Celui de présenter des objets d’un grand intérêt, des pères, des mères, des femmes, des enfants.
Certes, je t’aime, tu es le plus cher à mon cœur parmi tous les plus chers ; mais, dussent tes muscles sécher sous toi et se racornir comme de vieilles cordes de violon, — tu n’auras point ta chaise ; tu demeureras, jusqu’au dernier jour, accroupi dans la posture sacrée de nos pères.
Troublé comme tous les philosophes, qui ont altéré ou ruiné la grande notion de la famille chrétienne, il ne sait plus que faire de la femme qu’il a tirée de la fonction sublime entre le père et l’enfant pour la voir sur la place publique et, que sais-je ?
La première, intitulée Argument de l’autorité, renferme l’enseignement des Pères depuis Tertullien jusqu’à Saint-Thomas, et la seconde, qui porte le nom de Raison théologique, est l’examen rapide, mais concluant, des opinions qu’on atirées des livres saints contre le pouvoir temporel des rois.
« Le Roman bourgeois — dit avec raison Asselineau — est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. » La manière de l’auteur, ce vieux raillard, comme parlerait Rabelais (le père à tous de ces observateurs ricanants de la nature humaine et du monde), la manière de l’auteur, incisive, colorée, gauloise, étreignant la réalité, et quelquefois jusqu’au cynisme, est caractérisée avec beaucoup de bonheur par Charles Asselineau.
Cette puissance fut sans borne chez les nations les plus éclairées, telles que la grecque, chez les plus sages, telles que la romaine ; jusqu’aux temps de la plus haute civilisation, les pères y avaient le droit de faire périr leurs enfants nouveau-nés.
C’est toutefois sous ce point de vue moral qu’il faut envisager le père des poètes. […] Le sentiment de la reconnaissance, et non la flatterie, dicta les vers du poète redevable à la protection d’Auguste, de la vie d’un père, de la sienne, et de l’héritage de ses champs, dont un centurion l’avait dépouillé. […] Ce chef-d’œuvre enseigne comment le génie poétique sait voir et revêtir la nudité des choses que dépouilla de leurs ornements la triste orthodoxie des saints et des pères de l’église. […] emporte avec toi la consolation de savoir que les mânes heureux attendent Pompée et ses amis, et que, dans le lieu le plus serein de l’Élysée, on garde une place à ton père. […] Le chimérique ne saurait briller d’un plus vif éclat qu’en cette fiction mystique, et je défie les Isaïes, et tous les pères de l’église dans leurs plus véritables extases, d’avoir rien vu de si resplendissant.
« Monsieur et Révérend Père, « J’ai en effet beaucoup connu le Père Lacordaire, surtout alors qu’il n’était qu’abbé et dès 1830 ou 1831. […] Mais, Monsieur et Révérend Père, je m’aperçois que j’outrepasse la mesure et que j’en dis plus que vous ne m’avez fait l’honneur de m’en demander. […] J’essayai vainement de le réconcilier avec son père.
Conservez vos enfants, si vous ne voulez pas connaître toutes les tortures que peut endurer le cœur d’un père réduit à l’isolement par un dernier acte sanglant dont les rôles sont intervertis. […] » Le grand-père pouvait avoir raison en principe, et pourtant le père ne s’est pas trompé. […] Vous avez des enfants qui vous rattachent au monde, puisque vous avez à y guider leurs premiers pas ; comme père, vous ne devez pas renoncer à remplir ce devoir.
Je trouve dans une lettre de ce temps-là, adressée par un père à son fils âgé de quatorze ans, un tableau des mêmes scènes, qui est une pièce poignante à l’appui. […] Des pères de famille égorgés au milieu de leurs enfants, parce que des malfaiteurs avaient tiré à leur insu de dessus leur toit ; des rues entières saccagées ; du sang et des morts, voilà tout ce qui reste : du deuil, des larmes, et la ruine d’un grand nombre de familles… « Mon cher enfant, jette-toi avec ardeur dans les arts ou dans les sciences : avec eux, jamais de remords… » (L’honnête homme qui parlait ainsi n’est autre que M. […] Sainte-Beuve, au suprême période de sa carrière et de sa vie, était bien autorisé à parler ainsi de lui-même et du rang qu’il tenait dans la Littérature, lui que ses amis, les gens de lettres, appelaient mon maître , — quelques-uns même (le bien-aimé Théo) continuaient à l’appeler mon oncle comme au temps romantique, lui laissant sa place à côté du père , qui est Hugo. — Ce qui me décide (outre l’amitié qui m’y autorise) à publier la lettre suivante, est l’appréhension intellectuelle qui y est exprimée, et qui se déduit assez logiquement de ce qu’un homme, bien placé pour cela, peut, observer de plus en plus en littérature tous les jours : « Mon cher maître, , écrivait le correspondant de Sainte-Beuve, vous avez dû recevoir de nombreux compliments à propos de votre belle étude sur Mme Valmore ; et cependant chacun ne saurait trop vous dire quelle portée prend (dans ce temps plus que jamais) l’analyse si intime de ce caractère de femme. — Il est à craindre que vous ne soyez le dernier homme de lettres du siècle.
» Encore faut-il remarquer que, le plus souvent, beaucoup d’entre eux se tenaient cois. « Mon père et moi, écrit plus tard l’avocat Barbier, nous ne nous sommes pas mêlés dans ces tapages, parmi ces esprits caustiques et turbulents. » — Et il ajoute cette profession de foi significative : « Je crois qu’il faut faire son emploi avec honneur, sans se mêler d’affaires d’État sur lesquelles on n’a ni pouvoir ni mission. […] Les femmes, femmelettes et jusqu’aux femmes de chambre s’y feraient hacher… Ce parti s’est grossi des honnêtes gens du royaume qui détestent les persécutions et l’injustice. » — Aussi, quand toutes les chambres de magistrature, jointes aux avocats, donnent leur démission et défilent hors du palais « au milieu d’un monde infini, le public dit : Voilà de vrais Romains, les pères de la patrie ; on bat des mains au passage des deux conseillers Pucelle et Menguy et on leur jette des couronnes » […] Peu importe qu’il en use à peine, et que son gouvernement, docile à l’opinion publique, soit celui d’un père indécis et indulgent.
Les pères de la race sémitique eurent, dès l’origine, une tendance secrète au monothéisme ; les Védas, ces chants incomparables, donnent très réellement l’idée des premières aspirations de la race indo-germanique. […] Le tableau le plus complet de tout ce que devait savoir le grammairien ancien se trouve dans l’éloge que Stace fait de son père (Sylvae). […] Ici, comme en tant d’autres choses, on s’est laissé prendre à ce sophisme : Nos pères ont fait merveille avec des méthodes médiocrement régulières.
Le Christ lui-même, le plus doux et le plus aimant des génies, ne fut-il pas abandonné de son père ? […] Ainsi le divin Fils parlait au divin Père. […] … Marchant à la mort, il meurt à chaque pas Il meurt dans ses amis, dans son fils, dans son père ; Il meurt dans ce qu’il pleure et dans ce qu’il espère ; Et, sans parler du corps qu’il faut ensevelir, Qu’est-ce donc qu’oublier, si ce n’est pas mourir ?
Il fait parler les animaux, les arbres, les pierres… » Nous avons le témoignage presque aussi dur de Louis Racine, dont il faut bien cependant tenir compte, puisque Louis Racine a vu lui-même La Fontaine, oui, mais très peu, car il était enfant quand La Fontaine est mort, mais enfin voici ce qu’il nous dit touchant La Fontaine, et certainement il y a quelque vérité, quelque précision historique dans son propos, parce qu’il a tenu la chose de son père : « Autant il était aimable par la douceur de caractère, autant il l’était peu par les agréments de la société. Il n’y mettait jamais rien du sien, et mes sœurs, qui, dans leur jeunesse, l’ont souvent vu à table, chez mon père, n’ont conservé de lui d’autre idée que celle d’un homme fort malpropre et fort ennuyeux. […] Il était l’objet des railleries de ses meilleurs amis. » Ceci est bien dur, nous suffoque un peu, mais il y a là certainement une âme de vérité, comme dit Spencer, car vous voyez que c’est de son père et de ses sœurs surtout que Louis Racine tient ses renseignements.
Michelet, leur père par l’enseignement, qui se pose en éducateur. […] Et, en effet, après l’avoir mise dans l’histoire, voici que Michelet a remis la Justice de Proudhon dans ce livre-là, et la donne même comme le point dont il faut nécessairement partir pour arriver à ce système d’éducation qui est le renversement à outrance des idées spiritualistes et chrétiennes, sur lesquelles ont été élevés, plus ou moins, nos pères. […] Mais lui, cette âme-femme, veut que la mère garde l’enfant le plus longtemps possible, — et jusqu’à l’âge de la spécialité ouvrière, jusqu’à l’âge de l’imitation du père ouvrier.
Voici le texte arrangé de l’édition de 1825 : Cependant mon père était recherché par ce qu’il y avait de meilleure compagnie dans la province ; il était de toutes les fêtes, convive aimable et plein d’enjouement ; avec cela un esprit nerveux, une âme forte, le cœur aussi courageux que l’esprit ; de la finesse dans les aperçus, de la justesse dans le discernement ; peut-être ne se reconnaissait-il pas lui-même, il ignorait la porté de son génie.
Il y a eu tour à tour, dans le monde, des philosophies d’essai, de destruction, et des philosophies régulières et de fondation : il y a eu à un certain moment, comme philosophie régulière et régnante, le platonisme des Pères ; puis, au moyen âge, l’aristotélisme catholique des théologiens.
Ils ont vu l’auteur de Psyché et d’Hermia devenir délicieusement chrétien dans les Poèmes évangéliques, s’enflammer jusqu’à la satire pour la défense de sa foi et de ses convictions, unir dans Pernette le drame à l’idylle, trouver, pendant les désastres de l’invasion allemande, des accents inoubliables de douleur et de patriotisme, répandre enfin, dans le Livre d’un père, les mâles et charmantes tendresses de son cœur.
Le fils de Gavarni, Pierre Gavarni, que nous ne saurions trop remercier, a complété notre travail sur la vie de son père, par la communication entière de ses papiers.
S’il y avait un homme aujourd’hui qui pût réaliser le drame comme nous le comprenons, ce drame, ce serait le cœur humain, la tête humaine, la passion humaine, la volonté humaine ; ce serait le passé ressuscité au profit du présent ; ce serait l’histoire que nos pères ont faite confrontée avec l’histoire que nous faisons ; ce serait le mélange sur la scène de tout ce qui est mêlé dans la vie ; ce serait une émeute là et une causerie d’amour ici, et dans la causerie d’amour une leçon pour le peuple, et dans l’émeute un cri pour le cœur ; ce serait le rire ; ce serait les larmes ; ce serait le bien, le mal, le haut, le bas, la fatalité, la providence, le génie, le hasard, la société, le monde, la nature, la vie ; et au-dessus de tout cela on sentirait planer quelque chose de grand !
Là c’est Ruth, là Séphora, ici Éden et nos premiers pères : ces sacrées réminiscences vieillissent pour ainsi dire les mœurs du tableau, en y mêlant les mœurs de l’antique Orient.
Comment appeler autrement que sottise la prétendue sagesse du général en chef Agamemnon, qui a besoin d’être forcé par Achille à restituer Chryséis au prêtre d’Apollon, son père, tandis que le dieu, pour venger Chryséis, ravage l’armée des Grecs par une peste cruelle ?
Cette indifférence est de date assez récente, et nos pères s’en étaient bien gardés. […] Ce n’est donc pas sur moi, mes Pères, que tombe le fort de cette accusation, mais sur le Port-Royal, et vous ne m’en chargez que parce que vous supposez que j’en suis. […] Toute son affaire est de nous amuser, et, si ce n’est pas nous, nos pères l’ont payé pour cela ! […] Le « bon père » des Lettres provinciales en a peu de plus réjouissantes, et c’est pourquoi je ne nommerai pas celui qui l’a trouvée. […] C’était un bon époux, un bon père, un bon maître qu’Orgon : c’était aussi un bon citoyen.
Gabeurs, gausseurs, nos pères ont en abondance le mot et la chose, et la chose leur est si naturelle que, sans culture et parmi des mœurs brutales, ils sont aussi fins dans la raillerie que les plus déliés. […] Quand le renard s’approche du corbeau pour lui voler son fromage, il débute en papelard, pieusement et avec précaution, en suivant les généalogies ; il lui nomme « son bon père, don Rohart qui si bien chantait » ; il loue sa voix qui est « si claire et si épurge. » Au mieux du monde chantissiez, si vous vous gardissiez des noix. » Renard est un Scapin, un artiste en inventions, non pas un simple gourmand ; il aime la fourberie pour elle-même ; il jouit de sa supériorité, il prolonge la moquerie. […] Tantôt c’est la vie du prince Horn qui, jeté tout jeune sur un vaisseau, est poussé sur la côte d’Angleterre, et, devenu chevalier, va reconquérir le royaume de son père. […] Il y avait des familles saxonnes à la fin du douzième siècle qui, par un vœu perpétuel, s’étaient engagées à porter la barbe longue, de père en fils, en mémoire des coutumes nationales et de la vieille patrie. […] De même ici l’Antechrist, la bannière levée, entre dans un couvent : les cloches sonnent ; les moines, en procession solennelle, vont à sa rencontre pour recevoir et pour féliciter leur seigneur et leur père.
Nul n’est plus Russe que l’auteur de Pères et Enfants, le « Moscove », comme l’appelait son ami Flaubert. […] Mais le père absorbait, par la muqueuse nasale, près de quatre grammes de cocaïne par jour. […] Depuis 1907, il n’aurait touché aucun droit sur les volumes de son père. […] Nous n’avons pas devant nous, comme nos pères au lendemain du traité de Westphalie, les Allemagnes. […] Aucune force au monde n’abolira la Famille, et aucun despotisme n’empêchera le père et la mère d’épargner pour leurs enfants.
» dit un père à un autre. — « Il est en train de faire une tragédie. » Réponse qui peut se traduire ainsi : De seize à dix-huit ans. […] Le lendemain, j’allai de bon matin trouver Bontemps, puis le duc de Beauvilliers, qui était en année et dont le père avait été ami du mien. M. de Beauvilliers me témoignait mille bontés chez les princes, dont il était gouverneur, et me promit de demander au roi les gouvernements de mon père en ouvrant son rideau. […] Il avait commencé par exercer la profession de son père. […] est-ce qu’il ne semble pas tenir de son père le vigoureux coup de marteau ?
La Tempête pourrait être un second Roi Lear, à l’échelle de l’espèce plutôt que de la famille ; Cymbeline, on ne sait quoi plus noir qu’Iphigénie et Thyeste ensemble, le père tuant ses fils, la calomnie immolant dans Imogène sa plus pure victime, la plus douce innocence. […] La même nuit, sa propre fille en amour n’a pas une pensée pour le misérable : tandis qu’on est en train de le pendre et que ce père se balance déjà au bout de la corde, tirant la langue, cette fille si sensible, qui aime tant la musique, tient des propos délicieux aux étoiles et chante les plus doux vers du monde. […] Prière pour devenir pur J’ai un ennemi, mon père, qui est assis à une table et qui se saoule. […] Né dans une famille juive d’un père alsacien et d’une mère lorraine, il fait ses études à Metz, en langue allemande, puis à Strasbourg. […] Dans la nouvelle La Cause (1915), il raconte le meurtre de son ancien maître d’école, incarnation de la loi, par le héros, le poète Anton Seiler : il illustre là de façon caractéristique le thème expressionniste du meurtre du père.
Né à Paris, le 20 août 1798, d’une famille honorable (son père était préfet sous le Consulat), le jeune Saint-Arnaud fut élève du lycée Napoléon. […] Je suis comme le juif errant. » Il n’a plus tout à fait pour ce qui peut en arriver la même indifférence qu’autrefois ; marié, bientôt père, il sent les obligations qu’il a contractées ; il a acquis une valeur pour ceux à qui sa vie est utile : « Cela ne m’empêcherait pas de l’exposer mille fois le jour avec sang-froid pour la gloire et le roi que je crois nécessaire à mon pays. […] Sa conduite dans les journées suivantes lui vaut d’être cité (c’est la quatrième fois) à l’ordre du jour de l’armée : « Mes enfants liront encore le nom de leur père cité au milieu de ceux des bons diables qui se battent pour le pays. » Le général Bugeaud, par une suite d’opérations méthodiques et bien connues, travaille à ruiner la domination et l’influence d’Abd-el-Kader, en attendant qu’on vienne à s’emparer, s’il se peut, de sa personne. […] C’est une grande satisfaction pour les cœurs bien placés… Le fils, à qui cette lettre est adressée et à qui elle donnait une si pénétrante leçon, devait mourir avant son père.
… Je vivais heureuse de mon sort, aimée, jeune, riche, honnête et belle ; je suis maintenant avilie, misérable, malheureuse… Mon père allait assister à quelque tournoi dans la ville de Bayonne ; parmi les chevaliers qui venaient pour y figurer, soit qu’Amour me le fît ainsi apparaître, soit que sa valeur éclatât d’elle-même en lui, le seul Zerbin me sembla digne de louange ; c’était le fils du grand roi d’Écosse, « Pour lequel, après qu’il eut donné dans la lice des preuves merveilleuses de sa chevalerie, je me sentis prise d’amour, et je ne m’aperçus que trop tard que je n’étais plus à moi-même ; et, malgré tout ce que je souffre pour lui, je ne puis m’arracher de l’esprit que je n’avais pas mal placé mon cœur, mais que je l’avais donné au plus digne et au plus beau des paladins qui soit sur la terre. » Elle raconte comment ils s’aimèrent. […] Je ne doute pas qu’il ne cherchât de son côté les moyens de s’unir à moi ; mais la différence de nos religions, puisqu’il est chrétien et moi sarrasine, l’empêchait de m’obtenir de mon père. Il songea à m’enlever, en abordant, au moyen d’un navire, sur la plage d’un beau jardin que mon père avait au bord de la mer. » Complice de cet enlèvement, Isabelle fuit à toutes voiles de sa terre natale. […] La lune ruisselait du ciel à travers une chaude brume transparente comme une écume de l’air sur les toits, sur les balustrades, sur les pilastres, sur les cariatides de marbre de la façade ; le vent emportait à chaque bouffée les fleurs embaumées des orangers en caisse qui encadraient d’une sombre verdure les parterres au bas du perron ; les jets d’eau chantaient comme des oiseaux sans sommeil ; leurs légères colonnes d’eau, transpercées par les rayons nocturnes, s’inclinaient et se redressaient sous la brise comme des tiges de girandoles chargées de grappes de cristaux ; les blanches statues des terrasses ressemblaient aux fantômes pétrifiés d’une population de marbre ; la grotte, vide désormais, ouvrait au-dessus de moi son antre sombre, d’où suintait la petite rigole qui avait tant mêlé son gazouillement monotone aux stances du poète ; tout nageait dans un éther fluide et vague qui grandissait les objets et qui les faisait pyramider vers le firmament, comme s’ils avaient flotté entre ciel et terre ; enfin, pour comble d’illusion, un rideau blanc, agité par le vent à la fenêtre ouverte de Thérésina et de sa mère, jouait à longs plis sur le mur et ressemblait à la figure de Ginevra apparaissant à son amant sur le fatal balcon du palais de son père.
La Table rase de Descartes est un mensonge, et jusque dans le fond de nos âmes nos pères sont plus puissants que nous ! […] Quoique d’une race noble et ancienne, mais déchue, Poe était sorti d’un père comédien et d’une mère comédienne, morts tous deux de phtisie et de faim. […] Infortuné dès le berceau, il avait deux ans quand son père et sa mère moururent, et il allait mourir comme eux, quand un monsieur Allan, homme très riche, à l’instigation charitable de sa femme, prit l’orphelin pour se faire un enfant qui lui manquait, et il l’éleva dans un luxe et dans l’espérance d’une fortune qui devait rendre plus tard la pauvreté de Poe plus cruelle. […] La phtisie qui avait tué son père et sa mère tua sa femme, et dut lui causer une douleur plus cruelle qu’à personne… Edgar Poe, ce spiritualiste, de cœur autant que d’esprit, ce passionné, mais d’amour chaste, avait réellement le génie de l’amour conjugal.
Tout ce début de Renart parlant au Corbeau est celui de Patelin s’adressant au marchand dont il veut emporter le drap, et à qui il se met également à parler de feu son père. […] Renart, insistant sur le cousinage : « Souviens-toi de Chanteclin, lui dit-il, le bon père qui t’engendra : Jamais Coq si bien ne chanta ; Telle voix eut et si clair ton Que d’une lieue l’entendait-on, Et chantait fort à longue haleine Les deux yeux clos et la voix saine ; D’une grand lieue on l’entendait Quand il chantait et refrainait. » Ce que Renart veut obtenir cette fois, c’est que le Coq ferme les deux yeux en chantant ; c’est, selon lui, la seule bonne méthode.
Le président, en effet, n’avait qu’un fils, le baron de Montjeu, qui, selon les uns, était un des cavaliers les plus braves et les plus accomplis de la Cour, mais qui n’était guère digne de son père, selon les autres. […] Nervèze, une des belles plumes du temps, en fit le sujet d’une épître consolatoire adressée au père (1612).
. — Pascal, au génie sévère et à l’imagination sombre, le connaît peu ; il en parle comme de l’auteur d’un beau roman, il ne voit en lui que le père des mensonges. […] Ronsard y raconte à l’un de ses amis, Pierre Lescot, l’un des architectes du Louvre, comment dès son enfance il résistait à son père qui lui disait de renoncer à la poésie, et comment déjà le démon du rêve et de la fantaisie le transportait ; je crois bien qu’en la mettant à l’âge de douze ans, alter ab undecimo…, il antidate un peu sa jeune manie, pour la mieux peindre ; mais il exprime cela en jeune homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parlef : Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallées, Dans les hautes forêts des hommes reculées, Dans les antres secrets, de frayeur tout couverts, Sans avoir soin de rien je composois des vers.
Livet sortant à peine du collège fut conduit par son père dans une bibliothèque de province : il y avait de ces vieux auteurs français ; il les lut. […] Saint-Amant, de petite noblesse, né à Rouen vers 1594, avait pour père un marin commandant d’escadre ; Il eut des frères navigateurs ou militaires, et lui-même il s’adonna dès sa jeunesse à la vie mondaine, aventureuse.