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456. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Bientôt les félibres lui confièrent la direction de leur premier recueil. […] L’un des premiers, il a su se régler par une sage imitation. […] Une de ses premières œuvres fut un essai de comédie, dont il nous a conservé quelques morceaux ; mais son premier chef-d’œuvre fut la petite pièce intitulée Les frisons de Mariette. […] L’absence fit bien vite oublier le conscrit ; à son premier congé, Mariette était fiancée. […] — « Madelon, fais ta prière, — couche-toi. » — « J’y vais, ami. » — Mais cette nuit première, — Madelon n’a pas dormi, — mais cette nuit première, — Madelon n’a pas dormi.

457. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

J’ai toujours le tremblement comme au premier jour. […] Atteindra-t-on seulement ce premier contrefort. […] Partant de Jésus, qu’il a, il remonte le fil jusqu’au dernier terme, au premier, jusqu’au premier auteur, jusqu’au premier père. […] Suivons ce saisissement qui nous prend à toute lecture de Booz, à toute récitation, qui est toute une lecture première, qui est toute une récitation première. […] (Il pleut des vérités premières.

458. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Premier site. à ma droite, dans le lointain, une montagne élevait son sommet vers la nue. […] Cependant je traverse cette longue fabrique, et me voilà sur la cime d’une chaîne de montagnes parallèles aux premières. […] Le fait est que nous n’éprouvâmes d’autre tempête que celle du premier livre de Virgile, que l’un des élèves de l’abbé nous récita par cœur ; et telle fut la fin de notre première sortie ou promenade. […] Le cinquième est un de ses premiers ouvrages. […] Quel est l’homme puissant à qui ces choses appartiennent et qui les abandonne à la merci du premier venu ?

459. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Deuxième journée. Les conspirateurs » pp. 225-233

Scène première Omer-Dinochau, Monselet-Pacha […] Une Ténédos première, une ! […] Oui, c’est un sujet à tenter le pinceau d’un grand artiste : Prendre huit verres, remplis chacun d’un vin différent, et les peindre avec une telle vérité qu’on puisse dire, au premier coup d’œil jeté sur la toile, le cru de chaque vin et l’année !

460. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Acte premier… . Scène première… . » — Ah ! […] — C’est un Charançon qui lit son premier article imprimé ! […] On ne l’obtient pas du premier coup. […] On trouvera peut-être que Philippe déchire bien vite sa robe d’avocat au premier buisson d’aubépine.

461. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Ceux qui suivent ses travaux de neurologie savent que ce rang est un des tout premiers.‌ […] Il en comptait trente-trois du premier groupe et vingt-deux du second. […] Le pathétique intense des premiers livres de M.  […] cette première expérience ne les avait pas guéris de leur utopie. […] Cette première place appartient tout entière à l’intelligence.

462. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Mais on ne saurait s’attendre à lui trouver la patience nécessaire pour accepter les dégoûts des premiers pas. […] Mais tous, tant que nous sommes, voyons-nous aujourd’hui Jules César et Scipion l’Africain comme nos premiers maîtres nous les donnaient ? […] Les demandes et réponses n’auraient point de fin si le colonel Mignon ne reparaissait tout à coup avec une fortune beaucoup plus considérable qu’avant ses premiers malheurs. […] Bien que l’invention première soit bonne, elle aurait eu besoin d’être plus étoffée avant de se formuler, et peut-être eût-elle ainsi évité le décousu. […] Mais au fond, elle était si réfléchie et si bonne calculatrice que son premier souci fut de se chercher des aïeux.

463. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Pour forcer l’attention, il faut que votre premier chapitre soit presque un chef-d’œuvre. […] Jules Lemaître a analysé un des premiers un autre charme de M.  […] C’est ainsi qu’il a méconnu plusieurs écrivains de premier ordre. […] C’est pendant sa première liaison de Savigny qu’il connut madame de Custine. […] Reste donc le grand public, et, en première ligne, parmi ce grand public, les femmes.

464. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Bien des fois nous avons regretté de ne pas avoir suivi notre première impulsion. […] Neuf colonnes d’analyse ne nous avaient amené qu’a la moitié du premier acte. […] Ainsi, à ses débuts dans la carrière, Delacroix eut pour premiers appréciateurs Goethe et Thiers. […] Dans ses premiers ouvrages, des influences diverses sont visibles. […] Eugène Devéria ne dépassa point son premier effort.

465. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

L’idée première était heureuse, et si M.  […] Hugo a traité ces parties secondaires avec une habileté de premier ordre. […] Parmi eux, et au premier rang, il convient de placer M.  […] Ponsard un habile écrivain, ils n’ont pas consenti à le placer au premier rang. […] Cette première entrevue du légat et du roi devait produire un effet imposant.

466. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

L’antiquité, en effet, se présente à nous par divers aspects et comme par divers étages de perspectives ; elle a ses profondeurs et ses premiers plans. […] Même lorsqu’il ne nous est pas donné de pénétrer au delà, et qu’en avançant dans la vie nous n’avons plus que des instants pour nous retourner vers cette patrie première de toute belle pensée, la villa d’Horace, ce Tibur tant célébré, continue de nous apparaître à l’horizon, couronnant les dernières collines, et surtout, comme sur un dernier promontoire de cette mer d’azur aux rivages immortels, s’élève encore et se dessine, aussi distinct qu’au premier jour, le bûcher fumant de Didon. […] On se rappelle que Virgile, au livre premier de l’Énéide, a trouvé l’ingénieux moyen de déguiser l’Amour sous les traits d’Ascagne, que son père envoyait vers Didon. […] Le palais du roi est magnifiquement décrit, et rappelle par quelques endroits celui de Ménélas ou d’Alcinoüs dans l’Odyssée ; on se sent, à première vue, dans la demeure d’un fils du Soleil. […] Ce serait là, pour cette première Médée, une fin aussi belle dans son genre, bien que moins funèbre, que celle du bûcher de Didon.

467. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Lisez nos romans de chevalerie, qui vivent encore dans l’esprit populaire ; dépouillez-les des ornements médiocres dont ils furent enjolivés, et, une fois restitués dans leur simplicité première, transformez-les de nouveau, selon les inévitables lois du théâtre moderne. […] À la Mélodie qui, sous la direction des musiciens purement artistes, avait perdu son Innocence première, Beethoven voulut rendre cette pure Innocence. […] Mais il s’agissait de trouver le type premier de l’Innocence, l’Homme Bon idéal de sa foi, pour l’unir avec cette autre croyance de Beethoven : « Dieu est l’amour ». […]   Les soirées Wagnériennes intimes, dont la Revue a parlé la dernière fois, ont été continuées, ce mois encore ; la dernière était donnée dans un des premiers et des plus élégants salons de Paris, le 31 mai. […] (Continuation de l’étude dont les 8 premiers chapitres ont paru).

468. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Le moyen âge, dans sa première partie, avec ses œuvres souvent anonymes ou au moins d’un caractère impersonnel, demandait à être exposé, à être analysé simplement, nettement, à être enseigné dans son fond même, au moment où l’on en présentait la fleur ; et c’est ce qu’a fait tout d’abord la plume docte et sûre de M. […] La mort de Bègues ou Bégon, dans la Chanson des Loherains, est une grande scène de chevalerie première. […] Des nuages arrivèrent bien vite et s’amassèrent pour gâter la suite d’un si beau matin ; mais, à travers tout, il en paraît de loin de beaux rayons encore, et nulle part ce premier jet d’une lumière nette et vive n’est plus sensible que dans les poésies de l’aimable Clément. […] Il se tentait de rudes efforts incomplets, insuffisants, de la part de Maurice Sève, et dans la petite et docte école de Lyon, pour atteindre aux parties élevées de la poésie : on avait perdu les qualités premières sans acquérir, pour cela, (es autres. […] Ce sont deux théories, deux tempéraments en présence : d’une part, la théorie de la veine libre et du premier jet, du laisser-aller, de la verve pure et simple quand elle vient et comme elle vient (Régnier ou Alfred de Musset) ; et d’autre part, celle de la verve contenue, élaborée, resserrée et fortifiée par l’art (Malherbe ou André Chénier).

469. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

J’en viens au mot tem, l’un des plus notables et l’un des premiers qu’elle ait prononcés. […] Cola (chocolat) est une des premières friandises qu’on lui ait données ; c’est le bonbon qu’elle préfère. […] Si on lui parle d’un objet un peu éloigné, mais qu’elle peut se représenter nettement parce qu’elle l’a vu ou qu’elle en a vu de semblables, sa première question est toujours : « Qu’est-ce qu’il dit ? […] 1º Bête. — C’est là une de ses premières généralisations faciles, promptes et nettes. […] « Remontons encore une fois aux premiers commencements de la connaissance conceptuelle ; car c’est là que la clef doit se trouver, si elle est quelque part.

470. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Je n’ai pas besoin de faire observer que, depuis le discrédit général dans lequel sont tombés les travaux de cette nature par suite du peu de solidité des premiers projets, ces classifications ne sont conçues le plus souvent que par des esprits presque entièrement étrangers à la connaissance des objets à classer. […] Il suffit, quant à présent, d’avoir reconnu, en principe, la nécessité logique de séparer la science relative aux premiers de celle relative aux seconds, et de ne procéder à l’étude de la physique organique qu’après avoir établi les lois générales de la physique inorganique. […] D’un autre côté, cette subordination nécessaire entre les deux études ne prescrit nullement, comme quelques physiologistes du premier ordre ont été portés à le croire, de voir dans la physique sociale un simple appendice de la physiologie. […] N’oublions pas que, dans presque toutes les intelligences, même les plus élevées, les idées restent ordinairement enchaînées suivant l’ordre de leur acquisition première ; et que, par conséquent, c’est un mal le plus souvent irrémédiable que de n’avoir pas commencé par le commencement. […] Nous ne faisons maintenant que restituer à cette série son véritable premier terme, dont l’importance propre exigeait un examen spécial plus développé.

471. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade dans le Journal de l’Empire, articles que, dans sa modestie, il signait de la dernière lettre de l’alphabet grec, d’un fi, n’ont pas et n’eurent jamais l’importance qu’on leur prête aujourd’hui après coup ; ils n’obtinrent jamais le succès et la vogue, plus ou moins mérités, qui s’attachaient dans le temps aux articles des Geoffroy, des Dussault, des Feletz, des Hoffman ; ils ne sont pas toute la critique littéraire du premier Empire ; que dis-je ? […] Toutes ces premières années de sa jeunesse se dérobent ; après avoir essayé sans succès de rentrer dans l’administration, il se livra décidément à l’étude, et à celle du grec en particulier, pour lequel il se sentait une vocation. […] On voit par ce premier écrit, conservé dans les archives de l’Institut, quelle idée complète l’auteur s’était formée dès lors du critique, à prendre le mot dans toute la rigueur du sens et dans son application aux œuvres de l’Antiquité. […] Il avait dans sa première jeunesse plus de hardiesse qu’il n’en montra depuis. […] Boissonade les noms et les ouvrages de nos littérateurs les plus connus ; et par exemple, qui s’aviserait de reconnaître à première vue les masques que voici ?   

472. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Certaines scènes capitales du Parlement sont rendues avec exactitude ; il les tenait de première main. […] Soigneux à noter ses premiers succès et ses fréquentes mésaventures, il ne se doute pas du grand successeur et remplaçant de Bayle qui s’élève et se prépare en sa personne. […] Marais continuera d’être très attentif et très vigilant sur le chapitre de Voltaire, et il aura l’honneur de le bien comprendre, au moins dans sa première moitié, celle de la poésie. […] Si on recueillait un a un ces premiers jugements de Marais sur Voltaire, il y aurait sans cesse à corriger ; il n’est pas sûr dans son pronostic ; il tâtonne. […] Je ne suis pas exigeant et je ne demanderais que ce qui est partout, ce me semble : au défaut de l’auteur, un correcteur en première.

473. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Ses premières années nous échappent. […] Des huit médailles de première classe que l’Académie a ensuite accordées, je ne rappellerai ici que les deux qui sont en tête, l’une donnée à un militaire, l’autre à un ecclésiastique. […] Il réussit dans cette première œuvre qui coûta plus de 43,000 francs, et à laquelle il contribua personnellement pour 3,000. […] Encouragé, enhardi par son premier succès, l’abbé Brandelet entreprit de bâtir une église dans sa paroisse même, à Laviron ; la vieille église, insuffisante pour contenir les fidèles, avait de plus l’inconvénient grave de menacer ruine. […] Mais, malgré cette bonne volonté et ces avances de premier mouvement, c’était ici toute une lourde machine à mouvoir ; on était loin du compte en commençant.

474. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Notre siècle, à nous, en débutant par la volonté gigantesque de l’homme dans lequel il s’identifia, semble avoir dépensé tout d’un coup sa faculté de vouloir, l’avoir usée dans ce premier excès de force matérielle, et depuis lors il ne l’a plus retrouvée. […] Sa première enfance jusqu’à huit ans fut extrêmement vive et pétulante, il mettait en émoi tous ses camarades du même âge par ses malices, ses saillies et ses jeux. […] Ceci devint plus sérieux alors ; sa première communion en fut retardée, et il ne la fit qu’après son entier retour à la foi, c’est-à-dire à vingt-deux ans environ. […] » La Tradition de l’Église sur l’Institution des Évêques, publiée en 1814, aux premiers jours de la Restauration, avait été commencée, dès 1809, au petit séminaire de Saint-Malo, où M. de La Mennais était entré en prenant la tonsure. […] Il écrivait à un ami, au sujet d’un des premiers mensonges de la Restauration : « Je viens de lire le projet de loi napoléonienne sur la liberté de la presse ; cela passe tout ce qu’on a jamais vu.

475. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Sa première spécialité semblait être le roman maritime, mais il ne s’y est pas renfermé. […] Arthur vient à Paris ; il connaissait déjà la haute compagnie de Londres, et du premier jour il n’a rien d’emprunté ni de neuf dans notre monde élégant. […] Le mal tient-il cette place, à la fois première et singulière, dans leurs vastes tableaux ? […] Sue semblait en voie de rétracter ses précédentes assertions pessimistes trop absolues, il lui arrivait, peut-être à son insu, de ne pouvoir s’en débarrasser du premier coup et de s’en tirer par un détour. […] Le grand Arnault, banni lui-même, se réjouit de cette révocation ; persécuté, il applaudit de loin aux persécutions et aux premières conversions en masse, avec une naïveté incomparable.

476. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Chacun apporte ainsi dans sa jeunesse sa dose de foi, d’amour, de passion, d’enthousiasme ; chez quelques-uns, cette dose se renouvelle sans cesse ; je ne parle que de la portion de foi, d’amour, d’enthousiasme, qui ne réside pas essentiellement dans l’âme, dans la pensée, et qui a son auxiliaire dans l’humeur et dans le sang ; chez quelques-uns donc cette dose de chaleur de sang résiste au premier échec, au premier coup de tête, et se perpétue jusqu’à un âge plus ou moins avancé. […] Bayle, autrement favorisé et pétri selon un plus doux mélange, se trouva, dès sa première flamme jetée, une nature tout aussitôt réduite et consommée, et à partir de là il ne perdit plus jamais son équilibre. Première disposition admirable pour exceller au génie critique, qui ne souffre pas qu’on soit fanatique ou même trop convaincu, ou épris d’une autre passion quelconque. […] On établit des conférences de jeunes gens, pour lesquelles il s’essaie à déployer ses ressources de bel esprit, ses premiers lieux communs d’érudition, et où M. […] Cette indifférence du fond, il faut bien le dire, cette tolérance prompte, facile, aiguisée de plaisir, est une des conditions essentielles du génie critique, dont le propre, quand il est complet, consiste à courir au premier signe sur le terrain d’un chacun, à s’y trouver à l’aise, à s’y jouer en maître et à connaître de toutes choses.

477. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Celui-ci est donc une force historique et de premier ordre. […] La chose est visible, et du premier coup d’œil, pour la langue et le style. […] L’art classique ne s’occupe que des premiers ; de parti pris, il efface, néglige ou subordonne les seconds. […] Il manque au personnage l’étiquette personnelle, l’appellation authentique et unique qui est la marque première de l’individu. […] Siéyès a le plus profond dédain pour l’histoire, et « la politique est pour lui une science qu’il croit avoir achevée381 » du premier coup, par un effort de tête, à la façon de Descartes, qui trouva ainsi la géométrie analytique.

478. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Mais, dès ses premières attaques514, il sent que le séjour de Paris lui est impossible. […] Au milieu des embarras d’un nouveau règne, un des premiers soins de Frédéric fut de voir Voltaire ; un de ses rêves les plus ardents d’ambition fut de l’avoir près de lui, à lui. […] Enfin il a des besoins d’esprit, qui lui font mettre les plaisirs sociaux et littéraires parmi les nécessités premières de la vie. […] La base première du livre doit être cherchée dans la sincère passion de Voltaire pour les lettres, les sciences, les arts, pour l’œuvre intellectuelle de l’humanité. […] Cf. les Lettres du 24 juillet 1750 à D’Argental, du 13 octobre, du 6 novembre et du 26 décembre à Mme Denis, et toute la correspondance des six premiers mois du séjour à Berlin.

479. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Il termina ses premières études à Paris, sous Mathurin Cordier, habile et savant professeur. […] Tout l’esprit du protestantisme avait été dans son premier acte : la guerre contre les œuvres. […] Tout ce qui suivit cette première déclaration de Luther n’en devait être que la conséquence. […] Il poussa jusqu’à l’excès cette réaction contre les pratiques, qui avait été la pensée première du protestantisme. […] Cet ouvrage, écrit d’abord en latin, puis traduit en français par Calvin lui-même, parut pour la première fois en manière de protestation modérée, à l’occasion des premières persécutions.

480. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

On peut lire sa première intrigue avec la jeune veuve de qualité qu’il rencontre à Guise, son autre intrigue avec la belle comtesse qu’il voit à Moulins, et les scènes bizarres et un peu grotesques du château délabré qu’il décrit avec complaisance et avec un véritable talent littéraire. […] Pour commenter en quelque sorte, et démontrer cette supériorité distinctive du talent de Turenne, qui consistait à tirer bon parti d’une affaire déjà compromise, et à la rétablir à force d’habileté de détail, de ténacité et de prudence, Bussy, dans ses Mémoires, se plaît à exposer en ce sens les opérations de la campagne de Flandre de 1656, pendant laquelle Turenne fit preuve de toutes ces qualités combinées qui caractérisent sa première manière militaire. […] Il fut des premiers à se déclarer contre les sots de qualité « qui auraient bien voulu persuader, s’ils avaient pu, que c’était déroger à noblesse que d’avoir de l’esprit ». […] « D’ailleurs, ajoutait-il, Despréaux est un garçon d’esprit et de mérite que j’aime fort. » Lié avec les Sarasin, les Benserade, et ces anciens beaux esprits qu’il appelait encore les virtuoses, il eut le tact et le bon goût d’accepter, de deviner les mérites originaux et naissants : il fut l’un des premiers à sentir et à pousser La Bruyère. […] Il tient tête à Mme de Sévigné dans sa première manière ; il la provoque avec bonheur.

481. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Lucas-Montigny, a publié huit volumes de mémoires qu’il a eu le droit d’intituler Mémoires de Mirabeau, tant les sources en sont de première main, continuellement authentiques et domestiques. […] Cette explication est le sujet du premier des Dialogues dont j’ai parlé : c’est une conversation entre la marquise de M. […] À dater de cette première conversation, les petites intrigues qui s’étaient ourdies pour empêcher Mirabeau de voir ce qu’il y avait de mieux en femmes à Pontarlier, furent complètement déjouées, et, une fois accueilli, il n’était pas homme à s’embarrasser du reste. […] Après avoir fait ainsi les honneurs de son premier prétendant, la marquise poursuit sa confidence. […] La coutume du pays lui permet de disposer de son bien, toute jeune qu’elle est ; elle a donc fait son testament en faveur d’une amie (Mme de Saint-Belin), et, au premier éclat qu’elle attend, elle est résolue de s’ensevelir dans un cloître.

482. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il a des vues neuves et sensées sur quantité d’objets d’utilité publique ; il écrit des mémoires aux ministres pour les faire approuver, et il en vient résolument à l’application : C’est moi, dit-il (avril 1720), qui ai le premier proposé, imaginé et exécuté la fourniture aux troupes, de grain, pour ensuite être, par les soldats, donné à la mouture et fait du pain (Passez-lui cette première phrase, il en aura bien d’autres). […] Il eût été homme, malgré l’aveu qu’il fait de ses premiers torts, à entreprendre de faire le bien despotiquement, sans égard aux mœurs des hommes. Il est de l’école royale en même temps que démocratique, et, si je puis employer cette formule moderne, d’Argenson, vu à sa source, est un royaliste plus socialiste que libéral. — Tel du moins il me paraît dans sa jeunesse et d’après cette première partie du Journal. […] Celle qui ne devrait avoir que des gens de premier ordre à sa tête… Que faisons-nous à cela, je le demande, quelles mesures, quel plan ? […] Je dissimulerais mon impression si je ne disais que, tel qu’il se dessine dans ce premier volume de son Journal, d’Argenson paraît plus ambitieux qu’on ne le jugerait d’après l’ensemble de sa carrière, et qu’il s’y montre aussi moins bonhomme, plus brutal et plus désagréable de nature qu’on ne se le figurait d’après ses écrits jusqu’ici publiés et tous plus ou moins arrangés ou morcelés à dessein.

483. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Merlin y raconte lui-même ses années d’études et de première jeunesse, son temps de séminaire et de noviciat ecclésiastique, ses velléités de vie religieuse et d’entrée au cloître, presque aussitôt dissipées et suivies d’une émancipation complète. […] Ce premier brillant épisode de nos guerres de la Révolution, cette défense de Mayence où le nom de Kléber commence à s’illustrer, et où l’honneur de sa promotion est dû à Merlin, est marqué par des circonstances chevaleresques singulières. […] C’est dans cette attitude qu’il est comme fixé dans l’histoire, et qu’il demeure de loin reconnaissable à première vue, entre tous ses collègues de la Montagne. […] J’en viens au récit qu’il a donné lui-même de ses premières années, récit très simple, très naturel, je l’ai dit, philosophique d’impression et de résultat, mais nullement révolutionnaire de forme et de langage. […] Dans celle de gauche, les salles à manger, les offices, l’antichambre, le vestibule et l’escalier, et au premier les chambres d’hôtes.

484. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Catinat, lui aussi, était un peu comme cet officier et comme tous ceux dont il allait diriger l’ardeur ; muni de son premier commandement en chef, il redoutait une solution pacifique et de voir s’échapper l’occasion de montrer son savoir-faire. […] Parmi les modernes qui ont ouvert ou rouvert la carrière, l’un des premiers, le premier peut-être en date chez nous, est Feuquières, l’un des généraux qui, précisément, servirent sous Catinat. […] Formé à la grande école des Condé, des Turenne, des Créqui, des Luxembourg, il expose, analyse et critique avec beaucoup de précision les quatre premières campagnes de Catinat (1690, 91, 92 et 93) ; il discute les deux batailles de Staffarde et de La Marsaille, et fait sa part exacte à chacun des combattants. […] Quelques-uns se demandaient déjà après cette première victoire signalée : « Pourquoi ne pas le faire maréchal de France ?  […] Alexis Muston, dans l’ouvrage intitulé : i Israël des Alpes, première histoire complète des Vaudois du Piémont et de leurs colonies (4 volumes in-18, 1851).

485. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

La réflexion et une plus fréquente lecture l’ont tout à fait confirmé dans cette admiration première ; il voudrait la faire partager. […] Les longs ennuis de mes premiers ans ont apparemment détruit la séduction. […] Tendrement aimé de sa mère, près de laquelle il dut trouver un asile contre l’exigence d’un père absolu, il a rappelé souvent avec la vivacité des premiers prestiges les promenades faites en sa compagnie (aux vacances probablement) dans la forêt de Fontainebleau. […] M. de Sénancour n’écrivait, guère encore à cette époque ; il se plaisait plutôt à peindre le paysage dans le sens littéral du mot : en arrivant à un instrument plus général d’expression, il a négligé ce premier talent. […] Son type regretté, auquel il rapporte constamment la société présente, c’est un certain état antérieur de l’homme, état patriarcal, nomade, participant de la vie des laboureurs et des pasteurs, sans professions déterminées, sans classement de travaux, sans héritages exclusifs, où chaque individu possédait en lui les éléments communs des premiers arts, la  généralité des premières notions, la jouissance assidue des pâturages et des montagnes.

486. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

C’est au premier abord quelque chose de plus varié, de plus épars qu’auparavant, de plus dégagé des questions d’école, de plus préoccupé de soi et de l’état de la société tout ensemble. […] Son ami, l’auteur des Iambes, et aujourd’hui du Pianto, a osé beaucoup : proférant des paroles ardentes, et d’une main qui n’a pas craint quelque souillure, il a fouillé du premier coup dans les plaies immondes, il les a fait saigner et crier. […] Lié d’abord avec les poëtes de la seconde période, avec ce groupe qu’on a désigné un peu mystiquement sous le nom de Cénacle, il lançait au sein de ce cercle favorable ses premières études de poésie, quelques pastiches d’André Chénier, des chansons espagnoles d’une heureuse turbulence de page, mais visiblement chauffées au large soleil couchant des Orientales. […] Après cette suavité première, succède aussitôt la grandeur : l’entrée du jeune inconnu dans l’église, sans respect et aussi sans mépris, son attente agitée, ses pas distraits sous les voûtes sonores, contrastent avec le génie des solitudes de Dieu. […] Mais Marlow se décide à admirer ; c’est par là qu’il se sauve de la souffrance ; cette première émotion, qui pouvait rentrer en envie, déborde en louange.

487. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Que les savants y prennent garde ; il y a dans cette manie de ne regarder comme de bon aloi que les travaux de première main un peu de vanité. […] On ne peut trop le répéter, les véritables travaux scientifiques sont les travaux de première main. […] Il est difficile de dire combien les choses scientifiques en passant ainsi de main en main, et s’écartant de leur source première, s’altèrent et se défaçonnent, sans mauvaise volonté de la part de ceux qui les empruntent. […] Le Moyen Âge connut beaucoup de choses de l’antiquité grecque, mais rien, absolument rien, de première main 116 ; de là des méprises incroyables. […] Sans doute, il est des superstitions littéraires et des fautes de critique où tombaient fatalement ces premiers humanistes et que nous, aiguisés que nous sommes par la comparaison d’autres littératures, nous pouvons éviter.

488. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Quelques-uns échappent à ses coups ; mais, comme il est écrit dans les étoiles qu’elle régnera jusqu’à la fin des temps sur la majorité des hommes, combien succombent, pour ne plus se relever, au premier assaut ! […] Au premier acte, la situation s’indique sans se préciser. […] Dans sa visite du premier acte, il raconte un vaudeville joué la veille sous ses yeux. […] Une vraie pourvoyeuse le cultiverait soigneusement, au lieu de l’extirper à sa première dette. […] Pommeau, qui n’est qu’un bonhomme aux premiers actes, devient un homme au dernier, lorsqu’il découvre la plaie vive faite à son honneur, et qu’il s’indigne et qu’il se lamente avec une poignante éloquence.

489. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Elle dut revenir plus d’une fois à Paris dans les intervalles, mais elle n’y reparut, pour y débuter, qu’au printemps de 1717, dans les rôles de Monime et d’Électre, et elle s’y montra du premier jour une actrice accomplie. […] Mlle Le Couvreur, dans sa première jeunesse, avait accueilli bien des adorateurs, dont on a droit de nommer quelques-uns, Voltaire par exemple. […] Mais la grande passion de Mlle Le Couvreur, celle qui mit fin aux hasards de sa première vie, ce fut son amour pour le comte de Saxe, lequel vint pour la première fois en France en 1720, et s’y fixa en 1722, sauf les fréquentes excursions et les aventures. […] Il nous peint en termes naturels l’étonnement et la douleur qu’elle témoigna à cette première nouvelle. […] Pour en finir sur ce point délicat et obscur, après la mort de Mlle Le Couvreur, on obtint, le 24 août 1730, de l’abbé Bouret, toujours détenu à Saint-Lazare, une rétractation pure et simple de ses premières dépositions, et une espèce de décharge en faveur de l’innocence de la duchesse de Bouillon.

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