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1142. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

la loi me défend de mener cette femme au marché des esclaves pour vous désintéresser avec le prix qu’elle représente… Si nous étions en Amérique… mais nous ne sommes pas en Amérique.

1143. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

On concède qu’il peut y avoir du profit à imiter les auteurs étrangers ; mais imiter un auteur de la même langue c’est, paraît-il, chose inadmissible ; et comme on est gêné par l’exemple de Flaubert, élève authentique et avoué de Chateaubriand, on explique le cas de Flaubert en disant que le romantisme représentait pour Flaubert une « véritable littérature étrangère ».

1144. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Henri, que les gravures du temps représentent sous la figure d’un bouc, Henri, le Faune couronné, n’était pas seulement le libertin affolé qui courait après toutes les femmes, au dire de toutes les chroniques de l’époque, de tous les mémoires, de toutes les chansons.

1145. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

D’abord, ils ont le mérite d’être très courts ; ils renferment quelquefois en peu de lignes, et d’autres fois en peu de pages, l’idée du caractère, des actions, des ouvrages de celui qu’il loue, ou du moins dont il parle ; car quelquefois il fait le portrait d’hommes plus célèbres que vertueux ; mais il les représente tels qu’ils sont, loue les vertus, admire les talents et déteste les crimes.

1146. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

. — Par suite du même défaut de réflexion, les héros étaient ouverts, incapables de dissimuler leurs impressions, généreux et magnanimes, tels qu’Homère représente Achille, le plus grand de tous les héros grecs.

1147. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

* * * Ce n’est pas seulement le nom de Roncevaux28 que les poèmes français ont conservé : la façon dont ils se représentent la scène du combat paraît aussi remonter à une connaissance directe des lieux. […] Le désastre de Roncevaux devait, à l’origine, être représente beaucoup plus fidèlement. […] et son épée auprès de lui : l’imagination pouvait facilement tirer de là le beau récit qui le représente survivant le dernier, faisant, seul, fuir les ennemis, et mourant sans être vaincu. […] Dans tous les mystères du Moyen Âge, on le représente comme ayant pris part aux tortures de Jésus, malgré le bienfait qu’il en avait reçu. […] Je dirai brièvement que les cinq manuscrits remontent à deux copies différentes du manuscrit original perdu : ABD descendent de l’un, C représente l’autre, E paraît être le produit d’une fusion des deux.

1148. (1925) Comment on devient écrivain

Ils représentent deux méthodes inconciliables. […] On peut très bien, en effet, emprunter au passé une intrigue, des aventures, et même des personnages qui représentent le vrai cœur humain et sont de tous les temps, précisément parce qu’ils ont existé. […] Les dialogues de Maupassant représentent assez bien la note juste.‌ […] Il a une dizaine de concurrents de son âge ; voit-on ce que cela représente ?  […] En dehors de son attirail livresque, Brunetière représente assez bien l’absence de toute espèce d’originalité.

1149. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il représente, lui, l’honnêteté formaliste et pharisaïque, le respect des conventions sociales. […] Il faut bien qu’il se les représente, qu’il ait devant lui ou son péché ou sa tentation, afin d’expier l’un ou de conjurer l’autre. […] Il me déplaît que ce soit un chercheur d’or qui représente la providence divine. […] La fidélité à l’empereur prend un caractère religieux, puisque c’est Dieu que l’empereur représente. […] Il représentait un maire en goguette, un invité du fameux banquet des 15, 000 maires.

1150. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Quant à la prétendue couleur que représente une lettre, et la pseudo-ressemblance entre le son et la nuance, les Parnassiens avaient inventé cet enfantillage. […] Toute coupe représente ainsi ce qu’il appelle « l’unité vraie » du Vers, qui n’est plus le nombre conventionnel : cette unité peut se dire « Un fragment le plus court possible tombant sur un arrêt de voix et un arrêt de sens ». […] Sarcey le représente, comme n’ayant jamais composé qu’une seule romance. […] Quatre, de propositions génératrices de la série, devaient, strictement liés entre eux, représenter ainsi que le centre irradiant de sa pensée. […] La Symphonie représentait l’élément passionnel, sensitif.

1151. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Théologie, droit public, sciences, philosophie et philologie, morale, toutes ces branches sont admirablement représentées et portent des fruits comme disproportionnés à l’œil avec le peu d’apparence du tronc ; c’est un poirier nain qui est, à lui seul, tout un verger. […] Ce Champin est une figure toute locale, comme qui dirait un ancien jacobin de Genève ; moyennant les lettres qu’il lui prête, l’auteur a cherché à représenter le vieil idiome populaire de la cité et de la rue dans tout son caractère, tandis que, par les lettres de Reybaz, il a voulu exprimer la langue des anciens de village, dans les cantons retirés où se conserve un français plus vieilli que celui des villes et plus coloré quelquefois. « Ce serait, dit-il de cette dernière, ma langue naturelle, si on se choisissait sa langue. » Sous cette histoire développée des deux fiancés, il y a donc une étude approfondie de style, si je l’osais dire, tout comme dans les Fiancés de Manzoni, auxquels l’auteur a dû plus d’une fois penser ; mais c’est le style genevois, tant municipal que rural, qui s’y trouve expressément reproduit dans toutes ses nuances, et cela circonscrit le succès. […] Irai-je représenter à M.

1152. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

» Il faut se dire : « On va représenter devant moi un drame. […] Ses yeux ronds percent malaisément le triple bourrelet de graisse de sa figure ; une voix aigre sort de ses lèvres de prosaïque macaron, et ce Thersite paperassier représente, par excellence, le culte des traditions. […] Le décor représente le logis de Hans Sachs, où le maître, penché sur un gros livre, s’abîme dans la méditation.

1153. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

« On a représenté, dit-il, les facultés agissant comme des agents indépendants, donnant naissance à des idées et se les passant mutuellement, et faisant entre elles leurs affaires. […] De nos jours, il s’y est produit deux courants de doctrines : d’une part, l’Ecole a priori représentée par sir W. […] Comme par la célébrité des noms qui la représentent, par son accord avec les tendances générales du siècle, par sa mise en harmonie avec les découvertes les plus récentes des sciences physiques et naturelles, par l’originalité de ses recherches et de ses résultats, elle semble tenir le premier rang, et qu’en France d’ailleurs elle est ignorée, ou à peu près, il nous a semblé qu’il ne serait pas inutile d’essayer d’en faire connaître les doctrines ; et que ce travail de pure exposition ne déplairait ni à ceux qui les repoussent ni à ceux qui les acceptent.

1154. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Par exemple, les disciples de Darwin ont représenté la contraction des sourcils comme un mouvement que les animaux trouvèrent originairement avantageux dans le combat et qui fut pour cela préservé par la sélection naturelle. […] « Représentez l’horreur sur le visage, dit Mantegazza, et ajoutez-y des poings fermés : vous aurez l’image de la haine. » C’est que la haine est l’horreur tendant à détruire son objet. […] — C’est qu’alors, son pouvoir de représentation étant accru, il peut se représenter avec plus de vivacité ce que ressentent les autres et consécutivement le ressentir lui-même.

1155. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Ceux qui pourront conférer le texte de Démosthènes avec le langage que lui fait parler le traducteur, verront bien qu’il n’a pas cherché comme M. de Tourreil, qui avoit traduit les Philippiques avant lui, à lui donner de l’esprit, mais à représenter fortement & naïvement son vrai caractère. […] Le style quelquefois négligé, mais toujours original & simple, ne peut représenter fidélement que le genre d’esprit qu’il avoit reçu de la nature, & ne sera que le masque d’un autre. […] Par-tout on sent un peintre habile qui assortit son pinceau aux différens caractères qu’il veut représenter.

1156. (1929) La société des grands esprits

Tous les temps et tous les lieux n’y sont pas représentés : bien des pays et bien des siècles restent stériles et muets. […] Cela ne l’empêche pas de représenter la solide notion d’une vérité et d’une beauté rationnelles et objectives. […] Pour la peinture, cela s’admet encore moins, car enfin il faut bien qu’un tableau représente quelque chose. […] En 1877, aux fêtes du deuxième centenaire, c’est Renan qui représentait la France. […] Ce grand homme représente éminemment les meilleures qualités françaises.

1157. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Ici prix est réservé à la meilleure pièce qui aura été représentée dans l’année sur le théâtre de Louis XIV. Tel prix est réservé à la moins mauvaise pièce qui aura été représentée dans l’année sur le théâtre de. […] Cet homme lui représente la solitude et le regret, lui qui lui représenta l’amour. […] — II : Quel serait l’emblème le plus simple et le plus significatif pour représenter le peuple français régénéré ?… — III : Quel serait, également, l’emblème le plus propre à représenter la République française ?

1158. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ils firent de leurs aumônes un fond qui le mit en état d’y représenter. […] On y représenta les jésuites, persécutant tour à tour, à cause de la religion, & favorisant l’idolâtrie. […] Ils disoient que ce comique n’avoit point chargé les portraits, que les médecins sont encore tels qu’il les a représentés. […] Ils représentèrent au saint siège, en toute humilité, que les missionnaires jésuites étoient idolâtres, ou à peu près. […] Dumas, alors gouverneur de Pondichery, représente ce missionnaire comme un faussaire.

1159. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

J’aime à me les représenter en ce moment, puisque nous sommes en Grèce, par un de ces bustes doubles où se complaisait souvent la fantaisie des artistes grecs : ils aimaient, on le sait, ces sortes de Janus à physionomies assortissantes ou le plus souvent contrastantes ; les vases sculptés nous offrent volontiers deux figures opposées dos à dos, nuque a nuque, et qui se complètent, Sophocle et Aristophane, Bacchus et Ariane, et sur un rhyton je vois Alphée et Aréthuse. […] Il réalisa en partie son rêve pour Shakespeare dans un voyage qu’il fit à Londres au commencement de l’automne de 1857 ; il y vit représenter Hamlet par un acteur de talent, mais sur un théâtre de faubourg, devant un parterre tout populaire. […] Parler aujourd’hui des œuvres d’un grand poète, c’est parler de son époque, de ses contemporains, de ses sources et de ses dérivés, non seulement de tout ce qu’il est, mais de ce qu’il a pu être et de ce qu’il représente. […] Dans une lettre de Londres, du 25 septembre 1857, adressée à Mme Gandar, dans un post-scriptum écrit à onze heures du soir, il disait : « Je viens, à l’instant même, de voir représenter Richard III.

1160. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Les monstruosités morales appartiennent de droit à l’extravagance volontaire de la farce, et c’est pourquoi le personnage représenté par Harpagon est un des lieux communs de l’opéra buffa des Italiens. […] Puisque l’homme, par le dévouement, par le sacrifice de ses intérêts, s’élève à la dignité tragique, l’idée exclusive du moi est ce qui doit en faire un personnage de comédie, et, en effet, tous les rôles vraiment comiques représentent des égoïstes achevés. […] Elles veulent donner une idée et non représenter un individu. […] Le Registre de la Comédie fait foi que, représenté vingt et une fois de suite, nombre de représentations auquel un ouvrage atteignait difficilement alors, Le Misanthrope seul, sans petite pièce qui l’accompagnât et malgré les chaleurs de l’été, procura au théâtre dix-sept recettes productives et quatre autres de bien peu moins satisfaisantes.

1161. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

« Ceci, dit-il à Mme Vauquer, en serrant un plat et une petite écuelle dont le couvercle représentait deux tourterelles qui se becquetaient, est le premier présent que m’a fait ma femme, le jour de notre anniversaire. […] La fiction qui représenterait ces pauvres cœurs opprimés par les êtres placés autour d’eux pour favoriser les développements de leur sensibilité serait la véritable histoire de ma jeunesse. […] Sa famille, royaliste, exige qu’il aille la représenter au bal que la bourgeoisie de Tours offre au duc d’Angoulême. […] La nature s’était parée comme une femme allant à la rencontre du bien-aimé, mon âme avait pour la première fois entendu sa voix, mes yeux l’avaient admirée aussi féconde, aussi variée que mon imagination me la représentait dans mes rêves de collège dont je vous ai dit quelques mots, inhabiles à vous en expliquer l’influence, car ils ont été comme une Apocalypse où ma vie me fut figurativement prédite : chaque événement heureux ou malheureux s’y rattache par des images bizarres, liens visibles aux yeux de l’âme seulement.

1162. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Est-ce parce qu’il a plu aux hommes d’attacher la plus grande gloire de l’art au mérite de représenter l’objet de leurs plus chères complaisances ? […] Racine a représenté les femmes dans les trois passions les plus habituelles à leur sexe : l’amour, la tendresse maternelle, l’ambition. […] Dans le théâtre antique, le chœur représente la foule ; c’est quelque vieillard sans nom qui le conduit et qui parle pour tous. […] Athalie ne fut représentée qu’en 1720.

1163. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

La même chose a été comme l’aiguillon de ses grandes qualités et la cause de ses erreurs, soit de doctrine, soit de conduite : c’est cette confiance au sens propre qu’il semble représenter dans le dix-septième siècle, comme Bossuet représente le sens commun, la tradition. […] « Il confesse son indécision ; il avoue qu’il se laisse aller à un serrement de cœur et aux noirceurs causées par les contradictions et les peines de l’incertitude ; que quelquefois, paresse on négligence, d’autres, mauvaise honte ou respect humain, ou timidité, l’empêchent de prendre des partis et de trancher net dans des choses importantes. » Ailleurs il représente ainsi son intérieur : « Je ne vois en moi que haut et bas, chutes et rechutes, relâchements, omissions et paresses dans mes devoirs les plus essentiels, immortifications, délicatesse, orgueil, hauteur, mépris du genre humain, attachement aux créatures, à la terre, à la vie, sans avoir cet amour du Créateur au-dessus de tout, ni du prochain comme de moi-même. » Il s’avoue renfermé, donnant trop de temps à la prière, écrivant beaucoup. […] Il n’est pas jusqu’aux effets de ses grands soins sur le naturel du duc de Bourgogne que Fénelon n’ait représentés dans les changements de Télémaque sous l’habile main de Mentor.

1164. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il s’en tenait à des vaudevilles, que l’on représentait avec assez de succès aux Variétés au Palais-Royal, ou aux Folies-Marigny. […] Il a passé des journées à Sainte-Anne ; il a pénétré dans les vrais assommoirs, il a vu de près cette vie du peuple qu’il voulait représenter. […] Mes-Bottes se range, devient bon ouvrier ; il ne refusera pas de lui venir en aide ; il ira, s’il le faut, avertir Goujet ; Goujet, qui a toujours des économies, arrivera à la rescousse, et tout finira à la satisfaction commune… » Et, au lieu de cela, de cette conclusion peu dramatique, mais indiquée par la marche des faits, la scène représente tout à coup le boulevard Rochechouart, près de l’Élysée-Montmartre. […] nous nous garderons bien de trouver infâmes des actions qu’on nous peint toutes roses, de trouver sales les crimes poétiques que vous nous représentez !

1165. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Il m’a été donné de commencer, de mettre tout ce qu’un homme peut mettre de son être à représenter les quatorze ou quinze mystères, le mystère unique de la vie et de la vocation et de la sainteté et du martyre de la plus grande sainte je crois qu’il y ait jamais eu. […] Représenter, rendre ce monde, ces trois dimensions, avec cette plume qui gratte régulièrement, qui court sur le papier. […] Puisqu’il faut choisir, étant donné qu’il faut choisir, on ne prend pas même le nom essentiel, celui qui représenterait le plus, celui qui représenterait au centre. […] Il manifestait, il représentait une sorte d’incurable répétition intérieure. […] Aussi le poète Eschyle ne fit point de difficulté d’introduire dans une tragédie la mère de Xerxès, qui étoit peut-être encore vivante, et de faire représenter sur le théâtre d’Athènes la désolation de la cour de Perse après la déroute de ce prince.

1166. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Il représente avec Scribe tout le théâtre de son temps. […] Représentons-nous le maintenant dans cette société de la Restauration, où il va commencer à écrire. […] Le Français est plus vaniteux, l’Anglais est plus positif : le premier représente l’esprit de société et le second l’esprit d’association. […] Car il s’est de tout temps commis des crimes par amour et de tout temps la littérature les a représentés ; mais elle ne les glorifiait pas. […] La tradition que représente ici Barbey d’Aurevilly est celle de Crébillon fils et de Laclos.

1167. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Il sera, lui, dans sa famille, le philosophe : il représentera la haute culture intellectuelle et le progrès de l’idée ; sa femme sera la croyante : elle représentera le sentiment, l’âge des superstitions naïves ; et, grâce à ce partage et à cette inconséquence, dans le plus parfait des ménages allemands, l’humanité trouvera en même temps, et au même degré, sa double expression : la science et la poésie. […] Reste la conscience, et c’est à la représenter seule et suffisante vengeresse du devoir violé que les panthéistes triomphent. […] On y voit, comme cela est annoncé sur la couverture, « deux vignettes ingénieuses » qui représentent Charlotte faisant ses fameuses tartines et Werther sur son lit de mort. […] Mais représente-toi ce que j’ai éprouvé lorsque j’ai entendu mon père l’appeler Madame !  […] Émile Silvestre, intitulé Charlotte, qui a été représenté en 1846 sur le théâtre du Vaudeville et où l’on a eu l’idée toute française de nous montrer M. 

1168. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Rien ne reste plus de Frédéric Nietzsche qu’une masse inerte, la misérable chose que nous représente le portrait de M.  […] J’ai vu naguère une photographie où le comte Tolstoï était représenté en compagnie des principaux écrivains de son pays. […] Cyriel Buysse, représentent en Hollande la littérature d’imagination. […] Et j’avoue qu’aujourd’hui encore cette personne m’apparaît telle, ou à peu près, que je l’ai naguère représentée dans les pages qu’on va lire. […] C’était son Hedda Gabler, publiée et représentée quelques mois plus tard.

1169. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Ce qui peut y être considéré comme le propre d’Eugène, c’est la forme qu’il leur a donnée et qui nous représente fidèlement la tournure particulière de son esprit ; quelque chose de complexe, d’un peu obscur à la surface, et qui rayonne par le fond ; une clarté profonde, sans beaucoup de transparence ; une pensée solidaire qui se manifeste sur plus d’un point à la fois, et se déroule avec une plénitude imposante dans sa qualité fondamentale ; un arbre d’une puissante végétation intérieure, qui n’a nul souci de l’écorce ; une allure simple, grave, un peu enveloppée, faisant beaucoup de chemin sans affecter beaucoup de mouvement ; souvent de ces mots brefs et compréhensifs, de ces formules d’apôtre qui gravent une pensée pour toute une religion.

1170. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Ysaye, le pianiste, quelques parents lointains dans une voiture avec Mme Jules Laforgue, Paul Bourget, Fénéon, Moréas, Adam et moi ; et la montée lente, lente à travers la rue des Plantes, à travers les quartiers sales, de misère, d’incurie et de nonchalance, où le crime social suait à toutes les fenêtres pavoisées de linge sale, aux devantures sang de bœuf, rues fermées, muettes, obscures, sans intelligence, la ville telle que la rejettent sur ses barrières les quartiers de luxe, sourds et égoïstes ; on avait dépassé si vite ces quartiers de couvents égoïstes et clos où quelques baguettes dépouillées de branches accentuent ces tristesses de dimanche et d’automne qu’il avait dites dans ses Complaintes, et, parmi le demi-silence, nous arrivons à ce cimetière de Bagneux, alors neuf, plus sinistre encore d’être vide, avec des morts comme sous des plates-bandes de croix de bois, concessions provisoires, comme dit bêtement le langage officiel, et, sur la tombe fraîche, avec l’empressement, auprès du convoi, du menuisier à qui on a commandé la croix de bois et qui s’informe si c’est bien son client qui passe, avec trop de mots dits trop haut, on voit, du fiacre, Mme Laforgue riant d’un gloussement déchirant et sans pleurs, et sur cet effondrement de deux vies, personne de nous ne pensait à la rhétorique tumulaire6. » Jules Laforgue représente le type accompli de l’intellectuel en 1880.

1171. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Ils t’expliqueront qu’un poème doit avoir trois sens superposés, chaque sens étant représenté par l’unique symbole élu ; comme si tout vrai poète, de tout temps, n’avait pas érigé, par le fait même qu’il produisait une œuvre d’art, des symboles personnels sans s’inquiéter s’ils avaient trois sens ou vingt-quatre !

1172. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Ces deux Poëtes étoient contemporains, comme Corneille & Racine l’ont été parmi nous ; mais Sophocle avoit fait représenter le plus grand nombre de ses Pieces, avant qu’Euripide se produisît sur la Scene.

1173. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

Wundt attribue aussi à l’aperception le fait suivant : dessinez au tableau un dé dont les arêtes seules soient indiquées, « vous pourrez mettre en avant dans votre esprit celle des deux faces que vous voudrez, selon que vous vous représenterez intérieurement le dé vu de dessous ou vu de dessus. » Mais qu’y-a-t-il de plus simple que ce changement de perspective, dû à la manière dont nos souvenirs intérieurs s’associent avec les lignes extérieures ?

1174. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

Le pouvoir d’arrêt qu’il exprime, ce pouvoir d’arrêt qui évoque, hors de l’indéfini et de l’instable, qui fixe et matérialise, sous le regard de l’intelligence, quelque état du mouvement, ce pouvoir se représente en croyance.

1175. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Goulu, le représentèrent comme un ivrogne, buvant nuit & jour dans un verre fait exprès & plus grand que la coupe de Nestor ; comme un gourmand, faisant très-bonne chère en gras, quoiqu’il eût le teint si frais & l’embonpoint si excellent qu’on ne croyoit pas qu’il eut besoin d’être dispensé de la règle du maigre  ; comme un religieux très-éloigné de l’esprit de son ordre, le plus sévère de tous dans son institution, suivant un auteur*.

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