/ 2771
813. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Cette sincérité est d’un autre ordre ; elle consiste dans les sentiments qu’on exprime, dans l’ensemble des jugements et des vues ; ne pas se louer directement ni indirectement, ne pas se surfaire, ne pas s’embellir ; s’envisager soi et autrui à un point juste et l’oser montrer. […] Brunel, M. de Rey, l’abbé de Vertot étaient à ses pieds, et où ces bonnes dames de Grieu n’avaient d’yeux que pour elle : « Ce qu’on faisoit pour moi me coûtoit si peu, dit-elle, qu’il me sembloit être dans l’ordre naturel. […] Je suis étonnée qu’une personne si vénérable ne regarde pas les passions comme des égarements d’esprit, qui ne sont point susceptibles de l’ordre qu’on y veut admettre.

814. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Si on analyse le contenu de cette forme originale de l’amour dont les Provençaux ont enrichi la littérature, elle repose sur l’idée de la perfection conçue comme s’imposant à la fois à l’intelligence et à la volonté, devenant en en même temps que connaissance, et sur la préférence désintéressée qui fait que le moi subordonne son bien au bien de l’objet aimé, selon l’ordre des degrés de perfection qu’il découvre en soi et dans l’objet. […] Tandis que la poésie antique ne connaissait que la passion physique, et, pour rendre raison de la force de l’amour, regardait le désir allumé par Vénus dans la nature entière à la saison nouvelle, la poésie moderne, par une orientation toute contraire, assimilera l’amour humain à l’amour divin et en fondera la puissance sur l’infinie disproportion du mérite au désir Même quand le terme réel de l’amour appartiendra à l’ordre le plus matériel et terrestre, la pensée et la parole s’en détourneront, et c’est à peine si, comme indice de ses antiques et traditionnelles attaches au monde de la sensation physique, il gardera ces descriptions du printemps, saison du réveil de la vie universelle ; encore ces descriptions seront-elles de moins en moins sincères et vivantes, et ne subsisteront-elles chez la plupart des poètes que comme une forme vide de sens, un organe inutile et atrophié. […] Car, dans le riche et délicat Midi, cette doctrine répondait encore à quelque réalité, à un certain ordre de relations établi entre les hommes et les femmes : mais, dans notre Nord, si rude et si brutal, loin d’avoir son fondement dans la vie, elle restait absolument irréelle, idéale et didactique.

815. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Entre ces émotions particulières de l’individu et ces conditions essentielles de l’humanité, qui, réunies, forment l’objet du lyrisme romantique, restent l’intelligence avec la réflexion et les facultés discursives, et les vérités universelles d’ordre rationnel : deux choses que le romantisme laisse de côté. […] Hugo ne dit pas, comme les autres, la liberté de l’art, mais la liberté dans l’art, c’est-à-dire la liberté et l’art, être libre, à condition de respecter l’art : comme il dit la liberté dans l’ordre, pour l’union de la liberté et de l’ordre, son idéal politique à cette époque.

816. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Je m’étonne qu’on n’ait pas encore songé à envoyer au chevet des moribonds hostiles à l’ordre de choses actuel des conseillers d’État chargés de les convertir à la vraie politique, c’est-à-dire aux joies pures du pouvoir absolu. […] Rochefort déploie, à développer l’absurde, de remarquables qualités d’ordre et de méthode et une très réelle puissance d’imagination. […] Cet esprit est, comme on l’a dit souvent, celui d’un vaudevilliste de premier ordre, rien de moins.

817. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Son pourtour est orné de colonnes avec leurs bases, chapiteaux, architraves, frises et corniches d’ordre dorique, et, entre ces corniches, des arcades et niches. […] Depuis ce jour, chaque fois que Scaramouche venait à la cour, il avait ordre de se rendre auprès du dauphin ; il y venait en habit de Scaramouche sur lequel il mettait un manteau, la guitare sous le bras, et escorté de son chien, de son chat, de son singe et de son perroquet. […] Nous nous bornerons à citer ce que ce dernier, homme d’esprit en même temps qu’artiste, dit à la scène septième de l’acte II de Colombine avocat pour et contre, où il essaye de donner une idée des talents mimiques de Scaramouche : « Après avoir raccommodé (mis en ordre) tout ce qu’il y a dans la chambre, Scaramouche prend une guitare, s’assied sur un fauteuil, et joue en attendant que son maître arrive.

818. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Si vous ne retenez pas l’ordre précis de l’enchaînement déterminé des idées, une série de conséquences désagréables vous attendent. Au contraire, des satisfactions bien vives vous attendent si vous avez été attentifs et si, dans une leçon d’histoire, vous avez retenu l’ordre logique ou chronologique exact des idées… L’école vous traitera selon que votre esprit sera plus ou moins fidèle à l’examen de fin d’année, aux concours, au baccalauréat, etc. […] Elle non plus ne dépend ni des différences, ni des ressemblances des idées, mais des sanctions que l’école applique à ceux qui n’ont pas gardé les idées assimilées dans leur ordre essentiel, précis ; et c’est ainsi que l’école fixe peu à peu les formes de notre pensée et nous met à même de penser par catégories bien précises et bien nettes.

819. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

C’est là qu’il transcrit les révélations qu’Angèle de Foligno dictait à son confesseur, le frère Arnaud, de l’ordre de Saint-François. […] « Tout ce qu’on dit de cette passion, disait-elle, tout ce qu’on raconte n’est rien auprès de ce qu’a vu mon âme. » C’est là encore qu’Ernest Hello s’essaye à mettre de l’ordre dans les divagations apocalyptiques de Jeanne Chézard de Matel. […] Ainsi prit naissance l’Ordre cabalistique de la Rose-croix, qui avait ses aspirants, ses grades, ses trois chambres, son conseil suprême.

820. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

M. de Beausset établît aussi que dans la rupture de 1670 madame de Montespan reçut ordre de quitter la cour et fut envoyée à Paris 105 ; en quoi il diffère de La Beaumelle qui, dans les Mémoires de Maintenon 106, a fait une longue narration des circonstances de la séparation : ce fut, selon lui, madame de Montespan qui en prit la première résolution, qui s’éloigna de Paris avec un courage héroïque qu’affermissaient les exhortations de madame de Maintenon ; et le roi, informé de ce départ inattendu, fait appeler celle-ci pour en connaître les moindres circonstances et en approfondir les motifs, et madame de Maintenon emploie toute son éloquence pour combattre la douleur du roi et ramener à une sainte résignation. […] Il n’avait pas encore vu madame de Montespan, et déjà il avait fait parvenir ses ordres à Versailles, pour qu’elle s’y trouvât au moment où il y arriverait. […] Aussitôt que Louis XIV l’aperçut, il lui adressa ces paroles accablantes : Ne me dîtes rien ; j’ai donné mes ordres pour qu’on prépare au château un logement pour madame de Montespan.

821. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Mais derrière ces premiers articles, qui sont d’affiche et de montre, arrivent les autres plus essentiels, à savoir qu’en la tendresse de l’âge du jeune roi, le parlement de Paris présentera pour le gouvernement de l’État des personnes illustres, tirées des ordres du clergé, de la noblesse et de la magistrature, qui seront, après les princes du sang, les conseillers naturels et les ministres de la régence. En un mot, il résulte de la suite des articles que le Parlement gouvernera durant la minorité ; que, lorsqu’il demandera la destitution de quelque ministre ou conseiller, il n’y sera apporté aucune contradiction ; qu’une réforme exemplaire sera introduite dans le maniement des finances, dans la distribution des bénéfices, dans la nomination aux charges, dans l’imposition et la levée des taxes ; bref, « que le pauvre peuple sera soulagé réellement et effectivement, que l’ordre en toutes choses sera remis, et le règne de la Justice pleinement rétabli dans toutes les provinces du royaume ». […] Les taxes, c’est là le point délicat et auquel il faut toujours revenir dès qu’on veut organiser un ordre quelconque au lendemain d’une révolte, et le premier cri de toute révolte est de se faire au nom d’un soulagement le plus souvent impossible.

822. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Puis le grand maître de l’hôtel, en ayant reçu l’ordre, apporta un pain d’une blancheur parfaite, que l’enfant prit et mangea. […] Le fait est que j’ai invariablement remarqué, pour mon compte, que s’il y a une certaine quantité et une certaine qualité d’esprits qui admettent, qui embrassent volontiers cet ordre métaphysique d’idées et croient les comprendre, il y a, pour le moins, une très grande moitié du monde, même du monde intellectuel, qui ne s’en trouve pas plus convaincue après qu’auparavant, et qui continue d’attendre la preuve après qu’on a prouvé. […] Lorsque ce dernier fut élu à ce siège éminent, il n’y porta pas une capacité du même ordre que celle de Lanfranc, et il rencontrait sur le trône le successeur très indigne du Conquérant, Guillaume le Roux, prince brutal et violent.

823. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Boursault avoit relevé des fautes dans ce grand comique & dans quelques autres écrivains du premier ordre. […] Boursault fit, par ordre du roi, pour l’éducation du dauphin, un livre intitulé l’Étude des souverains. […] Il y eut un ordre du roi pour qu’elle ne fut point mise dans une nouvelle édition que Despréaux se disposoit à donner en 1710, & dont il y avoit même déjà quelques feuilles d’imprimées.

824. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Cependant, et il n’est pas inutile de le remarquer, des pensées, à quel point qu’elles puissent être le résultat de méditations isolées, sont toujours un ordre de faits qui mérite aussi quelque attention. […] Les dynasties chrétiennes ne font qu’un avec les peuples chrétiens, et n’ont qu’une vie avec eux : ceci tient au perfectionnement introduit par le christianisme dans les sociétés humaines comme dans tous les ordres d’idées et de sentiments. […] Le roi est un homme sorti du milieu de la multitude, par le jeu incertain des circonstances, pour maintenir un ordre voulu par tous, pour faire exécuter des lois auxquelles tous ont participé.

825. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Les incidents sont de l’ordre le plus simple. […] Il pense à entrer dans les ordres, mais comment ? […] Si je ne puis gouverner un État, au moins je gouvernerai un ordre. […] Y avait-il des religieuses dans un couvent à côté et de quel ordre ? […] Il est grand et d’un ordre très rare.

826. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

La règle, l’ordre, l’étiquette allaient avoir leur tour. […] De l’ordre des cordeliers il passa dans celui de Saint-Benoît, qu’il quitta bientôt après, pour mener une vie indépendante. […] Le decorum devait arriver avec un autre ordre politique. […] Votre mort est une des pieces de l’ordre de l’univers ; c’est une piece de la vie du monde. […] Quoi qu’il en soit, son âge, il avait alors quarante-sept ans, l’empêcha d’obtenir l’admission dans cet ordre rigoureux.

827. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Pour moi, c’est bien plus un caractère qu’un génie : un caractère veut toujours la même chose, — un caractère dans l’ordre du talent, bien entendu, car dans l’ordre de la moralité nous aurons aussi à juger Gœthe dans cette étude, et vous verrez ce qu’il pesait. […] La dernière scène de son drame, la scène de la cathédrale (par parenthèse, la plus belle de toutes), est empruntée aussi à cet ordre de faits qui grandit Gœthe et, en lui communiquant de sa grandeur, montre combien naturellement il est petit par lui-même, ce caméléon littéraire qui se teint de la couleur de toutes les zones qu’il traverse. […] Il est certain, en effet, qu’il y avait dans le théâtre classique un besoin d’ordre, de lucidus ordo, d’enchaînement, d’organisation, que les indépendants de la littérature dramatico-romantique n’ont jamais senti, tant l’anarchie les tenait. […] Sa nature n’est pas une, mais mêlée comme son talent, qui est de l’ordre composite et même confus. […] Il ne l’est nulle part, ni dans aucun ordre d’idées, ni dans aucun ordre de faits.

828. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

La philosophie, à Rome, précéda la poésie ; c’est l’ordre habituel renversé, et c’est peut-être la principale cause de la perfection des poètes latins. […] Tite-Live, Salluste, des historiens d’un ordre inférieur, Florus, Cornelius Nepos, etc., nous charment par la grandeur et la simplicité des récits, par l’éloquence des harangues qu’ils prêtent à leurs grands hommes, par l’intérêt dramatique qu’ils savent donner à leurs tableaux.

829. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

La justice des hommes se promettait par avance une de ces satisfactions d’amour-propre qu’au dire des comptes rendus elle éprouve chaque fois qu’il lui est donné de présider à une cérémonie de cet ordre, et le tout-Paris des dernières, friand de tout bruit de coulisse  et notamment de celui que fait le sinistre couperet en glissant dans sa rainure  retenait déjà ses places, etc… » Ne croyez pas, je vous en supplie, que ces lignes soient l’indice d’un mauvais cœur. […] Le rire dont elles nous secouent intérieurement est le rire bouddhiste, lequel précède immédiatement, dans l’ordre des affranchissements successifs de nos pauvres âmes, la paix du Nirvâna… Le second et le troisième caractère de cette gaîté, c’est l’outrance et la méthode, portées toutes deux aussi loin que possible, et se soutenant et se fortifiant l’une l’autre.

830. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Au reste, la philosophie, dans ses tentatives à demi heureuses pour unifier le savoir, a constaté des lois qui dominent tous les ordres de connaissances38. […] Dans la seconde moitié du siècle dernier renaissent en France des goûts qu’on n’y connaissait plus ; on s’y éprend à la fois des voyages, de l’agriculture, des idylles, des jardins anglais, des romans champêtres, des sites sauvages qualifiés de « romantiques », des tableaux représentant la vie du village : choses d’ordre différent, mais qui se ressemblent et qu’on peut réunir sous une seule formule en disant : la France revient à la nature extérieure.

831. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Nous nous contenterons d’observer que Dieu qui voit la lumière, et qui, comme un homme content de son ouvrage, s’applaudit lui-même et la trouve bonne, est un de ces traits qui ne sont point dans l’ordre des choses humaines ; cela ne tombe point naturellement dans l’esprit. […] Il entre dans son récit à la manière des anciens historiens ; vous croyez entendre Hérodote : « 1º Comme plusieurs ont entrepris d’écrire l’histoire des choses qui se sont accomplies parmi nous ; » 2º Suivant le rapport que nous en ont fait ceux qui dès le commencement les ont vues de leurs propres yeux, et qui ont été les ministres de la parole ; » 3º J’ai cru que je devais aussi, très excellent Théophile, après avoir été exactement informé de toutes ces choses, depuis leur commencement, vous en écrire par ordre toute l’histoire. » Notre ignorance est telle aujourd’hui, qu’il y a peut-être des gens de lettres qui seront étonnés d’apprendre que saint Luc est un très grand écrivain, dont l’Évangile respire le génie de l’antiquité grecque et hébraïque.

832. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Si vous le voyez arranger bien symétriquement ses teintes et ses demi-teintes tout autour de sa palette, ou si un quart d’heure de travail n’a pas confondu tout cet ordre, prononcez hardiment que cet artiste est froid, et qu’il ne fera rien qui vaille. […] Je n’ai garde de renverser dans l’art l’ordre de l’arc-en-ciel.

833. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Un malade incurable au centre d’une famille, est comme un arbre mort au centre d’un jardin, dont les racines pourries sont funestes à tous les arbustes qui l’entourent ; les soins que la tendresse ou la commisération ne peut refuser à un vieillard infirme, à un enfant maladif, dérangent l’ordre des devoirs et répandent l’amertume sur la journée de ceux qu’ils occupent. […] Il faut : 1° Créer un nombre suffisant de professeurs et les stipendier de manière qu’ils puissent se livrer tout entiers à l’enseignement ; 2° Établir à côté des écoles un hôpital où les élèves soient initiés à la pratique ; 3° Obliger les maîtres à suivre un ordre fixe et déterminé dans le cours des études.

834. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

L’Égalité politique et physiologique de Rousseau, lequel ne comprit jamais rien à l’unité complexe de la famille, pesait les hommes comme mâles et ne les pesait pas comme pères, par conséquent noyait les forces morales de l’ordre et de la société dans la force brute d’un nombre qui n’était pas du tout, malgré son titre, suffrage universel. […] Il faut ajouter, pour compléter cette liste de vingt-deux, Marchenna, Girey-Dupré et Riouffe, qui n’étaient pas députés, — et Fauchet, l’évèque intrus du Calvados, le seul homme de talent réel, une espèce de Diderot évêque qui aurait eu la foi, et à qui la foi et le sacrement de l’ordre sans doute valurent plus tard le repentir.

835. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si l’on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle ; ce scribe, qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix ; ce solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net (el rey netto), au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale ; Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore, parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire. […] Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du XVIe siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques, qui mirent fin à la guerre civile et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes.

836. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

C’est la théorie un peu égoïste, il est vrai, de « l’honnêteté littéraire », et la mise à l’ordre du jour, parmi les critiques, des coups de chapeaux ! […] dépenaillés de physique comme d’intelligence, des faméliques de jouissances ou de renommée en guerre contre l’ordre social ; tous ne sont pas de pauvres enfants cherchant sans la trouver leur place au soleil, des Chattertons d’imitation, plus ou moins énergiques ou lâches, qui se tuent ou se laissent mourir, et dont Hégésippe Moreau ou Gérard de Nerval furent les types douloureux et coupables.

837. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Le monde réparé, la terre réconciliée avec le ciel, un pacificateur entre Dieu et l’homme, un nouvel ordre de justice, une vie à venir et de grandes espérances, ou de grandes craintes au-delà des temps, tel était le tableau que cette éloquence présentait aux hommes. […] Il est étonné que son héros, avec si peu de forces, ait tenté une guerre si importante : « Assurément, lui dit-il, vous avez quelque intelligence secrète avec l’âme universelle et divine, qui daigne se manifester à vous seul, tandis que nous, ce sont des dieux subalternes et du second ordre qui sont chargés de nous conduire. » Ensuite il ne peut comprendre qu’il se soit trouvé dans l’univers des hommes qui aient eu l’audace de résister à Constantin : « Eux qui auraient dû, lui dit-il, céder, je ne dis pas à la présence de votre divinité, mais en entendant seulement prononcer votre nom. » Bientôt après, ce lâche orateur fait un crime à son héros d’avoir combattu lui-même, et de s’être mêlé au milieu des ennemis, d’avoir par là, dit-il, presque causé la ruine de l’univers.

838. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Tel fut l’ordre établi par la Providence pour commencer la société païenne. […] Cependant, lorsque la barbarie antique reparaissant au moyen âge détruisait partout les cités, le même ordre assura le salut des familles, d’où sortirent les nouvelles nations de l’Europe.

839. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

On s’écrie : à l’ordre ! à l’ordre !) […] Nous voici délivrés à la fois des habitudes serviles de l’ancien ordre et des exagérations passionnées du nouveau, appelés par notre gouvernement à délibérer sur de grands intérêts, reconnus par lui-même assez sages pour les bien déterminer ; eh ! […] Je donnerai ces lettres dans l’ordre qui me paraît le plus naturel. […] Après tout, quand on le considère de près et qu’on l’étudie, on reconnaît qu’il suivit toujours la même ligne de principes, le même ordre d’inspirations, puisées aux mêmes sources morales ; mais il était en progrès.

840. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Il y en a de tout ordre. […] Mais le grand homme de tout ordre, et particulièrement de l’ordre intellectuel, est le grand artisan des choses humaines, en même temps que l’honneur de l’humanité. […] Dans cet ordre, elles ont une incontestable valeur. […] Embrassant une période plus vaste, il a plus de peine à y mettre de l’ordre. […] Le futurisme, le cubisme et autres maboulismes étaient du même ordre.

841. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

C’est ainsi qu’il a méconnu plusieurs écrivains de premier ordre. […] Au lieu d’être un producteur de second ordre, si Sainte-Beuve eût été un producteur de premier ordre, ses jugements se seraient modifiés. […] Tu parus et tout mon intérieur rentra dans l’ordre. […] Enchaîner les pensées, co sera l’ordre, le fond ; les colorer, ce sera le mouvement, la forme. […] Il est pourtant hors de doute que l’Immortel est un livre de premier ordre.

842. (1864) Études sur Shakespeare

Religion, liberté, ordre public, littérature, rien ne s’est développé parmi nous qu’avec effort, au milieu de luttes sans cesse renaissantes, et sons les influences les plus diverses. […] La noblesse du second ordre, en se séparant des hauts barons pour se placer à la tête des communes, rentra, pour ainsi dire, dans le corps de la nation, et s’unit à ses mœurs comme à ses droits. […] L’ordre, la régularité, le développement naturel et facile en ont paru bannis. […] De 1599 à 1605, l’ordre chronologique des œuvres de Shakespeare ne nous offre que des comédies, et Henri VIII, ouvrage de cour et de fête. […] Un coup d’œil jeté sur les affaires du poëte prouve aussi qu’il commençait à porter, dans les détails de son existence, cette régularité, cet ordre nécessaire à la considération.

843. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Je ne suivrai pas, il faut vous le redire, un ordre chronologique des auteurs qui se sont succédé dans les différents âges, mais un ordre analytique des conditions par lesquelles leurs ouvrages se sont perfectionnés. […] Ajouterai-je que la contemplation des grands maîtres a cet avantage de nous porter à l’enthousiasme, quand celles des poètes du second ordre ne nous incline qu’à la critique ? […] Les sarcasmes du bel esprit n’approchent pas d’une si mordante ironie ; c’est cette qualité vraiment antique qui fait de ce poème un monument du premier ordre. […] Pourrait-on en fournir la carrière immense si l’ordre des chants qui se succèdent n’en marquait les repos et les mouvements ? […] On ne contestera pas qu’elles m’ont fourni les trois ordres constituants du merveilleux épique.

844. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

La Bonne Vieille est d’un ordre encore plus élevé. […] L’ordre des strophes n’a rien de fortuit, rien de capricieux ; elles ne pourraient être déplacées sans porter un grave préjudice à l’émotion poétique. […] Il faut que le spectateur voie Dessalines, Laplume, Maupas, et entende les ordres qu’ils reçoivent. […] Ses lieutenants écoutent ses ordres avec soumission. […] Pour obéir à ces ordres insultants, il faut plus que de la lâcheté, il faut de la folie.

845. (1896) Études et portraits littéraires

Quel appui trouve-t-il dans l’ordre naturel si souvent invoqué par son auteur ? […] Où la complaisance du romancier se trahit surtout, en effet, c’est pour les choses de l’ordre sensuel. […] L’« initiation » à la pauvreté est aussi un morceau de premier ordre. […] Le pur dilettante ne produit rien, pas plus dans l’ordre esthétique que dans l’ordre moral. […] En quoi consiste cet « ordre moral » qui nous est affirmé ?

846. (1921) Esquisses critiques. Première série

Dans l’ordre littéraire, les maîtres ouvrages de Verlaine et de Mallarmé étaient déjà fameux. […] Pareillement certaines de ses œuvres en prose se remarquent par des qualités de premier ordre. […] L’inceste, l’assassinat, l’abus de confiance, l’escroquerie, les odieuses complaisances, les compromissions de tout ordre y fleurissent avec variété. […] C’est un grammairien de premier ordre. […] Plusieurs de ses romans sont de tout premier ordre.

/ 2771