et destructeur. […] En bon symbolisme, on tenterait de se mettre au point de vue même des auteurs de chansons populaires et d’extraire l’essence du dict qu’on leur supposerait ; il faudrait donner le charme et l’émotion d’une chanson du vieux temps, sans en traduire les rides, sans reproduire les tics. […] Mais pour rendre bien sensible la différence de l’artiste pur à l’artiste sociologue, supposons-les tous les deux devant le même sujet, pratique, quotidien, politique.
Toute grande œuvre dramatique suppose une question morale et la suggère. […] Faut-il supposer, comme on l’a cru, que Scarron songeait à Molière quand il traçait le portrait du comédien Destin dans Le Roman comique ? […] Il met en scène la prude Climène avec ses protestations contre les crudités et les « obscénités », et son extrême complaisance à trop bien comprendre ce qu’il peut y avoir de hasardé dans une comédie, et peut-être à en supposer plus qu’il n’y en a. […] Il m’appartient. » On peut très bien supposer que Molière a raisonné ainsi ; et c’était raisonnable d’abord ; et c’était, ensuite, raisonner de son art admirablement. […] Le grand prêtre sème discrètement dans l’âme du soldat dont il a besoin les germes d’une défection possible, dans le cas supposé où un prétendant légitime au trône se retrouverait ; et voilà, au point de vue de l’action, tout le premier acte.
Il faut songer, en effet, qu’âgé alors de 36 ans, n’ayant aucune fortune que ce que me procurait ma plume, ayant débuté en 1824 de compagnie avec des écrivains distingués, parvenus presque tous à des postes élevés et plus ou moins ministres, je n’étais rien, vivais au quatrième sous un nom supposé, dans deux chambres d’étudiant (deux chambres, c’était mon luxe), cour du Commerce.
J’aime mieux supposer qu’il se sera fait scrupule d’emprunter un trait trop saillant et trop reconnaissable ; mais pourtant il empruntait assez visiblement l’ensemble du passage.
Supposons que, voyant cet abus de son nom, le seigneur veuille ôter à ces mains mercenaires l’administration de son domaine ; le plus souvent il ne le pourrait pas : il est trop endetté, il a délégué à ses créanciers telle portion de sa terre, telle branche de ses revenus.
Je suppose que César, après avoir conquis l’Égypte, voulant faire fleurir le commerce dans l’empire romain, eût envoyé une ambassade à la Chine par le port d’Arsinoé, par la mer Rouge, et par l’océan Indien.
Ce mode suppose dans les disciples, ou dans les auditeurs, des puérilités et des ignorances qui ne sont plus de leur âge ; il perd le temps, et il dégoûte la pensée du but, en la traînant impitoyablement par tant de circonvolutions, de demandes et de réponses sur la route ; l’esprit abandonne cent fois l’argumentateur en chemin, et souvent il l’abandonne tout à fait à ces fastidieux ambages, rebuté, avant d’arriver, par les détours inutiles qu’on lui fait faire.
A côté de ces divers enseignements visant à faire des chrétiens, supposez-en un autre, tout laïque, se donnant pour tâche de faire avant tout de bons citoyens et des esprits libres, accoutumés à éprouver toute opinion par le contrôle de l’expérience et de la raison.
L’écrit de Wagner est une œuvre de Critique, non de Biographie ; il suppose connue, déjà, par le lecteur, la vie de Beethoven, en ses détails essentiels.
Si cette vue est exacte, Dickens devra être un de ces hommes et toutes les particularités de son art pourront être appliquées par ce que l’on sait et ce que l’on suppose sur l’effet de l’ascendant des émotions dans un organisme spirituel.
Supposez qu’on trouve après mille ans, dans une catacombe, un volume de Corneille, et qu’on se demande de quelle nation était ce poète enflé comme un Castillan, tendu comme un Latin, sublime comme un Africain, pompeux comme un Gascon, raisonneur comme un Anglais, à coup sûr on ne devinera pas en mille que ce grand homme était du pays de la Fontaine, de Molière ou de Boileau !
De telles puissances et de tels génies artificiels supposent, dans ces acteurs indispensables à la scène, des miracles d’efforts, d’études, d’éducation spéciale à cette profession, des sentiments fantastiques qui ne se produisent que dans un état très lettré, très oisif et très opulent des nations.
XIV Louis XVIII, prince infiniment plus éclairé et plus philosophe qu’on ne le suppose, sentait profondément cette nécessité.