L’opinion, erronée, selon moi, de MM. de Goncourt, sur l’esprit et le talent de ces lettres, les a empêchés de mesurer l’immense abjection de celle qui les a écrites.
Il a des manières à lui de caractériser l’expression des lettres d’Héloïse que Mme Guizot trouve arrangée et déclamatoire, et nous sommes bien aise de les opposer à l’opinion de Mme Guizot… mais non pour la détruire : « Tous les passages des lettres d’Héloïse ne sont qu’une paraphrase anhélante du verset du Cantique des Cantiques… Sous les doigts de la nonne le feu ruisselle.
… Abélard, qui est le héros de cette énorme pièce, ne justifie ni par une scène, ni par un mot, ni par un geste, la grandeur de caractère ou de génie que l’auteur lui accorde dans l’opinion des personnages qu’il mêle à sa vie.
L’Allemagne, chez qui tout est possible dans le désordre du rêve ; l’Allemagne, ce pays de M. de Bismarck, qui ne rêve pas, lui, et qui doit avoir sur Schopenhauer une opinion que je voudrais lui entendre exprimer ; l’Allemagne, et même la Prusse, prennent au sérieux Schopenhauer.
Quel homme, en effet, est placé plus haut par l’opinion que ne l’est aujourd’hui M.
Ils se sont fiés aux premiers signes de putréfaction, qui ne prouvent pas toujours la mort, disent les médecins, dans le jeu de casse-tête de leurs opinions ignorantes et contradictoires.
Gautier, cet hugolâtre émancipé, avait cette opinion, et avait la force de la dire.
Et si cela était, son livre ne serait plus qu’une manière de pressentir et de préparer l’opinion, et de repassionner cette gloire froidie dans laquelle il a donné le coup de fourgon qui tire du brasier encore un dernier flamboiement.
Homme de génie, secoué par la conscience qu’il est fait pour le commandement, et d’une ambition tellement effrénée qu’elle en est épouvantablement maladroite et qu’elle en devient un jour presque sacrilège, il a, ainsi que le dit un des personnages du roman, la folie de la mitre, comme il aurait dû avoir la folie de la croix, et c’est cette folie de la mitre qui en fait, tout le long du roman, le furibond torrent de haine et de colère humaine que le prêtre ne peut endiguer, mais dont l’Église, à la fin et malgré tout, s’empare, parce qu’elle a reconnu, elle, le lynx divin, aux yeux maternels, que cette tempête d’homme assagi par elle peut avoir, un jour, vertu d’archevêque, et peut-être de Pape dans l’avenir… Le livre de Ferdinand Fabre, dont je viens de dire la conclusion, est, au fond, — si vous en ôtez deux ou trois nuances d’opinion que je n’y voudrais pas voir parce qu’elles blessent mon catholicisme, — un livre écrit à la gloire du prêtre et de l’Église, de cette Église à qui ses ennemis voudraient de petites vertus dont ils pussent se moquer, et non de grandes, devant lesquelles ils tremblent !
Puisque dans ce singulier monde de la publicité, c’est le bruit qui est tout, et non pas ce que le bruit signifie, il convenait de ne pas gratifier un livre pareil d’un bruit quelconque, même en disant ce qu’on en pensait, et je rengainai mon opinion… qui n’était pas un compliment.
Il savait que sur le trône même on est dépendant de l’opinion, et que la renommée est plus absolue que les rois.
Il résumait une opinion très répandue, le savant qui, à ce que l’on raconte, disait : « Vous voulez écrire un livre sur la Philologie ; faites-nous donc plutôt un bon ouvrage de Philologie. […] Madvig, cependant, n’avait pas une haute opinion des travaux de la philologie moderne. […] On atteint ainsi des opinions, des doctrines, des connaissances. […] ou à l’opinion qu’il cherchait à ménager ? […] Elle dépend de l’opinion qu’on se fait de la valeur de ces connaissances.
Pierre Leroux une sorte d’encyclopédie, vient de rassembler et de développer ses opinions philosophiques en un corps régulier de doctrines. […] Il fut avant tout honnête homme ; c’est l’opinion de Boileau, de Saint-Simon et de tous les contemporains. […] Votre opinion sur la nature fera votre opinion sur la beauté ; votre idée de l’homme réel formera votre idée de l’homme idéal ; votre philosophie dirigera votre art. […] Comme tous ceux qui ont mauvaise opinion de l’homme, il est absolutiste21. […] Ils demandèrent justice et protection : on leur répondit que l’opinion du peuple était contre eux, et le gouverneur Boggs, pour mettre fin aux troubles, fit arrêter Joseph avec six autres.
De là cette comédie dramatique du Gant qui a, paraît-il, déterminé en Norvège un « mouvement d’opinion ». […] Il lui est du reste arrivé, dans le cours de sa longue vie, de changer d’opinion sur divers problèmes. […] Napoléon n’aima point cela ; l’opinion s’émut, l’on parla de guerre. […] À propos de Sully-Prudhomme, son prédécesseur, il eut à formuler quelques opinions, touchant l’amour. […] Tolstoï, qui détestait l’opinion des autres, définissait leur dialectique : un stratagème qu’on emploie pour donner grand air à ce qu’on fait.
Ni l’une ni l’autre des opinions en présence n’offrait à la lâcheté, qui se révèle si abondamment dans les jours difficiles, le refuge d’un parti vainqueur. […] Cependant, après les avoir lues, je ne saurais partager l’opinion, d’ailleurs si respectable, de M. […] Mais cette opinion ne résiste pas à un examen attentif ; et toutes les probabilités, historiques ou littéraires, se réunissent pour n’accorder à Shakespeare, dans les deux derniers Henri VI, d’autre part que celle d’un remaniement plus étendu et plus important, il est vrai, que ce qu’il a pu faire sur d’autres ouvrages soumis à sa correction. […] Parmi les drames nationaux, Richard III est le seul que l’opinion ait élevé au même rang ; nouvelle preuve de mon assertion, car c’est aussi le seul ouvrage que Shakespeare ait pu conduire, à la manière de ses tragédies, par l’influence d’un caractère ou d’une idée unique. […] L’Italie seule et la France, patries du classique moderne, s’étonnent du premier ébranlement donné à ces opinions qu’elles ont établies avec la rigueur de la nécessité, et soutenues avec l’orgueil de la foi.
Certes la disgrâce où l’opinion tint la littérature symboliste n’est pas un criterium suffisant, mais l’irrespect et l’indifférence de la jeunesse à son égard est un symptôme des plus probants et des plus significatifs. […] Les sautes de son caractère concordent fraternellement avec ses changements d’opinion. […] Il n’a d’opinions personnelles ni sur cette circonstance, ni sur cette idée. […] Mais un jour que ses amis le sollicitaient d’exprimer ses opinions esthétiques, il écrivit avec une douce ironie les quelques strophes de l’art poétique ; De la musique encore et toujours !
., pourroit avoir son utilité ; mais il respire les préjugés d’un Ultra-montain & les opinions dangereuses d’un Jésuite. […] Il a l’air trop chagrin contre sa patrie & trop mauvaise opinion des hommes ; son style est peut-être plus dur que fort, & sa briéveté lui ôte un peu de sa clarté. […] Son opinion est que les peuples des Gaules ont appellé les Francs pour les gouverner. […] Celui des Ecrivains a modéré l’opinion qu’il m’avoit donnée de son impartialité, quand il ne s’agissoit que de Rois, de peuples & de gouvernement.
De même pour Lamartine : j’aurais aimé qu’en développant son talent poétique aussi grandement, aussi démesurément même, que sa nature de génie l’y portait, il fût demeuré en politique d’accord avec lui-même, fidèle à ses origines, à ses précédents, à l’ordre d’opinions, de doctrines et, pour tout dire, de bienséances où il avait passé toute sa jeunesse et qui lui étaient comme son cadre naturel, — un M.
OPINIONS.
En 1650, la société de tous les rangs, de toutes les opinions, s’était formée en cercles et en coteries.
Eugène Réal, qu’ils chargent plus particulièrement d’exprimer leurs opinions, est un pauvre garçon flottant : tantôt il condamne la guerre, « vaste et criminel assassinat » ; tantôt il s’affirme qu’il fait, en assassinant, « son devoir de soldat, de Français ».
Oserons-nous condamner une opinion si generale sur des choses de fait et qui se passoient sous les yeux de ceux qui les ont écrites, quand nous n’avons qu’une connoissance imparfaite de la musique des anciens ?
Je vois qu’on m’avait donné une très injuste opinion de vous ; vous me paraissez dans les bons principes, et je suis prête à signer tout ce que vous venez de me dire.
Je ne saurais pas qui elle est, l’auteur de Robert Emmet, et elle n’aimerait que Villemain, je ne serais pas bien sûr qu’elle fût une femme, car Villemain a le pédantisme sec que les femmes doivent détester, — il est vrai que celle-ci est de race doctrinaire, — mais l’amour de Sainte-Beuve m’aurait fait reconnaître la femme si, malgré la faiblesse du livre et ce bariolage d’opinions avec lesquelles les femmes font un livre comme elles font des tapis avec des petits morceaux d’étoffes de diverses couleurs, j’avais pu, une minute, en douter !
Ses succès du monde, plus chers à sa vanité que ses succès littéraires, ne voilèrent de leur éclat ni pour les autres ni pour lui la plaie secrète, cette suppuration d’orgueil et d’envie qu’on sent en lui malgré les soins de sa double toilette, — malgré le musc et les opinions de son temps.
, ne pouvait pas avoir une opinion si malhonnête pour l’hôtel de Rambouillet, restauré et remis à neuf par Cousin, qui en est le peintre décorateur.
Il reprenait l’opinion en sous-œuvre et la chapitrait.
Castille a les opinions politiques de son genre d’imagination, et cette imagination, sauf erreur, doit être du midi, du pays où l’on aime le rouge et les combats de taureau.
C’est parfaitement en vue du succès sur place et de l’effet à produire sur l’opinion, tout de suite, qu’Alexandre Weill a choisi pour titre de son ouvrage cette phrase, où s’étale si rondement l’abdomen de ce Je que Pascal ne pouvait pas souffrir.
Un autre petit homme dans l’Histoire avait, comme Carlyle, écrit précisément celle de la Révolution française, n’ayant souci de rien que de se montrer révolutionnaire dans cette histoire, — le long de laquelle il passa à travers toutes les opinions, comme le singe de la Fable à travers son cerceau, avec les souplesses d’un esprit que le scepticisme rend plus souple encore ; — Thiers, qui grimpe sur toutes les idées comme il en dégringole, avec la même facilité, n’est que l’écureuil de la Politique et de l’Histoire ; mais quelle que soit l’alacrité des mouvements de l’écureuil, son genre historique, sobre de couleur, n’en a pas moins la gravité, il faut bien dire le mot, d’un homme qui est souvent un Prud’homme littéraire.
Ce livre est d’une telle impartialité qu’il est impossible de voir à travers les pages l’opinion politique de l’auteur.
Eh bien, c’est là que fut l’erreur de l’imagination et de l’opinion contemporaines !
Honteux d’être obligé de rétrograder jusque-là, car il a un bon sens qui se révolte probablement contre les conclusions de sa philosophie, l’historien de l’intelligence essaie de s’abriter sous l’opinion (d’ailleurs rétractée) de saint Augustin, dont le génie, comme on le sait, élevé dans les écoles, oscilla plus d’une fois aux souffles de son temps, avant de devenir la ferme lumière qui a brillé dans le monde catholique, phare immobile à travers les siècles !
Matter, qui, du reste, multiplie dans son livre les preuves à l’appui d’une affirmation qui doit changer l’opinion commune et superficielle, Swedenborg n’est pas, au fond, ce qu’on croit : — un visionnaire tombé du ciel comme un aérolithe, le polem sine matre creatam des grandes natures phénoménales et solitaires.