Quoi qu’il en soit de ces rapports, parfois mystérieux, des événements publics et du génie particulier de quelques hommes, diverses nuances originales sont à recueillir aujourd’hui pour nous dans Théocrite, l’invention ou l’imitation lointainement reprise des mœurs pastorales, la forme mythologique, plus ou moins altérée par une lumière nouvelle apparue dans le monde, la couleur du temps enfin, et le reflet de la splendeur d’Alexandrie sur cette poésie que la passion fait paraître naïve, mais dont l’art savant égale au moins la passion. […] Mais c’est de Jupiter que j’attends la vertu. » Rien, ce semble, de plus élégant que le style de l’original, dans cet hymne de cour.
Il écrivit avec éloquence des Méditations pieuses ; et ses poésies, imitées des anciens ou originales, furent admirées, sans être aussi populaires que les vieilles romances du pays et les chants irréguliers du théâtre. […] Quelle beauté d’éloquence et de style, quel tour original d’expression n’éclate point déjà dans notre Montaigne !
1831 Voici deux livres nouveaux, deux œuvres de poésie éminentes et originales, deux productions bien diverses et en apparence tout à fait contraires de deux talents réfléchis et inspirés, de deux sensibilités, on ne saurait plus antipathiques au premier coup d’œil, et pourtant parentes au fond et presque sœurs.
et ce n’est qu’une bière Peinture délicate et originale de la douleur d’une mère dont l’espoir est trompé !
Rien de tragique au reste dans cette âme inquiète et dans cette vie orageuse : Bayle est une figure originale de savant à la vieille mode : paisible, doux, gai, sans ambition, indifférent à la gloire littéraire, il s’enferme dans son cabinet, et ne se croit jamais malheureux, dès qu’il peut lire, écrire, imprimer en liberté.
C’est d’être, à un degré qui rend la chose originale en ce temps de septentriomanie, — peut-être, il est vrai, finissante, — un beau drame français, écrit en français, avec une ingénuité, une générosité, une chaleur et une clarté toutes françaises, par un Parisien de Paris.
Bref il fait œuvre estimable d’historien ; même les qualités de perspicace, de connaisseur, aussi d’écrivain, qui lui sont nécessaires feraient de l’archéologue le plus désigné des critiques si sa familiarité avec, les œuvres anciennes ne le rendait un peu indulgent jusqu’aux plus inutiles copistes qu’il aime pour les originaux évoqués à sa mémoire érudite, conséquemment un peu sévère aux novateurs, et si ses habitudes scientifiques de travail complet où les œuvres sont étudiées non seulement morphologiquement, mais dès leurs genèses et jusqu’à leurs influences, ne lui interdisaient presque la besogne hâtive et jetée de la chronique salonnière.
Les époques de calme ne produisent rien d’original.
Il est douteux pourtant qu’il comprît bien les écrits hébreux dans leur langue originale.
[Article original paru dans Le Pays, 14 juin 1862.]
[Article original paru dans Le Constitutionnel, 7 avril 1873.]
[Article original paru dans Le Constitutionnel, 26 mars 1877.]
Cette théorie, d’une si originale simplicité qu’elle plonge l’esprit dans l’étonnement qu’inspirent ces vers qui semblent si faciles à trouver, et pour lesquels cependant il ne fallait rien moins que du génie, cette théorie, que son auteur a exposée dans son écrit intitulé : Symbolisme dans l’Architecture, est intégralement, pour qui sait l’y voir, en cet axiome, d’une concentration si profonde ; « L’art tout entier est symbolique de l’état matériel, moral et intellectuel de l’humanité aux diverses époques de son développement. » Mais, de cette profonde concentration, Daly l’a puissamment tirée.
… Nouveaux essais de critique et de littérature fut le titre peu original, mais modeste, sous lequel Prévost-Paradol a publié ses premières œuvres.
Imposante, originale et profonde figure, près de laquelle les historiens passent trop vite, et qu’ils devraient plus attentivement regarder.
On est ordinairement original à force d’être.
Malgré le bruit qu’on a fait de cette duchesse de Choiseul nouvellement découverte, la marquise Du Deffand, notre ancienne connaissance, lui est de beaucoup supérieure par l’esprit, le naturel, l’abandon, le tour original, et enfin l’ennui, cet ennui inconnu au xviiie siècle, qui prend tout dans son empâtement noir et fait briller les mots brillants bien davantage, comme un crêpe qu’on étendrait sur des diamants.
Il n’a pas l’air de se douter de la supériorité de pareils hommes… Stendhal, qui publiait alors des choses aussi neuves que profondes, Stendhal, l’original auteur de Rouge et Noir, n’a qu’un mot, à propos de sa Chartreuse, et il est de mépris, — et du plus ignorant des mépris !
Des deux poètes, de l’indien et de l’arabe, chez lesquels ce que nous appelons l’individualité de l’inspiration manque également, le plus original, le plus remarquable, c’est encore Mahomet, même pour nous qui avons lu des poètes comme Shakespeare et Dante, et qui savons ce que c’est que cette chose inconnue en Orient : la Profondeur.
Son petit livre, qui veut être quelque chose d’aigu, mais dont la pointe passe à côté, est bizarre, mesquin et tourmenté, au lieu d’être franchement original et d’une réalité pénétrée.
Il avait une livrée, en effet, originale et voyante, toujours prête, à son moindre gîte, et il regrettait de ne pouvoir, comme le prince de Ligne, lâcher quatorze coureurs devant sa voiture, avec un habit argent et rose !
Au lieu de se placer au-dessus d’elles, comme les penseurs originaux, il pille les idées de son temps, et ce qu’il en flibuste ne méritait guère d’être flibusté.
Parmi la foule de ses ouvrages, on a de lui un éloge de Démosthène, qui mérite d’être distingué ; Lucien y est original et piquant comme partout ailleurs ; il ne s’astreint pas à la forme des éloges ; sa devise, comme il le dit lui-même, est de n’imiter personne.
Est-ce une littérature personnelle et originale qui va en résulter ? […] Auguste Couat, que de relire ce charmant et puissant Catulle, si original et en même temps si pénétré d’antiquité grecque, si humaniste, si alexandrin, si national aussi, et si original, premier modèle peut-être du poète classique dans tous les sens du mot, sinon dans toute la grandeur qu’il peut avoir. […] En vérité, elle est très originale dans sa médiocrité. […] Zola, mais très original et individuel cependant. […] Ce qu’il avait de plus original encore, c’était son talent.
Le poète recrée l’univers suivant sa vision personnelle, profondément originale et intuitive. […] S’exprimer constitue une fatale inadéquation entre l’intuition originale et l’emploi du vocabulaire discursif, intermédiaire sensible. […] À défaut d’autres exemples, le symbolisme nous fournirait de nombreuses preuves de la difficulté qu’éprouve la foule à s’adapter à la vision originale qu’on lui propose. […] Preuve que ces œuvres étaient vraiment originales et non guidées par des idées préconçues ou par un plan arrêté d’avance, mais seulement par un déterminisme psychologique, qu’il nous est possible, à nous qui venons tardivement, de constater. […] MM. de Régnier et Griffin nous donnent l’exemple de ce que peut être la poésie contemporaine vue à travers deux tempéraments originaux.
Poètes et romanciers et tous ceux qui s’intitulent eux-mêmes « écrivains originaux », ils n’ont pas coutume d’en convenir. […] Mais Maupassant y est moins original, y étant davantage sous la dépendance des modèles voisins. […] Jules Lemaître a voulu s’essayer aussi dans les genres que les romanciers et les dramatistes appellent « originaux », ce sont les romans et les pièces de théâtre. […] Brunetière tant de solides et de fidèles inimitiés, nous indiquions en même temps quelques-uns des éléments qui lui composent une si originale physionomie. […] Il représente quelque chose de particulier, d’original et d’intéressant.
Si sa forme eût été plus choisie et plus élégante, ou sa personnalité plus caractérisée, ou ses idées plus originales, il n’eût plus été à la portée de tout le monde. […] Il se plaît surtout à étudier les types rares et originaux, les mœurs étranges et pittoresques qui se dessinent un moment comme des moues rapides sur la physionomie changeante et cosmopolite de Paris. […] Les descriptions de Zola, poétiques, sombres ou humoristiques, remarquez que je ne dis pas gaies, constituent une partie qui n’est point mince de son mérite original et sont l’écueil le plus grave pour ses malheureux imitateurs. […] Il lui offre des traits d’observation, de paradoxales finesses, des mots heureux, des flamboiements d’idées originales, ou du moins présentées d’une manière piquante et nouvelle. […] Ce qui augmente leur intérêt c’est qu’ils nous transmettent le souvenir des mœurs originales qui disparaissaient et des nouvelles mœurs ; en somme, ils sont le reflet d’une complète transformation sociale.
Malgré les ténèbres de l’ignorance qui paroissoient se répandre de plus en plus, malgré cette fureur grossière & barbare qui sembloit devoir tout détruire, la Providence veilloit à la conservation des précieux ouvrages de l’Antiquité, en inspirant à de pieux Solitaires le soin d’en copier les originaux. […] Chaque jour hâtoit leur ruine ; &, s’il se trouvoit encore des hommes qui voulussent se distinguer par leur savoir, entraînés par le mauvais goût, incapables de consulter les originaux, ils abandonnoient ces guides sûrs, pour ne suivre que des abréviateurs infidèles. […] Quelque imparfaites que fussent ces Traductions, elles donnoient du moins une idée de l’Antiquité, & inspiroient le desir de connoître les originaux & de les consulter. […] Sablier, qui en est l’Auteur, rapporte une lettre écrite à un de ses parens, & dont il a l’original de la main de Perrault, dans laquelle cet adversaire des Anciens avoue qu’il ne les connoît pas.
Telles, par exemple, sont celles faites d’après deux têtes de Raphaël qui sont au Louvre, et où l’expression, le style et la manière sont imités avec une si parfaite naïveté, qu’on pourrait prendre alternativement et réciproquement les originaux pour les traductions. […] Cadart, et ont appelé à leur tour leurs confrères, pour fonder une publication régulière d’eaux-fortes originales, — dont la première livraison, d’ailleurs, a déjà paru. […] Ce que je trouve de vraiment original dans le poëme, c’est qu’il se produisit dans un instant où presque toute l’humanité européenne s’était engouée avec bonne foi des sottises de la révolution. […] De là, la ruine et l’oppression de tout caractère original. […] Ces succès répétés, mais à des intervalles souvent lointains, ne faisaient cependant pas à l’artiste une position solide et durable ; on eût dit que ses qualités lui nuisaient et que sa manière originale faisait de lui un homme embarrassant.
Mais des génies originaux, de puissants observateurs se sont mis à interroger et à sonder la nature ; ils ont laissé de côté les vieux livres et les explications creuses, ont considéré les faits en eux-mêmes et ont constaté les lois.
Il en faut (j’entends de l’impertinence) dans certains ouvrages, comme du poivre dans les ragoûts. » Ceci rentre tout à fait dans la manière originale et propre, dans l’entrain de ce grand jouteur, qui disait encore qu’un peu d’exagération est le mensonge des honnêtes gens. — A un certain endroit, dans le portrait de quelque hérétique, il avait lâché le mot polisson ; prenant lui-même les devants et courant après : « C’est un mot que j’ai mis là uniquement pour tenter votre goût, écrivait-il.
On dit, avec raison, qu’on ne pourrait pas mettre sur le théâtre français la plupart des pièces grecques, exactement traduites : ce ne sont point quelques négligences de l’art qui empêcheraient d’applaudir à tant de beautés originales ; mais on aurait de la peine à supporter maintenant un certain manque de délicatesse dans les expressions sensibles.
Cette facilité qui s’offre à l’écrivain de laisser les choses aller selon leur cours naturel et de s’abstenir de les soumettre à un plan original, est une dangereuse et forte tentation.
C’est quelqu’un, c’est même un étrange original, que ce gentilhomme de Normandie, si fier de sa race, d’un si robuste orgueil, au verbe rude et incivil, autoritaire, brusque, indifférent en religion, mais respectueux de la croyance du prince et de la majorité des sujets, très soumis à l’usage et très épris de raison, disputeur, argumenteur, philosophe et fataliste, plus stoïcien que chrétien, très matériel et positif, au demeurant honnête homme, et de plus riche sensibilité qu’on ne croirait d’abord.