, Goethe docteur en droit, beau, noble, aimable, après de fortes et libres études commencées à Leipzig, continuées à Strasbourg, et ayant su résister dans cette dernière ville à l’attraction vers la France, est rappelé à Francfort sa cité natale, et de là il est envoyé par son père à Wetzlar en Hesse pour se perfectionner dans le droit et y étudier la procédure du tribunal de l’Empire ; mais en réalité, et sans négliger absolument cette application secondaire, il est surtout occupé de lire Homère, Shakespeare, ou de se porter vers tout autre sujet « selon que son imagination et son cœur le lui inspireront ». […] … je t’enverrai prochainement un livre, appelle-le comme tu voudras, des prières ou un trésor, pour te rappeler matin et soir les bons souvenirs de l’amitié et de l’amour. » Que ce soit à Lotte qu’il parle ainsi et qu’il semble adresser particulièrement son livre, on le conçoit : il espère plus d’indulgence et de grâce auprès d’elle qu’auprès de Kestner. […] [NdA] On se rappelle le bel endroit de René : « Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m’arrêtais sur les ponts pour voir se coucher le soleil… » Dans le tableau naturel que nous trace Goethe, on remarquera, comme différence fondamentale avec Chateaubriand, le sentiment cordial et domestique, la joie d’enfants à cette veillée de Noël. […] [NdA] Il se rappelle en cet endroit L’Odyssée, livre I, vers 98-99.
Ces premières années, cette vie de famille et d’enfance, qu’il aimait à se rappeler et qu’il a consacrée en plusieurs endroits de ses écrits, laissèrent dans sa sensibilité de profondes empreintes. […] Comme il se serait écrié à plus juste titre, en voyant cette relique, telle qu’il les aimait : « Elle me rappelle mon premier état, et l’orgueil s’arrête à l’entrée de mon cœur. […] J’aime qu’il reproche à La Mettrie de n’avoir pas les premières idées des vrais fondements de la morale, « de cet arbre immense dont la tête touche aux cieux, et dont les racines pénètrent jusqu’aux enfers, où tout est lié, où la pudeur, la décence, la politesse, les vertus les plus légères, s’il en est de telles, sont attachées comme la feuille au rameau, qu’on déshonore en l’en dépouillant. » Ceci me rappelle une querelle qu’il eut un jour sur la vertu avec Helvétius et Saurin ; il en fait à mademoiselle Voland un récit charmant, qui est un miroir en raccourci de l’inconséquence du siècle. […] Nous leur rappellerons en même temps, comme dédommagement et comme excuse, un article sur la prose du grand écrivain, inséré autrefois dans ce recueil par un des hommes93 qui ont le mieux soutenu et perpétué de nos jours la tradition de Diderot, pour la verve chaude et féconde, le génie facile, abondant, passionné, le charme sans fin des causeries et la bonté prodigue du caractère.
Je ne fais que rappeler la page sublime sur les paysans : « Certains animaux farouches, etc. […] Quoi qu’il en soit, et sans faire injure à nos mérites laborieux, son premier petit in-12 devrait être à demeure sur notre table, à nous tous écrivains modernes, si abondants et si assujettis, pour nous rappeler un peu à l’amour de la sobriété, à la proportion de la pensée au langage. […] Walckenaer, dans son Étude sur La Bruyère, a rappelé une agréable anecdote tirée des Mémoires de l’Académie de Berlin et qui s’était conservée par tradition : « M. de La Bruyère, a dit Formey, qui le tenait de Maupertuis, venait presque journellement s’asseoir chez un libraire nommé Michallet, où il feuilletait les nouveautés, et s’amusait avec un enfant fort gentil, fille du libraire, qu’il avait pris en amitié. […] Ce serait plutôt Boursault que Boyer ; car je me rappelle que Segrais a dit à propos des épigrammes de Boileau contre Boyer : « Le pauvre M.
Chacun des trois actes a soulevé ces bravos prolongés ; le premier surtout s’est achevé dans une tempête d’applaudissements, et, trois fois, les interprètes ont été rappelés par la salle enthousiaste. […] Nous ne voulons ici que rappeler quelques-uns des procédés au moyen desquels le public, qui est presque tout dans notre théâtre, se trouve réduit, à Bayreuth, à un ensemble de quelques facultés désindividualisées15 et orientées vers la plus complète perception. […] La scène d’exposition qui ouvre Lohengrin rappelle, par son ampleur, les drames historiques de Shakespeare. […] Et, dans la chambre nuptiale, sa tendresse se fait plus inquiète ; en vain Lohengrin lui rappelle le serment qu’elle a prononcé, la prie, la conjure de chasser le doute, d’avoir confiance, de ne pas perdre la candeur de son amour.
Mardi 24 juillet Un voisin de mon dîner de Brébant, un universitaire dont je ne peux jamais me rappeler le nom, me disait qu’en Nubie, on pratique, une opération, retranchant à la femme, les organes de la jouissance, et que grâce au bienfait de cette opération, une prostituée pouvait se livrer à son métier, sans aucune fatigue, et conservait ainsi très longtemps, dans leur fraîcheur, les charmes de sa jeunesse. […] Un parc qui rappelle en grand le Petit-Trianon, et dans lequel coule une vraie rivière, une cour d’honneur digne d’un Marly, des amas de curiosités, parmi lesquelles il y a une collection de livres et de reliures qui vaut plus d’un million, des armoires toutes pleines de vieilles dentelles, dans lesquelles, il y a de quoi fabriquer des robes de 30 000 francs, etc., etc., etc. […] C’est singulier, comme cette Sarah Bernhardt me rappelait aujourd’hui, par ce jour gris et pluvieux, ces élégantes et efflanquées convalescentes, qui, dans un hôpital, passent devant vous, en le crépuscule de cinq heures, pour se rendre à la prière du fond de la salle. […] Ici je rappelle que le mot : « Musset des familles » est de mon frère, un joli baptême vraiment du talent du romancier, avant la publication de Monsieur de Camors.
Dans combien de pays d’Europe le juge est-il obligé de rappeler au témoin chrétien qu’il doit dire la vérité, même si elle est favorable à un Juif ? […] Rappelons-nous qu’il faut distinguer entre l’égalité et la fraternité : l’idée de l’égalité des droits109 — on l’a observé justement — implique celle d’une opposition de prétentions. […] De ce point de vue, au regard du tout, les spécialités les plus diverses sont assimilables, et les basses classes pourront rappeler leur importance sociale pour réclamer l’égalité des droits. […] Le sens commun nous rappellera qu’une mode a pour conséquence d’effacer les différences de ceux qui la suivent, et d’autre part, de les distinguer, en bloc, de ceux qui ne la suivent pas.
De ce minuscule ouvrage de poésies, souvent volontairement risquées et vraiment peu recommandables dans les couvents et dans les lycées, j’extrais une pièce qui m’a paru charmante de grâce et de forme ; elle est écrite sans prétention et rappelle par certains côtés la délicate manière de Murger et de Thiboust : Le Chat botté… Pas de nom d’auteur !
Par un principe de justice, nous devons rappeler ici que les Recueils de l’Académie Françoise offrent un grand nombre de Discours de Charpentier, dont quelques-uns sont écrits avec autant de naturel que de force & de bon sens.
La cadette, je suppose, est restée recueillie en elle-même et discrète ; elle s’est rattachée par un retour pieux au foyer domestique, au bourg natal, aux mœurs, au paysage du lieu, aux amours de sa blonde enfance ; elle a gardé son culte simple ; elle peut retrouver au besoin son accent du pays ; elle se rappelle encore tous les noms, et s’enferme souvent pour chanter ses airs anciens et pleurer plus à l’aise à ses souvenirs. […] A propos de Juvénal effrayant la vertu dans ses invectives contre le vice, on a dit dans un vers latin moderne qui rappelle heureusement celui de Boileau : Dum furit in vitium, pavet ipsa innoxia virtus.
Il faut se rappeler ici que la condition essentielle de la vraie critique est de comprendre la diversité des temps, et de se dépouiller des répugnances instinctives qui sont le fruit d’une éducation purement raisonnable. Il faut se rappeler aussi que dans cette ville impure et pesante de Jérusalem, Jésus n’était plus lui-même.
Ils ne se soucient ni de paye, ni de butin, ni de récompense ; ils ne songent ni aux fêtes de Rome, ni aux délices d’Italie ; ils ne veulent, ils ne demandent que le général ; ils appréhendent la fin de la guerre, de peur de le perdre à la paix ; ils murmurent contre le sénat qui le rappelle, et ne se peuvent consoler de la victoire qui leur ravit le victorieux. […] Vous croyez que la vertu se tient lieu de digne et de suffisante récompense, mais qu’elle accepte la gloire sans l’exiger ; que la gloire n’est pas tant une dette dont s’acquitte le public, qu’un aveu de ce qu’il doit, et tout ensemble une protestation qu’il est solvable. » Plusieurs trouveront les conversations rappelées par Balzac d’une gravité qui va jusqu’au ridicule ; les sujets qu’elles traitaient seraient ridicules, sans doute, dans la société d’une bourgeoise de petite fortune qui aurait à soigner elle-même son ménage et ses enfants.
Albert Blanc se l’est peut-être mieux rappelé que Sainte-Beuve, dont la généreuse mémoire ne se souvient probablement que de ce qu’il a fait lui-même, et si Blanc se l’est rappelé, ce lui fait honneur, mais ce lui en eût fait davantage s’il en était convenu avec la noblesse de la bonne foi.
Le Christianisme avait cette origine céleste, et il rappela toujours, il invoqua toujours infatigablement cette origine. […] Je n’avais, moi, à propos du livre de M. de L’Épinois sur le gouvernement temporel de la Papauté, qu’à rappeler à ceux qui l’incitent perfidement à renier son passé et son origine en donnant d’une seule fois sa démission de toutes ses couronnes, le principe de son existence historique, et, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, la grandeur morale — quand elle fut la plus politique — de son action.
Rappelez-vous le livre de Μ. […] Pendant qu’il était en train de si bien faire en nous montrant l’antiquité, cette vaine parolière, descendant du sophiste au rhéteur et du rhéteur au grammairien, ces trois marches qui l’ont conduite au gouffre, je souhaitais que l’esprit qui voyait si clair en histoire tirât des faits, si curieux et si nombreux qu’il avait colligés, des conséquences plus circonstanciées et plus hardies, et qu’il osât des rapprochements entre des époques de décadence dont il est impossible de ne pas voir l’analogie… À certaines pages du livre en question, la décadence de l’antiquité, livrée à la phrase et aux mots pour les mots, rappelait à l’auteur d’autres décadences ; des rhéteurs grecs lui mettaient en mémoire d’autres rhéteurs, qui n’étaient pas grecs.
On se rappelle qu’il n’y a pas encore bien longtemps, l’Allemagne s’éprit de l’Inde avec cette candeur de passion, cette facilité d’abusement, cette bonne volonté d’être trompée qui distingue aussi bien ses critiques et ses savants que l’âme charmante prêtée si généreusement à ses jeunes filles. […] Vous pouvez tourner les pages du Ramayâna les unes après les autres, et vous n’en trouverez pas une seule qui rappelle en énergie et en vérité l’épisode du Koran, par exemple, où les amies de la femme de Putiphar, qui ont commencé à blâmer l’amour honteux de la belle égyptienne pour son esclave, ne s’aperçoivent pas qu’elles se coupent les doigts avec leurs couteaux, dans leurs rêveries, en le regardant servir à table, affolées qu’elles sont déjà de l’éclatante beauté de Joseph.
Rappelez-vous Irus dans Homère ! Seulement dans la littérature moderne la plus rapprochée de nous, rappelez-vous le vieil Edie Ochiltrie de Walter Scott, le vieux pauvre de Cumberland de Wordsworth, et jusqu’au vieux vagabond de Béranger, qui, lui, le bourgeois et le voltairien, le grand poète des épiciers, n’a été réellement poète que quand il a chanté les Bohémiens, les Gueux, enfin les pauvres, exécrés par Voltaire !
On se rappelle ce livre fou, on ne sait déjà plus quel bas-bleu russe, intitulé : L’appel au Christ, auquel, tous les deux, dans des lettres qu’ils ne s’attendaient pas à voir publier, ils donnaient également une approbation galante et charmante. […] Alexandre Dumas n’en a pas moins charmé ses contemporains, et surtout ses contemporaines ; et son inexplicable charme est allé même jusqu’à l’ensorcellement, Qu’on se rappelle la fête où, dernièrement, une troupe de Philamintes et de Bélises, prises au bataillon du bas-bleuisme de ce temps, le traitèrent comme un Trissotin colossal, portant sur les rubans de leurs robes tous les titres de ses ouvrages, et ayant à leur tête — ces singulières amazones fêtant Alexandre !
Mgr Salvado rappelle en passant, dans les Mémoires historiques, les paroles sévères du Dr Lang, protestant très considéré, parlant d’une mission protestante fondée à Moreton-Bay, en 1838, au nord de Sydney, laquelle mission prit fin misérablement au bout de cinq ans d’existence, après avoir, comme tant d’autres, inutilement vécu. […] On se rappelle le bruit que fit naguères cette première gloire littéraire de l’Amérique, qui éclata tout à coup comme un aloès qui fleurit et dont la fleur est déjà tombée… Des philanthropes, Narcisses humanitaires qui trouvaient l’humanité jolie en se regardant, prirent sur le poing et présentèrent à l’Europe attendrie cette Mistress Edgeworth américaine, et placèrent son livre sous la protection d’une telle émeute de sensibilité insurgée, que si la critique littéraire avait osé planter son scalpel dans cette œuvre esthétiquement médiocre, les Wilberforce du journalisme auraient crié au scandale, comme si on eût voulu toucher littérairement à l’Imitation de Jésus-Christ.
Évidemment, si nous en croyons son histoire : L’Empereur Soulouque et son Empire 21, il y a, dans l’extravagance cruelle de cette caricature d’empereur et la faculté de tout souffrir de cette caricature de peuple, des choses qui rappellent à leur façon les folies et les furies des vieux monstres connus, solennels et sérieux, et la patience ou l’enthousiasme plus incompréhensible encore, du monde qui les acclama. […] Rappelons-lui donc, à propos de nègres, le mot sublime de saint Vincent de Paul en parlant des pauvres : « Les pauvres — disait cet homme céleste — sont grossiers, sales, obscènes et répugnants, mais il faut s’efforcer de voir Jésus-Christ à travers cette affreuse enveloppe. » Or, même à travers le nègre le moins ou le plus mal développé, à travers Soulouque, on peut voir encore Jésus-Christ.
Ce jour-là, Rémusat me rappela, autant que si je le lisais, le mot cruel de ce cruel Veuillot qui, dans ses Librespenseurs, l’a comparé à un navet. […] Il y a, si vous vous le rappelez, dans cette gravure, une femme qui rêve et pleure, avec de longues anglaises défrisées, lesquelles semblent pleurer comme elle.
La Bible Illustrée Par Gustave Doré35 I Gustave Doré, qui s’est rappelé qu’il y a quelques années j’avais rendu compte des Contes drolatiques, interprétés et illustrés par lui avec un talent qui eût réjoui Balzac lui-même, m’a envoyé sa Bible 36 et m’a mis par là dans l’obligation d’en parler. […] Son Nouveau Testament, où ce qu’il y a de plus beau a été inspiré par l’Apocalypse : la Vision de saint Jean, qui rappelle ce qu’il y a de plus grandiose, de plus pathétique et de plus fulgurant dans l’Ancien, son Nouveau Testament n’a guères de touchant que Jésus guérissant les malades, et encore la tête, l’incompréhensible tête de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour tous les artistes, et sur laquelle les plus grands n’ont eu que des lueurs, Doré, qui la change chaque fois qu’il la recommence, la manque toujours.
Rappelez-vous, si vous le pouvez, les articles de madame Sand (qui n’est pas, il est vrai, plus matérialiste qu’autre chose), et ceux de plusieurs autres phrasiers philosophiques comme elle, sur l’extrême convenance qu’il y aurait maintenant à brûler les morts au lieu de les enterrer ; pauvres articles, du reste, qui n’étaient, après tout, que de l’archéologie païenne et de l’impertinence contre l’Église ! […] Par la manière dont le livre aurait été fait, il devait nous rappeler à l’horrible réalité qui nous menace tous si nous ne nous armons contre elle, et nous infliger cette pensée, puisque nous sommes si incompréhensiblement superficiels !
Autran est en poésie ce qu’on peut appeler un rude travailleur, et, s’il ne l’est pas, si, en fait, nous nous trompons, il en a l’air, et c’est la même chose, Rappelez-vous un mot terrible ! […] Rappelez-vous Horace !
Un jour même (l’anecdote est connue), Molière le rappela à la marge de son Tartufe, en regard d’un vers par trop odieux, et M. […] Baudelaire rappelle la forme de M.
Rappelez-vous la Clarisse qu’il publiait il y a, je crois quatorze ans ; rappelez-vous ce livre inouï et sans exemple, de l’aveu de ceux qui l’ont le plus sévèrement condamné.
Oui, vous trouverez que, dans Les Hommes de Lettres, rien n’est imitation positive, mais que tout y est réminiscence fatale, jusqu’à la folie idiote du héros, qui vous rappellera, mais en les faisant grimacer, ces grands fous, ces Titans dégradés de Balzac, le colonel Chabert avec son mouvement de canne au-dessus de sa tête chauve et vide, et le terrible Ferragus regardant « jouer au cochonnet. » III Et il n’y a rien de plus dans le roman de MM. de Goncourt que ce que je viens d’indiquer. […] Qu’ils se rappellent les vers charmants de comique… et prudents du Maître exquis de l’Expression, qui ne fatigua jamais la sienne, et qu’ils se les appliquent, en les méditant : Eh quoi !
On ne peut lire plusieurs morceaux de ce discours, et la fin surtout, sans attendrissement ; mais, ce qu’on ne croirait pas, c’est que dans un éloge funèbre du duc de Bourgogne, il se trouve à peine un mot qui rappelle l’idée de Fénelon. […] Ces monuments superbes ne font qu’attirer sur leurs cendres l’envie attachée autrefois à leurs personnes, à moins que la vertu ne consacre leur mémoire, et n’éternise pour ainsi dire cette fausse immortalité qu’on cherche inutilement dans des colonnes et des statues. » Il nous rappelle ensuite les idées de Rome, de Sparte et d’Athènes, qui eussent honoré le maréchal de Boufflers, comme elles honorent leur Miltiade, leur Phocion, les Caton, les Décius et les Fabrice.
On se rappelle comment Lamartine a traité La Fontaine et s’est chargé de démontrer qu’on peut être un grand poète et un piètre critique. […] Rappellerai-je tant de pages délicatement ironiques qu’on lit, comme elles ont été écrites, avec un demi-sourire au coin des lèvres ? […] Il rappelle aux amateurs d’infiniment petits que, la synthèse étant le but, l’analyse n’est qu’un moyen. […] Il me rappelle un de nos professeurs qui se plaisait ainsi à nous jeter du haut de sa chaire quelque passage d’un auteur. […] Pourquoi certaines expressions viennent-elles aussi me rappeler que le raffinement est proche parent de l’afféterie ?
Il y a de l’ode à Grenade dans les premières strophes ; la suite rappelle la Bataille perdue.
Nous avons rappelé l’obscurité de sa naissance, parce qu’on aime à voir les Lettres honorées par des récompenses aussi considérables, quand les Littérateurs s’en rendent dignes par leurs mœurs & le bon usage de leurs talens.
Ce qui nous rappelle ces vers d’un Poëte Espagnol, assez mal traduits par M. de Voltaire.
Le Cultivateur, le Militaire, le Commerçant peuvent se passer d’un Conte, d’un Roman, d’un Opéra-comique ; tandis que la nécessité les rappelle presque toujours aux lumieres de ces hommes précieux, qui trouvent les moyens de prévenir les besoins, ou d’y remédier.
Jodelle a le premier distribué les Tragédies & les Comédies en actes, les actes en scènes, & rappelé les trois unités prescrites par Arioste.
Les Indiens, pour se rappeler les grands événements, faisaient des nœuds à une corde, et ces nœuds disposés de mille manières rappelaient par association un passé lointain ; en nous aussi se trouvent des points où tout vient se rattacher et se nouer, de telle sorte qu’il nous suffit de suivre des yeux ces séries de nœuds intérieurs pour retrouver et revoir l’une après l’autre toutes les époques de notre vie. […] Une pique du temps des Gaulois ne nous rappelle que la grande idée qui a fait l’arme, quelle qu’elle soit, — l’idée de défense et de force ; la pique, c’est le Gaulois défendant ses foyers et la vieille terre gauloise. […] On se rappelle la scène de la fontaine, une des plus chastes, des plus poétiques et pourtant des plus osées de la littérature moderne antérieure à Zola. […] Pour ma part, je ne me rappelle guère de paysages auquel je n’aie intimement mêlé mes pensées ou mes émotions, qui n’ait pris pour moi un sens, ne m’ait suggéré quelque retour sur moi-même ou sur le monde. […] Qui ne se rappelle la description de la lune reposant sur des groupes de nues pareilles à la cime des montagnes couronnées de neige ?