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848. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 431-433

Si c’est leur proposer un nouveau travail, ils ne doivent pas ignorer que le Public est en droit d’en exiger de leur part ; que c’est leur fournir un moyen d’augmenter le nombre des Spectateurs, & de cultiver leur talent dans un genre plus propre à toucher le cœur, que les maximes philosophiques qu’ils se tuent de débiter avec emphase.

849. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 401-402

Les Littérateurs les moins portés à lui rendre justice n’ont pu s’empêcher de reconnoître dans l’Ode sur le Jugement dernier, dans la Satire du dix-huitieme siecle, & dans celle que l’Auteur a intitulée Mon Apologie, un excellent ton de versification, des images grandes & sublimes, des pensées courageuses, des tableaux pleins de feu & d’énergie, & un grand nombre de vers que les meilleurs Poëtes du siecle dernier n’auroient pas désavoués.

850. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 541-542

Malgré cela on peut le mettre au nombre des hommes estimés chez notre Nation & chez l’Etranger.

851. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 174-175

Mais si Sapho, Anacréon, Catulle, Chapelle, Chaulieu, la Sabliere, se sont immortalisés par un petit nombre de Vers heureux, il seroit absurde de confondre leur gloire avec celle qui n'appartient qu'à ces Génies supérieurs qui ont excellé dans des genres plus élevés & plus difficiles.

852. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Bug-Jargal » (1826-1832) — Préface de 1826 »

Cependant une ébauche de cet opuscule ayant été déjà imprimée et distribuée à un nombre restreint d’exemplaires, en 1820, à une époque où la politique du jour s’occupait fort peu d’Haïti, il est évident que si le sujet qu’il traite a pris depuis un nouveau degré d’intérêt, ce n’est pas la faute de l’auteur.

853. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Le temps manque au plus grand nombre des poètes, la volonté a manqué à M.  […] Je dois ajouter que la lenteur et le nombre des moyens à l’aide desquels l’auteur prépare son récit ne sont pas les seuls défauts du premier volume. […] Guizot semble depuis six ans aux esprits paresseux, c’est-à-dire au plus grand nombre, un ministre inévitable ? […] Sans doute, nous paraîtrons sévère au plus grand nombre ; mais les reproches qui nous seront adressés et que nous prévoyons n’ébranleront pas notre conviction. […] Dès qu’il a décidé le nombre et la nature des épisodes qu’il admettra, il les coordonne et les met en bataille d’après une logique inflexible.

854. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 374-376

On ne peut se dissimuler qu’il n’y ait dans un grand nombre de morceaux, une enflure & une affectation qui tient plus du Phébus que du vrai beau, auquel on ne peut rien substituer quand on ne l’a pas saisi.

855. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 113-114

Fevret de Fontette, qui a beaucoup augmenté cet Ouvrage, & y a joint des Notices, des Extraits, des Analyses, quelquefois même des jugemens assez exacts sur un grand nombre de Livres peu connus.

856. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 406-407

M. de Valois répandit un jour lumineux sur tous ces objets, en quoi il s'est rendu plus utile qu'une foule d'autres Compilateurs qui ont augmenté le nombre des Livres, sans augmenté celui des connoissances.

857. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Argument » pp. 249-250

Un grand nombre de passages indiquent des époques de civilisation très diverses, et portent à croire que les deux poèmes ont été travaillés par plusieurs mains, et continués pendant plusieurs âges.

858. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Mais bon nombre des opinions de Montaigne, qui se trouvent maintenant en harmonie avec les nôtres, indiquent pour lors une portée et un courage d’esprit peu communs. […] Montaigne, La Fontaine, Madame de Sévigné, Voltaire, sont du nombre. […] Jean Bodin paraît avoir été de ce nombre ; mais, quoi qu’il en soit, il demeura chrétien, et ses sentiments chrétiens se font jour dans son ouvrage. […] Le nombre des non-croyants et des athées s’était accru au point que Descartes croira devoir diriger ses efforts contre ce torrent qui envahissait les esprits. […] Ce n’est pas qu’à ce petit nombre d’individualités un plus habile que moi n’eût pu rattacher sans peine le monde entier des idées morales.

859. (1887) Essais sur l’école romantique

Notre siècle, heureusement, compte un bon nombre de ces sages. […] Surtout, comme on a voulu l’insinuer, n’allez pas réduire ce publié à un petit nombre d’élus ; ne faites pas de la langue poétique une langue d’initiés. […] Bon nombre de pièces se placeraient mieux sous un autre titre ; une surtout, d’une beauté simple, mérite d’être revendiquée tout entière par la Muse nationale. […] Tous ceux qui lisent des vers, et le nombre en est grand, quoi qu’on en dise, sont bien prévenus pour nos jeunes poètes. […] Bon nombre de pages en prose de M. 

860. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Je sais bien qu’à toutes les époques on pourrait, si on s’en donnait la peine, rassembler dans les livres d’imagination un certain nombre de maximes contraires à la morale, de thèses paradoxales, de théories dangereuses. […] Si on tient compte en outre de l’influence qu’exerçaient sur elle les écoles des réformateurs modernes, on ne sera pas surpris de la voir, sur nombre de points, s’associer à leurs critiques et prêter main-forte à leurs tentatives révolutionnaires. […] Telle est la pensée développée dans nombre de productions de ce temps-ci, et dont l’esprit antisocial s’est fait une arme redoutable. […] Partout, et surtout à Paris, les théâtres se sont multipliés ; le nombre des spectacles a augmenté. […] Si on consulte les documents officiels, ils apprennent que, depuis un quart de siècle, le nombre des suicides s’accroît constamment d’année en année, et cet accroissement est tel qu’en cet espace de temps le nombre en a doublé285.

861. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Les plus travaillés de ces sermons n’offrent pas cet artifice qui accommode une matière au plus grand nombre des esprits. […] Mais, le nombre étant petit de ceux qui raisonnent leur croyance, Bossuet eut inutilement raison, et l’inefficacité d’un si merveilleux travail est un illustre exemple à ajouter à tous ceux où il s’est plu à faire contraster la grandeur et la petitesse de l’homme. […] Bossuet et les deux prélats, ses confrères, se mirent d’accord sur un certain nombre d’articles qui réglaient toute la matière, et ils en dressèrent un formulaire auquel Fénelon fut invité à souscrire. […] Or quelles marques plus sûres du danger d’une doctrine que son inutilité pour le plus grand nombre, et l’abus qu’en peuvent faire les hypocrites ? […] L’adhésion de Leibniz est d’autant plus décisive qu’elle venait d’un protestant, et que bon nombre de protestants favorisaient Fénelon, pour le schisme qu’il introduisait dans l’Eglise catholique, et par inimitié contre l’historien des Variations.

862. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

C’est que Leopardi, en effet, ne les négligeait pas ; son ardeur studieuse suffisait à tout, et dans les essais de sa jeunesse, dans ceux particulièrement qui marquent sa collaboration au Spectateur 135 de Milan durant les années 1816-1817, on trouverait bon nombre de morceaux de lui qui préparent et dénoncent le poëte. […] Les deux premières canzones avaient en tête une dédicace à Monti : « Je vous dédie, seigneur cavalier, ces canzones parce que ceux qui aujourd’hui plaignent ou exhortent notre patrie ne peuvent que se consoler en pensant que vous, avec un petit nombre d’autres (dont les noms se déclarent assez d’eux-mêmes quand on les passerait sous silence), vous soutenez la gloire dernière de l’Italie, je veux parler de celle qui lui vient des études et particulièrement des lettres et des beaux-arts ; tellement qu’on ne pourra dire encore que l’Italie soit morte. […] On a cherché à expliquer par des circonstances accidentelles cette révolution morale dans un homme d’une pensée supérieure et d’une sensibilité exquise, comme si l’esprit human, quand il s’élève et que l’orage du cœur s’en mêle, avait un si grand nombre de chances entre les solutions. […] Il a rang parmi le petit nombre de ceux qui ont le plus pénétré et retourné en tout sens l’illusion humaine. […] Comme je n’ai pas la prétention d’enregistrer au complet tous les écrits de Leopardi, je note seulement, au nombre de ses derniers travaux qui tiennent encore à la philologie, sa traduction de la chronique grecque précédemment indiquée (Martyre des saints Pères du mont Sinaï), en style trécentiste, qu’il publia en 1826 ; et peu après, en 1827, la traduction qu’il donna d’un discours de Gémiste Pleton, grand orateur et, qui plus est, penseur du Bas-Empire, venu trop tard ou trop tôt, et avec lequel il pouvait se sentir de certaines affinités155.

863. (1813) Réflexions sur le suicide

Le déshonneur mérité est donc pour l’homme religieux une juste punition à laquelle il ne se croit pas le droit de se soustraire : car quoique parmi les actions humaines il y en ait un grand nombre de plus perverses que le Suicide, il n’en est pas qui semble nous dérober aussi formellement à la protection de Dieu. […] L’on ne saurait trop présenter cette erreur sous ses diverses faces, tant elle a d’influence sur les impressions de l’âme : on dirait qu’il suffit d’avoir un certain nombre de compagnons d’infortune pour se résigner aux événements quels qu’ils soient, et qu’on ne trouve d’injustice que dans les malheurs qui nous sont personnels. […] Le courage d’un grand nombre d’hommes tient souvent aussi à cette imprévoyance. […] Si les anciens s’enorgueillissent de Socrate, les chrétiens, sans compter même les martyrs, peuvent présenter un grand nombre d’exemples de cette force généreuse de l’âme auprès de laquelle l’irritation ou l’abattement qui portent à se tuer ne sont dignes que de pitié. […] Le génie est à plusieurs égards, populaire : c’est-à-dire, qu’il a des points de contact avec la manière de sentir du plus grand nombre.

864. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

II Un petit nombre de sentiments constituent le fond divin de la nature humaine. […] Le tragique, c’est la guerre des Dieux dans l’Humanité, c’est la discorde de ce petit nombre de sentiments pathétiques que j’ai tous nommés, et qui constituent le fond divin de la nature humaine. — Les Dieux sont unis dans l’Olympe, où Hébé leur verse, avec l’ambroisie et l’éternelle jeunesse, l’éternelle sérénité. […] Mais le nombre des suffrages se trouva égal de chaque côté. […] Ces sentiments sont en petit nombre ; leur conflit n’est jamais qu’un duel ; les événements extérieurs ne peuvent pas empêcher la lutte de courir à son dénouement nécessaire, le retour du Divin à l’unité absolue de son essence : de là la simplicité du drame grec. […] En outre, Alceste a beau être brouillé avec le genre humain, il tombe dans les filets d’une femme, il aime, et il serait tout disposé à augmenter légalement avec Célimène le nombre de ces exécrables humains, « pires que des loups, des vautours ou des singes malfaisants ».

865. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Je fis le tour de la maison, et je remarquai avec beaucoup d’intérêt, le long des murs, dans les branches de rosiers, un grand nombre de nids différents qui s’étaient conservés là de l’été précédent, et qui, n’étant plus couverts par le feuillage, se laissaient voir. […] « Leur nombre est Légion, a-t-il dit, cependant il n’est pas impossible de les classer à peu près. […] « Puis arrivent, en grand nombre encore, ceux qui sont devenus mes adversaires parce qu’ils n’ont pas réussi eux-mêmes. […] Le promeneur qui ne cherche que son loisir ne voit dans une prairie qu’une surface agréable par sa verdure ou par ses fleurs ; l’œil du botaniste y aperçoit du premier coup un nombre infini de petites plantes et de graminées différentes qu’il distingue et qu’il voit séparément. […] Et ainsi toujours des légendes sans nombre, qui toutes ont trait à la moralité et à la convenance.

866. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Mais, après un certain nombre d’années muettes, l’incrédulité commença à insinuer ses doutes et bientôt à nier. […] « — Enfant de Fithil, répond le chef aux yeux bleus, je te vois toujours trembler : ta peur a grossi le nombre des ennemis. […] Chef des guerriers, lui ai-je dit, il est grand le nombre de nos combattants : tu portes à juste titre le nom de puissant guerrier ; mais une foule de guerriers puissants t’attendent sous les murs tortueux de Tura. […] Le nombre de ses guerriers est trop grand ; Connal est pour la paix. […] « — Quand m’as-tu vu fuir, quel que fût le nombre des lances ennemies ?

867. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Si je ne cite aucun des écrits plus récents qui ont pu paraître sur Swift, c’est que je n’ai trouvé dans ceux que j’ai pu lire que la collection habituelle de ces anecdotes, que d’innombrables notices sur Swift ont déjà répandues dans le public, et parmi lesquelles j’avais déjà choisi le petit nombre de celles qui me semblent nécessaires pour la parfaite intelligence du caractère de ce grand écrivain ; et celles-là, Craufurd, Walter-Scott, et les œuvres mêmes de Swift me les avaient fournies. […] Je cherchai donc, à mon tour, à l’aide des données communes, et sans inventer ce que je ne pouvais découvrir, à retracer en quelques pages cette existence dont une ambition constamment déçue fait l’unité, à exposer et à étudier ces œuvres dont l’épanchement d’un cœur blessé fait la principale grandeur, et je soumets maintenant cet essai, avec une juste défiance, à ce petit nombre de personnes qui me récompensent amplement de mon travail en voulant bien me juger. […] Pendant toute la durée de son séjour à l’Université, il fut en état de révolte contre la discipline, et fut frappé sans cesse de punitions dont ses adversaires et ses défenseurs discutent trop gravement le nombre et l’importance. […] Swift, qui ne vit jamais dans la religion qu’une partie importante de la politique, était porté à oublier qu’elle était considérée par un grand nombre de personnes comme une institution divine, en dehors et au-dessus de la politique. […] Dans l’Examiner et dans un grand nombre de pamphlets, vendus à bon marché, Malborough, et sa célèbre avidité27, lord Wharton et son impiété, Walpole et sa vénalité, étaient attaqués avec une ironie intempérante : les doctrines des Whigs exagérées et signalées à l’indignation publique, les maximes des Tories adoucies et revêtues d’une tolérante sagesse.

868. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Mais l’Église veillait, flairant le péril ; le zèle de ses inquisiteurs s’accroissait en même temps que le nombre des Réformés. […] A partir de 1562, la Réforme française n’ayant pas cessé d’accroître le nombre de ses partisans, les luttes commencèrent. […] Un grand nombre d’entre eux, néanmoins, parmi les moins hardis, restèrent attachés au sol, sous l’épithète trompeuse de « nouveaux convertis », attendant, en vérité, des jours meilleurs. […] La volonté motrice de cet enchaînement de crimes n’est autre, au dix-septième comme au seizième siècle, que celle de l’Église, de ce clergé de France, tout plein du ressentiment d’avoir été contenu depuis Richelieu, inquiet de cette longue trêve durant laquelle les protestants s’étaient accrus en nombre et en valeur, avide de voir s’ouvrir à nouveau l’ère des massacres. […] Il est glorieux pour la nature humaine qu’un si grand nombre d’hommes aient, pour ne pas mentir, tout sacrifié, passé de la richesse à la mendicité, hasardé leur vie, leur famille, dans les aventures périlleuses d’une fuite si difficile.

869. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

En 1745 et 1746, dans le Dauphiné, deux cent soixante-dix-sept protestants sont condamnés aux galères et nombre de femmes au fouet. […] De ce genre, sont en province les trente-sept grands gouvernements généraux, les sept petits gouvernements généraux, les soixante-six lieutenances générales, les quatre cent sept gouvernements particuliers, les treize gouvernements de maisons royales, et nombre d’autres, tous emplois vides et de parade, tous entre des mains nobles, tous lucratifs, non seulement par les appointements du Trésor, mais aussi par les profits locaux. […] Dans l’Artois, où souvent la dîme prélève 7 1/2 et 8 pour 100 du produit de la terre, nombre de curés sont à la portion congrue et sans presbytère ; leur église tombe en ruines et le bénéficier ne donne rien aux pauvres […] De plus, autour de lui, nombre de gens experts, vieux conseillers de famille, rompus aux affaires et dévoués au domaine, bonnes têtes et barbes grises, lui font respectueusement des remontrances quand il dépense trop ; souvent ils l’engagent dans des œuvres utiles, routes, canaux, hôtels d’invalides, écoles militaires, instituts de science, ateliers de charité, limitation de la mainmorte, tolérance des hérétiques, recul des vœux monastiques jusqu’à vingt et un ans, assemblées provinciales, et autres établissements ou réformes par lesquels un domaine féodal se transforme en un domaine moderne.

870. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Chaque dimanche et chaque jour de fête, ils se tiennent à la sortie de l’église, avertissant les retardataires ; puis, dans la semaine, ils vont de chaumière en chaumière pour obtenir leur dû. « Communément, ils ne savent point écrire et mènent avec eux un scribe. » Sur les six cent six qui courent dans l’élection de Saint-Flour, il n’y en a pas dix qui puissent lire le papier officiel et signer un acquit ; de là des erreurs et des friponneries sans nombre. […] Non seulement, dans le corps des contribuables, les privilégiés sont dégrevés au détriment des taillables, mais encore, dans le corps des taillables, les riches sont soulagés au détriment des pauvres, en sorte que la plus grosse part du fardeau finit par retomber sur la classe la plus indigente et la plus laborieuse, sur le petit propriétaire qui cultive son propre champ, sur le simple artisan qui n’a que ses outils et ses mains, et, en général, sur le villageois  D’abord, en fait d’impôts, nombre de villes sont abonnées ou franches. […] Un intendant, visitant la subdélégation de Bar-sur-Seine, remarque « que les riches cultivateurs parviennent à se faire pourvoir de petites charges chez le roi et jouissent des privilèges qui y sont attachés, ce qui fait retomber le poids des impositions sur les autres712. » — « Une des principales causes de notre surtaxe prodigieuse, dit l’assemblée provinciale d’Auvergne, c’est le nombre inconcevable des privilégiés qui s’accroît chaque jour par le trafic et la location des charges ; il y en a qui, en moins de vingt ans, ont anobli six familles. » Si cet abus continuait, « il finirait par anoblir en un siècle tous les contribuables le plus en état de porter la charge des contributions713 ». […] C’est le chiffre que donne l’Assemblée provinciale de la Haute-Guyenne (Procès-verbaux, 47). — Dans les autres provinces, nombre d’exemples isolés indiquent un chiffre à peu près semblable. — La dîme flotte du dixième au trentième du produit brut, et ordinairement se rapproche plus du dixième que du trentième.

871. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Quand on a navigué ainsi ensemble un certain nombre d’années, on arrive à s’aimer par similitude de destinées, par sympathie de spectacles et de misères, par conformité de lieux, de temps, de cohabitation morale dans un même navire, voguant vers un rivage inconnu. […] « Selon moi, le voici. » XI Alors, usant largement de l’attention passionnée qu’ils accordaient à ma personne et à mes paroles, je leur démontrai, avec une énergique sincérité, que personne n’avait le secret de l’organisation du travail, ni d’une organisation de fond en comble, d’une organisation parfaite de la société, dite socialisme, où il n’y aurait plus ni inégalité, ni injustice, ni luxe, ni misère ; qu’une telle société ne serait plus la terre, mais le paradis ; que tout le monde s’y reposerait dans un repos si parfait et si doux que le mouvement même y cesserait à l’instant, car personne n’aurait le désir de respirer seulement un peu plus d’air que son voisin ; que ce ne serait plus la vie, mais la mort ; que l’égalité des biens était un rêve tellement absurde dans notre condition humaine que, lors même qu’on viendrait à partager à parts égales le matin, il faudrait recommencer le partage le soir, car les conditions auraient changé dans la journée par la vertu ou le vice, la maladie ou la santé, le nombre des vieillards ou des enfants survenus dans la famille, le talent ou l’ignorance, la diligence ou la paresse de chaque partageur dans la communauté, à moins qu’on n’adoptât l’égalité des salaires pour tous les salariés, laborieux ou paresseux, méritant ou ne méritant pas leur pain ; que le repos et la débauche vivraient aux dépens du travail et de la vertu, formule révoltante, quoique évangélique, de M.  […] Je sentis que j’étais étouffé de tendresse et de délire si je ne parvenais pas à me glisser dans quelque rue étroite, dont l’embouchure, resserrée par les maisons et presque invisible, rompît la masse de mes poursuivants et me permît de leur échapper en diminuant forcément leur nombre. […] Mais le nombre, les cris, les coups contre le bois et le fer des battants descellés des gonds, faisaient craindre un assaut qui ébranlerait les murailles.

872. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

II Il faut compter au nombre des infirmités de la pensée, dit M.  […] Lewes en joint bon nombre d’autres, l’amènent à conclure « que l’évidence de la spontanéité et du choix, de la sensibilité et de la volition ne permet pas de méprise, et que par conséquent le cordon spinal est un centre sentant260. » 4° Examen des objections. […] Et l’habitant de Saturne répond : « Soixante-douze, mais tous les jours nous nous lamentons d’en avoir si peu. » L’Européen a si bien appris à se contenter de cinq sens, qu’il regarde comme une absurdité, d’essayer d’en changer ou d’en augmenter le nombre. […] Mais ceux qui refuseraient de les suivre jusque-là et d’admettre que l’hérédité puisse trancher une des questions les plus importantes et les plus controversées de la philosophie, ceux-là même seront pourtant bien obligés d’accorder qu’un grand nombre défaits psychologiques ont leur source dans la transmission héréditaire.

873. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lacroix, Jules (1809-1887) »

Il faut pourtant bien convenir que, parmi ces pièces, un très grand nombre ne sont supportables qu’à la lecture, et que, même parmi celles qui peuvent être le plus aisé-meut transportées sur la scène, bien des parties nous étonnent et nous choquent.

874. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 298-300

Ce n’est pas qu’on ne rencontre dans ce dernier Ouvrage quelques morceaux pleins d’élégance, de naturel & de pathétique ; mais ils sont en trop petit nombre pour faire pardonner les longueurs, les inutilités & les défauts de correction & de goût qu’on y remarque.

875. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 157-158

sur la Musique des Anciens, qui, de l’aveu de tous les Connoisseurs, lui donne droit de figurer parmi le petit nombre de Littérateurs connus par une érudition aussi vaste que profonde & lumineuse.

876. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Henri Beyle est, comme Paul-Louis Courier, du très petit nombre de ceux qui, au sortir de l’Empire en 1814, et dès le premier jour, se trouvèrent prêts pour le régime nouveau qui s’essayait, et il a eu cela de plus que Courier et d’autres encore, qu’il n’était pas un mécontent ni un boudeur : il servait l’Empire avec zèle ; il était un fonctionnaire et commençait à être un administrateur lorsqu’il tomba de la chute commune ; et il se retrouva à l’instant un homme d’esprit, plein d’idées et d’aperçus sur les arts, sur les lettres, sur le théâtre, et empressé de les inoculer aux autres. […] Dans Carpani, les lettres sont au nombre de seize ; dans Bombet, il y en a vingt-deux, parce que plusieurs ont été coupées en deux et entièrement remaniées. […] Ce qui est plus curieux, c’est une note qui se trouve à la page 275, où il est dit : « L’auteur a fait ce qu’il a pu pour ôter les répétitions qui étaient sans nombre dans les Lettres originales. » Il paraît que Beyle a voulu se ménager une excuse contre le reproche de plagiat ; mais alors pourquoi n’a-t-il pas donné cette indication en tête du livre, dans quelques mots servant de préface ?

877. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Rohan, qui était d’accord de tout avec lui, mais qui n’avait pas voulu prendre les armes jusque-là, et qui même s’était prêté à un semblant de négociation avec la Cour, commence à se déclarer, « contraint de le faire, dit-il, pour montrer que ce n’était son impuissance, comme on se figurait, qui l’en avait empêché, mais bien le désir de pacifier toutes choses. » Il avait déjà parcouru bien des villes, accompagné d’un grand nombre de ministres, haranguant, disant des prières, faisant porter une Bible devant lui, fidèle à son double rôle de capitaine et de serviteur des Églises. […] En revanche, Rohan se plaît fort à célébrer une action héroïque de sept soldats de Foix qui, s’enfermant dans une bicoque auprès de Carlat, arrêtèrent le maréchal et toute son armée deux jours entiers, et, après lui avoir tué plus de quarante hommes, se sauvèrent au nombre de quatre ; trois sur les sept, trois proches parents, voulurent demeurer et se sacrifier, parce que l’un était blessé et hors d’état de sortir : « Ainsi les quatre autres, dit Rohan, à la sollicitation de ceux-ci et à la faveur de la nuit, après s’être embrassés, se sauvent, et ces trois-ci se mettent à la porte, chargent leurs arquebuses, attendent patiemment la venue du jour, et reçoivent courageusement les ennemis, desquels en ayant tué plusieurs, meurent libres. » Ce sont là les seuls éclairs du récit chez Rohan, qui voudrait bien assurer aux noms de ces braves soldats une immortalité dont il n’est pas le dispensateur : il fallait de certains échos particuliers, et qui ne se retrouvent pas deux fois, pour nous renvoyer les glorieux noms qui ont illustré les Thermopyles. […] Richelieu soutint résolûment qu’il fallait exiger des Anglais et des Hollandais le nombre de vaisseaux auxiliaires auxquels ils s’étaient obligés par les nouveaux traités, vingt de Hollande, sept ou huit d’Angleterre ; il prétendait de plus faire stipuler, pour être sûr que ces vaisseaux opéreraient efficacement et n’iraient pas à l’inverse du but, qu’on aurait droit d’y mettre à bord des capitaines français, avec des équipages français, soit en totalité, soit en grande partie.

878. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

M. de Harlay, serviteur zélé du monarque, portait plus qu’aucun prélat de ce temps le poids et la responsabilité de la Déclaration du Clergé ; les critiques qu’elle souleva au premier moment lui attirèrent des injures personnelles, des libelles sans nombre. […] Il parlait avec tant de grâce, tant de feu, tant de majesté, souvent une heure durant, il s’énonçait en si beaux termes, tantôt latins, tantôt français, et disait de si belles choses, si curieuses, si recherchées, que les gens qui n’étaient venus qu’à dessein de le critiquer (ils étaient sans doute en grand nombre) ne pouvaient s’empêcher d’admirer son érudition et de se récrier comme les autres sur sa mémoire. […] Dans un grand nombre d’affaires qu’on traita dans cette Assemblée, quoiqu’il parlât et dît son sentiment après tous les autres, il trouvait toujours de si fortes et nouvelles raisons, qu’il était bien difficile de ne pas se rendre à ses décisions. » Tel était, dans l’entière vérité du portrait, l’homme dont on n’a pas à dissimuler les faibles, mais dont il faut reconnaître, avec tous les contemporains éclairés, la supériorité et l’espèce de génie53.

879. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Non, cette folie n’est pas du nombre des miennes ; si nous gardons nos barbouillages, c’est pour nous faire rire quand nous n’aurons plus de dents. » Et encore, au moment des confidences les plus tendres et les plus secrètes d’un cœur qui se croit pris : « Décachète la lettre, fais-en lecture, songe à mes tourments, aux siens… et vois si tu dois l’envoyer. […] Dans ces pages que les yeux contemporains, atteints du même mal et épris de la même couleur jaunissante, admirent comme également belles, et qu’une sorte d’unanimité complaisante proclame, le temps, d’une aile humide, flétrit vite ce qui doit passer, et laisse, au plein milieu des objets décrits, de grandes plaques injurieuses qui font mieux ressortir l’inaltérable du petit nombre des couleurs légitimes et respectées. Les volumes de Lettres de Mme Roland nous arrivent tout tachetés de ces mouillures qui sautent d’abord aux yeux ; ce sont les lieux-communs de son siècle ; il n’y a que plus de fraîcheur et de grâce dans les traits originaux sans nombre dont ils sont rachetés.

880. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Nous n’aurons pas de peine à nous les interdire dans le petit nombre de pages que nous allons lui consacrer. […] Tandis que dans les ordres d’idées différents, en politique, en religion, en philosophie, chaque homme, chaque œuvre tient son rang, et que tout fait bruit et nombre, le médiocre à côté du passable, et le passable à côté de l’excellent, dans l’art il n’y a que l’excellent qui compte ; et notez que l’excellent ici peut toujours être une exception, un jeu de la nature, un caprice du ciel, un don de Dieu. […] Ce petit nombre de faits connus sur les vingt-quatre premières années de sa vie nous mènent jusqu’en 1660, époque où il débute dans le monde littéraire par la publication de ses premières satires.

881. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Les ridicules de ce dernier genre doivent être en beaucoup moins grand nombre dans les pays où l’égalité politique est établie ; les relations sociales se rapprochant davantage des rapports naturels, les convenances sont plus d’accord avec la raison. […] Le petit nombre des idées mythologiques des poètes du Nord sont plus analogues à la poésie française, parce qu’elles s’accordent mieux, comme j’ai tâché de le prouver, avec les idées philosophiques. […] Les romans que l’on nous a donnés depuis quelque temps, dans lesquels on voulait exciter la terreur, avec de la nuit, des vieux châteaux, de longs corridors et du vent, sont au nombre des productions les plus inutiles, et par conséquent, à la longue, les plus fatigantes de l’esprit humain.

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