À propos de cette nouvelle comédie du Jaloux, qu’on joua à Marly le 28 janvier 1688 : « Le roi la trouva fort jolie ; mais il a ordonné qu’on y changeât quelque chose sur les duels, et quelque autre chose qui lui parut trop libre. » Louis XIV goûte moins une autre pièce de Baron qui se jouait également à Marly en même temps qu’on y dansait le ballet : « Le roi le vit (le ballet) de la chambre de Joyeux ; mais il n’y demeura pas toujours, parce qu’il ne trouva pas la comédie trop à son gré ; c’était L’Homme à bonnes fortunes. » En revanche, Louis XIV assistera peut-être trente fois à Esther, et toujours avec plaisir. […] On commence à employer les troupes pour aider aux conversions : « Samedi, 11 août 1685, à Versailles. — J’appris qu’Asfeld, brigadier des dragons, était allé en Poitou commander les troupes qui y sont, et dont les intendants ont quelquefois tiré des secours pour de bons effets. » Ce qui est immédiatement suivi de la nouvelle du dimanche 12 : « Le roi envoya force faisandeaux à Monseigneur, et Monseigneur lui renvoya force perdreaux, se faisant part l’un à l’autre de leurs chasses. » — Tout cela vient ex aequo. […] Quinze jours après, pendant un voyage à Chambord et sur la route, jeudi 6 septembre : On dîna au bois de Fougère, et l’on vint coucher à Châteaudun. — Le roi apprit qu’il y avait eu plus de cinquante mille huguenots convertis dans la généralité de Bordeaux, et nous dit cette bonne nouvelle-là avec grand plaisir, espérant même que beaucoup d’autres gens suivront un si bon exemple. — C’est une émulation, une passion de convertir les gens en masse, comme s’il n’y avait qu’à y prêter la main : « Dimanche 16 septembre, à Chambord. — La Trousse fut nommé pour aller commander les troupes en Dauphiné, et tâcher de faire aussi bien en ce pays-là que Bouliers a fait en Béarn, en Guyenne et en Saintonge. » Quelquefois on se passe de dragons, et c’est mieux : « Jeudi 27 septembre, à Chambord. — On sut que les diocèses d’Embrun et de Gap, et les vallées de Pragelas, qui sont dépendantes de l’abbaye de Pignerol, s’étaient toutes converties sans que les dragons y aient été. » — « Samedi 29, à Pithiviers. — Le roi nous dit que M. de Duras, revenant de ses terres, l’avait assuré ce matin à Cléry, au sortir de la messe, que tous les huguenots de ses terres s’étaient convertis. » — « Mardi 2 octobre, à Fontainebleau. — Le roi eut nouvelle, à son lever, que toute la ville de Castres s’était convertie. » — « Vendredi 5, à Fontainebleau. — On apprit que Montpellier et tout son diocèse s’étaient convertis.
. — Carrière nouvelle. — Campagne de la Valteline ; gloire et revers. — Mort vaillante. — Essai de jugement. […] Cette dernière nouvelle et celle de la prise de Privas, avec les rigueurs qui y furent exercées sur les vaincus, commencèrent seulement à lui abaisser les cornes, dit Richelieu ; et alors, prévoyant le terme prochain de la lutte, il déploya toutes ses ressources et ses expédients, il redoubla d’activité et multiplia les belles escarmouches pour finir au moins décemment, pour être compté jusqu’au bout et obtenir le plus de garanties qu’il pourrait à la généralité du parti. […] Ici une nouvelle carrière commence pour Rohan : le roi, sur le conseil du cardinal de Richelieu, le croit très propre à ses affaires en ces contrées, à cause des qualités mixtes et variées qu’il possède, négociateur, capitaine, très en renom à l’étranger, pouvant agir comme de lui-même et n’être avoué que lorsqu’il en serait temps. […] Rohan devait éviter d’être pris entre deux armées ; la sienne, sous sa nouvelle forme, ne montait pas à plus de 3000 hommes de pied, 400 chevaux et 600 Grisons.
Nouvelle édition Lundi 28 octobre 1861. […] Mais aujourd’hui, en donnant une édition nouvelle, M. […] Peu à peu, à chaque édition nouvelle, pendant huit éditions consécutives, l’auteur va doubler et tripler la dose. […] Deux volumes in-18, à la Librairie Nouvelle, boulevard des Italiens, 15.
Ils étaient accusés d’avoir, faisant partie de la garde urbaine, aidé la force militaire à repousser des émeutiers massacreurs le 27 juin 1815, c’est-à-dire dans l’espèce d’interrègne qui avait suivi la nouvelle de la perte de Waterloo ; ils avaient rempli leur devoir de citoyens et avaient été appelés régulièrement à faire partie de la force publique : ce furent les émeutiers, le lendemain triomphants, qui se vengèrent, les dénoncèrent, et auxquels la Cour prévôtale donna raison par une fiction rétroactive : condamnés à mort, ils furent presque immédiatement exécutés, le même jour, de nuit, à la lueur des flambeaux. […] » Ces anciennes louanges étaient plus qu’oubliées et réparées, et de tous les ministres il était le plus selon le cœur et les entrailles de la Chambre nouvelle. Dès la première séance (7 octobre), après le discours fort sage de Louis XVIII, M. de Vaublanc, faisant l’appel des députés, prit sur lui d’omettre le nom de Fouché, duc d’Otrante, nommé à Melun ; et comme quelques personnes lui témoignaient leur étonnement de cette omission arbitraire, il répondit : « qu’il devait éviter tout ce qui pouvait amener des scènes violentes dans la Chambre ; que le seul nom prononcé aurait produit ces mouvements malgré la présence du roi, et qu’il avait rempli son devoir en ne le prononçant pas. » On put entrevoir les dispositions de la nouvelle Chambre à cette circonstance encore que, pendant l’appel, un député du Midi, M. […] se peut-il que cet exemple, en sens inverse, soit devenu bien plutôt attrayant et contagieux pour une partie de la jeunesse nouvelle ; que ce soit précisément au mauvais côté des souvenirs d’une époque qui en offre de si louables, que de jeunes esprits aillent se rattacher de préférence en vertu de je ne sais quel faux idéal rétrospectif ?
Avec tout le respect, avec toute l’admiration bien grande qui nous reste, nous dirons quelque chose de ce qui menacerait d’être chez lui un parti pris et une méthode nouvelle. […] Sans doute, aux cœurs surtout tendres et discrets, les Méditations, et les premières, restaient les plus chères toujours : on en aimait le délicieux et imprévu mystère, l’élévation inaccoutumée et facile, la plainte si nouvelle et si douce, le roman à demi voilé auquel on avait foi, et que chaque imagination sensible ne manquait pas de clore. […] Depuis les Harmonies, on attendait une preuve poétique qui y répondît, quand Jocelyn vint annoncer comme une nouvelle manière : Jocelyn était un début dans l’ordre des compositions ; bien que la fable n’en fût pas bien difficile à inventer, elle était touchante, elle prêtait aux plus riches qualités du poëte, et l’induisait sans violence à des tons rajeunis. […] La nouvelle conclusion de Jocelyn, qui nous est donnée par manière de variante, a une ampleur et une sublimité merveilleuses : elle s’accorde dignement avec le souvenir de cet aimable poëme.
Le livre de Tolstoï formule en quelque sorte l’esthétique de cette nouvelle école. […] C’est que chez Bach, harmonie, rythme et mélodie se comportent déjà d’une façon toute nouvelle. […] Elle est plus que cela, elle est une conception nouvelle du drame. […] À cette question qu’il se pose : Comment l’âme doit-elle se mouvoir selon la musique nouvelle ? […] C’est tout à la fois une simplification et une complexité nouvelle.
Sa nouvelle comédie, La Tutrice, doit prendre place parmi ces agréables croquis toujours bien reçus du public, pour lequel ils semblent écrits expressément, et qui occupent dans le répertoire si varié de l’auteur une place bien distincte à côté de ses productions plus sérieuses, Bertrand et Raton, l’Ambitieux et la Camaraderie. […] On a certes bien fait de ne pas perdre un moment, et d’expédier un postillon à franc étrier ; la nouvelle est importante : le testament a été ouvert, et le comte Léopold de Vurzbourg est complètement déshérité.
Jean Moréas est une des sept étoiles de la nouvelle pléiade. […] Cet heureux Athénien, après nous avoir restauré plus d’un genre lyrique, l’ode, la chanson, l’épigramme, l’épître, même la satire et surtout l’élégie qu’il a rendue si belle, nous promet une tragédie : la première représentation d’une nouvelle Iphigénie, imitée d’Euripide, dont quelques scènes achevées courent déjà de main en main, verra tous ces instincts classiques, refoulés depuis soixante ans aux veines de la France, prendre enfin leur revanche du désastre de Hernani.
Lutèce La Nouvelle Rive Gauche, qui paraissait depuis novembre 1882, prit le nom de Lutèce en avril 1883. […] Elle fut jadis puissante et belle ; elle ne se vendit peut-être jamais guère, en grande courtisane qu’elle fut ; mais elle aura l’éternelle gloire de s’être donnée tout entière aux poètes de l’école nouvelle.
Pour le bien connaître enfin, Roederer, à la fois pratique et un peu paradoxal, ayant son grain d’humeur, mais obéissant à son mouvement d’idées, fut pendant des années un précepteur actif du public, et, dans cette voie ouverte par la Constituante, admettant tous les correctifs de l’expérience, prompt à les indiquer, il ne craignit pas, en se multipliant de la sorte, de perdre quelquefois en autorité personnelle, pourvu qu’il fût utile à la raison de tous : il ne cessa d’écrire, de conseiller, de dire son avis à chaque nouvelle phase de la Révolution et pendant chaque intervalle, et toujours avec un grand tact des événements et des situations54. […] Roederer, dans son journal, plaisantait de cette faction nouvelle à laquelle, disait-il, on cherchait un nom et qui se composait de deux hommes « qui ne voient personne, qui ne se voient pas, et sont connus pour être d’un caractère très difficile à vivre ». […] On était à l’œuvre pour établir une nouvelle Constitution, un nouveau gouvernement. […] Le sens de l’article était donc : Prenez garde aux généraux qui maintenant alimentent le Trésor public ; et vous, qui êtes le gouvernement, avisez à régulariser et à faire arriver à vous la nouvelle source de richesses qui est entre leurs mains. […] Quoi qu’il en soit, le premier consul crut devoir adresser à tous trois, et sur un ton plus solennel qu’il ne lui était habituel jusque-là, des remerciements collectifs au nom de la patrie, pour le zèle qu’ils avaient mis à faire réussir la révolution nouvelle.
Il n’y avait plus en effet de texte imprimé qui offrît une base fixe à l’examen ; les anciennes éditions étaient toutes suspectes à bon droit, et, à vrai dire, avilies, par le fait des inexactitudes qu’on y avait dénoncées ; la nouvelle édition, dont le Mémoire de M. […] Avant de rendre compte des moyens et des résultats de son travail, il importe toutefois (c’est justice) de caractériser une phase nouvelle qui semble s’ouvrir en France pour la critique littéraire, et dont M. […] Villemain, sut à merveille concilier (et c’est là son honneur) les principales traditions de l’ancienne critique avec plusieurs des résultats de la nouvelle, et fondre tout cela sur un tissu historique plein de brillant et de charme. […] Je pourrais insister sur bien des détails de cette édition nouvelle, en tirer peut-être quelques remarques piquantes sur les leçons successives dont on a essayé et dont plus d’une vient ici s’évanouir ; mais on me permettra de m’en tenir à quelques réflexions plus générales, que je ne crois pas moins essentielles, car il y a longtemps que, moi aussi, j’ai le cœur gros sur Pascal et que j’étouffe bien des pensées. […] Si ces doctrines vous paraissent exagérées, transitoires, avoir besoin d’amendement, d’interprétation nouvelle, c’est une autre question ; mais, en fait, elles demeurent radicalement et primitivement chrétiennes, ou rien ne l’est.
(Nouvelle et vive approbation.) […] J’aimerais à le voir quelquefois, à l’entendre établir et revendiquer ici quelques-uns des principes de la société nouvelle, dût-on l’écouter en frémissant… Mais ce n’est point de cela qu’il s’agit en ce moment ; j’aimerais, dis-je, que le prince Napoléon fût présent, car ce serait à lui plus qu’à personne qu’il appartiendrait de venger le grand écrivain, le grand peintre, la femme cordiale et bienfaisante dont il est l’ami. […] Et puis (car on ne peut pas tout dire), ce livre de lui qu’on incrimine, la Nouvelle Babylone, mais l’avez-vous lu ? […] Sainte-Beuve lui aurait désigné les deux amis avec lesquels M. de Reinach et lui seraient entrés en rapport, ce qui l’aurait dispensé d’avoir à lui adresser en communication une lettre nouvelle de M. […] Il se crée lentement une morale et une justice à base nouvelle, non moins solide que par le passé, plus solide même, parce qu’il n’y entrera rien des craintes puériles de l’enfance.
De là, une science nouvelle de l’homme, qui devait découvrir et mettre en culture toutes ces terres inconnues de l’antiquité païenne, quoique peut-être soupçonnées de ses sages agrandir notre nature ou plutôt lui restituer sa grandeur, en un mot, compléter l’ordre des vérités philosophiques, et fonder tout un ordre nouveau de vérités morales. […] Tout ce qu’il laissait en outre subsister de l’ancienne Église, soit comme n’étant pas contraire à l’esprit de la nouvelle, soit comme indifférent, marquait moins l’intention d’abolir les œuvres que d’en changer l’esprit. […] Il était le plus habile, le plus patient, et il avait affaire à un parti mal dirigé qui ne savait opposer à la force d’une croyance ardente et à la popularité d’une chose nouvelle que le souvenir de la licence des anciennes mœurs, ou le regret de prérogatives abolies. […] La méthode n’était pas moins nouvelle que la matière. […] C’est un exposé de toute la doctrine, sous la forme d’une brève réponse aux reproches qu’on lui faisait, 1° d’être nouvelle ; 2° de n’avoir été confirmée par aucun miracle ; 3° de contredire l’opinion des Pères et la coutume ; 4° d’être ou un schisme dans l’ancienne Église, ou une Église paraissant au monde pour la première fois.
Aspirant au 47e d’artillerie, il va mourir à dix-huit ans pour la France et il écrit sur son carnet de route, à la date du 1er janvier 1916 : Aujourd’hui commence la nouvelle année : ce sera l’année de la victoire. […] Sans doute, je me suis demandé ce matin : Que sera-t-il de moi lorsqu’une nouvelle année viendra remplacer celle-ci ? […] Sous la grande nappe sillonnée de terribles remous, des milliers de petites îles de corail se rejoignent, se soudent et c’est une terre nouvelle en train de se former. […] Mais il faut que cette guerre soit féconde, et que de toutes ces morts jaillisse une vie nouvelle pour l’humanité. […] Et c’est à nous, protestants, ou plutôt à nous, « croyants », qu’il appartient de révéler cette vie nouvelle au monde.
Est-ce donc qu’elle a conçu, pendant sa virilité, le germe de la société nouvelle qui doit la remplacer ? […] Puis encore nouveau problème et nouvelle solution ; car on se demandait comment l’Humanité pourrait être sauvée. […] C’est la dissolution qui précède la vie nouvelle ; c’est l’agonie, la mort : mais c’est aussi l’indice certain de la renaissance. Ce que l’Humanité attend, c’est l’initiation à une nouvelle vie, c’est le programme de sa marche nouvelle, c’est le signal de son départ pour un nouveau ciel et une nouvelle terre. […] que savez-vous si la vérité ancienne elle-même, nous apparaissant de nouveau, mais sans voile et sous une nouvelle face, n’opérera pas notre résurrection et notre salut ?
Lui qui, lors des premières éditions de cette biographie, les accueillit d’une façon si amicale, si chaleureuse, et fit l’éloge répété du soin, de la fidélité, de la discrétion de formes de l’ouvrage, exprime encore à l’auteur la plus grande satisfaction, lorsqu’il apprit, au commencement de 1859, qu’une nouvelle édition, la troisième, était sous presse ; il nous fournit de nouvelles notices sur Bonpland, nous exprima le vœu sincère que cette nouvelle édition fût adoptée dans les États Argentins comme un souvenir de Bonpland, et s’adressa, pour nous recommander à cet effet, à ses amis qui résidaient et gouvernaient dans le pays. […] Avec la rapidité de l’éclair, l’étincelle électrique communiqua la triste nouvelle de la mort de Humboldt, leur ami commun, à toutes les nations civilisées, de pays en pays, d’un hémisphère à l’autre. […] « Le soir, le corps de Humboldt fut transporté à Tégel, pour reposer dans le caveau de famille, à côté de son frère Guillaume qui l’y avait précédé de vingt-quatre ans, à cet endroit où, sur une colonne sombre, s’élève comme une amie la statue de l’Espérance, sortie des mains de Thorwaldsen. » IV « Aussitôt qu’il apprit la nouvelle de la mort de Humboldt, Napoléon III, au milieu des troubles de la guerre, ordonna d’élever une statue à l’illustre savant dans la galerie du château de Versailles. […] Je reviens chez moi à six heures du soir, j’ouvre votre lettre et j’apprends la douloureuse nouvelle, bien chère et spirituelle amie ! […] Le héros de cette nouvelle romantique est le même Antar, de la tribu d’Abs, fils du favori Scheddad et d’une esclave noire, dont les vers sont au nombre des poèmes couronnés, suspendus dans la Kaaba (Moallakât).
Descartes en recevait la nouvelle assez froidement, et n’en témoignait aucune admiration. […] Celui qui donnait presque de l’ombrage à Descartes par ces commencements extraordinaires, cet adolescent qui refaisait Euclide à, seize ans, ce jeune homme qui, à vingt-quatre ans, avait une conférence de pair à pair avec Descartes sur des points de la nouvelle science, c’était Blaise Pascal. […] Connaître le vrai pour le communiquer, voilà la nouvelle rhétorique ; c’est l’art des honnêtes gens remplaçant l’art des gens habiles : l’emploi d’une telle méthode est le commencement de la vertu. […] Ses sœurs, qui étaient fort pieuses, suivaient avec le plus tendre intérêt ses progrès dans cette nouvelle voie. […] Aimerait-on mieux la découverte de quelque loi des corps, ou l’invention de quelque nouvelle preuve métaphysique de l’existence de Dieu, laquelle n’a pas besoin de preuves ?
Morellet commence sa pédantesque critique d’Atala « qu’on dévore et qu’on loue à l’égal de Clarisse Harlowe et de la Nouvelle Héloïse » par des excuses au lecteur et par l’assurance que « son sein n’enferme point un cœur qui soit de pierre1 ». […] Le dégoût de la vie me revenait avec une nouvelle force. » Amélie le sauva. […] On y venge sa politique, sa morale, sa littérature, sa réputation, son talent, son sexe. » La Nouvelle Héloïse, un modèle copié par tous, fourmille de dissertations morales, de traités politiques, de controverses religieuses, de questions littéraires et autres. […] Mais la nature qu’on avait sous la main, qu’on voyait tous les jours, n’était pas la vraie, la belle nature qui transportait les âmes ; il fallait pour cela une nature nouvelle, inconnue. […] Dans une étude sur la langue française avant et après la Révolution, parue dans l’Ère nouvelle, j’en ai donné de nombreux et curieux échantillons : j’y renvoie le lecteur.
La théorie de sélection naturelle est fondée sur ce que chaque nouvelle variété et, par suite, chaque nouvelle espèce, se forme et se maintient à l’aide de quelque avantage qu’elle possède sur celles qui lui font concurrence : l’extinction des formes les moins favorisées en résulte inévitablement. Il en est de même de nos productions domestiques : lorsqu’une variété nouvelle et supérieure a été obtenue, elle supplante les autres variétés, d’abord dans les environs, et, à mesure qu’elle progresse davantage, elle est transportée de plus en plus loin, comme on a vu nos Bœufs à petites cornes prendre la place d’autres races en d’autres contrées. […] Mais il peut aussi être souvent arrivé qu’une espèce nouvelle, appartenant à un groupe, ait pris la place d’une espèce appartenant à un groupe distinct, et causé ainsi son extinction ; et si un grand nombre de formes alliées sont sorties de cette même forme conquérante, un nombre égal de formes aura souffert dans le groupe vaincu, parce que généralement des formes alliées héritent en commun des mêmes infériorités. […] De plus, lorsque, par suite d’une émigration soudaine ou d’un développement extraordinairement rapide, un grand nombre d’espèces d’un nouveau groupe ont pris possession d’une nouvelle région, elles doivent avoir causé une extermination correspondante et également brusque parmi les anciens habitants de cette région ; or, les formes ainsi supplantées seront généralement assez proche-alliées, parce qu’elles posséderont quelque désavantage en commun. […] Même, en quelques cas, elle simplifie l’organisation par une métamorphose rétrogressive qui la fait descendre dans l’échelle naturelle ; mais cependant elle laisse l’être ainsi dégradé mieux adapté à sa nouvelle manière de vivre143.
Quelques-uns de ses descendants hériteront probablement des mêmes habitudes ou de la même conformation, et par l’action répétée de ce procédé naturel une nouvelle variété peut se former et supplanter l’espèce mère ou coexister avec elle. […] Parmi les hermaphrodites qui ne croisent qu’accidentellement, de même que chez les animaux qui s’apparient pour chaque fécondation, mais qui vagabondent peu et qui peuvent multiplier rapidement, une variété nouvelle et supérieure pourrait se former en un lieu déterminé et s’y maintenir en corps, parce que les croisements qui surviendraient, quels qu’ils fussent d’ailleurs, auraient lieu principalement entre les individus de cette nouvelle variété. […] De plus, chaque nouvelle forme aussitôt modifiée peut se répandre dans toute la contrée, entrant ainsi en concurrence avec beaucoup d’autres. […] Conséquemment, chaque nouvelle variété ou espèce en voie de formation luttera surtout contre ses plus proches parentes et tendra à les exterminer. […] Arrêtons-nous un instant à considérer quel serait le caractère de la nouvelle espèce F14.
Bientôt elle passa à la philosophie ; chaque livre nouveau marquait en elle comme une nouvelle ère. […] Leroux n’eût répandu les lumières troublées de sa psychologie sur cette œuvre nouvelle. […] L’émotion de la première heure faillit arrêter la renaissance de son talent, et couper brusquement la veine nouvelle. […] Le vœu de la nature, n’est-ce pas l’appel même de Dieu à ces élus d’une nouvelle espèce ? […] Tout cela n’est pas chose nouvelle, c’est le socialisme de la charité, et c’est le bon.
La plénitude du principe monarchique, entendue selon la libre et nationale interprétation, elle est là où il y a passé glorieux et gloire nouvelle, là où apparaissent deux restaurateurs de la société à cinquante ans de distance, deux conducteurs de peuple remettant la France sur un grand pied et, sans trop se ressembler, la couronnant également d’honneur. […] Patin pour lecteur) a répondu par un compliment fort agréable, comme on en faisait dans l’ancienne Académie, comme on s’en permet trop peu dans la nouvelle, pas trop long, pas du tout théorique, où la fleur est sans épine, où l’anecdote pique sans arrière-pensée, et où les douceurs toutes bienveillantes ne laissent en rien apercevoir ce que M.
Il fallait, en effet, tout en profitant des merveilleuses facilités de la chirurgie nouvelle, retenir du moins les bonnes habitudes de l’ancienne chirurgie : et c’est ce que tous les chirurgiens n’ont pas su faire. […] Enfin, chaque perfectionnement de l’outillage et du métier, en amenant une facilité nouvelle, a produit aussi un nouveau relâchement de l’art chirurgical.
Sans s’embarrasser d’une barrière inutile, il donna au vers ternaire le droit de cité : Il a vaincu — la Femme belle — au cœur subtil… Néoptolème — âme charmante — et chaste tête… Et sur mon cœur — qu’il pénétrait — plein de pitié… Ces braves gens — que le Journal — rend un peu sots… Quoi que j’en aie — et que je rie — ou que je pleure… Rien de meilleur — à respirer — que votre odeur… Pour supporter — tant de douleur — démesurée… Pour, disais-tu, — les encadrer — bien gentiment… Cette coupe nouvelle de vers, d’où l’on allait tirer des effets si imprévus, offrait toutes les garanties d’une réforme née viable, puisqu’elle était l’épanouissement naturel d’une idée lentement mûrie et qu’elle avait subi le contrôle à la fois du Génie et du Temps. […] L’hiatus peut donc être une source d’harmonie et ajouter au vers une beauté nouvelle.
Nouvelle preuve que M. […] Il est certain que je n’ai pas une nouvelle religion dans ma poche. […] Émile Augier n’a pas fixé la formule nouvelle au théâtre. […] Toute la nouvelle génération littéraire se détourne du théâtre. […] Toute la nouvelle est ainsi d’un art très travaillé, dans une simplicité apparente.
Ce fut le sujet d’une nouvelle lettre de M. […] Ils n’inauguraient point une philosophie nouvelle, ils continuaient celle que la révolution avait interrompue dans les idées, appliquée dans les faits. […] Frayssinous se voit interdire l’accès de la chaire du haut de laquelle il a fait tant de bien à la génération nouvelle. […] C’était donc dans les choses encore plus que dans la volonté des hommes que se trouvait déposé le germe d’une nouvelle révolution. […] Il crut qu’une nouvelle Mantoue promettait à son règne un nouveau Virgile.
Il a quelques-uns des défauts de la Nouvelle Héloïse, et cette forme par lettres y introduit trop de convenu et d’arrangement littéraire. […] Le contraire établit, au sein du roman le plus transportant, un ton de convention, de genre ; ainsi, dans la Nouvelle Héloïse, toutes les lettres de Claire d’Orbe sont forcément rieuses et folâtres ; l’enjouement, dès la première ligne, y est de rigueur. […] Mme de Genlis, revenue d’Altona pour nous prêcher la morale, faisait insérer dans la Bibliothèque des Romans une longue nouvelle, où à l’aide d’explications tronquées et d’interprétations artificieuses, elle représentait Mme de Staël comme l’apologiste du suicide. […] elle s’est repentie à la fin dans une bienveillante nouvelle intitulée Athénais, dont nous reparlerons : une influence amie, et coutumière de tels doux miracles, l’avait touchée58. […] Ménage) est toute nouvelle, elle n’en est pas meilleure.
Pour nous, qui l’admirons sous ces deux formes et qui espérons que l’une n’a pas irrévocablement remplacé l’autre, nous essayerons de le suivre dans sa belle vie de poëte recouverte et compliquée, de le conduire du point de départ jusqu’à son œuvre nouvelle d’aujourd’hui. […] L’Ode au Malheur 20 était faite ; la pièce du Bal, qui indique toute une nouvelle manière, allait venir bientôt. […] La nouvelle carrière de M. de Vigny était donc toute tracée et par lui seul ; il s’y voua sans partage, avec toute la fierté d’une haute indépendance, enveloppée sous les formes parfaites de l’élégance et de l’urbanité. […] Magnin, du Globe, soit auprès de Paul Lacroix, le bibliophile, pour qu’ils parlassent des Poëmes dont une nouvelle édition venait de paraître : « Vous êtes le plus aimable des hommes. — Quoi ! […] Chatterton est un ouvrage émouvant, mais pointilleux, vaniteux, douloureux ; de la souffrance au lieu de passion ; cela sent des pieds jusqu’à la tête le rhumatisme littéraire… » J’ai aussi entendu nommer très-spirituellement cette maladie d’espèce nouvelle dont sont atteints de jeunes talents, la chlorose littéraire.
J’ai essayé plusieurs fois d’indiquer cette évolution ; à mon avis, il y a là une voie nouvelle ouverte à l’histoire, et je vais tâcher de la décrire plus en détail. […] Le peuple a été conquis, comme la nation saxonne, et la nouvelle structure politique lui a imposé des habitudes, des capacités et des inclinations qu’il n’avait pas. […] Ces grands ressorts donnés font peu à peu leur effet, j’entends qu’au bout de quelques siècles ils mettent la nation dans un état nouveau, religieux, littéraire, social, économique ; condition nouvelle qui, combinée avec leur effort renouvelé, produit une autre condition, tantôt bonne, tantôt mauvaise, tantôt lentement, tantôt vite, et ainsi de suite ; en sorte que l’on peut considérer le mouvement total de chaque civilisation distincte comme l’effet d’une force permanente qui, à chaque instant, varie son œuvre en modifiant les circonstances où elle agit. […] Il y eut une de ces contrariétés, lorsqu’au dix-septième siècle, le rude et solitaire génie anglais essaya maladroitement de s’approprier l’urbanité nouvelle, lorsqu’au seizième siècle le lucide et prosaïque esprit français essaya inutilement d’enfanter une poésie vivante. […] Rien de plus délicat et rien de plus difficile ; Montesquieu l’a entrepris, mais de son temps l’histoire était trop nouvelle, pour qu’il pût réussir ; on ne soupçonnait même point encore la voie qu’il fallait prendre, et c’est à peine si aujourd’hui nous commençons à l’entrevoir.
Cette sorte de règle n’est certes pas nouvelle. […] Vielé-Griffin, ce qu’on ne dit pas assez — nous sommes à une ligne de faîte qui sépare deux versants, l’ancienne et la nouvelle manière du poète. […] Griffin aux prises avec M. le préfet de police ; mais la querelle que je lui cherche ici n’est point nouvelle : il y a quelques années déjà, dans une étude sur Joies 26, je reprochais à la préface de ce livre de compter pour rien l’Harmonie. […] Sans doute il s’agissait pour eux dans la réforme nouvelle, de supprimer la mesure, plutôt que de faire rejaillir sur le rythme le sang rouge de la vie. […] La Société nouvelle.
Pourrait-on, sans effort, inventer une nouvelle machine ou même simplement extraire une racine carrée ? […] À chaque coup de l’un de leurs adversaires, on leur indique la nouvelle position de la pièce déplacée. […] Mais l’habitude ancienne est là : elle résiste à la nouvelle habitude que nous voulons contracter au moyen d’elle. […] Il faut les modifier plus ou moins, infléchir chacun d’eux dans la direction du mouvement général de la valse, surtout les combiner entre eux d’une manière nouvelle. […] L’apprentissage de la valse consistera à obtenir de ces images kinesthésiques diverses, déjà anciennes, une nouvelle systématisation qui leur permette de s’insérer ensemble dans le schéma.
Dans une autre nouvelle de lui, San Francesco a Ripa, imprimée depuis sa mort (Revue des deux mondes, 1er juillet 1847), je trouve encore une historiette de passion romaine, dont la scène est, cette fois, au commencement du xviiie siècle ; la jalousie d’une jeune princesse du pays s’y venge de la légèreté d’un Français infidèle et galant : le récit y est vif, cru et brusqué. […] C’est une idée heureuse que celle de ce jeune Fabrice, enthousiaste de la gloire, qui, à la nouvelle du débarquement de Napoléon en 1815, se sauve de chez son père avec l’agrément de sa mère et de sa tante pour aller combattre en France sons les aigles reparues. […] Une de ses grandes théories, et d’après laquelle il a écrit ensuite ses romans, c’est qu’en France l’amour est à peu près inconnu ; l’amour digne de ce nom, comme il l’entend, l’amour-passion et maladie, qui, de sa nature, est quelque chose de tout à fait à part, comme l’est la cristallisation dans le règne minéral (la comparaison est de lui) : mais quand je vois ce que devient sous la plume de Beyle et dans ses récits cet amour-passion chez les êtres qu’il semble nous proposer pour exemple, chez Fabrice quand il est atteint finalement, chez l’abbesse de Castro, chez la princesse Campobasso, chez Mina de Wangel (autre nouvelle de lui), j’en reviens à aimer et à honorer l’amour à la française, mélange d’attrait physique sans doute, mais aussi de goût et d’inclination morale, de galanterie délicate, d’estime, d’enthousiasme, de raison même et d’esprit, un amour où il reste un peu de sens commun, où la société n’est pas oubliée entièrement, où le devoir n’est pas sacrifié à l’aveugle et ignoré. […] Quand on a lu cela, on revient tout naturellement, ce me semble, en fait de compositions romanesques, au genre français, ou du moins à un genre qui soit large et plein dans sa veine ; on demande une part de raison, d’émotion saine, et une simplicité véritable telle que l’offrent l’histoire des Fiancés de Manzoni, tout bon roman de Walter Scott, ou une adorable et vraiment simple nouvelle de Xavier de Maistre.
Tous deux avaient inauguré une ère nouvelle pour la langue. […] « … Je crois vous devoir dire une nouvelle qui ne vous déplaira pas, aimant le bon M. de Vaugelas comme vous faites. […] « De tous les mots et de toutes les façons de parler, dit-il, qui sont aujourd’hui en usage, les meilleures sont celles qui l’étaient déjà du temps d’Amyot, comme étant de la vieille et de la nouvelle marque tout ensemble. » Amyot, c’est là son trait d’union avec la vieille langue, c’est le nœud par où il s’y rattache. […] Ces mots qui sont de l’usage ancien et moderne tout ensemble sont beaucoup plus nobles et plus graves que ceux de la nouvelle marque. » La Cour, au sens où l’entendait Vaugelas, n’était donc nullement un simple lieu de cérémonie et d’étiquette, une glacière polie, mais une école vivante, animée, la haute et libre société du temps.
Le duc Pompée a donc rompu avec Paris ; il y a fait un vide en disparaissant subitement après une dernière soirée de triomphe et de fête ; l’éclipse a été aussi brusque que complète, nul n’a suivi sa trace : pour lui, il a trouvé bientôt dans sa vie nouvelle un rajeunissement inespéré ; il s’est épris d’une idéale et sensible Allemande, mademoiselle de Blümenthal et l’a épousée ; il est heureux, il se croit converti, il est père d’un charmant petit Georges. […] S’il faut être infidèle, c’est une infidélité nouvelle qu’il préférera à une ancienne, et Pompéa vient d’insulter à cette nouveauté d’infidélité. […] Sous le premier Empire, la joie était redevenue une pure joie, une joie naturelle, pétillante, sans arrière-pensée, la joie du Caveau et des enfants d’Épicure ; mais après 1830, aux environs de cette date nouvelle, l’imagination reprit son essor ; le plaisir ne se produisait lui-même que sous air de frénésie et dans un déguisement qui le rendait plus vif, plus divers, plus éperdu, donnant l’illusion de l’infini ; il fallait, même en le poursuivant, satisfaire ou tromper une autre partie de soi-même, une partie plus ambitieuse et plus tourmentée. […] La meilleure guérison, en fait de passion, est de tâcher de s’inoculer une passion nouvelle ; c’est, je crois, ce qu’on appelle en médecine la méthode substitutive.