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1308. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Mallarmé accepta de lui être présenté par l’entremise d’un ami commun : Emmanuel des Essarts. […] Jean Moréas nous avoue qu’après avoir lu le Tombeau d’Edgard Poe il n’avait plus qu’un désir, c’était d’être présenté à l’auteur de « ces vers sublimes ».

1309. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

La conception d’une loi supérieure paraît surtout lui répugner, parce qu’elle se présente comme un fait supra-sensible, en désaccord avec ses habitudes empiriques. […] D’abord une objection se présente tout naturellement : Comment se fait-il que la conscience individuelle se fait souvent une loi particulière, en désaccord avec les lois générales ou du moins en dehors d’elles.

1310. (1886) De la littérature comparée

Si vous considérez dans son ensemble le développement des littératures modernes qui font l’objet de ce cours, vous verrez bientôt qu’à travers bien des variations, des tâtonnements et des revirements de goût, il présente le tableau d’une sorte de conflit entre deux éléments qui parfois se fondent ensemble, puis se séparent de nouveau, se combattent tour à tour et se réunissent. […] Pour que l’étude de la littérature comparée atteigne son but, il faut donc, je crois, l’élargir de plus en plus, la compléter par l’examen attentif des relations de la littérature et de l’art avec les conditions d’existence des nations, grouper les faits particuliers qu’elle présente autour d’un certain nombre de faits de plus en plus généraux.

1311. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Et puis, ce n’est pas tout de les approcher ; si l’on veut encore les présenter et les faire agréer aux autres, à quel degré de familiarité ne faut-il pas les posséder ? […] Ce n’est pas qu’il n’observe directement les faits quand l’occasion s’en présente.

1312. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

J’ai assez présenté, ce semble, M.  […] Droz d’exposer, dans un récit fidèle et lumineux, la marche des événements et d’apprécier exactement les hommes : Il avait d’abord eu le dessein de terminer son travail au moment où le projet de Constitution, présenté par Mounier et ses amis, est rejeté, et où les principaux membres de ce parti abdiquent et se retirent (20 septembre 1789).

1313. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Pour que l’un et l’autre portraits fussent vrais et réellement ressemblants, on pourrait sans doute en garder bien des traits, et il suffirait presque toujours de réduire ; mais c’est cette réduction précisément dont M. de Lamartine s’est bien gardé, et qui est contraire à sa présente manière, dont le procédé est de tout amplifier, de tout pousser à l’excès et à l’effet. […] Mais, en ne s’attachant qu’à l’ensemble des faits et des tableaux, il semble qu’il les a présentés sous un jour assez fidèle.

1314. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

À l’heure présente, le journal remue, il ne fait pas d’argent, mais il fait du bruit. […] Et il y avait des relations non encore brisées entre Rouland et les Passy, qui parlaient chaudement en notre faveur, et le samedi 19 février, le président de la 6e chambre donnait lecture, à la fin de l’audience, du jugement dont voici le texte : « En ce qui touche l’article signé Edmond et Jules de Goncourt, dans le numéro du journal Paris, du 11 décembre 1852 ; « Attendu que si les passages incriminés de l’article présentent à l’esprit des lecteurs des images évidemment licencieuses et dès lors blâmables, il résulte cependant de l’ensemble de l’article que les auteurs de la publication dont il s’agit n’ont pas eu l’intention d’outrager la morale publique et les bonnes mœurs ; « Par ces motifs : « Renvoie Alphonse Karr, Edmond et Jules de Goncourt et Lebarbier (le gérant du journal) des fins de la plainte, sans dépens. » Nous étions acquittés, mais blâmés.

1315. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Il ne s’agit, selon lui, que de les conjurer le plus longtemps possible, et lorsque enfin ils se présentent, il n’y a plus qu’à se couvrir la tête de son manteau et à se soumettre à sa destinée. […] Je dispense volontiers un publiciste de me présenter des projets de constitution et des projets de loi ; il est bien rare que ces constructions artificielles, combinées à priori dans le cabinet, soient d’une application utile.

1316. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Mais Michelet, qui veut remplacer le prêtre dans la civilisation présente, et qui est un casuiste de matrimonio à ciel ouvert, ne pouvait pas prendre cette honnête précaution du latin dans un livre de conseil pratique donné à tout le monde, et par là il nous force de parler de son livre — comme il l’a écrit — en français. […] … Il est vrai que Michelet ne reconnaît pas cette vieillerie de Dieu, qu’il a supprimée dans son livre un peu plus aisément que la science ne supprimera la tempête, et que c’est même là le seul point — le dédain de Dieu et la possibilité de s’en passer très bien — qui reste fixe sous les pirouettes de cet esprit toton qui nous a montré tant de faces et qui doit nous en présenter bien d’autres avant qu’il cesse de tourner !

1317. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Qui n’eût été ravi de respirer tant de bouquets philosophiques, si bien choisis, si bien formés, si éclatants, si habilement présentés par une main si légère, si variés, et pourtant variés par des transitions si fines, que tout le monde croyait n’en sentir qu’un seul ? […] On finit par faire des avances au clergé, présenter la philosophie comme l’alliée affectueuse et indispensable de la religion, offrir le dieu de l’éclectisme comme une base « qui peut porter la trinité chrétienne », et l’éclectisme tout entier comme une foi préparatoire « qui laisse au christianisme la place de ses dogmes, et toutes ses prises sur l’humanité99. » Il eût été bien difficile de ne pas réussir avec tant d’adresse, avec tant de soin pour séduire, amuser, entraîner et ménager les esprits, avec tant de précautions pour suivre ou devancer leur marche.

1318. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Nous perdîmes en cela ce charmant coup-d’œil qui présente des parterres portatifs, lorsque tant de femmes charmantes viennent à quitter leurs places pour s’en aller. […] madame, lui répondîmes-nous, unanimement, que de mauvais chemins, que de mauvais gîtes, que de contre-temps avant d’être en face des choses rares & précieuses que l’Italie présente à l’œil du voyageur. […] Il n’y a que quelques anecdotes dont on pourroit douter ; celle, par exemple, de ce chocolat empoisonné que présenta un valet-de-chambre, n’est pas même vraisemblable. […] Un médecin ne pouvoit se présenter qu’en citant Hypocrate & Galien. […] Ce sont ces gens dont parle la Bruyere, qui ne se présentent, ni ne se levent, ni ne marchent, ni ne se mouchent comme les autres.

1319. (1888) Portraits de maîtres

Non pourtant que nous les présentions comme impeccables. […] Telle se présentait la situation des Lettres plus difficile à définir, l’état des âmes ne sera pas moins digne de notre attention. […] Les odes, assez nombreuses dans ce recueil, et qui présentent de fréquentes beautés, ne s’affranchissent pas plus des anciens modèles que celles de Pierre Lebrun. […] Tous sont immortels sans doute, mais aucun d’eux ne se présenterait à nous comme un contemporain. […] Homère si copieux en images, Hésiode aux comparaisons abondantes, Eschyle encore plus métaphorique, se présentent à notre pensée.

1320. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

quand il s’agit de combattre non plus de la voix mais les armes à la main, il n’y eut que trois cents hommes qui se présentèrent pour marcher contre la Convention. […] On le présenta à Robespierre comme un modérantiste dangereux et dont il importait de se défier ; Tallien comprit le péril et partit pour Paris : il allait se justifier. […] Quatre candidats se présentèrent : le plus heureux dans ses thèses et dans ses discussions fut Vicens Garcia : la cure lui fut donc conférée. […] Le bal est commencé : soudain Venegas se présente, salue et jette son défi et son or. […] Mme de Valenzuela, à qui elle le présenta, était une femme d’âge, si bien fardée qu’elle se croyait une toute jeune fille et en prenait toutes les mines.

1321. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Mais Eschyle nous présente du premier coup une des plus farouches. […] Dumas la juge et nous la présente. […] Deux cas se présentent : il peut être jaloux, soit du mari de sa maîtresse, soit d’un autre homme. […] Trois autres moyens se présentent : tuer la femme, — tuer l’amant, — tuer les deux. […] Et c’est pourquoi elle nous présente l’auteur de Rouge et Noir comme un pur imbécile.

1322. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Brunetière étant admise, toutes les difficultés d’interprétation que la pièce peut présenter s’évanouissent. […] Un de ses amis, complice des deux jeunes époux, la lui présente comme sa nièce. […] Car Cléante et Clarice nous sont présentés, j’ai à peine besoin de le dire, comme des personnages excessivement vertueux. […] Marie se dévouera donc jusqu’au bout et, quand les justiciers ont enfoncé la porte, c’est elle qui se présente. « Bah ! […] Ces assurances prises, l’empereur se présente devant sa mère.

1323. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

Mais je vous proteste, monsieur, que, telle satisfaction que me donne ledit Père, je ne le tiendrai jamais pour autre que pour un homme plus étourdi qu’une mouche, et moins sensé ès-affaires du monde qu’un enfant ; et si d’aventure il s’obstine de ne vouloir entendre à tant de voies d’accord que je lui fais présenter par mes amis en rongeant mon frein le plus qu’il m’est possible, et qu’il veuille toujours persister en ses menteries ordinaires et en ses impostures, j’en ferai une telle vengeance à l’avenir que, s’il a évité les justes ressentiments du maître du palais de Rome en s’enfuyant à Paris sous prétexte d’être poursuivi des Espagnols qui ne pensoient pas à lui, il n’évitera pas pourtant les miens.

1324. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Mais les idées ne se présentent pas toutes seules au besoin ; les images n’accourent pas complaisamment au premier signe.

1325. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

Mais il est clair que cette utilité n’est plus présente que très accessoirement à l’esprit de nos tailleurs et de nos couturières.

1326. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Délivrer la femme, avec son consentement et par des moyens qui, dans ce premier moment, ne présentent aucun danger pour elle, c’est supprimer un je ne sais quoi de pas encore vivant ou qui, dans l’échelle de la vie, occupe le plus bas degré, est tout proche de la vie purement végétative ; et c’est, d’autre part, conjurer une terrifiante possibilité d’angoisse et de souffrance, épargner à la mère et au père putatif de ce je ne sais quoi des années de géhenne, et de ces douleurs sans recours, qui rendent injuste et méchant.

1327. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Vacherot de m’avoir présenté à vous, et, comme vous pensez bien, je ne lui en veux pas d’avoir si gracieusement amplifié mes titres.

1328. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Suffit-il de mettre côte à côte ces études particulières, de présenter dans un ordre vaguement chronologique un monceau de vérités de détail sans lien entre elles ?

1329. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

Le Fils naturel fut présenté il y a peu de temps sur le Théatre, au Public, qui le regarda comme un bâtard ignoble, &, par le mauvais accueil qu’il lui fit, força son Pere de le retirer.

1330. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

Il prétendoit que l’Homme raisonnable ne doit s’occuper que du vrai, considéré en lui-même ; que ce vrai peur seul perfectionner notre intelligence ; que l’étude de l’Homme est préférable à toute autre étude ; qu’il n’appartient enfin qu’à la Philosophie de nous le montrer, tel qu’il est, dans les idées primitives, dont l’Histoire ne nous présente, selon lui, que des copies imparfaites, ou des portraits défigurés.

1331. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Les usurpations, par exemple, jouent un tel rôle dans la construction des royautés au moyen-âge, et mêlent tant de crimes à la complication des investitures, que l’auteur a cru devoir les présenter sous leurs trois principaux aspects dans les trois drames : le Petit Roi de Galice, Eviradnus, la Confiance du marquis Fabrice.

1332. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Platon, et Aristote. » pp. 33-41

L’idole, dont on vouloit renverser les autels & confondre les oracles, se présente.

1333. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

Le champion qu’on desiroit se présenta.

1334. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Je n’ai point été déçu dans mon attente : dans ce cas, comme dans tous ceux qui présentent quelque perplexité, j’ai toujours dû reconnaître que l’étude des variations survenues à l’état domestique, quelque incomplète qu’elle soit, est toujours notre meilleur et notre plus sûr guide.

1335. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

C’est que le talent de discerner le temperament du malade, la nature de l’air, sa temperature présente, les symptomes du mal, ainsi que l’instinct qui fait choisir le remede convenable et le moment de l’appliquer, dépendent du génie.

1336. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre I. Définition des idées égalitaires »

Bien plutôt, c’est parce que les hommes se présentent sous ces deux aspects à la fois que nous leur attribuons une valeur égale.

1337. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

La Révolution française, en effet, peut être considérée comme entièrement terminée, sous les formes, du moins, qu’elle a présentées à chaque reprise durant l’espace de quarante ans. […] aurait-on pu répliquer ; mais n’est-ce pas que, lorsqu’ils ne se présentent point, on aime à croire que c’est que les choses et les idées n’étaient pas encore mûres ? […] J’en extrais toute la conclusion78 : « Guerre et politique, voilà deux champs de gloire où Bonaparte exerce une grande supériorité de combinaisons et de caractère ; non qu’il me convienne comme à ses flatteurs de lui attribuer cette force nationale primitive qui naquit avec la Révolution et qui, indomptable sous les chefs les plus médiocres, valut tant de triomphes aux grands généraux, ou que je voulusse oublier quand et par qui furent faites la plupart des conquêtes qui ont fixé les limites de la France ; mais, parmi tant de capitaines qui ont relevé la gloire de nos armes, il n’en est aucun qui puisse présenter un si brillant faisceau de succès militaires. […] Des prisons de Magdebourg, en juin 93, La Fayette écrivait à la princesse d’Hénin : « Le nom de mon malheureux ami La Rochefoucauld se présente toujours à moi… Ah ! […] Il se trouve, en définitive, présenté, lui et son parti, comme le seul conséquent (c’est tout simple), et lui-même comme le plus conséquent de son parti.

1338. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

C’est pourquoi si l’on veut bien prouver, on doit avant tout présenter ces spécimens, insister sur eux, les rendre visibles et tangibles au lecteur autant qu’on le peut avec des mots. […] L’Inde entière était présente devant les yeux de son esprit, depuis les salles où les suppliants déposent l’or et les parfums aux pieds des monarques, jusqu’au marais sauvage où le camp des Bohémiens est dressé, depuis les bazars qui bourdonnent comme des ruches d’abeilles avec la foule des vendeurs et des acheteurs, jusqu’à la jungle où le courrier solitaire secoue son paquet d’anneaux de fer pour écarter les hyènes. […] Là étaient assis autour de la reine les jeunes princesses de la maison de Brunswick avec leurs blonds cheveux ; là, les ambassadeurs de grands rois et de grandes républiques contemplaient avec admiration un spectacle que nulle autre contrée ne pouvait leur présenter. […] Il est tour à tour économiste, littérateur, publiciste, artiste, historien, biographe, conteur, philosophe même ; par cette diversité de rôles, il égale la diversité de la vie humaine, et présente aux yeux, au cœur, à l’esprit, à toutes les facultés de l’homme, l’histoire complète de la civilisation de son pays. […] La solide reliure, la table symétrique, la préface, les chapitres substantiels alignés comme des soldats en bataille, tout vous ordonne de prendre un fauteuil, d’endosser une robe de chambre, de mettre vos pieds au feu, et d’étudier ; vous ne devez pas moins à l’homme grave qui se présente à vous armé de six cents pages de texte et de trois ans de réflexion.

1339. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Quand je dis que la neige est blanche, je veux dire par là que, lorsque la neige est présente à ma vue, j’ai la sensation de blancheur. […] Nous en apercevons quelques-unes, et nous savons qu’au-delà de notre science présente et de notre expérience future, le filet étend à l’infini ses fils entrecroisés et multipliés. […] Il suit de là déductivement que, s’il y a déjà autant de vapeur suspendue dans l’air que peut en contenir sa température présente, tout abaissement de cette température portera une portion de la vapeur à se condenser et à se changer en eau. […] C’est cette loi abstraite qui, présente dans la nature, amènera la mort du prince, et qui, présente dans mon esprit, me montre la mort du prince. […] Si la fourmi était philosophe, elle pourrait démêler les idées de l’être, du néant, et tous les matériaux de la métaphysique ; car un phénomène quelconque, intérieur ou extérieur, suffit pour les présenter : donc, si limité que soit le champ d’un esprit, il contient des données absolues, c’est-à-dire telles qu’il n’y a nul objet où elles puissent manquer.

1340. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Quand je dis que la neige est blanche, je veux dire par là que, lorsque la neige est présente à ma vue, j’ai la sensation de blancheur. […] Nous en apercevons quelques-unes, et nous savons qu’au-delà de notre science présente et de notre expérience future, le filet étend à l’infini ses fils entrecroisés et multipliés. […] Il suit de là déductivement que, s’il y a déjà autant de vapeur suspendue dans l’air que peut en contenir sa température présente, tout abaissement de cette température portera une portion de la vapeur à se condenser et à se changer en eau. […] C’est cette loi abstraite qui, présente dans la nature, amènera la mort du prince, et qui, présente dans mon esprit, me montre la mort du prince. […] Si la fourmi était philosophe, elle pourrait démêler les idées de l’être, du néant, et tous les matériaux de la métaphysique ; car un phénomène quelconque, intérieur ou extérieur, suffit pour les présenter ; donc, si limité que soit le champ d’un esprit, il contient des données absolues, c’est-à-dire telles qu’il n’y a nul objet où elles puissent manquer.

1341. (1888) Études sur le XIXe siècle

Rossetti présente des particularités plus singulières. […] Aussi serait-il oiseux de dégager les traits communs de cette partie de la production contemporaine à laquelle notre étude se bornera, et vaut-il mieux, croyons-nous, présenter isolément ces forces séparées. […] Peu de jours se passent sans que cette aimable figure se présente devant moi et vienne me faire rêver tristement. […] Tronconi présente l’aspect le plus paradoxal : il n’est pas vrai que les passions sont toujours sauvages ; la civilisation les modifie comme elle modifie tout ce qui passe sous son niveau. […] Il parcourt ses notes prises au jour le jour : sa mémoire, à mesure qu’elle lui présente les objets qu’il a vus et qu’il veut dépeindre, les transforme et les embellit ; ses impressions ne lui reviennent point exactes, sèches, mortes, mais métamorphosées par un travail intérieur et inconscient, beaucoup plus fortes qu’elles ne l’ont été.

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