Beaucoup d’esprits se sentaient incapables de se satisfaire, je ne dis pas de l’ironie voltairienne qui représenta surtout une période de lutte, mais de cette austère formule d’observation dont s’allaient pourtant contenter de nobles et vigoureuses intelligences, parmi lesquelles M.
M. de Villebois était né Français, et ne démentait pas cette noble origine. […] S’il flatte l’ambition d’une femme, c’est pour la faire servir au plus noble projet qu’un mortel puisse concevoir: il vient lui demander, non des faveurs pour lui, mais de la gloire pour elle. […] Elle s’avançait seule ; son port était noble, son air doux et sérieux, sa démarche facile ; tout en elle éloignait la crainte, inspirait le respect. […] Ses cheveux étaient tout blancs, et sa physionomie noble et simple. […] Pour Virginie, d’un port noble et assuré, elle nous faisait signe de la main, comme nous disant un éternel adieu.
Placé au foyer de l’émigration et de la coalition, il est réputé quelque peu aristocrate par ses amis de France qui l’ont perdu de vue, et tant soit peu jacobin par ceux qui le jugent de plus près et croient le connaître mieux ; mais il nous apparaît déjà ce qu’il sera toujours au fond, un girondin de nature, inconséquent, généreux, avec de nobles essors trop vite brisés, avec un secret mépris des hommes et une expérience anticipée qui ne lui interdisent pourtant pas de chercher encore une belle cause pour ses talents et son éloquence. […] Le peuple aime ses égaux, mais il hait la pauvreté et il hait les nobles. […] Je garderai celui de ses petits qui ressemblera le plus à ce digne chien, et je ne négligerai rien pour lui donner la noble insolence de son père. » Certes, une telle lettre, dans toute son étendue, est, à mon sens, le meilleur témoignage qu’Adolphe, quoi qu’on puisse dire, a été sensible, qu’il aurait pu l’être, qu’il était surtout parfaitement aimable et presque bon quand il s’oubliait et se laissait aller à la nature. […] Il eût été guéri à coup sûr par ce bienfaisant génie, s’il eût pu l’être ; il fut convié du moins et associé aux nobles efforts ; il put se créer et poursuivre le fantôme, parfois attachant, d’une haute et publique destinée. […] Il y réussit trop constamment ; de là, malgré de nobles essors et des secousses généreuses, une ruine intime et profonde.
Il me restera à montrer ce qu’il y a dans cette œuvre à la fois de noble et de durable et quelle est la place qui lui appartient dans le développement de notre histoire littéraire. […] Mais il y a des gens qui ont cette faculté de ne voir en toute chose que ce qui est noble et ce qui est grand, l’aspect de la beauté et non pas celui de la laideur, le bien et non pas le mal, la lumière et non pas l’ombre. […] Il y avait un Hugo, capitaine aux gardes, puis : il y a eu toute une série de gentilshommes, des comtes, des marquis, des évêques, une chanoinesse de Remiremont ; et ça fait une très noble généalogie. […] L’idée est très belle, la tentative est très intéressante et très noble. […] Mais voici un petit tableau qui peut-être vous élèvera à des hauteurs plus nobles.
Tournez et retournez vos souvenirs comme il vous plaira, c’était un naufrage, et le plus humiliant des naufrages ; la France entière était sur un radeau ; elle avait besoin, après trois années d’expédients et de misères, de se retrouver voguant à pleines voiles sous le plus noble pavillon.
Quelques nobles mouvements naturels et simples viennent par endroits donner jour aux émotions que fait naître un tel spectacle : l’historien, sans intervenir trop fréquemment, est loin d’être impassible.
Mais est-ce une raison de méconnaître les nobles efforts qui se tentent, et de jeter la pierre aux œuvres infatigables par lesquelles des esprits puissants essaient de surmonter la décadence qui nous presse ?
Le petit livre de René garde l’honneur d’avoir, le premier, et du premier coup, trouvé une expression nette et précise à ce qui semblait indéfinissable ; il a même donné cette expression tellement noble, flatteuse et séduisante, qu’il a pu sembler dangereux à son heure.
Puis les littératures occidentales se feront plus nationales, en même temps que les œuvres deviendront plus individuelles, et bourgeois, nobles et clercs seront avant tout éminemment Français en France, Anglais en Angleterre et Allemands en Allemagne : souvent même la marque provinciale sera plus forte que l’empreinte de la condition sociale, et elle sera visible surtout chez les écrivains qui n’appartiennent pas aux pays de l’ancienne France et de langue d’oïl.
Elle tend à devenir une fonction du commerce moderne la plus noble, puisqu’elle en est la plus périlleuse.
Les tableaux de Virgile, sans être moins nobles, ne sont pas bornés à de certaines perspectives de la vie ; ils représentent toute la nature : ce sont les profondeurs des forêts, l’aspect des montagnes, les rivages de la mer, où des femmes exilées regardent, en pleurant, l’immensité des flots : Cunctaeque profundum Pontum adspectabant flentes.
Cet homme joignait aux avantages extérieurs un esprit vif et pénétrant, une grande force d’âme ; tout était noble en lui, excepté la naissance. […] Elle jouait avec le plus grand succès dans le tragique et le comique noble. […] Les nobles cœurs croient difficilement au crime ; aussi Louis XIV, qui estimait Molière autant qu’il méprisait ses délateurs, sembla-t-il lui témoigner plus d’intérêt encore en le voyant exposé aux attaques de l’intrigue et de l’envie. […] Le rapprochement de ces dates n’est pas moins glorieux pour le protégé que pour l’illustre protecteur ; l’histoire redira à jamais avec quel noble empressement le monarque secoua en faveur d’un comédien le joug jusqu’alors inviolable du préjugé et de l’étiquette. […] Les acteurs qui la composaient prirent dès lors le titre de Comédiens du Roi : noble réponse aux lâches efforts que la cabale avait faits pour indisposer contre Molière la Reine mère et le monarque lui-même.
Celui qui tue, c’est le noble ; celui qui tue, c’est le prêtre ; celui qui sauve, c’est le soldat. […] Il se plaît à heurter le mot trivial contre le mot noble. […] Pour mépriser ce qui passionne la foule avide il faut se proposer un plus noble idéal. […] Cependant dans ce noble cœur a germé une haine vivace et profonde, la haine de ce père qui l’a délaissé. […] Son ambition est plus haute et plus noble.
L’adolescence est le temps de nos plus nobles ardeurs spirituelles. […] Son dernier livre, le Couple futur 9, traduit ces nobles préoccupations. […] cette noble architecture n’est-elle donc pas inanimée ? […] Et voici qu’ils se regardent tous trois sans confusion, possédés seulement par le sentiment d’une noble minute. […] Chez cette femme si noble et si fine, un obscur amour-propre s’éveille.
Ce peut être une noble ambition que de travailler à ouvrir une nouvelle voie, à tracer un sentier inexploré, à doter le séculaire monument des Lettres d’un appendice de plus. […] Malheureusement, nous pouvons affirmer que ce noble motif n’est pas le seul mobile des âmes. […] N’est-ce pas une farce que cette étude continue et exclusive de la fonction du cerveau, sous prétexte que le cerveau est l’organe noble ! […] Seulement, si par notre constitution organique, nous sommes reliés aux espèces les plus inférieures, nous nous en distinguons par des qualités nobles, des aspirations élevées et des facultés transcendantes. […] Comment la République basée sur la justice, la liberté, la solidarité, c’est-à-dire les sentiments et les principes les plus nobles, ne trouverait pas une expression supérieure de la conscience, alors parvenue au diapason le plus élevé !
Mais notre coup d’œil ne se bornera pas au livre, la personne nous attirera bien plus avant ; et ce sera notre plaisir, notre honneur d’introduire quelques lecteurs, de ceux même qui se souviennent d’elle, comme de ceux qui ont tout à en connaître, dans l’intimité d’un noble esprit qu’une confiance amicale nous a permis à loisir de pénétrer. […] La société cependant y gagne en intérêt, en noble emploi des loisirs ; et, en effet, quand elle n’est pas pour les personnes un accident, un lieu de passage et quelquefois de contrainte, mais un séjour habituel et nécessaire, il faut bien en tirer tout le parti possible, même y penser et y réfléchir tout haut, sans quoi on courrait risque de ne pas trouver le temps de réfléchir. […] Si le plus noble besoin d’un fils confiant et pieux est d’avoir sa mère pour première confidente et pour compagne, j’y vois aussi, et avant tout, un bien touchant rajeunissement de la mère.
On n’y sera pas moins frappé des nobles croyances qui subsistaient debout en lui, même en ses jours d’abattement : « Quelques indulgentes et illustres amitiés qui me restent fidèles, écrivait-il à son ami en songeant sans doute à MM. […] Je ne donnerais pas une panse d’à de tout le reste. » On voit qu’en faisant bon marché de bien des choses et en jetant à la mer une partie de son bagage, au moment où il entrait dans ce détroit de la seconde jeunesse, la noble nature de notre ami ne se dépouillait pourtant qu’autant qu’il le fallait : il savait garder au moral le plus essentiel du viatique. […] Le Maheustre, ainsi nommé par une sorte de sobriquet, représente l’homme d’armes ou le noble sans conviction bien profonde et passé sous les drapeaux du roi de Navarre ; le manant représente le franc paroissien de Paris, le ligueur- ultra, et qui serait, au besoin, plus catholique que le pape.
. — Pareillement, quand nous lisons une tragédie grecque, notre premier soin doit être de nous figurer des Grecs, c’est-à-dire des hommes qui vivent à demi nus, dans des gymnases ou sur des places publiques, sous un ciel éclatant, en face des plus fins et des plus nobles paysages, occupés à se faire un corps agile et fort, à converser, à discuter, à voter, à exécuter des pirateries patriotiques, du reste oisifs et sobres, ayant pour ameublement trois cruches dans leur maison, et pour provisions deux anchois dans une jarre d’huile, servis par des esclaves qui leur laissent le loisir de cultiver leur esprit et d’exercer leurs membres, sans autre souci que le désir d’avoir la plus belle ville, les plus belles processions, les plus belles idées et les plus beaux hommes. […] Si vous voulez observer cette opération, regardez le promoteur et le modèle de toute la grande culture contemporaine, Gœthe, qui, avant d’écrire son Iphigénie, emploie des journées à dessiner les plus parfaites statues, et qui, enfin, les yeux remplis par les nobles formes du paysage antique, et l’esprit pénétré des beautés harmonieuses de la vie antique, parvient à reproduire si exactement en lui-même les habitudes et les penchants de l’imagination grecque, qu’il donne une sœur presque jumelle à l’Antigone de Sophocle et aux déesses de Phidias. […] C’est cette concordance secrète des forces créatrices qui a produit la politesse achevée et la noble littérature régulière sous Louis XIV et Bossuet, la métaphysique grandiose et la large sympathie critique sous Hegel et Gœthe.
Kimth, homme distingué, le remplaça, devint l’ami de la noble famille, et, après la dispersion des deux frères, fut chargé par eux de gouverner leur terre de Tégel. […] Marchant d’un pas sûr et prudent, la tête un peu penchée en avant, et d’un air pensif, d’une figure bienveillante et d’une grande expression de dignité et de noble douceur, ou bien il baisse les yeux, ou bien il répond avec une politesse, avec une amabilité dépouillées de tout orgueil, aux témoignages d’affection et de respect des passants. […] Jusqu’à la fin, ce fut à sa maison que vinrent se réunir toutes les voies de la science et tous les efforts du progrès ; il était en rapports fréquents avec tout ce qui était bon, noble, spirituel, et en outre avec l’austère science. » XVI Ses panégyristes allemands le dépeignent ainsi : nous ne l’avons pas connu à cet âge.
Son attitude (sur le char) était noble et modeste ; on apercevait bien qu’elle était contente d’être admirée, mais un sentiment de timidité se mêlait à sa joie et semblait demander grâce pour son triomphe ; l’expression de sa physionomie, de ses yeux, de son sourire, intéressait pour elle, et le premier regard fit de lord Nelvil son ami, avant même qu’une impression plus vive le subjuguât. […] C’était un homme déjà mûr d’années, d’une figure noble, d’une distinction de manières qui répondait à sa considération personnelle dans le monde, d’un esprit suffisant pour jouir des succès de sa femme sans prétendre à l’égaler, un de ces hommes qui acceptaient les seconds rangs partout, même dans leur maison. […] L’on pourrait tout au plus s’en décourager pour la France ; mais si ce pays avait le malheur de ne savoir posséder le plus noble des biens, il ne faudrait pas pour cela le proscrire sur la terre.
Sa mère était aussi de race noble, et estimée pour l’honnêteté de ses mœurs et la dignité de sa vie dans la province. […] Son père et ses oncles, qui voulaient violenter sa vocation et qui regardaient la sculpture et la peinture comme des métiers ignobles et mercenaires, indignes de leur sang, gourmandaient et frappaient en vain l’enfant pour le contraindre aux études, selon eux, plus nobles du commerce. […] On y cherche les traits du Phidias chrétien, on n’y voit qu’un front proéminent creusé de rides transversales, des yeux encaissés dans des orbites osseuses, qui avaient, dit-on, les couleurs changeantes selon la pensée, des tempes profondément creusées par la vieillesse, des pommettes saillantes, des lèvres minces et fortement fermées, une barbe rare et courte, divisée sur le menton en deux bouquets, comme celle du bouc, un cou fortement noué à des épaules lourdes, l’altitude plus paysanesque que noble : en tout, point de beauté, mais une puissance plus robuste que nature, telle était l’enveloppe de cette âme, qui contenait, comme Socrate, la suprême beauté.
Le couronnement de Louis le Débonnaire, et la noble tristesse de Charles devant la puérilité biche de son héritier, le début du poème d’Aliscans, et la fière obstination de Guiboure qui, refusant de connaître son mari dans un fuyard, tient la porte d’Orange fermée et laisse Guillaume au pied des murs, exposé à tous les coups des Sarrasins, d’autres morceaux encore méritent d’être loués et lus. […] On vit alors, pour cette clientèle nouvelle, les barons accablés, protégés, éclipsés surtout par de petits nobles de campagne, par de bons bourgeois, par des vilains même : ridicules d’aspect par tradition, membrus, velus, trapus, larges d’épaules, courts de jambes, ayant sourcils broussailleux et mains énormes, les paysans sont vaillants, généreux, sublimes, et leur vertu caresse l’orgueil des foules que leur extérieur a gagnées. […] Il rit quand les jeunes apprentis, sentant bouillir leurs instincts de largesse et de bataille, rentrent à la maison sans marchandises, sans argent, montés sur quelque destrier fourbu, une vieille cuirasse au dos, un noble épervier sur le poing.
Sans s’être classé dans aucun parti, et siégeant, comme il disait, au plafond, Lamartine s’était donné le rôle de jeter, au travers de la discussion des intérêts, toutes les nobles idées de justice, d’humanité, de générosité, sans esprit et sans ambition de parti, faisant simplement sa fonction de poète, tâchant d’élever les consciences, et versant sur les politiciens toute la noblesse de son âme en larges nappes oratoires. […] Il déroulait tous les systèmes, et l’infini, en belles phrases harmonieuses et nobles, parfois élégamment nuageuses ; il inventait l’éclectisme, et coulait doucement dans le panthéisme. […] Inutile de distinguer les nobles des bourgeois ; le savoir-vivre et l’éducation, établissent, en dépit des préjugés et des rancunes, l’assimilation de la noblesse et de la bourgeoisie, en face du peuple.
Notre costume est bien étroit et bien artificiel comparé à l’ampleur simple et noble du costume antique : mais enfin ce n’est plus un mensonge comme celui de l’ancienne aristocratie. […] Assailli de pensées contraires, chancelant à vingt ans sur les bases de ma vie, une pensée lumineuse s’éleva dans mon âme et y rétablit pour un temps le calme et la douceur : Qui que tu sois, m’écriai-je dans mon cœur, ô Dieu des nobles âmes, je te prends pour la portion de mon sort. […] Les guerres de géants de la Révolution nous ont tous faits nobles.
Renoncer à une voie qui m’a souri dès mon enfance, et qui me menait sûrement aux fins nobles et pures que je m’étais proposées, pour en embrasser une autre où je n’entrevois qu’incertitudes et rebuts ; mépriser une opinion qui, pour une bonne action, ne me réserve que le blâme, eût été peu de chose, s’il ne m’eût fallu en même temps arracher la moitié de mon cœur, ou, pour mieux dire, en percer un autre auquel le mien s’était si fort attaché. […] Du moment que l’examen s’applique aux vérités morales, il faut qu’on en doute, et pourtant, durant cette époque de transition, l’âme pure et noble doit encore être morale, grâce à une contradiction. […] Mais quel bon, grand et noble cœur !
Dans ce même palais de Suse, un poète aurait pu montrer les nobles vierges des Panathénées, marchant derrière la vieille reine, en habits d’esclaves, le parasol ou le chasse-mouches à la main. […] On dirait une dynastie de Furies. — Amestris, la veuve de Xerxès, vieille et craignant de mourir, fait enterrer vifs quatorze enfants de race noble, « afin de racheter son salut du Dieu qui règne sous la terre ». […] Où sont le prince Sévacès et le noble Lilée ?
Eschyle intervint par cette noble scène où il montrait l’Aréopage fondé par Pallas, comme la pierre angulaire de sa ville sainte. […] La noble naïveté de l’esprit antique s’édifiait d’un pareil spectacle. […] Carthage reflète sa monstruosité dans l’horrible airain de Moloch ; la Grèce mire son noble génie dans le pur visage de Pallas.
Ce n’est pas ces quarante millions, ce n’est pas cette accablante majorité, ce n’est pas ce peuple, enfin, qui gouverneront la France d’alors, pas plus qu’ils ne l’ont gouvernée pendant la Révolution, quoique des historiens nous suent fait ce conte, qu’ils nous ont donné et que nous avons pris pour de l’Histoire… Lion émasculé par des goujats bons pour couper des chiens, et qui ont coupé les têtes les plus nobles du plus noble pays de l’Europe, ce peuple ne bougea même pas sous ces infâmes ciseaux hongreurs. […] « Là-bas, — au camp, — devant l’ennemi, les nobles idées générales, qui, entre les mains des démagogues parisiens, sont devenues les prostituées sanguinaires, restent des vierges pures dans l’imagination de l’officier et du soldat.
Le cardinal de Bernis, l’ami de Voltaire et la bouquetière de madame de Pompadour, ne pouvait pas se déshonorer, mais l’archevêque de Séville, le grave et profond cardinal de Solis, avait, lui, un honneur à perdre, un noble passé à sacrifier, et il perdit l’un et sacrifia l’autre en acceptant de son gouvernement la mission de faire nommer un pape s’engageant d’avance et par écrit à la destruction des Jésuites. […] On sent bien qu’elle a de la puissance, puisqu’elle a des passions ; mais les passions sont la force la moins noble, la plus animale de notre être. […] En cela, ils ont donné un noble exemple, qui n’a pas été suivi, à des écrivains catholiques, du moins par le baptême, et de toutes manières, excepté par-là, au-dessous d’eux.
en lui apparaît et brille le cœur noble et clément, élevé au-dessus des cruautés ou des grossièretés de son siècle. […] Premièrement donc, marchaient deux grands chevaux menés en main par deux palefreniers ; puis deux pages montés sur deux autres grands chevaux, l’un desquels était le cheval même de bataille, le grand coursier gris qu’avait monté Rosny, et qui avait été blessé dans la première charge : il avait été retrouvé heureusement, et il décorait la pompe, tout fier de ses nobles blessures.
Il est épris de la noble gloire et des luttes généreuses d’un Cicéron ; il se nourrit sans cesse de l’esprit et des ouvrages de « ce grand auteur », qu’il appelle « toute une bibliothèque de raison et d’éloquence ». […] L’Exposition de la doctrine catholique par l’évêque de Meaux entama sa conversion, et l’Histoire des variations l’acheva : « C’était tomber, dit-il, sous les coups d’un noble adversaire. » Cette conversion solitaire et toute par les livres caractérise bien Gibbon.
D’Aguesseau a très bien loué en Bourdaloue « la beauté des plans généraux, l’ordre et la distribution qui règnent dans chaque partie du discours, la clarté et, si l’on peut parler ainsi, la popularité de l’expression 66, simple sans bassesse et noble sans affectation ». […] Bourdaloue fut témoin et instrument de ce retour ; il assista et prépara le héros dans les deux dernières années ; il l’entendit, à l’heure de la mort, proférer ces nobles paroles, répétées par Vauvenargues : « Oui, nous verrons Dieu comme il est, Sicuti est, facie ad faciem. » Il l’entendit exprimer cette seule crainte touchante : « Je crains que mon esprit ne s’affaiblisse, et que par là je ne sois privé de la consolation que j’aurais eue de mourir occupé de lui et m’unissant à lui. » Et lorsque Condé eut légué son cœur à la maison professe de la Société, il dut, par reconnaissance, par devoir, prononcer une seconde fois une oraison funèbre68.
Or, Bernier, homme de sens, qui a beaucoup vu, et qui, en vertu même d’un sage scepticisme, est devenu plus ouvert à des doctrines supérieures, croit devoir avertir son ami et camarade, qui, en passant par le cabaret, est resté plus qu’il ne croit dans l’école ; le voyant prêt à vouloir s’enfoncer dans une philosophie abstruse et prétendre à expliquer physiquement la nature des choses et celle même de l’âme, il lui rappelle que c’est là une présomption et une vanité d’esprit fort ; mais si cette explication directe est impossible, et si connaître en cette manière son propre principe n’est pas accordé à l’homme dans cet état mortel, néanmoins, ajoute-t-il en terminant, nous devons prendre une plus haute idée de nous-mêmes et ne faire pas notre âme de si basse étoffe que ces grands philosophes, trop corporels en ce point ; nous devons croire pour certain que nous sommes infiniment plus nobles et plus parfaits qu’ils ne veulent, et soutenir hardiment que, si bien nous ne pouvons pas savoir au vrai ce que nous sommes, du moins savons-nous très bien et très assurément ce que nous ne sommes pas ; que nous ne sommes pas ainsi entièrement de la boue et de la fange, comme ils prétendent. — Adieu. […] En un mot, dans une classification (si elle est possible) des esprits, Chapelle me paraît appartenir à une tout autre famille, et à une famille moins noble.
Issu d’une ancienne maison, fils d’un père noble et généreux qui s’était ruiné dans l’ambassade de Venise et qui vivait en Touraine, né dans Venise même où il avait eu pour marraine la République, et salué en naissant d’une lettre complimenteuse de Balzac, il fut d’abord et pendant des années simple lieutenant général du bailliage d’Angoulême : c’est là que dans une tournée de Grands Jours, vers 1691, il fut en quelque sorte découvert par M. de Caumartin, qui se prit aussitôt d’enthousiasme pour lui et le mit en relation étroite avec M. de Pontchartrain, contrôleur général et depuis chancelier. […] Il n’a pas d’élévation, au moins continue ; il se passe à tout moment des trivialités d’expression qui font de son langage l’opposé du langage noble et digne ; il était certes, à cet égard, très peu propre, on l’a dit, à être un ministre des Affaires étrangères et à représenter dans la forme sans déroger.