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704. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Le Tasse eût parcouru le cercle entier des caractères de femmes, s’il eût représenté la mère.

705. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Quand la veuve d’Hector, dans l’Iliade, se représente la destinée qui attend son fils, la peinture qu’elle fait de la future misère d’Astyanax a quelque chose de bas et de honteux ; l’humilité, dans notre religion, est bien loin d’avoir un pareil langage : elle est aussi noble qu’elle est touchante.

706. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

D’ailleurs, il faut toujours se souvenir que la naïade détruisait la poésie descriptive ; qu’un ruisseau, représenté dans son cours naturel, est plus agréable que dans sa peinture allégorique, et que nous gagnons d’un côté ce que nous semblons perdre de l’autre.

707. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

Le conseil infernal étant assemblé, le poète représente Satan au milieu de son sénat : « Ses formes conservaient une partie de leur primitive splendeur ; ce n’était rien moins encore qu’un Archange tombé, une Gloire un peu obscurcie : comme lorsque le soleil levant, dépouillé de ses rayons, jette un regard horizontal à travers les brouillards du matin ; ou tel que dans une éclipse, cet astre, caché derrière la lune, répand sur une moitié des peuples un crépuscule funeste, et tourmente les rois par la frayeur des révolutions.

708. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

Celui qu’il a appelé La Marchande à la toilette représente une esclave qu’on voit à gauche agenouillée.

709. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Mais dans le tableau dont je parle, Attila représente si naïvement un Scythe épouvanté, le pape Leon qui lui explique cette vision, montre une assurance si noble et un maintien si conforme à sa dignité, tous les assistans ressemblent si bien à des hommes qui se rencontreroient chacun dans la même circonstance où Raphaël a supposé ses differens personnages, les chevaux mêmes concourent si bien à l’action principale ; l’imitation est si vrai-semblable, qu’elle fait sur les spectateurs une grande partie de l’impression que l’évenement auroit pû faire sur eux.

710. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Homère lui-même nous représente toujours aveugles les poètes qui chantent à la table des grands ; c’est un aveugle qui paraît au banquet d’Alcinoüs et à celui des amants de Pénélope. — Les aveugles ont une mémoire étonnante.

711. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

À les entendre, le temps des poètes lyriques vit aussi fleurir des poètes tragiques distingués, et Diogène Laërce assure que la première tragédie fut représentée par le chœur seulement.

712. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

. — Les secondes furent celles d’hommes irritables et susceptibles sur le point d’honneur, tels qu’on nous représente Achille. — Les troisièmes furent réglées par le devoir ; elles appartiennent à l’époque où l’on fait consister l’honneur dans l’accomplissement des devoirs civils.

713. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Plutarque dit1 que lorsque les anciens géographes voulaient représenter la terre, ils laissaient sur leurs cartes de grands espaces vides où ils écrivaient au hasard: Ici, des mers et des montagnes ; là, des abîmes et des déserts. […] Que Pline représente l’homme jeté nu sur la terre nue, créature infirme, pleurant, se lamentant, ne sachant ni marcher, ni parler, ni se nourrir, et qu’il s’écrie d’un ton de triomphe: Voilà le futur dominateur du monde ! […] Ce n’est point un peuple, ce n’est point un site qu’il représente, ce sont les nations et le monde. […] Il représente à lui seul d’abord les erreurs honnêtes, puis l’action insensée, puis le repentir, puis l’isolement contristé, jamais les crimes ni les fureurs des partis. […] Souvent son imagination lui représentait des campagnes de feu, des montagnes ardentes, où des spectres hideux erraient en l’appelant à grands cris.

714. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Caro, qui, dans cette triste cérémonie, représentait la conscience des honnêtes gens. […] Ce n’est plus le temps où elle représentait M.  […] M. de Maupassant, à force d’analyse et de détails, arrive à représenter exactement les êtres et les choses ; M.  […] Sa Mort du duc d’Enghien, récemment représentée au Théâtre Libre, avait même beaucoup réussi. […] Je me représente autrement M. 

715. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Regnard et Dancourt représentaient avec une grande verve de plaisanterie et d’esprit, parfois même avec profondeur, les mœurs corrompues de leur temps. […] Plus que tout autre, il a voulu représenter les temps qui avaient précédé cette époque, comme obscurcis par la barbarie. […] Ce n’est pas ainsi que Rousseau a voulu les représenter. […] On agit sur l’âme, dès qu’on parvient à représenter, avec justesse et profondeur, le moindre de ses mouvements. […] Lire et admirer est en effet un sentiment ; comme les autres il peut être fidèlement représenté.

716. (1911) Nos directions

Que ce soit dans un livre ou bien sur une scène, ils sont nés pour représenter. […] de combien peu s’en faut-il, qu’il puisse être représenté ! […] J’aurais peu de peine à montrer que Laine représente l’esprit d’aventure et de fantaisie. […] Il représente ici plus que lui-même. […] Georges Duhamel, auteur de la Lumière, deux œuvres curieuses représentées aux samedis de l’Odéon ; celui de M. 

717. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Deux phrases plus loin, la même insinuation revient plus précise. « Quelques-uns, dit Tibère, pourraient représenter sa sévérité publique comme l’effet d’une ambition ; dire que sous prétexte de nous servir, il écarte ce qui lui fait obstacle ; alléguer la puissance qu’il s’est acquise par les soldats prétoriens, par sa faction dans la cour et dans le sénat, par les places qu’il occupe, par celles qu’il confère à d’autres, par le soin qu’il a pris de nous pousser, de nous confiner malgré nous dans notre retraite, par le projet qu’il a conçu de devenir notre gendre. » Les Pères se lèvent : « Cela est étrange132 !  […] IV Aussi bien, c’est de ce côté qu’il a tourné son talent ; presque toute son œuvre consiste en comédies, non pas sentimentales et fantastiques comme celles de Shakspeare, mais imitatives et satiriques, faites pour représenter et corriger les ridicules et les vices. […] Quand nous pensons une chose, nous autres hommes ordinaires, nous n’en pensons qu’une portion ; nous en voyons un aspect, quelque caractère isolé, parfois deux ou trois caractères ensemble ; pour ce qui est au-delà, la vue nous manque ; le réseau infini de ses propriétés infiniment entre-croisées et multipliées nous échappe ; nous sentons vaguement qu’il y a quelque chose au-delà de notre connaissance si courte, et ce vague soupçon est la seule partie de notre idée qui nous représente quelque peu le grand au-delà. Nous sommes comme des apprentis naturalistes, gens paisibles et bornés qui, voulant se représenter un animal, voient le nom et l’étiquette de son casier apparaître devant leur mémoire avec quelque indistincte image de son poil et de sa physionomie, mais dont l’esprit s’arrête là ; si par hasard ils veulent compléter leur connaissance, ils conduisent leur souvenir, au moyen de classifications régulières, à travers les principaux caractères de la bête, et lentement, discursivement, pièce à pièce, ils finissent par s’en remettre la froide anatomie devant les yeux. […] Quelle distance il y a entre cette conception et l’objet, combien elle le représente imparfaitement et mesquinement, à quel degré elle le mutile, combien l’idée successive, désarticulée en petits morceaux régulièrement rangés et inertes, ressemble peu à la chose simultanée, organisée, vivante, incessamment en action et transformée, c’est ce que nulle parole ne peut dire.

718. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

On voit par ces trois définitions du ministre chinois, de Pythagore et de Leibniz, que, pour les trois peuples représentés par ces trois grands hommes, la musique est d’origine purement divine, et qu’il faut demander ses lois à l’instinct et non à la science. […] Dryden représente dans cette ode le plus fameux musicien et compositeur de la Grèce, Timothée, appelé pour charmer les oreilles d’Alexandre le Grand et de ses compagnons de guerre à Persépolis. […] L’enfant prit la plume, et il écrivit sans hésiter un instant, devant beaucoup de personnes considérables, la musique et l’accompagnement à grand orchestre, avec une incroyable promptitude. » Rien ne prévaut contre l’envie naissante attachée au génie en germe : l’opéra n’est pas représenté. […] « Le jour de la Saint-Étienne, écrit-il à sa sœur, une bonne heure après l’Ave Maria (six heures du soir), vous pourrez vous représenter le compositeur Wolfgang assis au clavecin, son père en haut de la salle, dans une loge, et vous voudrez bien nous souhaiter en pensée une heureuse représentation, en y ajoutant quelques Pater. » « Dieu soit loué ! […] Représentez-vous les inquiétudes, les angoisses, les tourments que j’ai éprouvés durant ces quinze jours.

719. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Lorsque Énée, voyant à Carthage, dans le temple de Junon, des peintures qui représentent le siège de Troie, fait cette remarque : Sunt lacrymæ rerum…, cela signifie simplement, comme vous savez : « Notre triste renommée est donc parvenue jusqu’en ce pays ! […] … » C’est sans doute par un coucher de soleil, l’été, à l’heure où, pour parler comme Hugo,     Une immense bonté tombe du firmament que, pris d’attendrissement, il écrivait : « Il n’y a point de créature, si petite et si vile qu’elle soit, qui ne représente la bonté de Dieu. » Et peut-être, rassuré par cette pensée, il se permettait pour une fois d’admirer sans scrupule cette nature intempérante, immortifiée, païenne, qui n’est pas cloîtrée, qui n’est pas chaste, qui aime la vie, et qui ne prie pas, sinon dans les vers des poètes. […] Car, d’abord, Paris, c’est trente-six mille choses à la fois ; et puis on sait que la plupart de ceux qui passent pour représenter l’esprit de Paris sont venus des plus lointaines provinces… Et pourtant, oui, il y a des Parisiens, puisqu’il y a Béranger et puisqu’il y a M.  […] Ce chat représente l’Art et cette oie la Bourgeoisie. […] Elles se sont mises à écrire à leur tour ; et la grâce la plus aisée, l’expérience la plus fine et la plus clémente, le spiritualisme le plus délicat ornent leurs récits ; et c’est en ajoutant au meilleur de ce qu’il passait pour représenter qu’elles gardent le nom dont elles sont dépositaires.

720. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Le Proscenium représente l’Hôtel de Ville de Paris ; au milieu, l’autel de la République, etc… Par une ouverture située devant l’autel et semblable à une boite de souffleur, Victor Hugo sort : il arrive de Belgique, ayant pénétré dans Paris par les égouts ; il vient au secours de ses concitoyens. […] nous voulons un Opéra, et surtout un ballet. » Apparaît Nadar, en un costume qui représente un ballon ; aussitôt surgit Gambetta : gonflement du ballon : Gambetta et Nadar montent, pour aller chercher les artistes et les danseuses. […] Représenter Lohengrin à Paris avec ce texte a donc paru hasardeux : qui ne sait que Wagner est non seulement un musicien mais un poète ? […] Trîstan a été représenté huit jours plus tard, avec M. et Mme Vogl qui y ont leurs plus difficiles et leurs meilleurs rôles. […]   BRUXELLES. — Le théâtre de la Monnaie va représenter cet hiver, en français pour la première fois, la Walkure, traduite par M. 

721. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

A Munich, la Tétralogie sera représentée aux dates suivantes : 23, 25, 27, 29 août ; — 13 15, 17, 19 septembre. […] Neumann, le directeur de l’Opéra Allemand, nous apprend qu’il est disposé à représenter, en août-septembre, le Hollandais, Tannhaeuser, Lohengrin, Tristan, les Maîtres, le Rheingold et la Walküre, si des auditeurs vont à Prague spécialement pour les entendre. […] J’aurais à me procurer le consentement des autorités communales ; et il ne faut pas perdre de vue qu’ici il ne s’agit pas d’une entreprise théâtrale de commerce : les représentations ne seront données que pour des invités et pour les patrons de l’œuvre ; aucune place ne sera vendue. » II — Annonce des Fêtes 12 mai 1871 « La pièce de Fête, l’Anneau du Nibelung, doit être représentée, sous ma direction spéciale, en quatre soirées consécutives, et cela trois fois, en trois semaines consécutives. […] Chaque vers représente une ligne de prose ; pour une ligne de prose de vingt mots, un court vers, quelques syllabes, un mot-sommet autour duquel rayonne le très strict minimum des menus mots nécessaires à la phrase. « Erlæsung dem Erlosser. » chantent les élus du Gral. « Voici (par Parsifal) le Salut du Sauveur (le Gral). » Et c’est la conclusion de l’œuvre, cette dernière formule, la plus concise, du drame qui est le dernier achèvement de l’idée Wagnérienne. […] Qui se demande, écrivant, ce que représente chacun des termes qu’il emploie ?

722. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Et à mesure que le drame se déroule, Tissot s’animant, s’exaltant, et toujours parlant avec une voix plus basse, plus profonde, plus religieusement murmurante, prête aux choses représentées, des sentiments, des idées, des exclamations qui feraient une glose curieuse à joindre aux Évangiles apocryphes. […] c’est un miracle que des pièces (Les Frères Zemganno) si peu jouées dans le décor, si peu réglées, si peu sues, puissent être représentées, même à la diable, à deux jours de là. […] Jeudi 10 avril Autrefois il y avait un effort chez les pastellistes pour représenter le charme, l’esprit, le sourire d’une figure de femme ; à présent on dirait que nos pastellistes en faveur, avec leurs roses d’engelures et leurs violets plombés, ne veulent exprimer que l’éreintement, l’ahurissement, le barbouillage de cœur, enfin tous les malaises physiques et moraux d’une physionomie de femme. […] Il disait à propos de l’Institut, où la médecine n’est guère représentée que par Charcot ou par Bouchard, qu’aucun professeur, devant la vague promesse de l’un ou de l’autre, de l’aider à entrer à l’Institut, n’avait le courage, dans les examens, de préférer un élève à lui, à un élève de Charcot ou de Bouchard. […] Ç’a été d’abord les romans naturistes que j’ai écrits, puis les pièces révolutionnaires que j’ai fait représenter, enfin en dernier lieu le Journal.

723. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Rodenbach représente intensément la religiosité de l’âme flamande, à aucun degré il ne traduit son exubérance. […] Leurs talents voisinent et Mockel peut légitimement représenter aujourd’hui le poète disparu. […] Le fossoyeur, le forgeron, les cordiers, les pêcheurs représentent autant d’idées emblématiques. […] Représentée une fois au Théâtre d’Art le 21 mai 1891. […] Les Aubes parurent en 1898, mais ne furent jamais représentées.

724. (1902) La poésie nouvelle

Peindre la réalité telle qu’elle se présente immédiatement aux regards de l’observateur, tel est l’art du Parnassien ; représenter dans la réalité tout le définitif mystère qu’elle recouvre, tel est l’art du Symboliste. […] Ceux-ci peuplèrent la Nature de puissances occultes, et c’est-à-dire qu’ils représentèrent par des symboles leur divination du surnaturel. […] Oui, c’est en de tels atours fastueux que Velasquez nous représente les chétives petites princesses de la maison d’Autriche anémiée. […] Cependant, lui, représente aux flancs du vase la ronde éperdue qui le trouble…‌ Mon ivresse était morte avec la tâche faite.‌ […] Dans l’arrangement de ces fictions, il se sentait d’autant plus libre qu’il ne prétendait pas représenter par elles l’inexprimable détail des choses cachées.

725. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

La pudeur moderne nous interdirait d’en faire seulement l’analyse ; mais les mœurs italiennes du temps étaient si peu scrupuleuses en matière de décence et de religion que cette facétie comique eut un succès classique et prolongé à Florence, et que le pape Léon X, dans ses voyages en Toscane pour revoir sa famille, fit représenter devant lui deux fois la Mandragore pour amuser le sacré collège. […] Les papes représentent l’ombre de Rome, les rois lombards représentent la barbarie conquérante. […] Une république étrangère d’origine représente seule l’indépendance de l’Italie sur un groupe de soixante îlots dans les lagunes de l’Adriatique : c’est Venise, phénomène maritime abrité par les flots, et grandissant pendant que tout se rapetisse autour d’elle sur le continent italien.

726. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Quelquefois, pour lui conserver un caractère encore plus mystérieux, ils représentaient cette divinité sans aucune forme et voilée d’une façon singulière. […] Les scènes variées de guerre et de chasse qu’ils représentent dénoncent une vie nationale active et brillante, où le roi joue le rôle d’une divinité terrestre, assise sur son char, commandant le respect et l’obéissance. […] Les temples-cavernes de l’Inde antique, ornés de sculptures bizarres, représentent l’état le moins avancé de l’architecture et de la plastique. […] « Il y avait de ces simulacres aux abords des temples, dans les portiques, dans les agoras ; les rues et les chemins étaient bordés de ces statues de forme quadrangulaire nommées Hermès, du nom de la divinité qu’elles représentaient et dont Pausanias attribue l’invention aux Athéniens.

727. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

On n’a donc, pour se faire une idée de sa parole, que les plans et brouillons qui représentent non sa prédication, mais la préparation de sa prédication. […] Cette histoire représente le principal effort de Bossuet dans la guerre d’un demi-siècle qu’il a faite au protestantisme. […] Le prédicateur a le geste rare, un mouvement de bras égal et monotone, la voix mélodieuse et uniforme, sans autre nuance qu’un peu plus de lenteur ou de rapidité dans le débit : les yeux sont clos ; la mémoire travaille pour représenter la suite du discours appris par cœur ; et parfois l’orateur reprend quelques mots pour ressaisir le fil qui lui échappe. […] Il développait de belles périodes, avec une exubérance cicéronienne : le malheur était qu’une fois entré dans un tour, il n’en sortait plus, il le représentait avec insistance, jetant toutes ses phrases dans le moule qu’il avait d’abord choisi.

728. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Si donc la poésie ne faisait pas entendre aujourd’hui ce concert de douleur qui annonce le besoin d’une régénération sociale, et si en même temps elle ne jetait pas déjà, dans toutes les âmes capables de la sentir, le germe de cette régénération ; si elle n’y versait pas, avec la douleur de ce qui est, le désir de ce qui doit être ; en un mot si elle n’était pas, ce qu’elle a toujours été, prophétique, nous aurions tort de représenter l’état actuel de la société comme une crise qui doit enfanter une société nouvelle. […] Certes, je ne chercherai pas si l’objet qui est représenté est beau ou laid, je ne ferai pas de sophisme pour soutenir qu’il y a de la beauté jusque dans la laideur ; je ne demanderai pas si on peut tirer directement de cet ouvrage une conclusion morale : non, mais j’écouterai l’impression qu’il fera sur ma vie. […] Depuis cinquante ans que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre siècle, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions qui composent l’Europe, c’est-à-dire l’Angleterre et l’Allemagne, qui représentent tout le nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine.

729. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Cependant la conscience morale nous a été représentée aussi comme un moyen de résister à l’oppression, comme un point d’appui contre la société, contre l’état, contre toute force extérieure. […] Ce n’est pas lui-même que représente le révolté, c’est un ordre social supérieur. […] Un ordre émané d’un homme qui est censé représenter les intérêts généraux, et l’intérêt même de celui qui doit obéir, ou qui est désigné comme l’interprète de la volonté divine, se fait mieux écouter. Et pareillement un ordre abstrait, intérieur, dont l’origine est méconnue, qui paraît sortir du moi lui-même, et représenter soit sa nature essentielle la plus haute, soit une volonté supérieure et divine.

730. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

La conséquence d’une telle manière de voir, c’est que le riche n’est pas très considéré ; on estime beaucoup plus l’homme qui se consacre au bien public ou qui représente l’esprit du pays. […] Ma formule ethnique serait de la sorte : « Un Celte, mêlé de Gascon, mâtiné de Lapon. » Une telle formule devrait, je crois, représenter, d’après les théories des anthropologistes, le comble du crétinisme et de l’imbécillité ; mais ce que l’anthropologie traite de stupidité chez les vieilles races incomplètes n’est souvent qu’une force extraordinaire d’enthousiasme et d’intuition. […] Plus tard, son image s’est souvent représentée à moi. […] Le petit oiseau représente les parcelles de beauté et d’innocence que notre triste planète recèlera toujours, quels que soient ses épuisements.

731. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

. — La tétralogie des Nibelungen est un essai de cosmogonie ; mais ce qu’il y a de caractéristique, c’est que le dieu Wotan, qui a conçu le monde, abdique de guerre lasse et que le génie de l’Amour, représenté par Brünehilde, meurt trahi et sans espoir. […] De même que Wagner est en progrès sur ses contemporains, il dépasse et renouvelle la forme artistique qui représente le dernier développement du génie grec. […] On peut comparer la Volonté, telle que Schopenhauer l’entend, à un globe liquide ; les vagues représenteraient les choses, individuelles, dont la hauteur est déterminée, avec une rigoureuse nécessité, par la position de tous les atomes environnants et qui, chacune, cache sous sa surface toute la masse, uniforme, du globe. […] L’Art doit représenter nettement et rendre consciente à tous la Nécessité inconsciente de la Nature, afin que, la connaissant, nous y puissions échapper (p. 19 à 21). « Mais le seul créateur de l’œuvre artistique est le Peuple : l’artiste peut seulement saisir et exprimer la création inconsciente du Peuple. » (p. 22).

732. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

L’âme des peuples, comme l’âme des grands individus qui les représentent dans le drame historique, disparaît de la scène pour faire place à cette force des choses que les uns nomment fatalité, les autres providence. […] Tandis que les historiens anciens ne les voyaient et ne les représentaient que dans l’indépendance de leur action politique, ou bien que dans l’originalité de leur œuvre esthétique ou scientifique, les historiens modernes les voient et les représentent sous l’influence et la pression des idées et des choses de leur temps et de leur pays ; ils nous les montrent comme ne faisant qu’exprimer et personnifier les sentiments, les passions, les idées, les intérêts des peuples, des classes, des partis qui les inspirent, les poussent et les soutiennent sur la scène qu’ils occupent. […] La vraie grandeur des personnages historiques n’est ni dans l’égoïsme qui fait les tyrans, ni dans l’entraînement qui fait les tribuns : elle est dans la force de la pensée, dans l’énergie du caractère, mises au service des idées justes, des sentiments généreux, des intérêts légitimes des sociétés que représentent ces individus.

733. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

La sœur de Beaumarchais, Julie, que M. de Loménie nous a fait connaître, représente bien son frère par son tour de gaieté et de raillerie, son humeur libre et piquante, son irrésistible esprit de saillie ; elle le poussait jusqu’à l’extrême limite de la décence, quand elle n’allait pas au-delà ; cette aimable et gaillarde fille mourut presque la chanson à la bouche : c’était bien la sœur de Figaro, le même jet et la même sève5. […] Et n’est-ce pas ainsi, de nos jours, que certaines filles de poètes, morts il y a des années déjà, m’ont aidé à mieux comprendre et à mieux me représenter le poète leur père ?

734. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Cette suite de notes et d’analyses, bien que décousues d’ordinaire et tout à bâtons rompus, représente donc bien les événements et les faits dans leur expression la plus précise et avec un parfait caractère d’authenticité. […] Foucault, son parent, et qui était encore très-vivant à cette date, pour représenter le Malade imaginaire.

735. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Dans le cas présent il va se trouver engagé à continuer de représenter à Paris un souverain qui aura une autre inclination et inspiration politique que la sienne ; il va passer, même à Dresde et dans son pays, pour un partisan du système français, sans l’être pour cela devenu, et en ayant au cœur une politique toute différente. […] M. de Senfft se décida, en cette occasion, à mettre sa maison sur un plus grand pied que par le passé et à représenter, à proprement parler, ce qu’il n’avait pas fait encore.

736. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Une infinité de fusées, toutes de même espèce, qui, à divers degrés de complication et de hauteur, s’élancent et redescendent incessamment et éternellement dans la noirceur du vide, voilà les êtres physiques et moraux ; chacun d’eux n’est qu’une ligne d’événements dont rien ne dure que la forme, et l’on peut se représenter la nature comme une grande aurore boréale. […] Il y a donc dans les derniers éléments mobiles une ou plusieurs forces capables de devenir disponibles, attraction, répulsion, qui croissent à mesure que leur opposition fait décroître la force en exercice et qui la représentent tout entière sous forme de recette, après qu’elle a disparu sous forme de dépense. — En second lieu, si toute la force en exercice pouvait à la longue se convertir en force disponible, si la nature ou l’arrangement des derniers éléments mobiles étaient tels que la transformation des effets en effet équivalents, mais différents, dût un jour s’arrêter partout, cela serait déjà fait ; or cela n’est pas fait.

737. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

La Fontaine, avec Molière, représente dans la littérature classique une tradition libertine, qui subsiste entre la tradition chrétienne et la doctrine cartésienne. […] Bussy et Mme de Sévigné423 nous ont laissé des témoignages décisifs du succès du bonhomme : et qui peut mieux représenter qu’eux le goût de la haute société du xvie  siècle ?

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